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la vie renouvelee

.....Ce matin, l'esprit et le coeur léger

Je me suis réveillée à la Vie!

Je la bénis en mon âme immortelle

Je chante à la vie un chant nouveau

Tapant sur mon tambourin, je tape dans les Mains

tapent des pieds, bas le rythme de la vie qui frétille

En mes veines, je sens ce souffle nouveau,

Qui a surgi du tréfond de mon coeur,

de mon âme éclairée,éveillée et renouvelée

J'ai effacé hier, d'un esprit de paix et

de joie ivre de vie, je vais de l'avant le coeur ardent,

En ma bouche, je souffle  ces mots de vie

de joies scintillants de liberté...

Aimes la vie!!!

l'esprit de la vie est venu cette nuit

Il m'a baisé de ses caresses de ses mots doux,

de ses "je t'aime"

Ecoute..... le soleil vient de se lever

As-tu entendu les mésanges, le rouge-gorge qui chante

à gorge déployée

Il a frappé à la ta porte...toc, toc....

je suis la en toi, en ton coeur,

Toc...toc, As-tu perçu cette vie?

Tapes des mains, tapes des pieds

Hume mon parfum

As-tu vu cette rosée?

Ce matin, cette toile tissée de quelques gouttes?

Essuie tes larmes, la vie

t'attend, quand l'amour passe,

garde le au creux de tes mains et souffle

cette nuée de perles de lumière sur tes voisins

Chéris la......Efface hier,,

Hier n'est plus...Vis ce moment présent

En ma grâce tu demeureras, je suis la Vie

en toi et avec toi

D'un coeur ardent, positif, construis

ta vie.... tu es libre en mon amour

Toc....toc, je suis ce que tu es....

En ton coeur qui vis de ma vie

Toc...toc, je frappes à ta porte

Ouvres moi ton coeur et je l'inonderai

De mon éther encore et encore

Vis et aimes la vie

Toc...toc...Aimes la vie   Toc...toc

fait à Fleurus le 26.11.2011.

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administrateur théâtres

La revue 2012 (au théâtre Royal des Galeries)

 La revue 2012

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        Bravo ! - De tous les peuples de la Gaule,12272778072?profile=original                        les Belges sont les plus braves - 12272777675?profile=original

 

Bravo à nos amuseurs traditionnels, Richard Ruben et ses partenaires de scène pour cette revue 2012,  si légère, enlevée, rythmée, pétillante de gaité et de bons mots.

Si vous n’avez jamais été à une revue du théâtre des GALERIES, c’est l’année ou jamais pour y débarquer avec famille, amis et ennemis car ils seront tous surpris et vous en aimeront d’avantage. Lâchers de bulles de  rires garantis.  

Plaisirs des vieux ? Sûrement pas ! On se saoule de rire,  on glousse, on gronde de plaisir et ce mélange bien dosé d’autodérision, de railleries de chansonniers moqueurs fait mouche. Les chansons, ma foi, très profondes sur chorégraphies parfaites sont sans la moindre once de vulgarité. La verve et le talent de ces artistes plus mobiles que des étoiles filantes ont produit cette année un spectacle de fin d’année crépitant, énergique et artistique.

Immense escalier mythique, décors sobres et lumineux, jeux sonores bien dosés, costumes pleins de subtilité. Incontournables, les imitations de films ou de chanteurs ont fait recette. Ce produit saisonnier est un des meilleurs crus que l’on ait goûté. Très bons textes d’un humour d’excellent goût, c’est  plutôt rare dans ce genre de spectacle.  

Il faut dire que non seulement l’actualité belge si riche en rebondissements, petits pas, allers-retours, démissions,  et revirements …. mais aussi l’actualité internationale et les phénomènes de société ont été mis sous la loupe du rire. Il y avait l’embarras du choix pour déclencher  le plaisir du rire porte-bonheur.

 Sur scène: Elio Di Rupo, Yves Leterme, Alexander De Croo, Wouter Beke, Joëlle Milquet, Laurette Onkelinx, Brigitte Grouwels, Annemie Turtelboom, Le Roi, Le Prince, Charles Picqué, Wouter Beke, Didier Reinders, DSK, Anne Sinclair, Bart de Wever, Olivier Maingain, Rudy Demotte, Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et Michel Daerden… entre autres !

Photos : ici ! 

Cendrine Ketels, Angélique Leleux (Marine Le Pen), Bernard Lefrancq, Pierre Pigeolet, pour ne citer que les grands héros du spectacle, alternent leurs talents pour faire rire la basse-cour entière : entendez les waflambru  de tout poil! Leeuw-leeuwrico!

 

 

La Revue 2012   Du 07 décembre au 05 février 2012

La Revue 2012, avec son regard rétrospectif sur les événements de l’année, se veut rafraîchissante, pertinente, acidulée et… zwanzeuse.

Avec Richard Ruben , Bernard Lefrancq , Marc De Roy , Angélique Leleux ,

Pierre Pigeolet , Cendrine Ketels, Anne Chantraine , Véronique Lievin,

Frédéric Celini, Kylian Campbell.

Mise en scène : David Michels et Bernard Lefrancq

Décors de Francesco Deleo / Lumières de Laurent Comiant

Chorégraphies de Patricia Bonnefoy

Réalisation musicale de Bernard Wrincq

Costumes de Ludwig Moreau et Fabienne Miessen 

http://www.trg.be/Public/Page.php?ID=3330&ancestor1=3193&saison=3180                                                                                                                                   

 

La location est ouverte du mardi au samedi de 11h à 18h : 02 512 04 07

Pour la Saison 2011/2012 en pdf : cliquez ici !

 

 

 

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La jeune femme et la chatte.

Dans un jardin par l’hiver assagi,

une jeune femme dans ses bras frêles,

vêtue d’un manteau vert,

 berce une chatte claire,

minuscule et lovée ;

 à peine le poids d’une plume,

d’un souffle désespéré !

 

Peau blanche et robe argentée

frissonnantes et mêlées,

ressemblantes,

complicité muette, féminité exacerbée, beauté,

discrètes !

 

Même abandon,

même solitude,

au fond elles sont pareilles,

don d’elles-mêmes,

 

Jalousie des fleurs

les plus déshabillées !

 

Mais,

 

Les roses bleues de l’allée

pour elles se désépinent,

désarmées, carressables,

tremblent près du charme,

adoucies, délicates

à l’instar d’une soie écarlate.

 

Tombe la neige,

étincelance,

Manteau vert, manteau blanc, robe argentée

 mêlés jusqu’au bout de l’hiver.

 

 

 

 

 

 

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Le coeur d'un enfant.

Le coeur d'un enfant

c'est tellement grand

 

Son sourire apaise nos maux

Son visage reflète le bonheur

et nous montre combien c'est beau

de laisser parler son coeur.

 

Les rêves d'un enfant

sont l'espoir des grands,

dans ce monde compliqué

ses voeux à lui sont exaucés.

 

Le coeur d'un enfant

défie le temps

avec l'amour dans les yeux

tout lui semble si bleu.

 

Ne laisse pas s'encourir

ces moments, ces sourires

qui nous font grandir

car fragile est l'avenir.

 

Les histoires d'un enfant

nous apprennent souvent

à rire de notre présent

à relativiser nos tourments.

 

Sois cet enfant en toi

qui demande a être là

retrouve alors la joie

d'être encore un enfant

qui rêve de n'être jamais grand. 

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 Peio Serbielle, un artiste aux multiples facettes, chant, cinéma, composition,etc...un talent pluridisciplinaire.


Il évoquera son actualité artistique - préparation du nouvel album ZARA, ("Tu Es"), 2ème chapitre de la trilogie NAIZ - ZARA - GARA  (Je Suis - Tu Es - Nous Sommes). le film sur le Pays Basque "XAN NAIZ NI", Voyage en Terres Sauvages", réalisé avec Marc Large et Patrice de Villemandy. Une "ode à la Terre Basque et Occitane", avec de superbes vues, actuellement en Tournée.

Bonjour à tous,

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Je vous invite à me retrouver sur France Inter, le mercredi 14 décembre 2011 de 21h à 22 heures dans l'émission "Ouvert la nuit" présentée par Alexandre Héraud et Tania de Montaigne

Je parlerai du film XAN NAIZ NI – Voyage en Terres Sauvages, de la préparation de mon nouvel album ZARA, et de la situation politique en Pays basque. 

