Biennale de Saint-Brieuc, côtes d'Armor, Le Regard des Autres, samedi 15 octobre de 10h à 20h, sur les différents sites.
http://http://www.leregarddesautres.org/Bescond-beatrice_132.html
Biennale de Saint-Brieuc, côtes d'Armor, Le Regard des Autres, samedi 15 octobre de 10h à 20h, sur les différents sites.
http://http://www.leregarddesautres.org/Bescond-beatrice_132.html
Ecrire avec la lumière,
toutes les couleurs solaires,
arc-en-ciel dans le feu,
terre devenue chaude,
incroyablement bleue.
Puis,
insolente, percutante,
sur votre absence hurlante,
brûlante et accablante,
redouble d'audace,
de violence et d'intempérance
la rebelle ondée claire.
Océan au lieu et place
de notre toute petite
terre, l'éphèmère, la trop
lourde, qui tourne bien
trop rond, en rond
tout le temps.
Equilibre précaire.
Ecriture; pleine mer,
vague à l'âme, vertige, insomniaque
chagrin, des yeux immenses.
Puis,
découverte de son sommet;
rencontre d'un monde partageable,
respiration large,
Ile musicale,
écriture.
L'épure de soi,
plénitude.
Esquisse de Arlette A.
Chapeau d'écailles et d'anémone
Sous son charmant chapeau d’écailles et d’anémone,
Ma belle berce le feu, la terre, l’air et l’amer.
A ses pensées intimes, elle consent aumône
D’un petit air gêné dont elle est prisonnière.
Combien je peux l’aimer, si fragile et lointaine
Sous son kimono soyeux de roses bleutées !
Ses soupirs, doux zéphirs d’ailes de phalènes
Dévoilent les trésors de son décolleté.
A. Godfrin
Chers amis
Vous aurez sans doute du plaisir à retrouver cet émouvant poème que j'aime tant.
Et s’il revenait un jour
Que faut-il lui dire ?
- Dites-lui qu’on l’attendit
Jusqu’à s’en mourir…
Et s’il m’interroge encore
Sans me reconnaître ?
- Parlez-lui comme une sœur,
Il souffre peut-être…
Et s’il demande où vous êtes
Que faut-il répondre ?
-Donnez-lui mon anneau d’or
Sans rien lui répondre…
Et s’il veut savoir pourquoi
La salle est déserte ?
-Montrez-lui la lampe éteinte
Et la porte ouverte…
Et s’il m’interroge alors
Sur la dernière heure ?
- Dites-lui que j’ai souri
De peur qu’il ne pleure…
(Maurice Maeterlinck)
« Au théâtre, il n’y a rien à comprendre, mais tout à sentir. » Louis Jouvet
Dans cette Mamma Medea, au titre si innocent, nous assistons à un bombardement de sensations à vif et à un plongeon dans les enfers brûlants de la passion sauvage, de la barbarie élevée en mode de vie et des sentiments contradictoires portés à leur incandescence. Le théâtre du Rideau nous emmène dans une interprétation fulgurante des paroxysmes délirants du vieux mythe de la sauvage Médée, réénergisé par l’écriture bouillante de l’auteur flamand Tom Lanoye.
Une figure littéraire remarquée et estimée à travers toute l’Europe. Le génie du verbe y est, est-il un héritier de Hugo Claus ? La puissance évocatrice du texte est incomparable. Il y a une richesse verbale volcanique et une violence inégalée dans les souffrances des protagonistes qui captive l’attention. La traduction française est splendide. Le texte en langue originale, moins sauvage parce que silencieux, clignote comme à l’opéra. Une guitare et des chants multilingues constituent quelques pauses méditatives bienvenues. La musique n’adoucit-elle pas les mœurs ? La mise en scène est d’une liberté et d’une férocité incontestables. Tout est dans l’affect déversé sur le plateau comme le chaos de notre monde. Mais rien ne sert de décrire le spectacle en long et en large, il faut aller sentir de tout votre être, si vous osez, cette production théâtrale tout-à-fait hors du commun. La distribution est sans faille et chacun des personnages est à la fois grandiose, à l’échelle des dieux mythologiques, et dramatiquement vulnérable et humain. Down to earth.
