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Une pause prolongée

 

(Haïkus)

Décor sans brillance

page de ma rue mouillée

tapis enneigés.

...

Fond blanc sans limites

squelettes de fer forgé

géantes sculptures.

...

Tableau qui s'anime

tombe une pluie sans éclat

pas le moindre bruit.

...

Lumière filtrée

morosité qui persiste

l'âme se repose.

...

Ni joie ni tristesse

harmonie non perturbée

douceur de l'instant

....

17 novembre 2014

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La saveur du temps JGobert

Que dire sur le temps qui reste. Dire que je l’aime. Que je veux le garder. Que j’en veux encore et encore. Reprendre les paroles de Reggiani et en faire une chanson.

Que cette dimension du temps a pris une saveur exquise depuis l’arrivée sur terre d’un petit bout d’humain au joli minois. Que tout tourne dorénavant autour d’elle et cet avenir qu’elle me crée avec douceur me remplit de bonheur. Elle le conçoit enfantin, malicieux avec délicatesse, ce lendemain qu’elle installe et façonne à sa manière.

Tout ce temps perdu, occupé à des luttes, des combats, des batailles parfois vains pour garder haut et digne le respect de la vie. Ce temps employé à chercher la fortune, la gloire et à combler ce besoin de richesse. Ce temps consacré à se fabriquer une place enviable dans la société avec ce masque de clown que l’on a si bien travaillé et qu’un jour, il faut laisser tomber.

Cette saveur du temps que mille pensées ont combattue, parfois consciente du bien ou du mal.

Mais depuis peu, le temps a pris un autre chemin, celui qui est et qui m’oppresse. Qui m’oblige à bouger, remuer, respirer plus vite, aller venir pour ne plus en perdre une miette. Ce temps changé en saveur. Ce temps devenu si précieux, inestimable, irremplaçable, que j’aime tant.

Qui ne m’entrave plus dans de stériles batailles de pouvoir, d’orgueil.  Qui rend banal les querelles que cherchent certains hommes ou femmes pour asseoir une notoriété si fragile, une gloire si éphémère qui ne fait que passer et mourir.

Cette saveur du temps, qui collée à moi, s’endort tendrement et me paralyse, me bloque sur moi-même et aucun mouvement ne vient la déplacer le temps d’un moment.  Ce temps si précieux qui m’appartient tant.

 

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12273057287?profile=originalSauvage : dessus-de-porte en grisaille de la salle à manger de l'Empereur (palais de Compiègne).

Piat Joseph Sauvage (1744-1818) est un peintre belge oublié. Dessinateur habile, portraitiste apprécié, il se fera connaître comme peintre de cour, d'abord à Bruxelles, puis à Versailles auprès de Louis XVI. Mais c'est comme décorateur, maître du trompe-l'oeil en grisaille qu'il retient surtout l'attention. Il ornera ainsi la chapelle du château de Saint-Cloud, le théâtre de Chantilly (tous deux détruits à la Révolution), les palais de Fontainebleau et de Compiègne, la cathédrale de Tournai, sa ville natale.

Offrons-nous une digression. Pour mettre la peinture en général, le trompe-l'oeil en particulier, en perspective, il faut bien remonter à l'Antiquité...

12273057501?profile=originalPiat Joseph Sauvage : Anacréon

(poète grec ; dessus de cheminée de la salle à manger de l'Empereur, Compiègne).

Pour Parrhasios "la ligne de contour doit à la fois se clore sur elle-même et aller en mourant de manière à faire croire qu'il y a autre chose derrière, à montrer aussi ce qu'elle cache..."

... et le meilleur cicérone pour cela reste bien Pline l'Ancien.

Le vieux magister nous rapporte tant d'anecdotes... comme celle opposant Zeuxis (ca -464/-398) à Parrhasios (ca -460/-380).

"Zeuxis avait peint des raisins, avec un tel bonheur qu'attirés, des oiseaux volèrent à tire-d'ail vers l'estrade du peintre."

Magistral tour de passe-passe qui laisse bec bée.