Dans ce cadre, j'ai également invité Mgr. Jacques GAILLOT, acteur solidaire de ce processus de Paix en Pays Basque.

Pour écouter cette émission en direct : http://www.franceinter.fr/emission-ouvert-la-nuit

Et le Site est toujours à votre disposition si vous souhaitez écoutervisionner d'autres émissions, lire les articles déjà parus, télécharger ou acheter le dernier album NAIZ

 

A très bientôt et merci de votre fidélité.

 

Peio


http://peioserbielle.com/ventes/naiz.php

Peio travaille à l'écriture de son prochain album, ZARA ("Tu Es"), 2 ème chapitre de sa trilogie.

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Pensées extraites, recueil de poésies

  • PENSEES EXTRAITES recueil de poésies disponible chez l'auteure - 11€ +frais de port en vigueur
    Contact: plumedit@laposte.net
  • La poésie est présente en chacun de nous, elle s’habille de mille couleurs et s’imprègne de tous les maux.
    Elle est un théâtre où se joue la vie, faite d’improvisations et de répétitions, d’imagination vagabonde. A travers ces fragments de vies rimées, le lecteur s’identifie aux personnages, aux situations et atmosphères particulières, s’intégrant lui-même au décor, prenant ainsi part à la pièce, endossant le rôle qu’il aura lui-même choisi.
    Chacun se laisse volontiers porter par les émotions nouvelles, enfouies, oubliées ou avortées. 

    Je laisse, pour ma part, libre cours aux interprétations, parfois manquées, et des mots je m’inspire, pour sans cesse rejouer la scène.

    Chaque jour est une naissance m’apportant un nouveau souffle imaginaire, un regain de pensées à vous faire partager.

    Un écrivain n’a de raison d’être que par la main du lecteur qui tourne les pages de son œuvre. 

    Corinne SERGENT
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Le tableau de Gavrila

Le tableau de Gavrila

      Antonia Iliescu

C’est quoi le chiffre trois?

Un triptyque de Van Eyck? La Bible, ou la croix

rappelant Père, Fils, Saint Esprit dans le jardin d’Eden

qui nous mènent en douceur vers l’éternel Amen?

Mais nous sommes toujours trois, avec nos langues clouées

dans des palais de bouches... On dirait unité...

Un vif triptyque qui cache sous des couleurs de soie

dans un mystère biblique tout homme, lui, toi et moi.

Trois cloches dans l’azur qui raisonnent dans les cieux

avec leur langues muettes de métal mystérieux,

par la porte bleue des yeux, largement ouverts

nous apportent de là-haut toute la musique des sphères.

Odeur blanche d’encens, odeur de bois séché

qui brûle et déchiffre les signes indéchiffrés.

Je me demande: la main qui tire les cloches,

Cette main vêtue de blanc, absente sur la toile,

pourtant présente partout et qui enfante l’harmonie,

Cette main qui nous unit, cette main... c’est à qui?

- C’est la main de Messie.

Cachée sous l’œil magique du peintre de génie,

avec un peu de blanc, avec un peu de jeu,

elle nous a conduits

vers le Grand Inconnu,

où règne le rêve bleu.

(extrait du volume « Nãscãtorul de perle » (L’enfanteur de perles ») de Antonia Iliescu, Ed. Pegasus Press, Bucarest 2010)

 

 

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Regarde autour de toi...

Regarde autour de toi

Entends celui qui pleure

 

Regarde et réagis à ta façon

comme tu le peux , avec tes moyens ...

 

La vie n'est pas rose pour tout le monde

alors tends la main à celui pour qui rien ne tourne rond.

 

C'est parfois bien difficile de voir le malheur

de l'autre en se sentant impuissant ...

 

Je ne suis pas exemplaire , je ne suis pas millionaire

parfois l'argent règle bien des problèmes même si le coeur a son importance..

 

Je voudrais démollir ces montagnes qui t'empêchent de voir la lumière

je voudrais te parler , te dire combien je t'aime mais  la souffrance

 de te voir si fragile me ramène à mon existence...

 

Le sentiment d'être incapable de t'aider

me fait violence , je ne suis qu'une déchirure du passé.

 

Mes souvenirs de ton enfance , si drôle et pleins de vie

que reste t'il aujourd'hui , je ne sais t'aider et celà nourit ma douleur.

 

Quelle  tristesse inonde mon âme

de ne plus te tendre les bras

la déchirure trop profonde me tiends loin de toi

ma lacheté me culpabilise et me rends malade

 

Pourtant si les armes m'étaient données

je t'aiderai dans tes combats ,

je serai alors en paix avec mon coeur.

 

Mais je ne sais , je ne peux plus t'aider

te soutenir ou t'entendre , ma lacheté est bien trop présente.

 

A tous ceux qui veulent sortir un être cher de ses problèmes

et qui y arrivent même lorsque celà semble presque impossible

je leur dis merci car moi je n'y arrive pas.

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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J'aime écrire des phrases qui sonnent mécanique.
Certains mots claquent, d'autres s'en cliquent.
Je ne suis pas artiste, j'insiste et cela m'attriste.

 

Il arrive que ma psychanalyste analyse une liste. 
De choses trop étranges qui me dérangent. 

 

J'aime réciter mes écrits le matin tôt.
Paroles et gestes parfois devant le micro.
Accepteriez cette comédie, c'est si rigolo.

 

Sur mon papier ma plume glisse, s'use et cela m'amuse.
Une préface, des chapitres et de nombreuses pages. 
Deux cents feuilles de brouillon pour un petit ouvrage.

 

Je ne me sens pas poète, ce serait trop facile.
De longs et beaux paragraphes, bien difficile !

 

Une certaine thérapie ces écrits, de la magie.
Le ciel, le vent et la nuit souvent m'inspirent.
Devant les grands de l'écriture, je m'incline.

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Même si l'on ne saurait épouser dans son entité intégrale, cette magnifique vision, quel témoignage intemporel d'une élévation spirituelle, incitant l'humanité à la fraternité entre civilisations :

" La culture ne connaît pas de nations mineures, elle ne connaît que des nations fraternelles."


Amour  professé par une ardente de l'Antiquité grecque, au péril de sa vie, et qui nous légua en héritage cette devise :

"Je ne suis pas venue sur la terre pour partager la haine, mais pour partager l'amour».

