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Au cristal ruisselant

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Le souffle doux du zéphyr anime doucement
les branches graciles des grands arbres
et se joue de leurs chevelures fibreuses
surplombant la rivière bouillonnante.
Sous la symphonie de leurs valses,
la lumière se dérobe, sondant mon âme
de mille couleurs aux bords ensoleillés.
Incessante, la Vuachère coule,
se hâte entre les cailloux, et dans sa horde
harmonieuse façonnant le paysage,
je puise les promesses de son absolue liberté.
Tandis que je reste assise sur l'herbe veloutée,
se peignent sous ma plume extatique,
les délires de celui qui hante ce vallon
au milieu de parfums sauvages et captivants.
Devinant son regard dans l'ivresse opalescente
de ce cours d'eau, mon corps et mon sang exultent,
et cette euphonie enchanteresse, fait exploser sur ma toile
les ondes celtiques de celui que l'on appelait
encore autrefois, le Nant.

Nom d'auteur Sonia Gallet
Ce texte figure dans le recueil © 2014.

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Pomme-d'Amour,

Cette pomme je voudrais être,

celle qui attise votre gourmandise,

bien plus encore que ne le peut,

mon regard seul et nu  ;

à l'instar d'une chaude pensée

qui se mettrait à balbutier !

De verte la pomme devient jaune,

de vos longs doigts sucrés,

toute fébrile, elle glisse et dégringole.

 

Cette pomme je voudrais être,

celle que vous croquez, que vous buvez,

et dont vos lèvres en entament la pulpe ;

à l'instar d'une audacieuse étreinte !

De verte la pomme devient rouge,

de vos longs doigts sucrés,

elle s'ensoleille,

 pomme-d'amour devient,

 une fois la nuit tombée.

Toute entière alors vous la croquez,

et moi, entière car intouchée,

à vous contempler,  non sans tristesse,

je meurs.

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Lettre d’Emile Zola à la Jeunesse (1897)


- Où allez-vous, jeunes gens, où allez-vous, étudiants, qui courez en bandes par les rues, manifestant au nom de vos colères et de vos enthousiasmes, éprouvant l'impérieux besoin de jeter publiquement le cri de vos consciences indignées ?

Allez-vous protester contre quelque abus du pouvoir, a-t-on offensé le besoin de vérité et d'équité, brûlant encore dans vos âmes neuves, ignorantes des accommodements politiques et des lâchetés quotidiennes de la vie ?

Allez-vous redresser un tort social, mettre la protestation de votre vibrante jeunesse dans la balance inégale, où sont si faussement pesés le sort des heureux et celui des déshérités de ce monde ?

Allez-vous, pour affirmer la tolérance, l'indépendance de la raison humaine, siffler quelque sectaire de l'intelligence, à la cervelle étroite, qui aura voulu ramener vos esprits libérés à l'erreur ancienne, en proclamant la banqueroute de la science ?

Allez-vous crier, sous la fenêtre de quelque personnage fuyant et hypocrite, votre foi invincible en l'avenir, en ce siècle prochain que vous apportez et qui doit réaliser la paix du monde, au nom de la justice et de l'amour ?

- Non, non ! Nous allons huer un homme, un vieillard, qui, après une longue vie de travail et de loyauté, s'est imaginé qu'il pouvait impunément soutenir une cause généreuse, vouloir que la lumière se fasse et qu'une erreur soit réparée, pour l'honneur même de la patrie française !

Ah, quand j'étais jeune moi-même, je l'ai vu, le Quartier latin, tout frémissant des fières passions de la jeunesse, l'amour de la liberté, la haine de la force brutale, qui écrase les cerveaux et comprime les âmes. Je l'ai vu, sous l'Empire, faisant son oeuvre brave d'opposition, injuste même parfois, mais toujours dans un excès de libre émancipation humaine. Il sifflait les auteurs agréables aux Tuileries, il malmenait les professeurs dont l'enseignement lui semblait louche, il se levait contre quiconque se montrait pour les ténèbres et pour la tyrannie. En lui brûlait le foyer sacré de la belle folie des vingt ans, lorsque toutes les espérances sont des réalités, et que demain apparaît comme le sûr triomphe de la Cité parfaite.

Et, si l'on remontait plus haut, dans cette histoire des passions nobles, qui ont soulevé la jeunesse des écoles, toujours on la verrait s'indigner sous l'injustice, frémir et se lever pour les humbles, les abandonnés, les persécutés, contre les féroces et les puissants. Elle a manifesté en faveur des peuples opprimés, elle a été pour la Pologne, pour la Grèce, elle a pris la défense de tous ceux qui souffraient, qui agonisaient sous la brutalité d'une foule ou d'un despote. Quand on disait que le Quartier latin s'embrasait, on pouvait être certain qu'il y avait derrière quelque flambée de juvénile justice, insoucieuse des ménagements, faisant d'enthousiasme une oeuvre du coeur. Et quelle spontanéité alors, quel fleuve débordé coulant par les rues !

Je sais bien qu'aujourd'hui encore le prétexte est la patrie menacée, la France livrée à l'ennemi vainqueur, par une bande de traîtres. Seulement, je le demande, où trouvera-t-on la claire intuition des choses, la sensation instinctive de ce qui est vrai, de ce qui est juste, si ce n'est dans ces âmes neuves, dans ces jeunes gens qui naissent à la vie publique, dont rien encore ne devrait obscurcir la raison droite et bonne ? Que les hommes politiques, gâtés par des années d'intrigues, que les journalistes, déséquilibrés par toutes les compromissions du métier, puissent accepter les plus impudents mensonges, se boucher les yeux à d'aveuglantes clartés, cela s'explique, se comprend. Mais elle, la jeunesse, elle est donc bien gangrenée déjà, pour que sa pureté, sa candeur naturelle, ne se reconnaisse pas d'un coup au milieu des inacceptables erreurs, et n'aille pas tout droit à ce qui est évident, à ce qui est limpide, d'une lumière honnête de plein jour !

Il n'est pas d'histoire plus simple. Un officier a été condamné, et personne ne songe à suspecter la bonne foi des juges. Ils l'ont frappé selon leur conscience, sur des preuves qu'ils ont cru certaines. Puis, un jour, il arrive qu'un homme, que plusieurs hommes ont des doutes, finissent par être convaincus qu'une des preuves, la plus importante, la seule du moins sur laquelle les juges se sont publiquement appuyés, a été faussement attribuée au condamné, que cette pièce est à n'en pas douter de la main d'un autre. Et ils le disent, et cet autre est dénoncé par le frère du prisonnier, dont le strict devoir était de le faire ; et voilà, forcément, qu'un nouveau procès commence, devant amener la révision du premier procès, s'il y a condamnation. Est-ce que tout cela n'est pas parfaitement clair, juste et raisonnable ? Où y a-t-il, là-dedans, une machination, un noir complot pour sauver un traître ? Le traître, on ne le nie pas, on veut seulement que ce soit un coupable et non un innocent qui expie le crime. Vous l'aurez toujours, votre traître, et il ne s'agit que de vous en donner un authentique.

