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Bougeotte & Bouillotte

Ô lâche société, que lourd est ton boulet,toute à l’eau de rose, médiocre petit lait.Boule de neige tu fais de tout, haut et bas fait.Dès que vient le soleil, tout fond sans plus d’effet.On se casse la tête pour à qui les trophées.On casse les jambes des autres pour être beau premier.Jouisseurs paparazzis, croquez miroirs cassés,visages révélés noirs, urine trop tachetée.Les juges sont cléments, seuls cent millions l’ont vu.Différence il faut faire : champion et malotrun’ont pas la même haleine; l’un se trompe, l’autre est rustre.L’on se vante aujourd’hui : un Ipod à craquerde milliers de chansons. Quand les batteries craquent,on tape seulement du pied, la mémoire vient d’plantermais on s’rappelle au moins qu’on a la facturequ’on fouille frénétique et qu’enfin l’on capture :Papiers à vingt chiffres valent leur pesant d’or.La carte sans frontière, l’aéroport sans l’sou.Bye plastique pour dix jours, soleil top tout son saoul.Oublier à tout prix sa vie carnivore,manger l’herbe de la mer, voler à dos d’oiseau,si haut que disparaissent les gratte-ciel en poussièreet qu’à leur place prennent place des montagnes de palmierset que s’envolent en fumée tous les fuseaux horaireet que ceux qui le veulent deviennent fermiers,que ceux qui ne veulent pas retournent vite en villepour les voir disparaître… elles étaient si viles.
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Déraisonnable train

Maladie malada.Dis donc : quand cesseras-tu de nous rendre dada?Un pied dans la tombe avant même de venir au monde,Nos tares sont là, nous attendant à la gare de la vie,Nous amenant de station en station, de décennie en décennie.À dix ans on est déjà petit homme, on soupire après ses vingt ans.À vingt ans, on a été amoureux vingt fois,Parlant d’amour avec un grand A haut comme le mont Éverest,manquant souvent d’oxygène, déçu de ces abandons déchirants,pris de vertige par ces ascensions volcaniques qui finissent en morceaux mécaniquessans pulsions cardiaques, au cœur vide.Trente ans est le fol espoir d’une vie dorée :Une femme pour la vie, une carrière à rubans, fort prometteuse, une santé de fer.Quarante est le zénith de la mer des Caraïbes.On a voyagé, fait des enfants, assumé des responsabilités, enrobé de velours le gant de fer, mûri. Vu grand, vécu grand. Acheté ses premières lunettes, inscrit aux cours de gym.À cinquante, quelques jointures qui font mal. Examen général de routine.La locomotive ne tire plus comme avant. Attention au cholestérol.Ralentissez monsieur, surveillez l’accélérateur.Non, c’est pas vrai. J’arrête là le défilé des stations.J’ai encore le cœur jeune, mes yeux voient l’horizon à l’infini. Mes mains attrapent les nuages, mes pieds grimpent dans les arbres, je nage comme un poisson…Arrête capitaine. Tout cela est dur pour ta tête, pour le mât. Tout doucement tu descends la pente de la vie. Le train fait des ratés. La chose à faire : soigne ton intérieur, mets-toi beau en dedans… avant qu’il ne déraille, le train de la vie.
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L'étincelle dans le noir

La joie me bajoue​ me babounefait son rabat-joie.​Je mets tristesse sous abat-jour,lutte et boxe pour faire venir le soleil,que ses rayons bouchent les trous grisailleux entre mes dentspour faire place à un sourire radieux.Quand les trous sont trop grandsj’emprunte un dentier heureux,me fais poser de profil,là où explose un beau sourire,distribue des photos dans le quartierpour que sourient les à demi tristes,que les visages allongés de grisdécoupent le dentier soleilet le collent sur leurs dentspour à leur tour faire sourire leurs voisinset que soit balayée la tristessede tous les visages,qu’un arc-en-ciel s’installe de gauche à droite de chaque boucheavec une affichette pendue à chaque cou :« Tristesse, ton bail est terminé.Si tu veux rester, tu dois être ensoleillée.On ne veut plus à cause de toi porter le deuilet voir mûrir des journées de chagrin dans nos jardins.Tristesse, têtue, s’en alla son chemin,ignorant que le mot circulait par toute la terre :tous les humains porteurs de lumièresoupirèrent tant et tant de bonheurqu’un grand vent propulsa Tristesse dans les nuages,si loin qu’elle en perdit son cheminet les humains de s’en taper les mains,les dentiers de papier tombant de leurs bouchespour place à une poussée de belles dents joyeuses,sans trous tristes, sans nuages dans la bouche,remplacées par des rayons de soleil permanents dans les yeux.Tristesse, lutte et boxe sont disparus à jamais.Que la vraie vie commence et qu’on y morde à pleines dents !​
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À bras raccourcis

À bras raccourcisDes abracadabra,Si, en voilà.Des abracadabri,Si, en voici.Je cherche de la lune des présages,J’enlève des arbres les épinesPour garder la vie en rose.Mal m’en fait.On ne déracine pas un arbreComme on déracine une vie.On présente des rosesQui une fois sèches font mal.L’abra des abracadabri.L’abri des abracadabra.Le chapeau est plein de lapins,Le chapeau est troué par en bas,Pour le public.Sans public, les mots n’ont plus de raisonnance,Ils sonnent le glas des amours mortesSans personne qui veuille écouter leur histoire.Désolé, abracadabri,Le sans abri des abracadabra se retrouveSans public, sans chapeau, sans lapin.Les vagues de la mer se sont tues,Les mots qui divaguaient sont morts,Étouffés par la mauvaise herbe de la littérature…Et le monde entier,Le monde entier,A cessé de lire.
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De la force de la tendresse

 

Songerie

 

Dans un pot chinois refleurissent,

Sauvées, hier, in extremis,

D'une mort paraissant certaine,

Des fleurs de velours cyclamen.

 

Des causes, étant insaisissables,

Les avaient rendues pitoyables.

Je les ai recouvertes d'eau.

Leur avait-elle fait défaut?

 

Attendrie en les regardant,

J'éprouve un plaisir évident.

Quelle énergie leur vint en aide

Et fut un merveilleux remède?

 

Ma tendresse eut-elle un effet,

Devenue un courant concret

Auquel elles furent sensibles?

L'impensable est souvent possible.

 

22 février 2016

 

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L'instant magique.

La terre je voudrais la voler,

juste pour vous et moi,

l'originelle mère,

dont le corps aurait les reliefs et la teinte

de la mer, puis la chaleur

 et l'ampleur du grand

soleil naissant et neuf.

Il n'y aurait point de fleurs,

 ni d'arbres encore nommés,

 que des vies débutantes, murmurantes.

Tout absolument tout nous

toucherait, nous ravirait !

Puis naîtra cet Opéra sur la mer,

pour nous deux,

sur elle les rougeoiements fabuleux

du ciel déjà fébrile,

l'argenterie d'un soleil travesti

pour un soir, une nuit,

la symphonie débutante, juvénile encore

des fleurs, des arbres,

 face à notre grand et radieux silence !