L’histoire :
Nous sommes en Colchide chez le roi Aeétès, un tyran barbare. Jason et ses compagnons Argonautes sont venus récupérer la toison d’or gardée par un serpent aux mille yeux. Le héros grec doit d’abord subir une épreuve apparemment insurmontable, celle de dompter deux terrifiants taureaux aux pieds d’airain, de labourer un champ sacré consacré à Arès, semer dans ce champ les dents d’un dragon et tuer l’armée de guerrier géants qui en sortirait. Médée, la fille du roi et la nièce de Circé devient follement amoureuse de Jason et trahissant son père, aide Jason par ses conseils avisés. Le défi téméraire réussit à Jason mais le roi a juré de se venger et de l’exterminer avec ses compagnons. Médée endort le serpent gardien de la toison d’or par son chant magique et s’enfuit avec Jason vers Iolcos, en Thessalie. Elle lui fait tuer son propre frère Absyrtos lancé à sa poursuite par le roi de Colchide. Pour éloigner la malédiction qui les poursuivra après un acte si atroce, les deux amants n’hésitent pas à procéder à un rituel barbare sur les marches du temple d’Artémis. Après un séjour tumultueux à Iolcos où Médée se livre à toutes sortes de crimes par amour pour Jason, Jason finit par être chassé. Médée, Jason et leurs fils trouvent refuge à Corinthe auprès du roi Créon. Mais Médée sombre dans la folie, car Jason a décidé de la bannir et d’épouser Créuse, la fille du roi Créon. Répudiée, bafouée et désespérée, Médée assassine Créuse en lui tissant une robe assortie d’un diadème en or qui se transformeront en flammes au premier essayage. Le père périt dans les flammes en voulant sauver sa fille. Jason est fou de rage. Une querelle dévorante poussera Médée et Jason à assassiner leurs propres enfants.
La tragédie antique a été tordue et rendue à notre échelle actuelle. Elle secrète avec force la profonde douleur des déchirements intimes pour fabriquer une œuvre théâtrale vibrante et totalement bouleversante.
Du 11 au 29 octobre 2011
Avec : Anne-Claire, Claire Bodson, Adieb Drumel, Pierre Haezaert, Francesco Italiano, Philippe Jeusette, Nicolas Legrain, Mathilde Rault, Yannick Renier, Fabrice Rodriguez et les enfants Jules Brunet, Arthur De Waele, Tibo De Waele, Balthasar Monfè |
mise en scène Christophe Sermet Photos de : ©Marc Debelle |
dossier pédagogique: http://www.rideaudebruxelles.be/saison1112/mamma/files/DS_mamma.pdf
Lieu : Au Kriekelaar - Rideau de Bruxelles
86 rue Gallait 1030 Schaerbeek - 02 737 16 01
http://www.rideaudebruxelles.be/index.php
Une exposition présentée aux Galeries nationales du Grand Palais, Paris (5 octobre 2011 - 16 janvier 2012).
Publié le samedi 8 octobre 2011
Il aura fallu cinq années, pour que ce projet coréalisé par la Réunion des Musées nationaux, le Museum of Modern Art de San Francisco et le Metropolitan de New York voit le jour. L’exposition de Paris vient s’intercaler entre les deux étapes américaines et présente près de 200 œuvres, dont plusieurs tableaux emblématiques, revenus un siècle plus tard sur les lieux de leur naissance…
D’origine américaine, la famille Stein s’installe à Paris au début du XXe siècle. Premiers acheteurs de Matisse et de Picasso, ils accueillent chez eux toute l’avant-garde artistique et constituent ainsi une des plus étonnantes collections d’art moderne.
La collection des Stein réunit un ensemble exceptionnellement novateur pour l’époque, qui sera essentiel pour la réception de l’art français en Amérique, et à l’origine de bien d’autres collections par la suite.
L’exposition revient sur l’histoire de cette famille hors norme. Elle éclaire l’importance de son patronage pour les artistes et montre comment elle a contribué à imposer une nouvelle norme en matière de goût dans l’art moderne.
Les appartements des Stein deviennent des salons prisés du Tout-Paris artistique : étrangers de passage, intellectuels et artistes parisiens s’y pressent afin de voir surtout les œuvres des deux champions de la collection – Matisse et Picasso.
Leurs regards à la fois impliqués, renseignés et ingénus d’Américains dégagés des conventions établies, ont incontestablement soutenu et stimulé les artistes dans leurs recherches les plus radicales.
