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La Fleur de la paix

 

Dans un village, situé dans un pays lointain, vivait une jeune fille du nom de Kimberly.  Cette dernière vivait avec sa grand-mère. Un jour, sa grand-mère se sentit très malade, à tel point qu’elle pensa rendre l’âme incessamment. Profitant du peu de force qui lui restait, elle donna à sa petite-fille une petite pierre blanche en la suppliant de ne jamais s'en séparer.

 

Sentant son heure venir, la grande mère de Kimberly lui dit avant de mourir : « Je veux que tu me promettes de chercher la Fleur de la Paix. »

 

« La Fleur de La Paix? Mais, comment et où, grand-mère? », s'exclama Kimberly.

 

« Tu n'as qu'à me promettre que tu la chercheras! Si tu te laisses guider par tes sentiments, tu y parviendras facilement » lui répondit sa grand-mère.

 

Kimberly lui promit qu'elle le ferait. Quelques jours après la mort de sa grand-mère, étant toujours triste et accablée par cette perte, elle se donna pour mission d'accomplir la promesse qu'elle avait faite à celle-ci. De mille manières, elle imaginait à quoi pouvait bien ressembler cette fleur. « Est-ce que la Fleur de la Paix est une fleur immense et blanche? » se questionna Kimberly.  Continuant sa réflexion, elle se dit : « Peut-être que je pourrai sauter et monter sur ses tiges jusqu'à atteindre ses pétales doux et parfumés.  Ou alors, serait-ce une montagne magique où naît la fleur de l'arc-en-ciel? Bon, je dois me mettre en route en laissant le Dieu des cieux me guider dans ma quête. »

 

Pendant sa première journée de recherche, elle avait déjà parcouru quelques kilomètres par champs et bois lorsque, tout à coup, elle se dit : « J'ai tellement soif! Il doit probablement y avoir une fontaine ou une rivière près d'ici. » Elle marcha encore longtemps, s’éloignant toujours plus de son village tant aimé. Elle s’engagea sur un chemin dont la pente prononcée l’épuisa complètement. Soudain, en arrière d'un bouquet d'arbres, elle trouva une petite rivière cristalline dans laquelle elle trempa son mouchoir pour rafraîchir sa tête. Quand elle se pencha pour boire, une fée surgit du fond de l’eau et lui fit cette question : « Cherches-tu la Fleur de la Paix? »

 

La petite fille, avec ses yeux agrandis et le coeur palpitant, s'exclama : « Mais qui es-tu? Se pourrait-il que tu sois la Fleur de la Paix? »

 

Elle reçut pour réponse : « Non! Je suis la fée qui contrôle le flot de cette rivière afin qu’elle ne tarisse jamais.  Je veille aussi sur la forêt environnante qui la protège. Les racines des arbres empêchent la dégradation des berges. Par ailleurs, pour répondre à ta question, tu es près du but! Continue à chercher et tu trouveras. »

 

La jeune fille lui dit au revoir et poursuivit son chemin. À la fin de l’après-midi, elle s'assit sous un arbre pour se reposer. Comme elle s'apprêtait à manger quelques fruits qu'elle avait ramassés en chemin, elle entendit de faibles gémissements qui provenaient des buissons environnants. Elle courut dans cette direction, et là, elle vit une vieille femme affaiblie, mourant de faim et proche de l’agonie. Sans y penser une seconde de plus, elle lui offrit les aliments qu'elle avait avec elle.

 

Continuant sa route, elle se sentait remplie de satisfaction d’avoir rendu ce service, arrachant ainsi la vieille femme à une mort certaine. C'était une valeur que sa grand-mère lui avait transmise : « Fais toujours le bien sans regarder à qui tu le fais. Si tu respectes cela, tu seras toujours protégée par les anges du ciel et tu vivras dans la paix. »

 

Sur le chemin, elle rencontra beaucoup de papillons avec de si belles couleurs qu'elle se mit à les compter en dansant et en chantant. Elle s'imaginait qu’elle-même était le plus grand des papillons et que les plus petits qui l'entouraient étaient ses filles.

 

Le soir venant, sous les derniers rayons de soleil, elle grimpa sur un arbre de néfliers et mangea quelques fruits. Du haut de l'arbre, elle parvint à apercevoir le royaume qui était de l'autre côté de la montagne. Ce royaume était connu sous le vocable de « Inde ». On le nommait ainsi parce que ses anciens habitants étaient d'origine indienne.

 

À l'aube, Kimberly poursuivit son voyage vers ce royaume inconnu, voyage qui dura tout le jour. Quand elle y arriva, il faisait déjà noir.

 

« Mais qu’est-ce qui a bien pu se passer dans ce royaume? », se demanda-t-elle. Kimberly remarqua que tous ses habitants étaient des adultes et semblaient très tristes. « Quel est le motif de cette tristesse? », se demanda encore Kimberly. Pour le savoir, elle parla avec quelques personnes. Un vieillard la prit par le bras et l'amena dans un beau salon du palais en présence d’un jeune prince à la peau foncée. Ce dernier était habillé d’un magnifique habit bleu avec des broderies faites de jolis fils d'or. Ses yeux noirs brillaient comme les étoiles dans la nuit. C'était le Prince César, fils du roi Anderson.

 

« S'il vous plaît, jeune fille, ne posez plus de questions, vous nous rappelez notre malheur! », lui disait le prince d’une voix imposante.

 

« S'il vous plaît, euh!... Pardonnez-moi, jeune prince. Je souhaite seulement savoir en quoi je peux vous aider. », répondit Kimberly.

 

« Personne ne peut nous aider! », fit le prince sur un ton de désespoir. Il enchaîna : « Mon père est le roi de ce royaume et une malédiction appelée – mille odeurs et mille pestes – s’est attachée à lui. C'est un sortilège que Néron lui a jeté. Tous les enfants de notre royaume doivent être enfermés parce qu'autrement ils subiraient eux aussi cette malédiction. »

 

Kimberly s'exclama de surprise : « Que vous voulez dire? »

 

Le prince précisa : « Le roi est enfermé dans son château parce que ceux qui l'approchent ne peuvent supporter son odeur fétide, pas plus d’ailleurs que l’aspect horrible de son visage, de ses bras et de sa peau en état de putréfaction. Et cela va en empirant, chaque jour qui passe. »

 

« Et pour quelle raison Néron aurait-il jeté ce sort à votre père? », demanda Kimberly.

 

Le prince lui expliqua alors les circonstances de ce malheur : « Néron s'est servi d'un vieux sorcier pour jeter ce sortilège à mon père afin de prendre le contrôle de notre royaume. Pourtant, Néron était auparavant un des meilleurs amis du roi. Mais un jour, l’épouse de Néron s'enfuit avec un autre homme et amena ses enfants avec elle. Ces enfants étaient la raison d'être de Néron. De surcroît, Néron fut affecté par une tragédie : la mort de tous les membres de sa proche famille.  Ne pouvant se consoler de tous ces malheurs, la douleur et la peine laissèrent place à un sentiment amer. Se sentant trahi par la vie, il s'est transformé en l’homme le plus cruel de la Terre et en scélérat. Son ombre prit le dessus sur lui et c’est ainsi qu’il en est arrivé là, à jeter ce vilain sort sur le roi. Or, s'il parvient un jour à devenir notre roi, il imposera les travaux les plus durs aux femmes. Aux enfants, il leur interdira l’accès à l'éducation pour mieux les asservir quand ils seront adultes. Aujourd’hui, Néron attend avec impatience la mort de mon père pour réaliser son cruel dessein. »

 

Kimberly voulut en savoir plus : « Quel genre d’homme est le roi? »

 

« Le plus honnête et le plus noble des rois qui puisse exister! », s’exclama le prince.  Pour appuyer ses dires, il ajouta : « La loi la plus importante que mon père a adoptée peut se formuler comme suit : Les femmes et les enfants ont le droit de mener une vie sûre et libre de toute menace, que ce soit la guerre, les mauvais traitements, l'exploitation ou, enfin, la discrimination basée sur la race, le sexe ou la croyance religieuse. En respectant les droits des enfants et des femmes, nous étions ainsi un royaume qui prônait l'égalité et la justice sociale. De ce fait, nous vivions dans une paix durable.

 

« Ne perdez jamais la foi! Beau prince, la beauté spirituelle doit toujours être vraie et elle se doit de se révéler toujours plus précieuse que le matériel. La méchanceté ne pourra jamais vaincre le bien! », lui dit affectueusement Kimberly.

