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Au large
Pouvons-nous nous tenir au large
Sur nos mers secouées
Nos amours échouées
Et nos chimères barges
Au large
Vois l’amie l’inconstance de nos âmes
Si ternes et blettes
Sous l’apparence de nos chairs et de nos squelettes
Les récits en mots projetés de nous-mêmes
Pas à pas
Lancés au travers de nos miroirs
Ne nous laissent-ils pas aux palais
Un remous d’amertume
Un ressac d’écumes lasses
Qui au fond nous désolent
Nous déboussolent
Et nous agacent
Pourtant
Si nous pouvions les voir
Au travers de nos inaptes regards
Ces lucioles si fines et rares
Ces petites pépites d’étoiles
Qui forment comme un léger voile
Luminescente tulle
Autour de chaque mot comme une bulle
Car tels alors ils s’envolent
Petites sphères dans l’air
Se grisant de la stratosphère
Alertes pétillants rigolos
De rouge d’orange ou d’indigo
Ou pulsant le jaune le bleu le vert
Jusques aux confins célestes
Lâchant le lest
Au large
De nos mémoires et de l’univers
Car quand est-il de nos profondeurs humides
Là où glissent nos planctons translucides
Sous les masses des mers
Quand est-il de nos zones arides
Où nous sentons le souffre et le vide
Sous nos réminiscences amères
Quand est-il de nos humeurs éthérées
Secrètes et vaginales
Quand est-il de nos ardeurs phalliques
Souterraines et animales
Quand est-il de nos gestuelles banales
De nos attitudes faméliques
Aurions-nous besoin d’une antique bacchanale
Ou d’un soleil noir flambant neuf
Brûlant jusqu’à l’os tendre nos oripeaux en cendres
Pour que les astres s’en repaissent
Et qu’enfin glissent en nous et naissent
Encore
En douce matinale
A nouveau
L’amour timide et l’aurore virginale
&&&&&&
Laissez le temps
A vos vingt ans
D’être femme,
La transition
Des traditions
Est infâme.
Pour vos quinze ans
Ma chère enfant
Otez vos fards,
Vos yeux sont bleus
Et non sableux
Comme un soiffard.
Soyez Vénus
Non Spartacus
En décoll’té,
Vos tops moulants
Sont riboulants*
Et survoltés.
La dentelle
Ma donzelle
Est l’audace,
Qui souligne
De ses lignes
Votre grâce.
Ses fins motifs
Ampliatifs
De votre éclat,
A ce banquet
Font un bouquet
De falbalas.
Les lumières
Joaillières
Sur vos bijoux,
Etincellent
Ma pucelle
A votre cou.
Laissez le temps
A vos vingt ans
D’être femme,
La transition
Des traditions
Est en flamme.
Claudine QUERTINMONT D’ANDERLUES.
* escente , essente
petit bardeau de bois servant à couvrir les toits
* ribouler (Argot) Rouler des yeux, faire de grands yeux, les bouger dans tous les sens tellement on est étonné.
Vous avez sans doute vu les affiches. Il vous reste deux bonnes semaines pour aller voir la magnifique rétrospective de Constant Permeke au palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Cette exposition réunissant quelque 130 œuvres a été organisée à l’occasion du 60e anniversaire de sa mort et se tiendra aux Beaux-Arts jusqu’au 20 janvier.
Chef de file des peintres expressionnistes flamands, Constant Permeke s’intéresse à l’humain (« het menselijke »), aux petites gens, aux travailleurs de la terre et à ceux de la mer. La matière épaisse et la palette sombre soulignent leur condition de vie douloureuse. Permeke inaugure une nouvelle façon de regarder le peuple, refuse les règles et se veut avant tout l i b r e. Il travaille sa « Marine » avec d’énormes brosses gorgées de couleurs terre avec une énergie folle : l’homme est aux prises avec les éléments qui le meurtrissent.
Voici « Marietje » (sa femme Marie Delaere) vue de dos avec châle, pour l’anonymat, peinte en 1907 à Gand dans une tradition encore impressionniste. Une femme qui deviendra un archétype humain. La grossesse est toujours une source d’angoisse dans les campagnes… Toute sa vie, ce peintre volcanique armé de brosses et de matière picturale lourde comme de la lave peindra la femme avec générosité. Son inspiration, Marietje, était une délicate dentelière qui lui donna six enfants dont quatre survécurent. Les émotions du peintre se pétrifient soudain dans le béton et revoilà Marietje symbolisant la fécondité. Permeke fuit l’anecdotique, aime déformer les corps de ses personnages monumentaux. C’est l’émotion qui le pousse dans l’exagération picturale. Il aime leur donner des traits rudes, des épaules carrées et des mains démesurées. Il les faire bouger ou les cloue sur la glèbe avec des pieds de géants. Il dit peindre « ce qu’il croit avoir vu.» Il n’a cure de l’érotisme de l’expressionisme allemand et ne veut rien prouver.
L’exposition suit donc le peintre, l’évolution de son style au rythme des lieux où il séjourne : Ostende, sa ville natale, Gand où il rencontre ses amis Frits Van den Berghe, les frères Gust et Léon De Smet. Puis c’est la communauté d’artistes de Laethem-Saint-Martin jusqu’en 1912. Puis l’Angleterre où il est envoyé pour soigner sa blessure de guerre au siège d’Anvers et où il séjourne 3 ans. Naissent trois enfants. Il découvre Turner, il peint la Moisson dans le Devonshire. Marin le jour pour nourrir sa famille, il peint le soir. Retour au plat pays qui est le sien en 1919. Il a vendu « Les deux frères marins » et le voilà à Jabbeke où il se fait construire une maison et un atelier, transformés en Musée provincial Constant Permeke en 1959.