Tout cela se produira en un

instant pérenne,

dans nos esprits jumelés et depuis infinis .

 

NINA

 

 

 

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Le drame romantique est en fait une forme théâtrale neuve, en rupture brutale avec les oeuvres antérieures, et qui s'est cherché des garants essentiels: Shakespeare, la tragédie grecque. Rupture de l'unité classique, ouverture sur le monde et sur l'histoire, refus de la distinction du comique et du tragique, autant d'aspects d'une révolution irréversible. Plus longue et plus profonde en Allemagne, plus spectaculaire en France, la révolution romantique n'a pas porté tous ses fruits au XIXe siècle. Loin d'être marginal dans l'univers du théâtre, le drame qui en est issu n'a sans doute trouvé sa vitesse de croisière qu'au XXe siècle, avec Maeterlinck, Claudel, Genet. Les oeuvres qu'il a produites sont parfois géniales, parfois inégales, toujours troublantes et fécondes; il a fallu la révolution scénique du XXe siècle pour qu'on puisse les jouer et les comprendre. Le drame romantique est loin d'être une réalité simple historiquement bien définie. Il revêt selon les pays des aspects différents, naît et meurt à des moments divers; il apparaît à la fin du XVIIIe siècle en Allemagne, après 1825 en France.

 

 

1. Traits généraux

 

Le drame romantique s'affirme avant tout comme révolution par rapport aux formes et aux idées qui l'ont précédé.

Il se veut une révolution historique, ou mieux historiciste. Dans tous les pays, la première revendication d'un auteur de théâtre romantique sera de prendre en compte la transformation actuelle de la société par référence à des moments antérieurs décisifs du passé national, ou même du passé d'autres nations. La nouveauté réside alors dans la prise en compte de l'histoire comme mouvement imprimé à la totalité d'une société; d'où le gigantisme d'oeuvres telles que le Cromwell de Hugo, le Wallenstein de Schiller. Comme dans Shakespeare, il faut montrer une histoire qui ne se fait pas seulement dans les antichambres de palais, mais dans les campagnes et les places publiques. Le Goetz von Berlichingen de Goethe répond à ce schéma, tout comme Henri III et sa cour de Dumas. Le drame, contrairement à la tragédie, requiert donc une histoire totale, et, par un paradoxe fécond, seul un récit gardant le parfum du passé (la fameuse couleur locale) doit permettre à l'homme du XIXe siècle de penser son propre destin: ainsi, dans le Ruy Blas de Hugo (1838), la décadence de la monarchie espagnole du XVIIe siècle éclaire celle de la monarchie de Louis-Philippe.

Le drame romantique se caractérise par un effort de vérité historique et même par une certaine forme de réalisme aboutissant à une véritable révolution formelle, qui se manifeste aussi bien dans la compréhension en profondeur des luttes (La Mort de Danton de Büchner) que dans l'attention aux détails de la vie concrète du passé. Il est trop évident que mettre en scène le mouvement d'une société implique l'obligation de se débarrasser du carcan des fameuses trois unités du théâtre classique, en montrant l'impact des événements en des lieux divers, en assurant au récit une certaine suite temporelle qui excède les vingt-quatre heures classiques. Enfin, la mise en sommeil des trois unités autorise une liberté plus grande dans la construction d'images visuelles frappantes et de tableaux. Mais ce dernier point est aussi la raison profonde des difficultés que connaîtra le drame romantique du XIXe siècle. L'appareil théâtral reste presque partout en Europe lourdement décorativiste: on représente les tableaux historiques d'une façon pittoresque et somptueuse. Il devient donc impossible de multiplier les changements de décors trop lents et trop coûteux. Les auteurs romantiques sont dès lors condamnés à une esthétique de compromis (Schiller, Hugo, Dumas, Vigny), ou bien à écrire pour une scène imaginaire, sans espoir d'être joués (Kleist, Büchner, Musset, le Hugo du théâtre en liberté). Seuls ces derniers pourront créer un découpage dramatique nouveau par tableaux courts et non plus par grandes séquences (les actes); ainsi ont été écrits Woyzeck ou Lorenzaccio. Il règne donc une contradiction entre le code théâtral du XIXe  siècle et la volonté de montrer l'histoire, avec l'esthétique nouvelle que cela implique: les écrivains romantiques ne connaissent pas la liberté de l'espace scénique que possédait Shakespeare.

Le drame romantique s'inscrit également à l'intérieur d'une révolution philosophique: si sa première visée est d'écrire l'histoire comme totalité d'un peuple, il est aussi lié à la grande poussée d'individualisme qui caractérise, en Europe, la fin du XVIIIe siècle et le XIXe. C'est le temps du moi, du héros placé au centre du récit qui s'affirme à la fois comme sujet d'une conscience et d'une action. Individualisme rajeuni en France comme en Europe, après 1800, par la figure colossale de Napoléon, héros romantique. Le schéma type du drame romantique est celui du héros qui affronte le monde, tente d'y laisser sa marque et se brise contre ses lois (Danton, Hernani, Lorenzo). Par ce biais, le drame romantique rejoint la tragédie antique, confrontation du héros et de la Cité. Avec cette différence que dans le drame ce n'est pas la Cité, mais le héros qui se trouve valorisé jusque dans son échec. Une telle «poétique de l'affrontement» favorise le recours au mythe: Penthésilée de Kleist, Lucrèce Borgia de Hugo, réécriture de l'histoire des Atrides, et toutes les versions possibles du mythe exemplaire de Don Juan (Grabbe, Dumas, Pouchkine, Lenau, Zorrillo) en sont l'illustration.

En même temps, le drame romantique s'efforce, avec Schiller, Kleist, Büchner, Hugo, de sortir du cadre de la psychologie des passions, de mettre en question l'unité du sujet, frayant la voie à Dostoïevski et à Proust. Ni Le Prince de Hombourg (Kleist) ni le Don Carlos de Hugo dans Hernani ne se laissent réduire à la limpidité du sujet classique. Les modèles du drame romantique existent: Shakespeare d'abord. Ce qu'on cherche chez lui? La primauté de l'histoire, la violence des situations, la liberté dans la construction du récit, la diversité des lieux et des milieux. Ensuite, s'impose le modèle de la tragédie antique. La France suivra également l'exemple de Schiller: le travail d'historien, la puissance et la clarté des conflits, la réflexion philosophique donnent à ses drames un éclat dont nos auteurs dramatiques tireront profit.

 

 

2. Les théories

 

La théorie du drame romantique connaît son début en Allemagne en plein XVIIIe siècle avec Lessing et sa Dramaturgie de Hambourg (Laocoon, 1766) qui annonce d'abord le drame bourgeois. Ces textes décisifs marquent une rupture violente avec les idéaux du classicisme français et sont un plaidoyer énergique pour la liberté dans l'art et pour la vérité du contenu et du style, contre les conventions dramaturgiques de la tragédie. Ils marquent une réaction nationale contre la suprématie du goût français, qui exprime aussi une réaction bourgeoise contre un art tenu pour aristocratique et monarchique.

