Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Toutes les publications (109)

Trier par

Un jour sur la terre JGobert.

L’histoire débute un soir d’été. Les rues de la ville sont illuminées et les passants bruyants déambulent sur les trottoirs. Aux terrasses festoient des groupes d’amis, des couples, des amoureux. Des parfums agréables se faufilent partout et la gaité est de mise. La nuit est belle, le ciel parsemé d’étoiles et Marie savoure cet instant unique.

Marie vient de la campagne. Elle y est née et sans son inscription dans cet établissement célèbre, elle serait restée loin d’ici. Sa vie est simple. Elle aime sa famille. Dans sa campagne, elle parcourt les sentiers, les jolis bourgs fleuris, et se laisse guider par le petit ruisseau scintillant. Ses jeux sont souvent les mêmes, découvrir, regarder, admirer la beauté de ce qui l’entoure. S’en imprégner et en apprécier la moindre parcelle de couleur, le moindre fragment de vie, la moindre odeur. Toutes ses beautés qu’elle ne peut oublier.

Depuis peu, elle habite un petit meublé, au deuxième étage, dans une rue un peu triste. L’escalier est vieillot et craque sous ses pieds. L’intérieur lui plait. Avec quelques décorations, il est acceptable. Depuis son installation dans cette ville tentaculaire, elle est un peu perdue et cherche de nouveaux repères. Ses nouveaux amis sont gentils, déjà intégrés à cette cité et laissent Marie à ses découvertes, à ses beaux songes. Sur son joli visage se lit la douceur, la candeur d’une jeune fille innocente.

Marie a laissé sa famille là-bas et reste connectée à eux grâce à ce petit Gsm offert par sa mère. Il est bien pratique. Marie s’en sert et relate les détails de sa nouvelle vie, son établissement, ses cours, ses professeurs. Elle en profite pour raconter ses visites aux musées de la Capitale et s’enflamme dans ses récits. Elle voit à chaque sortie des merveilles. Des kilomètres de galerie à explorer, à découvrir, à savourer. Elle se sent l’âme d’une artiste.

A l’entrée d’un musée, son attention est attirée par un artiste de rue. Lui aussi se sent l’âme bohème et pour gagner quelques sous, dessine sur un vieux chevalet des visages au fusain. Ses portraits sont justes, précis et gracieux. Ses rares clients sont en général ravis de ce qu’ils voient. Viendra un temps où il sera célèbre. Marie le regarde chaque jour avec presqu’envie. Transcrire, calligraphier ainsi la vie lui plait.

Ses études sont sérieuses. Elle s’y prépare depuis un moment. Sa réussite à l’examen d’entrée l’a renforcée dans le déroulement de son avenir. Elle est tenace et va y arriver. A la sortie des cours, Marie se hâte et inconsciemment se dirige vers cette entrée de métro qui va la transporter vers ce musée. Aujourd’hui son emploi du temps la laisse libre. Elle y va donc le cœur léger.

Le jeune peintre est là. Il s’active avec un client. Quelques instants encore et il sera libre. Marie l’observe sans se faire remarquer et reprend sa route de découverte vers cette galerie qu’elle affectionne tant, devenue pour elle un lieu de promenade.  Quelques pas feutrés se font entendre et arrivé à son hauteur, le jeune peintre se met à développer la magie des œuvres exposées.

Une belle complicité s’installe, des rires, des sourires et l’après-midi défile. Le peintre s’appelle Thomas et le plus simplement du monde donne rendez-vous à Marie un soir. Ce sera un soir exceptionnel. Le temps est de la partie, les terrasses sont bondées, des touristes un peu partout et l’ambiance est à la fête. C’est son premier rendez-vous avec un inconnu.

Thomas est étudiant aux beaux-arts et se destine à une carrière artistique. Il attend Marie à l’angle d’une rue piétonne. La nuit est tombée. Elle a pris possession des lieux. Elle dissimule les alentours et les rend mystérieux. Un soir d’été sur la ville. Marie est là, silencieuse, depuis quelques secondes. Thomas est ravi et l’emmène vers un petit bar entrouvert sur une terrasse.

Une belle histoire commence. Les deux jeunes gens s’émerveillent, s’étonnent, se découvrent et un petit baiser les lie pour un instant. Le soir d’été a rempli son rôle. Il savoure ce rendez-vous, heureux de percevoir l’amour, le bonheur naissant entre deux jeunes êtres.

Soudain, un bruit inaccoutumé venu d’outre-tombe se fait entendre. Autos, motos, pétarades, déflagrations, détonations, bruits sourds, cris horribles, hurlements déchirants, gémissements, lamentations, silence.

La fin funeste d’un beau soir d’été.  

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

Extrait du discours de Patrice Lumumba le 30 juin 1960

« Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire.

Nous avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou de nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers. Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres.

Qui oubliera qu’à un noir on disait ‘Tu’, non certes comme à un ami, mais parce que le ‘Vous’ honorable était réservé aux seuls blancs !

Nous avons connu nos terres spoliées au nom de textes prétendument légaux, qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort.

Nous avons connu que la loi n’était jamais la même, selon qu’il s’agissait d’un blanc ou d’un noir, accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres. »

https://nofi.fr/2017/09/patrice-lumumba/42817

 L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes debout, salon et intérieur

 

Pertinent et percutant, Rémi De Vos croise  ici  un vaudeville modernisé portes ouvertes à tous vents, le théâtre de l’Absurde,  le pamphlet et le dîner de cons … pour obtenir un cocktail explosif qui sert de subtile métaphore  en noir et blanc, pour condamner  la société ultra-libérale,  dans son acception la plus péjorative. Tout en mettant en lumière  la faillite de la colonisation de l’Afrique, la pièce dénonce la violence qui donne au pouvoir et à l’argent tous les droits d’écraser, de maltraiter ou d’exploiter autrui et même …la planète où l’on vit.

 

2017. La pièce se déroule à Huis-ouvert sur la pluie diluvienne qui rend  la circulation impossible, autour d’une villa 2.0 dans une banlieue aisée de Kinshasa, où habite depuis 30 ans un couple d’expatriés sans enfants, Ruben et Mathilde, femme élégante, désœuvrée et esseulée.   Le cadre intérieur est frigorifiquement blanc… avant qu’il ne s’ouvre sur la noirceur de l’histoire. Référence obligée à Joseph Conrad et son roman  Heart of Darkness (Au cœur des ténèbres). Les personnages s’abreuvent régulièrement de whisky pour tenter de noyer l’absence de valeurs,  d’éloigner les catastrophes et gommer les énergies négatives.  Le malaise congolais  infuse.  Louise (Priscilia Adade) est au service du couple depuis deux ans. Elle est traitée par le maître des lieux …comme on ne traite pas les domestiques,   mais  avec bienveillance,  comme une secrète confidente par l’épouse.  Panthère (Jérémie Zagba) incarne un sien « cousin »,  avec lequel la jeune africaine prendra sa revanche sur sa servitude obligée.

 Il y a un couple invité de nouveaux-arrivants : Daniel et Corinne, qui ne s’accordent qu’en apparence, la cravate de l’un assortie au bleu roi de la robe de l’autre. Daniel désire ardemment rencontrer Paul Dyabanza (Ansou Dhiediou), un membre du gouvernement pour faire affaire  dans le créneau du caoutchouc. Les regards de Daniel (Benoît Van Dorslaer) dérivent sur la beauté sculpturale de Louise,  la domestique africaine, ridiculement montée sur stilettos,  par décision du patron. Daniel tient d’entrée de jeu un discours  totalement insupportable vis-à-vis de sa femme. Superbe répartition des rôles.

Philippe Jeusette campe un formidable Ruben, géant bruyant, aux pieds d’argile qui voit  progressivement ses espoirs de fortune fondre sous le ciel africain détrempé. Tout l’art de la redoutable palette de comédiens dirigés par Frédéric Dussenne sera de dégager au fur et à mesure une condamnation muette  et accablante de ces expats qui se croient tout permis, affolés par l’appât du gain ou le désir charnel exotique. Le spectateur se met rapidement à souhaiter  redonner une dignité aux africains dont les apartés en langue locale, les  regards et les postures en disent si long.    Dans ce jeu de souricière, les femmes européennes sont quelque peu épargnées. Toutes deux - l’une, blasée de la vie (Mathilde /Valérie Bauchau) et l’autre, (Corinne/Stéphane Bissot) d’une naïveté de Perette ou de Bécassine - savent quelque sagesse et  émotions humaines garder.  Toutes deux, dans des genres diamétralement opposés, sont rompues à un   langage corporel  extrêmement éloquent, le seul où elles se sentent un peu moins bridées.

Au cours de la rencontre, la tension monte et Paul Dyabanza en profite pour diffuser à doses de  moins en moins discrètes, des vérités de moins en moins agréables à entendre pour les deux bouffons blancs. « Ici, même quand sa famille a disparu, on lui reste attaché, Les morts sont aussi importants que les vivants » assène-t-il à Corinne, qu’il trouve plus acceptable que les autres expats, par son côté « peuple ». Une terrible phrase de Lumumba lui échappe : …. « Nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire. »

 L’auteur ménage soigneusement  jusqu’à la fin la montée en puissance des serviteurs de l’homme blanc, et la menace qui pèse sur l’avenir des Européens assoiffés de profit. Et la fin explose en  brillante  pantalonnade sociologique, aussi désopilante que cruelle et lucide.  

A souligner, les superbes jeux de lumière signés Renaud Ceulemans et la scénographie de Vincent Bresmal.

Du 12.09 > 14.10  Au THÉÂTRE DE POCHE

http://www.rideaudebruxelles.be/13-videos/680-botala-mindele

Écriture: Rémi De Vos
Dramaturgie et mise en scène: Frédéric Dussenne 
Avec Priscilla Adade, Valérie Bauchau, Stéphane Bissot, Ansou Diedhiou, Philippe Jeusette, Benoît Van Dorslaer, Jérémie Zagba.

Scénographie: Vincent Bresmal 

Crédit photos: Alice Piemme

http://www.rideaudebruxelles.be/

Du 17 au 21 octobre 2017
Aula Magna - Place Raymond Lemaire à 1348 Louvain-la-Neuve
Infos et rés. : 0800/25 325 - www.atjv.be/Botala-Mindele

 

 

Lire la suite...

Des couleurs pour les états d'âme

Alors que les émois que l'on éprouve, et les réactions qu'ils provoquent parfois, sont indiqués par des mots abstraits, des couleurs ont surgi pour les concrétiser.
La peur, la tristesse la colère, la jalousie, l'exagération, l'excitation, l'inquiétude, la honte, la stupéfaction, la méchanceté, l'ivresse, le mécontentement, la provocation, la naïveté, l'innocence, en font voir de toutes les couleurs.

Avoir une peur bleue
Broyer du noir
Lancer un regard noir
Voir rouge
Être dans une colère noire
Faire grise mine
Être rouge de honte
En rester bleu (stupéfait)
Être blanc comme neige
Ne pas sentir la rose
En voir ou en dire des vertes et des pas mures
Être dans le noir
Voir tout en noir
Être vert (trompé,)
Être gris
N'y voir que du bleu (se laisser tromper)
En faire une jaunisse (jalousie)
Être vert de jalousie
Se faire des cheveux blancs
Regarder d'un oeil noir
Avoir du bleu à l'âme (tristesse)
Tirer à boulets rouges
Agiter le chiffon rouge( provoquer)
Pousser au noir (exagérer)
Voir la vie en rose.