Un peu de bon sens ne devrait-il pas suffire ? A quel mobile obéiraient donc les hommes qui poursuivent la révision du procès Dreyfus ? Écartez l'imbécile antisémitisme, dont la monomanie féroce voit là un complot juif, l'or juif s'efforçant de remplacer un juif par un chrétien, dans la geôle infâme. Cela ne tient pas debout, les invraisemblances et les impossibilités croulent les unes sur les autres, tout l'or de la terre n'achèterait pas certaines consciences. Et il faut bien en arriver à la réalité, qui est l'expansion naturelle, lente, invincible de toute erreur judiciaire. L'histoire est là. Une erreur judiciaire est une force en marche : des hommes de conscience sont conquis, sont hantés, se dévouent de plus en plus obstinément, risquent leur fortune et leur vie, jusqu'à ce que justice soit faite. Et il n'y a pas d'autre explication possible à ce qui se passe aujourd'hui, le reste n'est qu'abominables passions politiques et religieuses, que torrent débordé de calomnies et d'injures.

Mais quelle excuse aurait la jeunesse, si les idées d'humanité et de justice se trouvaient obscurcies un instant en elle ! Dans la séance du 4 décembre, une Chambre française s'est couverte de honte, en votant un ordre du jour « flétrissant les meneurs de la campagne odieuse qui trouble la conscience publique ». Je le dis hautement, pour l'avenir qui me lira, j'espère, un tel vote est indigne de notre généreux pays, et il restera comme une tache ineffaçable. « Les meneurs », ce sont les hommes de conscience et de bravoure, qui, certains d'une erreur judiciaire, l'ont dénoncée, pour que réparation fût faite, dans la conviction patriotique qu'une grande nation, où un innocent agoniserait parmi les tortures, serait une nation condamnée. « La campagne odieuse », c'est le cri de vérité, le cri de justice que ces hommes poussent, c'est l'obstination qu'ils mettent à vouloir que la France reste, devant les peuples qui la regardent, la France humaine, la France qui a fait la liberté et qui fera la justice. Et, vous le voyez bien, la Chambre a sûrement commis un crime, puisque voilà qu'elle a pourri jusqu'à la jeunesse de nos écoles, et que voilà celle-ci trompée, égarée, lâchée au travers de nos rues, manifestant, ce qui ne s'était jamais vu encore, contre tout ce qu'il y a de plus fier, de plus brave, de plus divin dans l'âme humaine !

Après la séance du Sénat, le 7, on a parlé d'écroulement pour M. Scheurer-Kestner. Ah oui ! quel écroulement, dans son coeur, dans son âme ! Je m'imagine son angoisse, son tourment, lorsqu'il voit s'effondrer autour de lui tout ce qu'il a aimé de notre République, tout ce qu'il a aidé à conquérir pour elle, dans le bon combat de sa vie, la liberté d'abord, puis les mâles vertus de la loyauté, de la franchise et du courage civique.

Il est un des derniers de sa forte génération. Sous l'Empire, il a su ce que c'était qu'un peuple soumis à l'autorité d'un seul, se dévorant de fièvre et d'impatience, la bouche brutalement bâillonnée, devant les dénis de justice. Il a vu nos défaites, le coeur saignant, il en a su les causes, toutes dues à l'aveuglement, à l'imbécillité despotiques. Plus tard, il a été de ceux qui ont travaillé le plus sagement, le plus ardemment, à relever le pays de ses décombres, à lui rendre son rang en Europe. Il date des temps héroïques de notre France républicaine, et je m'imagine qu'il pouvait croire avoir fait une œuvre bonne et solide, le despotisme chassé à jamais, la liberté conquise, j'entends surtout cette liberté humaine qui permet à chaque conscience d'affirmer son devoir, au milieu de la tolérance des autres opinions.

Ah bien, oui ! Tout a pu être conquis, mais tout est par terre une fois encore. Il n'a autour de lui, en lui, que des ruines. Avoir été en proie au besoin de vérité, est un crime. Avoir voulu la justice, est un crime. L'affreux despotisme est revenu, le plus dur des bâillons est de nouveau sur les bouches. Ce n'est pas la botte d'un César qui écrase la conscience publique, c'est toute une Chambre qui flétrit ceux que la passion du juste embrase. Défense de parler ! Les poings écrasent les lèvres de ceux qui ont la vérité à défendre, on ameute les foules pour qu'elles réduisent les isolés au silence. Jamais une si monstrueuse oppression n'a été organisée, utilisée contre la discussion libre. Et la honteuse terreur règne, les plus braves deviennent lâches, personne n'ose plus dire ce qu'il pense, dans la peur d'être dénoncé comme vendu et traître. Les quelques journaux restés honnêtes sont à plat ventre devant leurs lecteurs, qu'on a fini par affoler avec de sottes histoires. Et aucun peuple, je crois, n'a traversé une heure plus trouble, plus boueuse, plus angoissante pour sa raison et pour sa dignité.

Alors, c'est vrai, tout le loyal et grand passé a dû s'écrouler chez M. Scheurer-Kestner. S'il croit encore à la bonté et à l'équité des hommes, c'est qu'il est d'un solide optimisme. On l'a traîné quotidiennement dans la boue, depuis trois semaines, pour avoir compromis l'honneur et la joie de sa vieillesse, à vouloir être juste. Il n'est point de plus douloureuse détresse, chez l'honnête homme, que de souffrir le martyre de son honnêteté. On assassine chez cet homme la foi en demain, on empoisonne son espoir ; et, s'il meurt, il dit : « C'est fini, il n'y a plus rien, tout ce que j'ai fait de bon s'en va avec moi, la vertu n'est qu'un mot, le monde est noir et vide ! »

Et, pour souffleter le patriotisme, on est allé choisir cet homme, qui est, dans nos Assemblées, le dernier représentant de l'Alsace-Lorraine ! Lui, un vendu, un traître, un insulteur de l'armée, lorsque son nom aurait dû suffire pour rassurer les inquiétudes les plus ombrageuses ! Sans doute, il avait eu la naïveté de croire que sa qualité d'Alsacien, son renom de patriote ardent seraient la garantie même de sa bonne foi, dans son rôle délicat de justicier. S'il s'occupait de cette affaire, n'était-ce pas dire que la conclusion prompte lui en semblait nécessaire à l'honneur de l'armée, à l'honneur de la patrie ? Laissez-la traîner des semaines encore, tâchez d'étouffer la vérité, de vous refuser à la justice, et vous verrez bien si vous ne nous avez pas donnés en risée à toute l'Europe, si vous n'avez pas mis la France au dernier rang des nations !

Non, non ! les stupides passions politiques et religieuses ne veulent rien entendre, et la jeunesse de nos écoles donne au monde ce spectacle d'aller huer M. Scheurer-Kestner, le traître, le vendu, qui insulte l'armée et qui compromet la patrie !

Je sais bien que les quelques jeunes gens qui manifestent ne sont pas toute la jeunesse, et qu'une centaine de tapageurs, dans la rue, font plus de bruit que dix mille travailleurs, studieusement enfermés chez eux. Mais les cent tapageurs ne sont-ils pas déjà de trop, et quel symptôme affligeant qu'un pareil mouvement, si restreint qu'il soit, puisse à cette heure se produire au Quartier latin !