Braque, Apollinaire, Picabia, Duchamp, Man Ray, Gris, Laurencin, Masson, mais aussi les écrivains américains, Hemingway, SherwoodAnderson, Fitzgerald… s’y croisent et y découvrent La Joie de vivre et leNu bleu de Biskra de Matisse, Le Garçon au cheval et Les Trois Femmes de Picasso, le Portrait de Madame Cézanne de Cézanne et les tableaux de Renoir ou de Gauguin.
Cette exposition événement s’articule autour de chacun des membres de cette fratrie et des artistes qu’ils ont accompagnés : Leo, artiste et intellectuel réunira quelques uns des tableaux les plus radicaux et avant-gardes de l’époque, puis se tournera vers Renoir et Cézanne. Sarah, l’écrivain, sera proche de Picasso et soutiendra dans les années 1920-1930 la production "post-cubiste" de Gris, Masson, Braque… Michael et Gertrude deviendront des proches de Matisse.
Cette importante manifestation réunit un ensemble exceptionnel d’oeuvres des différentes collections des Stein : Renoir, Cézanne, Picasso, Matisse, Manguin, Bonnard, Vallotton, Laurencin, Gris, Masson, Picabia….
Catalogue de l'exposition "Cézanne, Matisse, Picasso, l'aventure des Stein" présentée au Grand Palais, Paris (5 octobre 2011 - 16 janvier 2012).
D'origine américaine, les Stein s'installent à Paris au début du XXe siècle. Gertrude (1874-1946) écrivain d'avant-garde avec son frère Leo (1872-1947) au 27 rue de Fleurus. Michael, l'ainé, avec son épouse Sarah, résident rue Madame.
Premiers acheteurs de Matisse et de Picasso, ils accueillent chez eux toute l'avant-garde artistique et constituent ainsi une des plus étonnantes collections d'art moderne.
Picasso, Matisse, Braque, Apollinaire, Man Ray, Gris…mais aussi les écrivains américains, Hemingway, Fitzgerald…s'y croisent.
Le catalogue revient sur l'histoire de cette famille très surprenante. Il éclaire l'importance de son ascendant sur les artistes de l'époque. Il montre comment elle a contribué à imposer une nouvelle norme en matière de gout dans l'art moderne, que ce soit à travers le regard de Leo sur les sources de la modernité, ou dans ses échanges avec des intellectuels de l'époque. L'amitié de Gertrude avec Picasso, ses projets échafaudés pour soutenir dans les années 1920-1930 la production "post-cubiste" de Gris, Masson, Braque…
> Détails de l'exposition sur ArtActu.com
Artiste : Collection Stein
Auteur(s) : Ouvrage collectif sous la direction de Cécile Debray
Date parution : 05/10/2011
Dimensions : 290 x 250
Editeur : Editions Rmn-Grand Palais
Format : Ouvrage relié sous jaquette
Langue : Français
Nombre de pages : 456
Poids : 2.634 kg
Technique(s) : 455 illustrations
Chorale en solitaire,
depuis l'enfance je chante,
impatiente et lente,
toujours là, puissante.
Dans ma tête en fête,
poussent et grandissent
des roses pourpres,
des oeillets de poète,
des lilas multicolores,
des raisins d'or et puis
des mots de toutes les
couleurs, violents ou tendres,
nus, plus jamais à l'abri.
Mine de rien ; de l'or.
Alchimie.
Musique du langage alors,
lorsque naissance il y a.
Jardinage cérébral,
paysagisme,
fleurs noires ou bleues,
voix de l'écriture,
l'eau des yeux parfois,
chaude et précieuse ;
faim de vivre qui dure.
Chemin d'encre.
Don de soi.
Mon professeur de « maths modernes » – comme on disait à l'époque – avait dessiné au tableau deux pommes de terre, qu'il appelait « ensembles ». Il leur avait donné un nom: A et B. Il nous avait ensuite fait remarquer que ces pommes de terre ne se touchaient pas, qu'entre elles, il n'y avait que du « vide ». Cela n'a pas raté: j'ai levé mon doigt et j'ai demandé comment deux pommes de terre pouvaient être « ensemble » en étant si loin l'une de l'autre. Tarif: cinq pages de rédaction. Elles arrivent trente-trois ans en retard, zut alors...
Déjà je me dédouble.
Je t'ai laissé sur un sourire il y a quelques minutes à peine: je conduis, mes amies papotent, je leur réponds, elles sont intarissables, nous rions ensemble.