La lutte recommence en Allemagne lors des premières années du XIXe siècle. Auguste von Schlegel reprend en les radicalisant les critiques de Lessing contre la suprématie française (Cours de littérature dramatique, professés à Vienne en 1811, traduits en français en 1813). Il plaide pour le modèle shakespearien et pour la liberté des formes théâtrales. Les textes théoriques de Schlegel, écrits après la presque totalité des drames allemands à l'exception des textes de Büchner, ont eu beaucoup plus d'influence en France qu'en Allemagne. C'est le groupe de Coppet qui a servi de courroie de transmission entre la littérature dramatique allemande et le romantisme français. Madame de Staël reprend les thèses principales de Schlegel concernant le modèle shakespearien et la libération des formes. Mais le vrai théoricien théâtral du groupe de Coppet reste Benjamin Constant qui, dans la Préface à sa propre adaptation du Wallenstein de Schiller (1809), écrit la première charte en français du drame romantique. Il y expose une vue totalisante du drame en réclamant la peinture d'«un caractère entier», d'«une vie entière», contre toute limitation arbitraire des structures spatio-temporelles et du nombre des personnages; il demande aux auteurs dramatiques de renoncer «au respect puéril des trois unités», «à la pompe poétique», et, le premier, fait de la couleur locale la base de toute vérité.

Dans l'Éloge de Shakespeare qui ouvre la traduction de Shakespeare par Letourneur revue par ses soins (1821), François Guizot apporte au drame la caution du grand ancêtre et réclame des formes théâtrales capables de restaurer une «fête populaire»: «Telle est la nature de la poésie dramatique: c'est pour le peuple qu'elle crée, c'est au peuple qu'elle s'adresse.» Il plaide donc pour l'élargissement du public de théâtre à toutes les couches sociales.

Avec Racine et Shakespeare (1823-1825), Stendhal, «hussard du romantisme» selon Sainte-Beuve, insiste sur une idée force, la nécessité d'actualiser des formes théâtrales sclérosées: il appelle de ses voeux «une tragédie nationale en prose» qui offrirait aux contemporains les trésors de leur histoire tout en s'appuyant sur les réalités du présent. D'où la nécessité d'une forme réaliste: il faudrait au théâtre que «les événements ressemblent à ce qui se passe tous les jours sous nos yeux».

Le grand manifeste du drame romantique reste, on le sait, la Préface de Cromwell de Victor Hugo. L'inspiration en est toute différente. En même temps qu'il combat contre les «deux unités» (temps et lieu) et en faveur du mot propre et de la couleur locale, Hugo affirme que le drame tel qu'il n'existe pas encore en France en 1827 a pour lui des garants, une tradition: il développe ainsi le tableau d'une contre-culture, populaire et grotesque, qui «s'épanouit au XVIe siècle avec trois Homère grotesques, Rabelais, Shakespeare, Cervantes». Le drame en est la suite, et l'essentiel pour lui est de pouvoir tout dire, le mal et le bien, le beau et le laid, le plaisant et l'horrible. Mais, pour tout dire, il faut «le prisme de l'art»; le drame est ce «miroir de concentration» qui, pour ne pas sombrer dans le prosaïsme et la vulgarité, a besoin de cet outil capital qu'est le vers alexandrin.

 

 

3. Les oeuvres

 

L'Allemagne

 

C'est dans l'Allemagne du XVIIIe siècle, morcelée, archaïque, empêtrée dans une féodalité désuète et un piétisme petit-bourgeois suffocant que jaillit avec force le nouveau drame. Peut-être parce que justement cette Allemagne ne connaît pas le poids d'une tradition littéraire classique. Le Sturm und Drang, mouvement de révolte de la jeunesse intellectuelle, implique aussi la nécessité de se ressourcer au passé national. Ainsi naît ce qu'on peut appeler le premier drame romantique, le Goetz von Berlichingen de Goethe (1773), histoire d'un fameux reître du XVIe siècle qui prit le parti des paysans révoltés avant d'échouer et de disparaître. Les traits fondamentaux de l'écriture théâtrale romantique apparaissent déjà dans cette oeuvre exempte de confusion.

 

Schiller

 

Mais la grande figure du drame romantique allemand est celle de Schiller, qui donne le premier exemple achevé d'un drame mettant en jeu la contradiction entre la fatalité tragique et la liberté du héros. Schiller est parvenu à faire se croiser un drame passionnel et un problème historique; sa première oeuvre, Les Brigands (1781), a connu un succès éclatant. Elle traduit avec une violence extrême la révolte contre le despotisme, l'hypocrisie, les deux fléaux de l'univers social. Même si, cependant, les limites morales à la liberté du héros sont clairement marquées. Le conflit dans le drame aboutit à une sorte de vue kantienne de la liberté et de catharsis morale. La violence des conflits, le dédain de la structure classique, l'importance décisive de l'histoire, le sentiment national, autant de traits marquants du drame schillérien (Wallenstein, 1799; Marie Stuart, 1800; Guillaume Tell, 1804). Ce qui a frappé les contemporains, c'est aussi l'importance de la passion chez Schiller, son caractère de force positive et ses vertus critiques: le sentiment amoureux est une pierre de touche qui permet de juger et de combattre une société perverse (Les Brigands, Don Carlos, 1783-1787, Intrigue et amour, 1784) en mettant en lumière leurs fausses valeurs. Le souci de l'éthique donne parfois au drame de Schiller une sorte de raideur moralisante.

Kleist

Heinrich von Kleist est le premier de ces dramaturges qui ne réussissent pas à faire jouer leurs pièces. Son drame est plus que tout autre centré autour de la personne d'un héros problématique (Penthésilée, le prince de Hombourg, le juge de La Cruche cassée). Une ambiguïté fondamentale s'installe donc autour de lui: amoureuse d'Achille, Penthésilée finit par le tuer et le dévorer; le juge à la recherche du coupable est ce coupable même; est-ce un coup de génie ou bien une indiscipline qui mérite la mort qui a donné la victoire au prince de Hombourg? Une sorte de passion suicidaire fait sortir d'eux-mêmes les personnages avant de les plonger dans le néant ou dans la victoire. Comme Kleist le montre dans son texte décisif, Sur le théâtre des marionnettes (1810), quelque chose dépasse au théâtre la conscience et la raison du héros, que ce soit la grâce spontanée de l'être, l'intuition divine, la perfection indicible de la marionnette, la vigueur sauvage et parfaite de l'animal. Forme accomplie du drame romantique, l'oeuvre de Kleist représente donc avant tout une mise en question du sujet dans son rapport au monde. Après Amphitryon, réécriture originale de l'oeuvre de Molière, ses grandes créations théâtrales seront Penthésilée (1808), La Bataille d'Arminius (1809), La Petite Catherine de Heilbronn (1810), Le Prince de Hombourg (1811) et La Cruche cassée (1811).