Devant un tel miroir aux alouettes, Parrhasios ne se laissa pas démonter. "Alors Parrhasios représenta un rideau si exactement que Zeuxis, que le verdict des oiseaux avait rempli d'orgueil, perdant patience, demanda qu'on enlève ce rideau pour montrer enfin le tableau ; quand il eut compris son erreur, il accorda la victoire à son rival avec une noble humilité, parce que, s'il avait fait illusion aux oiseaux, Parrhasios, lui, avait fait illusion à l'artiste en personne !" Mais Zeuxis n'en resta pas là. "Il peignit par la suite un petit garçon portant des raisins ; là aussi, les oiseaux vinrent voleter tout près et Zeuxis, furieux contre son oeuvre, s'avança solennellement et déclara qu'il avait mieux peint les raisins que le petit garçon car s'il l'avait rendu à la perfection, sa présence aurait dû faire peur aux oiseaux."Il faut croire pourtant que Zeuxis ne fit pas piètre figure car, lorsqu'il représenta la belle Hélène, Aristide put écrire : "C'est la même chose d'avoir peint cette Hélène que pour Zeus de l'avoir engendrée."

Avec sa gueule de peintre grec, l'orgueilleux Parrhasios, qui peint un "Hoplite courant au combat qu'on croit voir transpirer et un Hoplite rendant les armes, qu'on croit entendre haleter", est décidément un lutteur vindicatif :

"Dans un concours de peinture qui avait eu lieu à Samos, sur le sujet suivant : Ajax et le jugement des armes, Parrhasios, classé second derrière Timanthe, se plaignit de souffrir à l'instar du héros parce que c'était comme si, une nouvelle fois, en sa personne, Ajax avait été vaincu par un homme qui ne le valait pas."

Cruelle incertitude de l'art... Derrière le tableau se cache la vanité.

Autre maestro du 4e siècle avant Jésus-Christ, Apelle de Cos.

"Apelle a peint des portraits d'une ressemblance si parfaite que le grammairien Apion, dans un texte, explique que des spécialistes de la divination par le visage pouvaient, en les voyant, dire le nompbre d'années qu'il restait à vivre aux modèles ou la durée de leur vie, s'ils étaient morts." Voila qui est visionnaire, qui range la peinture au rang des arts divinatoires... Trompe-l'oeil et trompe-la-mort ! trop fort !

Apelle, "c'est lui aussi qui exposait ses oeuvres achevées à la vue des passants, sur une terrasse : dissimulé derrière un tableau, il les écoutait parler des défauts qu'ils leur trouvaient, estimant que le public était meilleur juge que lui-même. On raconte qu'un cordonnier, un jour, blâma l'oubli d'une lanière sur la face interne d'une sandale d'un personnage. Apelle corrigea l'erreur. Le lendemain, enhardi par l'efficacité de sa première intervention, l'homme émit une critique à propos de la jambe. Alors Apelle bondit de sa cachette et indigné, déclara à son détracteur qu'"un cordonnier ne devait pas juger au-dessus de la sandale."" Expression devenue proverbiale.

Il est temps de retomber sur nos pieds pour revenir à Piat. Chassez le Sauvage il revient à la galerie et aux grisailles.

La grisaille, connue dès l'Antiquité pour imiter le marbre, atteint des sommets dans l'illusion optique aux revers des retables, notamment chez Van Eyck. Volets refermés, formant diptyque, le fidèle peut s'y recueillir comme devant des statues.

Ces camaïeux de gris renaissent avec Jakob de Wit (1695-1754) et connaissent une grande vogue sous forme de bas-reliefs imitant la sculpture à la perfection, mais remplaçant souvent des tapisseries démodées.
De Wit introduisit ainsi les witjes (blancs) dans de nombreux monuments. En France particulièrement, on ne compte plus dessus-de-porte, trumeaux et panneaux ainsi décorés.

12272930477?profile=originalDessus-de-porte (château de Champs-sur-Marne ; Christophe Huet ,1700-1759, ?).

A la suite de De Wit s'illustreront Marten Josef Geeraerts (1707-1791), Piat Joseph Sauvage donc, qui fut son élève, Dominique Doncre (1743-1820), maître de Louis-Léopold Boilly (1761-1845), peintre et graveur, qui inventa aussi des instruments d'optique et des vernis, Nicolas-Guy Brenet (1728-1792)...

Sans oublier Jean Siméon Chardin (1699-1779). "Ce Chardin pourquoi prend-on ses imitations d'êtres inanimés pour la nature même ? C'est qu'il fait de la chair quand il lui plaît.", Diderot.

Ou Jean-Baptiste Oudry (1686-1755). "Vous souvenez-vous de deux bas-reliefs d'Oudry sur lesquels on portait la main ? La main touchait une surface plane ; et l'oeil, toujours séduit, voyait un relief ; en sorte qu'on aurait pu demander au philosophe lequel des deux sens dont les témoignages se contredisaient était un menteur." (id.).

