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Le temps qu'il fait !

 

Lorsqu'il pleut,

dessiner ou écrire,

un temps qui serait bleu,

un grand feu !

Lorsqu'il y a du soleil,

dessiner ou écrire,

l'ondée joyeuse,

un peu folle,

flopée de crayons de toutes les couleurs,

de ci de là, tombant du ciel !

Lorsqu'il neige,

dessiner ou écrire,

sur l'immaculé châle,

la silhouette des mots,

puis regarder ému,

le frisson de la terre !

En l'absence de tout cela,

attendre patiemment,

l'entrebâillement,

 qui se fera en soi ;

pour recevoir le ciel,

puis décider alors,

 du temps qu'il fera !

 

NINA

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administrateur théâtres

A Day-to-day adventure!

Fondant comme un caramel au beurre salé! But what does Summer Robin think of it?

Grisabella's watching over, with her motherly look

Beau

lever de rideau, ici on parle français!

Such a Splendid fish to fry, isn't it!

May I have some more? said the dog (CH.Dickens)

Really Guilty Face!

Un poussin qui n'a pas peur de son ombre! Maestro? Wo bist du?

En attendant la pluie (Marcel Aymé)J'adore l'été!

Et les chants d'oiseauxEt les mouvements dans l'herbe!

Caught you!

And the rest is                 SNOW!

Shozo Ozaki's photo.L'amour rend meilleur!

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Au Parc Graton

P9220000.jpg

Le vent dans les cheveux, le soleil sur le corps,
Je suis à contempler la beauté du décor.
Des collines boisées en rempart verdoyant,
Entre le bleu céleste et son reflet brillant.

L'eau de glace du lac déconcerte d'abord
Mais se décourager, ce serait avoir tort.
Je vois s'y divertir de très jeunes enfants,
Leur bien-être paraît tout à fait évident.

Se déplacer dans l'eau sans aucune contrainte,
Flotter comme un bouchon sans éprouver de crainte,
Se sentir caressé, délices infinis!

Solitaire entourée, j'existe pleinement,
Prends ma part de bonheur dans l'éblouissement,
Dans l'harmonie parfaite, un autre été béni

 

3/7/2004

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L'été au Québec

 

P7310019

Haïkus

Chaleureux accueil

somptueux tapis de fleurs

à chaque cité.

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Le fleuve et un parc

tables et sièges partout

des arbres géants.

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Silence propice

sur la rive des canards

s'isolent à l'ombre.

----

Effets de miroirs

sautent des étoiles d'or

au fil du courant.

----

Espace infini

grisées volent des mouettes

plus haut et plus haut.

----

 

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administrateur théâtres

« Chiangia dolce moi Dio l’arco dell’Ira in Iride paciera ! »

 

Il Diluvio Universale: une œuvre courte et nue, sans bavardages, mais nimbée de grâce et de résonnance. Une divine allégorie à sens universel. Pas étonnant, nous sommes au cœur de l’église Saint-Loup à Namur et nous fêtons l’ouverture du Festival de Namur et ses 50 ans d’existence. Pas étonnant non plus, car nous sommes sous la houlette du jeune chef argentin   totalement inspiré: Leonardo Garcia Alarcon à la tête de sa Cappella Mediterranea et du fidèle Chœur de Chambre de Namur.

 

Il a exhumé un œuvre sicilienne, - partition oubliée, trésor englouti - d’un certain Michelangelo Falvetti. On sait  que celui-ci est né en 1642 dans la Calabre tout proche. Fort d'une excellente formation musicale et des nouveautés montéverdiennes, il connaît le style de Carissimi. Il est nommé Maître de Chapelle à la Cathédrale de Palerme, où il bénéficie du mécénat du vice-roi espagnol. Mais cinq ans avant la première exécution d' « Il Diluvio  Universale », la ville de Messine  est le centre d'une forte révolte fortement réprimée par le pouvoir central: suppression des droits et privilèges acquis de longue date, destructions des édifices publics, etc... Le retour à la paix est donc bienvenu après une pénible mise en quarantaine. On peut se douter que les thèmes de désobéissance, de punition divine et de rédemption, contés en musique devaient captiver l’auditoire. En effet Michelangelo Falvetti est devenu maître de chapelle à la Cathédrale de Messine où il décédera 10 ans plus tard, en 1692.