 

Büchner

 

Quant aux pièces de Büchner, elles ne commenceront vraiment à être jouées qu'à partir de la fin du XIXe siècle. Elles reflètent le contre-coup du drame romantique français sur le drame allemand. C'est ainsi que Büchner écrit Léonce et Léna (1836), parodie pleine de sens du Fantasio de Musset, qui relie la quête de l'amour aux problèmes du pouvoir et de sa légitimité, que Musset effleure seulement, et que l'écrivain allemand réinstalle au centre «grotesque» de son drame. D'autre part, Büchner écrit avec La Mort de Danton (1835) le seul drame historique - on pourrait même dire la seule oeuvre portant sur la Révolution française et qui en comprenne le problème central, s'il n'y avait le Quatrevingt-Treize de Hugo. Enfin, avec Woyzeck (1836), qu'il achève peu avant de mourir, Büchner donne le chef-d'oeuvre absolu du drame romantique. Il y poursuit une mise en question radicale de la Personne humaine, du Je transcendantal, et une évocation de l'identité de l'homme de rien littéralement pulvérisée par l'oppression sociale. Woyzeck inaugure un mode d'écriture dramatique promis à un grand avenir: la fragmentation du récit en séquences isolées, emblème du morcellement de l'être humain et de sa destinée.

 

La France

 

Origines et prémisses

 

On a beaucoup parlé de la parenté - plus apparente que réelle - qui existe entre le mélodrame (René Charles de Pixérécourt) et le drame romantique. Le mélodrame est un drame moral de structure souvent classique, qui voit un héros redresseur de torts aidé d'un comparse populaire comique, le niais, combattre victorieusement le traître et unir les amoureux vertueux. Ce schéma obligé s'orne de rencontres, de surprises, d'orages et de tremblements de terre. Le drame romantique emprunte parfois au mélodrame tel procédé ou le caractère populaire et spectaculaire de ses inventions, mais dans un contexte intellectuel différent et même opposé. Notons qu'à l'inverse le mélodrame populaire d'après 1830 s'inspirera souvent du drame romantique. D'autre part, naît pendant la Restauration un genre littéraire dialogué qui n'a pas vocation à la représentation: c'est la scène historique, récit à la fois romancé et théâtralisé emprunté à l'histoire (Vitet, Rémusat, et surtout Mérimée avec la remarquable Jacquerie).

En 1826-1827, le Cromwell de Hugo, loin de n'avoir eu d'influence que par sa Préface, fit en lui-même l'effet d'une bombe. Drame de l'histoire vu dans toutes ses dimensions, drame du pouvoir et de sa légitimité, drame d'une société vue à la fois à travers ses grands hommes et dans ses profondeurs, l'oeuvre séduisit Talma qui mourut avant que Hugo n'ait eu le temps de réduire ses sept mille vers à des dimensions acceptables.

Le retour des comédiens anglais qui vinrent en 1827 jouer Shakespeare suscita un extraordinaire engouement. C'est en 1829 que le drame shakespearien fera une entrée sans tapage à la Comédie-Française, grâce à la traduction-adaptation par Vigny d'Othello (devenu Le More de Venise).

Mais la première vraie entrée en fanfare du romantisme sur la scène, c'est en 1829 le Henri III et sa cour d'Alexandre Dumas au Théâtre-Français et son éclatant succès, dû à la vigueur de situations qui vont jusqu'à la violence physique, et à une vision haute en couleur du règne de ce roi. Après quoi la Marion de Lorme de Hugo (1829), présentée au Théâtre-Français, se voit interdite par la censure pour avoir donné de LouisXIII une image par trop veule, qui pouvait évoquer le digne Charles X. Immédiatement, Hugo écrit Hernani (1830) que la censure n'ose pas interrompre. La bataille est engagée avant même la représentation. Politiquement et littérairement confuse, elle n'en représente pas moins la lutte des formes nouvelles de la littérature et de la souveraineté contre la vieille tragédie classique mais aussi contre une royauté de droit divin mangée aux mites. Elle est surtout la bataille pour l'art, ses valeurs, sa liberté, engagée contre les philistins de tout poil, libéraux et conservateurs.

 

Hugo

 

Victor Hugo et Alexandre Dumas avaient immédiatement compris qu'il fallait une scène pour le drame romantique; ils voulaient obtenir la concession de la Comédie-Française. Ils échouent et, faute de mieux, se rabattent sur la Porte-Saint-Martin, théâtre du mélodrame et du drame populaire. Hugo y fait jouer en 1831 Marion de Lorme, qui est à la fois l'histoire de l'amour d'une courtisane et celle d'une condamnation à mort injuste. C'est un demi-succès. Hugo conçoit alors l'idée d'investir à la fois le Théâtre-Français, théâtre de l'élite, et cette scène à demi populaire de la Porte-Saint-Martin. Il écrira donc pour le Théâtre-Français une tragédie en vers, mais dont le héros est un bouffon grotesque, et, sur un canevas mythique et tragique, un drame en prose pour la Porte-Saint-Martin. Les deux pièces, simultanées, racontent une histoire voisine, celle d'un être monstrueux cherchant à se faire aimer de son enfant jusque dans sa monstruosité. La tentative ne réussit qu'à demi: au Théâtre-Français, Le roi s'amuse est emporté par une tempête de sifflets, tandis qu'en 1833 Lucrèce Borgia connaît le triomphe. Hugo essaie encore de faire jouer à la Porte-Saint-Martin (novembre 1833) le meilleur sans doute de ses drames en prose, Marie Tudor. En 1835, il revient à la Comédie-Française avec un drame de compromis, Angelo, avant d'obtenir un théâtre, la Renaissance (1837-1838), et d'y faire jouer le plus solide de ses drames, Ruy Blas (novembre 1838). Hugo y reprenait un thème cher à Dumas, celui de l'ascension politique d'un homme du peuple, mais en le subordonnant à la fois au drame d'amour (l'homme de rien amoureux de la reine) et à une problématique du pouvoir qui lui a toujours été chère. Malgré le succès réel, Hugo se tait avant d'essayer à la Comédie-Française une nouvelle formule, celle du drame épique, avec sa grande trilogie des Burgraves (1843), drame à la fois historique et mythique où le conflit fraternel du burgrave Job et de l'empereur Barberousse conduit à une réflexion prophétique sur l'histoire et sur l'avenir de l'Europe.

Hugo se tait alors pour de bon, comme tant d'autres en France et à l'étranger qui ne veulent pas être condamnés à un théâtre alimentaire. Pendant l'exil, il écrit pour «ce théâtre que tout homme a dans l'esprit», des drames libérés de tout souci scénique (L'Épée, La Grand-Mère) et dont le chef-d'oeuvre est Mangeront-ils? (1867), oeuvre shakespearienne par son mélange de lyrisme, de rêve et de satire. D'autre part, Hugo ressuscite et «retourne» le mélodrame dans son Mille Francs de récompense (1866).

