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Max Elskamp

Naissance : 5 mai 1862. Mort : 10 décembre 1931 .

Centenaire : 5 Mai 1962.

 


Hommage de Robert Guiette:

 

La Ville en Ex-voto

 

Sa « petite ville », Max Elskamp la chante dès « Dominical, « la ville de mes mille âmes ». Cette ville en bois, douce ville à bâtir, la ville en rond comme une bague, les bonnes madones aux coins des ruelles. Ce port marchand, cette ville très port-de-mer, il y montre des barques et des grands vaisseaux, et les bâtiments à voiles, les chapelles et les tours et les cloches, c’est toute sa longue litanie qu’il faudrait redire. Poésie frêle, à la voix fêlée. « Mes dimanches morts en Flandre » et « dans la paix bonne d’un pays tendre », avec les petites gens des beaux métiers, la mer à l’horizon.

C’est plus qu’un décor, cette ville, c’est un personnage avec lequel on cause gentiment, à voix basse, retenue, comme pour soi.

Max Elskamp était demeuré très attaché à son vieux quartier de la rue Saint Paul bien qu’il n’y habitât plus. Ecolier, il y retournait passer ses jeudis après midi. Avec son ami, Henri van de Velde, il allait, près de la grande écluse du Kattendyk, à marée haute, voir entrer les bateaux. Les deux amis se mêlaient à une foule affairée d’employés de la douane, de commis, d’affréteurs, de curieux et de femmes aux toilettes extravagantes. C’était parfois « un voilier gigantesque, fatigué et souillé, dont l’équipage composé de nègres agités ou d’hindous lents, n’attendait que d’avoir accosté pour offrir en vente : perroquets, singes, plumes de couleurs éclatantes, peaux d’animaux inconnus, os d’albatros ; ou au départ de pitoyables émigrants polonais ou russes qu’on descendait à fond de cale sans ménagement, avec enfants et bagages ! Spectacles qui fouettaient nos imagination en entraînaient nos pensées si loin, si loin… »

Plus tard, les travaux de rectification des quais entamèrent le plus ancien quartier de la ville, cette « ville en rond » dont il ne reste qu’un morceau. L’ancien pittoresque ne demeurait plus que dans le cœur et la pensée du poète : l’ancien « werf », les quais plantés d’arbres, la population même de ces rues étroites, besogneuses et joyeuses.

Lorsque le lecteur d’aujourd’hui découvre cette image dans les petits poèmes de Max Elskamp, il la compare à ce qu’il voit : la rive droite, tracée au cordeau, les entrepôts et les construction aujourd’hui démodés qui attestaient, vers 1910, la grandeur récente des firmes allemandes fixées à Anvers. Le poète écrivait : « les Rietdijk, les Frascati, toutes les belles prostitution d’antan sont abolies… » ; et depuis, le joli village de Tête-de-Flandre rasé, surgirent les tours, les tunnels et les buildings. Le lecteur se demande alors si, dans les poèmes, ce n’est pas une petite ville ou un village de la Flandre zélandaise que le poète aurait chantée, et non Anvers, cette actuelle grande ville moderne où les anciens monuments et même la cathédrale se trouvent dépaysés. La beauté du spectacle –beauté très réelle encore- est différente de ce qu’a dit le poète. Le fleuve seul, malgré la métamorphose de ses rives, est resté sans doute semblable à lui-même.

Comment imaginer que le poète pourrait encore dans le bruit et le mouvement que nous connaissons, aller bavarder avec les bateliers et les artisans, vanniers et cordiers pour lesquels il avait tant de sympathie ? Les vieux quartiers le voyaient passer, chaque jour, par leurs rues souvent solitaires comme des rues de béguinages, des rues où ne se rencontraient de loin en loin que des vieilles femmes sous leur mante. Elskamp ne se lassait pas d’errer par les vieilles impasses, les cours intérieures, voyant aux murs les madones entourées de guirlandes… Son petit chapeau rond et son macfarlane ne détonnaient pas dans les ruelles grises et mornes. Le poète y poursuivait sa longue méditation.

Que de fois je l’ai vu, vieillard, aller vers les quartiers de son enfance, comme enveloppé de solitude ! Une femme discrète et qui avait dû être très belle, l’accompagnait. Ils ne se parlaient pas. Ils allaient côte à côte, d’un pas sans hâte. Etait-ce « sa » rue Saint-Paul qui l’attirait ? Pensait-il à son poème, à l’église et au calvaire, à ses morts et à son passé ? Voyait-il revivre ses chers fantômes ? Ou bien poursuivait-il sa longue recherche de la Voie ? Refaisait-il la longue route des saints naïfs et des processions, celles des philosophes qu’il avait étudiés, celle de la souffrance et de l’inconnaissable, de cette longue vie qui serait une vie manquée s’il n’y avait les poèmes. Par tout cela, il avançait dans la Voie de la perfection bouddhique, celle qu’il s’était choisie et qui lui était propre.

Le décor désormais n’importait peut-être plus. Le poète avait magnifié sa ville natale, et l’avait réduite en son cœur, en son œuvre, immuable. Comme les vieux marins, du temps des grands voiliers, construisaient des trois-mâts qu’ils enfermaient dans des bouteilles, tout gréés.. Le site, pour jamais à l’image de son cœur, demeurait comme une sorte d’ex-voto de reconnaissance à la vie, tandis que sa pensée plongeait dans d’autres contemplations, hors du temps.

Robert Guiette. (1962)

 

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Hommage à Max Elskamp par Norge

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Collection Robert Paul
Réédition des Six chansons de pauvre Homme suivi de Huit chansons reverdies, Ecrivains réunis, Armand Henneuse éditeur, Avec Préface de Norge.

 

Max Elskamp qui aimait la taille des incunables et l'écriture chinoise nous vient de ces temps, de ces lieux où le geste artisanal devait accomplir la figure d'un texte. Il habillait lui-même ses vers de lettrines et d'ornements qu'il creusait dans le buis, le poirier. Parfois il sculptait tout un poème. C'est ainsi que les mots de Max Elskamp ont appris un poids, un contour, une saveur qui se souviennent des sèves fruitières.

 

La plume court bien vite et les phrases de plume ont des caprices que la gouge refuse. Un mot cerné dans la tablette veut un effort, une fermeté où son pouvoir s'élabore avec ferveur. Il faut scruter et le verbe devient une matière.

 

Voici un Mallarmé de Flandre qui anime son azur de bois. Les formes de l'art populaire sensibles dans les vieilles images de Turnhout ou de Chartres si chères à Elskamp renaissent dans ses chansons traversées du même accent rustique.

Un homme simple, oui, si l'on entend que ce peut être de la façon la plus subtile. Un poète naïf oui, si l'on entend que certaine naïveté connaît mieux que la sagesse. Eh, non, Elskamp n'était ni simple ni candide: un artiste profond, un poète profond qui a choisi farouchement sa vie, sa mythologie, sa solitude. Car ce poète fut seul.

"Fuir, là-bas fuir", le grand inspiré du "Coup de Dés" donnait ce conseil. Et Max Elskamp a fui. C'est dire qu'il s'est donné tout entier à la poésie, lente, obstinée, recluse, - où l'élan de lucidité se recueille dans un langage aussi rigoureux que familier. Les bonnes gens des Métiers oeuvraient de la sorte..

 

Inventeur d'une langue française plus nue que le français -sorte de langue naturelle- que personne ne saurait manier après lui, il se fait entendre de chacun. L'oreille acquiesce tout de suite et le coeur ne peut être long à se rendre.

Nous savons que le poète entretint toute sa vie une longue dispute avec les dieux majeurs de l'inquiétude et du ravissement. Nous savons de quelle gravité passionnée il étreignait les vues de l'esprit. Mais il veut que dans son oeuvre apparaisse seulement la crête musicale de ces contemplations et que ce soit sous les traits de chansons tout unies. Fruits amers de l'incertitude ou grappes éclairées de joie, la main de tous les jours cueille et atteste. Une jubilation d'oiseau, un désespoir solaire, un vent de souvenir dans les agrès, ce feu de l'âtre qui fascine, car les flammes refont tous les visages aimés. Elskamp sait les retenir dans ses rythmes, il sait les durcir, dirai-je les sublimer, nous les proposer touchants, saisis dans leur sourire de stature et pénétrés cependant d'une humanité bouleversante. Mais la poésie ne se raconte pas.

Syllabes détachées dans une cadence aussi vivement en saillie que celle des complaintes, cette prosodie a trouvé "un ton". Peut-on penser à la frappe du marteau sur la cloche dans les carillons du Nord, la rime fixant à la fin de chaque vers son cadre bien fermé? Aucune torsion, nul enjambement; un éclat presque rigide, presque physique, mais quelle vibration émouvante sait le prolonger!

 

La poésie de Max Elskamp trop discrètement diffusée, n'a cessé cependant de susciter des admirations croissantes. Jean Cassou, Paul Eluard, Fr. de Miomandre, Aragon, Pierre Seghers, Fombeure, Follain sont parmi ceux qui la chérissent et déplorent son oubli. cette poésie a subi l'épreuve du temps sans perdre sa résonance. Au lendemain du symbolisme, elle définit dans une forme populaire qui continue la sensibilité du "romancero" français tout en le renouvelant, la primauté des grands sentiments élémentaires et l'avenutre inouïe d'être un homme. Elle avance à pas certains dans le monde intérieur. Elle exprime bien plus qu'elle ne raconte, reprenant ainsi à la musique son bien selon la suggestion de Verlaine. Sa modestie de parure laisse mieux connaître une grâce et une fraîcheur presque difficiles à croire, mais dont il est l'heure de s'aviser.