 

« Notre royaume donnera toute sa richesse à celui qui parviendra à délivrer notre roi », promit le prince.

 

Kimberly se hâta de demander : « Y aurait-il une manière de l’arracher à l’emprise du sortilège? »

 

« Oui! », répondit le prince César. Il précisa : « Seul, celui qui pourra regarder le roi sans ressentir de la nausée et qui pourra embrasser les plaies de son visage et de ses bras pourra le délivrer. »

 

« Peux-tu me guider jusqu'à ton roi? », supplia Kimberly.

 

D’un air abattu, le prince César lui répondit : « Non! C'est inutile. Plusieurs ont tenté de conjurer ce mauvais sort. Mais tous ressortent du palais en courant et en vomissant. », dit le prince.

 

Avec abnégation, Kimberly dit : « Ayez confiance en moi! Je veux voir votre roi et père, et ce ne sera pas pour la récompense promise, mais uniquement pour le voir guérir. »

 

Demeurant perplexe, le prince César guida tout de même Kimberly vers le palais de Sa Majesté, le roi Anderson.  Pour s’y rendre, ils parcoururent une assez longue distance en traversant nombre de passages et de couloirs formés par la végétation. Enfin, ils aperçurent un beau et imposant château. Une rivière abondante avec des crocodiles féroces les empêchait toutefois d'accéder au château.

 

Kimberly rompit le silence, en disant : « Pourquoi y a-t-il des crocodiles dans la rivière? »  Et le prince répondit : « Pour que les ennemis ne puissent pas arriver au palais. »

 

Les soldats de la garde royale, en reconnaissant le prince, firent sonner leurs trompettes en son honneur. Ils abaissèrent ensuite le pont-levis qui donnait accès à la porte principale. Les gardes royaux suivirent les ordres que le prince leur donna sur un ton de voix plus qu’impératif : « Mademoiselle Kimberly est notre hôte d'honneur. Elle vient d'un village éloigné et inconnu. »

 

Kimberly se sentit flattée de cette présentation, elle qui n'avait jamais pensé être digne d'un si grand hommage. Elle redressa sa taille et marcha en imitant le pas du prince César. Ensemble, ils passèrent par des jardins, des salons somptueux et des couloirs pour enfin parvenir aux chambres élégantes du palais.

 

Une fois arrivé à l'une des plus grandes pièces, le prince pointa du doigt la porte de la chambre et lui dit avant de s'éloigner : « Il est là! Si tu en as le pouvoir, sauve notre roi bien aimé »!

 

Kimberly s'approcha et frappa à la porte. Elle perçut aussitôt la terrible odeur qui émanait de l’autre côté. Puis, elle entendit une voix qui lui disait en se lamentant : « Pitié pour mon royaume! Si seulement ma mort pouvait empêcher les habitants de tomber dans les griffes du méchant Néron... Mais ma mort ne servirait à rien! Même de mon vivant, dans l’état où je suis, je ne peux rien faire pour l’empêcher. J’ai bien peur pour ce royaume et je crains pour son avenir.» Des sanglots s’ajoutèrent à ces lamentations.

 

Alors, la jeune fille ouvrit la porte. Surmontant son dégoût, elle avança à pas silencieux pour ne pas être entendue dans la chambre du roi. Ce dernier était là, plongé dans une obscurité presque complète. Kimberly marcha jusqu'à se retrouver en face du noble roi allongé sur son lit et tiraillé par la douleur.

 

En présentant sa révérence, Kimberly dit au roi : « Pardonnez-moi, Votre Majesté. Dans mon cœur, il n'y a ni geste ni pensée qui puissent vous offenser. »

 

Surpris, le roi Anderson l’examina et lui demanda : « Jeune fille, qui es tu donc? »

 

Kimberly répondit tout simplement : « Je ne vais pas m’enfuir comme les autres à la vue de Votre Majesté. Qui plus est, donnez-moi vos mains ».

 

Le roi lui tendit ses mains sans dire un mot. Et c'est avec un grand respect et une profonde tendresse qu'elle les prit et les embrassa, ainsi que son front et ses joues. Après cela, elle tira de son sac à dos d'agave, ce petit morceau de roche blanche que sa grand-mère lui avait offert avant de mourir.

 

Tout à coup, au contact de la roche magique, le roi retrouva la vie. Si bien que son corps laissa émaner une lumière assez forte pour éclairer complètement la chambre qui, jusque-là, était obscure.

 

Le roi Anderson observa ses bras et, quittant son lit, il commença à sauter et à crier : « Je suis guéri! Tu as sauvé mon royaume! Toi, jeune fille, tu es la Fleur de la Paix que j'attendais si fébrilement. »

 

C'est seulement à cet instant que Kimberly comprit que la Fleur de la Paix était, en fait, une métaphore. « La paix est en chacun d'entre nous et, comme une fleur, il faut la laisser fleurir dans son cœur. », se disait-elle. Et elle conclut : « Ma grand-mère voulait que je l'apprenne et que je le comprenne par l’expérience, et ce, par un parcours initiatique ».

 

Réintégrant ses tâches de souverain, le roi nomma Kimberly « Ambassadrice de la Paix » et aussi « Conseillère du prince César ». Depuis, le royaume et ses habitants vécurent une nouvelle ère de paix et de justice. Les femmes et les enfants retrouvèrent à nouveau leurs droits humains les plus fondamentaux. Toutes les mesures nécessaires pour restaurer leur dignité furent prises. Un peu plus tard, le prince César et Kimberly, la « Fleur de la Paix », unirent leurs vies pour toujours, et tous dans ce royaume furent heureux.

 

 

Auteure: Gladys Carrillo Garcia

 

Ce conte est une propriété intellectuelle et matérielle de l’auteure Gladys Carrillo Garcia Interdit sa reproduction totale ou partielle. Es déjà  enregistre dans le registre de droits d'auteure.

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Quand reviendra l'été !

Un poème écrit avec Joëlle Diehl, auquel j'ai pris grand plaisir, j'espère que vous en aurez en le lisant, et vous invite si vous le désirez et s'il vous inspire à laisser un commentaire.

Bien à vous

Marie-Ange Gonzales



Quand reviendra l'été !


Les bras grands ouverts voulant embrasser
Le ciel noirci de tout' cette nuée
Je lance mon cri vers ces migrateurs
De deux saisons, les fidèles porteurs


Ils s'élancent et embrassent le ciel
emportant avec eux la chaleur,
mon cri, et de ma vie l'essentiel.
Souvenirs d'un été de douceur


Une larme , un sanglot retenu
Une tristesse soudain m'envahit
Et je pleure cette tendresse perdue
Seule, les yeux noyés, je me sens trahie


Souvenirs d'un automne douleur
quand s'éloignent les migrateurs
passe le temps s'envolent les saisons
le rouge été me rendra la raison


Un jour les palombes repasseront
Comme une danse dans l'azur du matin
Apportant l'espoir à mon coeur chagrin
Leur chant rempli de joie m'enchanteront


Joëlle Diehl/Marie-Ange Gonzales

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Art Populaire

Vous allez très vite deviner que j’ai un sérieux penchant pour l’Art Populaire. J’emploie plus volontiers le terme « penchant » car il désigne une orientation relativement permanente, plutôt que « préférence »  ... plus circonstanciée. Je suis assez convaincu que la préférence est un peu « l’arbre qui cache la forêt ».

Définir cet art n’est pas simple, et de nombreuses pièces estampillées « art populaire » ne le méritent pas. Ainsi, par exemple, des objets dits « forêt noire » ou des santons provençaux.

Ils le furent sans doute mais produits en nombre dans un but mercantile, ils ont cessé d’être des œuvres d’art pour devenir des productions artisanales, des bibelots touristiques. Un glissement que l’on rencontre également dans les arts premiers, où telle statuaire traditionnelle s’est muée au fil du temps en monnaie d’échange, perdant sa vocation première et aussi, malheureusement, l’essentiel de ses qualités esthétiques.

Les cannes m’ont littéralement plongé dans ce domaine. La qualité d’exécution des œuvres d’art populaire, leur finition, peut varier sensiblement. Dans certains cas, le travail est fruste, maladroit. L’inexpérience des auteurs ne les empêchera pas, cependant, d’atteindre régulièrement à la beauté, à la poésie. Dans d’autres cas, l’exécution témoigne d’un réel savoir-faire, voire d’une impressionnante maîtrise, le bagage technique d’un artiste ayant souvent pour origine le métier qu’il exerce ou a exercé à un moment de sa vie. Il n’est pas aberrant de croire que certaines parmi les plus belles cannes d’art populaire furent sculptées par des menuisiers ou des ébénistes, même si ce n’est certainement pas la règle.