Des jeunes gens antisémites, ça existe donc, cela ? Il y a donc des cerveaux neufs, des âmes neuves, que cet imbécile poison a déjà déséquilibrés ? Quelle tristesse, quelle inquiétude, pour le vingtième siècle qui va s'ouvrir ! Cent ans après la Déclaration des droits de l'homme, cent ans après l'acte suprême de tolérance et d'émancipation, on en revient aux guerres de religion, au plus odieux et au plus sot des fanatismes ! Et encore cela se comprend chez certains hommes qui jouent leur rôle, qui ont une attitude à garder et une ambition vorace à satisfaire. Mais, chez des jeunes gens, chez ceux qui naissent et qui poussent pour cet épanouissement de tous les droits et de toutes les libertés, dont nous avons rêvé que resplendirait le prochain siècle ! Ils sont les ouvriers attendus, et voilà déjà qu'ils se déclarent antisémites, c'est-à-dire qu'ils commenceront le siècle en massacrant tous les juifs, parce que ce sont des concitoyens d'une autre race et d'une autre loi ! Une belle entrée en jouissance, pour la Cité de nos rêves, la Cité d'égalité et de fraternité ! Si la jeunesse en était vraiment là, ce serait à sangloter, à nier tout espoir et tout bonheur humain.

Ô jeunesse, jeunesse ! Je t'en supplie, songe à la grande besogne qui t'attend. Tu es l'ouvrière future, tu vas jeter les assises de ce siècle prochain, qui, nous en avons la foi profonde, résoudra les problèmes de vérité et d'équité, posés par le siècle finissant. Nous, les vieux, les aînés, nous te laissons le formidable amas de notre enquête, beaucoup de contradictions et d'obscurités peut-être, mais à coup sûr l'effort le plus passionné que jamais siècle ait fait vers la lumière, les documents les plus honnêtes et les plus solides, les fondements mêmes de ce vaste édifice de la science que tu dois continuer à bâtir pour ton honneur et pour ton bonheur. Et nous ne te demandons que d'être encore plus généreuse, plus libre d'esprit, de nous dépasser par ton amour de la vie normalement vécue, par ton effort mis entier dans le travail, cette fécondité des hommes et de la terre qui saura bien faire enfin pousser la débordante moisson de joie, sous l'éclatant soleil. Et nous te céderons fraternellement la place, heureux de disparaître et de nous reposer de notre part de tâche accomplie, dans le bon sommeil de la mort, si nous savons que tu nous continues et que tu réalises nos rêves.

Jeunesse, jeunesse ! Souviens-toi des souffrances que tes pères ont endurées, des terribles batailles où ils ont dû vaincre, pour conquérir la liberté dont tu jouis à cette heure. Si tu te sens indépendante, si tu peux aller et venir à ton gré, dire dans la presse ce que tu penses, avoir une opinion et l'exprimer publiquement, c'est que tes pères ont donné de leur intelligence et de leur sang. Tu n'es pas née sous la tyrannie, tu ignores ce que c'est que de se réveiller chaque matin avec la botte d'un maître sur la poitrine, tu ne t'es pas battue pour échapper au sabre du dictateur, aux poids faux du mauvais juge. Remercie tes pères, et ne commets pas le crime d'acclamer le mensonge, de faire campagne avec la force brutale, l'intolérance des fanatiques et la voracité des ambitieux. La dictature est au bout.

Jeunesse, jeunesse ! Sois toujours avec la justice. Si l'idée de justice s'obscurcissait en toi, tu irais à tous les périls. Et je ne te parle pas de la justice de nos codes, qui n'est que la garantie des liens sociaux. Certes, il faut la respecter, mais il est une notion plus haute, la justice, celle qui pose en principe que tout jugement des hommes est faillible et qui admet l'innocence possible d'un condamné, sans croire insulter les juges. N'est-ce donc pas là une aventure qui doive soulever ton enflammée passion du droit ? Qui se lèvera pour exiger que justice soit faite, si ce n'est toi qui n'es pas dans nos luttes d'intérêts et de personnes, qui n'es encore engagée ni compromise dans aucune affaire louche, qui peux parler haut, en toute pureté et en toute bonne foi ?

Jeunesse, jeunesse ! Sois humaine, sois généreuse. Si même nous nous trompons, sois avec nous, lorsque nous disons qu'un innocent subit une peine effroyable, et que notre coeur révolté s'en brise d'angoisse. Que l'on admette un seul instant l'erreur possible, en face d'un châtiment à ce point démesuré, et la poitrine se serre, les larmes coulent des yeux. Certes, les gardes-chiourme restent insensibles, mais toi, toi, qui pleures encore, qui dois être acquise à toutes les misères, à toutes les pitiés ! Comment ne fais-tu pas ce rêve chevaleresque, s'il est quelque part un martyr succombant sous la haine, de défendre sa cause et de le délivrer ? Qui donc, si ce n'est toi, tentera la sublime aventure, se lancera dans une cause dangereuse et superbe, tiendra tête à un peuple, au nom de l'idéale justice ? Et n'es-tu pas honteuse, enfin, que ce soient des aînés, des vieux, qui se passionnent, qui fassent aujourd'hui ta besogne de généreuse folie ?

- Où allez-vous, jeunes gens, où allez-vous, étudiants, qui battez les rues, manifestant, jetant au milieu de nos discordes la bravoure et l'espoir de vos vingt ans ?

- Nous allons à l'humanité, à la vérité, à la justice !

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Auguste Scheurer-Kestner
"...lui regardait la vie dans les yeux"
Georges Clemenceau

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des amours de province Suite n° 4

4

 

René, dès  que Pierre eut reçu son diplôme, le fit engager en tant que secrétaire dans une entreprise qui faisait le négoce de produits alimentaires. Il l’avait répété au président Halloy.

-Ce n’est pas une carrière mais ce sont ses premiers pas dans une vie active.

 C’est alors, vraisemblablement, que tout avait commencé.

Le patron de l’entreprise, Gérard Leroy, le mari de Julie, n’avait que quelques années de plus que Pierre. Il dirigeait l’entreprise parce que son père, veuf, était mort depuis deux mois. Du jour au lendemain, il avait hérité d’une entreprise d’aspect modeste mais très profitable. La proposition de René Daumier lui agréa immédiatement après quelques hésitations de pure forme.

La formation commerciale de Pierre pour théorique qu’elle était, lui était d’autant plus utile que Gérard Leroy était un homme maladivement timide. Ses rapports avec la clientèle, des épiciers, des dirigeants de cantine, des responsables des achats de la ville, et de firmes concurrentes qu’il approvisionnait en produits dont il avait l’exclusivité, mettaient ses nerfs à rude épreuve. Quant à inviter les plus influents d’entre eux à diner, comme c’était la coutume, c’était tout à fait exclu. Une migraine soudaine le saisissait, et il devait aller se coucher.

Gérard était un homme maigre, presque fluet, blond, les yeux bleus, que son père avait marié pour l’installer dans la vie et pour avoir un petit fils. Il lui avait choisi la fille unique d’un imprimeur. Celui qui fournissait les étiquettes de ses pots de cornichons au vinaigre, une spécialité des Etablissements Leroy.