Grisailles. Modulant les ombres et les lumières, perspectives, contrastes et clair-obscurs, pour donner à ces monochromes des jeux qui troublent nos sens.

Soulages, à sa manière, saura s'en souvenir. Outrenoir... gardons également en mémoire que Zeuxis "peignit aussi des monochromes blancs."

Quant à Sauvage, issu d'un milieu ouvrier, sa situation enviée de peintre de cour ne le détourna pas des idées progressistes qui l'amenèrent à participer activement à la Révolution.

Puis, comme Carrier-Belleuse et Rodin après lui, il travailla pour la Manufacture de Sèvres de 1804 à 1817 . Aussi je ne résiste pas à faire ce petit parallèle :

12273054258?profile=originalLes Eléments (vase, détail de la frise, porcelaine, Carrier-Belleuse et Rodin pour la Manufacture de Sèvres).

L'imitation d'un bas-relief antiquisant atteint ici sa plus belle expression.

Tous ces maîtres ont poussé si loin la virtuosité dans le trompe-l'oeil que bien évidemment on ne les voit plus ! Et ainsi, du moins pour ceux qui si sont spécialisés, retombèrent dans l'oubli ! Sauvage, pour ne prendre que lui, est passé dans le gris de l'histoire. Au mieux cité, ce fils de vitrier est aujourd'hui complétement opacifié. Il fallait bien le réhabiliter un peu.

Bon... je me suis égaré en route, emboîtant les époques dans des histoires à tiroirs. Mais après tout, sur un tel sujet n'avais-je point licence de construire ce billet en trompe-l'oeil ?

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Michel Lansardière (texte et photos).

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FIN DE SAISON

Déjà s'inanime l'aube,

tombé d'un rideau bleu,

en cette fin d'automne,

les feuilles font toutes ensemble,

bruirent  de vagues baisers,

sur la chaussée encore dissimulée.

Tout près, un oiseau noir,

signe sa présence,

 en émettant dans l'air glacé,

 un guttural chant,

annonciateur d'un dimanche de pluie,

de brume et de sommeil ;

ombre minuscule, tournoyante,

un peu lourde !

Dans ma chambre claire,

je resterais donc,

entourée de lainages,

à vous écrire seule,

ma saison intérieure,

 à la vôtre assemblée.

Je voudrais être parfois,

ce ballon tout vert,

s'envolant à jamais,

 dans un ciel hivernal,

étincelant et bleu-chaud.

Sans vous,

mon cœur ne serait

que neige,

avec ou sans soleil !

NINA

 

 

 

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L'hiver s'ra chaud!

Vous êtes prêts pour l'hiver.

Comme l'écureuil, vous avez fait des réserves.

Mais avez-vous pensé à tout?

Savez-vous qu'il est possible de faire des réserves de bonne humeur et de joie de vivre?

Tout le monde le sait, une journée sans rire c'est une journée perdue!

Faites une réserve de mots drôles, ce n'est pas compliqué!

Une journée sans rire, sans chanter, sans danser c'est une journée triplement perdue!!!

Chez soi tout est permis...ou presque. Pensez aux voisins!

Dansez!

De préférence sur des musiques du sud, chaudes et sensuelles.

Chantez!

Vous chantez faux? On s'en fout!

Et quand vous sortez, ne laissez pas votre sourire en réserve!

Quand on a la chance d'avoir un chez soi chauffé,

on peut être cigale toute l'année!

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Lettre à l'ami retrouvé

 

Je pense à toi, ou bien à vous,

Car il arrive que l’on joue

À vouvoyer ceux que l’on aime,

En se prenant au jeu soi-même.

Mais ce plaisir est démodé.

On tutoie pour accommoder,

Pour ne pas paraître pédant.

Mais sans tendresse, cependant.

Je t’ai vouvoyé à l’époque,

Qu'aux jours de nostalgie j'évoque.

Tu étais pourtant mon ami.

Et déjà tout était permis.

Je t’ai tutoyé en silence,

Durant ton obsédante absence,

Puis vouvoyé dans les sonnets

Que je t’écrivais chaque année.

Pensées et vœux d’anniversaire,

D’une âme aimante, solitaire.

Tu les liras, avec émoi,

Certainement, plus d'une fois.