 

"Je vous salue, ma vie,

D'un peu d'éternité…"

 

Elskamp n'aura pas donné en vain cette salutations parfaite et notre temps la rendra bientôt à sa poésie toute vive à s'élever

 

Si haut qu'on peut monter.

 

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Max Elskamp

Naissance : 5 mai 1862. Mort : 10 décembre 1931 .

Centenaire : 5 Mai 1962.

 

Poème de Norge


Elskamp de bois


« J’ai triste d’une ville en bois,

J’ai mal à mes sabots de bois »

(Max Elskamp)

 

Le petit bonhomme de bois

Dans sa chair taille un poème

Et sa chair est aux abois,

Cet arbre doux, ce bon chêne,

Ce lisse pommier, donneur

De rondes pommes amènes

Est une pulpe souffrante.

Ah, le bois taillé de main

Ferme saigne quand il chante !

Une sève de carmin

Colore toute l’image

Où le monde est engravé.

Et le savent à douleur

Ceux de dur et franc lignage,

Sans Pater et sans Ave,

Que rouge est couleur du cœur.

Et lors, grands âges qui vibrent :

Un petit homme benoît

Pénètre d’amour pour toi,

Pour moi,

Tant la rime que la fibre.

O petit homme de bois

De foi,

O petit homme de croix

De bois.

Norge (1962)

 

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Hommage à Max Elskamp Editions Dynamo

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Collection Robert Paul

Editions Dynamo, Pierre Aelberts, Editeur, 1962, tiré à 40 exemplaires avec un poème liminaire de André Salmon:

 

Ascension de Max Elskamp

 

Max Elskamp, ton nom sur la mer

Ou porté par le vent des dunes,

Elskamp, le refrain doux-amer

Et la complainte en clé de lune.

L'enseigne du vieux artisan

Qu'une Dame à la Proue emporte

la faucille d'un paysan

En marteau pendue à ta porte.

La Madeleine en falbalas.

Madame la Vierge en sa niche

Job sur son fumier de gala

Dans la Maison du Mauvais riche.

Tant de mâts piqués sur la mer

Tant de voiles d'entre les vagues

Sur les flots l'Aimée aux pieds clairs

La Couronne engendrant la bague.

Le Pauvre Homme est resté chez toi

Avec tant de chansons à vendre

Et l'Ange debout sur le toit

En bas tous ceux qui vont comprendre.

En Flandre Pâques a chanté

Devant Noël. Eternité!

 

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Hommages à Elskamp

 

 

Hommages par Carlo Chapelle

 

Par les Editions Dynamo, Pierre Aelberts, Editeur, 1962, tiré à 40 exemplaires avec un poème liminaire de André Salmon:

Ascension de Max Elskamp

Max Elskamp, ton nom sur la mer

Ou porté par le vent des dunes,

Elskamp, le refrain doux-amer

Et la complainte en clé de lune.

L'enseigne du vieux artisan

Qu'une Dame à la Proue emporte

la faucille d'un paysan

En marteau pendue à ta porte.

La Madeleine en falbalas.

Madame la Vierge en sa niche

Job sur son fumier de gala

Dans la Maison du Mauvais riche.

Tant de mâts piqués sur la mer

Tant de voiles d'entre les vagues

Sur les flots l'Aimée aux pieds clairs

La Couronne engendrant la bague.

Le Pauvre Homme est resté chez toi

Avec tant de chansons à vendre

Et l'Ange debout sur le toit

En bas tous ceux qui vont comprendre.

En Flandre Pâques a chanté

Devant Noël. Eternité!

 

Max Elskamp par Charles-Louis Philippe, Ed. Dynamo, Liège, 1951, ouvrage tiré à 40 exemplaires, texte de 1907.

 

Réédition des Six chansons de pauvre Homme suivi de Huit chansons reverdies, Ecrivains réunis, Armand Henneuse éditeur, Avec Préface de Norge.

Max Elskamp qui aimait la taille des incunables et l'écriture chinoise nous vient de ces temps, de ces lieux où le geste artisanal devait accomplir la figure d'un texte. Il habillait lui-même ses vers de lettrines et d'ornements qu'il creusait dans le buis, le poirier. Parfois il sculptait tout un poème. C'est ainsi que les mots de Max Elskamp ont appris un poids, un contour, une saveur qui se souviennent des sèves fruitières.

La plume court bien vite et les phrases de plume ont des caprices que la gouge refuse. Un mot cerné dans la tablette veut un effort, une fermeté où son pouvoir s'élabore avec ferveur. Il faut scruter et le verbe devient une matière.

Voici un Mallarmé de Flandre qui anime son azur de bois. Les formes de l'art populaire sensibles dans les vieilles images de Turnhout ou de Chartres si chères à Elskamp renaissent dans ses chansons traversées du même accent rustique.

Un homme simple, oui, si l'on entend que ce peut être de la façon la plus subtile. Un poète naïf oui, si l'on entend que certaine naïveté connaît mieux que la sagesse. Eh, non, Elskamp n'était ni simple ni candide: un artiste profond, un poète profond qui a choisi farouchement sa vie, sa mythologie, sa solitude. Car ce poète fut seul.

"Fuir, là-bas fuir", le grand inspiré du "Coup de Dés" donnait ce conseil. Et Max Elskamp a fui. C'est dire qu'il s'est donné tout entier à la poésie, lente, obstinée, recluse, - où l'élan de lucidité se recueille dans un langage aussi rigoureux que familier. Les bonnes gens des Métiers oeuvraient de la sorte..

Inventeur d'une langue française plus nue que le français -sorte de langue naturelle- que personne ne saurait manier après lui, il se fait entendre de chacun. L'oreille acquiesce tout de suite et le coeur ne peut être long à se rendre.

Nous savons que le poète entretint toute sa vie une longue dispute avec les dieux majeurs de l'inquiétude et du ravissement. Nous savons de quelle gravité passionnée il étreignait les vues de l'esprit. Mais il veut que dans son oeuvre apparaisse seulement la crête musicale de ces contemplations et que ce soit sous les traits de chansons tout unies. Fruits amers de l'incertitude ou grappes éclairées de joie, la main de tous les jours cueille et atteste. Une jubilation d'oiseau, un désespoir solaire, un vent de souvenir dans les agrès, ce feu de l'âtre qui fascine, car les flammes refont tous les visages aimés. Elskamp sait les retenir dans ses rythmes, il sait les durcir, dirai-je les sublimer, nous les proposer touchants, saisis dans leur sourire de stature et pénétrés cependant d'une humanité bouleversante. Mais la poésie ne se raconte pas.

Syllabes détachées dans une cadence aussi vivement en saillie que celle des complaintes, cette prosodie a trouvé "un ton". Peut-on penser à la frappe du marteau sur la cloche dans les carillons du Nord, la rime fixant à la fin de chaque vers son cadre bien fermé? Aucune torsion, nul enjambement; un éclat presque rigide, presque physique, mais quelle vibration émouvante sait le prolonger!

La poésie de Max Elskamp trop discrètement diffusée, n'a cessé cependant de susciter des admirations croissantes. Jean Cassou, Paul Eluard, Fr. de Miomandre, Aragon, Pierre Seghers, Fombeure, Follain sont parmi ceux qui la chérissent et déplorent son oubli. cette poésie a subi l'épreuve du temps sans perdre sa résonance. Au lendemain du symbolisme, elle définit dans une forme populaire qui continue la sensibilité du "romancero" français tout en le renouvelant, la primauté des grands sentiments élémentaires et l'avenutre inouïe d'être un homme. Elle avance à pas certains dans le monde intérieur. Elle exprime bien plus qu'elle ne raconte, reprenant ainsi à la musique son bien selon la suggestion de Verlaine. Sa modestie de parure laisse mieux connaître une grâce et une fraîcheur presque difficiles à croire, mais dont il est l'heure de s'aviser.

Les chansons que nous donnons ici comme une douce clé de ce lyrisme puissent-elles ouvrir des coeurs à la connaissance des "Enluminures" et de "La Louange de la Vie". Elles ont déjà la patine des matières nobles qui peuvent embellir en vieillissant.

 

Je vous salue, ma vie,

D'un peu d'éternité...

 

Elskamp n'aura pas donné en vain cette salutations parfaite et notre temps la rendra bientôt à sa poésie toute vive à s'élever

 

Si haut qu'on peut monter.

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Inscription à ART'M salon des arts

2eme Salon Auriolais des Artistes




Samedi 7 et Dimanche 8 mai 2011
Château Saint Pierre-13390 AURIOL

Invité d'honneur : Solange BELLET - Sculpteur


Dans le cadre  du Château Saint Pierre, l'association « À la Croisée des Arts Auriolais » organise son 2èmer salon d'Art ouvert aux artistes de toute expression.

L'objectif est de favoriser les échanges culturels entre les artistes et le public en toute convivialité.

Les exposants disposent d'un emplacement dans les allées du parc, en bord de pelouse ou de pièce d'eau ou encore à l'ombre d'arbres.