Malgré lui, il l’avait installé très tôt en mourant avant l’âge, terrassé par un infarctus. Au moment de mourir, la tête sur son bureau, les yeux ouverts, à la surprise de madame Germaine, sa secrétaire, il avait eu le temps de dire :

- Nom de dieu !  

Monsieur Leroy était un catholique affirmé qui allait à la messe tous les dimanches. 

Son premier vœu avait été exhaussé, Gérard avait hérité de l’entreprise. Son second vœu, son petit fils, le père de Gérard n’aurait jamais pu le voir réalisé : son fils était incapable de procréer.

En revanche, il avait connu Julie, la mère présumée du petit fils à venir, la fille de l’imprimeur. Une jolie fille, elle avait vingt ans à peine, qu’il aurait bien épousée lui-même.

Quant à Julie, même si elle devinait que les visites de monsieur Leroy avaient un caractère qui n’était pas uniquement commercial, elle faisait semblant d’en être ravie.

Julie voulait se marier pour quitter le domicile familial et ne plus affronter les remarques de sa mère lorsqu’elle choisissait un pull trop moulant ou lorsque son lit n’était pas correctement fait. Pour beaucoup de filles ce sont des motifs suffisants pour se marier. L’amour, ou ce qui en tient lieu, suit généralement.

Le père Leroy était fortuné, son fils et son épouse le seraient à sa mort, les parents de Julie avaient dit oui sans hésiter lorsque monsieur Leroy les avait interrogés.

- Vous croyez, monsieur Leroy ?

C’était leur façon de dire : oui.

Julie était belle. Les hanches un peu trop rondes peut être. Mais les hommes, jeunes ou moins jeunes, les appréciaient du regard. Elle au contraire, durant de nombreuses années, avait marché droite et presque raide, les cuisses serrées, pour empêcher ce balancement des fesses qui, elle le voyait, suscitait l’attention. Sa poitrine par contre était celle des filles androgynes. Des seins petits, hauts placés, qu’on devinait durs.

Monsieur Leroy lorsqu’il se rendait chez l’imprimeur pour parler d’étiquetage, il s’y rendait souvent, prenait le café en compagnie de l’imprimeur, de son épouse et de leur fille. Il lui arrivait de la regarder avec des sentiments peu avouables pour un futur beau-père.

Il est vrai qu’il était devenu veuf alors qu’il était encore animé des pulsions propres à tout homme normalement constitué. C’est ce qui expliquait les regards qu’il jetait sur la plupart des jeunes femmes et alors même que depuis son veuvage, il se rendait tous les vendredis dans une de ces maisons qui sont nombreuses sur la grand-route. Bien sûr, il regrettait sa femme. Hélas, elle éteignait la lumière de la chambre à coucher avant de se mettre au lit. Ce souvenir avait persisté longtemps.

Personne n’est maître de son destin ; disait-il. Encore moins de celui des autres.

Le mariage avait eu lieu dans un restaurant du centre qui avait été réservé aux seuls invités. Le soir, les jeunes époux avaient passé leur nuit de noces dans la chambre que Gérard avait occupée chez son père. L’appartement que les parents leur avaient destiné sentait encore la peinture.

- Ce n’est pas grave. Il ne s’agit que d’une seule nuit.

- Vous croyez ?

- Ils partent en voyage de noces dès demain matin.

Monsieur Leroy avait vu les choses trop naïvement. Le restant de la nuit non plus n’avait pas été très réussi. Julie, immobile, s’attendait à des transports identiques à ceux qu’elle imaginait dans son lit de jeune fille. Gérard était trop ivre et avait peur de brusquer la jeune femme étendue à ses côtés. Tandis qu’elle rêvait les yeux au plafond, il s’était tourné sur le côté, et s’était endormi. Il ronflait assez fort, l’effet de l’alcool sans doute. Elle s’était glissée à l’extrémité du lit.

 

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Les entretiens d'Ostende

12273001687?profile=originalCe recueil se compose de sept entretiens avec l'écrivain belge d'expression française Michel de Ghelderode (pseudonyme de Michel Martens, 1898-1962), enregistrés en août 1951 à Ostende; il a été publié en 1956. Ces entretiens, où l'écrivain répond aux questions de Roger Iglésis et Alain Trutat, ont été diffusés en 1951-1952 sur les antennes du Club d'essai de la RTF sous le titre "Images et Visions d'un solitaire". La création à Paris de toute une série de pièces ("Hop Signor"; "Escurial"; "Mademoiselle Jaïre"; "Fastes d'enfer"; "Sire Halewyn"; "Barabbas"; "Magie rouge", et l'édition du Théâtre complet et définitif de Ghelderode suscitaient un singulier élan de curiosité. Enthousiasmés ou scandalisés, spectateurs et lecteurs cherchaient à se faire une idée de cet auteur, et ces "Entretiens", où Ghelderode ne cache pas l'embarras, pour ne pas dire le refus parfois du créateur à rendre compte de son oeuvre, avaient pour but de répondre aux questions multiples du public.

Nous pourrions développer à l'infini une image absolue entre toutes, revenant comme une obsession dans la bouche de l'écrivain: celle de la bulle de verre, bleue de la pensée, mais invisible, à force de transparence, pour l'oeil. A l'intérieur, un point noir comiquement absurde -l'homme que le cri et le silence ne semblent libérer de ses attaches que pour mieux l'enfermer dans ses origines. Cependant, puisqu'il faut bien s'expliquer plus clairement, Ghelderode avoue que son théâtre vise avant tout, dans son délire et sa cruauté, à exprimer l'homme éternel, hanté au seuil de la mort par les courants contraires de l' angoisse et du repos, de la solitude et de la révolte, de l'amour et de la haine, de l'érotisme et de la pureté. Prisonnier volontaire, sa vie durant, de la nudité absolue des plaines et des horizons bas, de la solitude de sa chambre, des archives du passé et de la mémoire, Ghelderode a voulu que son théâtre soit le miroir où se relétait sa quête de soi-même, son interrogation de la hiérarchie des incarnations dont il était la somme terrestre et fabuleuse. Il nous conte le froid dont il souffrit dans une famille sans effusions, où l'on ne parlait guère, où l'on se tutoyait jamais; la solitude d'une jeunesse passée auprès d'une mère à l'âme maladive et timide, perdue dans un univers baroque et surnaturel, dans des récits de résurrection et de réincarnation, auprès d'un père archiviste dont la vie consista à faire et à défaire l'histoire en déchiffrant des chartes, des sceaux, d'anciens registres obituaires, des noms d'hommes obscurs -signes laissés par les passages des races conquérantes.