Nous sommes tout à notre joie. Retrouvailles, soirée entre filles « comme au bon vieux temps » - qui à la réflexion n'est pas si éloigné que cela - et je ne pense qu'à toi. Si tu savais comme je ressens l'éloignement, comme un fil de rien qui s'allonge à l'infini. Si tu pouvais sentir cela, ce goût de « comme je voudrais tant être restée », et si tu pouvais ressentir aussi comme je suis heureuse d'être avec vous, mes amies.
Et j'entends mes sœurs de ce soir annoncer la couleur. Il y a des cohortes d'hommes dont le nez va chatouiller, les oreilles tinter... Le trio infernal est de sortie: tiens-toi bien, samedi-soir-sur-la-terre: mes amies et moi allons refaire le monde de fond en comble, personne n'échappera au grand nettoyage de printemps. Vider les esprits, satisfaire les ventres, boire un peu, parler beaucoup, rire encore plus, dire du mal, vae victis... Et toi mon homme que je viens de quitter je t'imagine comme tu étais, jambes allongées dans le canapé en train de lire ton livre, mon Dieu comme ton sourire m'a enveloppée de douceur quand tu m'as dit « amuse-toi bien », ainsi donc je vais passer toute cette soirée à te regarder lire comme si j'y étais, alors que je suis ailleurs, tellement ailleurs, avec vous mes amies, dont les propos « no limit » pétillent déjà dans mon ventre?
Je n'ai pas vu passer l'apéritif. Nous étions trop occupées à faire notre revue de presse: tout ce que ni msn, ni facebook, ni nos portables n'avaient pu nous dire depuis notre dernière sortie. Trois complices qui règlent leurs montres avant un casse. Ainsi les conversations qui suivent pourront être chargées de tous les sous-entendus possibles et imaginables: c'est notre espéranto personnel.
Je t'avais demandé pourquoi tu ne profitais pas de la soirée pour sortir de ton côté toi aussi. Mais tu avais laissé fuir un « non » discret. Tu voulais lire, dormir, m'attendre.
M'attendre? Veiller jusqu'à ce que je rentre?
Pas spécialement, m'avais-tu dit tout bas. Juste être là, m'entendre rentrer, m'approcher, dire d'un ton voilé par la fumée – et peut-être un verre de trop – que je m'étais bien amusée, avant de me serrer toute froide contre toi tout chaud, et rester ainsi. Je te voyais comme je te quittais et déjà l'image de mon retour était là, à ma disposition.
Pour l'heure je m'amuse tellement. Nous jouons à saute-moutons de fou rire en fou rire, je m'amuse comme rarement je me suis amusée. L'alcool m'aide un peu, c'est vrai, il teinte nos propos de quelques mots d'esprit qui ne parlent qu'à nous, mais qu'importe, c'est notre soirée. Il n'empêche que je me demande ce que tu fais.
Monsieur de Balmain. Parfum frais et citronné, si chaud quand tu le portes. Tu es bien le seul homme que je connaisse à prendre une douche rien que pour le plaisir, juste avant de te plonger dans un roman. Mais j'adore cela et jamais je ne t'ai trouvé plus désirable qu'ainsi, ce soir, concentré sur ta lecture, le corps au repos, couvert d'un simple pantalon de toile et d'un sweat-shirt écru. Pieds nus comme en été. Oh oui, détourner ton attention serait un défi d'une extrême délicatesse, et je m'y serais employée avec de superbes lenteurs...
Et toujours nous papotons. Mes sœurs de soirée et moi portons l'estocade à tous les hommes de cette planète. Comme elles, je les abreuve de détails croustillants sur mes ex. C'est à peine si elles remarquent que je ne parle pas de toi. Juste des autres.
Car mon ventre ne m'a pas vraiment lâchée depuis l'apéritif. Le vide que j'ai ressenti en m'éloignant de toi, le vide que ton sourire a réchauffé quelque peu, ce vide se creuse plus fort maintenant, tandis qu'il envahit mes membres, gagne progressivement du terrain, comme un produit de contraste que l'on m'aurait injecté avant un examen médical, mais qu'est-ce que je raconte, moi, je ne suis pas au sous-sol dans une grande machine, je suis au resto...
...et je ris tant et plus. Mes voisines, mes amies, mes sœurettes, vous n'y voyez que du feu mais j'en aurais bien besoin, moi, de feu, tant je me sens glisser vers ma tempête intérieure qui s'appelle le manque de toi mon amour, sais-tu à quel point je peux être gaie et riante pour mes compagnes de table et tout à la fois tendue vers toi comme si j'étais défoncée à l'héro?