L’une des caractéristiques essentielles de l’art populaire, partagée avec les arts premiers, est son ignorance des modes de représentation naturalistes. Méconnaissance de la perspective, rabattements dans le plan, mépris des proportions… On note aussi de nombreux exemples de « perspective morale », comme sur cette canne de berger ou un loup est représenté plus grand qu’un cheval, 

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disproportion témoignant du sentiment éprouvé par l’auteur. Dans un célèbre relief égyptien, Ramsès II est un géant à côté de ses soldats. Le principe est le même : la taille du personnage est fonction de l’importance qu’on lui donne. Il est bon de rappeler ici que l’acquisition de la perspective linéaire, à la Renaissance, et des autres moyens visant à une représentation objective de la nature, est une conquête d’ordre scientifique. La valeur profonde d’un artiste n’a bien sûr rien à voir avec le fait qu’il maîtrise ou non ces moyens.

Il arrive que l’artiste populaire, s’inscrivant dans une tradition bien établie, doive respecter les canons esthétiques hérités des générations précédentes. C’est le cas des auteurs de marionnettes, de ceux qui façonnent les géants de carnaval... Mais il y a aussi de très nombreuses œuvres qui témoignent d’une création personnelle, indépendante de toute forme de contrainte.

La canne, objet individuel par excellence, est un domaine où la liberté d’expression, la fantaisie, ont pu s’exercer à plein. Les marins, les légionnaires, les bergers, les « poilus » de la Grande Guerre les ont sculptées dans les périodes d’oisiveté inhérentes à leur vie. Pendant des jours, des mois, parfois des années, un bâton va être sculpté minutieusement ; devenu un compagnon au quotidien, il est comme un carnet dans lequel l’auteur imprime ses états d’âme, sa solitude, ses angoisses et ses peurs, sa superstition et sa religion en un rébus souvent désordonné. En découvrant ces beaux objets, simples ou complexes, on imagine rarement la richesse des préludes à leur réalisation. Le choix d’un bois, d’une essence particulière, sa forme, son épaisseur prendront toute leur importance en fonction du projet. L’extraire du sol, parfois en gardant une partie des racines destinées au pommeau, le faire sécher lentement, l’écorcer soigneusement, tout ou partie.

Certains chefs-d’œuvre de l’art populaire, ont été façonnés ainsi, avec un simple couteau, dans un pâturage désolé ou le fond d’une tranchée.

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12272779479?profile=originalIl s'agit d'un essai de Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814), publié à Paris chez Méquignon-Marvis en 1815.

 

Après le succès remporté par les Études de la nature (1784) puis par Paul et Virginie (1788), Bernardin de Saint-Pierre songea à amplifier son système cosmologique en une vaste synthèse qui intégrerait ses fictions (l'Amazone, Empsaël, la Pierre d'Abraham, la Mort de Socrate) de même que les Études avaient compris dans leur troisième édition le texte de Paul et Virginie. Il y travailla jusqu'à sa mort: on peut considérer que le manque de temps, ou la démesure du projet, l'empêcha de conclure. L'oeuvre, selon la juste formule de Jean-Michel Racault, se présente comme un «palimpseste indéfiniment raturé et repris, à travers plusieurs rédactions successives et divers états de pseudo-achèvement». En 1796 et en 1800, l'auteur envisagea de le livrer à l'éditeur. Les volumes n'ont finalement été publiés qu'après sa mort par son disciple Aimé-Martin. La critique les a considérés avec condescendance, quand elle ne suspectait pas Aimé-Martin de falsification. Les études menées par Silvio Baridon sur le manuscrit autographe de la Bibliothèque nationale et sur les premières versions dans les archives du Havre ont montré que le texte publié dans son ampleur brouillonne ne représente pourtant que la moitié du manuscrit laissé par l'écrivain. Les Études se voulaient esquisses préparatoires, les Harmonies seraient-elles «le chef-d'oeuvre inconnu» d'un peintre de la nature devenu fou?

 

Les neuf parties du texte correspondent à un plan à la fois progressif et circulaire, rythmé par des invocations à des puissances divines ou allégoriques (Vénus tout d'abord comme dans le poème de Lucrèce, les naïades, Cybèle, le Soleil). La réflexion ou la rêverie part du soleil pour finalement revenir au ciel et à la diversité des mondes qu'il contient, après avoir passé en revue les harmonies végétales (I), aériennes (II), aquatiques (III), terrestres (IV), animales (V), humaines (VI), fraternelles (VII), conjugales (VIII), et du ciel (IX).

 

Accord entre les sons ou bien ordre général, l'«harmonie» est un terme et surtout une idée qui font recette au tournant des Lumières. L'ancienne tradition pythagoricienne et platonicienne pensait la société et le monde en termes d'unité musicale. L'harmonie préétablie chère à Leibniz et l'harmonie des mondes de Kepler avaient renouvelé ces principes. Jean-Jacques Rousseau parlait du «concert» qui doit régner dans les assemblées politiques et prenait le choeur comme image du consensus social. Mesmer mêlait médecine, cosmologie et politique dans sa doctrine du magnétisme animal dont la traduction institutionnelle fut une Société de l'harmonie universelle (1785). L'harmonie exprime un idéal d'échanges permanents entre les corps célestes, les plantes, les animaux, les hommes, une volonté d'équilibre. Un chapitre du Génie du christianisme (1802) s'intitule «Harmonies de la religion chrétienne avec les sciences de la nature et les passions du coeur humain». Fourier va reprendre à son tour le mot et l'image. Tel est le contexte dans lequel Bernardin de Saint-Pierre tente de réconcilier savoir naturaliste, émotion poétique et intuition religieuse.


On peut se gausser des délires classificatoires d'un texte qui distingue six harmonies physiques (aérienne, aquatique, terrestre, végétale, animale et humaine) et six harmonies morales (fraternelle, conjugale, maternelle, spécifique, générique et sphérique) auxquelles s'adjoint l'harmonie céleste ou soli-lunaire qui couronne le tout et fait parvenir au magique chiffre 13. On sourit à la description des habitants de chaque planète dont les occupations sont déterminées par le nom de la planète dans le système solaire: les habitants de Mercure sont semblables aux sages indiens, livrés à la méditation, ceux de Vénus se consacrent à l'amour comme les habitants de Tahiti, ceux de Jupiter sont industrieux, ceux de Mars belliqueux et ceux de Saturne bénéficient des plus beaux paysages et points de vue sur le système solaire.

 

Il faut pourtant comprendre l'unité profonde de cette rêverie qui à trop vouloir embrasser mal étreint. L'image du cercle et de la sphère, comme l'avait noté Georges Poulet, organise la pensée de Bernardin. Les cercles se multiplient et s'engendrent les uns les autres, dans un cosmos qui refuse le vertige de l'infinité, révélée par la science moderne, et le silence des espaces désertés par la Providence. Loin de se taire, le monde ne fait que bruire de la parole divine qui apparie chaque chose en un commerce incessant «de flux et de turbulences» (J.-M. Racault), lui assure un sens et une fin. Tout se fait écho et se correspond dans une spécularité universelle et lumineuse. La force d'évocation poétique l'emporte sur toute rigueur épistémologique, sur toute vigueur métaphysique. Bernardin de Saint-Pierre a des cocasseries à la Rétif, à la Fourier. Il trouve parfois aussi des images visionnaires, dignes d'une poésie prophétique à la Hugo. Sa prédilection va aux beautés du monde végétal qu'il a parcouru en herborisant avec son maître Jean-Jacques. Il chante comme peu les discrètes fraternités végétales: «En Italie, la vigne et l'orme; dans nos campagnes, les blés et les légumineuses; dans nos prairies, les graminées et les trèfles; sur les bords de nos rivières, les saules argentés et les aulnes d'un vert sombre; au sein des ondes, les roseaux perpendiculaires et les nymphéas aux feuilles horizontales.» Sur sa palette, Bernardin broie les couleurs et suscite les effets qu'utilisera le XIXe siècle.

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Ma mousse de champagne!

 

Le thé fut-il un jour, chez nos voisins anglais

Une boisson de luxe et qu’on offrait pour plaire,

Une délectation sortie de l’ordinaire?

Suggère-t-elle encore un plaisir raffiné?

...

Une boisson de luxe et qu’on offrait pour plaire.