 

Le  mythe  du Déluge est universel et appartient à nombre de civilisations.  Dans la foi chrétienne, la  vengeance divine est toujours tempérée par une renaissance possible. L’eau comme le feu en sont les instruments ravageurs mais il y a toujours la promesse d’une nouvelle éclosion (Isaïe 6-13). Le titre de l’œuvre fera frémir certains, sensibles aux catastrophes écologiques annoncées. Il est vrai que cette notion de cataclysme global donne encore plus de force au message musical.  

 

Il Diluvio  n'est pas un oratorio – quoiqu'il en soit proche – ni un drame sacré. Il tient des deux. Falvetti l'a d'ailleurs nommé lui-même « dialogue ». Un dialogue entre Dieu et vous… Entre la partition d’un compositeur oublié et un directeur musical contemporain passionné de renaissances, entre un chœur de Namur sublime et des concertistes et solistes passionnés par l’aventure.  L’exquise Mariana Flores incarne Rad, l’épouse de Noé. Un dialogue à cinq voix entre Dame Nature, l’émouvante  Nature humaine (Caroline Weynants), Noé et Rad la famille rescapée de la colère divine, la Mort et Dieu. Et l’on tremble devant la musicalité et  la force créatrice de la composition, devant la théâtralité de la mise en scène, la sublime beauté des voix, la finesse des pupitres anciens (théorbes, harpe, violes de gambes, violoncelle, cornets, sacqueboutes et orgue) et surtout, l’humour et l’empathie des percussions.

 « No temo morte » assure Rad, la femme de Noé - elle a tout compris. Et le percussionniste livre un commentaire  émouvant, à la façon d’un chœur antique dans le chœur, des sons frappés ou humblement étouffés sur ce qui ressemble à une jarre de terre. Tout un mystérieux langage de signes. Remarquable aussi, cette prière duelle de confiance à Dieu chantée par le couple uni par l’amour. Le chœur se lève et répète la prière indéfiniment jusqu’à ce que Dieu parle, à la  tribune, une voix puissante venue d’en haut. C’est renversant.  Le duo enlacé de Noé et Rad confirme « temo ed adoro ». La voix d’or de  Fernando Guimares symbolise intensément à la fois la force et la fragilité humaine.  Il tenait le rôle de l’Orfeo au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en automne dernier.

 L’arrivée triomphale de la Mort (Matteo Belotto) ravie de la destruction de l’humanité  n’est pas moins impressionnante. Le déguisement, le maquillage, le sarcastique et les imprécations qui manient tous les registres vocaux font d’elle un personnage signé James Ensor. Dans l’église, tout le monde retient sa respiration après la tempête d’instruments qui s’arrête soudainement au bord du néant. Les tableaux musicaux d’une extrême richesse n’ont pas fini de se succéder. On retient particulièrement cette Nature humaine affligée (Caroline Weynants) qui soudain relève la tête et dont le chant est recueilli et encensé par un subtil jeu de tambourin virtuose* sans doute improvisé. La Sicile  a toujours été à la croisée des cultures.

Pour enchaîner, il y a  ces superbes modulations nostalgiques des cinq choristes qui semblent glisser en échos perpétuels pleurant « la Natura estinta ». On en a les larmes aux yeux. Séchons-les vite, car Noé et Rad supplient « Placati Dio di bonta…» L’Arc en Ciel soudain paraît, une œuvre de la Lumière Divine entonnée par  les voix féminines liquides de bonheur, répétées par les vents, enfin par  le chœur des hommes tout entier animé de feu céleste. C’est simplement prodigieux. Et le chœur final exulte ! Dans  son premier Bis Leonardo Garcia Alarcon  accompagnera le chœur en chantant lui-même les paroles magiques du glorieux : « Ecco L’Iride paciera ! ». Que chaque âme fidèle cueille les fruits de la Vie sur les belles branches de la paix ! Bouleversée, la salle entière est debout pour acclamer les artistes qui ont tout donné sous ces voûtes de pierres sacrées.