                                                                                                                          Antigone


Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames,
Messieurs,
Je dois d'abord transmettre les sentiments amicaux du Général de Gaulle à tous ceux qui participent à une entreprise à laquelle il attache une haute signification.
Nos collègues vont vous entretenir des problèmes essentiels du monde francophone: et, en particulier, selon les perspectives suggérées par Messieurs les Présidents du Sénégal et de la Tunisie, de l'organisation de ce monde. En un temps où les empires morts ont fait place à de vastes républiques de l'esprit, qu'il me soit permis de me limiter aux valeurs que nous défendons ensemble dans ce domaine, aux réponses que la culture française d'hier, la culture francophone de demain, apportent aux questions décisives que nous pose à tous la civilisation d'aujourd'hui.
Jamais l'humanité, même lors de la chute de Rome, n'a subi en une seule génération une si profonde métamorphose. Dans le domaine de l'esprit comme dans tant d'autres, nous sommes en face d'une nouvelle civilisation. Non seulement nouvelle en face de celle du XIXème siècle, mais encore en face de toutes celles qui l'ont précédée. C'étaient les grandes civilisations agraires, et les Conseillers des pharaons ou d'Alexandre étaient presque les mêmes que ceux de Napoléon. Mais si Napoléon eût pu parler assez facilement avec Ramsès des moyens de gouvernement, il aurait grand mal à en parler avec le président Nixon, Staline, le Général de Gaulle ou Mao-Tsé-Tung.
Dans ce domaine de l'esprit, la première caractéristique de notre époque c'est évidemment la diffusion des oeuvres. Mais de façon plus complexe qu'il ne semble. Parce que les disques, les photos d'oeuvres d'art, les traductions, le cinéma, la télévision, apportent la présence concrète de la première culture mondiale. L'humanité prend à la fois conscience des invincibles frontières qui la morcelaient, de l'impossible dialogue, par exemple, entre la civilisation aztèque et celle de la Chine ancienne - et des sentiments profonds qui nous unissent. Dans l'une des versions d'Anna Karénine, un metteur en scène américain, qui faisait jouer par une actrice suédoise, Garbo, le personnage illustre conçu par un romancier russe, a fait pleurer les foules de tous les continents. Chaplin a fait rire l'Afrique comme il avait fait rire les Etats-Unis.
Prenons garde que ce n'est pas d'une juxtaposition des connaissances que nous sommes les premiers héritiers. Les statues africaines ou celles des hautes époques, qui entrent à côté des statues grecques dans nos musées et dans nos albums, ne sont pas des statues grecques de plus. Il ne s'agit pas de rivalité. La statue africaine n'est pas meilleure ou moins bonne : elle est autre. Elle met en question notre notion même de l'art, comme l'entrée en scène presque simultanée de toutes les cultures met en cause notre civilisation. La métamorphose apporte sa propre création. Qu'auraient eu à se dire Saint-Paul et Platon ? Des injures ? Pour que leur dialogue devint possible, il fallait que naquit Montaigne.
Nous sommes chargés de l'héritage du monde, mais il prendra la forme que nous lui donnerons.
C'est ici qu'entrent en jeu les grandes cultures nationales. Car, en même temps que notre siècle découvre la culture mondiale, il découvre, à sa grande surprise, le renforcement des nations. Par les grandes voix alternées de Marx et de Victor Hugo, le XIXème siècle avait proclamé la venue de l'Internationale politique. Peu après, Nietzsche annonçait : «Le XXème siècle sera celui des guerres nationales ... » Partout les nations naissent ou renaissent. C'est Nietzsche qui a gagné. Mais prenons garde que les nations, dans notre siècle, ne sont plus ce qu'elles furent jadis. Le fait national est l'un des plus importants de notre temps, mais il n'est plus la base du nationalisme, il est, avant tout, un problème. Pour en prendre pleinement conscience, il suffit de comparer la Chine des empereurs et la Chine de Mao-Tsé-Toung, l'empire des tsars et la Russie soviétique. Peut-être suffit-il de penser à Prague...
Notre propre problème n'est donc nullement dans l'opposition des cultures nationales, mais dans l'esprit particulier que nos cultures nationales peuvent donner à la culture mondiale. Nous sommes de culture française, et entendons le rester parce que nous avons découvert la faiblesse de l'abstraction en ces matières. Quand nos communistes voulaient n'être pas Français, ils ne devenaient pas internationaux mais Russes ou Chinois.
Ce qui tient d'abord à la fonction nouvelle de la culture. Toutes les civilisations qui ont précédé la nôtre ont été des cultures religieuses, à l'exception de quelques siècles d'Occident. Pour les masses, les valeurs essentielles, le caractère exemplaire de l'homme, étaient données par la foi. Pour la chrétienté entière, le type exemplaire de l'homme médiéval a été le chevalier. Pour le Moyen-Age, le lieu de la culture, ce n'était pas la bibliothèque, c'était l'Eglise.
La Renaissance a changé tout cela. Pour un nombre d'hommes assez restreint, elle a inventé une antiquité exemplaire. Pour la Toscane de Laurent le Magnifique, l'antique ne fut pas, comme pour nous, une civilisation parmi d'autres, l'objet d'une interrogation : l'antiquité, c'était Plutarque ; le monde de Périclès, d'Alexandre et de César, où Néron glissait comme une ombre. C'était le monde des penseurs ressuscités pour transmettre une des plus nobles images de l'homme. Le mot culture prit alors le sens que nous lui donnons encore. La Renaissance ne fut nullement anti-chrétienne : son objet, ce fut d'unir Socrate et Bernard de Clairvaux, le sage et le saint, le héros et le chevalier. Ce qu'elle attendait du passé qu'elle ressusciterait, au temps où la chrétienté perdait sa puissance de cathédrale, c'était la défense de ses propres valeurs.
Nous aussi. Mais de façon plus dramatique, parce que nos valeurs sont beaucoup plus menacées.
Elles le sont d'abord parce que notre civilisation est une civilisation agnostique. Pour la première fois, le cosmos et l'homme sont irréductiblement dissociés. Nous connaissons mieux que tous nos prédécesseurs les lois de l'univers ; mais à l'univers d'Einstein, l'homme n'est pas nécessaire, sauf pour le concevoir. Notre univers pourrait très bien se passer de l'homme. Nous le connaissons mieux qu'on ne l'a connu avant nous ; mais quelle relation établissons-nous entre les lois de la matière et la découverte de l'inconscient ?
Voici donc, pour la première fois, une civilisation que ses rêves orientent ou possèdent, et qui n'ordonne pas ses rêves. On a beaucoup dit que la machine excluait les rêves, ce que tout contredit. Car la civilisation des machines est aussi celle des machines à rêves, et jamais l'homme ne fut à ce point assiégé par ses songes, admirables ou défigurés. Mais jamais une pareille soumission à l'infantilisme, n'aura proposé, à tous les hommes de la terre, un peuple de rêves qui ne signifie rien au-dessus de quinze ans. Les rêves n'ont pas d'âge ? Ils peuvent appartenir à une enfance qui est le pôle secret de la vie, ou à une enfance qui en reste le balbutiement. Pour la première fois, les rêves ont leurs usines, et pour la première fois l'humanité oscille entre l'assouvissement de son pire infantilisme, et la Tempête de Shakespeare.
Chaque civilisation a connu ses démons et ses anges. Mais ses démons n'étaient pas nécessairement milliardaires et producteurs de fictions. Tôt ou tard, l'usine de rêves vit de ses moyens les plus efficaces, qui sont le sexe et le sang. Et une seule voix est aussi puissante que celle des instincts fondamentaux : celle de la survivance, que l'on appelait jadis l'immortalité.
Pourquoi ? Nous l'ignorons, mais nous le constatons. Devant le Cid, devant Macbeth, devant Antigone, nous découvrons que ce qui s'oppose au plus agissant langage des instincts, ce sont les paroles et les formes qui ont triomphé des siècles. L'oeuvre la plus puissamment basse ne prévaut pas contre l'écho de ce que la petite princesse thébaine disait au pied de l'Acropole : «Je ne suis pas venue sur la terre pour partager la haine, mais pour partager l'amour».
Notre culture commune, c'est ce que nous choisissons pour permettre à notre civilisation de lutter contre ces usines de rêves ; ce qui permet de fonder l'Homme lorsqu'il n'est plus fondé sur Dieu. Ainsi, sa fonction, dans notre civilisation, apparaît-elle clairement. Et avec elle, l'absurdité du problème qui se pose depuis cinquante ans, celui de la rivalité des cultures vivantes. Il est sans intérêt de chercher si nous devons préférer la culture française à l'anglaise, l'américaine, l'allemande ou la russe. Parce que nous pouvons connaître - nous devons connaître - d'autres cultures que la nôtre ; mais nous ne les connaissons pas de la même façon. Le colonel Lawrence disait par expérience que tout homme qui appartenait réellement à deux cultures (dans son cas, l'anglaise et l'arabe) perdait son âme. Pour atteindre la culture mondiale - ce qui veut dire aujourd'hui, pour opposer aux puissances obscures les puissances d'immortalité -chaque homme se fonde sur une culture, et c'est la sienne. Mais pas sur elle seule.
Nous avons vu les grandes nations, l'une après l'autre, donner aux grandes religions leur forme particulière, le catholicisme devenir gallican, le bouddhisme indien devenir japonais. Encore le christianisme est-il devenu d'abord romain; et chacune des grandes civilisations occidentales est-elle devenue grecque, à sa manière, Pour maintes nations, la culture française est en train de jouer le rôle médiateur que joua jadis la culture grecque.
Ici se présente l'une des plus saisissante aventures de l'esprit que notre siècle ait connues, celle de l'entrée des cultures africaines dans la civilisation universelle. Avec sa sculpture, sa danse et sa musique, l'Afrique a pris conscience de ses propres valeurs. On sait désormais que les Ancêtres ne sont pas des fétiches. Et il se trouve que ces valeurs fondamentales proclamées comme celles de la Négritude sont exprimées principalement par des Africains de culture française. Nous assistons à une puissante symbiose afro-latine. L'indépendance politique retrouvée, je la crois viable, pour les mêmes raisons qui rendront viable la symbiose gallo-romaine. La Gaulé s'est accordée à Rome un temps où Rome était devenue universaliste. Il y a des peuples qui ne sont jamais plus grands que lorsqu'ils se replient sur eux-mêmes; l'Angleterre de Drake et de la bataille de Londres. Et il y en a d'autres qui ne sont grands que lorsqu'ils le sont pour tous les hommes. Sur toutes les routes de l'Orient, il y a des tombes de chevaliers fran- çais ; sur toutes les routes de la Révolution, il y a des tombes de soldats français. Et sans doute est-ce à cause de la Révolution française que notre culture exprime mieux que d'autres les valeurs profanes qui ont succédé aux valeurs chrétiennes - ce qu'un Africain, et non un Européen, a nommé «l'appel de l'homme à l'homme, les grands besoins élémentaires de justice, de fraternité et d'amour». Peut-être est-ce en liaison avec les Etats-Unis que l'Afrique a exprimé le plus puissamment, par la musique, l'émotion de son malheur ; mais c'est certainement à travers la culture française qu'elle exprime le plus puissamment sa liberté.
Car une culture n'est pas seulement un ensemble de connaissances mais aussi un héritage particulier de la noblesse du monde.
Et c'est, avant tout, une volonté. J'ai écrit jadis : la culture ne s'hérite pas, elle se conquiert. Ce qui doit nous unir, c'est l'objet de cette conquête.
Nous ne voulons pas plus d'un héritage français que d'un héritage américain ou russe ; mais nous voulons que la culture française retrouve, en nous tous, ce qui fit sa grandeur passée, la confiance en tous les hommes qu'elle a marqués par sa longue traînée d'espoir révolutionnaire, de tombeaux et de cathédrales. Il y a dix ans que j'ai proclamé, au nom de mon pays, devant l'Acropole illuminée pour la première fois : « La culture ne connaît pas de nations mineures, elle ne connaît que des nations fraternelles.»