Son renom n’est-il pas devenu suranné?

Suggère-t-elle encore un plaisir raffiné?

Une image reçue peut certes satisfaire.

...

Son renom n’est-il pas devenu suranné?

«C’est ma tasse de thé» fait parfois notre affaire,

Une image reçue peut certes satisfaire.

Or, ailleurs, des gourmets ont d’autres goûts innés.

...

«C’est ma tasse de thé» fait parfois notre affaire,

Semble garder un sens un jour imaginé.

Or, ailleurs, des, gourmets ont d’autres goûts innés.

    «Ma mousse de champagne!» Comme il était sincère!

...

                                                                           11 janvier 2012

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L’indienne Catalina

L’indienne Catalina

La cordillère des Andes présente un panorama majestueux avec cette chaîne de montagnes qui vient mourir sur les rives de la majestueuse mer des Caraïbes. Au sommet de la cordillère des Andes, il y avait un petit village perché où vivait une jolie petite Indienne rebelle nommée Catalina. Ses parents qui étaient les chefs de la tribu se faisaient du mauvais sang pour elle, car elle était tellement différente de leurs autres filles.

Catalina, elle, se sentait très fière de ses racines autochtones. Elle vivait heureuse sur les terres de sa tribu qu’elle se plaisait à chevaucher librement. Elle allait à la pêche et contrariait ainsi la volonté des chefs du village et des caciques. Elle chassait toujours accompagnée de deux hommes de la tribu.  Elle aimait aussi voyager sur un radeau fait de troncs d’arbre unis par des lianes qui descendaient des arbres. Elle parcourait ainsi le grand fleuve au courant fort et agité formé par les eaux des rivières qui s’infiltraient dans les détroits profonds et sombres des hautes montagnes de la cordillère.

Catalina visitait ainsi les tribus voisines qui demeuraient le long du grand fleuve et elle échangeait des articles de cuir, de glaise, d’or et de laine que sa tribu avait manufacturée contre des objets de bois et de pierre. Elle obtenait aussi des fruits, des graines et du sel qui n’étaient produits que par les habitants du bord de la mer. Catalina profitait beaucoup de ces échanges et elle partageait les connaissances et les techniques du travail de l’or et des teintures des reliefs de la poterie. Chacun de ces voyages lui apportait l’expérience de nouvelles cultures et des innovations dans les méthodes de travail. Elle savait tirer profit de la sagesse des hommes et des femmes des tribus qu’elle visitait.  Elle s’appliquait à transmettre à sa tribu toutes ces découvertes afin de contribuer au progrès de son peuple. Malheureusement, cette conduite unique lui value d’être considérée comme une Indienne rebelle, insoumise et têtue. C’est qu’elle refusait de suivre les traditions sévères et rétrogrades de son peuple.

En réalité, dans son environnement et dans les circonstances, le comportement de Catalina était comparable au comportement d’une fille du XXIe siècle. Elle avait même refusé d’épouser le riche cacique du nom de Lune Nouvelle.  Ce dernier était un des plus beaux et des plus vaillants hommes de sa tribu.  Il était l’héritier en ligne directe pour devenir le chef de sa tribu, selon les lois ancestrales.

Catalina et Lune Nouvelle avaient grandis ensemble et ils étaient devenus inséparables.  La tribu a vu grandir les deux enfants, devenir de grands adolescents mais elle a aussi remarqué l'immensité de l'amour qu'ils éprouvaient l’un pour l’autre.  Tous espéraient qu'enfin un  jour les jeunes les  surprendraient en leur annonçant la grande nouvelle, que le jour de leur mariage arrivait enfin bien qu’ils savaient qu’avec Catalina les choses ne sont pas très faciles.  

Catalina et Lune Nouvelle avaient l’habitude de sortir  chevaucher ensemble tous les après-midi.  L’un de ces après-midi, Lune Nouvelle lui dit : « J’aimerais que tu abandonnes toutes ces folies qui perturbent ton esprit. Tu ne pourras jamais tenir tête à toute ta tribu en voulant changer ainsi les coutumes de nos ancêtres, eux qui nous ont transmis cette culture de génération en génération! »

Catalina lui répondit : « Je veux qu’on respecte les femmes et qu’on apprenne à nous apprécier à notre juste valeur. Qu’on nous donne la chance et la liberté de prendre des décisions. Aussi, qu’on nous laisse prendre part aux réunions que les chefs organisent pour prendre des décisions d’intérêt pour tous. De plus, j’aimerais qu’on nous permette de voyager, de faire du commerce avec les autres tribus, ce qui pourrait enrichir notre savoir.  Il en serait bénéfique pour le bien-être de notre peuple et de nos foyers. Oui, tout comme les hommes, je veux aller à la chasse et connaître d’autres façons de se nourrir. »

Lune Nouvelle argumenta en disant : « Je suis assez fortuné et mes biens nous permettraient de vivre confortablement. Tu n’aurais pas à travailler comme tu le fais en ce moment. »

Catalina lui rétorqua : « Nous, les femmes de la tribu, sommes en mesure d’être des membres à part entière dans notre communauté. Nous pouvons participer à la direction des affaires. Ne vois-tu pas que la discrimination ôte aux filles et aux femmes le pouvoir de prendre des décisions, de vivre libres et d’avoir une éducation de meilleure qualité? Si on nous donnait la possibilité d’éduquer les filles et les femmes de notre tribu, nous aurions alors une vie plus productive et nous pourrions mieux aider nos familles et contribuer aux progrès de notre peuple. »

Après l’avoir écouté attentivement, Lune Nouvelle lui dit enfin : « Je t’en prie, Catalina, ne mélange pas ta tête avec toutes ces idées. Notre tribu a toujours été dirigée uniquement par des hommes. »

Catalina en convint, mais elle rétorqua : « Tu as raison. Mais les guerres internes ont fait que les autres tribus ont assassiné beaucoup d’enfants. Des guerres tribales ont fait en sorte que des filles ont été enlevées. On a commis des abus terribles envers les femmes et les a exploités. C’est sans compter toutes celles qui ont été emprisonnées. Nos lois doivent être changées de façon drastique pour que ceci ne se reproduise plus jamais. Oui, nous devons le faire afin de faire respecter les droits fondamentaux de chaque être humain. Toutes les tribus devront se plier à cela »

Lune Nouvelle lui répondit doucement : « Ma petite fleur, au-delà de tout ce que tu avances, oublierais-tu que, grâce à la protection de nos dieux et à l’effort des hommes de la tribu, nous avons donné la priorité à la préservation et à la garde du milieu environnant? Notre peuple peut ainsi jouir d’un environnement sain, équilibré et favorable au développement humain. Les activités sont productives et satisfaisantes et suffisent à nos besoins et à celui des générations à venir. »

Catalina lui expliqua ceci : « Je reconnais les mérites de nos hommes dans cette œuvre, mais n’oublie pas que pour avoir une vie meilleure et un développement social qui nous permette de vivre dignement, il faudrait aussi garantir la protection des droits fondamentaux des enfants et des femmes. On n’arrivera à cela qu’à travers le respect et droit à la vie.  Enfin, en prônant l’éducation pour tous, on favorise l’harmonie entre les tribus. Notre moi intérieur ne peut que s’enrichir. »

Lune Nouvelle l’interrompit à nouveau : « Jamais personne auparavant n’avait protesté.  C’est toi maintenant qui le fais?»

Catalina lui répondit : “Un chef ou un cacique ont-ils un seul jour pris la peine de demander l’opinion des femmes de la tribu? Leur ont-ils seulement demandé combien elles se sentent discriminées? Non, j’en suis certaine!»

Totalement désarçonné par la réponse qu’il venait de recevoir, Lune Nouvelle s’écria : « Pardonne-moi, Catalina, mais jamais je ne ferais quoi que ce soit qui ennuierait nos chefs.  Il m’est impossible d’appuyer ce que tu avances en ce moment! Pardon, mais je ne peux pas être d’accord!»

Déçue, Catalina lui déclara de retour au village : « Je ne t’épouserai pas, Lune Nouvelle! Tu manques de courage face à la vie et je refuse d’abandonner mes idéaux qui, je l’admets, représentent un défi! C’est tout un honneur que de les défendre. J’entends m’en servir pour de grandes causes et rendre ma vie et celle des autres femmes plus valables et précieuses.»