« Tutto nel mondo è burla » extrait de Fallstaff, dernier opéra de Verdi est le mot de la fin, un deuxième bis frénétique  en forme de tornade musicale  frénétiquement applaudie !

*Keyvan Chemirani, oudou, zarb et daf


 Mariana Flores, soprano – Rad, Fernando Guimares, ténor – Noé, Evelyn Ramirez Numoz, mezzo soprano - La Giustizia Divina, Fabian Schofrin, contre-ténor - La Morte, Matteo Belotto, basse – Dio, Amélie Renglet, soprano - L’Acqua, Caroline Weynants, soprano - La Natura Humana, Thibaut Lenaerts, ténor, Sergio Ladu basse 
 
 
 
 
 
 
 
Choeur de Chambre de Namur
Cappella Mediterranea
Leonardo García Alarcón, direction

Photos: courtesy of Stephane Dado (and Geneviève Gilson)

  

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Jonathan

 Jonathan était né à Gdynia en Pologne. Lorsque les  allemands envahirent la Pologne, il était âgé de quatorze ans. Il fréquentait le collège depuis trois ans, et prévoyait d’entrer plus tard à l’Université de Cracovie pour y apprendre la philosophie.

C’était un adolescent intelligent, fort séduisant, qui retenait le regard des jeunes filles autant que celui de leur mère.

Le soir, Jonathan se rendait à la Yeshiva, une école dirigée par des rabbins, où il apprenait l’hébreu et la Thora. Dans chacun de ces établissements, il apprit le plaisir de la discussion et l’importance qu’il y avait à chercher et à trouver les bons arguments. Il faisait la joie de ses parents. Orthodoxes, ils respectaient les rituels prescrits, et toutes fêtes étaient motifs à se ranger aux côtés des élus. Aux yeux de leur dieu, ils étaient des modèles vraisemblablement.

Son grand père, Salomon, était un rabbin respecté de la communauté. Souvent, Jonathan lui rendait visite pour lui parler de ses études ou lui demander conseil. Avec son grand père, il ne craignait pas d’avoir les sujets de conversation qu’il ne pouvait pas avoir avec son père. Au sujet des filles par exemple. Il faut bien le reconnaitre, juives ou non, aux yeux d’un jeune garçon, elles avaient toutes des attraits qui donnaient à rêver, la nuit généralement, et même alors qu’on ne dormait pas encore. 

Jonathan avait un frère, Samuel, de deux ans son cadet, et beaucoup moins préoccupé de religion. Lorsqu’il jouait avec ses amis, juifs ou non, les coups pleuvaient fort de part et d’autre. Samuel avait appris très tôt que les coups étaient beaucoup plus convaincants que les arguments les mieux élaborés lorsqu’on avait affaire à des interlocuteurs que la philosophie n’intéressait pas.

Qui peut dire lequel des deux frères avait raison ?

Avant la guerre déjà, il y eut  des pogroms encouragés par les autorités. Tuer ses semblables défoule, a dit je ne sais plus quel sociologue. Un soir que Jonathan était auprès de son grand père, un groupe dont personne n’eut été capable de dire quel en était le plus soûl des participants, deux d’entre eux, munis d’une hache, fracassèrent la tête du rabbin tandis que les autres le tirèrent hors de chez lui, et l’abandonnèrent en criant mort aux juifs. Cette frénésie à tuer les avait empêchés de voir Jonathan, pétrifié derrière l’armoire où le grand père rangeait la Thora.

C’est ce jour-là vraisemblablement qu’il apprit à se taire, et que ses yeux prirent cette couleur de noir qui fit dire, longtemps après encore, qu’il avait de beaux yeux dans lesquels ont se serait noyé.

Ses parents et lui furent arrêtés un peu plus tard. Ils furent mis dans des camps de concentration, séparés et, probablement, brûlés dès que les premiers fours furent construits. A l’exception de Jonathan parce que le commandant du camp avait été séduit par sa beauté. Et par son intelligence, affirmait-il.

Les commandants de camps étaient des officiers. Des gens qui sortaient des bonnes écoles. Ils étaient sensibles à l’intelligence et à la beauté. Il fît de Jonathan son domestique personnel, et son amant. Jonathan voulait vivre. A tout prix.

