Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Toutes les publications (216)

Trier par

journal de bord, dimanche 3 avril 2011

L'inauguration de la radio, hier, dans le Brabant Wallon, où pas mal d'artistes (dont je faisais partie) avaient répondu "oui", en vue de passer sur le podium (entre 15 et 21 heures) ...

 

Eh bien ... c'était pas ça.

Eh bien, c'était pas ça ... pour moi.

 

Le bazar était bien monté. Rassurons-nous.

 

Je me place sur un autre point-de-vue.

 

Déjà ...

 

Certains halls omnisports (tout comme pas mal de centres culturels), fonctionnels, pratiques, hypermodernes (dans leur construction), susceptibles de faire venir beaucoup de monde me donnent, visuell'ment, des coups d'froid.

 

D'accord, ça n'engage que moi. D'accord, faut pas s'arrêter là.

Mais ... on a des yeux, on a des sens.

 

Le comité d'accueil de la nouvelle radio était chouette, accueillant. sympa. Rien à redire.

 

En pénétrant dans le hall, où l'évén'ment avait lieu ...

 

J'ai, d'abord, aperçu une salle qui n'en finissait pas, où les murs étaient hauts, où des tas de gens (du coin, je présume) étaient assis à des tables (en train de bouffer des merguez ou de boire leur bière, je suppose).

 

En tournant la tête, j'ai vu un podium très très large, avec des lumières bleues qui l'éclairaient. Des baffles, au devant de la scène (j'en ai r'péré quatre), dont les retours étaient dirigés vers un artiste programmé. Un gars chantait sur le podium.

 

Je suis tombé sur l'animateur de la radio, qui m'avait parlé du rendez-vous du 2 avril, qui espérait m'y voir et qui avait égal'ment annoncé son évén'ment sur "facebook".

On se sourit.

On se serre la pince.

Et j'embraie : "J'imagine qu'on a prévu des micros pour moi, qui m'accompagne à la guitare".

Il me répond, souriant, mais sur un ton qui sent ... la nuance : "Ecoute, c'est vrai, j'avais demandé des pieds de micro". Je comprends, à mi-mots, que c'est pas tout à fait ça. "Demande à Christian", poursuit-il.

Mouais.

Je m'avance vers le "Christian", occupé à régler les balances. Je me donne quand même un mal de chien à l'accrocher, à lui parler, à lui communiquer mon souhait de disposer de deux pieds de micro. Vagu'ment (il est occupé, soyons indulgents), il me répond ... qu'il s'occupera de ça tout à l'heure.

 

OK, OK. On peut s'arranger. Mais ... l'enthousiasme, de mon côté, a déjà pris un sérieux coup dans l'aile.

 

Pas loin du "Christian" ...

 

Je tombe sur une feuille avec le programme. Plein d'artistes sont notés. Une heure bien précise est notée pour chacun d'eux.

Nulle part, sur la feuille, je n'aperçois mon nom. Bizarroïde.

 

Je reparcoure la feuille. Tout en bas, je lis : "22 heures 30 : Miche Stennier et ses potes".

 

Le franc tombe.

 

Miche Stennier est un pote, oui. Miche Stennier est un chanteur, oui.

Déduction : je suis amalgamé, moi, Hugues Draye (qui s'est quand même inscrit dans les temps), dans ce melting pot.

OK, OK. Ca tient la route.

 

Mais, mais ...

 

Y a du soleil dehors. Et je traîne un état de fatigue chronique. Et je me vois mal ... attendre, glander jusque 22 heures 30 (si pas plus tard, on sait comment ça se passe, dans ce genre d'ambiance). Surtout que ... j'avais lu, sur "facebook", que ça se passait entre 15 et 21 heures, je m'étais (aussi) aligné sur ces fourchettes horaires.

 

Trop de confusion. Trop de manque de clarté.

 

J'ai décidé d'en rester là.

 

Un autre jour, j'aurais p'têt réagi autrement.

 

Je remercie (encore) la personne qui m'a véhiculé jusque là, qui m'a ensuite ram'né à domicile (sans me réclamer les frais de kilomètres) et qui m'a fait découvrir, sur les routes avoisinantes, de superbes paysages. Malgré les travaux sur la route. Ou, peut-être, grâce à eux.

 

Je suis rentré plus tôt que prévu. J'ai même, grâce à ce biais, pu aider une connaissance ... qui taillait sa haie.

 

Lire la suite...

journal de bord, samedi 2 avril 2011

 

C'était la Saint-Hugues, hier.

 

25 degrés, paraît-il, aujourd'hui. Serait-on déjà en été ?

 

Paraît que les pantalons clairs, sur une scène, ce n'est pas très heureux quand les spots (qui éclairent les artistes) ont une dominante brune. Le noir, dans ces cas-là, serait l'idéal.

 

Entre Thuin, Luttre, Bruxelles-Central, Ottignies, Orp-Jauche ...

 

Le train m'emmène, mène, mène.

 

Hier, une soirée-cabaret, à Thuin, au "Carpe Diem" (péniche). Aujourd'hui, inauguration d'une radio, à Orp-Jauche, un podium où passent les artistes qui se sont inscrits.

 

Hier (ou plutôt aujourd'hui, sur le coup de ... deux heures du matin), j'ai réintégré un toit, un lit. Je n'étais pas sûr de me remettre en route le jour suivant. J'étais sur les g'noux.

 

Durant toute la soirée passée au "Carpe Diem", je me sentais à côté de mes pompes, à côté de moi-même.

 

Bien sûr, je ne regrette rien. Bien sûr, j'ai passé une bonne soirée. Bien sûr, j'ai revu des amis (un gars que je n'avais plus revu depuis presque quarante ans, avec lequel j'ai fait deux camps scouts).

 

Bien sûr, plein d'images toutes fraîches trottent : des chevaux de nuit (merci, Philippe), des étrangers mal considérés (merci, Véronique), un oiseau, le matin, sur le seuil de notre porte (merci, Miche), un "Père Prodigue" de Georges Chelon revisité, réhabillé, réhabilité (merci, Jean-Marie), un ring de Bruxelles (merci, Aurélien), des chômeurs en quête de boulot (merci, Grazzi), des notes gouvernementales et un aveu de dépression (merci, Jean-Paul), un conte pour adultes (merci, Dominique), des onomatopées proches du rap (merci, Serge et les deux Max), un vendeur de chez "Carrefour" (merci, Rafti ... j'ai p'têt écorché ton nom, excuses !).