Elle ajouta : « À tes côtés, je ne pourrais que vivre dans l’abandon de mes rêves. Sans cela, je ne pourrais pas connaître le bonheur. Je ne comprends pas comment tu peux affirmer que tu m’aimes tout en me demandant de renoncer à mes rêves. Sans idéal, la vie ne porterait aucun fruit, elle serait stérile et ce serait comme d’être une morte-vivante!»

Puis, saisie d’une grande tristesse, Catalina s’éloigna avec son cheval. Elle demeura silencieuse et ses pensées les plus tristes envahirent son esprit.

Catalina se dit : « Si seulement tu savais combien je t’aime, mon bien-aimé Lune Nouvelle! J’aimerais tant passer mes journées à tes côtés, main dans la main, dans cette prairie verte et abondante. Je voudrais plonger dans les eaux de cristal de la grande rivière avec toi, et puis, fatiguée de la nage, je voudrais tomber dans tes bras forts pour que tu m’embrasses. Je ne veux jamais me séparer de toi, mon bien-aimé Lune Nouvelle. Mais ton rejet me blesse tellement. Si seulement tu pouvais me comprendre! Si seulement je pouvais compter sur ton appui en tant qu’homme afin que nous, les femmes, puissions bénéficier des mêmes chances dans la tribu. »

Les chefs de la tribu eurent tôt fait d’apprendre les exigences que Catalina avait formulées à Lune Nouvelle. Pour toute réponse, ils commandèrent qu’on ne lui adresse plus la parole. Seules les femmes de la tribu continuèrent d’exprimer leur solidarité en lui offrant un sourire complice au passage. Si elle persistait trop longtemps encore, elle risquait de se faire bannir de la tribu. 

Un jour qu’elle dormait, vaincue par la fatigue des labeurs de la journée, Catalina rêva à un homme blanc, très fort, qui arrivait blessé dans son village. Bien qu’on ait pansé et soigné ses blessures, elle voyait comment cet homme agissait avec ingratitude. Il volait toutes les richesses de son peuple et faisait des esclaves les membres de sa tribu. Elle se réveilla en grand

sursaut. Angoissée, elle raconta son rêve aux gens de son village, mais personne ne la prenait au sérieux.

Ayant entendu parler de ce rêve, Lune Nouvelle alla voir Catalina et demanda des précisions : « Est-ce vrai que tu as rêvé qu’une telle tragédie allait arriver?»

Oui, lui dit-elle : « Je crois que nos dieux nous annoncent dans nos rêves qu’une telle tragédie viendra s’abattre sur nous. Promets-moi que tu veilleras à ce qu’il n’arrive rien à notre tribu, et que, si tu avais à te battre, tu n’hésiterais pas à risquer ta vie pour protéger les nôtres. »

« Je te l’affirme », lui dit Lune Nouvelle. « Je te promets de veiller sur notre peuple comme le plus brave des guerriers. Je suis prêt à vous défendre et mettre ma vie en péril s’il le faut!»

Dans les coutumes de la tribu, seuls les hommes avaient le droit d’être des guerriers. Ils étaient les seuls autorisés à utiliser des arcs et des flèches. C’était encore eux qui pouvaient exercer le troc et les échanges et faire du commerce avec les autres tribus. C’était encore eux qui fabriquaient de leurs mains des objets et des figurines inspirées des Dieux. Ces œuvres d’art étaient taillées de façon rustique dans la pierre et modelées dans l’or.

Le Conseil des grands de la tribu était formé des hommes les plus renommés dans la hiérarchie. C’est sur eux que reposaient la confiance et l’admiration de la communauté indigène. Ils pouvaient émettre leur opinion et décider de l’avenir de la tribu. Les femmes indigènes ne pouvaient que respecter et appliquer ces décisions, quand bien même elles ne seraient pas d’accord. Les femmes, elles, se limitaient à cuisiner et à filer.  Elles étaient là avant tout pour se marier et avoir beaucoup d’enfants pour ainsi assurer la pérennité de la tribu.

Bien des lunes plus tard, rien d’étrange ne s’était passé.  Les appréhensions de Catalina ne semblaient pas fondées.

Les sœurs de Catalina avaient épousé d’autres caciques. Toutefois, Catalina, elle, refusait toujours de se marier.

Le jour arriva où, sans plus attendre, les chefs bannirent Catalina de leur village, cette dernière refusant toujours de se plier à l’ordre social dicté par les chefs.

Avant de partir, Catalina prit son sac avec quelques provisions, soit une peau de bison, son arc et ses flèches. Elle monta sur son cheval blanc et elle s’écria : « Tant que vous vivrez dans cette complaisance, vous empêcherez le progrès de la tribu! Mon désir d’être respectée et de progresser n’est pas un acte de rébellion. Je vous aime tellement. Vous êtes ma grande famille.  Alors, je vous pardonne de ce que vous me faites aujourd’hui. Je vous conseille seulement de garder vos idéaux, de vous battre pour ces derniers, car c’est ainsi qu’ils se réaliseront! »

Lune Nouvelle arriva à cet instant à cheval.  S’approchant brusquement, il barra le passage à Catalina pour lui faire ses adieux. Il lui lança un long regard d’amour et il l’enlaça. Il lui offrit ensuite une pochette remplie de pépites d’or qu’elle refusa au début.  Devant son insistance, elle finit par accepter. Enfin, Lune Nouvelle lui souhaita de commencer une nouvelle vie ailleurs.

Très émue, Catalina lui dit : « Je te remercie de ce noble geste. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit précisément toi, celui que j’ai le plus offensé et rejeté, qui partage ses richesses avec moi. »

Lune Nouvelle lui répondit d’une voix profondément triste : « Jamais je ne me marierai. Je t’attendrai. Mon amour t’appartient et te suivra comme la lune suit la nuit, tel que le ciel cherche à rejoindre la mer. »

Sur ces mots, Catalina fouetta son cheval pour s’éloigner au grand galop de son village. Elle voulait cacher ses larmes, surtout devant son bien-aimé, Lune Nouvelle. Aussitôt que Catalina fut partie, la joie sembla avoir quitté la tribu. Tous ressentaient le grand vide que son départ avait laissé. Elle avait inspiré le respect et le courage et, petit à petit, ils finirent tous par réfléchir aux dernières paroles prononcées par Catalina. Tous commencèrent à penser que ses idées n’étaient pas trop mauvaises et qu’elle avait raison dans presque tout ce qu’elle avait dit.

Sur l’insistance de Lune Nouvelle et des femmes, les caciques convoquèrent un conseil extraordinaire.  Ces derniers se sentaient coupables de ne pas avoir soutenu cette femme à prendre part aux décisions de la tribu, telle

qu’elle l’avait souhaité. La majorité des femmes réunies avait à choisir la femme qui serait leur représentante au Conseil, et ce, afin de faire valoir leurs droits comme femmes indigènes de cette tribu. Après maintes considérations, elles décidèrent à l’unanimité que Catalina serait leur voix et leur pensée. Les chefs et les caciques acceptèrent la décision des femmes et ordonnèrent à une délégation d’aller chercher au petit jour Catalina, la rebelle, la rêveuse. Ils étaient tous très loin de s’imaginer que précisément cette nuit-là, le présage funeste de Catalina prendrait forme et se réaliserait.

En effet, tard cette nuit-là, un homme blanc, blessé, et à l’air mauvais, entra dans le site de la tribu pour s’y cacher. Il fuyait une autre tribu où il avait tué des indigènes. Il avait volé leurs biens et leurs richesses. Saisi par les gens de la tribu de Catalina, il prétendit avoir été attaqué par un loup. On le soigna en croyant naïvement à ses propos.

Le lendemain matin, cet homme blanc tua les hommes qui devaient partir à la recherche de Catalina. Il saisit et ligota les chefs et les caciques. Il obligea les hommes et les femmes de la tribu à amasser tout l’or qu’ils possédaient. Il avait la ferme intention de tuer tous les villageois une fois qu’on lui aurait remis l’or. 

Lune Nouvelle, qui voyait bien les sinistres intentions de l’homme blanc, parvint à se détacher des cordes qui le retenaient.  Avec beaucoup d’habileté et d’astuce, il courut chercher son arc et ses flèches avant que l’homme blanc n’eût fini de mettre l’or dans ses poches de cuir. Mais, voici qu’au moment où il se préparait à envoyer sa première flèche, une balle de fusil l’atteint, et il tomba, grièvement blessé. La fuite de Lune Nouvelle n’avait pas échappé à l’attention de l’homme blanc et ce dernier savait très bien se servir d’une arme à feu. Cela lui donna un avantage décisif sur les membres de la tribu, qui, eux, ne possédaient pas ce type d’arme.