Regardez cette famille autour de la table au bout d’une journée harassante et le drame de la mort prochaine du 4e enfant. Voici l’homme à table sous la suspension qui lit le journal à la famille « A propos de Permeke » (« Over Permeke ») Une pointe d’humour, c’est de lui que parle le journal ! Une pointe de cubisme semble intensifier l’émotion. Une pointe d’espoir : le nœud vert dans les cheveux de la petite fille et la lumière sur son visage et dans son regard intense ! Mais voyez plutôt ce pêcheur qui continue à avancer. La force vitale de la main et du panier est saisissante. Plus loin, vous avez « Le mangeur de bouillie » ( « De papeter »). Les personnages sont déformés par le primitivisme et la fatigue mais, miracle, il y a de la lumière intérieure qui se dégage. C’est le chant du terroir: les soins aux bestiaux, les repas rustiques des gens simples , les promenades des dimanches où l'on s'ennuie, les retours de vêpres, la kermesse…
Puis il y aura cette sixième grossesse de Marietje. Le blanc c’est la mort. La toile Maternité (avec enfant blanc, 1929) montre un corps disloqué par le malheur. C’est le drame, mais pas la désespérance. Voyez le cheval du cabriolet, il est d’un jaune solaire. On sert le café. Souvenir de Van Dijk, le chien sous la table est le symbole de la fidélité conjugale. En 1927, il peint cette extraordinaire « Roulotte » de gitans qui vivent de façon libre et primitive. Le père et l’enfant s’arc-boutent pour empêcher la roulotte de s’enliser. Le jaune lumineux est vibrant d'énergie.
En 1936 Permeke se consacre avec fougue à une commande de 100 paysages. Le peintre se fait aider de ses fils… « De ene boer is beter dan den Anderen ! » Humour à la James Ensor dans ce tableau satyrique du nouveau riche. Furieux contre la critique il troque le pinceau pour travailler, avec une force monumentale comme il se doit, l’argile, le plâtre et le béton au ciseau. Son style est vigoureux mais il invite au rêve avec une Belle au bois dormant, toute douceur. Regardez le dessin préparatoire de Niobé, sa sculpture la plus célèbre, le corps féminin forme une longue vague sensuelle. On pourrait comparer ces sculptures avec celles de Maillol.
Las ! La deuxième guerre mondiale fait des Polders une zone interdite. Il se retire à Bruxelles. Ses fils de nationalité anglaise sont dénoncés et emprisonnés. Son art est taxé de « dégénéré » (Entartete Kunst) sous le régime nazi. Une exposition rétrospective de ses œuvres se tient à Paris en 1947-48. Son fils Paul est revenu des camps de travail. Bonheur éphémère, Marietje est atteinte d’un cancer. Il s’en occupe mais n’échappe pas à la dépression. Il lui fait un dernier A dieu noir et blanc, en 1948. Un tableau émouvant où la mort est encore et toujours, blanche comme de la craie.
«Le pain quotidien, Het dagelijkse brood», peint en 1950, exprime la grâce lumineuse du partage dans la détresse la plus profonde. En 1951 il est envoyé par son ami Devlaeminck à Pont-Aven avec son fils Paul. Ils achètent des cartes postales et de retour Permeke peint des paysages bretons de mémoire. Constant Permeke mourra le 4 janvier 1952 et sera enterré quatre jours après aux côtés de sa femme au cimetière de Jabbeke.
Le palais des beaux-Arts de Bruxelles a l’intention de faire circuler cette exposition impressionnante et pour souligner sa pertinence dans notre monde contemporain a tenu à y adjoindre quelques œuvres monumentales paysagères de Thierry De Cordier et des nus de Marlene Dumas.
http://www.bozar.be/activity.php?id=12489
L'imitation de Notre-Dame la lune est un recueil poétique de Jules Laforgue (1860-1887), publié à Paris chez Léon Vanier en 1885. Certaines des Complaintes, publiées trois mois avant l'Imitation de Notre-Dame la Lune (quoique composées deux années plus tôt), étaient consacrées à la lune ("Complainte à Notre-Dame des soirs", "Complainte de cette bonne lune", "Complainte de la lune en province") ou au personnage «lunaire» de Pierrot ("Complainte de lord Pierrot").
L'Imitation, dédiée à la «petite Salammbô» de Flaubert, reprend ce topos de la littérature «décadente» _ de Mallarmé à Verlaine _ pour en faire son sujet exclusif. L'Exergue rappelle en outre le séjour de Laforgue à l'île de la Mainau, sur le lac de Constance, pendant lequel le poète aurait longuement médité sur les reflets de la lune _ «Per amica silentia lunæ», selon la célèbre formule de Virgile dans le livre II de l'Énéide. On connaît en outre le succès, depuis les années 1830, des mimes Deburau, qui avaient popularisé la figure de Pierrot, qu'on retrouve dans l'esthétique nocturne des symbolistes. Le type de Pierrot, assurément, incarne la mélancolie toute saturnienne du poète, déjà mise en scène par les Complaintes: la lune elle-même «fai[t] de l'oeil / Aux coeurs en deuil» ("Litanies des derniers quartiers de la lune"). Le recueil, par sa tonalité affective, entend donc se placer sous les auspices de Diane, après avoir réglé ses comptes avec le «soudard» soleil, c'est-à-dire, rhétoriquement, avec le lyrisme éclatant de «Phoebus» _ d'Apollon. Plus qu'une thématique, l'Imitation fonde une esthétique en privilégiant la lune et ses «Pierrots», partageant le goût de Des Esseintes pour les chambres hermétiquement closes, éclairées à la lumière du gaz, à travers les fenêtres desquelles il contemple un paysage lunaire (voir A rebours). Cette mélancolie constitutive, signifiée par le deuil, la «misère» et l'«ennui» (les «spleens tout bleus» baudelairiens) où, comme dans les Complaintes, le «coeur» occupe une place centrale _ «Ah! ce soir, j'ai le coeur mal, le coeur à la Lune!» ("États") _ est alimentée par un pessimisme fondamental, «philosophique». De ce pessimisme témoigne la fréquence d'un vocabulaire médical, qui, dans le plus pur esprit du positivisme «fin de siècle», réduit les sentiments _ la mélancolie et l'amour, en particulier _ à des faits biologiques. Ainsi de la femme aimée: «Je voyais que vos yeux me lançaient sur des pistes, / Je songeais: oui, divins, ces yeux! mais rien n'existe / Derrière! son âme est affaire d'oculiste» ("Pierrot"), et de l'émotion à contempler la lune, aux