30 juin 2008

 

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Mascarade JGobert

Se déroulent parfois des scènes étranges où se mêlent des hommes sournois, accoutrés d’un déguisement qui les cache, les dissimule de leur véritable vérité.  Ils se posent autour du pouvoir pour mieux le contrôler et en font un jeu de dupe. Une comédie, un divertissement qui rend la vie stérile et sans lendemain. Ils possèdent ainsi les rênes d’un ordre fantomatique qu’ils dirigent d’une main de fer et en font une cavalcade ridicule où personne n’est ingénu mais où personne ne bouge.

Comédie d’un autre temps où règnent toujours des despotes sanguinaires, ces pays meurent d’un manque d’oxygène, d’air pur, de liberté. Mascarade d’élections burlesques auxquels personne ne croit, ne résiste et laisse s’accomplir, une fois de plus, la tyrannie de certains hommes avides de pouvoir.

Ces pays, parfois dotés de bon sens, proclament fièrement leurs démocraties nouvelles à la face du monde et s’en font arrogance à mettre en doute les nôtres trop laxistes. Carnaval trompeur qui anéantit les gens de bonne volonté et les chasse du droit, qui laisse le peuple mourir d’épuisement à force de privation et de contrainte, qui détruit l’intellectuel, le sage, l’éclairé pour le rendre inopérant, vidé de sa substance.

Sous le déguisement burlesque de leur démocratie ridicule se cache, s’abrite la révolte bien vivante  qui s’amplifie et qui répandra le sang.  Bal masqué, Paillasse rit pour mieux pleurer sous son masque de tristesse. Ton peuple n’est pas naïf

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A Cappella

 

 

Quand il est recueilli, fixé sur une page,

Un instant qui me trouble y devient une image

Et puis une chanson, qui conserve vivants

Mes émois passagers vécus dans le courant.

...

L'irréversible temps n'a pas pu effacer

Les surprises sauvées intactes du passé.

En filigrane, y sont aussi des joies éteintes

Des soupçons de regret et peut-être de crainte.

...

Mon énorme journal, infaillible mémoire,

Présente des refrains, nostalgiques parfois,

Mais qui le plus souvent sont débordants de foi.

Ainsi chantée, ma vie est une tendre histoire.

...

12/04/2003

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Absence

 

Doux ami,

Ce blanc matin me rend maussade

Aucun rayon ne l’ensoleille.

Sur les orpins semblant malades,

Ne butinent plus les abeilles.

Rien ne tressaille dans ma rue,

Désertée et privée de vie.

En y laissant errer ma vue,

J’accueille la mélancolie.

Elle colore ma pensée

Qui m’apporte une certitude,

Irréfutable je le sais,

Que j’écarte par habitude.

Immobilité et silence.

Ne surgit nulle fantaisie.

C’est le temps de l’indifférence,

Vidée de toute poésie.

Il arrive qu’un oiseau passe

Et s’arrête dans mon jardin.

Alors naît un instant de grâce

Pendant qu’il picore mon pain.

Un promeneur avec des ailes

M’émeut irrésistiblement.

Je contemple cet être frêle

Qui certes vit intensément.

Lors dans l’absence qui perdure,

Des ouvrières et du soleil,

Pensive, immobile, en éveil,

Je souris et je me rassure.

9 octobre 2007

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12273056095?profile=original"La révolte des anges" est un roman d'Anatole Thibaut, dit Anatole France (1844-1924), publié en 1914. Des plus antireligieux ce livre maintient l'esprit qui s'était donné carrière dans "La rôtisserie de la Reine Pédauque".

Depuis quelque temps le bibliothécaire du baron d'Esparvieu, héritier d'une vieille lignée de grands magistrats lettrés, a constaté que des livres ont été dérobés et jetés en désordre. Un jour que le baron reçoit sa maîtresse, la belle Mme des Aubels, laquelle, nous dit l'auteur, étant femme, trouvait un grand plaisir à se déshabiller, un ange lui apparaît sous les traits gracieux d'un adolescent complètement nu. Cet ange a décidé de s'incarner sous le nom d'Arcade, pour préparer dans les salons parisiens une nouvelle révolte des esprits célestes, qu'il espère appelée à plus de succès que celle de Lucifer, Arcade est en effet plein de griefs contre Dieu, et ces griefs sont ceux qu'on trouve dans un grand nombre de livres d'Anatole France: Jéovah n'a pas créé le monde, il en a tout au plus organisé une partie, et fort mal; il "est moins un Dieu qu'un Démiurge ignorant et vain!" Un autre ange, Mirar, s'est installé au Quartier Latin: Mirar ne se soucie ni de politique, ni de théologie. C'est un artiste et, s'il se révolte, c'est par amour pour une chanteuse de café-concert. Arcade estime que le meilleur moyen pour armer la révolte est d'introduire la science humaine dans les hiérarchies célestes -et c'est pour cette raison qu'il dérobait les volumes dans la bibliothèque du baron d'Esparvieu. Un autre ange, incarné sous les traits d'une anarchiste russe, Zita, ne voit dans les projets d'Arcade qu'une stérile utopie. Par son truchement, France se livre à une critique amusée de la religion du progrès instaurée par le "courant des lumières": les sciences, affirme-t-il, ont eu jusqu'à présent bien peu d'influence sur la conduite des humains. Aucune révolution céleste ne sera possible tant qu'on ne fera point appel aux basses passions et aux instincts des natures angéliques, tant qu'on n'aura point persuadé celles-ci qu'elles seraient plus heureuses, étant libres. Le monde céleste, tel que le décrit Zita, ressemble étrangement à la société contemporaine. Il a ses ministres, ses généraux, ses dignitaires, ses petits bourgeois: la fraction la plus révolutionnaire, parce que la plus humiliée dans la distribution des honneurs et des places, est formée par les anges gardiens, "imbus des idées du siècle". Après avoir promené ses anges dans la société parisienne qu'il peint avec un art remarquable de satiriste, France les emmène consulter un ange vénérable, Nectaire, de son état de jardinier à Montmorency. Nectaire commence alors à refaire un "Discours sur l'histoire universelle", mais où le moteur ne sera plus Dieu, comme chez Bossuet, mais Satan. Cette philosophie diabolique de l' histoire, France l'avait mainte fois esquissée, en particulier dans "Thaïs". Satan devient le principe du Bien, du progrès, de la liberté, et Jéovah le principe du mal, de l' obscurantisme, de la tyrannie. Les démons n'ont cessé d'agir pour les hommes: tout d'abord sous la forme des Dieux antiques, les seuls Dieux qui furent bons, jusqu'au moment où, vaincus par l' Asie juive, le triomphe de Jahvé entraîna en Europe une effroyable régression. La civilisation faillit être perdue; fort heureusement les démons reprirent le dessus, s'infiltrèrent dans le moyen âge catholique, s'installèrent même sur la Chaise pontificale. Hélas, Luther, faisant renaître l'antique fièvre religieuse, contrignit l' Eglise à retourner à l'étroitesse et à la rigueur barbare des premiers chrétiens. Avec le XVIIe et le XVIIIe siècles français, les démons eurent leur revanche: car c'est eux encore qui animèrent cette période merveilleuse de l'humanité. Dans la Révolution, malgré ses sympathies socialistes, Nectaire-France serait assez enclin à voir un mauvais coup de Jéovah: les hommes de la Convention n'étaient-ils pas en effet des fanatiques de la vertu, le vice le plus funeste qui puisse accabler un homme d' Etat? Nectaire, qui semble décidément avoir lu les volumes de la "Vie littéraire", est à tel point horrifié par le romantisme, d'inspiration trop chrétienne, qu'ayant vu pareille folie, il décide de se désintéresser des humains et de faire retraite à Montmorency. Après de multiples épisodes, qui sont d'autant d'occasions pour l'auteur de se moquer des corps constitués, des catholiques, des bourgeois en général, la révolte des Anges échoue sur les bords de la Seine. Arcade et ses amis conviennent d'agir directement dans le ciel et d'aller prendre contact avec Satan lui-même pour le décider à la revanche immédiate. Mais Satan, qui habite sur les bords du Gange, a fini par prendre goût à la terre et ne se soucie plus du royaume céleste. Après mûre réflexions, il se laisse pourtant fléchir par les instances des anges et, au cours d'une bataille décisive, il défait Jahvé, précipité dans la Géhenne et se fait lui-même proclamer Dieu. Désormais revêtu de la Puissance absolue, Satan cesse d'être l'esprit de Liberté: sur terre, il laisse toutes les hiérarchies intactes, y compris le Pape de Rome! C'est le moment choisi par France pour nous apprendre que tout cela n'est qu'un rêve de Satan: le bon Lucifer, réveillé, met en garde ses disciples contre tout rêve de domination qui les rendrait aussitôt semblables à Jéovah, tyrans comme lui, comme lui jaloux, querelleurs, ennemis des arts et de la beauté.

Ce livre ambigu accentue encore l'évolution politique d'Anatole France: jamais l'auteur n'a mis tant de virulence et d'ironie dans ses attaques contre la religion catholique, jamais il n'a trouvé un plaisir aussi évident à ridiculiser les bourgeois bien pensants, les partis de l' ordre et de la tradition. Au terme de cette évolution, où le scepticisme conservera cependant ses droits, il apparaît de plus en plus clairement que "le fléau de la balance" penche, tout compte fait, "pour le camp de la négation, de la subversion, et finalement de la Révolution". (Henri Clouard).

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RENCONTRE...

Derrière une porteUn jour de pluieEt peu importeLa vie qui fuit!Dans un jardinUn soir d'étéOu un matinTout bousculé!Avec déliceSentir le ventEt sans maliceS'moquer du temps!Rempli d'angoisseDe trop d'absenceEt que se froisseNotre innocence!Plage au soleilOu nuit glacéeC'est bien pareilUne panacée!Se rencontrerSe reconnaîtrePas un péché...Se sentir naître!J.G.
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Mon Cher Ami,

 

Savez-vous que vous êtes le manteau de mes mots ?

Un peu cette seconde peau à la mienne mêlée ;

 ainsi ils n'attrapent jamais froid,

 deviennent de plus en plus légers, aérés et forts.

Est-ce à dire, que les mots apprennent à marcher,

 à avancer, donc à grandir ?

Je vous murmure que OUI.

L'écoute étant une caresse.

L'écriture est entière,

 dès lors qu'elle est nue,

mais n'est nullement frileuse,

 car revêtue de ce manteau tout en peau ;

le vôtre lui va si bien, à sa juste mesure.

Depuis vous, sans mesure elle respire,

jaillit la nuit, le jour, s'étire à l'infini !

Votre amie de toujours.

Bien à vous.

 

NINA

 

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Arc en ciel

Ce soir, je pense à toi.

Tristesse et torrent de larmes.

J'ai rêvé d'être ta princesse confiante et insouciante.

Celle qui t'émerveille.

J'ai rêvé que tu me prennes par la main,

que tu me parles simplement.

J'ai rêvé d'un arbre grand et fort contre lequel on s'appuie,

sous lequel on s'abrite.

Ce soir, je pense à toi.

Tandis qu'un autre me désarme, m'apprivoise peu à peu,

déshabille mon corps et mon âme.

Je suis devenue la princesse d'un autre

et ce n'est pas un rêve.

Ce soir, je pense à toi.

Tristesse et torrent de larmes.

Ce soir, je pense à toi, mon père...

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Les essais les plus marquants de l'écrivain allemand Thomas Mann (né en 1875) furent réunis un volume sous le titre "Souffrance et grandeur des maîtres" ["Leiden un grösse der meister"], publié à Berlin en 1935. D'autres, moins importants, firent l'objet de diverses publications à titre d'articles de revues, discours et préfaces. Les meilleurs d'entre eux ont été réunis en un volume: "Noblesse de l'esprit" ["Adel des geistes] et publiés par l'éditeur Bermann-Fischer de Stockholm.

Dans le premier volume, se distinguent par leur qualité et leur importance les essais consacrés à Goethe et Richard Wagner, dont l'oeuvre même de Tomas Mann est nourrie. "Goethe, représentant de l'époque bourgeoise", tel est le titre du premier essai, discours prononcé le 18 mars à l'Académie prussienne des Arts de Berlin, à l'occasion du centenaire de la mort de Goethe. Ce dernier est donc étudié en tant que représentant d'une époque qui va de l'apogée des villes hanséatiques et du commerce à la fin du moyen âge jusqu'au déclin qui a marqué le XIXe siècle. Il est caractéristique que Thomas Mann ait précisément choisi comme objet de son étude cet aspect du grand poète, en qui il n'hésite pas à voir la plus haute expression du génie; fils d'une Allemagne encore bourgeoise, il ne pouvait qu'apporter à cette analyse une compétence et une perspicacité particulières. Goethe, nous dit-il, grand aristocrate de l'esprit, était cependant imprégné de la sève populaire allemande, à la fois frère spirituel d' Erasme et de Luther. Et tandis que dans "Les années d'apprentissage de Wilhelm Meister", il annonce sous une forme pédagogique le développement économique et social du siècle suivant, avec "Les affinités électives" il échappe au rationalisme du XVIIIe et nous ouvre un monde de sentiments et de pensées entièrement nouveau, dont alors on n'a pas sondé les mystérieuses profondeurs. Citoyen de la ville hanséatique de Lubeck, Mann ne peut s'empêcher de manifester sa gratitude au poète d' "Hermann et Dorothée" pour son appartenance à la classe moyenne; et ce n'est pas sans plaisir qu'il s'attarde aux souvenirs bourgeois rapportés dans "Poésie et vérité", se laissant aller à nous conter des anecdotes sur Goethe, père de famille, hôte et gourmet, qui ne sont pas sans surprendre. Il aime également chez le vieux poète la passion de l' ordre, où il voit une manifestation de ses idéaux démocratiques. Mais il décèle aussi, dès "Les années d'apprentissage", une lente évolution qui doit conduire à un nouveau monde où le dépassement de l' individualisme humanitaire, grâce à l'esprit représenté par Nietzsche, conduira à compléter la notion d' individu par la fonction de ce dernier dans la communauté sociale. Un autre essai a pour titre "La carrière littéraire de Goethe écrivain"; Mann voit, dans l'oeuvre, la substance essentielle de l'écrivain, la réalisation même de sa propre personnalité; et c'est pour avoir pleinement mesuré la valeur de sa personnalité que Goethe put admirer le génie sans l'envier, partout où il se manifestait; et Thomas Mann de souligner que, chez Goethe, cette faculté d'admiration venait en quelque sorte renforcer la puissance créatrice.

L'essai: "Souffrance et grandeur de Richard Wagner", écrit à l'occasion du cinquantenaire de la mort du musicien et lu le 10 février 1933 à l' Université de Munich, se présente plutôt comme une confession de Thomas Mann lui-même en tant qu'artiste, confession qui nous révèle non seulement "comment" il envisage l'homme et l'artiste Wagner, mais aussi "pourquoi" il le voit ainsi. Wagner nous est donné comme la plus parfaite expression du XIXe siècle; à la fois gigantesque et souffrant, massif et délicat, mythique et grossier, complexe et ambigu, méconnu et glorieux, anarchiste et réactionnaire, nationaliste et européen; romantique et réaliste, chaotique et pédant, essentiellement tragique et théâtral; un génie qui, en dépit de son goût prononcé pour le macabre, à la Tristan, sut transposer musicalement la "volonté" de Schopenhauer, exprimer cette soif éternelle d'amour que le philosophe appelle la source même et le foyer de la volonté. Wagner est parvenu à concilier dans son oeuvre les deux forces contradictoires du mythe et de la psychologie. Comment, à lire cet essai, ne pas y voir une justification de la tentative, en tous points analogue, que Thomas Mann se proposa dans la grandiose tétralogie de "Joseph et ses frères"? Poursuivant son analyse, Thomas Mann dénonce chez Wagner, un certain dilettantisme envers chacun des arts dont il opère en revanche une géniale synthèse. Fidèle à son culte du monde bourgeois, Mann s'attache à nous montrer comment le Wagner révolutionnaire de 1848, dont les vicissitudes privées constituèrent un véritable défi à l'opinion publique, n'en vivait et créait pas moins dans une atmosphère bourgeoise; celle-ci se manifeste dans son pessimisme moral, dans cette notion de décadence que le XIXe siècle a unie à la notion de monumental, du fait même qu'il a tenu morale et grandeur pour synonymes (notons que Thomas Mann nous livre ici, la clé du motif fondamental de ses "Buddenbrook" et de divers autres ouvrages).

Dans "Une traversée avec Don Quichotte", essai écrit en mai 1934, tandis que Mann se rendait en Amérique, fuyant le IIe Reich, c'est un magistral commentaire de l'oeuvre de Cervantès qui nous est donné. Définissant l'ouvrage comme un livre universel, qu'il est bon d'emporter dans un voyage à travers le monde, il tient à indiquer que la traduction allemande de Tieck a su lui donner un second visage. Cependant, il demeure perplexe quant à l'élément satirique du roman et des nouvelles, tandis qu'il éprouve envers la silhouette pacifique et tragi-comique du héros idéaliste une affection fraternelle, où la pitié le dispute à la compassion et à la vénération.

Un essai est également consacré à l'écrivain allemand "Theodor Storm", à titre d'introduction pour l'édition des "Oeuvres complètes" de cet auteur publiées chez Knauer: ici, se manifeste avec évidence la tendance de Mann à souligner ce qu'il peut y avoir d'imperfections et de ridicule chez de grands artistes et en même temps de rendre sensible et attachant ce que leur personnalité peut comporter de trop humain. Cependant le grand romancier allemand aura eu le mérite d'avoir attiré l'attention sur les beautés de certains poèmes de Storm qu'il préfère à ses nouvelles (à l'exception de "L'homme au cheval blanc", qui appartient désormais à la littérature mondiale) et d'avoir souligné, à côté de l'élément chrétien généralement reconnu chez cet auteur, l'élément proprement germano-nordique et légendaire ainsi que le pessimisme du XIXe siècle, dont ses oeuvres portent la marque.