Seule, la culture francophone ne propose pas à l'Afrique de se soumettre à l'Occident en y perdant son âme; pour elle seule, la vieille Afrique de la sculpture et de la danse n'est pas une préhistoire; elle seule lui propose d'entrer dans le monde moderne en lui intégrant les plus hautes valeurs africaines. Nous seuls disons à l'Afrique, dont le génie fut le génie de l'émotion, que pour créer son avenir, et entrer avec lui dans la civilisation universelle, l'Afrique doit se réclamer de son passé. Nous attendons tous de la France l'universalité, parce que, depuis deux cents ans, elle seule s'en réclame.
Messieurs, en ce temps où l'héritage universel se présente à nos mains périssables, il m'advient de penser à ce que sera peut-être notre culture dans la mémoire des hommes, lorsque la France sera morte ; lorsque, «au lieu où fut Florence, au lieu où fut Paris - s'inclineront les joncs murmurants et penchés ... » Alors, peut-être trouvera-t-on quelque part une inscription semblable aux inscriptions antiques, qui dira seulement : «En ce lieu naquit, un jour, pour la France et pour l'Europe, puis pour la France, l'Afrique et le monde, la culture de la fraternité ».
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Coeur cigale (Ecrit en butinant)

 

 

COEUR CIGALE

 

Avec le coeur cigale

elle vivait fourmi

Sous le regard aigu

de grosses maritornes

"Ma fille il faut trimer

sans souffle ni répit

sinon tu apprendras

à vivre avec des cornes"

 

"Car les maris, ma fille,

aiment femmes fidèles,

dociles, chaudes au lit,

prêtes à leur pardonner

leurs frasques de poivrots

près de jolies donzelles.

Et toi tu n'auras plus

que tes yeux pour pleurer."

 

Tu es jolie pourtant

avec ton coeur cigale.

D'autres hommes voudraient

t'aimer, te consoler.

Pourquoi ne pas répondre

à leurs regards d'opale

et profiter du temps

avant de te fâner ?

 

Car les fleurs du jardin

ne vivent pas longtemps.

Leur beauté de gazelles

aux grâces éphémères

se languit dans le soir

et rêve de printemps

"Ecoute, cette nuit,

leurs chansons de grands-mères."

 

16 février 2010

Rolande Quivron (E.L. Quivron-Delmeira) (déposé)

 

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Féminité (suite)

 

 

Cœur qui bat inaudible pour l’autre,  

 tonne dans le ciel carmin

 d’un corps sur terre perdu sans vous,

un peu lointain.

 

Orage incarcéré ; secret doux-amer

bien gardé, par vous insoupçonné,

ondée tout en dedans.

 

Caresses et baisers en catimini

dans la tête donnés,

 vertigineux, un peu gauches,

adolescents encore.

 

C’est de la main droite,

 fébrile et résolue qu’entière  à vous je me destine;

  le cœur déligoté  à l’instar du corps,

l’un et l’autre sonores,  dessinés,

enfin touchés.

 

L’un plus jamais sans l’autre.

 

Féminité

par l’écriture insufflée.

 

  

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administrateur théâtres

12272773692?profile=originalL'Opéra du Pauvre

 

de Léo Ferré, par l'Ensemble Musiques Nouvelles, sous la Direction de Jean Paul Dessy

Mercredi 14.12.11  

Léo Ferré, Jean-Paul Dessy & Musiques Nouvelles

20:00  au  Cirque Royal

Organisation: 

Botanique + Le Manège.Mons

 

L'Opéra du Pauvre de Léo Ferré, ce que beaucoup considèrent comme son dernier chef-d'œuvre, est un pamphlet en faveur des forces de la Nuit, de l’imaginaire et de la subversion. 

 

 «La Nuit, soupçonnée d’avoir supprimé la Dame Ombre, est amenée devant le juge d’instruction, aux fins d’inculpation de meurtre. Elle ne peut répondre qu’en présence de son avocat, le hibou, bien sûr…

Il y a plusieurs témoins à charge qui affirment avoir vu la Dame Nuit supprimer la Dame Ombre, juste comme le soleil se couchait, entre chien et loup. L’ennui pour l’instruction est qu’on ne trouve pas la disparue – morte ou vive – et qu’on ne peut faire supporter à la Nuit que des présomptions, lourdes certes, mais insuffisantes.

Les témoins à décharge viennent, nombreux, dire tout le bien que leur fait la Dame Nuit et ce sont eux qui finalement l’emporteront au petit jour, dès que le soleil pointera et que l’ombre réapparaîtra… s’enfuyant avec eux… empaillés comme des hiboux… sur les derniers mots du Corbeau, juge et président, « cette nuit m’a fatigué, je vais me coucher».

Il baille, le greffier s’en va. Il n’a même pas la force de se lever. Et c’est la Nuit qui rentre, tirer les rideaux, en lui lançant un baiser.

L’Opéra du Pauvre, Introduction, Léo Ferré, 1983 »

 

C'est la Nuit que l'on pétrit le pain. La Nuit, sensuelle, érotique, invite à l’invention et à l’ivresse. Elle arme les assassins, fournit des alibis d’adultère, désarme les juges, emballe la vertu. Elle est la raison d’espérer de l’anarchiste et du poète; elle est un enfant qui n’a jamais connu de loi. Derrière ce conte, se dissimule une critique acerbe du pouvoir en général, de la justice et de l'état en particulier. Chaque personnage prend alors une autre dimension et on comprend beaucoup mieux pourquoi il faut défendre la nuit. L'imagerie poétique en éclairage du monde. Et comme si ca ne suffisait pas, Léo Ferré se fend de pièces aux violons, d'envolées jazz et autres petits délires musicaux.

À l’œuvre «totale» de Léo Ferré, répond ici un spectacle «total» qui convoque autant le théâtre, le cirque, la musique que la vidéo. Sept chanteurs-acteurs, un acrobate et douze musiciens de l’Ensemble Musiques Nouvelles nous livrent le procès intenté à la Nuit, soupçonnée d'avoir supprimé Dame Ombre. Une partition qui réalise l’alliage de la musique la plus popisante de son époque, d’un jazz plus en recherche, et de la grande musique classique du début du XXe siècle. 
Un moment théâtral et musical riche et onirique, un spectacle qui souhaite prendre la relève de l’engagement scénique du grand Ferré, formidable musicien, poète précurseur, libertaire. 

Par l'Ensemble Musiques Nouvelles, sous la Direction musicale : Jean Paul Dessy*. Mise en scène : Thierry Poquet.  Arrangements : Stéphane Collin. Avec Michel Hermon - Delphine Gardin - Christian Crahay  et Nathalie Cornet, Muriel Legrand, Michel Hermon, Lotfi Yahya, Thomas Dechaufour, Patrick Sourdeval.