 

Quant à moi, dans l'histoire, qui avait partie prenante, qui faisait partie du spectacle ...

 

Quand je chantais, je n'arrivais pas à m'installer confortablement dans mes propres morceaux.

 

En ouvrant l'oeil, ce matin ...

 

Malgré le peu d'heures récupérées, je retrouvais cet élan incommensurable ... qui me (re)donnait envie de prendre le large. On ne se refait pas.

 

Qui sait ...

 

Je me repose peut-être plus en poursuivant cette vie a priori trépidante, que je connais par coeur, où j'ai mes repères, que je gère comme je le peux, où il me suffit de faire ce que j'ai à faire (une chose à la fois).


Juste un regret, comme ça, en passant : hier (ou ... ce matin), au "Carpe Diem", au moment de lever la séance, de repartir, je n'ai pas eu la force de dire au r"voir à certaines personnes ... que j'aime beaucoup, par ailleurs. Peur, liée à la fatigue (ou à d'autres phobies) de grimper à l'échafaud et de r'cevoir des gifles ?

 

Et le train m'emmène, mène, mène ...

Lire la suite...

Le Discours de la servitude volontaire

12272728454?profile=originalIl s’agit d’un essai d'Étienne de La Boétie (1530-1563), publié à Genève chez Simon Goulart en 1576 dans les Mémoires des Estats de Finance sous Charles Neufiesme.

 

Rédigé, d'après Montaigne, en 1548, le texte fait d'abord l'objet d'une circulation restreinte. Montaigne, qui publie en 1571 les oeuvres poétiques de son ami disparu, veut réserver au Discours une place digne de leur amitié, et en faire la pièce centrale du livre I des Essais. Il est malheureusement pris de vitesse par les idéologues calvinistes, qui publient une édition partielle du Discours en 1574, sans nom d'auteur, puis une édition complète sous le nom de La Boétie, 1576, et avec pour titre Contr'un. Le Discours connaît alors une certaine audience, avant de tomber dans un oubli relatif. Il faut attendre le XIXe siècle, et l'humanitarisme démocratique de Lamennais ou de Pierre Leroux, pour que le texte soit redécouvert et analysé en profondeur.

 

Le Discours s'ouvre sur une question énigmatique: comment est-il possible que le plus grand nombre obéisse à un seul homme? La servitude est un fait d'autant plus étrange que le peuple est lui-même artisan de son oppression: il montre une "opiniastre volonté de servir", qui témoigne de la méconnaissance de ses droits naturels. La liberté n'est-elle pas l'aspiration fondamentale de tout être vivant? C'est l'accoutumance, au premier chef, qui est responsable de cette dénaturation de l'homme: "Ils disent qu'ils ont esté toujours subjets; que leurs pères ont ainsi vescu; ils pensent qu'ils sont tenus d'endurer le mal [...]." Les tyrans s'entendent admirablement à "abestir leurs subjets" par divers moyens - jeux, fêtes, manifestations grandioses - qui leur ôtent le goût et jusqu'au souvenir de la liberté.

 

Mais le principal "ressort" et "secret de la domination", c'est de faire en sorte qu'un grand nombre d'hommes y trouve son intérêt: ainsi "le tyran asservit les subjets les uns par le moyen des autres", et fait d'eux des "tiranneaus", qui "s'amassent autour de lui et le soustiennent pour avoir part au butin". Un tel régime politique n'est qu'une assemblée de "meschans" qui "s'entrecraignent"; un tyran et ceux qui l'entourent ignoreront toujours le "nom sacré de l'amitié", qui signifie estime réciproque, et confiance en l'intégrité de l'autre.

 

Il est possible, comme l'ont soutenu plusieurs historiens, que le Discours ait été écrit sous le coup de la répression impitoyable qui suivit, en 1548, la révolte des communes de Guyenne contre la gabelle. Ce serait néanmoins réduire la portée du texte que d'en rendre compte par des circonstances sociales et politiques: la radicalité même du problème soulevé par La Boétie - qu'est-ce que l'essence de la domination? - suppose chez l'auteur une entière liberté intellectuelle, capable de s'arracher à d'étroites déterminations historiques.

 

Cette liberté rend d'ailleurs malaisée l'approche du texte, qui ne se laisse pas enfermer dans un genre particulier: il est tour à tour pamphlet, harangue et réflexion politique, comme si la difficulté de la question exigeait une grande plasticité rhétorique. Le début se présente comme un discours à la première personne: le "je" y dénonce avec véhémence le scandale de la tyrannie, en même temps qu'il amorce une analyse critique de la domination. Au bout de quelques pages, le "vous" surgit brusquement dans une apostrophe: "Pauvres et misérables peuples insensés, nations opiniastres en vostre mal et aveugles en vostre bien!" L'écrit devient parole, vivante injonction: "Soiés résolus de ne servir plus, et vous voilà libres..." L'apostrophe, néanmoins, s'efface aussi vite qu'elle a surgi, cédant la place à un "nous" ("Cherchons donc par conjecture [...] comment s'est ainsi si avant enracinée ceste opiniastre volonté de servir") dont la signification n'apparaît que plus tard: il regroupe les hommes qui, "aians l'entendement net et l'esprit clairvoiant", ne sauraient supporter la perte de la liberté. Il n'y a rien de hasardeux dans ces glissements pronominaux: le "je" suscite le "vous" pour mieux dramatiser le propos, mais cette harangue, adressée à un "gros populas" aliéné par la servitude, ne peut avoir qu'une faible efficacité; il faut donc que le "je" établisse un pacte d'amitié avec le lecteur lucide, pour que commence, dans le "nous", un effort commun de déchiffrement.