Esprit chimérique, taiseux, peu liant, Ghelderode paraît suspect à ses maîtres comme il le paraîtra à ses contemporains. Il défend l'active et rayonnante solitude sans laquelle la présence du divin ne peut se manifester, ni la méditation prendre la forme d'une oraison. "Je cherchais le signal secret d'une patrie mystique où j'irai lorsque la flamme aura quitté les cendres". La peur, la maladie, et à travers elle la vision de la mort, le poussent à écrire des contes, puis ses premières pièces qui, nourries de ses lectures (Poe, Cervantès, Erasme, Charles de Coster, Lesage) et de la découverte du théâtre élisabéthain, ne tarderait pas à lui valoir un cercle de lecteurs enthousiastes. Le langage de Ghelderode est ici d'un bout à l'autre incantatoire, proche du cri et de son théâtre même, ne laissant rien au hasard: les grandes joies, les grandes peurs de son existence, ses obsessions, ses utopies, ses songes. Cependant, dans ce livre capital, Ghelderode retient sans cesse le flux verbal, non lorsqu'il nous livre les grands faits de sa vie, mais lorsqu'il est question du sens de son théâtre dont il nous parle maladroitement, comme pour rester à l'extérieur, délivré, dans l'attente de la mort. Interrogé sur le sens du mot cruauté (le dernier mot de "L'école des bouffons", sa dernière pièce) il déclare: "Cruauté veut dire réalité, peinture exacte, sans mensonge. Exemple: Rembrandt est cruel quend il peint la chair (...) Breughel, quand il nous montre des paysages irréels dans lesquels il met des paysans irréels dans lesquels il met des paysans qui ne sont que réels et qui le sont trop; cette dissonance est cruelle aussi." Interrogé sur le but de son théâtre, il répond: "Le mien en particulier n'est pas de consoler, et moins d' attrister. Le théâtre est un constat. Et la définition qu'en a donnée Shakespeare reste vraie par les siècles. J'ajouterai que le théâtre suscite, s'il est mauvais, le plaisir -s'il est bon, la joie. Le bas théâtre peut pervertir, le haut théâtre élève, donne au spectateur une possibilité de lévitation. La morale n'ayant rien à faire dans la question."

 

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seuls à deux

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Bien que cette vision semble montrer la possession, il n’en nulle réalité. Méphisto ne soumet pas Diabliczka, il la protège. Protection envers les interdits que nous bravons constamment, protection envers les dogmes d’une société et ses aprioris que nous dédaignons, protection contre tous ceux qui blâment notre union et que nous ignorons… Union pourtant prolifique pour l’un comme pour l’autre !
Sur ces champs trompeurs de fleurs réputées pour accompagner le verbe aimer, ici maléfiques par cette couleur pernicieuse mais au combien révélatrice du monde, nous deux devons paraître uniques. Nous nous affichons tel que nos sens l’exigent, amoureux, érotiques, sensuelles, au-delà des habitudes des couples dits normaux et nos sens réveillent la passion !
Nos sens, pourquoi les freiner ? 
Bien souvent la passion est éphémère, en agissant ainsi, au contraire, celle-ci est décuplée !
Nos sens, nous les vivons dans l’intimité, même au paroxysme des amours endiablés mais par moment, ils ont besoin de s’afficher au grand jour, là, plus subtiles, ils soumettent le regard des autres à surprendre nos sentiments, nos envies. Envies ou fantasmes mais que nous essayons de réaliser pour ainsi en inventer d’autres !
Nous sommes liés par un serment jamais prononcé, un fil conducteur qui nous amènera sans aucun doute un jour, à le faire !

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L'enfant qui ne sourit pas JGobert

L’enfant qui ne sourit pas

Est un véritable mystère, une énigme

Pour ses parents et sa famille.

Accueilli avec tout l’amour de la terre

L’enfant qui ne sourit pas

 Reste de glace et toise de son regard froid

Le visage aimant de sa maman et sa famille.

L’enfant qui ne sourit pas

 Contemple la vie devant lui

Comme venu d’un autre monde

Où les rires ne sont pas inscrits.

L’enfant qui ne sourit pas

Est beau comme une statue de marbre blanc

Où l’amour jaillit sur lui, ne faisant que passer

Et laisse des traces chagrines

L’enfant qui ne sourit pas

Est doux comme la délivrance du monde

Son regard se pose parfois pénétrant

Sur l’amour de l’univers sans sourire.

 

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des amours de province

Suite. La suite à demain.

                 3

 

Pierre  avait rencontré Béatrice à plusieurs reprises au café de la gare. Il avait l’âge où les conquêtes féminines sont des préoccupations majeures. 

C’était un bâtiment réparti en deux ailes séparées par un couloir d’accueil. Au bout du couloir, à proximité du comptoir de la réception, se trouvait d’un côté une porte vitrée ouverte sur une brasserie et de l’autre l’entrée de l’hôtel et de l’ascenseur qui menait aux étages. Pour des aventures clandestines, c’était un hôtel très pratique. Un couple pouvait se rendre à la brasserie, homme et femme séparément, sous l’œil indifférent d’un passant ou de quelqu’un qui aurait pu les connaitre. Et se retrouver dans une chambre réservée.

A chaque fois, Béatrice s’y trouvait la première, étendue sur le lit, nue à l’exception de sa culotte. C’est lui qui lui ôtait la culotte, premier geste d’un rituel érotique qu’ils avaient éprouvé tous les deux la première fois. Leurs fantasmes se fondaient dans un fantasme commun qui exacerbait leur sensualité.

Béatrice éprouvait un sentiment étrange, mélange de culpabilité et de jouissance. Le bonheur parce que c’est elle que Pierre caressait en haletant, culpabilité parce qu’elle était la rivale triomphante de sa fille.

Aujourd’hui en face de Jacques c’est à Julie que Pierre pensait. Béatrice, la maîtresse du jeune homme qu’il avait été, avait complètement disparu de sa mémoire.

- Il n’y a donc personne ?

Le café se remplissait à nouveau. On attendait un autre convoi funèbre. Jaques se leva.

- Tu rentres chez toi ou tu restes en ville ? Tu vas saluer ton père ? Peut être que nous nous reverrons si tu restes quelques jours.

- C’est ça.

Jacques  avait posé la main sur son épaule. Un geste qui n’exprimait rien de particulier. Un peu de compassion ? Un vague salut ?

- A bientôt, Pierre.

Pierre avait réservé une chambre à l’Hôtel de la Cathédrale puis il s’était promené au hasard. Il avait envie de retrouver cette ville qu’il connaissait cependant depuis toujours. Une ville qui ressemblait à une olive et que l’Escaut partageait en son milieu. Une ville qui ressemblait à de nombreuses villes et dont des sites très anciens constituaient l’attrait des touristes.

C’est la nuit souvent que les villes révèlent leur véritable visage lorsqu’on en fait le tour à pieds sans raison précise. Les arbres des parcs, on dirait qu’ils ne respirent que la nuit, à peine si on les regarde durant le jour. Le fleuve, c’est la nuit qu’on l’entend, le jour ce sont les chalands et le coup de trompe de ceux qui se croisent mais on y fait peu attention. Les villes ne sont pas des êtres humains mais comme eux ils ont un double visage, celui du jour et celui de la nuit.

Souvent, il en est de même avec des femmes qu’on croyait sans surprise. On associe souvent l’image d’une ville à celui d’une femme. Toutes les deux ont leur mystère et leur jardin secret.