 

 

Jean-Paul Dessy

Compositeur, violoncelliste, chef d’orchestre, directeur artistique de l’ensemble Musiques Nouvelles, Jean-Paul Dessy se concentre dans la diversité, profondément et avec jubilation. Ce qu’il nomme « l’agir du musicien » relie sans les confondre le profane et le sacré dans un voyage intime en quête d’une écoute commune et partagée. À ce jour, il a dirigé plus de 100 créations mondiales et près de 200 œuvres de musique contemporaine d’horizons multiples et diversifiés, qu’il soit à la tête de l’Orchestre de Chambre de Wallonie, à celle de l’ensemble Musiques Nouvelles, ou à sa déclinaison cross over, le Mons Orchestra qui collabore avec des artistes de la chanson, du rock et de la pop.

De Giacinto Scelsi à Horatiu Radulescu, de Pierre Bartholomée à Victor Kissine ou de Witold Lutowslaki à Astor Piazzolla, s’ouvrent encore des chemins de traverse, inattendus, investis, tout aussi vivants : Murcof, Vénus, An Pierlé, Pierre Rapsat, David Linx, DJ Olive, Scanner… Un univers en expansion, en mutation où, selon ses propres mots, la musique s’affirme « intemporaine » plus que contemporaine, car elle « se reconnaît des fraternités multiples par-delà les époques et les genres » et « peut trouver la juste sublimation du mineur par le savant »

... pourvu qu’elle « recherche l’intimité du moi, son irréductible

visage, et tente de le dire.»

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Quand Laurent Voulzy interpelle Jésus

Cette chanson fut commandée à Laurent Voulzy par un prêtre qui s'occupait d'adt quart monde . Il a certainement vu des horreurs qui nous auraient fait perdre la raison. Sa foi a été mise à rude épreuve, il a voulu faire part de ses interrogations. Il est décédé à ce jour.

Cette chanson très touchante est un puissant réquisitoire contre les inégalités entre les hommes dans le monde. Elle demande des explications à Jésus sur l'inexplicable. Sous ses airs très polis elle ne ménage pas le fils de Dieu en lui exprimant nos incompréhensions de notre point de vue de simples mortels.

 

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VIOLENCE

12272774083?profile=originalLa pulsion de la violence dans l'art

L'art est le plus  révélateur de cet état , car l'artiste passe immédiatement à l'essentiel

C'est l'idée de l'impossible de l'inconcevable qui est représentée

Si l'écrivain RACONTE  le peintre, le photographe, le cinéaste  MONTRE par quelques traits ou images et cela marque les esprits violemment

Cette pulsion de mort qui sommeille en chacun de nous prête  à se réveiller, seule l'éducation et la conscience sauve l'homme

Loin des horreurs sanglantes suggérées, mon ciel d'apocalypse illustre la peur ancestrale de la violence de la nature qui est une part intégrante de l'homme

(extraits d'une conférence magistrale  à Toulon par Robert Badinter ce vendredi 2 Décembre )

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Calendrier 2012

Vends grands calendriers à spirale (15€ l'unité frais de port 4€20 hors département du 66) ) de ma propre création. Idéale pour cadeau de fin d'année. (production limitée pour cause de petit budget). A partir du 15 décembre. contact via le site ou th.ginfray@hotmail.fr également 06.08.04.06.57. A bientôt.12272773491?profile=original

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Féminité.

Féminité de l’écriture,

blanche page lisse,

stylo qui glisse,

mains nues, de mots fauves incendiées.

Désir qui s’aventure incisif,

s’étire un peu trop loin,

de mes yeux jusqu’aux vôtres

s’émancipe.

 

L’entre-deux ; océan sombre.

 

Sensualité de l’écriture,

blanche page lisse,

stylo qui glisse,

Corps élargi, de mots rouges flambant.

Absence qui dure infinie,

d’une main à l’autre 

l’échancrure de mes mots

sous vos yeux se précise,

se touche.

 

Fertilité des mots lorsqu’ils sont

partagés ;  les livres sont des

jardins.

 

Donneuse de vie est l’écriture,

la poésie en est l’accent  en même temps que la grâce,

que rien ni personne

n’étiole, n’efface.

 

Floraison éternelle,

océan clair,

un Monde.

 

 

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Haïkus du 4 décembre 2011

                                 

                              Mes haïkus  du jour!

              Rosée du matin

              Un paysage certain

              Araignée toilée

 

                              L'amour est amer

                              Un élixir sulfureux        

                              Fiole vidée sec

 

             Lisse sa peau  Lys

             Eternelle romance

             Robe froissée chut

                            Notes du blé dur

                            Saveurs panifiées d'été

                            Sacs farinés enfermés

 

                                                                   Raymond Martin    4 décembre 2011

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"Batteuses d'anges, de tapis,
Prenez garde à vos alliances !
Car les anges sans surveillance
Sont pis encore que des pies."

Jean Cocteau (les "Alliances")

 

 

               "La liberté, c'est la faculté de choisir ses contraintes" proclamait Jean-Louis Barrault, tandis que pour Alfred de Vigny, le renoncement se doit de rester digne :"Être vaincu parfois. Être soumis jamais ", nous certifiait l'auteur dramatique de "Quitte pour la peur"!

               Nous partageons ô combien, ce duo de valeureuses morales, en l'appliquant incontinent à notre intrigue vénale de feu de paille avec un représentant du diable, mésalliance non consommée, Dieu soit loué, nous incitant à déclarer que la prostitution de l'intellect se livrant à de sordides productions flirtant avec la pornographie, fruits d'une sorte d'immonde "traite négrière" par les mots des "Temps modernes", ne saurait en rien être qualifiée de littéraire, mais bien de plume putassière monnayable, si vous me permettez l'emploi un brin familier de cette expression !

               N'est-il pas fondamental de nommer un chat, un chat, et les "romans de gare", dont nous nous gardons de nommer les pseudos labels, auxquels nous avons, il est vrai, songé à nous aliéner, telle une "putain irrespectueuse"… l'espace d'un égarement durant une fraction du quart de la moitié d'une seconde (sic), ne peuvent en aucun cas prétendre contribuer à nous faire accéder à la voie de la publication en empruntant la grande porte, du moins, telle que nous concevons l'édition…

              Quant à notre conscience doublée de dignité, nous nous apprêtions à les fouler toutes deux, en vertu du fait, que, rares sont les circonstances de la destinée, où nous pouvons nous adonner à "égaler nos pensées…"[1], concédons-le !

              Car en concordance de tout acte humain, l'écriture, mère solitaire d'un "enfant unique", la lecture, ne signifie pas grand-chose, isolément. À notre sens, c'est la matière plus ou moins consistante de ces "Nourritures spirituelles" composant son menu qui en constitue le prix, et l'on peut choisir au moment de se sustenter, de "dévorer force moutons", tel le fameux loup de la fable[2], de se goinfrer en glouton de substances roboratives, comme à l'inverse, l'on peut déguster des mets les plus fins hautement nutritifs, autant délectables à l'endroit des papilles, qu'assimilables par nos organismes !

             La métaphore vaut également concernant la jouissance qu'est censée nous procurer "Fêtes galantes", "Embarquements pour Cythère" ainsi que toutes autres rencontres dévolues à décliner le savoir-faire, la maestria de la divinité Éros, l'antithèse de Thanatos, héros cupidonnesque nous incitant à célébrer maints "frottements d'épidermes"… Or, ou le repas concocté, servi, se révèle goûteux, festif, souverain, ou au contraire, ce dernier sait aussi faire montre de fadeur, étant primaire, mesquin, bref, en un mot, pitoyable, nous laissant insatisfait, sur une sensation d'incomplétude infinie !

            "Hâtons-nous de succomber à la tentation avant qu'elle ne s'éloigne" nous recommande la loi d'Épicure…Volontiers, mais pas à n'importe laquelle, de grâce !!!

            Tant qu'aux "sages" qui tentent d'offrir de précieux conseils en préconisant, ni plus, ni moins, de poursuivre dans cette voie de la pure corruption, comment ne pas être touchée de leur fervente reconnaissance et de leur soutien méritoire à des écrits, que, selon toute vraisemblance, ils sont les premiers… à  mépriser, voire profaner, en dégradant la "substantifique moelle" de ces messages, de leur style ciselé à la manière d'un artisan d'art, et non, de "descriptions automatiques" conditionnées, dues à une "frèrie" de "marionnettes desséchées" pour détourner un duo de locutions satistes !