 

C'est que la domination d'un seul sur la multitude s'offre d'abord comme énigme scandaleuse: "Mais o bon Dieu, que peut estre cela? comment dirons-nous que cela s'appelle?" La servitude, c'est "ce que la langue refuse de nommer". Cet échec de la nomination voue le discours à inventer sa propre voie, hors du langage commun et des conceptualisations rassurantes: il se donne la tâche de penser l'impensable. C'est pourquoi il rejette d'emblée les facilités du causalisme psychologique - la servitude ne viendrait que de la lâcheté - pour forger une image neuve de l'homme opprimé, aussi scandaleuse que la question qui l'a suscitée: la servitude, dit-il, n'existe que parce qu'elle est volontaire. Rien de plus contradictoire en apparence que cette affirmation, puisqu'elle associe à l'état de passivité l'exercice d'une éminente faculté humaine. La contradiction s'atténue, néanmoins, si l'on prend acte de la profonde dénaturation de l'homme opprimé: c'est lui-même "qui se coupe la gorge", incapable de voir que celui "qui [le] maîtrise tant n'a que deus yeulx, n'a que deus mains, n'a qu'un corps"; c'est l'opprimé, en s'abandonnant à une image fantasmatique du pouvoir, qui produit à chaque instant sa propre oppression. Étrange scission du sujet, qui lui fait oublier et étouffer la liberté consubstantielle à son être premier: dans cet état de déchéance, les hommes deviennent "traîtres à eux-mêmes".

 

A cette intériorisation de la servitude s'ajoute un second ressort psychologique: le désir de chacun de s'identifier au tyran, en se faisant le maître d'un autre. Ce n'est pas à cause de ses moyens répressifs que la tyrannie perdure: c'est parce qu'elle libère la "meschanceté" des hommes, et qu'elle permet à chacun, même au plus opprimé, d'exercer son oppression sur un plus petit que lui. Si le Discours est un remarquable essai de psychologie politique, c'est qu'il brouille les images trop claires et distinctes. L'état de domination, semble dire La Boétie, ne met pas simplement face à face des dominants et des dominés: chacun, dans cette structure socio-politique, est à l'origine de sa propre aliénation et de l'asservissement d'autrui.

 

C'est en vain qu'on chercherait dans le Discours les moyens de briser cette dialectique du serf et du tyran. A l'oppression politique, La Boétie ne répond ni par un éloge du tyrannicide, ni, comme pourrait s'y attendre un lecteur moderne, par une apologie du républicanisme et de la démocratie: il prône, dans les dernières pages, le "nom sacré de l'amitié", et la "mutuelle estime" qu'elle suppose entre les hommes. Conclusion déconcertante, que l'on aurait tort de prendre pour une échappatoire ou un simple épilogue rhétorique: la cohérence du Discours est en réalité remarquable. Il ne saurait être question, pour La Boétie, d'opposer à la tyrannie un "bon" régime politique: n'a-t-il pas montré, dans les pages précédentes, que la typologie traditionnelle n'était guère valide à ses yeux, et que "toujours la façon de régner est quasi semblable"? Les institutions peuvent changer, l'essence de la domination reste identique. Ce pessimisme politique est peut-être discutable, il n'en explique pas moins que La Boétie déplace la question du plan politique au plan éthique: ce n'est pas une doctrine qu'il faut opposer à la tyrannie, c'est une forme de vie, une exigence qui fasse renouer l'homme avec son humanité. L'amitié n'est sans doute pas une arme qui renversera les despotes, mais elle est un ferment et une garantie: l'égalité qu'elle suppose entre les hommes entretient l'idée de liberté, même dans les pires moments d'oppression.

Lire la suite...

L'arrache-cœur de Boris Vian

12272728292?profile=originalC’est un roman de Boris Vian (1920-1959), publié à Paris aux Éditions Vrille en 1953.

 

Le titre du dernier roman de Boris Vian renvoie à l'un de ses premiers, l'Écume des jours, dans lequel Alise usait d'une arme étrange, "l'arrache-coeur", pour se venger de Jean-Sol Partre et des libraires qui vendaient ses oeuvres au crédule Chick. Ici, l'intitulé n'évoque plus un objet, mais un comportement: celui d'un village où chacun, à sa manière, s'est vidé de tout sentiment d' amour du prochain...

 

Première partie. Ce 28 août, Jacquemort, psychanalyste de son état, aide Clémentine à accoucher de "trois jumeaux", les "trumeaux" Joël, Noël et Citroën... A Angel, le père, en butte à l'hostilité de l'accouchée, Jacquemort confie son projet de "psychanalyse intégrale": se nourrir des passions et des désirs d'autrui. Au village, les paysans organisent de sordides "foires aux vieux" et maltraitent les jeunes apprentis. L'idée de honte les insupporte et ils s'en délivrent en rémunérant avec de l'or qui a perdu toute valeur d'échange, La Gloïre voué à récupérer avec ses dents "les choses mortes" qu'ils jettent dans un étrange "ruisseau rouge". Le curé fustige le matérialisme paysan et organise des messes à grand spectacle: la religion doit être "un luxe". Quant à Jacquemort, il doit se contenter de lutiner la bonne, Culblanc, à défaut de pouvoir l'analyser.

 

Deuxième partie. Clémentine comprend que ses enfants deviennent autonomes. Jacquemort, toujours en quête de clients, entre dans la peau d'un "chat noir". Le "27 juinet", il surprend le brutal maréchal-ferrant en train de copuler avec un androïde, réplique exacte de Clémentine, à l'heure même où celle-ci connaît l'extase solitaire chez elle. Angel prend la mer sur un bateau à pattes de son invention. Et Clémentine décide de se dévouer corps et âme à ses "trumeaux".

 

Troisième partie. Quelques années plus tard, les enfants s'amusent dans le jardin: ils avalent des chenilles bleues qui leur permettent de s'envoler. Au village, le curé organise des matches de boxe pour prouver l'existence de Dieu: il se bat contre son sacristain diabolisé pour la cause et le vainc par tromperie. Clémentine, de plus en plus angoissée, imagine les dangers qui guettent Citroën et ses frères, jusqu'aux plus invraisemblables. Elle fait abattre les arbres du jardin, puis finit par enfermer les "trumeaux" dans des cages douillettes pour qu'ils ne puissent plus s'envoler. Jacquemort a enfin trouvé un client à psychanalyser: La Gloïre dont il prend bientôt la succession.

 

Curieux village qui tient lieu d' utopie négative (enfants maltraités, vieillards humiliés et vendus, violence primaire incontrôlée, etc.) et à l'orée duquel s'étend le jardin de Clémentine, petit paradis où les "trumeaux" s'adonnent à la découverte de la nature et vivent des expériences "fantastiques"; jusqu'au moment où leur mère croit déceler dans ce hâvre de paix les pires menaces pour ses enfants, imaginant, par exemple, "[qu'ils] creusent un peu trop profondément dans le jardin, que le pétrole jaillisse et les noie tous". Comportement de mère abusive qui, pour préserver la vie de sa progéniture, en va jusqu'à les priver de liberté. Démonstration qui, selon une pratique chère à Vian, pousse une logique jusqu'à l'absurde.