rayons pourtant «fébrifuges», qui porte un «coup dans l'épigastre». C'est ainsi que le motif pétrarquiste de l'Amour décochant ses flèches est réinterprété en termes médicaux, et que Diane, devenue infirmière, «d'un trait inoculant l'être aptère», «prend [so]n carquois et pique». Pareille réduction des sentiments au corps, aux connotations péjoratives, s'inscrit aussi paradoxalement dans l'idéalisme de Schopenhauer. L'influence de la Philosophie de l'inconscient de Hartmann, disciple de Schopenhauer dont Laforgue avait sans doute lu la traduction française de Nolen peu après sa publication en 1877, se fait encore largement sentir _ selon un topos de l'esthétique décadente. Certes, Laforgue avait renoncé aux «vers philo» du projet très hartmannien du Sanglot de la terre; mais l'idée selon laquelle l'homme, gouverné par un vouloir-vivre irrésistible _ l'inconscient pour Hartmann _, est manipulé jusque dans l'amour, «L'Amour qui rêve, ascétise et fornique», visant à la perpétuation de l'espèce, apparaît dans de nombreux poèmes: «Je m'agite aussi! mais l'Inconscient me pèse; / Or, il sait ce qu'il fait, je n'ai rien à y voir» ("La lune est stérile"). Ce pessimisme schopenhauérien porte toutefois en lui sa solution _ à travers l'Art, qui seul permet d'échapper au vouloir-vivre. Ainsi que le nirvâna bouddhiste, auquel on trouve des allusions dans la nostalgie affichée du «néant» et du sein primitif, dont la lune est l'image toute maternelle, la volonté est comme suspendue. La poésie, telle que Laforgue l'évoque dans l'Imitation, sublime la mélancolie: «Tu fournis la matière brute, / Je me charge de l'oeuvre d'art», exprime l'inconscient et, par-là même, s'en libère. Au-delà de ce schopenhauérisme, certes bien convenu, d'une rédemption par l'Art, l'Imitation montre que la mélancolie doit être surmontée par le «dandysme lunaire» de la poésie, qui permet d'accéder à la béatitude «madréporique»: «Et pourtant, Ah! c'est là qu'on en revient encore / Et toujours, quand on a compris le Madrépore.» Si Laforgue paraît s'inscrire dans la filiation d'un romantisme exacerbé _ à la Musset, par exemple _ en faisant du «coeur» l'objet même de sa poésie, c'est pour s'en démarquer, non seulement par un pessimisme délibérément réducteur et parfois cynique, mais encore par une volonté d'autodérision: «Ah! tout le long du coeur / Un vieil ennui m'effleure... / M'est avis qu'il est l'heure / De renaître moqueur.» La démystification de l'émotion passe alors par une stylistique du burlesque. Certes, la désarticulation de la syntaxe et, surtout, de la versification (mètres inégaux, coupes intempestives, rimes prosaïques, etc.) _ aux confins du vers libre dont Laforgue, traducteur de Walt Whitman, est sans doute l'inventeur, après Rimbaud _ contribuent à dénier le sérieux de la philosophie hartmannienne. Mais c'est surtout, semble-t-il, le travestissement et la transposition de thèmes religieux ou mythologiques dans un contexte quotidien prosaïque qui accomplit le projet iconoclaste. Innombrables sont en effet les références religieuses dans un recueil au titre en soi parodique (l'Imitation de Notre-Dame la Lune selon Jules Laforgue). Les motifs chrétiens y sont abstraits de leur contexte et appliqués à la lune, elle-même sacralisée («Voilà notre Hostie et sa Sainte Table»; «béatifiants baptêmes»; «mystiques ciboires», etc.). Il en est de même pour les références mythologiques ou antiques, également nombreuses, qui se mêlent syncrétiquement et ludiquement aux allusions religieuses («Eucharistie / De l'Arcadie»; «Léthé, Lotos / Exaudi nos»), grâce en particulier à des bribes de citations latines. Le raccourci de certains rapprochements surréalistes avant la lettre _ "Sphinx et Joconde", par exemple _ détache la poésie du lyrisme ostentatoire du romantisme. L'effet polyphonique créé par ce mélange des styles et des genres dans le burlesque contraste avec la gravité affectée par certains poètes décadents _ Gustave Kahn, son ami, par exemple, et Mallarmé lui-même, qu'il admirait _, qui proposent une version plus sombre des mêmes mythes.
Cette veine ironique et démystificatrice, qui permet à Laforgue de se protéger d'une angoisse fondamentale, est à l'origine d'une descendance littéraire _ Apollinaire, Reverdy, Max Jacob, Léon-Paul Fargue en France; T.S. Eliot, Ezra Pound, Fernando Pessoa, à l'étranger, où Laforgue occupe une place de premier rang.
Cette photo a plus de trente ans. C’est Daniel qui me l’a prise sur l’arrête Petit - Grand Vignemale dans les Pyrénées, une petite « classique » pyrénéenne facile que nous effectuions ce jour-là avec un ami trop tôt disparu, Guy, un personnage de grande valeur, pyrénéiste émérite que nous n’oublierons jamais…
À présent, lisez la suite de mon billet, en écoutant la musique suivante
Il faisait beau comme souvent lors de nos entraînements en haute montagne tandis que nous vivions ces moments magiques d’aventure et d’amitié, partagés aussi avec Dany, André, Jean, et les autres. Le soir nous nous retrouvions en refuge pour revivre nos journées, imaginer des projets d’escalade dans des voies lumineuses comme des glaciers suspendus, aériennes comme des aiguilles de granit, vertigineuses comme des surplombs d’altitude, et refaire le monde autour d’un bon verre, près du poêle ou de la cheminée où brûlait le bois monté de la vallée.
Je n’ai pas retrouvé de photos où nous sommes ensemble Daniel et moi lors de nos courses mémorables c’est pour cela que j’ai choisi celle-ci (parce qu’il l’avait prise et qu’il y avait Guy), mais je sais que nos existences ont été définitivement marquées par ce temps-là.
La montagne était notre passion, nous avions tous failli en faire notre métier…
Daniel se rendait souvent à Chamonix, le massif du Mont Blanc constituant là-bas son principal terrain de jeux.
Pas étonnant qu’il publie aujourd’hui son 4ème livre: LA PARTITION OUBLIÉE.
La quatrième de couverture de « La partition oubliée »
Là, il n'est plus question que de musique et de montagne. Un roman qu’il faut lire comme on savourerait un vin rare, un mets délicieux. Et on en redemande encore quand arrive la fin !