Des animations culturelles et artistiques (danse, thêatre, musique) agrémenteront ces journées

Une rencontre festive à l'approche de la fête des mères.


CONVENTION

Article 1 : les exposants
ART'M est une manifestation ouverte à tous les artistes affiliés ou non à la maison des artistes. C'est une manifestation où se conjuguent toutes les formes d'arts ou de manifestation artistique.
Ne sont pas admis les galeries d'arts et les regroupements associatifs ayant une activité de galerie d’Art.
Est interdit toute revente d'œuvres non crées par l'exposant (reproduction, imprimés, photocopies). Les copies d'œuvres ne sont pas acceptées.
Le résultat des ventes resteront acquis à l'artiste.

Article 2 : INSCRIPTION avant le 15 avril 2011
Les inscriptions seront enregistrées à réception du dossier dûment rempli, signé et accompagné par chèque correspondant (tout dossier non conforme sera immédiatement rejeté).
Le bulletin sera accompagné d'une présentation succincte de la démarche de l'artiste et d'une photo d'une de ses créations (souhaitée).

Aucune inscription ne sera admise le jour même.



Article 3 : Emplacement
Les emplacements seront attribués sans distinction par ordre et date d'arrivée. Une fois la totalité des emplacements attribués, une liste d'attente sera ouverte. Chaque exposant disposera de 3m linéaire minimum, non équipé, numéroté au sol par bande adhésive. Il appartient à chaque exposant de prévoir tout le matériel nécessaire pour la présentation de ses œuvres (chevalet, grille, table support..) toutefois il sera possible de bénéficier de grilles (1.20mx2m) si vous en faites la demande et en fonction de l'ordre de votre inscription et du stock du stock disponible. Il appartient aux artistes d'installer leur stand.
Les artistes désirant bénéficier d'emplacements contigus devront impérativement le signaler lors de leur inscription.

Article 4 : Installation
pour les deux jours :
ARRIVÉE : Les œuvres devront être mises en place le samedi 7 mai 2011 au matin entre 7h00 et 9h00. L'ouverture au public étant prévue à 10h00, les véhicules des exposants ne devront en aucun cas rester sur le lieu de la manifestation. L'accès en voiture sera possible jusqu'à l'emplacement attribué pour déballer le matériel. Ensuite les véhicules seront garés sur un parking gratuit à proximité du lieu de la manifestation. Puis vous aurez le temps d'installer votre stand.
Une possibilité est offerte pour les artistes qui le souhaitent de n'exposer que le dimanche 8 mai 2011. Ces personnes là devront se présenter le dimanche 8 mai 2011 matin à 7h00. Le prix de l'inscription reste  le même à savoir  35 euros.

DÉPART : Sauf contre ordre express des organisateurs, les exposants devront rester jusqu'au dimanche 8 mai 2011,  19h00 précises. Ce n'est qu'à partir de cet horaire que le rangement du stand sera effectué et les véhicules autorisés à pénétrer dans l'enceinte du parc.

Nuit de samedi à dimanche : le samedi soir, chaque artiste et exposant décroche et emballe ses œuvres. Il se présente au château ou les œuvres seront entreposées durant la nuit. Une ou deux personnes de l'association resteront sur place pour la surveillance. Les œuvres seront rentrées dans l'enceinte du château le samedi soir et réinstallées le dimanche matinpar l'artiste. Le parc sera ouvert à partir de 7 heures le dimanche matin, pour la réinstallation ou l'installation.

Une buvette fonctionnera sur le plateau les deux jours. Un apéritif sera offert par l'association aux exposants vers 12h00 le samedi 7 mai en présence des élus et de l'invitée d'honneur (Solange Bellet) suivi d'un repas proposer au exposant: paëllas, boisson, dessert, café.( voir bulletin d'inscription). La reservation est obligatoire pour la paella. Durant le week end est proposé : un spectacle de danse orientale et un concert : le duo chansong de Claude GRATEREAU et Régis SEVIGNAC (Chansons, guitares)

Article 5 : Divers
La municipalité et l'association « À la Croisée des Arts Auriolais » déclinent toute responsabilité en cas d'accident et en cas de perte, vol, avarie ou autre cause de détérioration occasionnées sur chaque stand et/ou par chaque exposant. Chaque exposant devra contracter une assurance personnelle.

Les organisateurs se réservent le droit d'apporter toute modification à l'organisation rendues nécessaires par des contraintes techniques ou à la demande des autorités officielles.
En cas d'annulation de cette manifestation par les organisateurs, les artistes seront intégralement remboursés. En cas d'annulation pour cause d'intempéries aucun remboursement ne pourra être effectué. En cas d'annulation de l'artiste 5 jours avant la manifestation, aucun remboursement ne sera effectué.
Le chèque sera encaissé à l'issue de la manifestation.
Une campagne publicitaire annoncera cet évènement et un fléchage sera mis en place à partir de l'entrée de la ville.




        2ème Salon Auriolais des Artistes Contemporains
Samedi 7 mai et dimanche 8 mai  2011 de 10h à 19h00
Château Saint Pierre-13390 AURIOL

Invité d'honneur : Solange BELLET - Sculpteur

1 BULLETIN D'INSCRIPTION PAR ARTISTE EXPOSANT
À renvoyer :
À la Croisée des Arts Auriolais Hôtel de Ville Bureau des Associations 13390 Auriol

AVANT le 15 AVRIL 2011

NOM.................................................................PRÉNOM............................................
ADRESSE....................................................................................................................................................................................................................................................................
Téléphone …...................................................email....................................................
Technique utilisée par l'artiste......................................................................................
Contrainte technique de l'artiste (ex : sculpture monumentale...)…………………...............
Êtes-vous affilié à la maison des artistes ?        Oui – Non
cocher la case correspondante :
O j'expose sur deux jours
O je n'expose que le dimanche 8 mai 2011 (sachant que les frais d'inscription restent inchangés)

À JOINDRE OBLIGATOIREMENT AU PRÉSENT DOCUMENT :

1/ Une enveloppe affranchie à 1.30 euros libellé à vos noms et adresse pour recevoir le plan d'installation, votre n° d'emplacement, les invitations... (merci de respecter l'affranchissement).

2/ un chèque bancaire  de 35 euros à l'ordre de « À la Croisée des Arts Auriolais »

3/ une photo d'une de vos créations :

J'ai pris connaissance du règlement relatif à la manifestation « 1er salon ART'M » et j'accepte, sans réserve, les conditions d'exposition et m'engage à les respecter.
Le .........................                                                         souhaits de l'exposant

Signature


Présentation succincte de votre démarche................................................................
…...............................................................................................................................
…...............................................................................................................................
…............................................................................................................................................…..............................................................................................................................
ne pas remplir – réservé à l'organisateur

Date d'arrivée.................................................N° ordre d'arrivée
N° emplacement..........................................Paiement
        2ème Salon Auriolais des Artistes Contemporains
Samedi 7 mai et dimanche 8 mai  2011 de 10h à 19h00
Château Saint Pierre-13390 AURIOL

RESERVATION PAELLA


À la Croisée des Arts Auriolais Hôtel de Ville Bureau des Associations 13390 Auriol

AVANT le 15 AVRIL 2011

NOM.................................................................PRÉNOM............................................
ADRESSE....................................................................................................................................................................................................................................................................
Téléphone …...................................................email....................................................


O je souhaite réserver …........paellas ( 1 assiette de paella -1/4 vin ou eau minérale – café = 11 euros)

    11 euros * …........paella(s)  = …............euros.

Je règle par chêque à la réservation( ordre : A la Croisée des arts auriolais).




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administrateur théâtres

Le Géant de Kaillass ( Atelier Jean Vilar )

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Atelier Jean Vilar                      Le Géant de Kaillass
Du 15 mars au 1 avril 2011       Compagnie Arsenic

texte de Peter Turrini


Au Parc à Mitrailles à Court-Saint-Etienne
Sous chapiteau numéroté – Navettes au départ de Louvain-la-Neuve
Avenue des Combattants, 19b – 1490 Court-St-Etienne
Représentations à 20h30 sauf le jeudi à 19h30 et le dimanche 27/03 à 15h

Ensuite le spectacle sera visible à L’esplanade Saint-Léonard (Liège) du 26 avril au 4 mai

Tél. gratuit : 0800/25 325  E-mail : reservations@atjv.be

 

 

Un théâtre qui se déplace, qui va vers les gens, qui part à la rencontre des publics c’est le théâtre sous chapiteau. Ce théâtre renoue avec la fête, le conte et le mythe.

 

Dans le village de Kaillass vit un jeune géant qui pleure. Il est le souffre-douleur des villageois moqueurs, qui l’accusent de tous les maux qui les accablent. Il  rêve d’une vie à sa mesure, du  vaste monde au-delà des esprits étroits, qui aurait quelque chose de grand à offrir, un Ailleurs : L’Amérique, lieu de tous les possibles? Un lieu large comme deux bras ouverts, un lieu au large de l’espoir d’exister tel qu’il est. Il est en même temps écrasé par l’impératif de ressembler aux autres. Ainsi son vain souhait de réintégrer la chorale des petits chanteurs de Kaillass, dont il a été exclu, va lui donner le désir chimérique d’acheter «  un pré si grand qu’assis dans l’herbe, il y paraîtra enfin petit. »

  

 Une naine rondelette et délectable, Irmeline tombe amoureuse de lui : voilà l’amour impossible qu’il accueille  certes, mais qui  ne l’empêche pas d’accomplir une odyssée aride qui le mènera de ville en ville à travers l’Europe, de champs de foire en cours royales de Prusse ou Angleterre, jusqu’au  au pied de la tour Eiffel, à la poursuite de son rêve d’enfant.