 

Un absurde qui se teinte aussi bien des couleurs de la fantaisie - la néologie botanique, le merveilleux enfantin, etc. - que de l'horreur - la "foire aux vieux" - et qui permet à l'auteur, comme dans la tradition du conte philosophique, de délivrer un message sans en avoir l'air. A ce jeu-là, Vian excelle: un coup pour l'Église, ridiculisée en la personne d'un curé bonimenteur, boxeur et tricheur, et qui n'a aucune valeur à incarner; un autre pour la psychanalyse, moderne religion, réduite à la figure d'un voyeur lubrique, "capacité vide" en quête de quoi se remplir; un troisième pour l'amour abusif qui n'est qu'un masque à l'égoïsme et au désert affectif. A la fin de ce chamboule-tout, que reste-t-il? Une vision qui serait désespérante si l'écriture de Vian ne suscitait sans cesse rire et sourire.

 

Du calendrier en folie - "39 juinaoût", "73 févruin", "347 juillembre", etc. - au décor que poétisent les fleurs et les oiseaux aux noms-valises - "brouillouse", "béca-bunga", "maliette", etc. -, tout est fait, comme dans les contes merveilleux, pour gommer la réalité: rien de surprenant que l'on croise dans le roman un chat noir comme échappé de chez Lewis Carroll. Il n'en reste pas moins que, dans cet univers imaginaire comme dans le nôtre, dès lors que les valeurs manquent et laissent la place au vide, l'état de nature reprend le dessus - et il n'a rien de la vision paradisiaque qu'en donne un Rousseau!

Lire la suite...

LES MERVEILLEUX NUAGES

Souvent quand deux nuages se rencontrent il se forme un trou bleu ..... par lequel on pourrait être  aspiré pour ne jamais revenir ......

"Ya - t 'il une science de la brise? où Dieu se tient? brise plus effrayante que le tonnerre pour peu que l'on sache quel en est le signe ? Quand l'angoisse vient c'est sur les ailes de la colombe qu'elle approche et lève un vent minuscule capable  de ravager d'une tornade glacée le paysage le plus doux "

Pascal Quignard  "Le salon du Wurtenberg"12272729055?profile=originalAA

Lire la suite...

HISTOIRE COURTE 5.

LA MANUCURE;

 

La petite fille avait appris à se faire oublier pour mériter un sourire et la considération des adultes.

Ses vacances, elle les passait en compagnie de son parrain et sa marraine; déjà dans la maturité, ils n'avaient pas eu l'enfant désiré et projettaient sur elle une affection réelle quoiqu'un peu rigide...

La première fois que le regard de la fillette fut vraiment attiré par des mains, elle devait avoir 7 ou 8 ans. Assise sur le long tabouret du piano, elle regardait sa tante faire des gammes, puis choisir une mélodie et se mettre à chanter.

Elle observait donc ces mains si soignées dont les ongles courts mais rouges attiraient l'oeil plus encore que le solitaire ou le rubis. Des mains précieuses qui caressaient les touches d'ivoire avec une telle désinvolture! Silencieuse et admirative la fillette était médusée.

La voix de mezzo caressait son oreille, mais se sont surtout ses yeux qui se régalaient.

C'est assez pour aujourd'hui s'interrompit la pianiste qui ajouta :-Nous allons bientôt déjeuner et cette après-midi, avant mon rendez-vous chez le professeur de chant, nous irons nous promener au Tuileries; tu prendras un livre, la leçon n'est pas longue, j'espère que tu ne t'ennuieras pas trop! Justement, j'entends ton oncle rentrer...

Un index caressa la joue de l'enfant qui couru accueillir l'arrivant à la porte de l'appartement. Il rentrait comme souvent, chargé de livres qu'il lui destinait.

Quelques vacances plus tard, ayant frappé à la porte de la chambre, Julie surprit sa tante à sa coiffeuse. Il y avait une odeur un peu forte.

-Cela sent bizarre, dit-elle.

-C'est l'acétone, lui fut-il répliqué, mon verni était écaillé.

Julie fixait fascinée les limes en carton souple, les petits instruments aux manches d'ivoire, les minuscules flacons avec les vernis incolores et aussi de différents rouges, et puis les crèmes dans les pots givrés...

-Je deviens maladroite soupira sa marraine. C'est cette arthrite que j'ai hérité de ton grand-père! C'est bien la seule chose qu'il m'ait donnée, il aurait pu garder le cadeau! Regarde, mes doigts se déforment, bientôt j'aurai beau les soigner mes mains ne seront plus jolies...

-Si tu m'expliques, puis-je essayer de te mettre du verni? Je ferai très attention, s'il te plait ma petite tante... interrogea la fillette.

Et c'est ainsi, qu'à chaque vacances, Julie retrouva un emploi de manucure attitrée et bientôt très habile...

C'est vrai que petit à petit les jolies mains se sont déformées, c'est même la raison pour laquelle un jour le piano à queue fut vendu. Le grand châle des Indes qui le recouvrait et que l'enfant adorait disparut aussi. la vieille amie et merveilleuse professeure de chant avait été emportée par la maladie...

Les promenades au Tuileries se sont allongées, mais Julie avait gardé le regret de ses visites où dans un coin, elle se faisait toute petite en observant l'ardeur des jeunes femmes qui venaient pleine d'humilité chez la vieille dame pour y receuillir de précieux conseils...

C'est toujours avec la même complicité qu'elle demandait :-Une manucure aujourd'hui, ma petite tante? -Mais oui, et toi aussi chérie...

Et c'est ainsi que Julie prit l'habitude de se soigner les mains...

On peut donc dire que son premier travail entre 9 et 18 ans, ce fut la manucure...

 

Puis la vie a passé, Julie a aimé, a souffert, s'est mariée, elle a eu des enfants et pratiqué d'autres métiers, mais elle a toujours soigné ses mains.

-Tes très jolies mains disait sa tante.

Parfois, elle songeait qu'un jour peut-être elles se déformeraient aussi.

Et puis un soir, alors qu'elle rendait visite à la vieille dame et lui demandait comme à l'accoutumée:-Tu veux une manucure? La réponse fusa :-Tu sais une fois par semaine à l'institut cela suffit maintenant, j'ai renoncé au verni rouge, l'incolore s'écaille moins vite et c'est plus discret à mon âge, ne trouves-tu pas?