Oh mon Dieu, est-ce bien moi qui ai pensé cela? Oui je suppose alors que j'éclate de rire rien qu'à vous entendre mes deux amies mais ce sont vos voix qui me font rire, pas vos propos, enfin pas vraiment, je communie avec vos voix déchaînées, mais ma conscience se perd dans le manque que j'ai de toi mon homme, et je bénis vos cris à toutes les deux, car si à l'instant même j'entendais ta voix, toi qui es à l'origine de mon manque, responsable et coupable, je te violerais à l'instant.
De la musique autour de moi.
Vous m'annoncez « la dernière étape de la nuit ». Comme je m'y attendais je corrige mentalement: l'avant-dernière étape. Mais vous n'avez rien remarqué: le manque de toi achève de m'envahir et en même temps c'est mon manque perso, celui que j'apprivoise même si à chaque seconde il m'emporte plus loin de vous, et moi aussi sous les coups sourds de la musique, j'achève de vous rejoindre pleinement, je suis double vraiment, toute à notre fête et tout près de toi toute à toi. Vais-je redevenir une seule et même personne quand viendra le jour? Je me permets d'en douter. Je m'autorise à t'aimer. À te faire la confiance suprême.
Je viens de dire quelque chose de très important.
C'est mieux qu'une douche froide: je viens de plonger un instant sous la banquise. Le vide de toi achève de me faire reprendre conscience. Et dans le brouhaha j'achève de me rassembler.
Je sais maintenant.
Je suis la seule à pouvoir transfigurer le manque. Et le temps presse. Je vous plante là mes amies, à plus tard, rassurez-vous je vous expliquerai. Je rentre à la maison.
Tu ne dormiras pas, j'en suis sûre. Nous avons toujours été connectés, n'est-ce pas? Tu as dû ressentir ce que je ressens, je crois même que tu as eu mal quand j'avais mal.
Je crois, je sais que depuis que je suis partie, c'est à peine si tu as pu lire.
Oh, bien entendu, tes yeux ont virevolté sur les lignes. Les pages ont tourné. Mais je suis prête à parier que tu n'as rien retenu. Que tu vas devoir relire tout cela, plus tard.
Ton esprit était ailleurs.
Avec moi.
Nous étions dans le vide qui s'étendait à l'infini entre nous, entre nos âmes entre nos corps. Et l'un et l'autre sont appelés maintenant l'un vers l'autre, notre valse se termine, et comme deux corps célestes qui arrêteraient de tourner nous ne pouvons que nous rapprocher maintenant.
Je vais te retrouver comme je t'ai laissé, car c'est pour moi que tu t'étais fait si désirable, sans rien me dire. Tu m'as laissé m'en aller pour m'amuser, mais je reviens vers toi et notre manque à nous va mourir disparaître s'effacer car nous allons être un deux trois je compte jusqu'à trois j'arrive près de toi j'ouvre la porte dans l'urgence de te voir et: oui tu es comme j'imaginais tu n'es même pas surpris sais-tu donc ce que je vais te demander? Oui tu le sais, je lis dans tes yeux.
Fais-moi un bébé.
C'est un recueil qui m'est cher et m'a coûté une partie de ma santé mais je ne regrette pas de l'avoir écrit et, de ce fait, préservé.
Femmes
Les femmes-éoliennes au soleil
Déploient comme autant de flambeaux
Leurs chevelures et bannières.
Sur les flots, les femmes-marines
Voient perler à fleur de duvet
Les embruns salés de la vie.
Derrière les fards chimiques de l'industrie mortelle,
Les femmes-vitrines cachent leur pâle visage
Dans les villes embrumées
Et les femmes de bois desséché
Au désespoir parcheminé
Hantent les longues nuits des Maisons de la
Fin.
Comme mes autres recueils on peut facilement se procurer celui-ci sur le site internet de la FNAC.
Bonne lecture à vous.
M.S.
Je me demande, ce matin,
D’où venait, où ira ma muse.
Ce ne fut jamais une intruse;
Elle m’assista, c’est certain.
Toujours présente et chaleureuse,
Elle célébrait la beauté;
Lors, je me sentais exister,
Portée par une vague heureuse.
Durant mon long pèlerinage,
Quand mon être était douloureux,
Elle avait le don fabuleux
De rendre ma tristesse sage.