 

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 Son voyage  héroïque sera comme un conte initiatique, mais hélas un voyage intérieur qui ne le mènera nulle part, tant le trou dans sa poitrine demeure béant et triste. Il s’agit de quitter l’enfance, il faut rompre avec la mère, il faut cesser de croire à la légende par laquelle elle le berce d’une origine mythique et fabuleuse : celle d’un arbre. Il faut, et c’est le comble pour un géant, se décider à grandir, alors qu’il rêve de rapetisser! A peine parti, il veut rentrer dans son village natal. Le géant, bébé sans nom dira : «  Dedans moi, il fait noir. J’ai un tel désir. Laissez-moi de nouveau être avec vous. Est-ce que je peux de nouveau chanter avec les petits chanteurs ? 

 

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 « C’est loin l’Amérique ?  » Grandir est pénible, il tousse, il est chétif malgré son format extraordinaire, et son compagnon de voyage est terriblement avide. « Je veux retourner chez Hannia » « Tu es maboule ? Toutes les célébrités de Berlin rivalisent pour te rencontrer ! Un empereur est assis sur tes genoux et toi, tu veux rentrer dans ce trou perdu ? ». Et le géant alors : « Le trou dans ma poitrine est de nouveau là. » Peut-on combler ce trou avec un cœur qui bat ? Las, l’amour et  la musique sont absents.  Son guide intéressé lui répète sans cesse qu’il n’y a pas d’argent et qu’il faut « avancer ». Un impératif de production fait du géant maladif et incapable de quitter l’enfance une victime de choix, et le tue à petit feu. Il s’éteindra dans le champ originel,  les bras aimants  de sa mère, vaste pré d’amour. Elle n’a jamais reçu d’argent de l’ignoble Crochetailleur.   Mais au-delà de la mort, il y a cet autre amour inaltérable, celui  d’Irmeline  la jeune naine, l’amour au-delà de la mort, qu’elle a perçu tout au fond de ses yeux… Voici une histoire triste comme celle du « Meilleur des Mondes » de Aldous Huxley où John le Sauvage, incapable de se conformer aux impératifs de la société, s’éteint dans son phare. Ici cynisme absolu, les braves villageois récupèreront son image et en feront de juteux bénéfices pour la sainte ville de Kaillass. 

 

 

                                          Très beaux, ces  costumes de cirque ambulant. Belle, la  musique de fanfare joyeuse des bateleurs – le soubassophone étonne – et les voix « d’oiseaux »féminines. Magnifiques, la mise-en-scène et la mobilité corporelle de tous les artistes: une œuvre théâtrale pleine de recherche et d’authenticité. Un spectacle total, fait pour toucher et émouvoir, malgré l’humour grinçant et l’accumulation de scènes grotesques que d'aucuns adorent pour leur dérision.

 

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phrases

Le livre de Johan Theorin fait son travail sur mon imaginaire.. La série s'installe dans ma tête. 

 "l'Echo des morts" en français  est un thriller qui se déroule intégralement sur l'Île de Öland en mer Baltique. 

Je continue d'y pécher les phrases fortes afin de nourrir mon imaginaire. 

Les études se succèdent, petits formats de 40x30  issues de ce type de phrases décrivant l'atmosphère des lieux.

"Katrine était arrivée sur l'îlot. Elle descendit au bord de l'eau, embrassant la côte du regard. Au nord , on voyait que des plages désertes et des bosquets, au sud des prairies avec, au loin, quelques petits cabanons de pêcheurs."

Etude pour mon expo sur l'île de Öland

40x30 acry sur papier gegout adagp© 2011

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 Peindre l'atmosphère lourde des lieux, atmosphère pesante empreinte déjà des les premières pages des drames à venir. Sans tomber, du moins je l'espère dans l'aspect narratif.

Juste retenir ce qui échappe au regard.

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À la tombée de la nuit

 

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Plongée dans la lucidité,  

Dans l’indifférence complète,

Pensant à la fin d’une fête,

Je goûte à l’insipidité.

.... 

 

Bleu perlé, le ciel est grandiose,

M’offre un décor majestueux,

Un autre tableau fabuleux,

Mais sans gaieté privé de rose.

.... 

 

Une journée fade s’achève.

J’ai pu la sauver de l’ennui.

Somptueuse arrive la nuit,

Un hymne à la beauté s’élève.

....  

3 avril 2006

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12272723689?profile=originalLes « Lettres philosophiques » de Voltaire sont un essai publié sous trois titres différents. Deux versions en 24 lettres sont publiées à Londres, l'une en anglais, Letters concerning the English Nation (1733), l'autre en français, Lettres écrites de Londres sur les Anglais et autres sujets par M.D.V. (1734). Une 25e lettre sur Pascal a été ajoutée aux Lettres philosophiques publiées à Rouen chez Jore en 1734.

 

Exilé en Angleterre à la suite d'une algarade avec le chevalier de Rohan, suivie d'une bastonnade et d'une incarcération à la Bastille, Voltaire, qui s'efforce de "devenir anglais", promet à son ami Thiriot le 26 octobre 1726 de l'entretenir de cette "nation de philosophes". Ce projet se précise en décembre 1727. Dans un "Advertisement", en tête de deux essais en anglais, Voltaire envisage de donner une relation de son voyage d'où il écarte la satire et le pittoresque descriptif. Il se propose d'instruire ses compatriotes en leur faisant connaître les choses utiles et les grands hommes du pays dans lequel il vit. A-t-il déjà jeté sur le papier une partie de l'ébauche que les éditeurs de Kehl publieront? Cette Lettre à M. met l'accent sur les difficultés de l'entreprise, raconte l'arrivée à Londres du narrateur d'abord enthousiasmé, puis décontenancé par le caractère changeant des Anglais. Ce texte est abandonné au bout de quelques pages, et Voltaire se remet au travail dans un tout autre esprit. Il rédige en anglais quelques lettres. Les Letters concerning the English Nation, pour la moitié d'entre elles, ne sont pas des traductions. De retour en France en 1728, il se désintéresse de ces esquisses en anglais et sans doute en français. En 1730, révolté par le sort ignominieux réservé au cadavre de Mlle Lecouvreur, la célèbre actrice, il proteste contre l' excommunication des comédiens, thème repris dans la 23e lettre. Il s'est remis à ses "lettres anglaises" en 1731, y travaille en 1732, complète sa documentation sur Newton, rédige une première version de la lettre "sur M. Locke", ajoute la lettre "sur l'insertion de la petite vérole". En 1733, alors que le livre s'édite à Londres et à Rouen, il envoie au libraire Jore, avec lequel il a conclu un contrat à compte d'auteur, "quelques petites réflexions détachées sur les Pensées de Pascal". En avril 1734, l'ouvrage fait scandale en France. Jore est embastillé, une lettre de cachet est lancée le 3 mai contre Voltaire; le 10 juin, un arrêt du Parlement condamne ce livre "propre à inspirer le libertinage le plus dangereux pour la religion et pour l'ordre de la société civile". Le même jour, un exemplaire est brûlé. Une dizaine d'éditions se succèdent en dix ans. Après 1739, le livre est morcelé entre plusieurs sections des Mélanges, la sentence restant exécutoire; les Lettres seront regroupées en 1818 dans l'édition Beuchot.

 

Sous une forme condensée, les Lettres philosophiques jettent les bases du programme des Lumières. Sept lettres évoquent la situation religieuse outre-Manche. L'enquête sur les quakers est la plus développée: discussions sur leur doctrine, description ironique d'un office, biographie du fondateur de la secte, Georges Fox, historique de l'établissement d'un Eldorado quaker, la Pennsylvanie, qui doit son nom à W. Penn (quatre lettres). La religion anglicane, pourtant dominante, n'a droit qu'à une lettre qui insiste sur la suprématie du pouvoir civil. La suivante, "Sur les presbytériens", loue le pluralisme religieux comme gage de paix civile. Les remarques "Sur les sociniens, ariens ou antitrinitaires" militent pour un déisme indifférent aux dogmes.

 

Quatre lettres traitent de questions politiques. Au terme de longues luttes, la nation a "réglé le pouvoir des rois" qui, "tout-puissants pour faire le bien, ont les mains liées pour faire le mal"; elle a réparti les pouvoirs (lettres VIII et IX). L'essor économique s'appuie sur le grand commerce que la noblesse ne dédaigne pas (X). Ouverte au progrès, l'Angleterre a adopté une politique médicale audacieuse (XI).

Les lettres suivantes montrent ce que peut la pensée dégagée des préjugés et des censures. Consacrées aux grands hommes, elles se donnent pour tâche de vulgariser les conquêtes scientifiques: Bacon, "père de la philosophie expérimentale", le sage Locke qui remplace le "roman de l' âme" qu'a écrit Descartes par son "histoire", Newton surtout qui a découvert le système de l'attraction universelle et a fait avancer la connaissance sur la chronologie de la Terre, sur les propriétés de la lumière.