             Et puis, soyons persuadés que "le manque d'appréciation est une trahison à l'âme de l'artiste"[3], une authentique et offensante calamité, si ce n'est la négation totale infligée à son inventivité ! N'en déplaise aux "Fâcheux" pétris de certitudes bassement prosaïques, l'acte de création n'implique aucunement le gaspillage d'un potentiel en perpétuelle germination, de flammes qu'il faut alimenter en continu ! Ainsi, essaimer à tout vent, mélangeant sans distinction, le bon grain à l'ivraie, conduit-il à une construction de qualité ?

            Quel qu'en puisse être le vœu originel, la volonté légitime, reconnaissons, qu'il n'est pas donné à tout le monde de faire de son existence, une "œuvre d'art", conditions sociales et de vie, oblige, soit ! Mais est-ce faire preuve de trop d'exigences que de tenter de s'en approcher, en vivant, selon le précepte salutaire d'un "sage"[4], le plus poétiquement possible ?


"la poésie

 c’est de la couleur

 dans la matière

 grise des mots "[5]

 

nous atteste une plume laconique. Palette de tonalités polychromes, dont il nous faut user pour enluminer les heures du calendrier ponctuant notre quotidien "d'hominiens", afin de nous alléger de bien des maux…

            Allez, dussions-nous choir, jusqu'à nous délester de notre enveloppe corporelle, de temps à autre encombrante, nous ne pourrions nous résoudre, en incurable utopiste patentée assumée, à arborer "Masques et bergamasques" afin de nous contrefaire, à glisser vers l'abîme du simulacre en perdant une intégrité, une vision d'un idéal forgées au prix de sacrifices, d'un parcours semé d'épreuves enrichissantes et tout ceci en faveur de quel Dieu, je vous prie, celui du "Veau d'or" loué par le chant méphistophélique ?

            Si, en ce bas monde, la seule valeur refuge à laquelle il nous faut souscrire est celle relative à Harpagon, alors, en effet, nos civilisations dénaturées, gâtées par ce fléau, sont à défaut, bien mal en point, pis, irrévocablement perdues !

          "Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors seulement vous vous apercevrez que l'argent ne se mange pas" ! s'efforce de nous avertir une Prédiction indienne.

           Civilisation occidentale "Édifiée par l'argent, épanouie par l'argent, et morte par l'argent. Décrépitude de l'argent ! L'argent, toujours l'argent, générateur de prostitution et de mort"[6] contre laquelle s'insurgeait une voix lyrique réaliste, s'épanchant davantage en poursuivant son credo de révolte inauguré, car à quoi bon nous leurrer :

          "Notre siècle est tragique par lui-même; aussi refusons-nous de le prendre au tragique. Le cataclysme s'est abattu sur nous. Habitués déjà aux ruines, nous commençons à remettre sur pied de nouveaux petits logements, de nouveaux petits espoirs. Si nous ne pouvons pas nous frayer un chemin parmi les obstacles, nous les contournons ; ou nous passons par-dessus. Il faut bien vivre, malgré que tant de cieux se soient écroulés. Après nous être pathétiquement tordu les mains,"[7] que nous reste- t'il d'autre à envisager, fors de poursuivre notre route, en repoussant un alanguissement malsain à nous complaire sur nos malheurs, en principe du fait, que quoi qu'il advienne, nous sommes "Condamnés à la mort, condamnés à la vie, voilà deux certitudes", revendiquait un Romantique, au cœur de son "Journal d'un poète"[8] !

          Et la deuxième valeur phare, envisagez-vous délibérément de l'occulter, nous interrogerez-vous fort à propos ? Que nenni ! C'est sans compter une référence pervertissant les mentalités avec autant de vigueur et de rage que celle précédemment citée, son égale en recherche forcenée de règne existentialiste : la notoriété.

         Pourtant,"L'estime vaut mieux que la célébrité, la considération vaut mieux que la renommée et l'honneur vaut mieux que la gloire", a tenté d'argumenter en vain, un "Homme sensible" du siècle des Lumières, léguant à la postérité ce truisme intemporel, sans que nous en retirions un enseignement profitable…[9]

         Ah, pour accéder à la "gloire", fut-elle éphémère, pour en mendier l'ombre d'une infime parcelle, que ne serait-on en mesure d'accomplir, sinon d'assouvir ses pires instincts ! Jusqu'à renier père et mère et autre parenté, amis, foi et engagements ? Jusqu'à commettre une action funeste, voire criminelle ? Les "pauvres d'esprit ou faibles de cœur"[10] du poète persan Omar Khayyam, n'en sont-ils pas une ardente illustration ?

         Et puisque, confessons-le, nous sommes tissés d'ombre et de lumière, la nature humaine étant indéniablement "fragile", perpétuellement en proie à répondre à un appétit aveugle, insatiable, plus ou moins néfaste, pourquoi s'étonner qu'une majorité d'entre-nous, soit subjuguée par l'appel séducteur, délétère, de la réussite, cette mascarade qu'un certain philosophe du siècle dernier nommait :"l'amollissement moral né de la déesse-chienne Succès ?[11] "

           Embrassant cette conviction, le poète anglais[12] libertaire du "Phénix" renaissant de ses cendres, ayant soif de reviviscence, ivre de "Clarté de vie"[13], ne pouvait que s'en émouvoir, en promulguant, à travers son héroïne fétiche, l'émancipation tant désirée :

         "Et c'était la réussite qu'ils voulaient. Ils voulaient […] faire un bel étalage; tout l'étalage qu'un homme peut faire de soi-même, pour capturer quelque temps la faveur du public.

          C'était curieux, cette prostitution à la déesse-chienne. Pour Constance, depuis qu'elle y était devenue étrangère, et qu'elle avait cessé d'en ressentir le frisson, ce n'était plus que néant. Même cette prostitution à la déesse-chienne, même si les hommes se prostituaient à elle d'innombrables fois, même cela n'était que néant."

           Ce même protagoniste aux contours féminins s'efforçant de s'affranchir d'un carcan plus que rigide institué par les conventions sclérosantes d'une société stéréotypée ("la pompe et l'étiquette font des hommes des machines", professait Lessing…) fit montre de la plus grande ténacité, de ressources insoupçonnées, afin de s'en évader, et ce, en dépit des tourments endurés, adoptant inconsciemment, la devise suivante: "le vent se lève, il faut tenter de vivre."[14]

           Faire front devant l'adversité, entrer en résistance mentale pour conserver sa part de "merveilleux", pour ne pas ployer, ni encore moins subir le sort commun réservé à ceux qui ont été éduqués, pour ne pas dire endoctrinés à se satisfaire de peu, c'est à dire, d'un parcours monotone, végétatif, résignés, les malheureux, à courber l'échine devant le poids du fardeau, voilà une ambition digne d'intérêt, repoussant jusqu'aux dernières limites, un cheminement préfabriqué, vide de sens et d'harmonie, une existence automatique sous dépendance de normes imposées, où l'humanité embrigadée évolue dans son ensemble au cœur de "Villes tentaculaires" ou de "Campagnes hallucinées" décrites par un chantre "prophète"[15], humaine condition composée de membres dotés de profil similaire, dénués, hélas, de singularité, de la moindre spiritualité personnelle, oubliant la fraternité profonde originelle devant relier les "Hommes de bonne volonté" chers à Jules Romains !

          "Les gens capables d’union intime avec les autres sont les seuls qui semblent aussi solitaires dans l’univers. Les autres sont un peu gluants ; ils collent à la masse."[16]

           Depuis l'essor de l'ère industrielle, où nos ainés ont cru bon de se détacher des racines de notre Mère universelle à tous, Gaia, nous nous sommes forgés, sans conteste, "une dure carapace d'utilité pratique", animée "au-dedans d'une pulpe molle", figure assujettie à devenir "presque un animal, un de ces extraordinaires animaux, crabes ou langoustes, du monde moderne, industriel et financier, invertébrés de l'ordre des crustacés, avec des carapaces d'acier, comme des machines, et des intérieurs de pulpe molle"[17] résume, non sans humour, un mystique de l'Amour…[18]

            Devons-nous nous ranger a fortiori, devant le constat que notre époque banalise, vulgarise l'émotion en l'exprimant n'importe comment, à la vue et au su de tous voyeur entiché d'exhibitionnisme renforcé par les médias et les nouvelles technologies soit disant expertes en communication ?