Certaines expressions langagières rendent rose de contentement.

8 octobre 2017

Lire la suite...

            REFLETS D’UNE AME QUI SE CHERCHE : L’ŒUVRE DE MIHAI BARA

Du 28-09 au 15-10-17, l’ESPACE ART GALERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050 Bruxelles) vous convie à une exposition axée sur l’œuvre du peintre roumain, Monsieur MIHAI BARA, intitulée REFLETS DE L’AME.

Les reflets de l’âme ont ceci de particulier qu’ils permettent, une fois exprimés sur la toile, sur la pierre ou sur la page blanche, la possibilité de briller sous l’astre de la folie créatrice. Cette folie trouve sa liberté dans l’étreinte unissant l’artiste au Monde. L’âme projetée sur l’espace scénique fait s’unir les rires, les fautes et les folies en devenant l’assise soutenant la comédie humaine.

L’univers de MIHAI BARA est constellé de créatures fantasmagoriques évoluant dans une atmosphère à l’esthétique ludique. Cet univers se caractérise par sa puissance constituée de couleurs vives, issues du fauvisme: rouge, vert, jaune, bleu à outrance dans une théâtralisation qui propulse le sujet au cœur du regard. L’artiste renoue ainsi avec l’héritage pictural du passé. Sur base d’une écriture néo expressionniste élégante, il aborde tout à la fois l’expressionnisme tourmenté de conception allemande classique ainsi que le primitivisme, au sens où les néo expressionnistes du début des années ’80 l’entendaient : un retour à la nature (à la fois le biotope et l’humain) par le biais du mythe exprimé par un chromatisme rappelant celui d’un Gauguin. Mais il y a aussi une volonté cubiste dans sa façon de « replier » ses personnages en plusieurs fractions dans la conception du volume, particulièrement en ce qui concerne les visages dans le but de les déformer. En cela, il redevient expressionniste dans la déformation critique de l’événement narré. Il est impossible pour le visiteur de passer devant n’importe quelle toile de l’artiste sans remarquer le traitement extraordinaire de la couleur nourrie d’une matière extrêmement travaillée. Un sentiment de « froissé » envahit le paysage. L’arrière-plan des toiles est généralement noir (ou foncé) visant ainsi à propulser le sujet du néant au devant du regard. La conception des visages est axée sur le modèle du « masque ». Un masque qui contribue à déformer le visage, amplifiant ainsi son humanité originelle dans un déchirement. Nous voyageons au cœur d’un carnaval absurde dans lequel grimaces, yeux exorbités et traits déformés redimensionnent l’humain en le replaçant au centre de sa propre tragédie. Néanmoins, le visage n’est pas le seul témoin du reflet de l’âme. Le traitement des mains participe également du portrait psychologique.

Elles assument le rôle d’alter ego par rapport masque dans son expression. Le sujet occupe la totalité de l’espace, à un point tel que la conception du volume, sous toutes ses facettes, confère à ce dernier des dimensions architecturales. A titre d’exemple, LES SILTIMBANQUES (100 x 100 cm-technique mixte)

12273251872?profile=original

présente un personnage dont le corps est l’édifice, partant de la base de la toile jusqu’à atteindre, par la tête et les mains, les limites du ciel.

Dans l’œuvre de l’artiste, comédie et tragédie se mêlent dans une distorsion qui fait de la forme le témoin de la condition humaine. Avec son visage atrocement déformé par le mensonge, LE MENTEUR (100 x 100 cm-acrylique sur toile)

12273252897?profile=original

se retourne dans toutes les directions pour semer ses calomnies. La torsion de gauche à droite et de droite à gauche se produit par duplications de la bouche, terminant le visage ainsi que par le regard coupé en deux, multipliant les axes directionnels, l’ensemble étant appuyé par un nez constitué de deux losanges séparés par une arête en diagonale, laquelle fracture le visage en une myriade de facettes au chromatisme vif, garantes du déséquilibre vital de l’œuvre. Seul le statisme de l’ensemble témoigne de la lucidité du menteur face à son mensonge. Car il s’agit de l’acte conscient de l’homme qui ment et non du délire pathologique du mythomane. Bien qu’il s’agisse de couleurs fauves, à aucun moment elles ne deviennent criardes ou agressives. Il y a chez l’artiste une véritable science des couleurs : quelle note utiliser, où la placer, comment la composer.

A CHAQUE FOU SON OISEAU (60 x 60 cm-acrylique sur toile)

12273252683?profile=original

est la fusion de deux folies, forgée dans l’image de l’oiseau pénétrant le visage de l’homme. Ici, le déséquilibre fait office d’assise : le visage se passe du corps pour tenir debout. A partir d’une dominante verte structurant à la fois le visage ainsi que l’oiseau et le point sur lequel le personnage est posé, quelques brèves notes jaunes, rouges et bleues éclatent ça et là, accentuant la folie de l’ensemble. L’arrière ainsi que l’avant-plan constituent une opposition chromatique forte entre le noir intense et le rose-ocre terreux. Aux dires de l’artiste, cette toile lui a demandé beaucoup d’essais. Le résultat est une peinture extrêmement travaillée. Nous avons ici un ensemble pictural répondant à l’esthétique primitiviste dans la pure veine du néo expressionnisme des années ’80.   

 

SAINT GEORGES EN TUEUR DE DRAGON (180 x 150 cm-acrylique sur toile)

12273257670?profile=original

L’artiste prouve sa connaissance de l’icône orthodoxe. Traduite dans son écriture personnelle, le corps du cheval ne se déploie qu’à partir de l’avant. Un bref raccourci laisse apparaître sa patte gauche arrière, provocant une intéressante variation rythmique. C’est à partir de cette variation rythmique que se produit le bond en avant de l’entité Saint Georges/cheval, assurant la victoire sur le dragon. On ne peut pas parler de « cinétisme » à proprement parler. Néanmoins, au fur et à mesure que le regard se promène sur la toile, des détails apparaissent (tels que les pattes avant du cheval émergeant d’un fond noir intense, esquissant le piétinement de la bête), mettant en exergue les particularités narratives de la mise en scène : Saint Georges résulte d’une stylisation issue d’une vision mystique. Son visage, mince se terminant en pointe est compris entre l’auréole et le vêtement (tous deux dorés) qui lui confèrent sa puissance. Nous retrouvons le jeu extrêmement parlant des mains stylisées. La droite tient les rennes du cheval. La gauche tient la lance qui transperce la bête. Cette stylisation des mains donne le sentiment que le Saint ne fait que tenir les rennes et la lance par le bout des doigts. Observez la façon dont la lance est tenue : on dirait l’archet délicat d’un violoniste. De même que son visage, tourné vers le ciel, atténue l’action guerrière pour atteindre la plénitude. La stylisation des rennes ainsi que de la lance participent du message mystique exprimant la victoire du bien sur le mal. La tête du cheval est conçue en un bloc compact tombant vers le bas. Le museau de l’animal définit la partie vivante de l’ensemble du corps (dont nous ne voyons, en réalité, qu’une partie). Par l’intrusion d’une fente faisant apparaître une série de dents puissantes serrant les rennes, l’artiste insuffle la vie à sa création. Nous retrouvons, ici encore, la puissance chromatique de l’arrière-plan noir faisant ressortir le sujet du fond d’un abîme originel. Le personnage de Saint Georges oscille entre histoire de l’Art proprement dite et l’iconographie chrétienne à but spécifiquement prosélytique. Ne perdons jamais de vue qu’au Concile de Nicée, en 787, l’art (plus exactement la présence de la figure humaine) ne fut toléré que comme vecteur d’enseignement théologique à destination du peuple. De conception théologique orientale, l’iconographie de Saint Georges a été particulièrement étudiée par l’art russe de tradition orthodoxe.

MIHAI BARA a parfaitement réinterprété cette culture iconographique et iconologique en jouant sur les composantes jaune/rouge qui dominent la composition. Le jaune : l’or – symbole de puissance depuis l’Antiquité classique et proche-orientale, parce que considéré comme métal incorruptible. Le rouge : symbole de chaleur, de feu régénérateur. Mais surtout, symbole du sang de la vie dans la mystique chrétienne. A certains moments de l’Histoire, le rouge devient pourpre, particulièrement dans la philosophie néo platonicienne, représentant l’image du pouvoir en relation avec la cherté du produit (la pourpre) extrêmement difficile à obtenir, que l’on extrait à partir d’un gastéropode. Ce qui en fait une couleur réservée à une élite sociale jusqu’à son passage symbolique vers la tunique rouge enveloppant le Christ. La couleur rouge devient alors le symbole du pouvoir temporel et spirituel. L’artiste a tenu compte à la fois de l’histoire et de la symbolique politique des couleurs. Cette œuvre témoigne de l’intérêt du peintre pour l’art sacré. MIHAI BARA nous avoue qu’avec un groupe d’amis artistes Roumains, il pense explorer les sujets bibliques dans un futur proche.      

LES SALTIMBANQUES (cité plus haut) présente un personnage campé dans différentes attitudes : jeu de mains qui jonglent (en bas, à droite et à gauche, la balle revient comme un leitmotiv) faisant de chaque élément un personnage de l’histoire. L’arrière-plan est divisé en deux parties : le noir partant de la base pour signer la ligne d’horizon, à partir de laquelle débute le bleu recouvrant l’ensemble de l’espace.

LA RUMEUR (80 x 80 cm-acrylique sur toile)

12273253865?profile=original

nous convie dans l’esthétique allemande de l’expressionnisme historique, d’avant la Première Guerre Mondiale jusqu’à la République de Weimar.

Nous avons une série de masques à la Otto Dix ou à la Emil Nolde, présentant des visages tordus et grimaçants. Le pers à l’avant-plan, à droite se distingue par sa bouche grande ouverte permettant à la rumeur de se répandre. Une fois encore, les mains régissent la composition en structurant l’espace. Tel un beffroi, la main sortant de la base de la toile à droite, déploie ses doigts sur lesquels repose le visage du personnage, en haut. Tandis que la main de gauche (en haut) « recouvre » la tête du personnage. Les trois masques répondent à trois situations différentes. La main de droite partant de la base pour atteindre le haut, rappelle la façon architecturale de procéder pour concevoir le corps du personnage des SALTIMBANQUES.  

LA NUIT (62 x 50 cm-acrylique sur toile)

12273253695?profile=original

est un jeu chromatique savant entre le noir et le bleu foncé. Il s’agit d’une vue nocturne qui renverse le discours sur la façon de concevoir ce type de vue. D’habitude l’arrière-plan est noir car il représente la nuit. Tandis que la ville garde des bribes de couleurs. Ici, c’est le contraire : la nuit est bleue et la ville est noire, malgré quelques ersatz de brun (en dégradés), de bleu, de vert, de rouge et de rose, conçus de façon à imaginer qu’ils ne font que passer. LA NUIT est, comme l’indique l’intitulé de l’exposition, l’expression d’un reflet de l’âme. Un état mélancolique qui tenaillait l’artiste une nuit dans sa vie. Abstrait à ses débuts, l’artiste n’en finit pas de poser son abstraction comme un sceau sur son écriture néo expressionniste. Avec cette œuvre, son abstraction se caractérise dans cette vision nocturne qui brise les conventions esthétiques. Nuit et ville se fondent tout en s’opposant. Sans doute nuit et ville se complètent-elles dans la mélancolie onirique qu’engendre l’ensemble.