 

Dumas

 

Quant à Alexandre Dumas, sa grande carrière au théâtre fut brève, mais jalonnée d'oeuvres dont certaines mériteraient de revoir le jour. En 1831, c'est le triomphe d'Antony dont l'intérêt est d'être un drame contemporain «en frac et redingote» où l'amour-passion, qui apparaît victorieux des contraintes sociales, n'en est pas moins contraint à l'autodestruction: Antony tue sa maîtresse mariée pour sauver son honneur et s'écrie: «Elle me résistait, je l'ai assassinée», humiliant son amour devant des valeurs sociales qui ont ainsi le dernier mot.

La puissance critique des drames de Dumas est grande: critique de la vie politique et des politiciens dans Richard Darlington (1831), de la versatilité politique des hautes classes toutes prêtes à s'abaisser devant le nouveau pouvoir dans Angèle (1834), de l'humiliation de l'artiste dans la société avec Kean (1836), tous drames joués à la Porte-Saint-Martin. Le plus grand succès populaire de Dumas reste sans doute La Tour de Nesle (1832), dont les coups de théâtre sont étourdissants de virtuosité. On peut dire sans être injuste que le reste de son oeuvre théâtrale est plus alimentaire que littéraire.

 

Vigny, Musset

 

Après Le More de Venise qui avait eu un succès d'estime, un Shylock qu'il ne réussit pas à faire monter et un drame raté, La Maréchale d'Ancre (1831), Alfred de Vigny revient au théâtre par et pour l'amour de Marie Dorval: il écrit Chatterton (1835), drame de l'artiste contraint au suicide par le divorce de l'art et de la société moderne mercantile, drame d'idées aussi, animé par la figure intéressante de Kitty Bell que Marie Dorval joua sublimement.

Alfred de Musset tenta en 1830 de faire jouer une petite comédie piquante mais peu scénique, La Nuit vénitienne. Furieux de son échec, il jura de n'écrire que pour une scène idéale, un drame, André del Sarto, et une série de comédies proches du drame dans la mesure où une écriture inspirée des comédies de Shakespeare conduit brusquement à un dénouement tragique: ainsi pour On ne badine pas avec l'amour (1831) et Les Caprices de Marianne (1832). Sont incontestablement des drames romantiques André del Sarto, oeuvre méconnue et drame de l'amour, qui plonge l'artiste dans le contexte historique de la Renaissance finissante, mais surtout Lorenzaccio, drame vécu par un héros problématique qui deviendra régicide sans obtenir son salut et celui de sa cité. Ce thème de la conspiration et de son échec se retrouve dans le très remarquable et méconnu Léo Burckard de Gérard de Nerval (Porte-Saint-Martin, 1839).

 

Le reste de l'Europe

 

En Angleterre

 

Les textes dramatiques que l'on peut qualifier en Angleterre de romantiques sont davantage des poèmes que des drames; tel est le cas du Manfred de Byron (1817), qui créa cependant l'un des prototypes du héros romantique, et du Caïn de 1821. Quant aux Cenci de Shelley, qui fascina Artaud, c'est une oeuvre surtout remarquable par la violence des situations et par la présence d'une puissante héroïne féminine, Béatrice.

 

En Europe méridionale

 

Curieusement, l'Italie demeure classique dans son théâtre, si bien qu'il faudra attendre Verdi et l'opéra pour que le romantisme envahisse la scène. En Espagne, le Don Juan Tenorio de Zorilla (1844) constitue une brillante adaptation du Don Juan de Manara de Dumas.

 

En Russie

 

Le cas de Pouchkine est caractéristique de ces écrivains qui tentent de créer un drame national. Son Boris Godounov (1826) est une «histoire dramatique», une «chronique de nombreuses turbulences», un grand tableau historique dramaturgiquement peu construit. Là encore il faudra que l'opéra et Moussorgski lui donnent pleinement vie. En 1830, Pouchkine écrit une série de drames courts très brillants, qui exercèrent une influence profonde sur la littérature russe. Citons Mozart et Salieri, Roussalka (d'après un conte populaire) et une nouvelle version du mythe de Don Juan intitulée Le Convive de pierre. Tous ces textes disent la lutte du héros contre une société oppressive, de même que le grand drame de Lermontov, Un bal masqué (1835).

 

En Pologne

 

Dans l'histoire du drame romantique, il faut se garder d'oublier la Pologne. Mickiewicz propose lui aussi une vaste fresque nationale, plus poétique qu'historique, intitulée Les Aïeux (Dziady, 1832). Ce grand poème passionné est toujours considéré par les Polonais comme l'oeuvre clé de leur littérature.

Julius SLowacki est un homme de théâtre brillant dont les oeuvres principales sont toujours jouées: ainsi de Balladyna (1834) écrit d'après un conte, de Kordian (1834), qui met en scène l'image typique du héros patriote, rebelle vaincu, de Lilla Weneda (1840), qui ne craint pas de faire appel aux origines mêmes du peuple polonais. Oeuvres violentes qui ne sont dénuées ni d'emphase ni d'efficacité dramatique.

Quoique servi par des interprètes prestigieux (Mademoiselle George, Marie Dorval, Frédérick Lemaître), le drame romantique n'aura brillé que d'un éclat relativement court, faute sans doute d'avoir trouvé un espace adéquat, et un public assez libre pour l'accepter sans réticence.

Les littératures

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administrateur théâtres

Le duo mélisme à la Clarencière

12628548_10153951639050559_8206029575434360892_o.jpg Il est bien agréable de s'apercevoir que l'art lyrique attire de plus en plus de monde! Dès que la qualité est là, le public vient,  enthousiaste! Et pas seulement un public élitiste habitué à fréquenter les salles d'opéra.   Une vraie réussite ce pari musical  tenu ce soir-là à la Clarencière qui invitait le Duo Mélisme à se produire.

Nous assistions à des noces musicales exquises où l’art lyrique  rejoignait l’instrument pastoral par excellence, la flûte traversière dans un répertoire du vingtième siècle.

Les deux jeunes demoiselles  réussissaient le défi de jouer  un subtil jeu de cache-cache distingué et de subjuguer la salle entière de la Clarencière. Fermez les yeux et demandez-vous quel est l’instrument qui prédomine : la voix humaine ou le flutiau? Il est parfois difficile de distinguer... C'est sans doute ce que l'on appelle le mélisme? A moins que le rapport soit au miel du texte empreint d'hellénisme: "Le sang des pavots, l'éblouissante  blancheur  des cheveux de pierre ondule comme des vagues marines..."