Tandis que l’homme blanc s’employait fiévreusement à reprendre son chemin avec son butin, il se prépara à tuer les membres de la tribu, maintenant qu’il les avait dépouillés de leurs richesses. C’est alors qu’une flèche empoisonnée se cloua dans le cœur de l’homme blanc! La rebelle Catalina était revenue au village, alertée dans un autre rêve de ce qu’il se passait dans son village. 

Catalina eut vite fait de détacher et libérer les prisonniers et, avec l’aide de quelques indigènes, elle fit transporter Lune Nouvelle dans la hutte du vieux

shaman. Celui-ci observa la blessure avec attention, puis il dit : « Je ne sais pas s’il pourra survivre à cette blessure. Il a déjà perdu beaucoup de sang et la lésion est trop près du cœur. » Catalina l’interrompit brusquement et lui souffla ces mots : « Tu dois pouvoir faire quelque chose. Tu ne peux pas le laisser mourir sans rien faire! Je t’en prie, sauve-le! »

Le vieux guérisseur couvrit alors la blessure avec un mélange d’herbes, chantant des cantiques et invoquant les bons esprits de leurs ancêtres. Il les conjurait à unir leurs pouvoirs à celui des dieux de la pluie, de la lune et du soleil. Selon leurs traditions ancestrales et leurs croyances, ces Dieux régissaient le destin de la nature et des êtres humains. S’ils favorisaient le guérisseur, ils lui donneraient le pouvoir et la science de bien sélectionner les plantes médicinales et les remèdes qui ramèneraient Lune Nouvelle à la vie. Une fois que tous les fruits sauvages et les plantes demandées furent apportés, le shaman demanda à plusieurs femmes de préparer des jus et des potions afin de les faire boire à Lune Nouvelle.

Voici déjà trois jours et deux nuits que le shaman était au pied de Lune Nouvelle à lui faire boire les potions médicinales. Mais il n’y avait aucun progrès notable.

Son état de santé était précaire et on craignait pour sa vie. Tous les efforts déployés étaient inutiles et on informa tout le monde qu’il faudrait un miracle pour sauver la vie du jeune cacique. Le shaman ordonna donc que la danse du soleil, rituelle indigène, se fasse en toute rigueur la nuit prochaine. Cette danse se fait dans des circonstances et des conditions très spéciales et consiste à remettre des offrandes aux dieux pour demander leur faveur. Il n’y a que des vierges qui peuvent l’effectuer sur la demande du plus ancien de la tribu.  Plus précisément, cette danse doit être initiée par la jeune femme qui est amoureuse et décidée à s’offrir en mariage à l’élu de son cœur.

Ce soir-là, avec de belles plumes d’oiseau de la forêt et de peintures tirées de plantes, d’insectes et de coquillages rares, le grand chef traça des signes de rituel sur les corps à demi nus des jeunes gens de la tribu, ces derniers étant vêtus d’un simple pagne de feuilles d’arbres en signe d’humilité. Certains apportèrent des instruments de musique en bois et en cuir qu’ils jouèrent tandis qu’ils s’agenouillaient en formant un cercle sur la rive de la grande rivière. Les femmes avancèrent vers le centre du cercle, leurs corps à demi nus peints et recouverts de rubans multicolores et d’un court vêtement ceint aux hanches. Leurs cous et leurs chevilles étaient ornés de colliers de plumes

et de paillettes brillantes et, dans leurs mains, elles tenaient des poteries incrustées d’or et de pierres précieuses.

La cérémonie commença donc au son harmonieux et doux des instruments de musique. Les femmes s’agenouillèrent et inclinèrent la tête, laissant tomber leurs cheveux épais et déliés sur leurs visages, pour donner le temps à celle qui aurait décidé de se marier de se manifester en toute liberté.

À la grande surprise de toute la tribu, Catalina avança, le corps couvert de poussière d’or, le front ceint d’une fine couronne en or gravée de représentations du soleil, décrivant l’union et l’amour. De son cou pendaient de minces colliers, et ses mains et chevilles étaient ornées d’or et de plumes. De sa taille descendait un fin paréo duquel tombaient en pluie des fils d’or, de minces cordons multicolores finement tissés et entrelacés de pierres précieuses et de paillettes reluisantes.

Elle entra au milieu du cercle et déclara d’une voix claire et ferme : « J’aime de tout mon cœur et de toute mon âme le cacique Lune Nouvelle et je désire être sa femme. » Puis elle commença la danse, et toutes les jeunes filles la suivirent au rythme de la musique et, doucement, elles se glissèrent et prirent place dans le cercle des jeunes hommes, laissant Catalina seule au milieu. Elle dansa sous les rayons de la lune qui rehaussait les formes de sa beauté naturelle. Elle entra dans la grande rivière et y versa toutes les offrandes aux dieux en échange de la vie de Lune Nouvelle.

Elle ressortit de l’eau brillante et elle continua la danse jusqu’à très tard dans la nuit. Quand la lune se perdit à l’horizon, laissant place au soleil qui surgit à l’est, donnant naissance ainsi à un nouveau jour, la cérémonie prit fin. Ce fut à ce moment précis, entre la nuit et le jour, qu’un changement survint dans la santé de Lune Nouvelle. Il commença à récupérer ses forces, et son teint pâle et livide comme la mort, reprit de sa couleur vitale. Catalina, épuisée par la longue danse rituelle, s’était effondrée à ses côtés et plongea dans un sommeil profond. Le vieux shaman s’aperçut que Lune Nouvelle avait ouvert les yeux et regardait, émerveillé, sa bien-aimée Catalina, assoupie près de lui. Doucement, il passait sa main sur la longue chevelure noire de la jeune femme qui s’éveilla pour l’embrasser, transportée de joie et de bonheur!

Tandis que des larmes coulaient le long de ses joues bronzées, Lune Nouvelle lui demanda : « Mais, voyons, Catalina, pourquoi pleures-tu? »

Émue, elle lui répondit : « Oh! J’ai tellement eu peur de te perdre! Je t’aime tellement! Sans toi, tu le sais bien, je ne saurais vivre! »

« Mais, quand tu m’as dit cette fois-là que tu ne m’épouserais pas, j’ai pensé que tu ne m’aimais pas », lui répondit Lune Nouvelle.

« Je t’aime, oui je t’aime vraiment! Tu es la lune qui éclaire ma vie, cacique Lune Nouvelle! » s’écria Catalina.

« Alors, veux-tu m’épouser, Catalina? », lui demanda Lune Nouvelle, avec un grand sourire éclatant.

La réponse de Catalina fut sans équivoque : « Oui, oui, mon cacique Lune Nouvelle! Je t’ai toujours aimé et j’accepte de t’épouser! »

Le vieux shaman les interrompit aussitôt, disant qu’ils avaient tous eu assez d’émotions pour la journée et qu’ils devaient attendre que le cacique soit complètement remis de sa blessure. Catalina promit alors de veiller sur son bien-aimé et d’en prendre soin. Après sept jours, l’événement tant attendu arriva où ils devaient unir enfin leur destinée. Catalina, l’Indienne rebelle, épousa le beau cacique Lune Nouvelle. Les festivités qui suivirent la cérémonie du mariage durèrent trois jours. Et peu de temps après, Catalina et Lune Nouvelle devinrent tous deux caciques et chefs de leur tribu. Ensemble, ils effacèrent toute discrimination de leur village, et ils bâtirent une communauté où ils firent régner la paix, le progrès et la justice pour tous. Ils vécurent longtemps dans leur village et ils furent très heureux.

Fin

 

 

L'histoire de la India Catalina est une propriété matérielle et intellectuelle de l'écrivain Gladys Carrillo Garcia,  droit d'auteur dûment enregistré.

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  • Aimez la !!
  • Aimez la !! 
     