Plusieurs étapes ont parsemé le parcours créatif de l’artiste. Nous avons indiqué, plus haut, ses débuts dans l’abstraction. Cela se retrouve dans le traitement des surfaces, comme brouillées par une brume hachurée. La place de la figure humaine se retrouve dans le rôle, social et politique qu’elle joue, à savoir le réceptacle de l’âme incarnée dans ses états. La dialectique qu’elle dégage est celle de l’acceptation de soi qui se retrouve dans l’Autre. Un dialogue qui se perpétue dans le labyrinthe intérieur qui mène à l’introspection par rapport à son propre regard et à la société qui impose le sien. Nous sommes plongés en pleine dialectique néo expressionniste : la figure humaine se dématérialise pour devenir conscience.

L’artiste est fasciné par le sentiment du regard intime, de la conscience individuelle par rapport à ce que la société laisse apparaître d’elle-même : l’image d’une société spectacle. La figure humaine occupe la position d’un personnage multi facial, lequel n’est qu’une petite pièce dans le puzzle social. Bien que son écriture soi dirigée vers le néo expressionniste, l’artiste est radicalement contre les étiquètes, en se posant au-delà des expressions. Car l’expression est basée sur le sentiment intime du Monde. Le visiteur ne manquera  certainement pas d’être interpellé par la haute qualité technique de ces œuvres. Précisons, d’emblée, le fait qu’il n’y a aucune forme de collages dans ses réalisations.

Ce côté froissé (évoqué plus haut) est le résultat d’un savant ajout d’apports divers, tels que le latex liquide, le papier ou du matériau textile, en ce qui concerne la phase d’élaboration du support. L’artiste a de l’œuvre une idée quant à la composition des lignes de forces. Chacune de ses œuvres est anticipée par un dessin préparatoire, mettant en exergue son grand talent de dessinateur. La toile est conçue comme une fresque dans l’étymologie technique de la Renaissance italienne : « l’affresco ». La toile est badigeonnée de latex sur lequel l’artiste dépose plusieurs couches d’acrylique, avant d’ajouter les supports précités pour créer ce côté « froissé ». Nous avons noté, plus haut, le très grand talent de dessinateur de l’artiste. Cela se remarque aisément dans LE BATEAU DES FOUS (65 x 50 cm),

12273254856?profile=original

une composition où le blanc contraste avec le fond noir. Le Roi, reconnaissable à sa couronne tombante est mort. Deux personnages, situés à l’opposé l’un de l’autre, regardent vers deux directions différentes. La question que pose cette œuvre est celle de savoir quelle voie il convient désormais de prendre. Nous voilà confronté à une œuvre politique dans le pur style expressionniste allemand. Le bateau étant synonyme de la société, la question est donc de savoir dans quel chemin la société est prête à s’engager. Les dessins sont réalisés au crayon aquarellable, lequel a la particularité de pouvoir dessiner des traits précis sur une surface sèche. A l’intérieur de ces traits précis, l’artiste étale la couleur. Ce type de crayon permet de jouer avec l’humidité si la surface du support est humidifiée. Terminons l’analyse de ce travail en précisant que le peintre affectionne également la peinture sur foulard, à partir de tissus recherchés.

MIHAI BARA qui a suivi une formation de huit ans au Collège d’Art de Brasov en Roumanie, est un artiste côté qui a subi l’influence de peintres roumains, détenteurs d’une tradition picturale propre à sa culture. Il est aussi extrêmement sensible à l’œuvre de peintres tels que Tapiès, Dali, Breughel (l’Ecole flamande) mais aussi Klimt pour ses couleurs joyeuses. Le néo expressionnisme est, de par ses diverses influences, extrêmement difficile à définir. L’artiste pousse d’un cran son exploration créatrice pour atteindre des terres inconnues, éclairs chatoyants et déformés du reflet de son l’âme. 

François L. Speranza.

12273002454?profile=original

Une publication
Arts
 
12272797098?profile=original

Lettres

N.-B.: Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis.

Robert Paul, éditeur responsable

A voir:

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

12273255261?profile=original


12273255691?profile=original

Frannçois Speranza et Mihai Bara interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles

(Octobre 2017) photo Jerry Delfosse)

12273256083?profile=original

 

12273256462?profile=original

       

12273256666?profile=original

  

Lire la suite...

bARA

            REFLETS D’UNE AME QUI SE CHERCHE : L’ŒUVRE DE MIHAI BARA

Du 28-09 au 15-10-17, l’ESPACE ART GALERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050 Bruxelles) vous convie à une exposition axée sur l’œuvre du peintre roumain, Monsieur MIHAI BARA, intitulée REFLETS DE L’AME.

Les reflets de l’âme ont ceci de particulier qu’ils permettent, une fois exprimés sur la toile, sur la pierre ou sur la page blanche, la possibilité de briller sous l’astre de la folie créatrice. Cette folie trouve sa liberté dans l’étreinte unissant l’artiste au Monde. L’âme projetée sur l’espace scénique fait s’unir les rires, les fautes et les folies en devenant l’assise soutenant la comédie humaine.

L’univers de MIHAI BARA est constellé de créatures fantasmagoriques évoluant dans une atmosphère à l’esthétique ludique. Cet univers se caractérise par sa puissance constituée de couleurs vives, issues du fauvisme: rouge, vert, jaune, bleu à outrance dans une théâtralisation qui propulse le sujet au cœur du regard. L’artiste renoue ainsi avec l’héritage pictural du passé. Sur base d’une écriture néo expressionniste élégante, il aborde tout à la fois l’expressionnisme tourmenté de conception allemande classique ainsi que le primitivisme, au sens où les néo expressionnistes du début des années ’80 l’entendaient : un retour à la nature (à la fois le biotope et l’humain) par le biais du mythe exprimé par un chromatisme rappelant celui d’un Gauguin. Mais il y a aussi une volonté cubiste dans sa façon de « replier » ses personnages en plusieurs fractions dans la conception du volume, particulièrement en ce qui concerne les visages dans le but de les déformer. En cela, il redevient expressionniste dans la déformation critique de l’événement narré. Il est impossible pour le visiteur de passer devant n’importe quelle toile de l’artiste sans remarquer le traitement extraordinaire de la couleur nourrie d’une matière extrêmement travaillée. Un sentiment de « froissé » envahit le paysage. L’arrière-plan des toiles est généralement noir (ou foncé) visant ainsi à propulser le sujet du néant au devant du regard. La conception des visages est axée sur le modèle du « masque ». Un masque qui contribue à déformer le visage, amplifiant ainsi son humanité originelle dans un déchirement. Nous voyageons au cœur d’un carnaval absurde dans lequel grimaces, yeux exorbités et traits déformés redimensionnent l’humain en le replaçant au centre de sa propre tragédie. Néanmoins, le visage n’est pas le seul témoin du reflet de l’âme. Le traitement des mains participe également du portrait psychologique.

Elles assument le rôle d’alter ego par rapport masque dans son expression. Le sujet occupe la totalité de l’espace, à un point tel que la conception du volume, sous toutes ses facettes, confère à ce dernier des dimensions architecturales. A titre d’exemple, LES SILTIMBANQUES (100 x 100 cm-technique mixte)

12273251872?profile=original

présente un personnage dont le corps est l’édifice, partant de la base de la toile jusqu’à atteindre, par la tête et les mains, les limites du ciel.

Dans l’œuvre de l’artiste, comédie et tragédie se mêlent dans une distorsion qui fait de la forme le témoin de la condition humaine. Avec son visage atrocement déformé par le mensonge, LE MENTEUR (100 x 100 cm-acrylique sur toile)

12273252897?profile=original

se retourne dans toutes les directions pour semer ses calomnies. La torsion de gauche à droite et de droite à gauche se produit par duplications de la bouche, terminant le visage ainsi que par le regard coupé en deux, multipliant les axes directionnels, l’ensemble étant appuyé par un nez constitué de deux losanges séparés par une arête en diagonale, laquelle fracture le visage en une myriade de facettes au chromatisme vif, garantes du déséquilibre vital de l’œuvre. Seul le statisme de l’ensemble témoigne de la lucidité du menteur face à son mensonge. Car il s’agit de l’acte conscient de l’homme qui ment et non du délire pathologique du mythomane. Bien qu’il s’agisse de couleurs fauves, à aucun moment elles ne deviennent criardes ou agressives. Il y a chez l’artiste une véritable science des couleurs : quelle note utiliser, où la placer, comment la composer.

A CHAQUE FOU SON OISEAU (60 x 60 cm-acrylique sur toile)

12273252683?profile=original

est la fusion de deux folies, forgée dans l’image de l’oiseau pénétrant le visage de l’homme. Ici, le déséquilibre fait office d’assise : le visage se passe du corps pour tenir debout. A partir d’une dominante verte structurant à la fois le visage ainsi que l’oiseau et le point sur lequel le personnage est posé, quelques brèves notes jaunes, rouges et bleues éclatent ça et là, accentuant la folie de l’ensemble. L’arrière ainsi que l’avant-plan constituent une opposition chromatique forte entre le noir intense et le rose-ocre terreux. Aux dires de l’artiste, cette toile lui a demandé beaucoup d’essais. Le résultat est une peinture extrêmement travaillée. Nous avons ici un ensemble pictural répondant à l’esthétique primitiviste dans la pure veine du néo expressionnisme des années ’80.   

 

SAINT GEORGES EN TUEUR DE DRAGON (180 x 150 cm-acrylique sur toile)

12273253082?profile=original

L’artiste prouve sa connaissance de l’icône orthodoxe. Traduite dans son écriture personnelle, le corps du cheval ne se déploie qu’à partir de l’avant. Un bref raccourci laisse apparaître sa patte gauche arrière, provocant une intéressante variation rythmique. C’est à partir de cette variation rythmique que se produit le bond en avant de l’entité Saint Georges/cheval, assurant la victoire sur le dragon. On ne peut pas parler de « cinétisme » à proprement parler. Néanmoins, au fur et à mesure que le regard se promène sur la toile, des détails apparaissent (tels que les pattes avant du cheval émergeant d’un fond noir intense, esquissant le piétinement de la bête), mettant en exergue les particularités narratives de la mise en scène : Saint Georges résulte d’une stylisation issue d’une vision mystique. Son visage, mince se terminant en pointe est compris entre l’auréole et le vêtement (tous deux dorés) qui lui confèrent sa puissance. Nous retrouvons le jeu extrêmement parlant des mains stylisées. La droite tient les rennes du cheval. La gauche tient la lance qui transperce la bête. Cette stylisation des mains donne le sentiment que le Saint ne fait que tenir les rennes et la lance par le bout des doigts. Observez la façon dont la lance est tenue : on dirait l’archet délicat d’un violoniste. De même que son visage, tourné vers le ciel, atténue l’action guerrière pour atteindre la plénitude. La stylisation des rennes ainsi que de la lance participent du message mystique exprimant la victoire du bien sur le mal. La tête du cheval est conçue en un bloc compact tombant vers le bas. Le museau de l’animal définit la partie vivante de l’ensemble du corps (dont nous ne voyons, en réalité, qu’une partie). Par l’intrusion d’une fente faisant apparaître une série de dents puissantes serrant les rennes, l’artiste insuffle la vie à sa création. Nous retrouvons, ici encore, la puissance chromatique de l’arrière-plan noir faisant ressortir le sujet du fond d’un abîme originel. Le personnage de Saint Georges oscille entre histoire de l’Art proprement dite et l’iconographie chrétienne à but spécifiquement prosélytique. Ne perdons jamais de vue qu’au Concile de Nicée, en 787, l’art (plus exactement la présence de la figure humaine) ne fut toléré que comme vecteur d’enseignement théologique à destination du peuple. De conception théologique orientale, l’iconographie de Saint Georges a été particulièrement étudiée par l’art russe de tradition orthodoxe.