Elle me rapporta de France,
L’héritage des troubadours,
Surtout de jolis chants d’amour
Emplis de foi et d’espérance.
Ma muse ne transcende pas.
Elle prend ce que la vie donne.
A cappella, elle fredonne,
Sait danser mais ne vole pas.
Vivant désormais dans l’absence,
N’ai plus le goût d’être tentée.
Mon amie devra me quitter.
J’apprivoiserai le silence.
11 octobre 2011
Ah si vos lèvres pouvaient un jour me découvrir,
entrouvrir un peu les miennes, puis faire chanter
nos rires !
Si elles pouvaient enfin fouiller, sans discontinuer, mon
corps ému, un peu perdu, délier mes gestes et puis mes
mots, incendier toute ma tête.
Peut-être qu'alors en jaillirait un livre, de toutes les couleurs,
considérable et fou ?!?
Cet enfant, dont la mère serait la terre et le soleil le père.
Un amour voyez-vous, n'est pas moins que cela !
Du côté d'Agde, dans le sud de la France, au milieu des dunes de la Tamarissière, il y a un vieux tronc échoué complètement blanchi par l’eau, le sel, le vent et le soleil. Sur son flanc quelqu'un a sculpté une tête...
Durant plus de trois cent ans,
Baigné d’obscurité et de sève,
Mon cœur se nourrissait du sang
De ce colosse de bois planté droit.
Arraché, traîné, rejeté puis gisant
Maintenant sur un linceul de sable,
Le vent ne berce plus mes rêves,
Il pleure autour de mon tombeau.
Le sel a givré mes dernières larmes,
Lentement mon cœur s’est tari.
Mon corps livide s’est figé
Épousant ce grand cadavre allongé.
Et dans cette arche funèbre,
Mon âme pleure et se lamente
Caressant de son souffle muet
Ce fœtus prisonnier de ces flancs écorchés.
28 août 2009
Noël 2009, plus de trace du tronc dans les dunes de La Tamarissière... peut-être est-il parti ainsi que "Le bateau ivre" de Rimbaud...
N’ai pas le besoin de bouger;
La paresse à nouveau me tente.
La douceur du jour me contente.
Je ne serai pas dérangée.
Une immense fleur s’ensoleille.
Or, je ne me sens pas gâtée
Par cet autre don de beauté.
Ma sensibilité sommeille.
Le silence me satisfait;
Il permet cet instant de grâce.
Immobile, je me délasse,
Dans un confort quasi parfait.
J’accueille la sérénité,
Qui élimine les défis
Aussi l’envie de fruits confits.
Est tendre ma réalité.
10 octobre 2011
Il s’agit d’un essai autobiographique de Marcel Jouhandeau (1888-1979), publié à Paris chez Gallimard en 1947.
C'est une entreprise étrange - voire inouïe - à laquelle se livra Marcel Jouhandeau en composant (peut-être sur la suggestion de Jean Paulhan, à qui l'ouvrage est dédié) cet Essai sur moi-même.
L'égotisme empruntait d'ordinaire la voie du journal, des Mémoires ou de l'autobiographie plus ou moins romancée. Pour la première fois, un écrivain recourait pour se dire à une démarche analytique et non historique.
Neuf chapitres se succèdent, suivis d'un Épilogue. Les trois premiers sont consacrés à la «genèse de l'oeuvre»: il s'agit d'abord des modèles vivants dont part le conteur (les gens de Guéret, alias Chaminadour; sa famille) et la constitution à partir de ces éléments de personnages types (chap. 1); on en vient ensuite aux circonstances qui firent de Jouhandeau un écrivain, aux ouvrages détruits et à ceux conservés, puis publiés (2); ainsi l'oeuvre s'est édifiée autour de trois figures, qui reflètent le créateur: Théophile, M. Godeau, Juste Binche, et chacun de ces personnages a entraîné avec lui un «cycle». Il est vrai que cette littérature n'est pas innocente, que l'auteur s'approche, avec ses créatures, du mal, au risque de s'y perdre, et fait dans ses livres la roue à la manière d'un «paon infernal» (3). Cela nous conduit à la théologie: commentaire très original et très narcissique de la Genèse (4), évocation des rapports singuliers de l'écrivain avec Dieu (5). Nous revenons ensuite à l'humanité. Les autres: jeunes, pauvres ou riches (6), les enfants auxquels Jouhandeau enseigne dans son collège le français et le latin (7). Les rêves du créateur, emplis de fantastique et de grotesque attestent son profond déséquilibre, dont se nourrissent ses fictions. Trois «garde-fous»: le métier de professeur, la correspondance quotidienne avec sa mère, le mariage (8). Enfin, une série de considérations sur le style et le métier d'écrivain, qui ressemble à une montée au calvaire terrible et souhaitée à la fois (9). L'Épilogue est constitué d'un «carnet de l'amateur de visages», réflexions sur les corps apperçus, les visages, la nuque, la «place de l'âme».