     
     
    J'aurais aimé vous faire entendre raison,
  •  Vous qui n'avez jamais su  écouter,
  •  Il n'y a pas milles façons de comprendre
  •  Il faut juste savoir dialoguer.
  •  
  • Quand la lune apparaît
  •  Et que votre regard se fige,
  • Cherchant une bonne étoile
  • Pour oublier vos litiges
  • La vie, elle, ne fait que commencer..
  •  
  • . Et par-dessus tout être indifférent
  • Quand ce monde instable s'efface
  • Vos paroles en disent tant....
  •  Puis-je encore vous faire taire
  •  Et près de vous prendre place
  •  
  • Si vos maux s'envolent sans ailes
  •  Comme les feuilles emportés par le vent
  • Le cœur lui s'ouvre pour elle,
  •  Comme une rose qui éclos au printemps
  •  La vie, elle, ne fait que commencer...
  •  
  • Elle est oisive et prétendante
  • Comme un refrain perpétuel
  •  Elle est caprice et attachante
  • On la voudrait sensuelle...
  •  
  • Mais en réalité elle vous cherche
  •  Et vous provoque, toujours aimante,
  •  Onéreuse parfois elle s'en moque
  • personne ne s'en vante ;
  •  Elle est belle, docile et frivole 
  • La vie est un cadeau, une farandole...
  •  Aimez la !!!!
  •  
  • Nouria. le 5 Janvier 2012
 

 
 
 
 
 
 
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Le héron de Ste- Anne

    En remerciement à mes amis.

Great-Egret.jpg

 

                                                                 Il s'est avancé prudemment      

Marchant majestueusement,

Puis s’est arrêté solitaire,

Les pattes dans l’eau douce et claire.

...

Marchant majestueusement,

À petits pas, très lentement,

Les pattes dans l’eau douce et claire,

Il s’est figé dans la prière.

...

À petits pas, très lentement,

Ayant choisi l’emplacement,

Il s’est figé dans la prière,

Immobile comme une pierre.

...

Ayant choisi l’emplacement,

Le reflétant parfaitement,

Immobile comme une pierre,

Ce pêcheur parait en prière.

...

                                                                         14 septembre 2005

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Les Rois Mages - Extrait du livre prochain

LES TROIS ROIS MAGES-
Extrait du Jeu des Rois Mages - pour livre en préparation -

Chant de l'Arlésienne :Partez Ô Rois de l'Orient ...
Chant de l'étoile

Dans les lointains pays d'orient,
Par delà le désert de sable blanc,
Une étoile nouvelle est née,
D'une éclatante beauté,
La plus belle en vérité.

- Arlésienne et Chant de l'étoile .......

LE ROI MELCHIOR
(Vient de Perse - Jeunesse - Amour & Forces du cœur)

Vêtu d'un ROUGE manteau,
Dans son palais tout là-haut,
Le BON roi Melchior
dans sa lunette aperçoit l'astre d'or.
Il questionne son astronome :

- Quelle est cette étoile brillante
Qui vient éclairer les hommes ?
Dis-moi quelle joie elle nous chante
Et comment elle se nomme ?

- Dans mon grand livre, je regarde,
A chaque signe, je prends garde.
Ô c'est un grand mystère annoncé :
L'Enfant Divin sur terre est né !

- Hâtons-nous vers lui.
L'étoile tout droit nous conduit.
Emportons le plus beau cadeau
Pour l'offrir à l'Enfant Nouveau.

Mon page fidèle
Fais grand zèle.
Un grand voyage me faut faire
Aux confins de la Terre,
Au lointain,
Pour ADORER l'enfant divin.
Parmi tous mes trésors,
Apporte-moi le plus précieux
D'entre eux :
Le pur OR.

Chant de L’Arlésienne ...chant de l'étoile

LE ROI BALTHAZAR
(L'Inde - Âge avancé - Sagesse - Purification de l'âme)

Le noble et SAGE Roi Balthazar,
Vêtu d'un grand manteau BLEU
Sort admiré le soir.
Il voit briller dans les cieux
L'astre mystérieux.

- Regarde dans ta longue vue
Mon savant astronome.
Quel est cet astre merveilleux,
Dis-moi comment il se nomme ?

- Ô Grand Dieu
C'est jour heureux !
L'étoile nous parle de l'Enfant Jésus.
Le Roi Céleste est couché nu.
Son trône est sans couronne.
Il vient vivre parmi les hommes.

- Hâtons nous vers lui.
L'étoile tout droit nous conduit.
Emportons le plus beau cadeau
Pour l'offrir à l'Enfant Nouveau.

Viens mon fidèle page.
Il me faut faire un grand voyage,
Dans les pays lointains,
Pour HONORER l'Enfant Divin.
Va me chercher le pur ENCENS.
A l'enfant en ferons présent.
Va chercher l'encens précieux
Pour l'offrir à l'enfant des cieux.

 - Arlésienne et Chant de l'étoile .......

LE ROI GASPARD

(Vient d'Afrique-Egypte-Nubie - Age mur - Force de volonté)

Vêtu d'un grand manteau VERT,
Gaspard, le roi noir, FORT et fier,
De sa longue vue ajustée
Contemple la nue étoilée.
L'astre d'or lui apparait.

- Sage astronome, s'il te plait,
Quelle est cette éblouissante clarté ?
Une étoile à l'éclat sans pareil
Illumine mon être et le ciel.
Sa lumière chasse la nuit.
Mon cœur en est tout réjouit !
Est-ce là la prophétie ?

L'astronome répond aussitôt :
- Ô grand Roi !
Dans l'étoile, je vois un berceau.
Un enfançot
y est couché,
Resplendissant de beauté.
Le Sauveur de l'humanité
A Bethléem, ce jour est né.

- Hâtons-nous vers lui.
L'étoile tout droit nous conduit.
Emportons le plus beau cadeau
Pour l'offrir à l'Enfant Nouveau.

Viens mon fidèle page.
Il me faut faire un grand voyage
Dans les pays lointains
Pour bien SERVIR l'enfant divin.
Vas-t-en au jardin recueillir
Pour lui, la bienfaisante MYRRHE.

 - Arlésienne et Chant de l'étoile .......
et suite du Jeu théâtral

(* les majuscules du texte, données uniquement pour raison didactique ponctuelle
n'existent pas dans le vrai texte ni le livre à venir )

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L' Amour au service de la vie.

Contemple le monde avec amour

ne sois pas triste , sourie et prie

pour ceux qui n'ont plus d'abris

pour leur redonner le goût de la vie.

 

Regarde toi avec douceur

pour reposer ton coeur

de toutes ces douleurs.

 

 

Contemple le monde avec amour

ne baisse jamais les bras

car il te reste içi bas

des tas d'êtres à aimer.

 

Laisse toi porter par ton intuition

elle te mènera là où tu dois aller

le chemin est parfois bien longt

et on ne sais pas toujours marcher

mais là, je suis tes pas .

 

Je te raconte tout celà

car tu m'es chère

Je suis avec toi

même si tu ne me vois pas

je suis toujours là.

 

 

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Les Mémoires d'une jeune fille rangée

12272785283?profile=originalIl s'agit de l'autobiographie de Simone de Beauvoir (1908-1986), publiée à Paris chez Gallimard en 1958.

 

Simone de Beauvoir grandit à Paris, dans un milieu aisé et conformiste. Son enfance se partage entre l'intimité du cercle familial et une scolarité brillante par laquelle elle se sent accéder à tout l'univers: «De mon fauteuil studieux, j'entendais l'harmonie des sphères.» Au cours Désir, elle rencontre «une petite noiraude, aux cheveux coupés court», Élisabeth Mabille, surnommée Zaza, dont elle admire la vivacité et la spontanéité (I). Au moment de la puberté, elle se détache de son père, puis de sa soeur et de sa mère, et cesse de croire en Dieu. Elle éprouve du dépit de la désinvolture avec laquelle Zaza la traite parfois (II). Étudiante en philosophie à la Sorbonne, elle croise Simone Weil, Roger Vailland, mais ne se lie avec personne: «Il y avait longtemps que la solitude m'avait précipitée dans l'orgueil. La tête me tourna tout à fait.» Elle tente quelques incursions dans les cafés, boit de l'alcool, découvre le jazz, et se laisse aborder par des inconnus. Mais ces tentatives d'émancipation restent sans lendemain. Pendant ces années, elle entretient avec son cousin Jacques une amitié amoureuse et intellectuelle (III). Elle prépare l'agrégation en compagnie de Nizan et surtout de Sartre, avec qui elle se sent en profonde connivence. Fin de la relation avec Jacques. De son côté, Zaza, qui ne se résout pas à se détacher d'une famille hostile à ses projets de mariage, meurt avec l'amère conscience d'un échec. «Souvent la nuit elle m'est apparue, [...] elle me regardait avec reproche. Ensemble nous avions lutté contre le destin fangeux qui nous guettait et j'ai pensé longtemps que j'avais payé ma liberté de sa mort» (IV).