MIHAI BARA a parfaitement réinterprété cette culture iconographique et iconologique en jouant sur les composantes jaune/rouge qui dominent la composition. Le jaune : l’or – symbole de puissance depuis l’Antiquité classique et proche-orientale, parce que considéré comme métal incorruptible. Le rouge : symbole de chaleur, de feu régénérateur. Mais surtout, symbole du sang de la vie dans la mystique chrétienne. A certains moments de l’Histoire, le rouge devient pourpre, particulièrement dans la philosophie néo platonicienne, représentant l’image du pouvoir en relation avec la cherté du produit (la pourpre) extrêmement difficile à obtenir, que l’on extrait à partir d’un gastéropode. Ce qui en fait une couleur réservée à une élite sociale jusqu’à son passage symbolique vers la tunique rouge enveloppant le Christ. La couleur rouge devient alors le symbole du pouvoir temporel et spirituel. L’artiste a tenu compte à la fois de l’histoire et de la symbolique politique des couleurs. Cette œuvre témoigne de l’intérêt du peintre pour l’art sacré. MIHAI BARA nous avoue qu’avec un groupe d’amis artistes Roumains, il pense explorer les sujets bibliques dans un futur proche.      

LES SALTIMBANQUES (cité plus haut) présente un personnage campé dans différentes attitudes : jeu de mains qui jonglent (en bas, à droite et à gauche, la balle revient comme un leitmotiv) faisant de chaque élément un personnage de l’histoire. L’arrière-plan est divisé en deux parties : le noir partant de la base pour signer la ligne d’horizon, à partir de laquelle débute le bleu recouvrant l’ensemble de l’espace.

LA RUMEUR (80 x 80 cm-acrylique sur toile)

12273253865?profile=original

nous convie dans l’esthétique allemande de l’expressionnisme historique, d’avant la Première Guerre Mondiale jusqu’à la République de Weimar.

Nous avons une série de masques à la Otto Dix ou à la Emil Nolde, présentant des visages tordus et grimaçants. Le pers à l’avant-plan, à droite se distingue par sa bouche grande ouverte permettant à la rumeur de se répandre. Une fois encore, les mains régissent la composition en structurant l’espace. Tel un beffroi, la main sortant de la base de la toile à droite, déploie ses doigts sur lesquels repose le visage du personnage, en haut. Tandis que la main de gauche (en haut) « recouvre » la tête du personnage. Les trois masques répondent à trois situations différentes. La main de droite partant de la base pour atteindre le haut, rappelle la façon architecturale de procéder pour concevoir le corps du personnage des SALTIMBANQUES.  

LA NUIT (62 x 50 cm-acrylique sur toile)

12273253695?profile=original

est un jeu chromatique savant entre le noir et le bleu foncé. Il s’agit d’une vue nocturne qui renverse le discours sur la façon de concevoir ce type de vue. D’habitude l’arrière-plan est noir car il représente la nuit. Tandis que la ville garde des bribes de couleurs. Ici, c’est le contraire : la nuit est bleue et la ville est noire, malgré quelques ersatz de brun (en dégradés), de bleu, de vert, de rouge et de rose, conçus de façon à imaginer qu’ils ne font que passer. LA NUIT est, comme l’indique l’intitulé de l’exposition, l’expression d’un reflet de l’âme. Un état mélancolique qui tenaillait l’artiste une nuit dans sa vie. Abstrait à ses débuts, l’artiste n’en finit pas de poser son abstraction comme un sceau sur son écriture néo expressionniste. Avec cette œuvre, son abstraction se caractérise dans cette vision nocturne qui brise les conventions esthétiques. Nuit et ville se fondent tout en s’opposant. Sans doute nuit et ville se complètent-elles dans la mélancolie onirique qu’engendre l’ensemble.

Plusieurs étapes ont parsemé le parcours créatif de l’artiste. Nous avons indiqué, plus haut, ses débuts dans l’abstraction. Cela se retrouve dans le traitement des surfaces, comme brouillées par une brume hachurée. La place de la figure humaine se retrouve dans le rôle, social et politique qu’elle joue, à savoir le réceptacle de l’âme incarnée dans ses états. La dialectique qu’elle dégage est celle de l’acceptation de soi qui se retrouve dans l’Autre. Un dialogue qui se perpétue dans le labyrinthe intérieur qui mène à l’introspection par rapport à son propre regard et à la société qui impose le sien. Nous sommes plongés en pleine dialectique néo expressionniste : la figure humaine se dématérialise pour devenir conscience.

L’artiste est fasciné par le sentiment du regard intime, de la conscience individuelle par rapport à ce que la société laisse apparaître d’elle-même : l’image d’une société spectacle. La figure humaine occupe la position d’un personnage multi facial, lequel n’est qu’une petite pièce dans le puzzle social. Bien que son écriture soi dirigée vers le néo expressionniste, l’artiste est radicalement contre les étiquètes, en se posant au-delà des expressions. Car l’expression est basée sur le sentiment intime du Monde. Le visiteur ne manquera  certainement pas d’être interpellé par la haute qualité technique de ces œuvres. Précisons, d’emblée, le fait qu’il n’y a aucune forme de collages dans ses réalisations.

Ce côté froissé (évoqué plus haut) est le résultat d’un savant ajout d’apports divers, tels que le latex liquide, le papier ou du matériau textile, en ce qui concerne la phase d’élaboration du support. L’artiste a de l’œuvre une idée quant à la composition des lignes de forces. Chacune de ses œuvres est anticipée par un dessin préparatoire, mettant en exergue son grand talent de dessinateur. La toile est conçue comme une fresque dans l’étymologie technique de la Renaissance italienne : « l’affresco ». La toile est badigeonnée de latex sur lequel l’artiste dépose plusieurs couches d’acrylique, avant d’ajouter les supports précités pour créer ce côté « froissé ». Nous avons noté, plus haut, le très grand talent de dessinateur de l’artiste. Cela se remarque aisément dans LE BATEAU DES FOUS (65 x 50 cm),

12273254856?profile=original

une composition où le blanc contraste avec le fond noir. Le Roi, reconnaissable à sa couronne tombante est mort. Deux personnages, situés à l’opposé l’un de l’autre, regardent vers deux directions différentes. La question que pose cette œuvre est celle de savoir quelle voie il convient désormais de prendre. Nous voilà confronté à une œuvre politique dans le pur style expressionniste allemand. Le bateau étant synonyme de la société, la question est donc de savoir dans quel chemin la société est prête à s’engager. Les dessins sont réalisés au crayon aquarellable, lequel a la particularité de pouvoir dessiner des traits précis sur une surface sèche. A l’intérieur de ces traits précis, l’artiste étale la couleur. Ce type de crayon permet de jouer avec l’humidité si la surface du support est humidifiée. Terminons l’analyse de ce travail en précisant que le peintre affectionne également la peinture sur foulard, à partir de tissus recherchés.

MIHAI BARA qui a suivi une formation de huit ans au Collège d’Art de Brasov en Roumanie, est un artiste côté qui a subi l’influence de peintres roumains, détenteurs d’une tradition picturale propre à sa culture. Il est aussi extrêmement sensible à l’œuvre de peintres tels que Tapiès, Dali, Breughel (l’Ecole flamande) mais aussi Klimt pour ses couleurs joyeuses. Le néo expressionnisme est, de par ses diverses influences, extrêmement difficile à définir. L’artiste pousse d’un cran son exploration créatrice pour atteindre des terres inconnues, éclairs chatoyants et déformés du reflet de son l’âme. 

François L. Speranza.

12273002454?profile=original

Une publication
Arts
 
12272797098?profile=original

Lettres

N.-B.: Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis.

Robert Paul, éditeur responsable

A voir:

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

12273255261?profile=original


12273255691?profile=original

Frannçois Speranza et Mihail Bara interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles

(Octobre 2017) photo Jerry Delfosse)

12273256083?profile=original

 

12273256462?profile=original

       

12273256666?profile=original

  

Lire la suite...

Face à l'univers

Songerie

Ô les penseurs de tous les temps
Qui n'acceptent pas l'ignorance
Du mystère de l'existence!
Leur orgueil les rend confiants.

Ils sont souvent quasi certains,
Confrontant toutes les études,
De comprendre avec certitude
Ce qui dans l'univers advint.

Les peintres et les poètes,
Contemplant la beauté du monde,
Éprouvent des grâces profondes.

Les capter leur est une fête

.

Lors, ils expriment leurs émois,
Se servant de leur savoir faire.
Ont souvent le plaisir de plaire.
Ils savent créer de la joie.

L'univers souvent les fascine;
Un champ d'étoiles qui éblouit
Ou, sur le velours de la nuit,
La lune semblant cabotine.

7 octobre 2017

Lire la suite...
ADMINISTRATEUR GENERAL

12273251264?profile=original12273251690?profile=original

 

Espace Art Gallery 35 rue Lesbroussart 1050 Bruxelles. Ouvert du mardi au samedi de 11h 30 à 18h 30. Et le dimanche sur rendez-vous. GSM : 00 32 497 577 120

 

La galerie a le plaisir de vous inviter à ses prochains vernissages les 27/09 et 18/10/2017. Voir le lien ci-après pour les infos sur les artistes et visuels affiches et invitations :

http://www.espaceartgallery.eu/espace-art-gallery-vous-presente-ses-prochains-vernissages-le-2709-et-18102017/

 

Reportage photos lors du vernissage du 27 septembre :

http://www.espaceartgallery.eu/vernissage-evenement-du-27-septembre-2017-et-reportage-photos/

 

La troisième « fête/concert et remise des recueils » a été un grand succès jusqu’à 22h. Voir le lien ci-après pour le reportage photos : http://www.espaceartgallery.eu/edition-dun-recueil-dart-de-luxe-a-tirage-limite-et-fete-de-remise-de-louvrage-aux-artistes-y-mentionnes/

La prochaine fête de remise des recueils est prévue en mai 2018 pour le volume 6 de 2017.