 

Le quatrième groupe de lettres (XVIII à XXIV) est relatif à la littérature, au théâtre et à la poésie, et porte "Sur la considération qu'on doit aux gens de lettres", "Sur les académies". L'étroitesse du goût ne doit pas masquer l'enjeu: Voltaire réfléchit sur les rapports entre l'État et la culture. Tolérance religieuse, liberté politique, prospérité, appui accordé aux forces vives de la nation, l'exemple anglais met en évidence les carences françaises. Aussi ces lettres sont-elles couronnées par la lettre XXV, "Sur les Pensées de Pascal", qui leur donne leurs assises profondes. Refus de l'angoisse existentielle, pari pour un relatif bonheur terrestre à condition d'aménager la vie sociale, réhabilitation du "divertissement", Voltaire prend le "parti de l'humanité" contre le "misanthrope sublime" et, dans la même foulée, celui des sociétés ouvertes contre les sociétés bloquées.

 

Diffusion européenne pour ce modeste ouvrage lancé conjointement en France et en Angleterre. Ces "lettres philosophiques, politiques, critiques, hérétiques et diaboliques" veulent provoquer un changement de mentalités. Voltaire est ainsi devenu ce "merchant of a nobler kind" évoqué dans l'"Advertisement" de 1727, qui se propose d'éclairer en favorisant échanges et comparaisons. Présente par des parallèles explicites ou implicites, la société française est le point de mire de ces Lettres qui s'appuient sur l'exemple anglais. D'où l'importance des techniques de communication mises en oeuvre: journaliste, le narrateur des Lettres philosophiques enquête, interviewe un bon quaker, Congreve ou la nièce de Newton, Mrs Conduit. Selon un renversement de perspectives, cette Angleterre où "communément, on pense" confère de l'étrangeté à un royaume de France engoncé dans ses archaïsmes politiques et religieux. D'où l'accent polémique de cette brochure animée par l'impatience d'un homme de progrès.

 

Pari sur les valeurs terrestres, les Lettres philosophiques s'efforcent de susciter un processus de laïcisation. Aux angoisses pascaliennes sur la place de l'homme dans l'univers, sur la malédiction du péché originel, Voltaire répond par de tranquilles acceptations: l'homme est "ce qu'il doit être" selon l'ordre du monde, à sa place dans l'échelle des êtres. A l'obsession du salut se substitue une légitime recherche du bonheur; au mépris des activités humaines, une glorification de l'action. Point d'interrogation métaphysique, point d'interférence divine dans la vie terrestre, point de sacré. Ayant fait place nette, Voltaire met l'accent sur le bon fonctionnement de la vie sociale. Les croyances sont reléguées dans la sphère du privé, d'où l'exemple provocant de la Bourse de Londres qui ignore les clivages religieux. Les sectes, nombreuses, se neutralisent mutuellement. L' État doit garder la haute main sur des ecclésiastiques toujours prêts à s'entre-déchirer. L'organisation des institutions garantissant la liberté, une politique scientifique et culturelle hardie: voilà le devenir des civilisations humaines. Alors s'ouvre le champ excitant des conquêtes de la pensée, celui du progrès de l'humanité. Tonique et percutant, n'ignorant rien des misères de l'homme, mais bien décidé à lutter contre elles autant que faire se peut, l'ouvrage a valeur de manifeste optimiste. Profession de foi d'un homme des Lumières, les Lettres philosophiques, qui transforment l'Angleterre des années 1730 en mythe, ouvrent ainsi à la pensée du siècle des horizons nouveaux.

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La valse du temps




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Je, tu, il, nous, vous, elles,

sous un parapluie,

Je, tu, il, nous, vous, elles,

perdus dans la nuit.


Je, tu, il, nous, vous, elles,

sans aucune crainte,

Je, tu, il, nous, vous, elles,

valsant dans le vent. 


Je, tu, il, nous, vous, elles,
Passe, passe le temps! 
        

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Mon écureuil

 

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Un écureuil est mon copin.

Il ose manger dans ma main

Il est gris et blanc,

gourmand et malin.

Il s’assied, la queue en l’air et mange.

Mon écureuil a toujours faim.

Ne laissez pas de cachuètes

S ur une table de jardin

car vous n’en trouveriez plus rien.

Mon écureuil a toujours faim

 

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La muse des couleurs

 

 

 

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:Pour
 Pour me désennuyer ou pour me rendre heureuse,
Souvent, quand mon humeur se faisait langoureuse,
J'appelais à mon aide la muse des couleurs
Et je m'abandonnais à errer en douceur.

À mon ravissement, la magie, chaque fois,
Me plongeait, à la fin en un suave émoi.
Des bois mystérieux abritant tout un monde,
Des fontaines rieuses ou des grottes profondes.

Je restais en arrêt, scrutant contemplative,
Des esprits, s'exposant à la lumière vive,
Qui semblaient me fixer avec intensité
Et dont je découvrais l'imposante beauté.

Créés par des couleurs ces étranges poèmes,
Me comblaient de fierté, d'allégresse suprême.
Encadrés, suspendus, ils m'intriguent toujours,
Quand je les redécouvre au hasard de mes jours.

25 mai 2005
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Le prochain livre de Nathalie Gassel paraîtra en Septembre 2011 et sera présenté à l'initiative de Arts et Lettres. Il s'intitule:

ARDEUR ET VACUITÉ
Editions: LE SOMNAMBULE ÉQUIVOQUE Collection Fulgurances

Nathalie Gassel s’était fait connaître en célébrant la puissance du genre féminin à travers les inclassables Éros Androgyne et Musculatures. Depuis lors, toujours sensible au culte du muscle et à la force sexuelle, elle ne cesse d’investiguer d’autres thématiques comme la dépression (Abattement) ou l’image (Récit Plastique). Des thèmes qui lui sont proches. Dans sa vie quotidienne, l’auteure manie en effet porte-plume, haltères et appareils de photographie argentique.
Bruxelles, New York, Bruxelles. La narratrice tente de se fuir et de se distraire de la disparition de sa mère. Elle rencontrera un homme qu’elle tentera d’explorer. Grâce à une écriture entre pensée et chair, la trame de cette autofiction porte un regard pénétrant et parfois nostalgique sur des circonstances, des émotions, des êtres. Nathalie Gassel scrute le vif se trouvant aux frontières du tragique.

 

 

Nathalie Gassel, ancienne adepte de Muay thaï (boxe thaïlandaise), est une écrivaine et photographe belge, née à Bruxelles le 19 juin 1964. Elle est la fille d'un ethnologue, Ita Gassel et d'une plasticienne, Mariette Salbeth. Nathalie Gassel participe à l'ouvrage Picturing the Modern Amazon édité par le New Museum of Contemporary Art de New York en 1999 en tant qu'écrivain et athlète et à diverses reprise à la revue de l'Université de Bruxelles. Elle est d'abord publiée en Belgique et à Paris, et ensuite traduite en plusieurs langues latines. Elle a écrit sur l'Eros et le corps sportif ainsi que sur la dépression. "D’une écriture aussi travaillée que son corps d’athlète, Nathalie Gassel s’est attachée, avec Éros androgyne et Musculatures, à célébrer la chair et en affirmer la puissance. Jusqu’à l’écriture décisive des Années d’insignifiance, où elle sonde le contexte transgressif et déchiré de son enfance, elle ne cesse d’affirmer le faisceau de ses diverses radicalités. Récit plastique confirme cet univers singulier en explorant aussi sa dimension photographique."
« Dans une prose volontiers classique, que des tensions quasi nerveuses font constamment vibrer jusqu’à l’intensité », selon le philosophe Frank Pierobon, « Récit plastique fait dialoguer des textes et des photographies. Ce corps à corps, entre écrits et images, oscille entre instincts de vie et de mort, pour aboutir à une réflexion marbrée d’abstractions1. »

 

Notes:

Interview de Pierre Mertens sur un ouvrage de athalie Gassel  "Stratégie d'une Passion"(Document RTBF1):
 

 

Bibliographie:

 

Livres
Eros androgyne, Éd. de L’Acanthe, 2000 ; réédition Le Cercle poche, 2001, préface de Pierre Bourgeade
Musculatures, Les Éditions Le Cercle, Paris, 2001 ; réédition, Le Cercle poche, 2005, préface de Sarane Alexandrian
Stratégie d'une passion, Éd. Luce Wilquin, 2004
Construction d'un corps pornographique, Les Éditions Cercle d'Art, Paris, 2005
Des années d'insignifiance, Éd. Luce Wilquin, 2006
Récit plastique, textes et photographies, Éd. Le somnambule équivoque, 2008
Abattement, Éd. Maelström Revolution, septembre 2009
Ardeur et vacuité, Ed. Le somnambule équivoque, 2011

Revues et collectifs
Picturing the modern amazon Newmuseumbooks, Rizzoli International Publications, New York. 1999.
Le Labyrinthe des apparences Ed. Complexe. 2000. Université de Bruxelles.
Je t’aime. Question d’époque Ed. Complexe. 2002. Université de Bruxelles.
Argent, valeurs et valeur Ed. Complexe. 2004. Université de Bruxelles.
L'obscénité des sentiments, Ed. Le Cercle d'Art & Université de Bruxelles, 2005.
Théorie et pratique de la création, Les Cahiers internationaux du symbolisme. 2005
La visite est terminée, photographie et texte, Ed. La Trame, Bruxelles, 2006
Marginales, n° 262, Sous les clichés la rage, photographie, 2006 Ed. Luce Wilquin, Belgique
Action Poétique, n° 185 , Belges et Belges, septembre 2006, Paris.
Mode, photographie et texte, ed. Le Cercle d'art & Université de Bruxelles, Paris, 2008 

 

Quelques livres de Nathalie Gassel: 

 

Eros androgyne est une odyssée intérieure. Celle d'une jeune femme athlétique. Qui dissèque sa libido. Qui sublime le corps lubrique et animal. Qui s'émerveille devant la chair aimée. Pour que l'insatisfaction devienne poésie.
"Si l'érotisme est bien notre relation à nous-même dans une situation donnée, des écrits dans le secret de quelqu'un et dans le secret d'une époque, alors Eros androgyne est un livre unique. Un éclair, un texte éblouissant, où l'indicible à pu se dire." Pierre Bourgeade


"Nathalie Gassel est dans la joie d'excéder les limites. C'est de la pornographie transcendante! Un des livres les fascinant de l'an 2000." Sarane Alexandrian

"NATHALIE GASSEL est à la fois adepte du bodybuilding, championne de boxe thaïlandaise et poète. Poète des plus rares, faut-il ajouter, en se souvenant seulement qu'au seuil de ce siècle, la poésie - plus exactement l'alliance poétique de certains mots, de certaines images - n 'est pas forcément celle d'hier. La prose de Nathalie Gassel est charnelle dans les deux sens du terme. Elle parle des corps, et elle a, elle-même, la provocation, l'attirance, la nudité du corps...On n 'est donc pas ici, on l'aura deviné, dans un texte de tout repos. On ressent, au contraire, l'impression de quelque chose d'inlassable, d'" incomblable ", Si j'ose dire, à lire ces pages, parfois reservées, parfois de folie, où la hantise de l'autre se donne.

 

Musculatures est le manifeste d'un désir autre et fulgurant.
Nathalie Gassel nous fait partager les oscillations baroques et obsessionnelles d'une athlète de l'apparence, que seule une quête perpétuelle anime : son corps et le corps de l'Autre. Son corps? Tantôt errant, tantôt avide, chasseur ou tueur, obnubilé par l'effort physique, l'exaltation de la puissance et la volonté de pouvoir, il est un corps nimbé de lumière et offert à la louange.
Elle réinvente l'écriture de la prégnance du corps.
"Cette suite de fragments autobiographiques est un traité du pouvoir sexuel. Que peut-on faire de son corps, ou avec son corps, ou même contre son corps, quand on a un sexe de femme ou un sexe d'homme, dont on veut se servir souverainement? Le pouvoir sexuel féminin est-il préférable au pouvoir sexuel mâle? Ou Si c'est l'inverse, existe-t-il un pouvoir sexuel intégral, qu'exercerait un individu capable de se conduire à la fois en homme et en femme dans sa vie amoureuse, pour se constituer un trésor de jouissances ambiguës? Toutes les conventions de la littérature du sexe sont mises à mal par ses actions réfléchies. La drague d'une femme dans les rues d'une ville n'a jamais été relatée d'une manière aussi saisissante qu'en ces pages où on la voit, telle une bête de proie à un' appétit insatiable, mue par des obsessions irrésistibles, faire sur ses victimes des bonds calculés.

Si j'écrivais à présent mon Histoire de la littérature érotique, j'y mettrais Nathalie Gassel à la même hauteur que Henry Miller dans Crucifixion en rose et que le surréaliste mystique Charles Duits, qui voulut fonder une " Eroscience " en deux romans violemment pornographiques. La pornographie transcendante est une exigence de l'esprit d'aujourd'hui et de la littérature de demain qui a trouvé en Nathalie Gassel une interprète fulgurante et magistrale."
Sarane Alexandrian Edition Le Cercle, 2001
Réédition Le Cercle Poche, 2004

"Le sentiment donc. Mais déplacé, emporté là où, d'ordinaire, il n'est pas convoqué. Où on ne l'attends plus."
"Respect inespéré du corps.Barbarerie sans péché.Liturgie de la violente rencontre des corps.Ascèse inattendue et la plus "naturelle".Pathos de sa seule apparence.
Bonheur remonté des enfers.Il faut imaginer un Narcisse fol de son corps herculéen.."
Pierre Mertens


Stratégie d' une passion est une histoire d'amour qui place la relation de puissance au sein de la passion. A l’encontre de préjugés qui diraient que l’on ne peut dans cette posture aimer, le sentiment est pur et fort, présent dans la chair, il en admet le culte de part en part. On est dans une singularité intimidante, pourtant, nous sommes tous concernés par ces volitions. La modernité figure aussi dans le fait que la femme, dans cette fiction épistolaire, a un corps d’athlète et est amoureuse de la faiblesse de son partenaire, tandis que lui, vénère ses muscles imposants. Il y a comme dans les tragédies, une forme de tourment, qui placerait la tension vers les volontés d’une toute puissance, foudroyée parce qu’encore trop humaine. Les sentiments sont pensés et des voies construites. On est ici dans une double écriture du corps et de l’esprit, de la matière et de ce qui sans cesse la déborde et l’entache. On peut penser à un titre antagoniste, Stratégie d'une passion, dans la passion, on imagine l'emportement, mais il y a toujours en dernière analyse, de la stratégie. L'écriture y est vigoureuse et se réfère à un sport qui affermit le plaisir, un des thèmes omniprésents de la narratrice, qui écrit aussi ses lettres comme un traité de vie.Que devient une relation amoureuse lorsqu’on inverse les rôles anciens et que la femme s’avère plus performante et puissante, plus musclée que l’homme ? C’est un des thèmes de ce livre, un enjeu actuel autour des rôles sexuels. L’écriture interroge nos préjugés. C’est aussi un livre de la passion déclinée autour de trois objets : un homme, le travail de l’écriture et celui du sport.
L’antagonisme du titre : qui dit amour passionné ne dit pas seulement emportement et vérité mais aussi stratégie. Comment se présente-t-on à l’autre quand on veut lui " vendre " son image et le maintenir " à nous " malgré la distance, dans une relative dépendance et sous l’emprise d’un pouvoir qui voudrait ne jamais se dérober. Les mails servent à communiquer le désir à l’amant, à entretenir la passion de part en part, à échanger pour que perdure le sens de l’amour.

Février 2004. Editions Luce Wilquin.
 

Construction d'un corps pornographique

Editions Le Cercle d'art
& Université de Bruxelles
Paris-Bruxelles, 2005
Construction d'un corps pornographique est un éloge, une réflexion, une poétique du corps réapproprié sous le mode de sa performance, au-delà du genre.Un chemin de sueur lumineuse, une pratique jubilatoire de la musculation à travers encre et acier. Une réflexion et une poétique qui passe de la chair au texte, du muscle à la pensée ; sensations, conceptions et images. Le regard porté est aussi visuel, photographique, en fin de livre, Poétique du corps sportif : portfolio de 8 photographies par l'auteur.


"En écrivant ce livre, j'ai poursuivi plusieurs buts : communiquer, voire même consigner dans une mémoire écrite, la sensualité d'une femme athlétique - culturiste et boxeuse - dans sa rigueur et sa vigilance, dans sa volonté de se forger une matière charnelle puissante avec volupté, ce qui peut sembler paradoxal.

D'un même bond, j'ai souhaité bousculer un très vieux tabou, l'ancestrale interdiction du pouvoir aux femmes. Dans notre enfance, dans notre éducation, le pouvoir, l'ambition nous ont été interdits. Il a fallut transgresser pour avancer.

J'ai également souhaité aborder ce phénomène nouveau sur lequel on n'a pratiquement pas écrit: de femmes sportives qui dépassent par leurs exploits la majorité des hommes.

J'ai désiré rester proche de l'expérience vécue : ce livre témoigne de ma propre vie. Et par ce biais, des relations du corps aux textes, des haltères quotidiennement levées, à la poésie. Là où l'exigence de l'écriture croise l'engouement engorgé du sang dans les muscles. J'aimais donner à sentir ces différents états passionnés d'un travail d'artiste où créer, c'est s'octroyer de nouvelles libertés de transgresser pour vivre. Boxer pour se frayer des chemins où penser et agir se font en se réappropriant un corps et une parole.
Il fallait aussi travailler l'écriture de façon à lui donner une texture presque physique, ouvrage que j'ai pu compléter en concluant par une note visuelle, un portfolio de photographies de corps, poétiquement annotées. J'espère que ce livre insolite vous interpellera, que vous en serez curieux."
Nathalie Gassel

 

Des années d'insignifiance
Ed. Luce Wilquin, septembre 2006
Ce livre difficile à soutenir dans ses implications émotionnelles, je l’ai écrit pour rendre compte de l’enfer que peut être l’enfance, quand nous nous y retrouvons insignifiant.  Il se peut que nous devions surtout désapprendre le contenu de nos premières années de vie, et donc y revenir, afin d’appréhender ce qui nous y a été inculqué.  
Comme si mes textes passaient par là : avoir à affronter dans un grand inconfort, des vérités que l’instinct de conservation pousserait à enfuir pour paraître lisse au regard de la société, des autres mais que l’instinct de l’artiste, qui semble répondre à d’autres critères et exigences, veut penser et vivre, non par pure volition mais parce qu’il s’en nourrit malgré lui, pour atteindre des sphères d’authenticité - toujours transgressives au regard de l’origine - ou d’un contexte donné.