A la libération du camp, il vivait en effet. Il émigra en Belgique. Mais il n’était plus orthodoxe, il avait un compte à régler avec le tout puissant ; disait-il.

Saisi d’une fringale de connaissances, Jonathan entama des études de droit. Il voulait devenir avocat. Sa femme trouva un poste dans un Grand Magasin de sorte qu’en se serrant au maximum ils purent subsister. Le soir et le week-end Jonathan donnait des cours de français à des compatriotes. Ce n’était pas un français impeccable mais il était amplement suffisant pour des gens dont la plupart ne parlaient qu’à leurs compatriotes.  

Jonathan faisait les choses systématiquement. Il disait qu’il était nécessaire de se tracer une route à suivre et de la suivre scrupuleusement si on voulait atteindre le but qu’on s’était fixé.

A la fin de ses études, il entra en stage dans le cabinet d’un de ses professeurs. Il s’exprimait désormais parfaitement en français. Seul, un léger accent révélait ses origines. Et la langueur de son regard, typiquement slave, disait ses interlocutrices.

Lorsque sa femme mourut d’un cancer, il décida de mourir à son tour. Il n’avait rien oublié. Il avait un compte à régler avec le très haut.

Il n’y eut personne à ses funérailles.

Comme si Jonathan n’avait jamais existé.

 

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Sous l'alcôve d'un paradis enfoui

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Peinture de l'artiste Alexandre Jacques Chantron.

Le ciel dans sa bonne grâce m'offre sa voûte douceâtre
alors que j'écarte le rideau du paraître au jardin de ma vie.
Ô mon hôte flou, dans cet invisible chaine où se nouent
nos silences, se lie sur ma peau ton intime
chaleur vaporeuse qui m'effleure.
Comme une ombre sur les murs, mon âme glisse aux rayons
de tes yeux et t'offre ma nudité aux mille couleurs.
Illusoire peinture nourrissant mes veines de fous desseins,
tu brises enfin pour moi le miroir où le nous n'est qu'un reflet
et la suave romance de nos voix éthérées
s'élèvent dans l'arc-en-ciel que libèrent nos cœurs.
Emportée par la frénésie de nos accords,
la portée s'accroche comme une écriture sur la soie
nuitale, laissant au petit matin l'essence du frisson
de ce toi et moi dans une éphémère esthésie.

Nom d'auteur Sonia Gallet
recueil © 2014.

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FRAGMENTS LUMINEUX

Quand le chant des cigales dans le grand pin  sur un ciel laqué bleu ,commence doucement et que la musique envahit l'espace

 Une impression soudain de plénitude s'installe 

Tout est en ordre et...

"Des fragments lumineux d'une joie dont on serait tenté de croire quelle a explosé un jour , il y a longtemps comme une étoile intérieure et répandu  sa poussière en nous"

Cet extrait de Philippe Jaccottet dans Cahier de verdure , semble des éclats de sensations qui en confidence parle de nous 

AA

Etude en atelier du Grand Pin de Cézanne

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Un rationnement à gérer

 

À tout moment, dans l'existence,

Peuvent survenir des carences.

Quand un rationnement s'impose,

On consomme à plus faibles doses.

Je n'avais pas voulu penser

Que je ne pourrai dépenser,

Chaque jour, que peu d'énergie

Une fois devenue vieillie.

Mais j'en suis là, présentement.

Je ressens quotidiennement

Le besoin de faire des pauses

Afin que mon corps se repose.

Lors, je débranche le moteur

Et m'abandonne à la langueur,

À une douce indifférence

Que favorise le silence.

J'ai fermé les yeux, suis-je en vie?

De nulle chose me soucie.

Sans usage, passe le temps;

Je ne sais si c'est désolant.

Je me complais à ne rien faire.

Mon être, au repos récupère.

En existant au ralenti,

J'en ai un profit garanti.

8 juillet 2014

 

 

 

 

 

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Une mère

J'ai assisté aux funérailles de Pierre. A regret. Pour sa mère qui se trouvait au bord de la tombe sans regarder personne, sans regarder la tombe.