Si j’écris ce billet pour rendre hommage ce soir non pas à un ancien stagiaire mais à un ami de longue date, c’est que, parmi ce florilège de gens à découvrir qui illustrent si bien le monde avec leurs dessins et aquarelles, Daniel a toute sa place : il le dépeint comme le ferait un aquarelliste, mais avec sa plume, son vécu, sa mémoire, ses émotions et son imagination en nous entraînant entre rêve et réalité dans un suspense, une belle histoire d’amour, une imbrication historique, un roman de musique et de montagne, une aventure plus passionnante encore que nos courses de jeunesse !
La première de couverture de « La partition oubliée »
Je me suis régalé à lire cet ouvrage c’est pour cela que je vous le fais découvrir : s’il vous reste au moins une poignée d'euros en ce moment de fêtes, ne finissez pas l’année sans commander le dernier livre de Daniel CRANSAC « LA PARTITION OUBLIÉE » en cliquant ICI (12 x 18 cm - 160 p -), vous verrez, vous ferez comme moi, vous le lirez d’une traite !
Si vous voulez mieux connaître Daniel et ses écrits, son blog est ICI, et pour les amateurs de ses romans je vous recommande ses ouvrages précédents (cliquez sur leur titre pour les commander) :
- Le chant des oiseaux : (Aventures personnelles en haute montagne, 12 x 18 cm -144p -)
- Les amours catalanes : (Roman sur la guerre d’Espagne 14.5 x 21 cm - 274 p -)
- Sacré Julius : (Science-fiction, une brebis clonée qui veut faire comme les hommes 12 x 18 cm - 120 p -)
Pour le dernier jour de l’année 2012 (qui clôturera aussi cette série consacrée à d’anciens élèves, stagiaires ou amis de jeunesse publiant en ce moment un blog, un site, un livre ou réalisant une exposition), je vous réserve une surprise : vous retrouverez quelqu’un dont je vous ai souvent parlé (que beaucoup d’entre vous connaissent déjà), et qui nous annonce aidé par sa compagne dans la vie, son tout dernier moyen d’échange et de communication, …mais là je vous en ai déjà trop dit, la suite c’est pour le 31 décembre, en attendant voici pour évoquer le roman de Daniel les détails de deux aquarelles que je lui dédie symboliquement.
Aquarelle plutôt « réaliste » de grand format que j’ai réalisée à l’époque de nos courses en montagne. Ici l’une des sorties possibles de la « voie Rébuffat », cette magnifique voie ouverte par le grand alpiniste Gaston REBUFFAT (en compagnie de Maurice BAQUET alpiniste non moins émérite). On voit au fond à travers la brume la Dent du Géant dominant la Vallée Blanche, dans le massif du Mont Blanc. Cet itinéraire d’alpinisme fait partie des voies "historiques" de l’Aiguille du Midi, se terminant à l'altitude de 3842m.
Le roman de Daniel CRANSAC se passe en partie dans cet environnement. En cliquant ICI vous pouvez visionner (mettez-vous en grand écran) l’ascension de cette magnifique voie, comme si vous y étiez, face au Mont Blanc !
«Dans l'éperon Frendo», en face nord de l'Aiguille du Midi 3848 m, massif du Mont Blanc, une autre aquarelle de la même période.
En dessous Chamonix et sa vallée, une voie très impressionnante de 1200 mètres d‘ascension, classée difficile. En cliquant ICI vous pouvez également visionner (mettez-vous en grand écran) cette ascension comme si vous y étiez : époustouflant et vertigineux !
Un détail de mon aquarelle : une cordée arrive sur le fil de l'éperon...
Je vous souhaite une très belle fin d'année !
Le long cri de douleur que m’arrachent mes peines
Le long cri sans couleurs qui coule dans mes veines
Le long gémissement des herbes sous mes pieds
Le long gémissement de mes chers enterrés
Le long chemin franchi à oublier les heurts
Le long chemin restant à marcher sous les pleurs
Le long silence criard de ce tonnerre qui gronde
Le long silence pillard de mes lettres fécondes
Le long rire affamé des renards et des hyènes
Le long rire acclamé par mes metteurs en chaine
Le long chant des montagnes sifflant dans les vallées
Le long chant de cocagne sifflant dans les allées
Le long soupir ailé des tempêtes enragées
Le long soupir et les murmures de nos secrets
Me rappellent qu’il faut tout pardonner, oublier
Me rappellent qu’il faut vivre et qu’il faut aimer.
Khadija, Agadir, Vendredi 28/12/12
© Khadija ELHAMRANI
Résignée à subir un siège surprenant,
M'en sortir sans secours, paraissant chimérique,
J'ai rédigé, rêveuse, un constat poétique.
Ce que j'ai déclaré me semblait évident.
J'ai relu mon récit: Évasion impossible.
L'adjectif choisi, s'est imposé à moi.
Napoléon avait réagi, autrefois,
Déclarant que ce mot était inadmissible.
J'ai voulu contester ma vive certitude.
Je m'étais délivrée, maintes fois, sans renfort.
Ayant pu accomplir de magiques efforts,
J'avance dans la neige et la béatitude.
29/12/2012
- Il y a sûrement une erreur sur la chose;
Un hyppo qui s’est déguisé en cochon rose,
Cela ne se peut pas! Ainsi parlait un singe,
Les hommes seuls changent d’aspect, grâce à du linge.
Alors qu’il contestait, fort véhémentement,
Les dires d’un cousin, loufoque assurément,
Il accepta pourtant d’aller voir l’animal,
Cela semblait facile et tout à fait normal.
Une fois arrivé là où était la chose,
Il y vit cet hyppo qui faisait une pause.
Epoustouflé, clignant des yeux, ne doutant plus,
Le singe s’éloigna pensif et confondu.
La nature se permet toutes les fantaisies.
Elle y met de l’humour ou de la poésie.
Les artistes l’imitent et souvent nous proposent
Le plaisir d’assister à des métamorphoses.
21 novembre 2008
Le MOT et la CHOSE
Madame quel est votre mot Ainsi de la chose et du mot Pour moi voici quel est mon mot Mais c'est la chose avec le mot Je crois même en faveur du mot C'est qu'on peut dire encore le mot |
De là je conclus que le mot Et que pour le jour où le mot Pour vous je crois qu'avec le mot Que pour vous la chose et le mot Mais quand je vous dis que le mot Et bien voici mon dernier mot |
Olivier Dumont, est un peintre intéressant , voire important, de par sa singularité, son inventivité, son humour, son art de la construction, sans parler bien entendu de sa couleur.