 

Les années ont passés. La petite tante devenue une très vieille dame prit la décision de choisir une maison de retraite dans son pays d'origine, près de sa famille.

Julie, ravie prit donc la douce habitude de passer l'embrasser souvent. Elle la trouvait toujours pleine d'entrain, parlant du dernier livre lu, du dernier spectacle qu'elle avait vu à la T.L. ou entendu à la radio. Elle ironisait pleine d'humour sur le feuilleton de la politique. Elle encourageait la jeune femme à s'ouvrir encore d'avantage au monde et aux arts.

Ses visites semblaient à Julie toujours courtes et elle en sortait pleine d'énergie et le coeur léger.

 

L'année suivante, une fin de matinée, elle trouva la vieille dame couchée et pâle-C'est toujours mon sang, trop épais- maugréa-t-elle.

Qurelques semaines plus tard, elle ne se levait plus mais son regard restait vif et son intérêt pour les choses intact. Julie un peu inconsciente ne s'inquiéta donc pas trop.

-Le médecin m'a conseillé de rentrer en clinique pour des examens, expliqua-t-elle un jour. Il faut faire quelque chose, je ne puis rester ainsi couchée... Tu veux bien venir demain m'aider à faire une petite valise?

-Bien sûr que Julie viendrait!

-Demain matin si tu veux, ensuite je te conduirai lui répondit-elle

-Non ma chérie, le docteur a prévu une ambulance pour 2H. Tu viendras me voir là-bas le soir si c'est possible?

 

Le lendemain, la petite valise étant rapidement bouclée, la vieille dame dit soudain à Julie : Tu sais ce qui me ferait vraiment plaisir?  Une manucure...

 

Mais bien sûr, j'aurais du la proposer!... Et, elle retrouva les gestes, lima les ongles, caressa les mains avec les crèmes, puis posa le verni incolore.

-Elles sont douces et magnifiques tes mains malgré leurs déformations dit Julie.

-Profite de la crème pour enlever les bagues lui fut-il répondu. A l'hôpital ce n'est pas prudent. et porte les ma chérie, tu me les rendras si je reviens, elles sont pour toi de toute façon, je garde juste l'alliance. A ce soir...

Le soir en arrivant, Julie une fois encore remarqua d'abord les mains. Posées à plat sur le drap si blanc, elles étaient un peu jaunes, comme en cire... et reprirent vie au son de sa voix-Tu es un peu pâle, tout va bien demanda-t-elle?

-Ils m'ont fait mal, lui fut-il répondu sobrement. Reste un peu chérie, cela ira mieux demain...

Julie avait les pieds lourds pour quitter l'hôpital. Lorsqu'elle s'y décida, elle embrassa les mains et les caressa avec douceur, elles étaient froides, pourtant il faisait chaud dans la chambre par cette belle soirée de mai-Dors bien, je viendrai demain soir-Tu sais chérie, l'infirmière m'a dit que j'avais de jolies mains, tu as bien travaillé lui sourit sa tante.

 

Au milieu de cette même nuit, lorsque Julie fut appelée, les mains taient devenues de glace et ses pleurs ne les ont pas réchauffées...

J.G.

Lire la suite...

Demandez le programme..!

Voici le programme de mes stages à l'atelier de la rocaille.Désolé pour le Queras que j'avais programmé, mais cette belle région n'attire pas les élèves en quète de créativité... sans les cimes en fond d'images !On me parle d'une possibilité en Ardéche, lieu de stage estival en diable.. faut voir..En fait l'atelier est une valeur sûre, valeur refuge , le dépaysement est dans la tête, le soleil sur les chevalets..la piscine peinte sur la toile...!Ah.. l'atelier et le parking assuré juste devant la porte.. cela n'a pas de prix.12272727079?profile=original
Lire la suite...

Petites âmes solitaires dans des Serres chaudes

12272726267?profile=original

« Serres chaudes » est un recueil poétique de Maurice Maeterlinck (Belgique, 1862-1949), publié à Gand chez Louis Van Melle en 1889.

 

Maeterlinck entame sa carrière littéraire par la poésie avec Serres chaudes; suivront le recueil Douze Chansons (qui deviendront Quinze Chansons en 1900), puis le silence: Maeterlinck abandonne alors définitivement cette forme d'écriture.

Ce recueil mûrit dans les serres d'Oostakker où son père, longtemps avant lui, s'interrogeait sur l'intelligence des fleurs. Dans Bulles bleues, en 1948, Maeterlinck dira de Serres chaudes qu'elles n'eurent "d'autre retentissement qu'un coup d'épée dans l'eau". Verhaeren fit pourtant dans le Mercure de France un compte rendu élogieux du recueil, où il saluait l'auteur de "n'avoir pas eu peur de son inspiration adolescente".

 

La solitude, la captivité et la douleur de l'âme dominent l'ensemble du recueil: "O serres au milieu des forêts / Et vos portes à jamais closes!" Mais à travers la prison transparente de la serre, le poète perçoit parfois l'activité du monde; il lui vient alors des regrets: "O mon âme vraiment trop à l'abri", et des désirs de sentir la vie pénétrer son univers clos: "Mon Dieu, mon Dieu, quand aurons-nous la pluie, / Et la neige et le vent dans la serre." Son renoncement au monde, imparfait, ne lui apporte pas la sérénité escomptée et la serre lui est un lieu aussi inconfortable que le monde des hommes: "Seigneur, les rêves de la terre / Mourront-ils enfin dans mon coeur? / Laissez votre gloire seigneur / Éclairer la mauvaise serre."

 

A côté des poèmes réguliers, composés d'octosyllabes à rimes le plus souvent croisées, Serres chaudes contient également des proses poétiques et des vers libres, où des images hétéroclites renvoient une vision chaotique du monde extérieur: "On dirait une folle devant les juges, / Un navire de guerre à pleines voiles sur un canal..." Ces vers qui témoignent d'une extrême sensibilité, disent aussi la peur d'autrui, de l'homme en général: "Oh! j'ai connu d'étranges attouchements! Et voici qu'ils m'entourent à jamais." Et plus loin: "Il y avait des figures de cire dans une forêt d'été... / Oh! ces regards pauvres et las!"