On est frappé par leur pratique chevronnée et la recherche passionnée de perles rares du 20e siècle  qui réunit  des pièces pour soprano soutenues par une unique flûte, cocktail inédit qui intrigue intensément. Le répertoire  très éclectique joue sur une variété de sonorités musicales et linguistiques accordée sur une même couleur, sorte de nervure musicale qui relie les deux musiciennes. La diction  de la soprane, Gwendoline Spies,  est  impeccable, quelle que soit la langue de la poésie.  12473635_970468023019276_5005389728661802676_o.jpg

La connivence joyeuse des partenaires musicales  contribue au  plaisir que le duo communique. Doublages, cadences, solos, tout s’enchaîne avec élégance et  charme.  Etonnamment, c’est parfois  la soprano qui donnera le La à la flûte, Adélaïde Baranger, en toute liberté.  Belles musiques raffinées, échevelées,  que l’on a le plaisir de découvrir, mais en serait-il autrement  avec des jeunes recrues diplômées du Conservatoire si passionnées?

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Peu de jeu scénique mais un concert de proximité dans ce laboratoire artistique caché au 20 de  la rue du Belvédère, juste derrière l’immense  paquebot du Flagey. Mais, Adélaïde Baranger, à la flûte traversière, a une paire d’yeux et un souffle enjoué qui vont de la partition à la partenaire sur une invisible onde de douceur que l'on ne peut s'empêcher de suivre  au gré de la musique. Et ce concert de souffle et de  bouches se savoure avec les yeux et les oreilles. Gwendoline Spies,  la soprano lui répond dans un superbe entrelacs d’harmonies perlées  et de confiantes vocalises. Certes,  le parcours de ces deux jeunes femmes solaires est fort  à suivre car elles regorgent  d'amour de la musique et de bienveillante générosité. 

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Crédit photo: Copyright Sylvia Huang

Programmation :


Monique Gabus, Quatre Esquisses grecques 
I- Sapho
II-Epitaphe de Seikilos
III-Chanson
IV-Vocalise

Albert Roussel, Deux poèmes de Ronsard I- Rossignol, mon mignon (3'50)
II-Ciel, Aers et Vens (2'50)

Peter Escher Naga-Uta op.48
(Praeludium - Jubel - Dauernde Erinnerung - Tagelied eines - Madchens - Erregunge - Die verlassene - Blutenschnee - Interludium - Der Liebeslaut - Bei Betrachtung des Mondes -
In Erwartung + Postludium)

Pause

André Caplet, Ecoute mon coeur

Jacques Ibert Deux stèles orientées I- Mon amante a les vertus de l'eau...
II- On me dit...


John Corigliano, Three Irish Folksong settings I- Salley Gardens
II-The Foggy Dew
III- She moved Through the fair

Tout public : Le samedi 20 février 2016 à 20h30

P.A.F. : 15 € - étudiant : 10 €- Article 27 : 1,25 €

Rue du Belvédère 20 1050 Bruxelles

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LES MIROIRS NE SONT PLUS MAGIQUES

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Un écrivain tchèque, Jan Lentcho a écrit : "BYF n'est en aucun cas un auteur mono-thématique." Son dernier recueil de nouvelles "Les miroirs ne sont plus magiques" contenant dix nouvelles, en est une nouvelle preuve.

Son regard critique sur notre société la porte souvent à la satire On la retrouve ici sur un ton tantôt persifleur, tantôt goguenard.Mais, de l'humour, l'auteur passe à la tendresse ("Mirette")., de la tendresse à la fantaisie dans "Rosa et Gaspar- le- Furet", de la fantaisie à l'émotion avec "L'exilé". Et, comme toujours, BYF reprend son interrogation sur le sens de la vie qui, ici, sera soulevé par les animaux d'une réserve.

Les animaux s'imposent encore dans d'autres nouvelles, et ils en disent de belles sur les humains..

Auteure de treize recueils de poèmes, d'un roman, de deux recueils de nouvelles, de deux essais, et de pièces de théâtre, BYF est une auteure prolifique..

La majorité de ses oeuvres présentent un dénominateur commun : une critique souvent virulente de notre monde dans ses dimensions sociales, économiques et politiques.

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Crie, terre

Phase terre minablePhase interminablePhase insoutenable​Phase inimaginablePhase incomprimablePhase inflammablePhase ingouvernablePhase inexpugnablePhase indélayablePhase non monnayablePhase incongédiablePhase répugnablePhase incontraignablePhase irrésiliable​Phase inzonablePhase intraitablePhase incontournablePhase hernie minablePhase gazableà rendre bientôt tous gagasquand ils verront la terre craquerà les rendre tous cracasà se râper les genouxse frapper la poitrine au sangjurant de tout à coupe être bonsde faire leurs prières tous les joursalors qu’ils n’ont jamais prié de leur vie.Maintenant ils n’auront jamais autant priémais la porte d’en haut sera close.Le procès terminal aura été entamésans qu’aient été convoqués maires et juges.Ce ne sera plus leur affaire.De force on les aura dépouillés de leurs robes,de leurs micros, drapeaux et chars d’assaut.Eux qui faisaient bêler bêleront,se rappelant tout à coup leurs longues bêtises,leurs âneries clamées devant les foules ballottantleurs petits drapeaux en l’air.Oui, maintenant, allez : jetez tous vos drapeaux et vos pétards en l’air,poussez chars et bazookas à la mer,conduisez avec une frénésie strangulatoirevos avions à réaction pour les fracassercontre les pics des plus hautes montagnes,les plus creux des sillons des plus profonds canyons.La terre dansera alors un rock frénétique,jeunes et vieux se rouleront par terre dans le feula voix rauque et sèche, implorant que ça cesse.Oui, ce ne durera qu’un temps,le simple temps de faire prendre conscienceau Maître chanteur que son chant du signe est arrivé,que son sang sera coagulé à la vitesse de l’éclair,que sa peau de serpent sera crevassée,emplie de scorpions aux piqûres nucléairesà le transformer en lambeaux tout en le gardant en vie,pour qu’il se donne lui-même le plaisir de souffrir atrocement.Lui, ses enfants hideux et répugnants,se prendront eux-mêmes en photos numériques, en grand nombre,avec vidéo flash et vision panoramique et même cosmique,odieux spectacle réservés à eux seuls,à se faire auto-vomir sans personne pour les nettoyerpour une durée d’un chiffre rond : 1 000 ans.Dans leurs vomissements ils glissent, se lacèrent,blasphèment, se tuent sans pouvoir mourir.Mille ans pour ces sans cœur, à se lever le cœur,ce n’est pas trop long, rien pour ramener leur conscience inramenable,calcinée, à l’os à la moelle desséchée.Le jour se lève, à la fin du millénaire,sur une terre tapie de rosée, de lilas, de saules pleureursayant asséché toutes leurs larmes,d’enfants au galop sur lions chats, antilopes, bébés à cheval sur papillons.Le dernier jour du grand jour millénaire, la trappe sera ouvertepour laisser sortir les voracesaux dents acérées, ayant pris le temps de se farder parfumer déguiser au paroxysmede la beauté, puis d’aller courtiser tous les habitants de la terre.La plupart de ceux-ci verront leur jeu perfide et leur tourneront le dos avec dédain,avec triomphe.Quelques-uns, comme des sables de la mer, craqueront devant de si beaux atours.Rapidement, un grand filet à la traîne attirera comme un aimant tous les méchants.Une grande boucle fermera à tout jamais cette cage blindée et le puissant bras du Christ fera tourner de plus en plus vite et avec une force de plus en plus grande cet amas de racailles pour le propulser dans l’espace au-delà de la frontière des milliards de galaxies, les auparavant tous rendus aveugles et sourds pour qu’ils ne retournent jamais sur la terre devenue finalement la propriété exclusive des amants de caresses, de baignades dans des sources pures, de danses autour des arbres, des louanges au Fabriquant de toutes bonnes choses venues du ciel, de la terre, du fond des mers, de son Cerveau sans plancher ni plafond, que les milliards de siècles à venir ne nous feront pas découvrir à cause de son infinie inextensibilité à créer.​Ah ! Les loue Yah seront en permanentes cascades.Bientôt, nous y plongerons cœur baissé.​
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Sonnet à Christine Normand