Elle se tenait droite, les yeux fixés devant elle, les traits tendus, la bouche serrée, les bras le long du corps, un peu en arrière, on eut dit qu'elle allait prendre son élan. Elle était belle.

Lorsque Pierre était absent, elle m'invitait à prendre un verre chez elle, café ou thé, ou vin ou alcool, selon l'heure. Mais c'était pour parler de Pierre. Elle savait que j'étais son ami le plus proche. Celui à qui il ferait des confidences, de celles qu'on s'interdit de faire à sa mère. A celle, cependant, qui donnerait tout pour être la confidente de son fils.

Elle était veuve depuis plus de dix ans. Elle ne s'était jamais remariée. C'est seule qu'elle avait élevé Pierre, ce fils unique qu'elle idolâtrait.

Avait-elle eu des amants? Elle était jeune, désirable, les

prétendants ne devaient pas lui manquer. Mais on ne lui connaissait personne. Et quand une amie trop curieuse lui posait la question, elle répondait:

- N'ais-je pas l'homme le plus beau et le plus attachant qu'une femme puisse rêver?

C'était une réponse banale mais je n'étais pas certain qu'elle ne représentait pas la vérité pour elle.

Pierre n'avait que dix-huit ans lorsque je l'ai connu. J'en avais vingt-trois. Il s'était inscrit à un cours d'histoire dans un institut privé qui préparait à l'entrée dans les grandes écoles. J'y faisais office de surveillant, de répétiteur, de n'importe quoi pourvu qu'il y ait quelqu'un qui parcourait la salle de classe pendant que les élèves travaillent.

Entre Pierre et moi, s'était installé un climat de sympathie réciproque puis d'amitié réelle après que nous nous soyons promenés ensemble à la sortie des cours. Je l'accompagnais chez lui puis, plutôt que de nous quitter, c'est lui qui me raccompagnait jusqu'à mon domicile. Le plus souvent ce manège qui avait fini par nous amuser tous les deux se déroulait plusieurs fois avant que nous nous séparions. Jusqu'au lendemain.

Lorsque son père mourut, Pierre qui n'avait que huit ans fit des cauchemars toutes les nuits. Il se dressait en hurlant. Sa mère le prenait dans son lit et lui parlait à voix basse pendant qu'il se calmait et, apaisé, finissait par s'endormir, le corps contre celui de sa mère et le visage contre sa poitrine.

- Dors, mon petit chéri. Dors.

Elle fermait les yeux mais ne dormait pas. Elle continuait de murmurer:

- Dors, mon petit chéri. Dors, mon petit homme.

Il avait pris l'habitude de dormir auprès de sa mère. Le soir, lorsqu'il était l'heure de se coucher, c'est dans le lit matrimonial qu'il se glissait. A l'heure où elle-même allait se coucher, elle le trouvait recroquevillé au milieu du lit. Dès qu'elle était au lit, il se poussait contre elle. Il s'agitait jusqu'au moment où elle le prenait dans ses bras. Et sa respiration devenait régulière.

Le matin elle se levait avant lui pour lui préparer son petit déjeuner, puis il faisait sa toilette pendant qu'elle préparait son cartable. Le dimanche en revanche, c'est elle qui lui donnait son bain.

Elle lui savonnait le corps entier, jusqu'à son sexe et son derrière qu'elle savonnait avec le plus de vigueur. C'étaient des endroits qui doivent être immaculés. Elle se réjouissait lorsque le sexe de Pierre  durcissait dans sa main.

- Mon petit homme.

Elle était pratiquement nue quand elle le lavait. En slip et soutien-gorge. A l'âge qu'il avait, cet aspect de sa mère ne devait pas perturber son fils, pensait-elle. Et durant de nombreuses années elle avait pris l'habitude de faire sa toilette devant lui. De cette façon, pensait-elle, il ne prendrait pas l'habitude de fantasmer sur le corps des femmes. Un corps est un corps, rien de plus. Si elle en avait eu le pouvoir, dès le début de l'humanité, elle aurait interdit qu'on cachât le corps des humains. Est-ce que les animaux, mammifères ou autres, se couvraient? Cela ne les empêchait pas de procréer. Ni d'y prendre du plaisir. Ce sont les vêtements qui sont à la source de la perversité.