 

De tous les recueils du symbolisme, Serres chaudes est sans doute le plus fidèle à cette école. Seule l'âme du poète habite ces pages; aucune passion forte, malgré l'expression d'une souffrance et d'une pitié pour le genre humain, aucun homme tangible ne peuplent ces vers. Le "je" qui se plaint dans ces poèmes monotones est une âme solitaire, gagnée par la mélancolie. Maeterlinck a la tête dans les étoiles; il est épris de comètes, de nébuleuses, de nuages, mais il s'enferme aussi dans des lieux clos dont les serres sont sans doute les plus étouffants qu'il ait jamais imaginés. Elles symbolisent ici la captivité de l'âme, la prison transparente; elles évoquent les touffeurs et les langueurs de l'ennui. Déjà toute la mythologie du théâtre de Maeterlinck est en place: princesses évanescentes, vierges pleurant au fond des grottes humides, petites filles solitaires dans un univers hostile.

 

A travers ces poèmes de l'introspection décadente, traversés d'images fulgurantes qui jouent d'une savante et délicate musicalité, Maeterlinck veut par le surnaturel appréhender la nature même de la condition humaine. Le symbolisme chez lui est une réponse à la vie et non un simple décor.

Lire la suite...

Raoul et Jean Dufy au Musée Marmottan Monet

dufy.jpg Raoul et Jean Dufy
Complicité et rupture

14 avril — 26 juin 2011

duffy1.jpg

duffy2.jpg

duffy3.jpg

dufy4.jpg

Le musée Marmottan Monet organise pour la première fois en France une exposition consacrée à Raoul (1877-1953) et Jean (1888-1964) Dufy.
Si l’on connaît bien l’oeuvre de Raoul, celle de son frère Jean, peintre lui aussi, l’est moins. Cadet de 11 ans, Jean se forme à la peinture entre 1906 et 1914, encouragé par son frère qui participe alors aux aventures fauve et cubiste. À partir de 1920, date de ses premières peintures, Jean produit une oeuvre riche et partage avec Raoul des préoccupations artistiques communes.
Les frères sont proches et entretiennent une correspondance régulière. Raoul et Jean développent des parcours parallèles et collaborent peu, à l’exception notable de La Fée électricité qui est aussi l’objet de leur rupture en 1937. Chacun d’eux crée une oeuvre abondante (environ 2500 pièces), structurée en séries, traitant de thèmes plaisants, rendus par un sens de la couleur auquel on les identifie l’un et l’autre.

Regroupant une centaine de peintures, d’aquarelles et de céramiques provenant de musées et de collections particulières du monde entier, l’exposition cherche à mettre en évidence les liens qui unissent l’oeuvre de Jean à celle de Raoul comme ce qui les singularise l’une de l’autre. Esquissant en préambule les périodes fauve et cubiste de Raoul, le parcours présente ensuite des grands thèmes communs aux deux frères et propose de comparer leur peinture : mer, fenêtres ouvertes et ateliers constituent la première partie du parcours ; puis les thèmes se singularisentà travers deux sections parallèles : à la palette chaude et à la touche vibrante des cirques peints par Jean répond la musique évoquée par Raoul ; aux courses et paddocks de Raoul font ensuite face les allées cavalières de Jean ;
enfin, les tableaux ayant pour thème Paris et Nice sont consacrés aux oeuvres tardives des deux frères et soulignent une évolution commune vers un style graphique initié par Raoul et subtilement revisité par Jean.
Cette exposition s’inscrit dans le champ des études dédiées à la filiation dans l’art et des manifestations qui lui sont consacrées depuis dix ans. Elle propose une lecture croisée de l’oeuvre des deux frères et permet de mieux situer la peinture de Jean Dufy.

Commissariat
Marianne Mathieu, historienne de l’art
Charles Sala, professeur honoraire à l’université de Paris X
Jacques Bailly, auteur du Catalogue raisonné de l’oeuvre de Jean Dufy

Lire la suite...

 

 

Programme des stages à l'atelier de la rocaille

ETE 2011

 


aqua-tete-15x25.jpg

 

Du 8 au 12 août

l'aquarelle et le portrait

le matin de 9 à 12h ou l'après midi de 14 à 17h

 

 Nous devrons choisir le matin ou l'après midi, je ferai la journée complète si les inscriptions dépassent 15 les personnes

130€
ou 170 sans le matériel que je vous fournis
 (papier  aquarelle et boite de couleurs et pinceaux)

 

nu devant miroir

 

 Du 22 au 27 août

Le nu et la figure .

Techniques mixtes et bidouillage

le matin de 9 à 12h ou l'après midi de 14 à 17h

 Nous devrons choisir le matin ou l'après midi,

je ferai la journée complète si les inscriptions dépassent  les  15 personnes

 Réservations dès maintenant.

10 personnes maxi par session


  mail:

alaingegout@gmail.com


  www.sans-pitre.com


www.alain-gegout.odexpo.com 


atelier de la rocaille rond-point de bretigny

01280 Prevessin moens


06 14 59 57 22

 

 prix pour chaque stage et pour 3h par jour à l'atelier

130€

 plus participation aux frais du modèle qui viendrait poser pendant 3 h 

Ensuite nous travaillerons à partir des études faites d'après nature


 Sans le matériel

170€

 je fournirai dans ce cas, papier peinture et vernis acrylique

 

50€ d'acompte lors de l'inscription

15% de réduction si participation au deux sessions


 

                                                  










 



 

 

Lire la suite...

Propos existentialiste

À ma soeur Andrée

 

Tu te demandes bien pourquoi

Je dévoile, à qui veut m’entendre,

Mes souvenirs et mes émois,

Mis dans le langage du Tendre.

 

En lançant mes poèmes au vent,

Qui souffle à son gré sur la terre,

Il est certain, même évident,

Que j’espérais qu’ils pourraient plaire.

 

Or, s’ils avaient été perdus

Ou trouvés dans l’indifférence,

Je n’en aurais jamais rien su.

On leur donna de l’importance.

 

Que signifie cela pour toi?

Quelle est la valeur des louanges?

Comme bien d’autres avant moi,

C’est le néant qui me dérange.

 

J’aime la vie dans la lumière,

L’ivresse de certains instants.

Seule la chair devient poussière

L’écrit garde l’esprit vivant

 

1/04/ 2011

 

 

 

Lire la suite...

Le goûter des généraux de Boris Vian

12272726072?profile=original 

Il s’agit d’une pièce en trois actes et en prose de Boris Vian (1920-1959), publiée à Paris à 201 exemplaires par le Collège de Pataphysique en mars 1962, puis dans le Théâtre de Boris Vian chez Jean-Jacques Pauvert en 1965, et créée en langue allemande au Staatstheater de Braunschweig (RFA) et à Paris au théâtre de la Gaîté-Montparnasse le 18 septembre 1965.