Celui de Pierre se trouvait sur une des rives de l’Escaut. Celle où les jeunes garçons emmènent les jeunes filles pour y échanger maladroitement de premiers baisers mouillés. Ou le cinéma de la rue Saint-Brice, un ancien théâtre dont le projecteur tremblotait lorsque le projectionniste avait bu une bière de trop. Les sièges du fond étaient occupés en priorité par des garçons accompagnés. L’ouvreuse ne les balayait jamais de sa torche lumineuse.

D’autres souvenirs encore dont il ne savait plus s’ils étaient réels ou imaginaires le traversaient. Dieu seul sait quel passé, il voulait reconstituer. Un passé que les jeunes gens sont les seuls à connaitre mais dont plus tard ils ne se souviennent plus.

Vers sept heures, il se rendit rue des Jésuites, une rue étroite aux maisons bourgeoises, à la façade discrète mais cossue dont la plupart se ressemblaient. René y avait vécu dans ce qui avait été une maison de maître. Le président  Halloy  y vivait depuis le jour de son mariage. Lorsque sa femme était morte, il avait songé à la quitter puis parce qu’on n’abandonne pas son chagrin en abandonnant sa maison, il y était resté avec ce fils qu’elle lui avait donné. Et dont René, le parrain de Pierre, s’était occupé comme s’il avait été le sien.

Son père l’attendait. Jacques Sturbois l’avait prévenu.

- Pierre est en ville.

Son père l’aurait attendu toute la nuit. Il avait tant de choses à lui dire qu’il s’était très souvent répétées durant cinq ans. Finalement, ils n’échangèrent que quelques mots.  De ceux qu’échangent un père et un fils. Ils sont moins chaleureux souvent que ceux qu’échangent des étrangers.  Pourtant durant cinq ans ils ne s’étaient parlé qu’au travers du téléphone bien plus que de vive voix lorsque monsieur Halloy se rendait au ministère de la Justice, et déjeunait avec Pierre, debout, à la table étroite d’un café qui servait des sandwiches.

- René a spécifié qu’il souhaitait que je n’assiste pas à ses funérailles. Je suis censé ne pas savoir qu’il est mort. Il est absent.

- Oui.

Son père avait l’air de se justifier. Autant il était sûr de lui lorsqu’il s’agissait de questions générales ou professionnelles, autant il était indécis lorsqu’il s’adressait à des proches ou lorsqu’il évoquait des sentiments personnels.

- Tu vas rester ici ?

- Je pense que oui. Peut-être. Cela dépend, je ne sais pas.

Le président Halloy opinait de la tête. Au tribunal ses silences étaient significatifs, disait-on. Chez lui, c’est  sa timidité qu’ils exprimaient.

- Tu le sais. Tu es son héritier. Ainsi, tu reviens ici ? Tu dors ici ?

- J’ai une chambre à l’hôtel de la Cathédrale.

- Il va beaucoup nous manquer. C’est lui qui m’a fait promettre de ne pas l’accompagner. Il ne voulait pas que je le voie en sachant que c’était la dernière fois. Je te verrai demain, je suppose.

- Oui demain. Sûrement.

Son père hésitait. Il prenait conscience que son fils avait près de trente ans.

- Tu vas voir Julie ?

C’était la première fois qu’il prononçait le nom de Julie depuis que Pierre avait quitté la ville. Il pensait que les enfants ne devaient avoir aucun secret pour leurs parents, les parents ne sont pas des juges. Avant tout, ce sont des amis sûrs. En réalités, ils n’échangent que des banalités alors que les parents s’attendent à ce qu’ils se disent tout ce qui est important, c’est-à-dire à leurs yeux tout absolument tout. De ces jeunes gens, ils se souviennent de leur avoir essuyé les fesses.

Après quelques instants les uns et les autres se souviennent que des choses importantes racontées sans retenue l’avaient été lorsque les enfants étaient âgés entre trois et cinq ans.

Ils s’étaient quittés assez tard.

Lorsqu’il était arrivé devant la porte de la maison de Julie, une petite maison à quatre façades bâtie au fond d’un jardin, Pierre avait sonné. La porte s’était ouverte immédiatement.

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Ma solitude, ma dulcinée

 

 

Quand la laineuse toison frisée  passe par-dessus bord,

Comme Panurge, je lui cède la voie.

 Je me délecte avec joie,

 Du parfum des airs salubres  que je hume,

Et du seul bruit des moutons d’écume,

Que mon navire creuse de sa proue,

Que des mouettes survolent en grands froufrous.

Quand d’arrogantes voix, de leurs creux verbiages,

Jacassent, je m’éclipse dans ma bulle sans rage.

Et que du gouvernail, se saisit la Vanité,

Lançant des grommellements  de complète vacuité,

J’embarque dans mon canot et la laisse

Sombrer dans l’ostentation vaine

Quand les harets emplissent les lieux de ronrons futiles,

Et les baudets ânonnent des fanfaronnades ;

Quand leurs insignifiantes flammes noircissent,

 Et éclipsent les lueurs de l’entendement, je m’enflamme. 

Je plonge dans la méditation, vice solitaire

Mais combien salutaire.

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Un vieux livre de poésie

Un très vieux livre posé sur une étagère, recouvert de papier d’école pour le protéger de l’usure du temps. Jauni mais en bon état, il a été édité du début du siècle, il est daté de 1903. Son titre : Anthologie des poètes lyriques de France et de l’étranger du Moyen Age à nos jours et signé par l’auteur Yvan Fonsny .

Un livre trouvé sur une brocante et offert par une personne qui aime la poésie. Un trésor de textes, de poèmes, de chansons, le tout repris par date et époque, le Moyen-âge, la Renaissance, la Poésie lyrique, le Romantisme, les Parnassiens, les Précurseurs du Symbolisme, les Poètes Nouveaux, les Chansonniers. Dans ce livre est noté tout ce que la poésie a donné de beaux, les écrits sont ici  transcrits entièrement, intégralement et accompagnés de commentaires.

 C’est une livre magique  comme en possèdent les magiciens, les fées. Posé maintenant sur une table, il s’ouvre sur des chefs-d’œuvre de la littérature et après avoir feuilleté avec volupté ce livre fragile, le choix s’arrête sur le Romantisme et commence la grande quête de plaisir sans nom de ces lectures mainte fois répétées, recommencées.

 Le temps n’est plus nommé tellement la poésie est belle, profonde. Cette poésie  envahit le lecteur dans ce qu’il a de plus cher. Une page s’ouvre et c’est l’oiseau avec son aile pendante qui lassé d’un long voyage vient offrir son cœur à ses petits affamés. Pour toute nourriture, son amour sublime bercé par la douleur et partageant ses entrailles avec eux avant de mourir.

 Et ce crapaud à la fin d’un orage, au fond d’une ornière, regardait le ciel se demandant pourquoi tant de laideur et de souffrance. Et l’homme passant devant lui, voyant cette bête hideuse lui mit le talon sur la tête, une femme lui creva un œil. Pourquoi tant de cruauté ?  Le baudet, surchargé, saignant de ses pauvres sabots fit qq pas de côté pour ne pas écraser l’infâme. La bonté de cet âne abject, souillé, meurtri sous les coups fut le trait d’union entre ineffable et le suprême.