Après ces vigoureuses professions de foi, elle passait beaucoup de temps devant la coiffeuse de la chambre à coucher. Elle se peignait et se maquillait, en regardant dans le miroir le petit Pierre immobile qui contemplait sa mère.

- Mon petit homme.

C'est une expression qu'elle utilisait souvent. Et la portait à lui tendre les bras pour le serrer contre sa poitrine.

- L'homme de ma vie. Tu le sais que tu es l'homme de ma vie.

Pierre me disait :

- Jusque fort tard,  j'ai plus souvent dormi auprès de ma mère que dans mon lit. De toute manière, la porte de ma chambre, elle était voisine de la sienne, était toujours ouverte. Quand je ne dormais pas, je l'entendais me dire:

- Tu dors?

Et parfois c'est elle qui me réveillait quand elle me demandait si je dormais.

Pierre me parlait de sa mère avec l'air résigné et malheureux de parents qui ont un gosse handicapé mental. Parfois j'avais le sentiment qu'il la haïssait.

- Qu'elle me laisse vivre. Et si j'ai envie d'être malheureux.

- Elle n'a jamais été tentée de recommencer sa vie? Ta mère est très belle. Je suppose que comme toutes les femmes, elle a des besoins.

- Des besoins?

Je changeais de sujet. Je me demandais si en recueillant les confidences de Pierre, je pensais réellement à lui.

- Elle est belle, non?

Il avait dix-sept ans quand sa mère et lui avaient rencontré la fille d'une amie de sa mère. Pierre avait détourné la tête en rougissant.

- Pierre.

Il avait rougi plus fort encore, et avait baissé les yeux. Cette timidité maladive en face des filles, elle devait la constater à de nombreuses reprises depuis lors. Et elle s'en désolait.

Une nuit qu'il était étendu auprès d'elle, elle lui entoura les épaules et le serra contre elle.

- Tu es un bel homme, tu sais. Elles seront nombreuses, les filles qui voudront t'avoir dans leur lit. Je peux te le dire, tu es toujours mon petit homme chéri. Il n'y a pas de mot tabou, tu peux me croire. Un sexe comme le tien, mon chéri, ferait le bonheur de toutes les femmes.

Elle l'avait à peine touché, et il avait durci, le ventre soudain en feu.

- Ce n'est pas ce que tu crois.

Il était sorti du lit, il était entré dans sa chambre et il avait fermé la porte.

Comment dire à sa mère que les filles ne l'attiraient pas.

- Ce jour-là, je crois qu'elle ne se serait pas refusée.

- Elle croit bien faire, Pierre. Elle t'aime. Dis-lui que ce ne sont pas les filles que tu aimes. Il faudra bien qu'elle s'y fasse.

- Elle en deviendrait malade.

Un soir qu'il était rentré tôt, il entendit des gémissements qui venaient de la chambre de sa mère. Inquiet, il poussa la porte. Nue, haletante, elle était assise sur le ventre d'un homme qui lui serrait les hanches.

Au bruit de la porte, elle avait tourné la tête.

- Pierre.

Pierre avait refermé la porte.

- Vas-t' en.

Elle rejeta la couverture, mit sa robe de chambre, prit les vêtements le l'homme, et les lui mit dans les bras. Elle répétait:

- Vas-t' en.  Vas-t' en.

Elle l'avait presque ramassé dans la rue parce qu'il fallait qu'ils sortent, Pierre et elle, de cette situation qui s'était créée il y avait longtemps, et qu'elle n'avait pas pu maîtriser.

Elle se rendait compte que c'était son petit Pierre qui en était la victime. Ca avait été sa façon à elle, encore une fois, de se sacrifier pour lui, de lui manifester son amour. Et, une fois de plus, elle avait été maladroite. Est-ce que l'amour ne suffit pas pour distinguer le bien du mal?

Pierre avait retrouvé au grenier le pistolet de son père. Bien emballé dans un morceau de toile grise, et glissé dans une sacoche de cuir souple, il était resté à l'endroit où son père l'avait déposé. Peut-être par superstition, personne n'y touchait jamais.

Jusqu'au jour où Pierre l'avait glissé dans la bouche.

 

 

 

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