 

La quatrième « Rencontres littéraires de Bruxelles » a eu un vif succès de la part du public présent. Voir le lien ci-après pour le reportage photos des auteurs et du public :

http://www.espaceartgallery.eu/la-galerie-a-le-plaisir-de-vous-presenter-le-reportage-photos-de-la-quatrieme-rencontre-litteraire-de-bruxelles-du-26-septembre-2017/

 

À l’initiative de l’Espace Art Gallery, d’Arts et Lettres et des éditions M.E.O. nous avons le plaisir de vous convier aux « Rencontres littéraires de Bruxelles ». Cela se déroulera dans la galerie chaque dernier mardi du mois à 19h. La cinquième rencontre aura lieu le mardi 31 octobre. Cela sera annoncé sur mon site Internet, ma page Facebook et Arts et Lettres.

 

D’autres projets sont dans les cartons et seront annoncé prochainement dans cette même rubrique. Soyez attentif à la lecture de mes prochaines programmations…

Lire la suite...
ADMINISTRATEUR GENERAL

 

Espace Art Gallery vous présente son sommaire :

 

1.4 Actuellement à EAG

 

Exposition de septembre :

 

Mihai BARA (Roumanie) peintures

« Reflets de l’âme »

 

Mihai BARA a été sélectionné par le critique d’art pour obtenir le billet d’art. Celui-ci paraîtra prochainement sur le réseau Arts et Lettres. https://artsrtlettres.ning.com/

 

Hoang Huy TRUONG (Vietnam) technique mixte

« Symphonie de couleurs »

 

Hoang Huy TRUONG a été sélectionné par le critique d’art pour obtenir le billet d’art. Celui-ci paraîtra prochainement sur le réseau Arts et Lettres. https://artsrtlettres.ning.com/

 

Joelle DELFERRIÈRE (Be) sculptures

« Traces d’existence »

 

Le VERNISSAGE a lieu le 27/09 de 18h 30 à 21h 30 et l’exposition du mardi au samedi inclus de 11h 30 à 18h 30. Et sur rendez-vous le dimanche.

 

Vernissage qui sera agrémenté d’extraits de Musique Celtique interprétés par la harpiste Françoise MARQUET.  

 

Le FINISSAGE les 14 & 15 octobre 2017 de 11h 30 à 18h 30.

 

 

2.4 Prochainement à EAG

 

Exposition d’octobre :

 

Roland BAVAIS (Be) mécaniques de chats

« ANAGLYPHES »

 

 

Le VERNISSAGE a lieu le 18/10 de 18h 30 à 21h 30 et l’exposition du mardi au samedi inclus de 11h 30 à 18h 30. Et sur rendez-vous le dimanche.

 

Vernissage qui sera agrémenté d’extraits de Musique Celtique interprétés par la harpiste Françoise MARQUET.  

 

Le FINISSAGE les 11 & 12 novembre 2017 de 11h 30 à 18h 30.

 

 

3.4 Informations diverses :

Adresse, photos, nouvelles, projets, liens, …

 

Espace Art Gallery 35 rue Lesbroussart 1050 Bruxelles. Ouvert du mardi au samedi de 11h 30 à 18h 30. Et le dimanche sur rendez-vous. GSM : 00 32 (0)497 577 120

 

La cinquième « Rencontre littéraire de Bruxelles » a lieu tous les derniers mardi du mois soit le 31 octobre à 19h. Réservation souhaitée par mail eag.gallery@gmail.com

 

Lien de l’exposition sur mon site Internet pour voir les affiches et invitations :

 

http://www.espaceartgallery.eu/espace-art-gallery-vous-presente-ses-prochains-vernissages-le-2709-et-18102017/

 

 

4.4 En pièces-jointes :

 

Né à Uccle en 1947, Mythic est principalement réputé comme scénariste de bandes dessinées, graphiste et romancier. Directeur de publication aux éditions Centre d’Art d’Ixelles, il mène à cent à l’heure une carrière de brillant touche-à-tout, sans jamais perdre son inspiration. Pour lui, cesser de créer serait mourir. Les fans de bédé bavent chaque année en attendant son passage dans le cadre de l’un ou l’autre festival consacré à leur art favori. Bruxelles Culture l’a interviewé entre deux séances de dédicaces. Rencontre.  

 

Bruxelles Culture 15 septembre : dessinateur à l’honneur : Mythic

 

Infos sur l’exposition de la rentrée pages 11-12

 

Entre amour de la vie et passion de l’écriture, Myriam Buscema balance, à la recherche perpétuelle de l’harmonie et de rencontres qui peuvent enrichir le quotidien. Loin de se focaliser sur des rêves inaccessibles, elle aime les joies simples, les plaisirs à portée de main et tout ce qui transporte l’être humain loin de la banalité du bitume. De ses origines italiennes, elle puise un dynamisme et une force de vivre qui façonnent sa personnalité et qui émerveillent ceux qui la fréquentent. Auteure de quatre ouvrages, elle y parle abondamment de l’intériorité féminine, de sa vie de femme, et de son amour immodéré pour... les chats.  Deux sujets qui sont les boussoles de ses conversations et qui alimentent l’essentiel de ses débats. Une artiste actuelle, sans chichis et bien dans sa tête ! Rencontre.

 

Bruxelles Culture 1er octobre : écrivaine à l’honneur : Myriam Buscema

 

Infos sur l’exposition d’octobre page 7

 

 

Au plaisir de vous revoir nombreux…

 

Jerry Delfosse

Galeriste

Créateur et propriétaire de l’Espace Art Gallery

& Les Éditions d’Art EAG

GSM: 00.32.497. 577.120

eag.gallery@gmail.com

 http://www.espaceartgallery.eu/

https://www.facebook.com/www.espaceartgallery.eu/

Lire la suite...

Daims au Claire de Lune

une aquarelle 

d'Adyne Gohy

12273250272?profile=original

a été inspirée par

Les Haïkus de la Lune Pourpre

de Raymond Martin

 

La lune pourpre

Pour la visualiser

Via ma lentille.

 

Peine à rire

Le troupeau va en lenteur

Le trèfle frémit.

 

Vase bleu joufflu

Aux allures de bonze

La pivoine dort.

 

Horizon marin

Vagues déferlantes

Impressions salées.

 

A l’assaut du pic

Roches escarpées moussues

Rode marmotte.

 

A l’ombre fraîche

Raton laveur effrayé

Pipistrelle dort.

 

Calvaire trois croix

Sur le mont du Golgotha

Absence de foi.

 

Roitelet chante

Roitelet tremblant

Vent sur la cime.

 

Ile noire, île de Ré

Molène, Aix, Ouessant,

Pas deux, Saint-Michel.

 

Curieuse voûte

Parsemée de lucioles

Vermisseaux repus.

 

Raymond MARTIN - 2017

12273250293?profile=original

Lire la suite...

AU BOUT DES MOTS...

Quand ton esprit s'enfuit, que les instants s'effilent

Que tes paroles flottent sans cohérence...

Je me prends à penser combien nous sommes fragiles

Et que la vie s'amuse à frôler la démence!

Avec toi, c'est nouveau, ne suis plus qu'abandon

Deviendrai-je naïve, aurai-je donc vieilli?

Je sais bien qu'en ce monde il n'est point de pardon

Et que la vie est triste quand le fruit est cueilli!

Alors avec vaillance, j'affiche des sourires

Mon regard cherche au ciel quelques reflets dorés...

Les mots sont impuissants à décrire les désirs

Mais, tes mains en douceur savent les remplacer!

J.G.

Lire la suite...

La ballade de l'innocente


Elle existe face au soleil,
Les yeux contemplant les nuages,
Passive, ravie, en éveil.
Elle a sa rue pour paysage,
Une rangée de maisonnettes,
Des jardinets pleins de couleurs,
Des oiseaux qui font la navette.
Elle a l'innocence des fleurs.

Son âme accueille la tendresse,
Un printanier vent de l'oubli,
Soufflant avec délicatesse.
Plus rien désormais ne la lie.
Après des années de courage,
À travailler dans la rigueur,
Elle ignore quel est son âge.
Elle a l'innocence des fleurs.

Les saisons reviennent et passent,
Chacune empreinte de beauté.
Elle aime la neige qui glace,
Se surprend à être exaltée.
Chaque jour, dans l'instable monde,
Hommes et femmes sont en pleurs.
L'horreur se propage à la ronde.
Elle a l'innocence des fleurs.

Pour rester en joie, la sagesse
Lui fait occulter le malheur,
Toutes les causes de tristesse.
Elle a l'innocence des fleurs.

20 mars 2006

Lire la suite...
administrateur théâtres

L’objectif de Fabienne Govaerts, fondatrice et directrice

du

théâtre de la Clarencière à Bruxelles  et du Verbe fou à Avignon est clair: «  Déconstruire une culture dominante fondamentalement raciste et engager le combat contre la haine, le mépris et toutes les discriminations. » C’est à cela que doit servir son théâtre et le théâtre. C’est l’œuvre de sa vie. Elle témoigne d’un anti-racisme conséquent. Elle professe que le racisme est une ré-pulsion que la culture se doit contenir à moins de  sombrer dans la barbarie. Ainsi donc, ne cédant justement à aucune peur, elle a osé ! Nom d’un pétard ! Appliquant à la lettre un message biblique « Fear not », courageuse, généreuse et convaincue, elle a accueilli un pétard ! Sa démarche artistique nous touche.  S’il y a bien un spectacle emblématique, humaniste et contestataire dans sa programmation, ce sera celui-là !

-Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes-

Textes de CHARB

                                                            le rédacteur en chef assassiné de Charlie Hebdo

Texte finalisé le 5 janvier 2015, deux jours avant l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo dans laquelle il a perdu la vie.

12273250263?profile=original

Taxé de racisme par une certaine mouvance antiraciste, avec les conséquences tragiques que l’on sait,  Charlie Hebdo*, c’est l’étendard  insolent de la lutte conséquente contre le racisme. L’emblème moderne de la liberté de presse, la liberté d’expression, que ce soit par la parole, le dessin de presse  ou la caricature. Le principe fédérateur est que  « oui, on peut rire de tout ! » ...Y compris de ce nouveau terme, l’islamophobie, où se trempent avec délices tous les médias, car il a généré une incomparable exploitation médiatique.

Il apparaît que le texte posthume de Charb est une oraison dédiée aux phobes de tout poil. « Nous serions islamophobes, disent nos diffamateurs. Ce qui, dans la nov-langue qui est la leur, signifie racisme. Où l’on voit combien la régression a gagné tant d’esprits ».

22228348_1685607718129026_7232279882045504378_n.jpg?oh=86d9790cfebf6707435d4b991b6b56c3&oe=5A4983D0&width=320Mais qu’est-ce qu’un phobe?  La dernière perle de Charlie Hebdo n’est-elle pas  « Ne cédons pas à la country-phobie! » ?**  Et en Catalogne, bordel, on n’a plus le droit d’être hispanophobe?