 Et ce loup qui pour sauver sa famille se fit rempart et se laissa mourir, tuer. Il fit face à son destin les pattes bien droites, la tête haute et les yeux plongés dans ceux de ses bourreaux.

 Que de souvenirs inscrits à l’encre indélébile.

 Où donc est le bonheur ! Redemander cet âge où l’on ne dormait pas,  se dire qu’on était bien malheureux, bien triste, bien fou et que, plus vieux de 10 ans, s'enfermer tout un jour pour relire avec pleurs qq lettres d’amour. 

Si jamais  à l’heure où tout sommeille pleurer comme un enfant à force de souffrir et cent fois crier son nom du soir à l’aurore.

Poète, prends ton luth qui t’a vu triste et silencieux. Crois-tu que le vent d’automne se nourrit de larmes et non de chants. Sais-tu que les plus désespérés sont les chants les plus beaux. Et j’en connais d’immortels qui sont de purs sanglots.

Vigny, Musset, Hugo, Lamartine

JGobert

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L'harmonie qui porte à rêver

 

À Nicole Duvivier 

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Chaque saison, comme une fête,

Emeut toujours pareillement,

Provoque l’émerveillement,

Qui fait méditer les poètes.

Emeut toujours pareillement,

La splendeur des fleurs et des bêtes,

Qui fait méditer les poètes,

Dans un calme environnement.

La splendeur des fleurs et des bêtes

Transmet tout naturellement,

Dans un calme environnement,

L’idée de l’harmonie parfaite

.

Transmet tout naturellement,

Par la grâce qu’elle reflète,

L’idée de l’harmonie parfaite.

L'âme la ressent tendrement.

10 février 2009

 

 

 

 

 

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Cher Paul,

 

Vous êtes et demeurez dans mon existence, l'homme que j'aime, celui dont l'entier mystère me fascine, me touche ; jamais je ne cesserais de vous faire la cour, de vous offrir de somptueux bouquets d'écriture !

Cette crainte persistante en moi,  de vous perdre, et bien pire encore, que vous perdiez la mémoire de moi, me quitte rarement ; alors mon vrai visage n'existera plus, mes mots orphelins devenus.

L’obscurité lourde et mutique, recouvrira notre ile bleue, l'endeuillera.

Savez-vous que j'aime vous faire rire, que la femme est un esprit sans fond, infini ?!.

Oui, je pense que la femme est et restera, la promesse de l'homme meilleur, sa continuité et sa croissance ; elle en est la racine, puis la fleur et son parfum tout à la fois.

C'est l’œuvre de toute sa vie, sans omettre bien sûr la connaissance.

J'aime la part féminine chez l'homme, murmurante ; sur lui elle apparaît tel un originel bijou !

La femme, conjugue admirablement bien, la grâce, la combativité et l'humour ; magicienne depuis toujours.

Voilà, mon Cher Paul, ce qui me tenait à cœur aujourd'hui de vous écrire.

Bien à vous.

Virginie.

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Une exigence romantique

 

Doux ami

Tu m'écris que tu veux des lettres manuscrites,

N'ayant aucun problème à déchiffrer mes mots.

Qu'importe mon papier, tu t'en tiens aux propos.

Lors la facilité me devient interdite.

Rien ne remplacera la valeur d'une lettre.

Je range pieusement les centaines reçues.

Je les ai maintes fois manipulées, relues.

Elles gardent à jamais l'essence de ton être.

Tu sais évidemment les causes de mon choix.

Je ne peux refuser l'option miraculeuse.

Je bas souvent des mains, émerveillée, heureuse,

Recevant sans délai un amical envoi.

Je possède une lettre unique d'un ami,

À jamais disparu, resté inoubliable.

Elle a une valeur pour moi incomparable.

Pour le sentir présent, certes elle me suffit.

Permets-moi de t'écrire dans la félicité.

Je recevrai comblée tes messages nouveaux,

Quand ils me parviendront par courrier escargot.

J'y répondrai sur l'heure avec facilité.

4 décembre 2003

 

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Une lettre en attente

 

Doux ami,

Tu aimais tellement par tes mots me surprendre!

Je n’attends plus vraiment une lettre de toi.

Je crois que j’en connais la cause et le pourquoi,

Je deviens chaque jour plus sereine et moins tendre.

Tu dois être à marcher sur le sable en rêvant,

Ou bien à bavarder avec une amie chère.

Tu restes peu longtemps pensif et solitaire,

Tu aimes à rencontrer des êtres émouvants.

Je suis ton âme soeur, jadis sotte et rebelle.

Nous nous sommes tout dit et nous nous répétons.

J’ai en vain essayé d’user d’un autre ton,

Lors je t’ai envoyé de douces villanelles.

Je n’ai pas de chagrin, du regret seulement.

Tu es et resteras en dépit de l’absence,

Malgré le temps qui lasse et aussi ton silence,

Mon ami de toujours, admiré pleinement.

Je regarde à nouveau ta photo agrandie,

À sa place de choix, auprès du téléphone.

Je me dis, sans y croire: il se pourrait qu’il sonne.

J’ai déjà profité de la télépathie.

8 septembre 2006

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Les lettres d'amour manuscrites

Je ressens un malaise, en lisant à mon tour,
Des secrets violés, échangés en amour.
On ne divulgue pas des propos amoureux,
On les garde pour soi, vivants et savoureux.

Un écrivain connu se sentit offensé
En apprenant soudain le désir insensé
Qui fit que sa maîtresse étalât au grand jour,
Les mots qu'il écrivit pour lui parler d'amour.

Ceux qui sont morts , bien sûr, ne peuvent se défendre.
S'ils ont été célèbres , on s'empresse de vendre
Leurs intimes aveux , imprudemment transcrits,
On pille impunément leurs moindres manuscrits.

Une lettre d'amour est une confession.
L'être qui se confie déclare sa passion,
Les troubles qu'il endure, ses espoirs et ses craintes.
Il exprime , sans fard, remerciements ou plaintes.

Il emploie les mots mêmes qu'il aurait murmurés
Ayant été présent et non pas séparé.
On ne dévoile pas son âme à tout venant
Pas plus qu'on ne s'expose tout nu aux yeux des gens.

Il est vrai que les moeurs changent étonnamment.
Je ne sais plus très bien penser moralement.
Simone de Beauvoir était-elle infidèle,
En publiant des mots écrits juste pour elle?

le 26 mai 2003

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L'adolescence d'un jeune juif.