            Au rythme du creux et du factice que nous empruntons et que nous imposons, "sans autre forme de procès" à Natura et à ses enfants, la Faune et la Flore, en dispersant, en pillant allégrement sa "Corne d'abondance", nul doute qu'il nous faut désormais nous préparer à une partance prochaine inéluctable ! Cela suffira t'il à endiguer cette course vers le précipice, incluant la perte d'identité, de modèles vertueux et valeureux mérites en déliquescence ? Le remède ne serait-il pas d'entendre la rhétorique d'un penseur précurseur, ayant eu la révélation de notre inexorable déclin, de la décadence de notre démocratie :

           "Si on pouvait seulement leur dire que vivre et dépenser ne sont pas la même chose! Mais cela ne sert à rien. Si seulement on les avait élevés à sentir, au lieu de gagner et de dépenser, ils se tireraient très bien d'affaire. […]

            Voilà le seul moyen de résoudre le problème industriel: enseigner au peuple à vivre, et à vivre en beauté, sans avoir besoin de dépenser de l'argent. […]

           Je ne crois pas à ce monde-ci, ni à l'argent, ni à l'avancement, ni à l'avenir de notre civilisation. Si l'humanité a un avenir quelconque, il devra se produire un changement radical par rapport à l'état des choses actuel. […]

            Envisager l'extermination de l'espèce humaine et la longue pause qui précédera l'émergence d'une autre espèce, rien de tel pour vous calmer. Car si l'on continue ainsi, si tous, intellectuels, artistes, politiciens, industriels et ouvriers s'acharnent à détruire tout sentiment humain, toute étincelle d'intuition, tout instinct de ce qui est sain ; si, comme c'est le cas, cela continue en progression algébrique, alors adieu l'espèce humaine "! [19]

            Mais de grâce, ne nous méprenons pas sur le potentiel de nos facultés…mensongères, en sublimant notre quête humaniste ! Nous demeurons, plus que jamais, de pauvres créatures vulnérables, friandes du matérialisme trivial ambiant, indéniablement sensibles, pour ne pas dire prisonnières de toute forme de pouvoir, sacrifiant essentiellement à l'adoration quasi fanatique de deux cultes, celui côté en bourse, et celui du dieu Amour, ou plutôt de la déité phallique… avilie, phallos que nous galvaudons allégrement en en faisant un instrument obscène, relégué à la simple mécanique, marchandise "commercialisable", à outrance, "chair fraiche" ou moins fraiche, ma foi, n'ayant parfois, point d'autre alternative que de négocier "ses charmes" afin de subsister, selon les règles capitalistes du roi financier, régisseur de notre globe terrestre !

            Pourtant, l'argent roi, ne devrait il pas représenter qu'un moyen d'accéder à ce que nous chérissons, afin de parvenir à l'épanouissement de l'être, pour notre plaisir d'hédonistes à l'écoute de Dame Nature, des Arts et de la solidarité entre les peuples, et non un gage de finalité en soi ?

            Depuis la "Nuit des temps", il nous faut constamment lutter afin de récuser notre sombre inclination à combler une avidité effrénée décrite dans la langue du poète latin Virgile :

            "Auri sacra fames", cette maudite faim de l'or…

             Y parviendrons-nous jamais ?

             Seule, la providence aidée en cela par une métamorphose de notre comportement exécrable, détient la clé de la réussite !

             Advienne que pourra !!!

             Néanmoins, ne pouvant nous résoudre à nous quitter environnés d'une atmosphère où prévaudrait exclusivement une "humeur inquiète", empreinte de "l'Ombre des Jours"[20], nous achèverons cet entretien par une note lumineuse porteuse d'espérance signée d'un sensitif éminemment sensuel, "Pèlerin sauvage"[21] vibrant d'élans dionysiaques rejaillissant sur sa lyre, faisant l'éloge de sa quête initiatique, la volupté ("Volupté, soit toujours ma reine"[22] aurait-il pu implorer…) qui s'ingénia à traduire l'instinct vital le traversant et que l'homme se doit de privilégier, plutôt que donner crédit plus qu'il n'en faut, aux semences germant du terreau sophistiqué d'un entendement essentiellement cérébral.

             Ainsi, faisant fi des embûches que la Providence lui décerna, il su alimenter son feu intérieur incandescent, ses "Noces de braise", exhortant ses contemporains à la jouissance de ce "Carpe diem" fugace, à en cueillir les instants précieux et subtils :

           "Malgré tout ce que la vie peut réserver, malgré les horreurs dont les hommes sont responsables, le monde est merveilleux, magique, un lieu digne de tous les émerveillements, totalement stupéfiant"[23],

            Oui, mais, voilà, pour mettre à profit ce testament, il nous revient d'ambitionner à élire une noble éthique,("L'honneur, c'est la conscience, mais la conscience exaltée. C'est le respect de soi-même et de la beauté de sa vie portée jusqu'à la plus pure élévation et jusqu'à la passion la plus ardente "témoigne un exalté de l'ère romantique[24]) nous remémorant sans cesse qu'il "faut d'abord avoir soif", soif d'adopter l'ascèse de Catherine de Sienne, en ne cherchant guère à diviser l'esprit de la matière, le "pur" de "l'impur", prônant l'alliance de la métaphysique et de la chair…, en corrélation étroite d'un illustre poète persan médiéval :

          

            "Quoi qu'en pensent beaucoup de rhéteurs hypocrites,

             Séparer corps et âmes est une absurdité.

             Moi je sais que l'ivresse à du moins ce mérite :

             C'est de nous révéler leur parfaite unité."

             

                                                   Omar Khayyam

("Ivresse et métaphysique", pièce issue du recueil "le Robaïyat" ou le Livre des Quatrains)

 

                                                                      Valériane d'Alizée



Conseil philosophique sur la conduite de la vie à adopter

ou

comment apprivoiser des forces antagonistes poussant

l'homme à l'auto destruction

 

 

              " Le printemps était venu. Dans la lumière verdâtre d'un soir d'avril le sifflotis des merles rendait témoignage de l'éternel triomphe de la vie. Il soufflait un petit vent mi-frais, mi-froid, et les anémones sortaient de partout au hasard, toutes grandes ouvertes, brillantes de vie printanière. Déjà les primevères en grand nombre montraient la tête ; un peu transies mais gorgées de vitalité, pleines de joie et, elles aussi largement ouvertes. Grandes ouvertes encore, avec leur feuilles vert foncé, les campanules s'étalaient comme un tapis de velours au pied des chênes ; sûres d'elles-mêmes et de leur puissance végétale. Les oiseaux chantaient, chantaient à tue-tête, et ils étaient la voix même de la vie. La forêt était un sanctuaire de vie. De la vie elle-même ! La vie ! C'était là tout ce qu'on pouvait avoir et à quoi l'on pouvait aspirer. Mais il y avait la volonté de l'homme et c'est elle qui le coupait de la vie. Seul de tous les êtres créés, l'être humain ne peut pas vivre.

              La vie est si douce et tranquille, et pourtant elle est hors de notre prise. Elle ne saurait être prise. Essayez de prendre possession d'elle, elle disparaît ; de l'empoigner, elle se confond en poussière ; de la maîtriser, et vous voyez votre propre image vous rire au nez avec le rictus d'un idiot.

             Qui veut la vie doit aller vers elle avec douceur ; comme on ferait s'il s'agissait de s'approcher d'un cerf, ou d'un faon blotti au pied d'un arbre. Un geste trop brusque, une trop volontaire et trop brusque affirmation de soi, et la vie n'est plus devant vous : il vous faut de nouveau partir à sa recherche. Et c'est avec douceur et légèreté, dans votre main comme dans votre démarche, c'est le cœur débordant mais exempt de tout égoïsme que vous devez vous approcher d'elle à nouveau, et trouver enfin le contact avec elle. Quant ce ne serait qu'une fleur, tout ce que vous agripperez violemment s'évanouira à jamais de votre vie. Abordez avec avidité et égoïsme un autre homme, et vous n'étreindrez qu'un démon hérissé d'épines qui vous laissera des blessures empoisonnées.

            Mais par la douceur, par le renoncement à toute affirmation de soi, par la plénitude de notre moi véritable et profond, nous pouvons nous rapprocher d'un autre humain et connaître ainsi le meilleur et le plus délicat de la vie : le contact. Contact des pieds sur le sol, contact des doigts sur un arbre, sur un être vivant. Contact des mains et des seins. Contact de tout ce corps et d'un autre corps ; mutuelle pénétration de l'amour passionné. Voilà la vie. Et c'est par le contact que nous vivons, tous, autant que nous sommes.