Le -phobe se définit étymologiquement comme celui qui éprouve de la  peur ou de la crainte. Rien de grave : il y a les arachnophobes, les agoraphobes, les herpétophobes, les aquaphobes, les ornithophobes, les vélophobes, les aviophobes, les bibliophobes, héliophobes, zoophobes et autres claustrophobes. Tous éprouvent des troubles de peur excessive qui minent la vie de celui qui en souffre et celle de ses proches,  mais enfin, rien de grave pour l’intégrité des autres humains. Le hic c’est que le -phobe peut muter par glissement de sens,  et s’opposer de façon virulente au -phile pour  engendrer de la haine. Et hop! Voilà la porte ouverte à tous les francophobes, germanophobes, anglophobes, judéophobes, athéophobes, cathophobes, islamophobes, où l’aversion induite par la peur, se transforme en franche hostilité, rancune, malveillance et parfois violence pure et simple.

 Mais qui  peut s’enorgueillir de surfer sur ces néologismes qui ne font que recouvrir du racisme pur et dur?  Du pain béni pour  nourrir des débats médiatiques totalement stériles mais tellement rentables! Dans l’islamophobie, l’hostilité envers l’islam s’applique dès lors à tous les musulmans! Peur de l’inconnu ? Ou peur de ce que l’on croit savoir ? Paradoxalement, la phobie est une peur de ce qui est déjà connu et identifié comme menaçant. Le discours raciste typique s’exclame « je les connais ! … » se donnant le droit de pourfendre l’ennemi virtuel, le bouc émissaire. Alors, ADIEU, la cohésion sociale!  

L’orateur de la lecture-spectacle courageusement invité par Fabienne Govaerts est le comédien et metteur en scène lillois Gérald Dumont. L’artiste activiste explique : «  Depuis un peu plus d’un an, on la joue en milieu scolaire et dans les centres sociaux, mais depuis qu’on cherche à  le produire dans des salles, on sent que c’est compliqué… » Il était la veille, le mercredi 4 octobre, au CCLJ.

 D’un point de vue scénique, le comédien apparaît comme un tribun agréablement convaincu dans sa déclamation, totalement habité par le texte,  mais il est dur de ne pas tomber dans la caricature textuelle quand on doit faire des coupures dans le texte originel et ne pas mettre ses auditeurs mal à l’aise par certains propos parfois à l’emporte-pièce ou par des généralisations hâtives! Sport rhétorique que lui-même est censé combattre.  N’est-ce pas le but de Charb de pourfendre les stéréotypes et les formules à la grosse louche?  En outre, sa façon de sourire et de rire en coin à chaque paragraphe, peut à la longue irriter, tant le sujet est finalement sérieux. Il s’aide de projections et de musique (Lénine Renaud) en hommage au disparu… mais tout va si vite!  Elles font mouche mais parfois avec un tel goût d’amertume, que le rire ne fuse qu’à petites doses. Par contre, sur le fond,  la connivence du public présent est acquise.  Et le texte ressuscite la parole confisquée de Charb!

 

Marika Bret, DRH de Charlie Hebdo est présente à chaque spectacle et propose  un débat après chaque représentation qu’elle introduit par une courte biographie de Stéphane Charb et par des confidences sur les heurs et malheurs de la production : Vive la censure !

Quod erat demonstrandum ?

Elle dénonce la censure sécuritaire. En effet  ce spectacle tiré du texte posthume de Charb, a été reporté à Lille dans des locaux utilisés par la Ligue des droits de l'homme (LDH) - c’est un comble !- par crainte de débordements et refusé par deux salles du Festival off d'Avignon pour des raisons …artistiques. Gérald Dumont, à l’occasion de ce spectacle, a formulé le rêve de toucher des communautés chez nous, qui ont tendance à se réfugier dans le repli identitaire … comme Molenbeek! Une mission qu’il partage avec d’autres artistes tels que  SamTouzani? Moussem?        

12273250263?profile=original

Liens utiles *** Liens intéressants ***

https://www.laclarenciere.be/

http://www.cclj.be/emission-radio/emission-28-9-17

http://www.cclj.be/actu/au-cclj/charb-lettre-aux-escrocs-islamophobie

http://www.radiopanik.org/emissions/screenshot/de-plein-pied-/ 

https://charliehebdo.fr/le-direct/ 

https://lesechappes.com/  

http://wp.theatrek.fr/lettre-aux-escrocs-de-lislamophobie-qui-font-le-jeu-des-racistes 

https://www.moussem.be/fr

http://www.samtouzani.com/

http://www.lavoixdunord.fr/137904/article/2017-03-25/quand-les-mots-de-charb-le-redacteur-en-chef-de-charlie-hebdo-tue-en-2015

*CHARLIE

Charlie Hebdo c’est un coup de poing dans la gueule Contre ceux qui nous empêchent de penser. Contre ceux qui ont peur de l’imagination. Contre ceux qui ne veulent pas qu’on s’amuse. Charlie Hebdo c’est un journal en colère, c’est un journal qui rit. C’est un journal qui cogne, c’est un journal qui rêve. C’est un journal qui engueule, c’est un journal qui cogite. Charlie Hebdo c’est un journal qui n’a rien à perdre car après la vie il n’y a plus rien. Charlie Hebdo n’a pas besoin de Dieu, pas besoin de Wall Street, pas besoin de posséder deux bagnoles et trois téléphones portables pour être heureux. Pour être heureux, Charlie Hebdo dessine, écrit, interviewe, réfléchit et s’amuse de tout ce qui est risible sur terre, de tout ce qui est grotesque dans la vie. C’est-à-dire de presque tout. Parce que la vie est si courte qu’il serait dommage de la passer à pleurnicher sur son sort au lieu d’en rire une bonne fois pour toute.

**Que ce soit en France au Bataclan ou aux USA, la country tue! Prohibition! Les rednecks et autres gros débiles  pensent que s’armer jusqu’aux dents peut sauver l’humanité !

Lire la suite...

Profondeurs et langage ondulatoire

12273248901?profile=original

L'heure se faufile habilement dans les couleurs du jour qui se réveille laissant le jeu des lumineuses s'enraciner dans le substrat enténébré de Mélia. Cette fois, l'hédonisme de cueillir l'aube encore tremblante et toucher de ses doigts obscurs la nature au hasard de ses promenades n'aura pas lieu.
Dehors, la course folle du vent souffle son chant funèbre, amplifiant dans les plaines encore floues de son esprit, les bruits de pas des quelques passants se hâtant sur le sol humide d'une pluie lourde et abondante égrainant ses soupirs. Alors que l'intensité de l'onde de force fouette ses gouttes de larmes aux parois des vitres, Mélia s'approche de la fenêtre et sent en à peine une respiration les quelques sortilèges orchestrés par le vent claquer en cadence et gagner sa chair jusqu'au creux de son ventre implantant en tourbillons insipide son vouloir dans son ADN.
Dans un mouvement de recul, elle détourne son tiède regard vers l'homme qui partage ses doutes et ses peurs et de sa main blanche, tire soigneusement un rideau lourd, dont le froissement silencieux offre un asile à la désirance protéiforme qui se déploie au palais de son allégorie. Dans une solitude moniale, elle ajuste sa longue chevelure d'un roux flamboyant sur ses épaules nues, fait glisser les bretelles de sa chemise qui, dans un bruissement de soie, libère la chaleur de son corps.
D'un geste assuré, elle prend la robe de dentelle noire et la paire de collants posés sur le fauteuil, puis s'habille. Silencieusement, sa silhouette gracile sort de la chambre avec la grâce de la pureté fragile qui défit la pesanteur, laissant trainer derrière elle les fragrances du doux cytise mielleux de sa peau.
Les lèvres ourlées du feu du désir, les cheveux en broussaille, il l'a regarde, fasciné, s'éloignant, légère, vibrante comme les notes mélodieuses des paradis artificiels. Mélia traverse le petit couloir qui mène vers la pièce principale où l'odeur d'humidité qui en émane est comme une coruscation dans ses ténèbres.
Là, sans trop encombrer l'espace, des meubles fonctionnels occupent les murs de pierre, des objets de toutes sortes dispersés çà et là ainsi qu'une table où trônent spatules, mirettes et ébauchoirs qui attendent de se mettre à l'ouvrage.
Tout en se dirigeant avec assurance vers l'aile de la pièce qui lui sert d'atelier, un sourire illumine ses traits. Elle saisit un tabouret puis, s'assied face à l'hybride protéiforme qui se tient devant elle.
Un léger tressaillement le long de son dos agit tel un catalyseur et ses mains propulsées par une énergie intérieure, entrent avec dextérité en contact avec l'argile qui la renvoie à la matière vivante d'elle-même. Amené par la profondeur du geste, son langage ondulatoire exprime alors le sentir au plus près de la peau et le voir au miroir heuristique de son mentale. Disposant à la fois de la paume et des ongles, elle malaxe avec furie la glaise qui se transmue en chair sous ses phalanges se laissant apparaître comme le corrélat de sa labilité émotionnelle. Dès lors l'éclosion de la corporéité de sa genèse devient l'essence à l'incarnation irriguée par ses pulsions.
Aussitôt, un vertige lui crispe les entrailles, tant dans les lignes de sa création le réel est étroit. La divergence des sens de son être a fait naître la convergence des essences.
Cette ambivalence de vérité authentique et artificielle, fluctuante et paradoxale l'envahit comme un arc-en-ciel. Le buste raide, les lèvres tremblantes, les yeux couverts de son voile uniforme, Mélia caresse dans une sorte de fovea tactile la survenance qui s'inscrit dans la dimension où sa main l'a créée et pensée.
Ainsi pénétrée de cette sphère qui l'embrasse jusqu'à altérer son opacité, elle sent la chaleur des bras qui l'avaient enlacé toute une nuit se refermer sur elle, puis la contourne, et s'emparant de l'obscurité de son regard, lui murmure à mots à peine soufflés:
« Tu as placé ton âme au bout de tes doigts et elle a fait ressortir ton inclination. »
Ses mots s'accrochent alors à ses lèvres et portée par sa phrase, Mélia réalise enfin que ce qui lui a permis de repousser les limites de son champ de vision fait de courant fluidique, n'est autre que l'altérité et conscience de soi.

Nom d'auteur Sonia Gallet


Nouvelle © 2017

Lire la suite...

Hergé inspirateur de ma série 1956RG-2017RE

Il y a, sans qu’on le sache vraiment, des hommes, des femmes, des livres, de la musique, des parfums , des odeurs, des goûts qui nous accompagnent. Ulysse, d’Artagnan, les Beatles , Guevara, l’eau de Cologne , la lavande dans l’armoire, l’odeur de l’éther, des œuvres lu et relus, des chansons que nous n’écoutons plus car elles sont gravées dans notre mémoire. Il en est ainsi d’un homme et de son œuvre: Georges Rémi dit Hergé.

Hergé

Je passait dans une ruelle d’un blanc éclatant à l’heure où le soleil est au zénith. Une lumière douloureuse, qui lui donnait la dimension d’un labyrinthe d’arêtes tranchantes. J’en fus aveuglé et je dus fermer les yeux et baisser la tête pour me soustraire à ce trop plein de blanc.

1956RG-2017RE

1956RG-2017RE

Il me vint immédiatement à l’esprit que le blanc était la «couleur» de ma dépression… Je n’était capable que de photographier des chaises. Toujours vides. Visiblement la fête était terminée, tout le monde était parti. Il ne restait rien que des chaises plus ou moins bien rangées. Je vivais alors un moment de crise, de doutes et de remise en question. Peu importe la cause j’étais à cet endroit pour en quelque sorte me laver et revenir à la lumière.