Arvers, qui côtoyait une épouse fidèle,
Amoureux sans espoir écrivit un sonnet,
Sans nommer cette dame, en triste abandonné.
Jamais Marie Nodier ne sut qu'il parlait d'elle.

Il est vrai que bien peu son ami la révèle.
Seule sa modestie se laisse deviner.
Sans avoir à chercher et à imaginer,
Leurs amis cependant ne pensèrent qu'à elle.

J'ai trouvé sur la toile un poème étonnant,
Vous y rendez hommage à une femme enfant.
Je souris amusée car je n'ai point de doute.

Vous l'avez nommée « Elle » et ce, tout simplement.
Vous et moi nous avions suivi la même route.
Partagé ses émois, ses émerveillements.

24 août 2008

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administrateur théâtres

"Les choses ne sont jamais aussi simples qu'elles menacent de l'être." F. Paravidino 12695022_1280754108620584_7894048889330654528_o.jpgComédie douce-amère, bijou de vaudeville moderne, marivaudages existentiels de teenagers égoïstes et attardés ? Le tout, magnifiquement joué.  « Exit » est le dernier ouvrage de l'auteur-réalisateur-acteur Fausto Paravidino, l'un des auteurs les plus importants et les plus brillants du théâtre italien contemporain. C’est Pietro Pizzuti qui fait office de traducteur virtuose et s’est chargé de nous transmettre toute l’effervescence du texte. Un texte cruel, réaliste, kafkaïen, fait de phrasés percutants et sobres qui ne sont pas sans rappeler le théâtre d’Harold Pinter. Quand le quotidien  tourne au surréalisme.

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"C'est toujours dans les moments les plus tristes que reviennent à l'esprit les plus gais et c'est ce qui rend les plus tristes encore plus tristes." Exit - F.P. 

Quatre excellents acteurs, Dominique Rongvaux, Christel Pedrinelli, Leone François Janssens et Jef Rossion, se partagent les exercices d’extraversion sur le plateau dirigé avec intense finesse et belle  énergie  par Fabrice Gardin. L’absence flagrante de comique est remplacée par le rire salvateur qui guérit des cauchemars trop horribles ou trop réels. Dans la course d’obstacles, le choix est cornélien entre haine des moments perdus et l’horreur des conséquences présentes.

 Le décor représente-t-il un réseau ?  Un engrenage ?  Le labyrinthe en trois dimensions de nos liens qui nous emprisonnent à perte de vue et à perte de coeur? Voyez ces déclinaisons de cadres en L faits de tubes d’acier qui se projettent à leur tour sur un écran de bleu infini. Comme si,  d’une  petite ville italienne, à New York ou à Toronto, tout était tragiquement pareil.  Les palmes de l’éclairage subtil  reviennent à  Félicien Van Kriekinge qui joue avec doigté sur les costumes particulièrement celui de  la dame en bleu Chagall des pieds à la tête …et  ceux, mordorés, de l’homme caramel et de l’homme chocolat. Un choix de quelques  pictogrammes évanescents aussi fluides que l’idéal donne une touche 21e siècle pleine d’humour, comme si on  s’invitait dans une maison futuriste où règne en maître l’imaginaire. Merci, Ronald Beurms! 

Part 1 : Le jeune couple virevolte, emprisonné dans les racines urticantes du désamour. Les choses qui énervent, qui irritent font casser le lien sacré : la banalité de la  routine quotidienne, la politique, le sexe, la nostalgie des premières années, les fautes de goût, l’image de l’autre que l’on s’est fabriquée et qui ne colle plus à la personne. Aussi, l’absence d’enfant qui pour l’un et pour l’autre n’est pas la même!

  Part 2 : La rupture,  la jeune femme, par amour quand même, prend le mauvais rôle  car elle n’a jamais cru aux poses-réflexion!  Lui est perdu et se retrouve  embringué avec  une demoiselle en mal de solitude mais qui veut assumer  son solo! Mensonges de part et d’autre des  lignes de démarcation.  Celle qui a osé la rupture rencontre un charitable «deus ex machina » qui semble avoir passé l’âge des chamailleries.

 Part 3 : Reconstruction ?  De l’utilisation d’un manuel de psychologie américaine pour recoller les morceaux en 10 points. Les personnages ne portent pas de prénom, on se trouve au cœur d’un raisonnement analogique à quatre termes A B C D. On découvre dans ce carré parfait que l’inconfort est le lieu  géométrique des personnages. Comment être soi-même? Comment se séparer avec délicatesse?  « Tout ce cinéma pour affirmer nos, vos, leurs personnalités ? » c’est le cri du coeur de l’auteur ! Où est passée la générosité ?  Une « belle personne » « un vrai ami de l’autre sexe » ça existe?  Et l’Enfant, là-dedans, on lui dira quoi?

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"Nous avons continué à rigoler et à dire des bêtises pendant un bout de temps. La drogue parfois ça aide. C'est pour ça que les gens en prennent. Lui ça l'aidait à être différent de lui-même. Comme ça, il arrivait à ne pas comparer son attitude envers moi à celle qu'il avait envers sa femme." Exit - F. Paravidino

Si le sujet de la pièce ne rend pas heureux, le traitement policé de celui-ci apaise. Ce spectacle est raffiné et  touchant  par sa  modernité et son approche intelligente, on appréciera incontestablement  la vérité de son interprétation.  

http://www.trg.be/saison-2015-2016/exit/en-quelques-lignes__6112

 

Mise en scène

Fabrice Gardin

Décor et costumes

Ronald Beurms

Création lumières

Félicien van Kriekinge

Décor sonore

Laurent Beumier

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L’Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté.

www.arche-editeur.com

 

 

Galerie du Roi 32 - 1000 Bruxelles.
02 / 512 04 07, de 11h à 18h, du mardi au samedi.

