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journal de bord, vendredi 24 juin 2011

"Hé, ma fenêtre n'est pas un bureau !", me dit, à voix haute, hier, rue de l'ERmitage, une de mes clientes.

 

Sur le coup, bien entendu, je reçois une secousse.

 

Dans un deuxième temps, je rigole. Je sais de qui ça vient. Je connais la cliente : une chouette femme, maladroite au possible, championne dans les commentaires à la grosse louche.

 

Il est vrai que ...

 

Là où elle habite, y a cinq boîtes aux lettres. J'avais un recommandé pour une personne habitant dans la même baraque. J'étais en train de rédiger (sur l'appui de fenêtre de la cliente qui me disait "Ma fenêtre n'est pas un bureau") un avis à la personne (à qui le recommandé était adressé) qui était absente.

 

Bref, le folklore habituel !

 

"Hé, ma fenêtre n'est pas un bureau !"

 

Elle avait envie de se faire entendre, la cliente. Elle rigolait, la cliente.

 

C'est fou comme on devient souple (même ... diplomate), avec le temps qui passe.

 

Surtout que ...

 

Dix minutes avant, dans la même rue, je m'étais farci encore un truc chiant avec une cliente ... que je me permettrai d'évoquer. Ca fait partie de la vie.

 

Retournons quelques maisons avant, Rue de l'Ermitage, toujours.

 

Une jeune ado, qui habite (encore) là, arrive devant moi, avec un sourire pour commencer.

Mais ... elle change bien vite de ton.

 

"Ca fait au moins quinze jours que je ne reçois plus mon courrier !", me dit-elle.

"C'est drôle, hier encore, j'ai remis une lettre à ton intention dans la boîte", je lui réponds.

Elle n'a pas l'air d'entendre cette dernière phrase.

Et ... elle poursuit, pas contente, dans l'idée qu'elle ne reçoit plus rien dans sa boîte aux lettres.

 

Voilà qu'à mon tour, je change de ton.

Et je réponds : "Faut dire que chez vous, c'est la confusion totale !"

Je m'apprête à continuer, à expliquer pourquoi j'ai dit "Faut dire que chez vous, c'est la confusion totale !"

"Et mon courrier ?", continue la cliente, en me ... coupant la parole.

 

Faut dire : je ne suis qu'à moitié étonné.

Y a quelques jours, au bureau, j'ai carrément reçu une plainte, sur un papier, qu'un chef m'a montré et fait constater. Cette cliente expliquait mordicus qu'elle ne recevait plus de courrier.

Oui, j'ai fait une erreur.

J'explique.

La femme qui est la compagne du père de la cliente a fait un chang'ment d'adresse.

J'en ai conclu, un peu trop vite, que tout le monde était parti. Faut dire : je ne rencontrais plus personne de cette famille (a priori partie). Faut dire : j'avais rencontré un autre couple qui habitait désormais dans la même baraque. J'avais établi un amalgame dans tout ça. Les locataires précédents devaient tous être partis. C'est parfois inévitable ... d'interpréter. Surtout quand on n'a pas de preuve tangible, concrète, palpable pour être sûr du contraire. Tant de cas de figure existent quand on fait, tous les jours, une tournée de quatre cents boîtes aux lettres et de presque ... quatre kilomètres.

Et, de bonne foi, lorsque je suis tombé sur des lettres adressées à la fille (qui ne recevait plus son courrier) ...

Je les renvoyais à l'expéditeur, avec la mention : "n'habite plus"

Oui, j'ai fait une erreur. Je le reconnais. J'assume.

 

Je reprends la situation hier, avec la cliente. Accompagnée d'un gars (un nouveau locataire de la maison où elle habite toujours ?)

"Faut dire que, chez vous, c'est la confusion totale !", lui dis-je.

"Et mon courrier ?", continue-t-elle, en me coupant la parole.

Je n'ai pas le temps d'essayer de lui expliquer le "pourquoi du comment" de mon erreur.

J'ai malheureus'ment la maladresse, au début de ma phrase, de dire "oui, mais la compagne de votre père est partie ..." (avec l'intention d'en dire plus). La jeune cliente, ado, me répond, du tac au tac : "Mais ça, ça ne vous regarde pas"

Je reprends au départ. Mon calme s'en va (on l'aura d'viné), mais j'assure encore.

"Mais enfin, monsieur, ça ne vous regarde pas !"

Et je réponds : "Si c'est pour me parler sur ce ton, je ne vous écoute plus !"

Je mets les deux trois lettres suivantes dans une nouvelle boîte. Je me retourne. Je poursuis mon pas.

Derrière, la jeune ado crie. Elle me traite de ... malade. Elle crie à mon intention : "Vous ne garderez pas votre boulot". Et je l'entends même qui crie à toute volée sur le trottoir, comme si elle faisait une crise de nerfs (je ne lui en veux pas, tout le monde a ses crises, je suis déjà passé par là ... à certaines périodes de ma vie).

 

Bon. Rien de grave, dans l'absolu. De l'électricité, dans l'air, oui.

 

Surtout que ...

 

Quelques maisons plus loin, avant de tomber sur la cliente qui m'a dit : "Monsieur, ma fenêtre n'est pas un bureau !" ...

Je suis tombé sur une autre cliente (qui s'est fait teindre les ch'veux en noir) qui m'a sourit. Qui m'a raconté que ... elle n'a pas retrouvé sa voiture (qu'on lui a volée), mais qu'après tout, c'est pas si important.

 

Un scénario ne chasse pas un autre, non. Mais il peut l'alléger franch'ment. La vie bouge. La vie avance.

 

Quant à cette cliente (autre), dont la voiture a été volée, qui m'a accueilli avec un grand sourire, qui m'a promis (dès qu'elle aura des nouvelles) de me le dire par SMS (merci pour cette complicité) ...

 

Il s'agit aussi de quelqu'un avec lequel je me suis déjà ... accroché, sur ma tournée.

 

Mais voilà, un jour n'est pas l'autre. Tout s'arrange à long terme.

Si la vie n'est pas un long fleuve tranquille, l'eau s'apaise toujours un peu après l'orage.

 

En soi, j'ai encore reçu un clin d'oeil, au bon moment.

 

 

 

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