Cet éblouissement induisit une association d’idées surprenante: Blanc , dépression, Hergé, 1956, Tintin au Tibet. Mon album préféré de Tintin avec le Lotus bleu.

Tintin

De tous les albums d’Hergé consacrés à Tintin, Tintin au Tibet, est sûrement le plus personnel.

Le sujet en est le sens de l’amitié, une quête du Bien qui raconte l’histoire d’un homme prêt à donner sa vie pour sauver un ami dont tout laisse à penser qu’il est mort. C’est une allégorie moderne et laïcisée du bon samaritain à dimension philosophique et spirituelle inégalée dans les autres albums de la série.

On ne peut comprendre véritablement une œuvre sans rien connaître de son auteur au moment où il l’écrit. Or, précisément, Tintin au Tibet fut écrit à une époque de remise en cause profonde et douloureuse de son auteur.

Depuis 1956, Hergé marié à Germaine Kieckens depuis 1932, est tombé amoureux d’une jeune collaboratrice des studios Hergé: Fanny Vlamynck.

Parallèlement, il vient de vivre une période de retraite et de méditation personnelle à l’abbaye de la Trappe de Scourmont puis, toujours en solitaire, sur les rives du lac Léman en Suisse. Âgé d’une cinquantaine d’années, il semble faire un bilan de sa vie et des valeurs catholiques qui l’ont animé depuis sa jeunesse. Hergé rentre en pleine période d’introspection.

1956RG-2017RE

1956RG-2017RE

Il vit une véritable crise intérieure. Il connaît une série de rêves obsédants et récurrents qui le poussent à consulter un psychanalyste. Hergé le racontera lui-même plus tard .

«A cette époque, je traversais une véritable crise et mes rêves étaient presque toujours des rêves en blanc et ils étaient très angoissants. J’en prenais note et je me souviens de l’un deux où je me trouvais dans une espèce de tour constituée de rampes successives. Des feuilles mortes tombaient et recouvraient tout. A un certain moment, dans une sorte d’alcôve d’une blancheur immaculée est apparu un squelette tout blanc qui a essayé de m’attraper. Et à l’instant, tout autour de moi, le monde est devenu blanc.»

Certaines questions personnelles le taraudent et sont à l’origine d’une véritable crise intérieure: qu’est-ce que faire le Bien? Quel chemin m’indique ma conscience? Abandonner mon épouse après près de 20 ans de vie commune et laisser mes sentiments me conduire à épouser Fanny? Ou me condamner à passer à côté d’un nouveau bonheur?

1956RG-2017RE

1956RG-2017RE

Ces rêves en blanc, étouffent Hergé et il a besoin de s’en libérer. La création de Tintin au Tibet va ainsi tenter de répondre à un profond besoin de métamorphose de son auteur. Une BD chef-d’œuvre (clarté, simplification, dépouillement, sobriété), un héros vertueux (la prudence, la justice, la tempérance et la force), vertus qui se trouvent aussi associées aux vertus théologales qui semblent plus que jamais habiter Tintin (la foi, l’espérance, la charité). C’est ,du point de vue spirituel, une véritable démarche de sainteté que semble poursuivre Tintin. Le saint au sens chrétien est celui qui va jusqu’au bout de la révélation de la vérité du Christ, comme Tintin va jusqu’au bout de la révélation qui lui fait apparaître son ami Tchang comme vivant. Pour tendre vers la sainteté, il faut se rappeler sa condition humaine.A ccepter sa faiblesse, afin de pouvoir la transcender; par ailleurs cette démarche vers la sainteté est avant tout intérieure et singulière; elle ne peut se vivre qu’en solitaire.

 

http://www.dailymotion.com/video/x387hid

 

L’album s’ouvre sur un étrange songe au cours duquel Tintin croit voir son ami Tchang l’appeler à son secours. Alors que dans tous les autres albums l’intrigue était lancée par un événement extérieur qui alertait Tintin (une statuette volée, une étoile qui grossit, des savants qui tombent malades, l’enlèvement de Tournesol, etc.), l’intrigue est ici comme intériorisée par le héros lui-même. Un rêve «hallucinant de vérité» commande à Tintin d’agir et d’aller sauver Tchang. C’est bien dans ce songe que Tintin puise la foi que Tchang a survécu à la catastrophe. Cette espérance lui permettra de soulever les montagnes, ou plutôt de gravir les versants de l’Himalaya…

1956RG-2017RE

1956RG-2017RE

 

Le Rêve accompagne les démarches de sainteté dans de nombreux récits de la tradition chrétienne – Saint-Martin auquel le Christ apparaît en songe: «ce que tu as fait en couvrant ce mendiant de ton manteau, c’est à moi que tu l’as fait.» Le chemin vers la sainteté exige aussi un long dépouillement de soi, de ses vanités, de ses appréhensions et de ses a priori. Ce n’est sans doute pas un hasard si cette aventure de Tintin se déroule sur les plus hautes montages du monde, car la montagne est, par excellence, le cadre d’une géographie mystique, le lieu du dépassement de soi. Le blanc qui entoure Tintin, et qui était la couleur obsédante des rêves d’Hergé à cette période de sa vie, apparaît alors comme l’allégorie de cette pureté que semble atteindre son héros.Le saint, de par son rayonnement, exerce aussi une autorité morale qui est de nature à transfigurer radicalement ses proches.

1956RG-2017RE

1956RG-2017RE

 

Dès la première page, le capitaine Haddock nous apprend que les randonnées en montagne ne l’intéressent pas: «s’obstiner à grimper sur des tas de cailloux, ça me dépasse»; c’est pourtant ce qu’il va faire en accompagnant Tintin au Tibet – Mais la force de l’ amitié le pousse à surmonter son dégoût pour la marche et à devenir, à sa manière, un homme de Bien. Le guide Tharkey se transforme également au cours du récit. Après avoir abandonné Tintin et Haddock, il revient «Toi jeune sahib blanc, et toi risquer ta vie pour sauver jeune garçon jaune», «Moi, faire demi-tour et revenir vers toi». En somme, Tintin est celui pour lequel on sort de ses habitudes, de son confort, afin de le suivre, comme on suit un saint parce qu’une force morale nous enjoint à le faire.

Le mot de la fin semble nous être donné par le lama qui vient à la rencontre de Tintin et de Tchang: «Ce que tu as fait, peu d’hommes auraient osé l’entreprendre. Sois béni, Cœur Pur, sois béni pour la ferveur de ton amitié, pour ton audace et pour ta ténacité.»

Tintin acquiert ainsi une nouvelle dimension, le héros s’est transfiguré; il s’engage dans une démarche de sainteté, à la recherche d’une forme de bien absolu.

En se posant finalement cette question qui parcourt l’album, «Qu’est ce que le Bien?», Hergé indique encore une autre piste de lecture. Il représente le Yéti aveuglé par le flash de l’appareil photographique que Tintin déclenche fortuitement… et l’on déduit qu’à cette distance, et dans ces conditions, la photo prise est illisible. On peut percevoir dans cette scène une analyse avant-gardiste du rejet de «la société du spectacle» dans laquelle l’hyper-médiatisation nous a fait entrer. L’insistance répétée du capitaine Haddock pour que Tintin prenne absolument une photographie du Yéti illustre bien cette avidité de voyeur qui recherche avant tout le spectaculaire. Sauf que le vrai Bien ne peut pas se montrer en spectacle. Cette scène fait d’ailleurs écho à une autre scène de même nature et qui la précède: lorsque Tintin, rescapé dans la lamasserie, raconte son aventure au grand précieux, il n’arrive pas à formuler le but réel de son expédition car il est interrompu de façon incongrue par le capitaine Haddock. Le véritable Bien ne peut pas s’exposer. Il échappe à toute explication et relève presque de l’absurde, simplement parce qu’une force irrépressible, qui vient dont on ne sait où, appelle à l’accomplir. Il est irréductible à une loi civile ou religieuse, à un quelconque sens tiré de la raison, et lorsque l’on croit le saisir, il nous échappe toujours.Tintin au Tibet, paru en 1960, est pour Georges Remi l’album de la sagesse personnelle comme Le Lotus bleu, paru en 1936, a été l’album de la maturité politique et du dépassement des a priori.

En tant que pyrénéen je me dois de terminer sur cette anecdote et ce commentaire.

Georges Rémi n’était certes pas un grand adepte de randonnées en montagne, mais adolescent, lorsqu’il était chef de patrouille chez les scouts, il avait randonné autour du cirque de Gavarnie. Comme le dit Pierre Assouline: «le cirque de Gavarnie fut son Himalaya»

En tant qu’homme et artiste je me dois de rendre hommage à Georges Rémi qui m’a inspiré pour cette série, qui m’a aidé (il n’est pas le seul) à retrouver la lumière comme le montre la deuxième partie de la série et à l’égal de Dumas ou Homère a participé à faire de moi ce que je suis.

Cette série autobiographique est visible ici http://www.pixbyroland.com/galerie/1956rg-2017re-serie-noir-blanc-hommage-melancolique/

Lire la suite...