 

Ces Mémoires relèvent de l'autoportrait autant que de l'autobiographie. A la relation des menus faits de la vie quotidienne, l'auteur mêle une recherche des éléments fondateurs d'une personnalité qui s'affirme dès les premières années: «Aussi loin que je remonte, j'étais fière d'être l'aînée: "la première", "mon sérieux", c'était "tout moi", et je tenais énormément à moi.» Cette quête de soi-même est guidée par un souci d'exactitude qui pousse Simone de Beauvoir à évoquer sa vie avec précision et froideur. Comme une journaliste chargée d'une enquête, elle cite son journal intime à titre de document. Elle confronte ainsi l'impression immédiate et le recul de l'expérience dans des analyses marquées par le rejet des illusions ou de la complaisance. Elle dépeint sans indulgence ses travers (son «arrogante solitude», son absence de fantaisie ou de générosité) au point de paraître étrangère à elle-même. Ses souvenirs d'enfance la laissent insensible. Ses émois d'adolescente lui paraissent naïfs et conventionnels; elle se dit «soumise aux lois, aux poncifs, aux préjugés». Le ton est ainsi celui du réquisitoire, et non de l'apologie: la sympathie du lecteur n'est jamais sollicitée dans ces pages, et au charme du passé, l'auteur préfère la rigueur et la cérébralité d'une contestation lucide de ses erreurs d'antan.

 

Une double ambition s'affirme pourtant au fil des pages, qui transforme la terne chronique familiale en aventure individuelle. L'héroïne éprouve une volonté passionnée d'émancipation et d'affirmation de soi que couronne la rencontre avec Sartre, «intellectuel», «antibourgeois», dont l'«esthétisme d'opposition» donne droit de cité à sa propre pensée. Ce rejet d'un milieu familial conformiste se prolonge dans le désir très précoce de se consacrer à l'écriture, vocation dictée par l'exaltation que lui procure la lecture: «La littérature prit dans mon existence la place qu'y avait occupée la religion: elle l'envahit tout entière et la transfigura.» Mais le désir de «tout dire» de soi n'est pas seulement esthétique. Il donne sens à la vie entière: «En écrivant une oeuvre nourrie de mon histoire, je me créerais moi-même à neuf et je justifierais mon existence. En même temps, je servirais l'humanité: quel plus beau cadeau lui faire que des livres?» Le choix de l'écriture personnelle procède autant de la révolte que du don de soi.

 

Ces Mémoires (qui s'arrêtent à l'année 1929) ne sont que le début d'une longue autobiographie qui se poursuivra avec la Force de l'âge, la Force des choses et Tout compte fait.

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pensée.

Il pleut,

d'un manteau bleu je suis vêtue,

un parapluie jaune soleil entre mes mains est grand ouvert,

ma chevelure ruisselante sur mes épaules

au vent d'hiver se mêle ;

sur mes lèvres étincelle votre nom,

ce petit vol secret.

Chantante est l'ondée !

Je marche sereinement, le cœur tout plein,

un peu perdu, enfin nu.

Je songe à vous, qui écoutez, entendez les autres

tout le temps, qui donnez votre voix, votre silence

et puis vos yeux ;

oh présence si précieuse, chaleureuse, ressucitante !

Vous me rendez heureuse, femme infiniment,

amoureuse.

Il tonne,

fleur de pavé je suis, diaphane et longiligne,

très jazzy sous la pluie.

Entre vos mains j'éclos, adoucie, sans épine j'existe.

Je grandis, je jaillis ; ma croissance est un chant.

grâce à vous, partout je fleuris !

Pensée bleue.

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Les témoins

 

J'ai revu les témoins de ma vie de naguère

Lorsque je me heurtais aux parois du savoir,

Des témoins qui jugeaient, sans rien apercevoir,

Des remous de mon âme où cognait la colère.

 

Ma mère était papillonneuse

Elle trimait sans un refrain

Pour gagner le pain quotidien

Je n'étais pas vraiment heureuse.

 

J'étais une bonne écolière

Première en classe le matin,

Aussi première aux examens

Et ma mère en était si fière!

 

Mais les ragots dans le village

Déjà, se frayaient un chemin

Et les pipettes à venin

Se préparaient aux commérages.

 

A quatorze ans, finie l'école.

C'était l'usine ou l'atelier

Où meurent les fleurs en papier

De l'écriture sans parole.

 

Je me suis trouvée prisonnière

D'une mansarde sans maison

Où s'éteignaient toutes chansons :

J'étais là, seule, pensionnaire.

 

Il me fallait bien ce bagage

D'études sans rimes raisons,

De solitude sans pardon

Où glissaient de mornes visages.

 

J'étais aussi bien trop jolie

Pour ce métier qu'on destinait

Aux dragons vertueux, parfaits,

Mais sans aucune fantaisie.

 

J'aimais trop bien les ritournelles,

Les rires fous et sans façon :

Je me faufilais l'hameçon

Préparé par des haridelles.

 

Un beau jour j'ai largué la voile

Aux quatre coins de l'horizon,

Avec au bras un beau garçon,

Le ciel d'Afrique pour étoile.

 

Le soleil battait la mesure :

Adieu la pluie, adieu le gris !

Je me noyais dans l'Infini

Et sentais vibrer la Nature.

 

Mais le bonheur est éphémère

Il a duré quatre saisons.

Avant de partir à la guerre,

Il s'est pendu dans l'illusion.

 

Pendant ce temps les haridelles

Préparaient le vin du retour

C'était un vinaigre d'amour

Pour dissoudre les coeurs rebelles.

 

Et les machines infernales

Ont pris mon corps dans un étau,

 Traîné ma vie dans le ruisseau

Pour un enfer de bacchanales.

 

J'implorais dans ma solitude

Un peu de rêve et de beauté :

on me servait l'iniquité

Sur un plateau de servitudes.

 

Alors j'ai hurlé ma colère

A ces paragons de vertu

Qui écrasaient comme un fêtu

Ma vérité de roturière.

 

C'est ici la fin de l'histoire

D'une fillette qui aimait

De la tendresse le portrait

Mais cherche encore un auditoire.

 

J'ai revu les témoins de ma vie de naguère

Lorsque je me heurtais aux parois du devoir,

Des témoins quiriaient, sans rien apercevoir,

Des tourments de mon âme où cognait la colère !

 

Papillonneuse : ouvrière chargée de préparer les "papillons" destinés aux métiers à filer la laine.

 

Rolande Quivron (E.L. Quivron-Delmeira)  26-10-1974

 

Etrait du recueil "Intégrales" (La Pensée Universelle-Poètes du Temps Présent) 1983

 

 

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Statistiques officielles du Réseau Arts et Lettres

598 552 visites dont 307 193 visiteurs uniques

12272784495?profile=original

Je dois malheureusement faire ce genre de travail horripilant de temps en temps, mais le résultat me semble quand même satisfaisant. Techniquement les serveurs tiennent bien le coup en supportant les lourdes charges de consultation, les membres reviennent et se fidélisent, le nombre de vidéos et d'oeuvres déposées augmente en qualité et en quantité régulièrement, le référencement dans les moteurs de recherche est très bien optimisé. 

Peu de confrontations et de conflits naissent, les 3 modérateurs (ainsi que moi-même) ne stressent que fort peu quant à des communications inadéquates. Un point cependant ne me satisfait que faiblement: les membres n'invitent que fort peu d'amis extérieurs à rejoindre le réseau.

Mais ce qui réjouit surtout est que les membres tissent de plus en plus de relations positives entre eux.

Comme dirait Jiembé: "Et Hop, que du bonheur".

Merci de votre attention

Robert Paul

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Hiver,

Clarté de l'hiver,

ciel de verre ; fragilité superbe,

couleur menthol,

contre ma peau ton cache-col.

Doux répit !

Avenues, toitures saupoudrées

d'un extraordinaire soleil,

un peu vert, pas très chaud,

éblouissant entre deux pluies,

consolant !

Un rire entre deux peines,

une lumière entre deux portes

closes et sombres,

puis derrière ce jardin que tu

fleuris pour moi ;

éclaircie un peu vague,

ma voix dessinée,

  entrebâilleuse des portes lourdes,

pour te toucher plus fort perd son sang !

Sur l'arbre bleu et nu,

l'oiseau attristé ébruite des

notes de poésie dans le tumulte

métallique du Monde qui tombe,

se détricote ; froid.

J'écris, je sens la racine de

l'arbre trembler un peu, s'impatienter,

épouser l'architecture

de mon corps tout entier,

puis incendier mon âme.

Cette cinquième saison porte ton nom.

Rencontre, vie que l'on se donne.

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