Une personnalité hors du commun forgée à la fois au travers d'un destin tragique qu'il a su muer en une oeuvre attachante, à la palette explosive, dont chaque toile nous dévoile une aventure intérieure des plus étonnantes, flamboyante.
Osons approcher ses livraisons au travers d'un choix d'oeuvres, d'albums, de vidéos lui consacrées
"Ils n'en font qu'à leur têtes" exprime le mieux sa conception de l'art : c'est bien lui qui n'en fait qu"à sa tête!
"On n'est pas comme les autres.Et alors?
"c'est au tour du petit homme vert"
"Frissons d'ondes entre nous"
"Duo"
Les couleurs d'Olivier Dumont
:
Et voici Olivier dans ses oeuvres, un reportage d'actu TV, initié par Arts et Lettres:
Vous l'aurez bien compris, nous enrichirons encore cette brève présentation par de nombreuses oeuvres autant fascinantes qu'émouvantes et humoristiques issues de l'imagination fertile de notre ami Olivier Dumont...
Robert Paul
Si on parlait des petits malheurs?
Ceux qu'on ne voulait pas inviter...
Sont arrivés la bouche en coeur...
Avec l'intention de s'incruster!
C'est sûr, on a fait comme l'autruche!
On n'a pas voulu regarder
Mis au rancard comme une peluche...
Ils ne pouvaient que s'incruster!
Alors il a fallut faire face...
Se décider à composer
Ils bouffaient un peu trop l'espace!
On devait s'en débarrasser.
Si on parlait de cette galère?
Qui prend tellement notre énergie...
Pour ces choses qui sont éphémères!
Après tout, c'est trop bon la vie!
Ils nous ont tracé le chemin
Pour mener aux petits bonheurs...
Et finalement pas très malins
Ils ont anesthésié nos peurs!
Alors, merci aux petits malheurs
S'ils permettent d'apprécier enfin...
Ces anodins petits bonheurs...
Qui c'est certain, sont nos festins!
J.G.
Le film de Joe Wright, "Anna Karénine"
Fort de ses quatre millions de dollars de recettes depuis sa sortie le 16 novembre aux États-Unis, le film de Joe Wright, "Anna Karénine", est arrivé dans les salles de l’hexagone mercredi 5 décembre. Une adaptation osée du roman éponyme de Léon Tolstoï qui ne plaît pas à tout le monde… (LE PLUS, Nouvel Obs’)
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=191856.html
N’attendez donc pas une reconstitution historique fidèle et l’illusion cinématographique, vous serez déçus ! Voici tout son contraire. Une mise en abyme théâtrale intelligente et moderne appliquant au pied de la lettre le principe de Shakespeare :
“All the world's a stage,
And all the men and women merely players:
They have their exits and their entrances…”
Le gigantesque théâtre délabré de la première séquence est bien le symbole de la Russie impériale de 1874. Il accueille des personnages virevoltants ou soudainement figés dans une chorégraphie méticuleuse (Sidi Larbi Cherkaoui). Les personnages se gèlent pendant qu’un autre prend vie. Une course de chevaux surréaliste ébranle le théâtre bourré de spectateurs. La locomotive est tour à tour, jouet et réalité. Les cloisons basculent, les lumières cascadent, le plateau se transforme en vrai paysage l’espace de quelques instants de rêve, puis les personnages se retrouvent coincés en coulisses parmi les rouages et autres machines du destin. La femme impure est voilée. Les scènes se superposent derrière la rampe lumineuse comme dans un kaléidoscope. Où est passée la réalité ? Le metteur en scène Joe Wright et le scénariste Tom Stoppard semblent attendre intensément les réactions du public du 21e siècle, la caméra est omniprésente. On retient l’étonnante musique, toujours prémonitoire, de Dario Marianelli, qui n’est pas sans rappeler l’opéra de quat’ sous de Kurt Weil ou la Valse de Ravel. « Dance with me » est entêtant et obsessionnel à souhait.
« Vanity fair » à la russe: la haute société impériale russe est décrite à l’emporte-pièce sur un mode fortement satyrique, on l’aura compris. Les costumes sont éblouissants, la vaisselle somptueuse, les sourires exquis comme des cadavres. Et tout est faux et irrespirable. Joe Wright nous fait penser à notre James Ensor et sa galerie de portraits dans sa présentation squelettique de l’œuvre de Tolstoï dont le roman foisonnant de près de 900 pages est réduit à l’ossature d’une romance cruelle.
Anna, (la voluptueuse Keira Knightley), plutôt que de chercher de nouvelles façons de faire revivre son mariage imposé avec Alexeï Karénine (Jude Law) désespérément blême et dénué de vie, joue la madame Bovary russe et ne résiste pas longtemps aux assauts du comte Wronski (Aaron Taylor-Johnson). On l’aurait souhaité plus romantique et fougueux cet amant, il est un peu pâle et fade à notre goût, bien qu’excellent si l’on veut en faire un pur pastiche. Pour Anna, bonheurs et malheurs s’accumulent dans la balance de l’amour mais les leurres de la société feront s’écrouler tous les rêves des amoureux qui semblent s’être trouvés. Et la mort est le prix que doit payer l’héroïne pour s’être livrée avec convoitise aux jeux interdits. Comme de bien entendu, la morale du 19e siècle sera sauve, surtout dans un monde fait par et pour les hommes et les pères. Ce monde clos du théâtre est devenu fou. Le seul moyen d’échapper, pour Emma Bovary comme pour Anna, devient l’arsenic ou la morphine. Où est la différence ? Toutes deux se dissolvent dans l’amour chimérique. Mais pour Joe Wright : "Tout le monde essaie d’une manière ou d’une autre d’apprendre à aimer". C'est son propos. Et Aimer passe immanquablement par le pardon. Plusieurs situations dans le film en sont la preuve et en particulier le cri d'Anna privée de son enfant: « Mon fils me pardonnera quand il saura ce que c’est qu’aimer.» La machinerie bureaucratique impériale est sans pardon et sans merci.
Par contre, le couple d’idéalistes Kitty-Levine (Domhnall Gleeson, très convainquant et la délicieuse Alicia Vikander) qui a su reconnaître ses erreurs et pardonner s’est échappé du décor et vit au grand air. Leur amour réciproque et l'amour des autres est leur nourriture quotidienne. Des scènes champêtres réelles rappellent la prairie où le couple Anna-Wronski a connu l’éphémère extase.
La verte prairie du « Golden Country » de George Orwell dans 1984?
Une image de ce que pourrait être un monde de rêve et de solidarité…
Un monde qui se mettrait à vivre enfin, comme ces deux jeunes enfants élevés par Alexeï Karénine, devenu enfin un peu moins absolu?
A mes amis membres du réseau et surtout à Robert Paul,
tous mes souhaits pour une Merveilleuse Année 2013 riche de partages artistiques, de découvertes enrichissantes et de créations dynamisantes!
Amitiés.
Pascale
Comme à chaque veillée de Noël où les cœurs cherchent à s’émerveiller, les portes s’entrouvrent et laissent passer les rêves les plus fous. Parfois des songes plus irréels encore apparaissent et nous plongent dans un monde de fées et de lutins.
Un soir où la lune éclairait mon petit jardin couvert de neige apparut un petit lutin boudeur. Il était sous les branches d’un arbuste et frissonnait de froid.
Dés que je l’ai vu, son regard posé sur moi, je me mis à trembler aussi. Je ne sais si c’était de froid ou de frayeur. Je restais un instant sans bouger.
La porte de la maison restée ouverte, il s’introduit brusquement sans que je puisse m’interposer à son passage. Il passa tellement vite que je sentis à mes pieds un courant d’air.
Tout de go, il se blottit près de la grande cheminée pour se réchauffer. Le lutin s’installa confortablement et je restai là à l’observer. C’était la première fois que je voyais de si près un lutin.
Un peu rassurée, je m’avançai vers lui et je commençai à lui poser des questions. Il me regarda un moment et se mit à bouder, à ne pas vouloir répondre. Il se renferma sur lui-même et ne prononça aucuns mots.
N’ayant pas de répartie, le doute s’infiltra dans mon esprit et les interrogations vinrent à foison dans ma tête.
De son regard cherchant le mien, je lus l’incertitude, voir la zizanie et je sentis se rependre en moi un sentiment destructeur avec un doute cuisant d’inhumanité que cachait cet être boudeur.
Ce petit lutin maléfique allait tout saccager et détruire en qq secondes l’estime, la confiance que j’avais eu si longtemps à trouver et à assumer.
Perfide, il laissait les interrogations sans réponses et boudait de plus belle. N’ayant pas dit mon dernier mot, je lui dis qu’il fallait qu’il arrête de bouder.
Il devait me donner des réponses à mes questions, à sa présence ou partir de suite.
De colère qui est toujours mauvaise conseillère, je lui dis que s’il ne voulait pas communiquer correctement, notre entretien tirait à sa fin.
J’étais maintenant triste d’en arriver là avec ce vilain qui n’avait pas de raison.
La fenêtre s’entrouvrit brusquement et d’un bond, il disparut à tout jamais.
Restée seule, je me dis que ce lutin n’est peut-être pas unique. Les hommes
aussi sont parfois boudeurs.
Bien Chers tous,
J'espère que vous avez fait figure de privilégiés, en cette veillée et journée de célébration de la Noël : j'entends, que vous avez pour chacun d'entre-vous, amis "d'Arts et Lettres", pu jouir de chaleur humaine, tandis que tant de personnes inconsolables de leur sort, sont hélas, demeurées dans un isolement terrible...
À celles là, je dédie cette pensée de Christian Bobin :
"L'amour est le miracle d'être un jour entendu jusque dans nos silences, et d'entendre en retour avec la même délicatesse : la vie à l'état pur, aussi fine que l'air qui soutient les ailes des libellules et se réjouit de leur danse."
(Citation issue du recueil "Ressusciter".)
De mon côté, faute d'avoir pu participer à une animation artistique bénévole escomptée, dans le dessein d’apporter une once de rêve et de lumière, je me suis retranchée sur une tâche purement utilitaire me laissant fort marrie, étant donné que je n’ai pu que constater au coeur de ma région, le manque de fédération autour d'un projet de solidarité, dont pourtant la presse locale se gausse...
Hélas, trois fois hélas, serons- nous toujours condamnés à assister impuissants à une notable indifférence, à tant d'innocence sacrifiée, pendant que d'autres "Frères humains" se livrent aux agapes orgiaques et débauche de festins impudiques sans fin, ni faim, rivalisant à qui mieux mieux sur le menu ...indigeste composant le repas de Noël, dont ils mettront plus d'une dizaine de jours à s'en remettre ?
N'est-ce pas, Mesdames, membres bénévoles d'une certaine antenne que je ne nommerais pas, engagées dans vos bonnes œuvres caritatives à l'année, et incapables d'accorder de votre précieux temps, soit quelques heures seulement, lorsqu'il s'agit d'organiser "une table ouverte" en faveur des plus démunis ?
Combien ont répondu à l'appel afin de préparer potage et gâteaux en l'honneur de cette nuit étoilée du 24 Décembre, plus préoccupées, semble t’il, à farcir à dindes, oies et chapons gras, à concocter moult mets sophistiqués de leur menu personnel ?
Et bien, je vous laisse deviner... Un véritable fiasco, guère encourageant pour former une chaine fraternelle !!! Au sein de cette structure, nous fûmes recensées aisément, puisque au matin, nous pûmes nous compter en demi-douzaine de volontaires, pour achever notre « mission » eau début de l’après-midi… en trio ! Vous avouerez qu’en guise d’élan, on peut mieux faire, non ?
Et si nous nous remémorions, ne serait-ce que pour un instant, que la misère est plus que jamais intemporelle, qu’elle se déguise tant en hôte de nos campagnes que de nos cités, semblablement à une malheureuse priant Notre-Dame durant la nuit du Réveillon :
Seigneur Jésus, je pense à vous !
Ça m’ prend comm’ ça, gn’y a pas d’offense !
J’ suis mort’ de foid, j’ me quiens pus d’bout,
ce soir encor... j’ai pas eu d’ chance
Ce soir, pardi ! c’est Réveillon :
On n’ voit passer qu’ des rigoleurs ;
j’ gueul’rais « au feu » ou « au voleur »,
qu’ personne il y f’rait attention.
Et vous aussi, Vierge Marie,
Sainte-Vierge, Mère de Dieu,
qui pourriez croir’ que j’ vous oublie,
ayez pitié du haut des cieux.
J’ suis là, Saint’-Vierge, à mon coin d’ rue
où d’pis l’apéro, j’ bats la semelle ;
j’ suis qu’eune ordur’, qu’eun’ fill’ perdue,
c’est la Charlotte qu’on m’appelle.
Sûr qu’avant d’ vous causer preumière,
eun’ femm’ qu’ est pus bas que l’ ruisseau
devrait conobrer ses prières,
mais y m’en r’vient qu’ des p’tits morceaux.
Vierge Marie... pleine de grâce...
j’ suis fauchée à mort, vous savez ;
mes pognets, c’est pus qu’eun’ crevasse
et me v’là ce soir su’ l’ pavé.
Si j’entrais m’ chauffer à l’église,
on m’ foutrait dehors, c’est couru ;
ça s’ voit trop que j’ suis fill’ soumise...
(oh ! mand’ pardon, j’ viens d’ dir’ « foutu. »)
T’nez, z’yeutez, c’est la Saint-Poivrot ;
tout flamb’, tout chahut’, tout reluit...
les restaurants et les bistrots
y z’ont la permission d’ la nuit.
Tout chacun n’ pens’ qu’à croustiller.
Y a plein d’ mond’ dans les rôtiss’ries,
les épic’mards, les charcut’ries,
et ça sent bon l’ boudin grillé.
Ça m’ fait gazouiller les boïaux !
Brrr ! à présent Jésus est né.
Dans les temps, quand c’est arrivé,
s’ y g’lait comme y gèle e’c’te nuit,
su’ la paill’ de vot’ écurie
v’s z’avez rien dû avoir frio,
Jésus et vous, Vierge Marie.
Bing !... on m’ bouscule avec des litres,
des pains d’ quatr’ livr’s, des assiett’s d’huîtres,
Non, r’gardez-moi tous ces salauds !
(Oh ! esscusez, Vierge Marie,
j’ crois qu’ j’ai cor dit un vilain mot !)
N’est-c’ pas que vous êt’s pas fâchée
qu’eun’ fill’ d’amour plein’ de péchés
vous caus’ ce soir à sa magnère
pour vous esspliquer ses misères ?
Dit’s-moi que vous êt’s pas fâchée !
C’est vrai que j’ai quitté d’ chez nous,
mais c’était qu’ la dèche et les coups,
la doche à crans, l’ dâb toujours saoul,
les frangin’s déjà affranchies....
(C’était h’un vrai enfer, Saint’-Vierge ;
soit dit sans ête eune effrontée,
vous-même y seriez pas restée.)
C’est vrai que j’ai plaqué l’ turbin.
Mais l’ouvrièr’ gagn’ pas son pain ;
quoi qu’a fasse, elle est mal payée,
a n’ fait mêm’ pas pour son loyer ;
à la fin, quoi, ça décourage,
on n’a pus de cœur à l’ouvrage,
ni le caractère ouvrier.
J’ dois dire encor, Vierge Marie !
que j’ai aimé sans permission
mon p’tit... « mon béguin... » un voyou,
qu’ est en c’ moment en Algérie,
rapport à ses condamnations.
(Mais quand on a trinqué tout gosse,
on a toujours besoin d’ caresses,
on se meurt d’amour tout’ sa vie :
on s’arr’fait pas que voulez-vous !)
Pourtant j’y suis encore fidèle,
malgré les aut’s qui m’ cour’nt après.
Y a l’ grand Jul’s qui veut pas m’ laisser,
faudrait qu’avec lui j’ me marie,
histoir’ comme on dit, d’ l’engraisser.
Ben, jusqu’à présent, y a rien d’ fait ;
j’ai pas voulu, Vierge Marie !
Enfin, je suis déringolée,
souvent on m’a mise à l’hosto,
et j’ m’ai tant battue et soûlée,
que j’en suis plein’ de coups d’ couteau.
Bref, je suis pus qu’eun’ salop’rie,
un vrai fumier Vierge Marie !
(Seul’ment, quoi qu’on fasse ou qu’on dise
pour essayer d’ se bien conduire,
y a quèqu’ chos’ qu’ est pus fort que vous.)
Eh ! ben, c’est pas des boniments,
j’ vous l’ jure, c’est vrai, Vierge Marie !
Malgré comm’ ça qu’ j’aye fait la vie,
j’ai pensé à vous ben souvent.
Et ce soir encor ça m’ rappelle
un temps, qui jamais n’arr’viendra,
ousque j’allais à vot’ chapelle
les mois que c’était votre fête.
J’arr’vois vot’ bell’ rob’ bleue, vot’ voile,
(mêm’ qu’il était piqué d’étoiles),
vot’ bell’ couronn’ d’or su’ la tête
et votre trésor su’ les bras.
Pour sûr que vous étiez jolie
comme eun’ reine, comme un miroir,
et c’est vrai que j’ vous r’vois ce soir
avec mes z’yeux de gosseline ;
c’est comm’ si que j’y étais... parole.
Seul’ment, c’est pus comme à l’école ;
ces pauv’s callots, ce soir, Madame,
y sont rougis et pleins de larmes.
Aussi, si vous vouliez, Saint’-Vierge,
fair’ ce soir quelque chos’ pour moi,
en vous rapp’lant de ce temps-là,
ousque j’étais pas eune impie ;
vous n’avez qu’à l’ver un p’tit doigt
et n’ pas vous occuper du reste....
J’ vous d’mand’ pas des chos’s... pas honnêtes !
Fait’s seul’ment que j’ trouve et ramasse
un port’-monnaie avec galette
perdu par un d’ ces muf’s qui passent
(à moi putôt qu’au balayeur !)
Un port’-lazagn’, Vierge Marie !
gn’y aurait-y d’dans qu’un larantqué,
ça m’aid’rait pour m’aller planquer
ça m’ permettrait d’attendre à d’main
et d’ m’enfoncer dix ronds d’ boudin !
Ou alorss, si vous pouez pas
ou voulez pas, Vierge Marie...
vous allez m’ trouver ben hardie,
mais... fait’s-moi de suit’ sauter l’ pas !
Et pis... emm’nez-moi avec vous,
prenez-moi dans le Paradis
ousqu’y fait chaud, ousqu’y fait doux,
où pus jamais je f’rai la vie,
(sauf mon p’tit, dont j’ suis pas guérie,
vous pensez qu’ je n’arr’grett’rai rien
d’ Saint-Lago, d’ la Tour, des méd’cins,
des barbots et des argousins !)
Ah ! emm’nez-moi, dit’s, emm’nez-moi
avant que la nuit soye passée
et que j’ soye encor ramassée ;
Saint’-Vierge, emm’nez-moi, j’ vous en prie ?
Je n’en peux pus de grelotter...
t’nez... allumez mes mains gercées
et mes p’tits souliers découverts ;
j’ n’ai toujours qu’ mon costume d’été
qu’ j’ai fait teindre en noir pour l’hiver.
Voui, emm’nez-moi, dit’s, emm’nez-moi.
Et comme y doit gn’y avoir du ch’min
si des fois vous vous sentiez lasse
Vierge Marie, pleine de grâce,
de porter à bras not’ Seigneur,
(un enfant, c’est lourd à la fin),
Vous me l’ repass’rez un moment,
et moi, je l’ port’rai à mon tour,
(sans le laisser tomber par terre),
comm’ je faisais chez mes parents
La p’tit’ moman dans les faubourgs
quand j’ trimballais mes petits frères.
La Charlotte de Jehan Rictus...
(se reporter également à l’interprétation de Marie Dubas :
Tableau de William Bouguereau : " Petites mendiantes", 1890
Tant qu’à la coutume qui consiste à marquer le « gui l’an neuf », cru 2013, je ne peux qu’y souscrire volontiers, affectionnant les traditions ponctuant notre calendrier, et vous adresse donc, mes vœux les plus florissants à l'aube de ce nouvel an porteur de nombre d'or, 13 !
Gageons que les valeureuses "Galatées" officiant ici même en terres apolliniennes, sous le regard bienveillant, mais sans concession de notre Pygmalion à tous, Robert Paul, nous réjouissent plus que jamais par leurs créations, et ce, dans une saine émulation...
Fasse que lyre orphique et palette de peintre s’entrecroisent avec grâce, nous offrant la respiration vitale afin de nous soustraire, le temps de visites enrichissantes et émouvantes, des contingences matérielles de l’existence, de la monotonie de notre quotidien !
Et que nos échanges d'êtres favorisés, soient une source perpétuelle de réflexion salutaire, sinon de jubilation :
"L’art n’est pas à mes yeux une réjouissance solitaire.
Il est un moyen d’émouvoir le plus grand nombre d’hommes en leur offrant
une image privilégiée des souffrances et des joies communes.
Il oblige donc l’artiste à ne pas s’isoler ;
il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle. (…)
C’est pourquoi les vrais artistes ne méprisent rien ;
ils s’obligent à comprendre au lieu de juger.
Et, s’ils ont un parti à prendre en ce monde, ce ne peut être que celui d’une société où,
selon le grand mot de Nietzsche, ne régnera plus le juge,
mais le créateur, qu’il soit travailleur ou intellectuel."
Albert Camus
(Discours de Suède, 1957)
À Claude M
Mon ami cher, je pense à vous,
Présentement dans la détresse,
Privé de la douce allégresse,
Qui se répand un peu partout.
Il est difficile d'admettre
L'impuissance de la tendresse
Contre une force qui agresse,
Mais que la chance peut soumettre.
Les prières, les voeux fervents,
Contrairement à la croyance
Que nous propose l'espérance,
Semblent sans effets évidents.
Lors, je demeure silencieuse,
Ayant, dans l'attente, conclu
Que mes mots seraient superflus.
Du sort, je suis respectueuse.
26/12/2012
Dimitri Sinyavsky (Rus)
« Flux du Temps »
Peintures
Exposition du 16/01 au 03/02/2013
De 11h 30 à 18h 30
Vernissage le 16/01/2013
De 18h 30 à 21h 30
Jim Aile (Be)
« Sentiments et couleurs »
Peintures
Exposition du 16/01 au 03/02/2013
De 11h 30 à 18h 30
Vernissage le 16/01/2013
De 18h 30 à 21h 30
Gilles Jehlen (Fr)
« De la terre brute à la terre polie »
Sculptures
Exposition du 16/01 au 03/02/2013
De 11h 30 à 18h 30
Vernissage le 16/01/2013
De 18h 30 à 21h 30
Philippe Guenin (Fr)
« L’âme du chaos »
Peintures et photographies
+ Performance en live
Exposition du 06/02 au 24/02/2013
De 11h 30 à 18h 30
Vernissage le 06/02/2013
De 18h 30 à 21h 30
Barbara Stacher (Aut)
« Matières primaires »
Sculptures
Exposition du 06/02 au 24/02/2013
De 11h 30 à 18h 30
Vernissage le 06/02/2013
De 18h 30 à 21h 30
Et qui sera agrémenté d’extraits de musique celtique
Interprétés par la harpiste Françoise Marquet
XICA Bon de Sousa Pernes (Pt)
« Ombres de présence »
Peintures
Exposition du 2702 au 17/03/2013
De 11h 30 à 18h 30
Vernissage le 27/02/2013
De 18h 30 à 21h 30
Et qui sera agrémenté d’extraits de musique celtique
Interprétés par la harpiste Françoise Marquet
Jonathan Bermudes (Fr)
« RÉTROSPECTIVE »
Photographies
Exposition du 20/03 au 07/04/2013
De 11h 30 à 18h 30
Vernissage le 20/03/2013
De 18h 30 à 21h 30
Françoise Clercx (Be)
« Détails et fascination »
Peintures
Exposition du 20/03 au 07/04/2013
De 11h 30 à 18h 30
Vernissage le 20/03/2013
De 18h 30 à 21h 30
Veronica Barcellona (It)
« Welcome to my real world »
Peintures et sculptures
+ Installation
Exposition du 20/03 au 07/04/2013
De 11h 30 à 18h 30
Vernissage le 20/03/2013
De 18h 30 à 21h 30