Les visions d'Ulysse III

JFK.
Pour aller à Bayonne (NJ) c’est assez simple.
Départ de
John F. Kennedy International Airport (JFK) (John F. Kennedy International Airport)
Marchez 1 min vers Jfk Terminal 4 ID 3 PARTEZ de Terminal 4 Departures Attendez JFK AIRTRAIN Jfk – Howard Beach ALLEZ vers Howard Beach Airtrain ID 10 Marchez 1 min vers Howard Beach – Jfk Airport [A] PRENEZ l’entrée 103rd St And 159th Ave Se PARTEZ de Coleman Square ATTENDEZ A Uptown Express To Inwood – 207 St ALLEZ vers Fulton St [A,C,J,Z,2,3,4,5] PRENEZ la sortie Broadway And Fulton St Nw MARCHEZ 2 min vers World Trade Center PRENEZ l’entrée World Trade Center PARTEZ de Fulton Street ATTENDEZ NEWARK – WTC Newark ALLEZ vers 1 arrêt Exchange Place Newark
MARCHEZ 2MIN vers Exchange Place Light Rail Station ID 30833 ATTENDEZ HUDSON-BERGEN LIGHT RAIL Hblr Bayonne 8th St ALLEZ vers 34th Street Light Rail Station Prenez la sortie 34th St Parking Lot M ARCHEZ vers où vous voulez vous êtes à Bayonne New Jersey USA.
Je vais vers Broadway pas loin du Bayonne Tattoo Company qui est au 668 Broadway précisément au 27 E 31st St où je trouve une petite maison à étage ou flotte un putain de drapeau américain alors que l’occupant des lieux, aux dernières nouvelles possède un passeport argentin. Il y a un petit carré d’herbe devant la maison et six marches pour arriver sur une véranda où je me demande bien pourquoi il y a un canapé-balançoire car qui peut avoir envie de s’installer là pour admirer un paysage composé de voitures garées et de maison toutes quasi identiques. Relaxation ultime.
«A» m’ouvre.
Oui je l’appelle A. Pour plusieurs raison. Un: je n’ai pas envie de vous donner son vrai nom. Deux: ça m’ évite de chercher un pseudonyme bien que je connaisse la plupart de ses faux noms . Trois parce que ça me fait penser à Arthur «A, noir corset velu des mouches éclatantes Qui bombinent autour des puanteurs cruelles…» et que ça lui va bien à «A» ces vers. Il est velu, ex artificier et il a connu les puanteurs cruelles des dictatures. En ce sens il est assez surprenant de le retrouver installé dans le pays qui a installé et soutenu toutes les dictatures en Amérique du sud et en Europe dont il a eu à connaître le joug.
Les vrais amis même après des années de séparation n’ont pas besoin de se dire grand chose quand ils se retrouve. Une accolade suffit. Je pose mon maigre bagages dans ce qui sera ma chambre pendant quelques temps. «A» a gardé ces vieilles habitudes. Une certaine paranoïa peut être. Comme il devine que je ne suis pas là pour rien et que ce que je vais lui demander n’est pas vraiment légal, il préfère sortir de la maison.
Nous allons sur broadway au lighthouse restaurant.
Selon «A» qui me présente Pat la serveuse
-it’s trully great food and over the years it’s still almost always full of people. If you are looking for a mid town diner on Broadway in Bayonne new jersey with great food and really good people this is it !
On va le croire sur parole et de toute façon je n’ai pas le choix.
On va parler en français si tu veux statistiquement il y a une demi chance sur cent que quelqu’un nous comprenne. Alors pourquoi tu es là
Il te reste des Kadanski?
Non. Sur le darknet , Sous la protection de Tor tu peux acheter de faux chèques presque parfaits avec les pièces d’identité correspondantes falsifiées.tout ce que tu veux dans le genre.
Je n’ai pas confiance. Je préfère connaître les gens.
Je connais un ancien graphiste doté d’un savoir-faire rare et délicat, à la technique sure. Confection sans faille. A 35ans, il est la référence des experts en contrefaçon. Il te faut une légende aussi?
Ça serait bien.
ça va te coûter cher.
C’est comme ça que je me suis retrouvé coincé quelque temps à Bayonne New Jersey USA. Parce que pour payer l’addition il a fallu que je bosse et pour tout vous dire , pas dans des activités très légales. Vous imaginez bien que pour gagner une grosse somme en peu de temps… ou alors faut être un voleur légal genre … Goldman Sachs et consorts?
Je sais pas faire grand chose, là où je me débrouille le mieux c’est l’utilisation de logiciels de retouche. C’est mon coté Dr Jekyll. Je peux aussi devenir hyper violent. Je pensais jamais que ma face Mr Hyde me rapporterai de l’argent. N’ayez pas peur comme disait Jean Paul II le Christ dans une main l’Opus Dei dans l’autre.

Lire la suite...

Les visions d'Ulysse II

Tout a commencé quand j’ai voulu soigner une blessure narcissique on va dire ça comme ça.
J’ai rien trouvé de mieux que de lire du Rimbaud, apprendre des poèmes par cœur pour m’éviter de penser. C’est assez simple pendant que vous vous récitez un poème vous ne pensez à rien d’autre. J’ai essayé les prières, je Vous Salue Marie pleine de grâce … trop court, trop facile, on perd vite la concentration et hop la machine à penser se met en route. Horrible. Et vas y que tu rumines le passé , que tu échafaudes des scenarii pour l’avenir. T’es jamais dans le moment présent.
Notre Père qui es aux cieux … pas mal en l’ enchaînant au Je Vous Salue Marie plusieurs fois ça fait dormir. Mais les poèmes c’est mieux. J’ai pris Baudelaire, Verlaine, Apollinaire… Trop facile. Puis Arthur Rimbaud. Là c’est du sérieux. Déjà à la première lecture tu ne comprends pas tout. Par exemple Le bateau ivre. Pas banal non? La syntaxe, les images, les métaphores, le sens qui t’échappe …Prends «…sous les yeux horribles des pontons».
Waouh c’est quoi ça? Les pontons sont en bois et les nœuds font comme des yeux? Naan. Un ponton est une prison flottante. On y entassait les prisonniers en grand nombre, l’avantage étant qu’un personnel réduit suffisait à surveiller les prisonniers.
Thérapie la poésie de Rimbaud? Tu parles. Une fois que tu as pigé, lu, retenu et récité tu fais quoi tu recommence avec un autre oui. Mais au bout d’un moment ça a infusé tout ça.

On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
– Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
– On va sous les tilleuls verts de la promenade.

Oui c’est ça va falloir sortir à «m’en donné».

Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien …

Exactement ce qu’il me faut.

Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d’astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts …

Yes, yes, yes!
Et puis je lis
Je est un autre

si «je est un autre»,s’il n’y a pas en réalité d’identité stable, pourquoi le croire. Foin de Descartes et des moralistes classiques. On sort sur la promenade rejoindre NIEZTSCHE .
Moi ça m’arrange bien que Je soit un Autre.
Je vais devenir un autre dans le genre
Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. »
Vaste programme
Et puis Arthur est parti …J’ai fait comme lui je suis parti.

Je vous vois venir vous vous demandez où?

Bayonne.
MDR , Bayonne? C’est à coté! C’est nul.
Oui c’est nul surtout du mercredi qui précède le premier week-end du mois d’août et se termine le dimanche suivant.
Non. Bayonne New jersey USA. Et là je vous ai tous perdu. Vous regardez si ça existe. Ça y est c’est bon? Allez y regardez aussi ma localisation sur face book. Tré bien vous voyez je raconte pas d’histoires.

Bon maintenant vous vous demandez mais pourquoi Bayonne dans le new Jersey USA?
Ce choix tient à une période passée au cours de laquelle je fréquentais un groupe indépendantiste dans lequel je me suis fait des relations amicales , fraternelles qui malgré les années, les exils plus ou moins volontaires, demeurent.
J’avais un passeport, j’ai demandé un visa, complété le formulaire DS-160 etc.
Et à nous deux Bayonne.
Tarbes, Paris, New York.

Lire la suite...

Partenariat Zoé Valy et Kristin Vesterälen

La Passion de la Vie, des pinceaux, d'une plume

Une passion pour l'Art, le même rêve de partager

Et

une collaboration

en toute liberté autour d'un projet commun.

Une belle aventure.

Nous vous invitons au voyage ...

« La Petite-Fille aux Feuilles »
(40X50)
Zoé Valy

12273241087?profile=original

À inspiré « La Joie de Vivre »
Krystin Vesterälen

Au printemps de tes jours

Chute déjà l’automne

La vie fait son cycle.

Le temps passe sur tout

La Vie est Joie.

« La Brume »

(40X50) 

Zoé Valy

12273242476?profile=original

A inspiré « Le Jour Arrive »

Krystin Vesterälen

La brume blanche 

Sur le chemin

Effacé par la nuit

Annonce la rosée du jour

Et le lumignion chaleureux

Transporte avec lui

Les perles accrochées

Là-haut, tout là-haut

« L’Aquarium de Pairi Daïza »
(40X50)
Zoé Valy

12273243068?profile=original

A inspiré. « Le Poisson Japonais »
Krystin Vesterälen

Tourne en rond

Saute et joue

Le poisson aux voiles de deux couleurs

Nage sous les yeux réjouis

Du peintre attiré par l’eau

Claire et lumineuse

Se laissant aller à la rêverie

« La Vague Marine »

(50X70)

Zoé Valy

12273243691?profile=original

A inspiré « La Danse de la Mer »

Krystin Vesterälen

La Vague qui monte

A l’Assaut du ciel

Retombe en rouleaux

Dans l’eau marine

Telle une baleine

Ballerine aquatique,

Dansant aux rayons du soleil

« La Femme à L’Ombrelle »

(50X70)

Zoé Valy 

12273244870?profile=original

A inspiré « Le Retour du Bateau »

Krystin Vesterälen

Le Zéphir en joliesse

Du haut de la colline

Murmure aux oreilles

De celle qui attend

Patiemment

Le retour de son bien-aimé

« Flamenca »

(30X40)

Zoé Valy 

12273245679?profile=original

A inspiré « L’Amante »

Krystin Vesterälen

La Jupe virevolte

Rouge de sensualité.

Les bras attirent la musique,

Les mains, les pieds rythment la passion

La flamboyante au coeur de feu

Se consume dans les bras de son amant.

« Fleur »

(20X30)

Zoé Valy 

12273245488?profile=original

A inspiré « Le Secret de l’été »

Krystin Vesterälen

Le coeur offert amoureusement

A la mielleuse travailleuse

Le temps de la passion

Durera tout l’été.

L’écrin de pétales

T’enfermera et tel un phoenix

Tur renaîtras après le froid

« Coucher de Soleil »

(40X50)

Zoé Valy 

12273246875?profile=original

A inspiré « L’Amour Libre »

Krystin Vesterälen

Les premiers rayons 

Cajolent les feuilles

Humides de rosée.

La sensualité doucereuse,

Une caresse amoureuse,

Un cadeau de la nature.

« La Danseuse Etoile »

(40X40)

Zoé Valy 

12273247460?profile=original

A inspiré "L'envol des Sens »

Krystin Vesterälen

La Robe telle une coupole

Un roman frivole

La rose en corolle

Un rôdeur raffole

Le rocher déboussole

Une rosette en acropole

Le romarin affriole

En rococo racole

Sur une rocade vole

« La Femme Romantique »

(40X50)

Zoé Valy 

12273248064?profile=original

A inspiré « La Tendresse »

Timide déclaration

Comprise de l’amante

Discrète et rêveuse

Un remerciement, une invitation

A tendre et à nouveau être

Dans les bras.

Petite lingerie pudique

N’attendant que les caresses 

Et les baisers.

 

Nous remercions le Réseau Arts et Lettres, Monsieur Robert Paul et Liliane Magotte pour leur enthousiasme et leur motivation à susciter l'envie de travailler ensemble

pour la "Beauté de l'Art"

 

Zoé Valy et Krystin Vesterälen

Septembre 2017

 

 

Lire la suite...

Petite histoire de la naissance des rencontres littéraires de Bruxelles

Par Michel Torrekens

Téléchargez en mode lecture les quatre pages parues dans la revue littéraire belge "Les carnets et les instants": (N. B. : Le chargement de chaque  page prend environ 10 secondes pour chaque page)

Première page;  https://drive.google.com/file/d/0B6uR54MtFV6-a1M5S3lWVS1lN1U/view?usp=sharing

Deuxième page:  https://drive.google.com/file/d/0B6uR54MtFV6-RkhWQWQ4RENGaFVKQlZxbERiME1DWkR4cXMw/view?usp=sharing

Troisième page:  https://drive.google.com/file/d/0B6uR54MtFV6-WjhndDRySVBaTG5Uek5iTTlCYnZ5Q0xHVUQw/view?usp=sharing

Quatrième page:  https://drive.google.com/file/d/0B6uR54MtFV6-T0E4WTZpMFE2SkhIZ1d0NUFJa013ZVVyOWNN/view?usp=sharing

"Je l'ai empris, bien en avienne" (devise de Charles de Bourgogne)

R. P.

Lire la suite...
RSS
M'envoyer un mail lorsqu'il y a de nouveaux éléments –

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles