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Hommage à Max Elskamp par Norge

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Collection Robert Paul
Réédition des Six chansons de pauvre Homme suivi de Huit chansons reverdies, Ecrivains réunis, Armand Henneuse éditeur, Avec Préface de Norge.

 

Max Elskamp qui aimait la taille des incunables et l'écriture chinoise nous vient de ces temps, de ces lieux où le geste artisanal devait accomplir la figure d'un texte. Il habillait lui-même ses vers de lettrines et d'ornements qu'il creusait dans le buis, le poirier. Parfois il sculptait tout un poème. C'est ainsi que les mots de Max Elskamp ont appris un poids, un contour, une saveur qui se souviennent des sèves fruitières.

 

La plume court bien vite et les phrases de plume ont des caprices que la gouge refuse. Un mot cerné dans la tablette veut un effort, une fermeté où son pouvoir s'élabore avec ferveur. Il faut scruter et le verbe devient une matière.

 

Voici un Mallarmé de Flandre qui anime son azur de bois. Les formes de l'art populaire sensibles dans les vieilles images de Turnhout ou de Chartres si chères à Elskamp renaissent dans ses chansons traversées du même accent rustique.

Un homme simple, oui, si l'on entend que ce peut être de la façon la plus subtile. Un poète naïf oui, si l'on entend que certaine naïveté connaît mieux que la sagesse. Eh, non, Elskamp n'était ni simple ni candide: un artiste profond, un poète profond qui a choisi farouchement sa vie, sa mythologie, sa solitude. Car ce poète fut seul.

"Fuir, là-bas fuir", le grand inspiré du "Coup de Dés" donnait ce conseil. Et Max Elskamp a fui. C'est dire qu'il s'est donné tout entier à la poésie, lente, obstinée, recluse, - où l'élan de lucidité se recueille dans un langage aussi rigoureux que familier. Les bonnes gens des Métiers oeuvraient de la sorte..

 

Inventeur d'une langue française plus nue que le français -sorte de langue naturelle- que personne ne saurait manier après lui, il se fait entendre de chacun. L'oreille acquiesce tout de suite et le coeur ne peut être long à se rendre.

Nous savons que le poète entretint toute sa vie une longue dispute avec les dieux majeurs de l'inquiétude et du ravissement. Nous savons de quelle gravité passionnée il étreignait les vues de l'esprit. Mais il veut que dans son oeuvre apparaisse seulement la crête musicale de ces contemplations et que ce soit sous les traits de chansons tout unies. Fruits amers de l'incertitude ou grappes éclairées de joie, la main de tous les jours cueille et atteste. Une jubilation d'oiseau, un désespoir solaire, un vent de souvenir dans les agrès, ce feu de l'âtre qui fascine, car les flammes refont tous les visages aimés. Elskamp sait les retenir dans ses rythmes, il sait les durcir, dirai-je les sublimer, nous les proposer touchants, saisis dans leur sourire de stature et pénétrés cependant d'une humanité bouleversante. Mais la poésie ne se raconte pas.

Syllabes détachées dans une cadence aussi vivement en saillie que celle des complaintes, cette prosodie a trouvé "un ton". Peut-on penser à la frappe du marteau sur la cloche dans les carillons du Nord, la rime fixant à la fin de chaque vers son cadre bien fermé? Aucune torsion, nul enjambement; un éclat presque rigide, presque physique, mais quelle vibration émouvante sait le prolonger!

 

La poésie de Max Elskamp trop discrètement diffusée, n'a cessé cependant de susciter des admirations croissantes. Jean Cassou, Paul Eluard, Fr. de Miomandre, Aragon, Pierre Seghers, Fombeure, Follain sont parmi ceux qui la chérissent et déplorent son oubli. cette poésie a subi l'épreuve du temps sans perdre sa résonance. Au lendemain du symbolisme, elle définit dans une forme populaire qui continue la sensibilité du "romancero" français tout en le renouvelant, la primauté des grands sentiments élémentaires et l'avenutre inouïe d'être un homme. Elle avance à pas certains dans le monde intérieur. Elle exprime bien plus qu'elle ne raconte, reprenant ainsi à la musique son bien selon la suggestion de Verlaine. Sa modestie de parure laisse mieux connaître une grâce et une fraîcheur presque difficiles à croire, mais dont il est l'heure de s'aviser.

 

"Je vous salue, ma vie,

D'un peu d'éternité…"

 

Elskamp n'aura pas donné en vain cette salutations parfaite et notre temps la rendra bientôt à sa poésie toute vive à s'élever

 

Si haut qu'on peut monter.

 

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