Après la guerre, j’étais devenu communiste. Mon père n'appréciait pas tellement mon engagement dans ce que j'appelais le Parti. Ce qui l'inquiétait et le rassurait à la fois, c'est que cet engagement était imprégné d'une sorte de romantisme qu'il attribuait à la jeunesse et dont il pensait que tôt ou tard, il se dissoudrait dans ce qu'il appelait les eaux froides de la maturité.
Il ne croyait pas que le monde, un jour plus ou moins lointain, cesserait de ressembler à ce qu'il était, une arène où les hommes se tuent entre eux.
- Vois-tu, Pierre, à force d'amour, le monde serait plus supportable. Mais la vie est trop courte, et l'apprentissage de la raison est trop long.
Il continuait de m'appeler Pierre comme durant la guerre lorsque nous étions en France. On ne sait jamais, disait-il.
- Nous sommes juifs, Pierre.
Nous finissions par nous disputer.
- C'est quoi être juif ?
Je lui avais posé la question après que la guerre se soit achevée. Durant la guerre, on ne posait pas ce genre de question.
La guerre avait cessé mais j'avais le sentiment que le monde, le monde avait dans mon esprit des frontières imprécises, le monde se disloquait et se recomposait sans cesse. Les actualités de l'époque, toujours avant «le grand film», ressemblaient à des éléments de kaléidoscope sans cohérence explicable. Des marches de la mort de juifs haves et aveugles. On y voyait des juifs entassés sur des bateaux qui naviguaient de ports en ports comme les âmes mortes des enfers. Des juifs qui souhaitaient revenir sur la terre de leurs lointains ancêtres.
En Belgique les juifs ne faisaient plus la une des actualités. Ni eux ni ceux qui se présentaient expressément en tant que juifs alors que personne ne leur posait la question de savoir s'ils l'étaient ou non. Lorsque  certains cependant la posaient timidement, c'était pour se réjouir de les revoir vivants.
- Tu es vivant. Je suis heureux, tu sais. Et ta famille?
- Nous sommes rentrés tous les trois.
C'étaient les propos que nous échangions lorsque je rencontrais un ancien condisciple. C'est étrange de n'avoir pour famille que son père et sa mère. Je n'ai jamais dit de quelqu'un «c'est mon cousin» ou «c'est ma cousine, et j'étais amoureux d'elle quand j'avais douze ans».
En 1948, en Israël c'était la guerre qu'on appelait guerre d'indépendance. En 1948, en Belgique, juifs ou non, ils étaient nombreux ceux qui souhaitaient la victoire d'Israël. A l'Athénée, mes condisciples la soutenaient avec autant d'enthousiasme que s'il s'était agi de leur propre combat. Au point que deux d'entre eux s'étaient engagés pour y combattre.
Hector, le garçon beau et athlétique qui aurait séduit toutes les filles s'il n'avait pas été aussi timide, et Michel, le fils d'un ancien colonial, attiré par l'aventure. Arrivés trop tard, la guerre venait de se terminer, mes deux amis ont décidé de rester, et ils ont adhéré à un kibboutz.
Ils m'avaient écrit.
- C'est un pays neuf, Pierre. Tout y est possible.
Michel s'y est marié. Il a épousé une fille d'origine belge. Devant un rabbin il a dû jurer qu'il était juif.
Au fond, la vieille question qui se posait d’une manière ou d’une autre, la seule question qui se posait toujours. C’était quoi être juif ?
Heureusement, il y avait mes frères du Part, Marc, Paul, René, ces frères par la pensée et l'idéal partagé.
René s'était spécialisé dans l'agit-prop. L'agitation et la propagande. Souvent, à l'entrée des entreprises, il distribuait des tracts, vendait le journal du Parti ou haranguait les ouvriers. Il détournait la tête lorsque sortait de l'usine un de ses anciens condisciples appelé, c'était vraisemblable, à faire partie un jour de la direction de l'entreprise parce que ses études l'y préparaient ou parce qu'il hériterait de l'entreprise de son père.
- Jacques m'a dit qu'il t'avait rencontré hier devant l'usine de son père, et que tu as fait semblant de ne pas le voir.
René avait les yeux fixés dans les miens.
- Ecoute, Pierre. Il vient un temps où il faut choisir son camp, et le mien n'est pas celui de Jacques ou de son père.
Il n'était pas le seul à penser ainsi. Un jour que je participais à une manifestation contre le racisme, je m'étais inséré dans un groupe de jeunes gens qui, derrière une bannière communautaire, s’étaient affichés en tant que juifs plutôt que dans un groupe distinct de manifestants laïcs. Je suis incapable de dire ce qui m'avait poussé à le faire. Peut-être ce sentiment qui me pousse toujours à être parmi les minoritaires.
Un jeune garçon que j'avais parfois rencontré chez des amis communs, et à qui déplaisait mon éloignement des cercles juifs assez nombreux à l'époque, se trouvait dans le même groupe.
- Tu vois, Sammy, à quoi bon le nier, tu es juif. Il est inutile de le cacher.
- Je ne me cache pas. Je suis là précisément pour que chacun puisse être ce qu'il a envie d'être sans obliger qui que ce soit à être comme lui.
Il a ri, et il a haussé les épaules.
- On est dans un camp ou dans un autre. Sinon, tu te fais écraser. Inutile, après, d'aller pleurer.
Je l'ai raconté à René. Je lui ai rappelé les souvenirs qui nous liaient à Jacques, ce fils d’industriel par le hasard de la naissance. Il a secoué la tête, et il a répondu avec une certaine emphase.
- Il n'y a pas d'avenir dans le passé.
Hector a été le premier à revenir d'Israël. Sans Myriam, cette jeune fille avec laquelle il était parti pour se battre. Myriam, Michel et lui, après la guerre d’indépendance, avaient adhéré à un kibboutz, décidés à rester en Israël et à y faire leur vie. Parmi les fondateurs d'un pays neuf, le travail de la terre et la vie communautaire allaient les révéler à eux- mêmes.
Un jour tout avait craqué pour Hector. Il avait bien dû le reconnaitre, il aimait Myriam, c'est vrai, mais comme une sœur. Seulement comme une sœur. C'était un homosexuel honteux et profondément malheureux. Il avait imaginé qu'en Israël, ce pays neuf, il pourrait contraindre son corps à force de travail et d'amitié virile. Sans résultat hélas!
Il avait eu une liaison avec un jeune homme à peine moins âgé que lui, et on lui avait laissé entendre que tout le monde était en droit d'être ce qu'il était, que personne n'avait quoi que ce soit contre les homos, mais qu'il valait mieux quitter le kibboutz.
Michel n'est pas revenu, lui. Il s'était marié, il s'était bien adapté, il avait participé à la guerre de 1967 en tant que réserviste.

Il y est mort et il a été enterré comme un juif sous une stèle ornée du Magen-David.
Il est court le temps des illusions. Il est court le temps de l’adolescence.

 

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Balade au bord du Terroin

Une superbe journée, une belle rencontre. Promenade le long du Terroin, petit affluent de la Moselle, près du village médiéval de Liverdun. En compagnie d'une amie de Nancy mais aussi d'Arts et Lettres, Marie Luce Enjolras.

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GROOVE...

Le groove d'une voix rauque s'insinue au matin

Émergeant du sommeil, je fredonne le refrain.

Au coin de la fenêtre, un clin d'oeil du soleil...

Et profond dans mon être, la vie qui s'émerveille!

Les années qui défilent, effilent nos illusions

Quand nos destins fragiles s'essayent à la passion!

A l'aube de nos pleurs aux couleurs de la vie

La beauté d'une journée détourne nos envies...

Puisque au creux du jour, je sais que tu existes

Et que cœur se complaît à rechercher ta piste

C'est que je n'ai pas compris la fuite du temps...

Oui, même au bout des ans, l'amour est flamboyant!

J.G.

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