"Naître d’insignifiance ou n'être pas "
Nathalie Gassel est un écrivain. Ses livres, qui ont marqué, tels Eros androgyne, Stratégie d’une passion, Construction d’un corps pornographique, constituent ou plutôt construisent une œuvre comme le double immatériel d’un corps qu’elle veut puissant, structuré, affirmé, insistant. Cette double entreprise d’écriture et de structuration charnelles vibre d’un chiffre secret qu’elle livre enfin, dans ces Années d’insignifiance, son dernier livre qui paraît chez Luce Wilquin et qui fonctionne comme une origine qui ne pouvait jamais venir qu’en après-coup. Ce serait vraiment peu en dire que d’énoncer qu’il s’agit, avec ces années-là, de l’inexistence subie d’une enfant à laquelle on ne laisse aucune place ; c’est cette inexistence-là, cette insignifiance-là qui éclairent d’un jour mélancolique l’existence et la signifiance que Nathalie Gassel tente de reconquérir, ligne après ligne, livre après livre, conjuguant d’une manière qui me convainc l’être de chair et l’être au monde dans leurs difficultés recroisées.

A travers ce récit, tissé d’une main sûre, avec des fils sombres et son motif d’ironie parfois souriante, parfois amère, Nathalie Gassel explore cet objet insolite qu’est, à ses propres yeux, cette insignifiance de jadis dont il a bien fallu renaître, vaille que vaille. Emerge la figure pathétique d’un père qui n’arrive plus à tenir, dans la vie ou dans l'écriture, un père de désamour mais dont elle cite plusieurs œuvres magnifiques. Une note suraigüe, une harmonique, sonne soudain sous l’archet de cette auteure accomplie, bouleversante sans rien perdre de la tranquillité d’un destin qui avance à reculons : et, dans un silence de plomb, un destin d’écriture se renoue, du père sans fille à la fille sans père, un destin qui fait être autant qu’il fait écrire.

J’ai beaucoup aimé ce livre."
Frank Pierobon *


Récit plastique, de Nathalie Gassel, Ed. Le somnambule équivoque
Postface de Frank Pieobon

«Dans une prose volontiers classique, que des tensions quasi nerveuses font constamment vibrer jusqu’à l’intensité », selon le philosophe Frank Pierobon, Récit plastique fait dialoguer des textes et des photographies. Ce corps à corps, entre écrits et images, oscille entre instincts de vie et de mort, pour aboutir à une réflexion marbrée d’abstractions.

D’une écriture aussi travaillée que son corps d’athlète, Nathalie Gassel s’était attachée, avec Éros androgyne et Musculatures, à célébrer la chair et en affirmer la puissance. Jusqu’à l’écriture décisive des Années d’insignifiance, où elle sonde le contexte transgressif et déchiré de son enfance, elle ne cesse d’affirmer le faisceau de ses diverses radicalités. Récit plastique confirme cet univers singulier en explorant aussi sa dimension photographique.

 

Interview "Récit plastique" (Document "le somnambule équivoqu"

Votre texte rend compte de la construction d’une identité qui ne soit pas imposée par la société. Quel rôle joue l’écriture dans la construction de ce second moi ?

L’écriture est introspection et construction. J’analyse des structures, mais on ne peut le faire sans en même temps se positionner autrement, ce qui m’était nécessaire. En ce sens, l’écriture est pour moi un point de survivance. Un lieu. Où faire en sorte qu’une adéquation, une recherche et une augmentation de liberté viennent naître. En se pensant, en se disant. C’est l’expression qui fait advenir à ce que l’on est déjà. Qui éclaircit et crée. Et qui soulage de la différence, de la disjonction face à un monde de coutumes qui semble hostile à ce qui sort de normes. En l’occurrence physiques, voire sexuelles. La transgression est nécessaire pour légitimer d’autres façons de rencontrer le monde, de voir ou d’accomplir.

Ce pouvoir transgressif de l’écriture est lié au corps. Quelle signification donner à cette imbrication du corps et de l’écriture ?

J’ai une pratique sportive dont mon écriture a voulu rendre compte. Mon corps m’a posé un problème, il a fallu que je le travaille. L’action sportive acquise comme pratique, il était intéressant d’en donner une transposition textuelle, qu’une contagion opère : l’écriture n’est pas neutre, elle est incarnée dans des expériences, elle se nourrit d’une énergie vécue.

Nathalie Gassel beige_clair.gif Votre corps fait l’objet d’un culte de la performance, de l’effort poussé à l’extrême. Ce corps choisi, travaillé, s’oppose au corps vide, insignifiant. Quel rôle joue la sculpture du corps dans la construction de soi ?

En l’occurrence, il s’agit pour moi de casser les structures existantes du féminin et du masculin, je les trouvais factices, et pour tout dire, invivables. La société va enfin dans cette direction, quel soulagement. Il fallait redonner du nerf, du muscle au féminin étouffé par des siècles de soumission. L’expression performante du corps athlétique est une liberté de plus. Mais il ne faut pas oublier que toute performance est éphémère et que la réalité nous impose cette confrontation au temps qui corrompt la chair. C’est l’aspect dramatique de l’expérience vécue, celle qui nous rattache autant à la mort qu’à la vie, à la fragilité qu’à la volonté et qui nous situe entre la vulnérabilité et l’effort de dépassement, qui en bout de chemin s’avère perdant. Nous sommes aussi face à l’abîme.

Vous dites qu’avec un corps athlétique, il s’agissait de casser les structures existantes du féminin et du masculin. Ainsi, le corps comme l’écriture font partie du même combat. Ils permettent de se libérer des carcans, de dépasser les catégories et de renverser les images imposées. Tous deux sont mus par une énergie transgressive.

C’est jouer d’autres cartes culturelles. Mélanger, brouiller, disposer. Transgresser, c’est porter une vue naissante, reconsidérer. Renverser les codes pour sculpter un champ actuel.

L’écriture du moi apparaît comme un choix politique en témoignant de la place que vous voulez occuper et de l’ordre que vous voulez bouleverser.

L’autofiction était pour moi plus claire, dans un sens presque scientifique de témoignage, re - présentation, expression. C’est bien sûr aussi à un niveau plus intime, l’existence. Sa revendication. Et toutes les complexifications de ces dualités : je suis, mais vous pouvez aussi être en moi ou avec moi. Et réciproquement. Il y a interférence car nous partageons une actualité du monde et un devenir de l’espèce. Mixer des genres, sortir de ce qui est inutilement défini pour approcher autrement. Comme mélanger images, textes et légendes dans un souci d’élargissement. J’ai aussi communiqué sur une nouvelle idée de la femme, libérée des fardeaux ancestraux, et sur de nouvelles identifications de genres probablement apportées par la science : procréation libre, et corps dans un moindre asservissement aux lois naturelles. Un gain de choix, un parcours plus affranchi dans des formes de sexualités et de présentations.

Cette expression de soi passe aussi par la médiation du regard d’autrui. Comment expliquer ce besoin de s’exposer ?

Nous ne sommes pas sans autrui : la solitude nous tue. Nous vivons dans un monde où beaucoup de gens en souffrent. En ce qui me concerne, bien sûr, le singulier est une force et une faiblesse. Il ne rassemble pas, il ne rend pas uni à une masse, mais il attire l’attention, enfin, il le peut, et c’est une démarche de survie. Il y a un vide humain à combler, et c’est très commun, l’importance qu’on nous accorde dilue la puissance destructive de l’étrangeté, elle lui donne une contrepartie positive.

Nathalie Gassel beige_clair.gif En même temps, cette mise en scène de soi constitue une révolte contre la société. Il s’agit de dire sa signifiance dans l’insignifiance de la masse.

J’ai certes une allergie à l’uniformisation. Il y a aussi la nécessité d’affirmer le moi contre la masse et dans la masse, car nous n’échappons pas à une société où il faut compter, où il y a un lent et lourd parcours pour être, il ne suffit pas d’être né pour exister dans ce monde. Il faut s’y acharner et de surcroît avoir une chance, c’est un pari presque pascalien. Il faut poser beaucoup d’actes sans savoir quelles seront leurs issues. Dans Récit plastique la mise en scène de soi va à contre courant des goûts esthétiques majoritaires, c’est bel et bien un acte posé en confrontation avec les représentations les plus habituelles. C’est une position qui appelle à l’ouverture aux minorités, une lutte.

L’écriture n’est-elle pas ambiguë ? Le texte imprègne les consciences, il donne la sensation d’une démultiplication de l’existence. D’un autre côté, il renforce la solitude. Quel est le véritable rôle de l’écriture ?