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Rose clown noir - 2

ChaplinChapeauD'une rondeur comme la terrePour ta satire terrestre.Tu as mis tes dix doigts dessusSur les dix plaies de la planèteEt quand tu les retirasResta leur empreinteSur son écorceSur la terre encore en soubresautsD'avoir trop riChatouillée par un petit clow noir.Voulait-il faire rireOu pleurerFaire bouger ou s'asseoir?Chaplin, et ta canne?Subtil bâton dans les rouesD'un système déjà vacillantD'une technologie naissante,À la couche,Mais dont tu perçus déjà les rides.ChaplinMerci de n'avoir pas souriD'avoir joué au pince-sans-rireTout au long de ta vie.ChaplinAujourd'hui tu ne ris plusÉtendu de tout ton longPour un long long sommeil.Pourtant on te certifieQue nous on rie encoreChaplinDe tous tes bons et mauvais coups,Et on te tire la moustacheEt on t'emprunte ta canneEt on coiffe ton chapeau rondEt on chausse tes gros souliers...Dans notre têteJuste pour rireDoucementEn ton souvenirCharlie Chaplin
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Rose clown noir - 1

CharlieT'as fait ton clownToute ta vie.On peut pas rester muetDevant tes films.Oui t'a fait rireÀ remplir de larmesDes chaudièresChaudes larmesQuand c'était drôleLarmes amèresQuand de tes yeux tristesTu regardais l'enfant se débattreDe ne point vouloir allerDans la geôle des orphelins.ChaplinTu nous a fait marcherÀ 160 degrésClopin-clopantClopinChaplinTel un pingouin blesséIncapable de sourireL'œil vif noirAigle qui perce l'âmeQui a tout vu du mondeDe ses rouagesQui trop huileuxQui trop grincheuxVite prétexteÀ caricaturesCalembours visuelsPoursuites effrénéesD'un train fouOu cowboy déchaînéOu amant passionné.ChaplinT'a pas servi des miettesNi chapelure sous la tablePas de vision édulcoréePas d'artificesDu d'artificeOui,De rocambolesque,À la racine du MolièreOu FeydeauShakespeareUn peu d'euxDe l'épuré,Jamais de grasMais tâche d'huilePartie d'un regardD'une cachetteD'un coup de patte par derrièreOu d'une plancheMal placéeJuste au bon endroit.
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Bouche bée

- Allo Carol. Comment ça va ?- Heu. Bien... Ça va. Et toi ?La réponse inaudible de de pétarader les oreilles. Imaginez le contexte: trois mille personnes assistent à un congrès où plusieurs sont des amis de longue date mais qui ne m'ont pas vu depuis belle lurette.À cette époque là ma surdité était légère, je ne portais pas de prothèse auditive. Trente ans ont passé ... La valse des décibels a pris le dessus. Les conversations environnantes font maintenant un vacarme époustouflant, rendant presque impossible tout échange verbal.Je n'ose plus répondre ´Et toi ?´, sachant que j'assisterai à l'enterrement décibellique de la réponse. J'y vais donc d'une chialeuse accolade, pointant du doigt mon épinglette du symbole des sourds, espérant que mon silence embarrassé fera comprendre à mon interlocuteur que mon implant, c'est bien beau dans un salon calfeutré à l'abri des mitraillettes de mots saccadés mais qu'ici...Je souris, béat, dans cette mer humaine, heureux malgré tout , attendant le début des discours du haut de l'estrade, dans un silence amplifié par la puissance des haut- parleurs.Merci docteur malgré tout, pour ce petit micro devenu tout ouïe toute oreille, à la grande satisfaction de mon cerveau finalement repu d'une conversation unilatérale : finie la bouche bée grâce à mon implant merveilleux. Relaxe Carol, écoute tout ton saoul.
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Rêve de mongol fier

Le mongol rêve d'une montgolfièreDont il serait à juste titre très fier.Pour une fois dans sa vie il serait seul maître à bordSans crainte qu'on lui crie: Attention, un fou à bâbord.Pour une fois dans sa vieÀ personne ne demanderait son avis,Personne à lui reprocher d'être dans la luneOu de trébucher dans de traîtres et fourbes dunes.Tous les sacs qu'il portait durement sur son dosAux oiseaux le mongol en ferait généreusement cadeau,Faisant monter toujours plus haut sa montgolfièreLui qui à ce jour ne connaissait toujours que des hier.En plus d'avoir le cerveau crevassé il était sourd,Ce qui le faisait passer pour plus que balourd.Un jour, alors qu'il somnolait en plein vol,Un aigle vint, perça sa toile et le jeta en dur sol.C'est alors que sous le choc il se réveilla,Découvrant que ni mongol ni sourd était son état.Il avait fait un beau rêve transformé en cauchemar.La réalité était qu'un homme simple vivant sans tintamarre,Tête non fêlée, surdité remplacée par un implantFirent de lui l'homme du futur aux mille et un plans.Grâce à la science, aux prodigieux doigts d'un chirurgien,Sa vie, ses rêves, ne feront plus désormais l'objet d'aucun lien.l
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Portrait nocturne

J'ai un vieil ami depuis belle luretteDont on a coupé vive la luette.Ce qui s'ensuivit fut non pas la dyslexieMais une quotidienne et fastueuse insomnie.Il lit des livres lentementTel un langoureux amantDes mots, des idéesDes tournures de phraseDont il prend des notesAvec grande félicitéAuxquelles il donnera dans le futurGrande emphase.En un mot voilà mon ami MarioAuquel je m'attache avec un certain brioOui qui me fait découvrir le fond de moi-mêmeEt me fait vivre comme un vrai bohème.
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Face au drame

J'ai le vague à l'âmeDit, langoureux, l'amer.Pas de quoi sonner l'alarme.Jette-toi à la mer...Non! Va prendre un coup solide,Tu te sentiras comme un bolide.Le gueux, malheureux, l'écouta.Assis au bar, seul, il absorbaVerre après verreTant et tant qu'il se mit à chanterÀ tel point que saoul il devint vert.Son ami déchanta, ne vint point le retrouver.Tout ceci pour dire que dans la vieIl ne faut compter que sur soiEt si l'on veut rouler sur l'or, dans la soie,Mieux vaut compter sur soi seul pour assurer sa survie.Encore là de la recette ne suis point certain,Assuré qu'un ami plutôt le sortira du pétrin.Joyeux, ensemble, ils feront la conversation,Jetant à babord toute, toutes les conventions,Faisant disparaître ainsi son lot de déceptions.Il se sent déjà, face à ce programme, le grand champion.
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Les erreurs passées sous silence

Soliloque

Sous la dictée, à la va-vite,
Il est bien rare que j'évite
De porter atteinte à des mots.
Ne m'en rends pas compte aussitôt.

En retrouvant, par pur hasard,
Parfois plusieurs années plus tard,
L'un de mes propos sur les ondes,
Un désenchantement m'inonde.

Or aucun ami virtuel,
Commentateur habituel,
En dépit de sa compétence,
M'y fit voir une négligence.

Je pense au sévère Boileau
Qui avait le culte du beau.
Il recommandait la critique,
Venue d'un ami authentique.

Corriger n'est pas geste aisé.
Certains n'osent rien proposer.
Les vaniteux imprévisibles
Pourraient paraître hypersensibles.

20 février 2016

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