 

Le général James Audubon Wilson de La Pétardière-Frenouillou reçoit de Plantin, le président du Conseil, l'ordre de déclarer la guerre pour sauver l'économie française, victime de la surproduction agricole et industrielle. Le général convoque donc son état-major autour d'un goûter. Tous dénombrent les forces dont ils disposent et conviennent de la nécessité de se rallier l'Église dans la personne de Mgr Tapecul (Acte I). Mais... Audubon a omis de demander contre qui il faut se battre. Le délégué militaire de Chine lui suggère d'engager les combats contre le Maghreb et l'Afrique, à la grande satisfaction de l'Américain et du Russe (Acte II). Dans leur camp retranché, sous terre, les généraux s'efforcent de se désennuyer par des jeux stupides. Plantin vient leur annoncer que "l'économie française est enfin complètement déséquilibrée": il faut donc terminer la guerre. Pour fêter l'événement, les militaires et les délégués se tuent tous à la roulette russe (Acte III).

 

Écrit en 1951, le Goûter des généraux constitue une caricature burlesque de la guerre et des milieux militaires. L'auteur du Déserteur dénonce le caractère économique des enjeux de toute guerre: selon Vian, il est clair que seuls des impératifs financiers, et non des principes idéologiques, incitent les politiques à envoyer leurs compatriotes au combat. Ainsi, le président du Conseil explique-t-il au général Audubon la nécessité de maintenir l'économie française dans un constant déséquilibre afin que les bénéfices industriels puissent pallier les crises agricoles, et inversement: "L'armée présente un intérêt capital; car c'est le consommateur qui paie l'armée, Audubon, et c'est l'armée qui consomme" (Acte I). La pièce dénonce également la collusion des pays riches contre le tiers monde. Dans le contexte de la guerre froide, Vian ne s'engage pas en faveur d'une grande puissance contre une autre: elles sont toutes coupables par définition. Ainsi, les puissants se réunissent et conviennent d'un ennemi commun, les pauvres et les Noirs. Le délégué militaire américain encourage Audubon: "Toute l'Afrique... et ça résout automatiquement le problème racial" (Acte II). La référence aux guerres coloniales semble évidente. Des massacres prévisibles, il n'est fait nulle mention: l'ensemble de l'intrigue se déroule, en effet, dans un climat abstrait, ludique, qui élimine tout élément tragique et plonge le spectateur dans une atmosphère fortement teintée d'humour noir. Vian met en scène des militaires irresponsables, infantiles et affligés de noms ridicules: à cinquante-cinq ans, Audubon agit comme un petit garçon dominé par sa mère, une maîtresse femme qui lui interdit l'alcool et surveille la tenue de ses "petits camarades". Foncièrement pusillanime, il résiste d'abord au président du Conseil pour s'effacer, ensuite, devant la nécessité d'obéir aux "ordres". L'Église, qui cautionne les massacres, n'échappe pas à la satire. Le ton très familier des dialogues témoigne de l'irrespect total de Vian à l'encontre des militaires, des politiques, des ecclésiastiques, ces bouchers dérisoires mais dangereux - selon lui - et qui ignorent tout de l'humain.

Lire la suite...
Printemps du livre 2011, En quête d'origines
Printemps du livre 2011, En quête d'origines


Un Festival du 13/04/2011 au 17/04/2011

Pour sa 9e édition, le Prin­temps du livre de Gre­noble se pro­pose d’explorer la vaste contrée des ori­gines. Le thème pro­met de riches varia­tions.

Car nos ori­gines s’enracinent dans l’enfance, le roman fami­lial, le pays ou la terre natale, le milieu social ou les péri­pé­ties de l’histoire, par­fois tout cela à la fois. La lit­té­ra­ture tout comme les essais trouvent dans ce ter­reau une source infi­nie de ques­tions.
Les ori­gines sont-elles la marque d’un des­tin, d’un sceau inef­fa­çable ou portent-elles en germe une mul­ti­tude de pos­sibles ?
Com­ment les ren­contres, les amours, les che­mins emprun­tés viennent-ils s’emmêler à ce pre­mier fil ?
Com­ment nos ori­gines nous construisent-elles, par­fois sou­ter­rai­ne­ment, et nous font-elles tenir debout ou tenir ensemble ?
Et enfin que faire de ce passé ? Le tra­quer à toute force, l’éclairer pour mieux vivre le pré­sent et des­si­ner l’avenir, le fuir, le regar­der en face, le célébrer ?

Ce foi­son­nant ques­tion­ne­ment est au cœur des livres des auteurs invi­tés au Prin­temps 2011 qui se tien­dra du 13 au 17 avril prochain.

Lire la suite...

Peintre, prends ta palette.

Sur ton chevalet posée,

la toile nue attend.

 

Peintre, prends ta palette,

couleurs chaudes, tons légers,

beau voyou, yeux noisettes,

j'aimerais te voir croquer.

 

De ton pinceau le plus fin,

main savante esquisse,

saumons roses des festins

et paniers d'écrevisses.

 

Poésie de couleurs,

peint la mer et les bateaux,

ajoutes-y des pêcheurs,

des poissons et des oiseaux.

 

Sur ton chevalet posée,

la toile nue attend,

par les vagues troublées,

peint l'âme de mon amant.

 

Lire la suite...

journal de bord, vendredi 1er avril 2011

Il est déjà temps de se mettre en marche.

 

Ce n'est pas le carnage dans ma chambre, non. Juste : des papiers sur une table, des papiers sur le sol, des bricoles que je mets provisoir'ment sur mon mat'las (avant de les assembler).

 

Il est encore très tôt. 7 heures 50, çà vous dit ?

 

Je n'aurais honnêt'ment pas pu prendre le train, hier soir, et rejoindre un pied-à-terre, pas loin de Charleroi, comme je me l'étais promis.

J'arrivais à peine à consulter mes mails.

 

La pluie est revenue.

 

Il a encore fallu qu'en fin de tournée, hier, je me farcisse un scénario classique, mais ... dont je me pass'rais bien.