Chaque chapitre est composé, à la manière des Caractères de La Bruyère, d'une suite de fragments, dont le rapport n'est pas toujours évident. Il faut le chercher comme il faut méditer sur la composition générale: elle signifie clairement qu'aux yeux de Jouhandeau l'essentiel de sa vie et de sa personnalité est l'acte d'écrire. La réalité qui inspire, les circonstances qui aident ou entravent l'oeuvre, son organisation autour de la figure démultipliée de l'écrivain lui-même, ses secrets mystiques, ses rapports difficiles avec les autres, en particulier avec ses élèves, tout cela conduit à l'essentiel: les rêves et le style. Au centre, Dieu comme le tronc de l'arbre (métaphore familière à Jouhandeau). Avant, l'anecdotique et l'historique. Ensuite, les âmes. Enfin, leur présence et leurs métamorphoses dans les rêves et dans l'écriture proprement dite. Itinéraire original, qui signifie que Dieu est l'intermédiaire imposé, qui transfigure le réel en obsessions et en oeuvres d'art.
Les historiens de la littérature, les biographes de Jouhandeau peuvent assurément chercher dans cet essai toute une moisson de confidences et de documents, qui éclairent sa vie et sa vocation. Trois éléments se discernent, plus ou moins bien conciliés: un réalisme absolu, l'attention à tous les détails, à toutes les petitesses de la vie; un mysticisme très étrange, où se mêlent une totale fidélité à la lettre des Écritures et à la tradition cléricale, et une absolue hétérodoxie, limitrophe souvent du satanisme; enfin une fièvre narcissique bien au-delà de ce qu'on peut baptiser la complaisance ou l'orgueil. La folie n'est pas toujours bien loin; le sadisme s'unit à la charité; le dégoût de soi-même à la pure forfanterie; l'abnégation au luciférisme. Faut-il ne voir dans ces contradictions que des échos d'un drame fort simple et ici inavoué - l'homosexualité dans un milieu catholique? N'est-il pas plus enrichissant d'apprécier l'extrême sincérité (non dénuée d'humour) avec laquelle Jouhandeau présente les insolubles difficultés où il se débat, indispensables peut-être à la création littéraire en laquelle elles s'annulent comme dans une transcendance?
3 683 940 € Pour la fabuleuse collection d'art forain de Fabienne et François Marchal
Patrimoine et modernité Un couple sous haute tension ? tel est le thème du débat organisé dans le cadre du Salon du Patrimoine par l’Association des Journalistes du Patrimoine et animé par Laurence Thiriat (France TV et ARTE) et Serge Van Den Broucke (Revue Atrium Construction)
Vendredi 4 novembre 2011 de 11h à 12h30 au Studio-Théâtre de la Comédie-Française au Carrousel du Louvre
Avec la participation de :
Jacques Ferrier : architecte, ingénieur diplômé de l’École centrale Paris. Concepteur de la « ville sensuelle » au
pavillon français de l’exposition Universelle de Shanghai.
François Loyer : historien de l’architecture contemporaine, ancien président de la Commission du Vieux Paris. Membre de l’AJP.
Pierre Yves Caillaut : architecte en chef des monuments historiques, responsable de la restauration du château de Lunéville.
Un débat qui posera clairement la question de la place du patrimoine dans la ville de demain et de son évolution face à la réglementation. Comment les communes feront-elles pour le préserver en résistant si possible aux tentations d’un urbanisme ravageur ? Face à la pression urbaine, quel choix faire qui nous engage pour l’avenir ? Doit-on tout préserver et que faire alors de ce patrimoine ? Les citoyens auront-ils leur mot à dire ?
Vision des architectes chargés de nos cadres de vie, paroles de citoyens, analyse de responsables du patrimoine, tous nous apporterons leur point de vue.
Un débat sans langue de bois, avec des personnalités de renom, qui nous permettra de mieux comprendre les enjeux qui se poseront à nous demain.
Entrée Libre