           Inutile de se battre contre la vie, vous ne pourriez être que vaincus. Certes, la volonté est curieusement efficace, mais les pommes qu'elle nous apporte, toutes dorées qu'elles soient, sont des fruits maudits[25]. Ce n'est plus qu'une âcre poussière, porteuse de folie. Combattez pour la vie, vous le pouvez ; combattez contre les cohortes innombrables et grises de ceux qui ne vivent pas : les rapaces et les dominateurs, les avides et les importants. D'un tel combat, il est plus d'un exemple ; et vous devez, vous aussi, vous battre contre les ennemis de la vie. Mais avec la vie elle-même, quand vous êtes en présence de la vie, montrez-vous très doux vis-à-vis d'elle, comme fait la fleur qui se présente à nous, à notre contact, nue et sans défense, et s'offre tout entière."

                        

                        David Herbert Lawrence

(Fragment de texte provenant du roman "Lady Chatterley et l'homme des bois"



                                                            "Au prolétaire"

                            

                          (Afin de faire écho à nos propos précédemment énoncés

                        voici  une pièce dans la veine idéologique de D.H.Lawrence)

   

 

                                      " Ô captif innocent qui ne sais pas chanter

                                       Écoute en travaillant Tandis que tu te tais

                                       Mêlés aux chocs d'outils les bruits élémentaires

                                       Marquent dans la nature un bon travail austère

                                       L'aquilon juste et pur ou la brise de mai

                                       De la mauvaise usine soufflent la fumée

                                       La terre par amour te nourrit les récoltes

                                       Et l'arbre de science où mûrit la révolte

                                       La mer et ses nénies dorlotent tes noyés

                                       Et le feu le vrai feu l'étoile émerveillée

                                       Brille pour toi la nuit comme un espoir tacite

                                       Enchantant jusqu'au jour les bleuités du site

                                       Où pour le pain quotidien peinent les gars

                                       D'ahans n'ayant qu'un son le grave l'oméga

 

                                       Ne coûte pas plus cher la clarté des étoiles

                                       Que ton sang et ta vie prolétaire et tes moelles

                                       Tu enfantes toujours de tes reins vigoureux

                                       Des fils qui sont des dieux calmes et malheureux

                                       Des douleurs de demain tes filles sont enceintes

                                       Et laides de travail tes femmes sont des saintes

                                       Honteuses de leurs mains vaines de leur chair nue

                                       Tes pucelles voudraient un doux luxe ingénu

                                       Qui vînt de mains gantées plus blanches que les leurs

                                       Et s'en vont tout en joie un soir à la mâle heure

                                       Or tu sais que c'est toi toi qui fis la beauté

                                       Qui nourris les humains des injustes cités

                                       Et tu songes parfois aux alcôves divines

                                       Quand tu es triste et las le jour au fond des mines

                                                  Guillaume Apollinaire (1880 - 1918) 

 



 



[1]  : Adaptation d'un axiome de Bossuet mis en exergue de l'introduction du "Livre de ma vie" de la poétesse Anna de Noailles, et dont le texte exact est : "Nous n'égalons pas nos pensées."

[2]  : En référence au poète baroque  Jean de La Fontaine auteur de la fable "le Loup et l'Agneau" (pièce X du Livre I)

[3] : Emprunt d'une devise de William Turner…

[4] :Allusion au sociologue et philosophe français, Edgar Morin ; se reporter à l'admirable entretien accordé au journal Le Monde, véritable plaidoyer contre l'élitisme en matière artistique intitulé ""Démocratiser la poésie" (http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/07/08/democratiser-la-poesie)

 [5]  : Formule poétique de Louis Savary (Belgique, Extraits de Tant qu'à dire, éditions Les Presses Littéraires, 2011 )

 [6]  : Maxime relevée au sein du roman poétique de David Herbert Lawrence, "l'Amant de Lady Chatterley"…(traduction de F.Roger-Cornaz, éd. Folio classique, Gallimard)

[7]  : Toutes premières phrases du Ier chapitre De"Lady Chatterly et l'Homme des bois" de David Herbert Lawrence (seconde version de l'Amant de Lady Chatterly, traduit de l'Anglais par Jean Malignon, N.R.F. Gallimard) ; la troisième et dernière version est la suivante :"Nous vivons dans un âge essentiellement tragique ; aussi refusons-nous de le prendre au tragique. Le cataclysme est accompli ; nous commençons à bâtir de nouveaux petits habitats, à fonder de nouveaux petits espoirs. C'est un travail assez dur : il n'y a plus maintenant de route aisée vers l'avenir : nous tournons les obstacles ou nous grimpons péniblement par-dessus. Il faut bien que nous vivions, malgré la chute de tant de cieux.

 [8]  : Allusion à la personnalité d'Alfred de Vigny.

[9]  : Alias le poète moraliste, journaliste, Chamfort (Sébastien Roch, dit Nicolas de Chamfort) auteur des "Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes (1795),

[10] : Allusion à l'un des Quatrains composant le" Robaïyat " du poète persan mentionné, intitulé "l'Éloge des buveurs" :"Savoir apprécier le langage des roses/Le message du vin, n'est donné qu'aux buveurs/mais les pauvres d'esprits ou les faibles de cœur/Comment goûteraient-ils un tel ordre de choses ?" (éd. du Cherche Midi, adap. de Jean Rullier)

[11] : Formule de William James, philosophe américain, frère de l'écrivain Henry James, reprise par D.H.Lawrence dans son fameux roman "l'Amant de Lady Chatterly."

[12] :En référence à David Herbert Lawrence…se reporter au superbe poème "Phénix" :"Es-tu prêt à être effacé/nul, anéanti/ à n'être rien/Es-tu prêt à n'être rien/Perdu dans l'oubli/Sinon, jamais vraiment tu ne changeras/Le phénix ne retrouve sa jeunesse/que s'il est brûlé, brûlé vif, jusqu'à se faire/chaude et floconneuse cendre/Alors le frêle remuement d'un frêle être nouveau dans le nid/au duvet léger comme cendre qui vole/montre qu'il a retrouvé pareil à l'aigle sa jeunesse/ Immortel oiseau"(Pièce provenant du recueil Derniers Poèmes, 1931, traduction de Roger Munier, Cahier de l'Herne, 1988)

 [13]  : Emprunt à un titre de recueil poétique de Francis Vielé-Griffin…

[14]  : Citation extraite du "Cimetière marin" de Paul Valéry…

[15]  : Évocation d'une figure poétique florissante, riche de "Multiples splendeurs", Émile Verhaeren.

[16]  : Op. cit

[17]  : Citations provenant du même ouvrage précédemment référencé.

[18]  : Allusion à la figure littéraire protéiforme, David Herbert Lawrence.

[19] : Op. cit

[20]  : Formule d'Anna de Noailles empruntée à son deuxième recueil poétique publié.

[21]  : Définition que l'écrivain anglais, David Herbert Lawrence, s'était lui-même attribué. Et si aujourd'hui, ce dernier est considéré comme un auteur visionnaire, il fut taxé à sa disparition d'"amoral"(T.S. Eliot) de "pornographe"… demeurant longtemps sulfureux (ses ouvrages subirent une censure, et mirent un certain temps avant que les éditions cessent d'être expurgées) puis réhabilité par Aldous Huxley et enfin par la critique. Son œuvre littéraire polymorphe, est d'une veine flamboyante, n'appelant pas la tiédeur, truffée d'une puissance cosmique empreinte d'ardeur, qui constitue toute la magie de sa stylistique d'écriture où le raffinement côtoie un langage presque populaire assumé (patois savoureux).

[22]  : Vers extrait du sonnet de Charles Baudelaire (recueil "les fleurs du Mal")"La Prière d'un Païen" :"Ah ! ne ralentis pas tes flammes/Réchauffe mon cœur engourdi/Volupté, torture des âmes/Diva ! supplicem exaudi /Déesse dans l'air répandue/Flamme dans notre souterrain/Exauce une âme morfondue/Qui te consacre un chant d'airain/Volupté, sois toujours ma reine/Prends le masque d'une sirène/Faite de chair et de velours/Ou verse-moi tes sommeils lourds /Dans le vin informe et mystique/Volupté, fantôme élastique !"

 [23] : Citation issue du roman "La fille perdue" de David Herbert Lawrence

[24]  : Allusion à Alfred de Vigny, ("Servitude et grandeur militaire")

25] Littéralement : pommes de Sodome. Allusion peu familière, en général, au lecteur français contemporain.


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