La solitude pour moi était là avant l’écriture. Cette activité recluse a plutôt tendance à répondre à la solitude en voulant la peupler, lui donner des échos. Je n’ai pas échappé à la rumination, à la souffrance, mais avec le texte, elle est moins inutile. Elle renvoie vers les autres. Quoique mes livres soient très personnels, des êtres humains ont des structures communes, c’est en ce sens que l’écriture justifie un dialogue profond, très direct. Presque intime, et paradoxalement publique, ce jeu du double. Elle est narcissique (l’écriture), c’est tabou, mais c’est. Malgré moi, j’envisage des réalités réprouvées, peut-être est-ce une fascination pour des non-dits qui se dévoilent, pour l’en-dessous, l’en-deça. Le visible caché, connu mais peu exhibé.

Vous abordez la question de la souffrance sans pour autant la qualifier. La souffrance est à la fois celle d’un corps que l’on modèle dans la performance et d’une écriture toujours dans l’effort, dans la recherche. Votre texte manifeste ce choix de ne pas évacuer la souffrance mais de la sonder, de l’interroger.

La souffrance est dans la vie, et elle peut être forte. Dévoiler fait partie de cette vision où l’on va chercher une image de soi et de l’existence, dans le texte, le texte est un reflet de la vie. C’est une supra existence. C’est en ce sens qu’il m’intéresse, il communique des perceptions et sensations du réel. La photographie est aussi une image de la réalité et de sa fabrication (il y a parfois composition, quelque chose qui mène à voir, qui dirige le regard vers..). Sonder, soit le dehors, soit le dedans, en lien ou réaction l’un avec l’autre. Mettre en question, y compris soi-même. L’affirmation n’est que le revers de cela, une autre réponse ou position.

Nathalie Gassel beige_clair.gif Sonder la souffrance permet aussi de s’interroger sur les peurs de la société. Le corps en souffrance n’est-il pas une image de l’obscène, comme ce qui déroge à cette exaltation de corps parfaits, en pleine santé ?

Oui, vous avez raison, la souffrance est une image de l’obscène. C’est la réalité de la descente, de la fin. Dans Récit plastique, des images : le portrait posthume d’une guêpe (elle se trouvait dans mon appartement) et le corps mutilé de ma mère. Nous ne pouvons pas oublier que tout a une fin, une misère, et que nous avons tendance à nous la cacher pour être dans une humeur combative, et d’autre part, parce que la société nous vente les mérites de notre utilité (elle ne peut avoir lieu que dans la santé, lorsque nous rapportons sans coûter).

L’autofiction, la recherche de l’authentique, explique le lien entre écriture et photographie. Ecriture et photographie scrutent la réalité de l’expérience vécue et en même temps se distinguent dans leur rapport au temps.

L’image. De soi, des autres, d’un monde. L’écriture aussi est une image mais abstraite. La photographie : elle se voit, parle un autre langage. Une juxtaposition de langues, et elles disent autre chose, ça m’a intéressé. Par la multiplication de vues offertes, de chemins, de prises, et une autre temporalité, la photographie saute aux yeux d’emblée. Elle a une première présence que n’a pas le discours, les images sont utilisées dans les publicités de la ville car elles ne demandent pas le même effort pour y entrer. Elles ont une accessibilité. Eventuellement, elles percutent (et répercutent une communication) sans nécessiter une appréhension intellectuelle au premier contact.

L’autofiction est un exercice périlleux entre auto-analyse et conscience de l’incapacité d’une connaissance parfaite de soi. Ne contient-elle pas en elle-même son échec ?

Exposition, connaissance et ignorance : nous sommes là-dedans. Donner à voir, courir après ce qui se dérobe. Entendre que nous échappons à nous-même et aux autres, même dans l’exhibition et la vision, tout un pan est obscur. L’intérieur est peu accessible même s’il est déclaré, éclairé, édifié et énoncé.

 

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Adieu 4

Il déposa son revolver sur la table, Tiens, l’arrêtoir est griffé remarqua-t-il
Tout à ses pensées il ne fit pas plus attention et, se replongea dans la lecture

« Coup de fil, coup de fatigue, coup de grisou. Comment contenir mon angoisse ? Trop c’est trop. Que s’est il passé ?
Je ne sais. Une assertion de trop, un coup de pied, un mauvais jour, un coup de griffe mal placé ? Je ne sais plus. »
Il poussa un soupir, attendit quelque peu et reprit la lettre
« A part une aliénation complète, une décentralisation de la conscience, je ne vois pas comment je pourrais avoir envie de vivre avec toi. Partager ton quotidien. Je t’ai aimé avec faiblesse, avec joie, avec peine, avec des larmes. Aimé contre toute raison, contre toute attente »
Il éclata d’un rire joyeux en lisant ces dramatiques lignes. Aliénation, décentralisation… Fichtre que de mots…. de mots, de mots pompeux !
Il se frotta les yeux et murmura : Il était grand temps que je rentrasse en moi, en mon silence comme le loup en sa tanière l’éléphant en son cimetière. Je suis dans une espèce de nomansland de « non-souffrance » Comment ai-je pu écrire, pire encore, vivre cela ?

Il prit « Le neveu de Rameau « et se perdit dans le silence de la chambre. La musique était de trop, sa perruche était en trop Tout occupé à son séisme intérieur, à ses tempêtes affectives. Et cependant il avait conscience qu’il ne pouvait plus rien lui arriver quand bien même elle eut fait un signe. Il en était guéri, indifférent. Tout lui était indifférent. Il relisait cet amour de jadis avec des yeux de glace.
Quel cheminement avait- il parcouru. Tout ça pour ça ? Il avait vécu dans un état de manque, difficilement concevable. Etait passé par d’intenses souffrances oscillant sans cesse entre le désir de la voir et celui de la fuir.
Il songea, à nouveau, à cette période de sa vie Il sourit amer se concentra sui lui-même comme un boxeur qui esquive les coups de son adversaire Le voici en apnée de pensées perdu dans des abîmes Il songeait à ses afflictions ô combien bruyantes C’est alors que l’idée de la mort commença de l’envahir peu à peu. Il prit grand soin, à présent encore, de rester tout sourire au –dehors. Son âme avait fait un repli sur elle-même L’amour est enfant de la cécité. Il y a presque trois ans, presque trois ans ; il se souvient de tout Etrange jeu de rôle que ce jeu où sur « un chiche » pour « un chiche » el s’était joué de lui. El fut toujours le pion central, certes mais un pion à l’orée du réel, à la frange de toute logique ; ses récits le mettaient en joie. Il prenait notes, au fur et à mesure, qu’elle se racontait, se déboutonnait, se déshabillait. El écrivait des extraits de sa vie intime qu’el lui envoyait rarement il est vrai mais quand el laissait des traces ! A l’époque, il ne savait quelle partie prendre de cette parade amoureuse ou de ce streap tease
Il reprit le manuscrit

« Mon cher, en quel état je me présente à vous ? Les pensées décoiffées, en désordre. Coupable ? Oui, je me sens coupable de l’aimer de ma clandestinité. Mea culpa ; Je suis un misérable voyeur, un voleur de songes, voleur de rêves, je fais figure d’impudent, de mal avisé. Je l’encombre je l’ennuie et si, d’aventure je me tais, El me téléphone ingénue, étonnée de ne point avoir de mes nouvelles tandis que je deviens fou.
Mon ami, je ne puis oublier sa voix grave et veloutée, sa voix creuse où se niche ma déraison. Exproprié de toute sérénité, je m’enfonce dans cette « voix souvenir » aux inflexions chaudes aguichantes
Qu’ai j’affaire de la morale que les autres, les bien pensants me cornent aux oreilles ? Le désir est amoral par essence par nécessité. Il est élan, évasion, fantasme ,liberté et lien. Le désir est invocation, évocation
Je l’aime à cause de nos échanges riches, durs, profonds et rares Echanges coupants comme des brisures de vitres El m’aliène d’un mot ; El me téléphone et me voici. Chose, objet manipulation féerique ; la magicienne fait une OPA sur ma volonté, ma confiance. Je ne connais aucune allégorie assez juste pour vous décrire le souhait de me désaltérer à cette promesse sans cesse renouvelée à cette « O »
Avec vous, mon cher ami, je vais de confession en confession scrupuleusement. Je veux m’exorciser, me délivrer, j’annote mes impressions, j’explique, vous explique ce que je ressens ; commente mes fautes, mes manquements. Souvenirs vilebrequins me rentrent, avec quelle jouissance pointue… dans les chaires. Fine devient ma souffrance tandis qu'el me laisse seul se retirant dans l’ombre et sans l’ombre d’un regret.

Nous sommes amants par la pensée, par le désir, notre alliance secrète m’étourdit, m’effraie ; j’aime et j’ai pour amante une pièce à conviction, un fantôme, une ressemblance, un reflet un effet de lumière
Révèle- moi mon Absente, ma Dédaigneuse. Révèle- moi, Arbre du fruit défendu. Nouveau Testament de tes désirs. Ouvre- toi Indique- moi et, l’Eden et, le Péché originel. Laisse- moi te frapper à l’enclume de ma passion, à l’emblème de ma folie Laisse- moi te marquer à mon effigie pour jamais modelée monnayée
Je me vêts de rêves licencieux, bleus comme des hématomes de nos « nuits clos »

Il déposa la lettre avec un sourire. C’est fou. Pour un peu il se croirait lui-même, se prendrait au sérieux
Oui, il me faut écrire le mot « FIN » murmura-t-il déposant son revolver dans un tiroir à portée de main.

 

andree colon

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