Parmi les autres essais, retenons la préface qu'il écrivit en 1911, pour une nouvelle édition des "Oeuvres" de Chamisso, qui n'est pas comprise dans le volume "Souffrance et grandeur" mais fut publiée dans "Questions et réponses". Il s'agit là d'une pénétrante analyse sur la personnalité de l'auteur de "L'histoire merveilleuse de Peter Schlemihl": Thomas Mann indique quelles affinités liaient l'auteur à son personnage, affinités que l'on peut reconnaître et identifier dans ce ton de réalisme bourgeois qui persiste à travers les aventures les plus fabuleuses.

Citons encore un "Discours à propos de Lessing", où Mann, qui avait trouvé dans l'art de Wagner et la pensée de Nietzsche une sorte de justification de sa propre esthétique, exalte l'attitude critique de ce courageux défenseur de la vérité; véritable mission nationale que Thomas Mann lui-même assumera plus tard dans le domaine proprement politique (voir "Essais politiques"). Il reconnaît en  Lessing l'homme qui s'était déjà donné pour but, dans son oeuvre poétique, avec "Minna de Barnhelm" et "Nathan le sage", d'élever son peuple à l' idéal de l'humanité.

 

 

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Mon Cher Ami,

 

l'ensemble de mes pensées

est une forêt profonde,

plutôt sombre,

parfois même claire obscure.

L'écriture en est son éclaircie ;

cet élagage subtil,

jusqu'à l'apparition,

 d'un long chemin bleu-vert

que votre ensoleillement,

embrasse et pérennise.

J'écris vivant,

 depuis vous !

Bien affectueusement.

Votre amie NINA

 

 

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Éloge de la virtualité

 

 

Bien sûr, on vit plus vieux, mais sans rester soi-même.

Les avaries nous marquent irrémédiablement,

dissimulés ou non, progressent les ravages,

on change peu à peu de visage et de peau.

On devient différend mais rarement plus beau.

On découvre étonné sa nouvelle apparence

et l’on s’y habitue avec humour, parfois.

On est encore vivant, c’est quand même une chance!

Lors, on peut relever avec intelligence,

le défi que devient le désir de séduire.

La virtualité rend possible un miracle

Elle rend invisibles les outrages du temps.

On retrouve inchangés charme et ancien allant,

On se fait tutoyer par un jeune internaute.

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Calembours pour me désennuyer

 

Sur un radeau chaviré, un rat d'eau

Rencontra un chat viré d'ailleurs.

S'en suivit un charivari.

...

N'ayant rien à faire, on s'affaire à se satisfaire.

S'étant bourrée de gâteries, Agathe rit: ça va faire!

...

Un rat botté a raboté un bout de bois qui barbotait.

...

Autrefois, Grecs et Romains, face à des attaquants odieux,

toujours, s'en remettaient aux dieux.

...

L'art fou du foulard batik!

...

Premier avril, espiègleries et tromperies.

Qui trompe rit.

...

Pas d'âge pour le bavardage; se méfier du radotage.

...

En colère, pour ne pas en avoir l'air,

Il est bon d'aller prendre l'air.

...

 

 

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Entre deux saisons.

Le paysage se pare d'un pull over pourpre,

adouci d'un chaud jacquard cuivré ;

simultanément une longue dame claire,

gantée de bleu, tricote un gilet blanc,

alors qu'elle est assise derrière

un rideau tantôt de brume, tantôt de pluie.

Les roses de novembre, ouvertes ou closes

subjuguées la contemplent.

Le ciel est limpide, très haut.

En cette période,

il ne se passe pas grand chose,

du moins en apparence,

excepté cette confection silencieuse,

dont le terme sera annoncé,

 par les clochers des cathédrales,

annonciatrices du solennel hiver !

Alentour bruit le craquement chaud,

  des arbres noirs ou bruns,

totalement nus ;

entre la fin de l'automne et le seuil de l'hiver,

 seules leurs sonorités chaudes,

leurs chants ténus,

diffusent dans l'air une source de chaleur,

 mêlée aux flagrances sucrées,

des roses rouges

du jardin de ma mère

rayonnant sur les hauteurs

de la Butte Montmartre.

 

NINA

 

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