 

Faut dire : c'était jeudi. Jour où, en général, le courrier est massif. Evidemment, je savais, dès l'départ, que je n'aurais pas terminé avant ... 17 heures. Je me suis organisé du mieux que je pouvais : présenter un maximum de recommandés, faire parfois (en connaissance de cause) des détours préalables dans certaines rues ...

 

Vers 15 heures 30, j'ai décidé de stopper l'bazar, de réintégrer l'bureau, de boucler mes présentations dans les règles de l'art. Et ... ensuite, de reprendre le reste du courrier, de le flanquer dans mon sac-à-dos, de repartir sur ma tournée (jusqu'à l'endroit où je devais commencer à poursuivre le reste) ...

 

Je n'ai aucun regret. Je ne vis pas ma manière de m'organiser (professionnell'ment) comme un fardeau. Profondément, j'aime mon boulot. Avec tout ce qu'il m'apporte, encore (je suis dehors, je rencontre des gens ...). Et les astuces que je me trouve (et qui tiennent encore la route, compte tenu des implications, des obligations de mon boulot), je suis fier d'y arriver. Non pas pour la reconnaissance des autres (je ne me fais aucune illusion), mais ... pour moi-même. C'est un défi que je me lance, chaque jour, pour mon bien être. J'agirais pareil si, du jour au lend'main, je devais être ballotté, transbahuté dans un autre boulot ou si je devais me retrouver au chômage.

 

Parmi les multiples satisfactions récoltées hier, en retournant sur le front de ma tournée ...

 

Dans le tram, une cliente qui s'occupe d'un gamin (qui s'appelle Emile ... comme mon papa, aujourd'hui dans les nuages), qui me gratifie d'un sourire, qui est heureuse de travailler dans une radio (pour elle, c'est nouveau) et qui ne montre aucune résistance quand je lui propose, comme ça (par hasard), de la retrouver gratuit'ment, un jour, cinq minutes, pour la simple joie de nous sourire et de vivre ainsi un rêve éveillé, une éclaircie. Ne parlons pas de philosophie, de poésie, non. Parlons aussi de réalisme, quand on sait que la joie, l'émerveill'ment agissent suffisamment sur nos sens, sur nos êtres pour nous procurer l'énergie d'affronter les éventuelles tempêtes du quotidien, qui ne se font jamais "trop" prier.

 

Sur le trottoir, une autre cliente qui a recommencé à suivre des cours depuis une semaine. Des cours de droit ou de secrétariat ? Je deviens déjà hésitant. Toujours est-il qu'elle doit, pour ses cours, apprendre à écrire correctement.

 

Et le reste ...

 

Il se poursuit : rue de l'Ermitage, rue des Champs Elysées, rue de l'ERmitage encore. Bordures décadentes. Immeuble où il faut recharger le courrier. Une dame (SDF ?) assise pas loin du "Delhaize", en train de faire la manche (certains jours, elle me sourit un peu ... certains jours, elle garde une tête impassible).

 

Et ...

 

La fameuse réflexion, de passants (que je n'identifie pas forcément) et qui pompe : "Encore à cette heure-ci que vous travaillez ?". Et tout le savoir faire pour ne pas y accroder trop d'importance.

 

Et ...

 

Un dernier endroit où je dois recharger le courrier. Un endroit où on vend du matériel de salle de bains, où des gens (des clients) entrent.

 

Et ...

 

C'est ici qu'un scénario pénible m'attend encore. Un gars qui m'a déjà vu (je crois qu'il travaille dans une école, rue de la Croix). Il me reconnaît et me lâche, à brûle pourpoint : "Tu mets les lettres en dessous au lieu de les mettre au d'ssus !". Merde, merde, merde.

 

Et ... je gueule dans toute la baraque : "C'est pas moi qui me trompe, ce sont les remplaçants". C'est mille fois juste, en plus. Surtout quand je situe le cont'nu des paroles du gars dans le contexte, l'endroit où je distribue.

 

"Il n'est pas sensé savoir que ce n'est pas toi", me dira-t-on. Relativisons. Honnêt'ment, analytiqu'ment, non. Mais ... je suis sceptique, quand même. J'ai pas eu affaire à un gars agressif, non. Je dirai plutôt : quelqu'un qui a envie de lacher sa pique, comme ça, par hasard, mais ... tout en sachant très bien ce qu'il dit. Je trouve ça encore plus méchant, plus sournois.

 

Et ... quand je gueule ce que je pense, il ne se retourne pas, le "ket". Il reste concentré, en tant que client de l'endroit, pour régler ses affaires. Il a pourtant très bien entendu. Il entend pourtant très très bien. Il est probablement tout content d'avoir distillé froidement son vitriol. Là, j'ai sûrm'ent affaire à un gars méchant, une espèce de chacal. Il attend sûr'ment que je m'énerve, que je perde mon sang froid. Je suis à deux doigts de tourner de l'oeil, de ruer dans les brancards, de sortir mon poing.

 

Rien ne s'est passé. Je suis sorti. J'ai terminé le reste de ma tournée.

 

Ce matin, en me réveillant, j'ai revécu la scène. Je revois le gars, avec toutes les impressions (lourdes, négatives) qui traversent mon corps. Ca m'arrive souvent. Bien entendu, ce n'est qu'un scénario journalier, comme il s'en passe, hélas, des tonnes. Ceci dit, mon corps, mon coeur m'envoient sûr'ment, une fois de plus, des messages suffisamment explicites, suffisamment importants pour que je ne prenne pas trop ces instants à la légère, pour que j'y sois vigilants, dans les prochains jours où je f'rai ma tournée et où je retomb'rai sur ce gars (ou d'autres gars du même tonneau).

 

Une nouvelle journée m'attend. Un spectacle, ce soir. Plein de surprises.

 

En attendant ...

 

Je dois encore contacter un pneumologue. Y a deux semaines que j'ai l'papier.

 

Je compte prendre un numéro de téléphone pour un concours de chansons, à la frontière française, le 8 mai prochain.

 

Si je passe encore dans les temps, à Charleroi, je ref'rai des photocopies de futurs endroits où y a moyen de chanter. Je les distribuerai sans doute, ce soir, à la soirée-cabaret de THuin. Elles pourront servir aux potes qui chantent.

 

Y a une répét' prévue aux alentours de 18 heures. Avant la soirée finale. Le pote Miche, à qui rien n'échappe, a fait suivre l'info.

 

 

 

 

 

 

 

 

Lire la suite...
RSS
M'envoyer un mail lorsqu'il y a de nouveaux éléments –

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles