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D'étranges retrouvailles

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Je voulais changer la moquette de la chambre à coucher. Bogdan à qui je faisais appel à chaque fois qu’il y avait une réparation à effectuer avait commencé à soulever la partie la plus usée.

- Vous devriez quitter l’appartement pour quelques jours. Je vais soulever des tonnes de poussière.

Bogdan exagère toujours. J’ai haussé les épaules :

- Tu exagères toujours. Je n’ai pas l’intention de partir.

Il voyait que mon attention était fixée sur un morceau de papier qui émergeait du tapis. Il a soulevé délicatement le tapis qui l’enserrait, il a retiré le morceau de papier et me l’a tendu après l’avoir frotté  contre son bras. Ce n’était pas du simple papier, c’était du papier bristol imprimé. Mon nom figurait en première ligne, tracé à la main, et à l’encre, à peine défraîchi.

Le texte parfaitement lisible était le suivant.

Cher condisciple Marcel nous sommes tous sortis la même  année. Vingt cinq ans ont passé. Nous éprouvons le besoin de nous retrouver le vingt-cinq du mois prochain. Réunion au bar 25 pour l’apéro. Hop-la, disions-nous le dernier jour des cours.  Hop-la, disons nous aujourd’hui.

Nous étions le 24 du mois. J’ai dit à Bogdan qu’il avait raison. Je lui laissais l’appartement durant deux jours.

Après m’être renseigné quant à l’horaire des trains, j’ai appelé mon taxi habituel pour me conduire à la gare et j’ai préparé une petite valise. Je logerais, ais-je pensé, à l’hôtel de la Cathédrale. Pour le repas de ce soir je déciderais du restaurant sur place.  

Il y a très longtemps  que je n’avais été animé d’une telle vigueur. Ma femme, elle est morte depuis plus de vingt ans, se serait moquée de ma fébrilité.

- Un gamin, tu es resté un gamin. Ah, revoir ses petits copains.

La ville avait bien changé. Je n’imaginais pas qu’elle ait pu se transformer aussi rapidement, c’est ma mémoire sans doute qui me jouait des tours. En outre, il pleuvait. Le col relevé, les bords de mon chapeau rabattus, je n’y voyais rien. Et moins encore parce que les verres de mes lunettes retenaient la pluie qui tombait à verse. A chaque fois que je voulais les essuyer, je devais m’arrêter. Sans l’aide de mes verres, j’étais plongé dans le brouillard.

Il y avait un café un peu plus loin. J’y suis entré.

Le hasard, ou la chance,  avait bien fait les choses. Le café se trouvait sur le coin de la place Saint-Pierre : chez Nelly. C’est là que pour la première fois de ma vie, je m’étais enivré au point qu’il avait fallu qu’on vienne m’y chercher.

En face devait se trouver le café de la grosse  Nini, celui sur les marches duquel j’avais embrassé Thérèse pour la première fois.

Lorsque la pluie a cessé, je suis monté jusqu’au bar 25 qui se situait derrière la Grand Place à cent mètres des boulevards qui ceinturaient la ville. C’est là que, il y avait quelques temps sans doute, j’avais bu un verre d’Orval ambré dans lequel on avait déposé une tranche de citron. 

- Il n’existe plus depuis vingt ans.

Le propriétaire de la boutique qui avait remplacé le 25, une épicerie, se trouvait devant son étal.

Il me regardait avec curiosité. 

- Vous n’êtes pas de la région ?  Auparavant, peut être ?

- Oui, auparavant. Enfin, je pense.

Durant un moment, je me suis demandé si je ne m’étais pas trompé de ville. Mais je me suis éloigné sans me tromper pour revenir à la place Saint-Pierre. C’était bien la preuve que cette ville dans laquelle je me trouvais était bien la mienne.

Il avait cessé de pleuvoir. Le pavé était mouillé mais le soleil faisait briller le tout. Je suis entré chez Nelly et j’ai commandé une Orval à la couleur ambrée. La décoration avait changé. Le patron aussi.

- Nelly ?

Il souriait en déposant mon verre.

- Je l’avais dit à ma femme. Nous aurions du changer l’enseigne. Mais les clients y sont habitués. Vous savez, ce nom existe depuis toujours.

- En face c’est bien la grosse Nini ?

- La patronne est un peu forte c’est vrai mais son prénom c’est Georgette, je crois. Je vais demander à ma femme. Ce sont des amies.

J’ai levé la main.

- N’en faites rien. Je crois que je me suis trompé d’endroit.

Je fis semblant de plaisanter.

- A mon âge, cela arrive souvent. J’ai nonante ans…enfin presque.

Je voyais bien que ça lui était indifférent. Il souriait tout en faisant un salut à l’intention d’un client qui lui faisait signe.

Je commençais à m’inquiéter. J’ai déposé un billet de cent euros sur table. Je n’étais plus sûr du montant que j’avais à lui payer. Si je disais : combien vous dois-je ? De quoi aurais-je l’air ?

J’ai repris l’argent qu’il m’a remis et je suis sorti.

Il valait mieux que je rentre. J’ai repris le train.

J’ai vaguement reconnu mon immeuble. C’était la fatigue sans doute. Pour quelle autre raison, aurais-je hésité ? J’ai sonné. Un homme jeune m’a ouvert la porte. Son visage m’était familier mais je ne l’ai pas reconnu. Je devais probablement lui ressembler il y a longtemps, il y a très longtemps. Souvent, les jeunes gens se ressemblent. Je me suis excusé et je suis reparti.

Je suppose que j’ai rêvé. Rien de tout cela n’est vrai ? Et pourtant ! J’ai lu un jour que le temps est étale. Il ne retient rien de ceux qui ne font que passer. Ont-ils seulement existé ?

 

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Hommes, mes frères !

 

 

 

C’est dans la maison de retraite où ses enfants l’avait placé à la mort de sa femme qu’il me l’a raconté.

Jerry qui fût son ami d’enfance avait été parmi les premiers à étrangler un soldat allemand pour lui prendre son arme. D’autres juifs l’ont fait après lui. Et la révolte du ghetto de Varsovie a éclaté.

Ce sont des juifs qui craignaient pour leur vie qui l’ont dénoncé. Il leur en restait si peu en réalité. Ils le savaient mais l’espoir fait vivre. Peut être lui ont-ils rendu service.

Les Allemands l’ont collé  contre un mur. Un officier a crié : feu ! L’un des soldats s’est retourné, la main au ventre, et a vomi. Il a dit : j’ai du manger quelque chose que mon estomac n’a pas supporté, saleté de nourriture polonaise. 

Ils l’ont abandonné. Il est resté replié contre le mur jusqu’à ce que la nuit tombe. Les rares passants s’écartaient. L’un d’eux s’est approché et a craché sur son visage.

- Un juif aurait été dénoncé par un autre juif ? Il le condamnait à mort ?

- Oui.

- Un juif ? Un autre juif ? Son frère ?

Il secoua la tête.

- J’y ai beaucoup réfléchi. C’est quoi un juif ?

Il y eut un moment de silence.

- Niemeyer, un pasteur je crois, en a accompagnés au camp, une femme, elle aussi en a accompagnés au camp.

Il se tut à nouveau.

- Cela ne compte pas qu’ils fussent juifs ou non. Ce qui compte, c’est qu’ils soient des hommes, des frères. Oui, je sais. Ceux qui l’ont dénoncé, celui qui a craché, jusqu’à ceux qui ont tiré et jusqu'à l’officier qui a crié feu avant de lamper une rasade de schnaps, tous étaient des hommes. Ses frères !

- Tous les hommes se ressemblent depuis toujours.

 

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"Battue!" (mais non par les "Sous-Teckels")

Alors que mon premier essai sociologique, « Les Sous-Teckels », est en cours de lancement, mon roman autobiographique « Battue ! » est toujours disponible via Edilivre et toutes les bonnes librairies.
Merci à vous tous, chers lecteurs !
http://www.edilivre.com/battue-1e4ade47ae.html#.U-NAshbIeRU
http://youtu.be/E8SsWJRNQ4A?list=FLHXgxuZ1v2dzS2s2BtFJZxA

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Une histoire de juif.

Il y a longtemps que je souhaitais d'aller en Israël. Non pour y vivre comme Hector qui en était revenu, ni comme Michel qui y était enterré sous une stèle marquée du Magen David quoiqu’il ne fut pas juif. Je me demandais si Israël ressemblait à l'idée que je m'en faisais. Un Israël mythique avant d'être un territoire.

C'est l'image qui me venait sous la plume. Une terre où des intellectuels s'étaient faits agriculteurs, envahie par des malheureux qui n'avaient pour but que de vivre comme des êtres humains après avoir vécus comme des bêtes.

C'était aussi une formule qui pouvait s'inscrire dans un article. Mais dans cet Israël là, terre de Sion et des Hébreux,  les palestiniens avaient une présence qui tenait du théâtre, et perturbait mon raisonnement.

Peut être que l'incroyant que j'étais avait envie de mettre ses pas dans ceux du christ.

Le rédacteur en chef avait approuvé.

- Un article sur Israël, ce n'est pas une mauvaise idée. N'oubliez pas de parler des Arabes.

Je suppose qu’il y en avait, mais je n'ai pas rencontré d'Arabes en Israël. A Jaffa peut être, à proximité de la mer, dans un établissement semi-restaurant, semi-bistrot, où un employé du consulat m'avait invité à manger une friture. C'était à la fois le patron et le serveur.

- Il n'est pas juif? Je ne vois pas de différence entre lui et ceux que vous appelez des Sabras.

- Je n'en vois pas non plus. Il n'est pas juif, c'est sûr, mais les israéliens ne sont pas juifs non plus, dans leur majorité je veux dire. Ils ne sont pas très portés sur la religion, vous savez. Et ils n'apprécient pas tellement les juifs qui ne vivent pas en Israël, religieux ou non. C'est une nation qu'ils s'efforcent de créer. Ils prétendent d’ailleurs, pour se distinguer des juifs de l'étranger, qu'ils ne sont pas juifs mais israéliens. Cet homme là, il est israélien, si vous lui posez la question.

-  C'est compliqué d'être juif. Mon père disait qu'un juif, lorsqu'il veut se gratter l'oreille gauche passe le bras droit derrière la tête. C'est pour eux qu'on a inventé la formule: pourquoi faire simple quand on peut faire " compliqué ".

-Tu es juif, toi aussi?

C'était un garçon de grande taille, blond et les yeux rieurs.

- Pourquoi. Je n'ai pas le type?

Je suis resté trois jours en Israël. Le temps de mettre mes pas, effectivement, dans ceux du christ, et de visiter Jérusalem où se côtoyaient juifs orthodoxes et arabes.

L'article que j'ai écrit en rentrant, après un tableau d'ambiance, insistait sur l'entente des juifs avec les arabes, et celle des arabes avec les juifs. Deux peuples sans doute, mais une seule nation. J'en ai eu beaucoup de compliments.

Lorsque des amis m'ont proposé d'adhérer aux amitiés belgo-palestiniennes, j'ai signé une pétition qui prônait l'amitié entre les peuples, et j'ai proposé d'assister à un colloque qui devait avoir lieu au Caire.

Finalement, je ne suis pas parti. Jean Clément, un jeune avocat qui était devenu mon ami, le secrétaire du mouvement, après une réunion du bureau, m'avait demandé de rester. Il avait l'air ennuyé.

- Ca ne va pas, Jean?

- Ils ne t'ont pas accordé de visa.

- Quel visa? Qui ça ils?

- Ce n'est pas notre faute, Pierre. Ils m'ont téléphoné de l'ambassade. Ils disent que ce ne serait pas indiqué qu'un juif participe à ce colloque, au Caire.

- Ils t'ont demandé si j'étais juif? Tu leur as dit que j'étais juif? Je rêve, dis-moi. C'est la guerre, et les allemands sont toujours là.

J'avais le cœur qui battait, mes joues étaient brulantes.

- Je t'en prie Pierre. J'ai demandé tous les visas, pour chacun d'entre nous, dans le même courrier, en même temps. C'est ton nom qui les a frappés. Je ne savais même pas que c'était un nom juif. Je ne me suis jamais posé la question de savoir si tu étais juif ou non. Et même si tu es juif, c’est ton droit, ça n'empêche pas.

- Alors, qu'est-ce qu'on fait.

- Pour le bien du mouvement, les choses sont déjà tellement avancées, et nous avons des idées à défendre, je pense que tu aurais fait comme moi, j'ai dit: d'accord.

Le colloque, à ce que j'ai appris, avait été un succès. On avait cité la délégation belge dans la presse, et un officiel avait félicité Jean pour la hauteur de son intervention. J'aurais été satisfait, Jean avait utilisé certaines de mes formules dans son intervention.

Je n'ai plus participé aux réunions du bureau.

Un jour, j'ai cessé de proposer des articles au rédacteur en chef du journal. Je suis retourné à l’anonymat du secrétariat de rédaction. Je n’avais plus à me préoccuper de la signature apposée au bas de l’article. Pierre Berger en entier ou les seules initiales P.B. Il paraît que monsieur Balder, le patron du journal, en avait été surpris. Il aimait bien la manière dont, en quelques lignes, j'évoquais une atmosphère, une ambiance.

- En quelques lignes, Pierre se fond dans un milieu. On dirait qu'il en fait partie.

Oui, pensais-je, mais qui est Pierre?

Hélène était une collègue de bureau. Séparée de son mari, sans enfant, elle restait assez tard au bureau. Moi même, je ne quittais le journal que lorsque les rotatives étaient prêtes à tourner. Ensemble, nous allions prendre un verre avant de rentrer. Nous nous sommes mariés au désespoir de ma mère. 

- Souviens-toi. Lorsque nous avons passé la frontière en 1942. Souviens-toi des soldats allemands. Est-ce qu’elle aurait risqué sa vie pour toi ? Seule une mère juive est capable de le faire. Est-ce qu’elle risquerait sa vie pour quelqu’un dont tous ses frères disent qu’il n’est pas leur semblable ?

Et moi, pensai-je, est-ce que j'avais réellement envie d'être de ce peuple dont l'histoire baigne dans le sang?

Nous étions mariés depuis près de vingt ans lorsque les prémices du cancer se sont déclarés. Nous n'avions pas d'enfants. J'étais d'une génération où on associait les mots enfant à ceux de guerre et de mort. On disait: faire des enfants afin de nourrir la guerre. Ce sont toujours les jeunes qui meurent à la guerre.

Les vieux, en général, et les généraux, si je puis me permettre cette plaisanterie éculée, meurent dans leur lit. C'était ainsi durant les guerres des anciens temps. Les jeunes ne craignent pas la  mort. Les vieux, si! Ils ne craignent pas cet accident aussi absurde que celui de la naissance, ils craignent de ne plus vivre. Chaque jour dépose des images alluvionnaires dont on ne distingue plus les odeurs. Bons ou mauvais souvenirs, elles prouvent que vous avez existé.

Les jeunes ont moins de souvenirs que leurs ainés. Par contre, ils sont convaincus d'être la substance d'un grand dessein. Ils savant qu'ils ne peuvent pas mourir avant que ce dessein ne se réalise. Même sous les bombardements, à plat ventre sur le sol, je levais les yeux au ciel, et une étrange exaltation soulevait ma poitrine. Je ne pouvais pas mourir. La preuve, c'est que j'ai survécu durant de nombreuses années, et que je vis encore.

Hélène, elle, n'était pas immortelle. Proche de la mort, elle n'avait pas été animée d'une exaltation particulière.

Jusque là, je ne savais pas à quel point j'aimais ma femme. Le soir de notre mariage, comme des esprits forts, nous ne nous sommes pas juré de nous aimer toute la vie.

- Le plus longtemps possible.

Qui, en effet, peut prévoir l'avenir. Pour Hélène, j'ai été celui qu'elle à aimé jusqu'au dernier de ses jours.

Lorsque ma mère est morte, c'était quelques mois avant la mort d'Hélène, je n'ai pas éprouvé la sensation de vide que j'ai éprouvé à la mort d'Hélène. Peut être parce qu'il est naturel que les plus âgés meurent avant les plus jeunes, et contribuent ainsi à un juste équilibre des générations. Quand c'est le contraire qui se produit, il n'y a plus d'équilibre, et on aboutit à une civilisation de vieillards, sans beauté, sans énergie et sans courage.

Mon père est mort quelques mois après la mort d'Hélène. Je ne le lui avais pas dit. Il n'avait plus toute sa tête, comme on dit, Il méritait que les images qu'il voyait, les propos qu'il entendait ou croyait entendre, autant que ceux qu'il tenait lui-même, le ramènent aux époques de sa vie qu'il choisissait selon ses envies. Ou selon ses errements.

Il m'avait raconté la fin heureuse de l'un de ses amis. Agé de plus de quatre-vingt cinq ans, il avait marché entre les rails, à la rencontre des trams. En levant sa canne, il criait:

- Ce tram est à moi, de quel droit vous en servez-vous?

Des agents de police l'avaient entouré, il avait été placé dans un asile, et il était mort heureux, persuadé qu'il était propriétaire d'une flottille de tramways.

Cette année là, j'ai beaucoup côtoyé la mort. Je n'avais plus d'attaches réelles. Je me retrouvais seul comptable de ma vie. C'était une année curieuse. Je revoyais mon passé comme s'il s'agissait d'un film tourné à l'envers. Un de ces vieux films d'actualités qui ressemblaient à ceux de la naissance du cinéma. Les personnages couraient, les gestes saccadés. Tout semblait caricatural. Mais les morts, de plus en plus nombreux, ne se relevaient pas à la fin du spectacle.

Je me suis posé la question. Ces hordes humaines traversant la scène en tous les sens, étaient-elles liées a des images encore récentes, ou avaient-elles marqué ma mémoire, parce qu'elles se répétaient depuis des siècles?

Je me suis souvent demandé à quoi on pouvait reconnaitre qu'une guerre allait survenir. Pas une de ces petites guerres qui depuis quelques temps surviennent à différents endroits de la planète. Une guerre sérieuse avec des ennemis suffisamment proches pour qu'ils puissent se réconcilier rapidement. Que les survivants puissent se demander pourquoi ils se sont fait tuer.

Ce sont des guerres normales dont on enseigne la stratégie dans toutes les bonnes écoles militaires. Sans se préoccuper de la nationalité de l'auteur qu'on étudie.

Pour les juifs, durant la dernière guerre cela n'avait pas été pareil. Durant les guerres d'une certaine ampleur, comme il se doit, ils étaient assimilés d'office à la communauté de leur pays. Il arrivait que durant un assaut, un juif tuât un juif à l'uniforme différent du sien. Il en était profondément désolé, il répondait Sheema Israël à celui qui criait avant de mourir Sheema Israël. C'était le prix à payer pour continuer d'être l'homme d'un pays. Durant la dernière guerre, quel qu'ait été leur pays d'origine, il n'y eut pas de bons ou de mauvais juifs. Pour un grand nombre d'êtres humains, ils étaient tous mauvais. Tous, il fallait les éliminer. Durant cette guerre là, aucun de ceux qui sont morts n'a eu droit à une mort honorable. Ni à l'endroit où des proches survivants auraient pu se recueillir sur leur tombe. Ce n'est pas juste.

Je m'étais étendu sur l'herbe comme je le faisais de plus en plus souvent dès que le temps le permettait. La sonnette a retenti. Je n'attendais personne. C'était Hector que je n'avais plus revu depuis son départ pour Israël. Lorsqu'il en est revenu, il s'était engagé dans une firme dont les activités se développaient au Congo. Jusqu'au jour de l'indépendance du Congo, et du départ forcé des coloniaux. Les nouvelles que j'avais eues de lui l'avaient été par pur hasard.

- J'ai appris que ta femme est morte. Je suis désolé, Pierre.

Il paraissait ému. Il parlait comme si nous nous étions quittés la veille.

J'ai toujours partagé ma vie en périodes que, sans le vouloir sciemment, j'oubliais dès qu'une autre commençait. C'était une méthode qui permettait de vivre longtemps. Presqu'en paix.

Pourquoi suis-je vivant? Et non pas ceux qui ne sont pas morts de mort naturelle. Ils auraient eu mon âge aujourd'hui.

Parce qu'ils étaient juifs? Mais, c'est quoi un juif? Je me souviens que j'avais huit ans, lorsqu'à l'école primaire, un condisciple m'avait crié: "sale juif".

Le jour de la prochaine commémoration à Auschwitz, j'accompagnerai les organisateurs. Vers la fin de l'après-midi, je me rendrai à la baraque la plus éloignée. Je m'étendrai sur un des châlits. Peut être que c'est ma place que je retrouverai. Celle qui encombre ma mémoire. Peut être que c'est ce qu'ils veulent, ceux qui me regardent comme si je n'étais pas tout à fait l'un des leurs. Comme s'ils attendent cependant de moi que je leur dise quelque chose. Quelque chose que nous ne comprenons pas ni les uns ni les autres. Mais qui est important.

Je me souviens d’un poème écrit par un poète qui s’est suicidé à l’âge de trente-trois ans, l’âge d’un juif crucifié.

Il disait : je suis un nuage en pantalons.

 

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Mascarade JGobert

Se déroulent parfois des scènes étranges où se mêlent des hommes sournois, accoutrés d’un déguisement qui les cache, les dissimule de leur véritable vérité.  Ils se posent autour du pouvoir pour mieux le contrôler et en font un jeu de dupe. Une comédie, un divertissement qui rend la vie stérile et sans lendemain. Ils possèdent ainsi les rênes d’un ordre fantomatique qu’ils dirigent d’une main de fer et en font une cavalcade ridicule où personne n’est ingénu mais où personne ne bouge.

Comédie d’un autre temps où règnent toujours des despotes sanguinaires, ces pays meurent d’un manque d’oxygène, d’air pur, de liberté. Mascarade d’élections burlesques auxquels personne ne croit, ne résiste et laisse s’accomplir, une fois de plus, la tyrannie de certains hommes avides de pouvoir.

Ces pays, parfois dotés de bon sens, proclament fièrement leurs démocraties nouvelles à la face du monde et s’en font arrogance à mettre en doute les nôtres trop laxistes. Carnaval trompeur qui anéantit les gens de bonne volonté et les chasse du droit, qui laisse le peuple mourir d’épuisement à force de privation et de contrainte, qui détruit l’intellectuel, le sage, l’éclairé pour le rendre inopérant, vidé de sa substance.

Sous le déguisement burlesque de leur démocratie ridicule se cache, s’abrite la révolte bien vivante  qui s’amplifie et qui répandra le sang.  Bal masqué, Paillasse rit pour mieux pleurer sous son masque de tristesse. Ton peuple n’est pas naïf.

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Hommage à un Grand....

C’est l’histoire d’un homme d’une sensibilité et d’une humanité rare, tombé dans le XXIème siècle comme on se trompe de porte et dont chaque écrit porte le sceau de la tendresse et de la clairvoyance….

Je vous invite à le découvrir : mon ami Thierry-Marie Delaunois :

http://www.thierry-mariedelaunois.com/

http://youtu.be/Arvomp5Z-_4?list=FLHXgxuZ1v2dzS2s2BtFJZxA

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administrateur partenariats

Le parc de Séroule à Heusy,

en région verviétoise,

vaste domaine public où nous avons planté nos chevalets .

12273032069?profile=originalPromeneurs flânant au gré des chemins enchantés, familles et bambins découvrant

une nature préservée, solitaires accompagnés de leur fidèle compagnon,

photographes immortalisant la tendre jeunesse longs cheveux au vent,

tout un petit monde se promène là, fuyant la modernité des stress quotidiens,

se ressourçant  au milieu d'un écrin de verdure enchanteur.

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Au détour du chemin, l'étang traversé par un pont de bois s'offre à notre créativité...

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Sitôt dit, sitôt fait !

Pour notre amie Jacqueline Nanson, le bonheur est dans le pré...

12273033877?profile=original12273034459?profile=original

Nous avons entraîné Maxime, un jeune étudiant,  dans notre aventure !

Il réalisera son premier croquis en plein air !

12273035063?profile=original12273035289?profile=original Et enfin me voici !

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Grande discussion autour d'un problème !

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Merveilleuse après-midi, une fois de plus !

Nous avons élargi notre petit groupe,

et pour notre plus grand bonheur,

avons fait découvrir le dessin

et la peinture en plein air

à un jeune dessinateur

qui se joindra

désormais

à nous !

A bientôt donc,

Jacqueline, Maxime, Liliane

"Armés de leurs seuls pinceaux, vaillants ils partirent en campagne.

Vainqueurs, ils hissèrent les couleurs et à la morosité firent rendre les armes,

jetant un nouveau pont, et que du Beau nous tombions sous le charme."

 Michel Lansardière

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Un Monréalais en Hiver

carte claude moulin011

Poème inspiré par le tableau de Claude Moulin «Montréal.QC»

On fait des rêves tout éveillé

Qui parfois incitent au voyage;

Arriver ailleurs, sans bagages,

S'émouvoir et s'émerveiller!

Alors qu'il a les yeux ouverts,

Un matin, sur son pas-de-porte,

Le fabuleux soudain emporte

Un Montréalais en Hiver.

Un divin créateur, la nuit,

Quand tout dormait dans le silence,

A déversé, en abondance,

Une manne près de chez lui.

L'espace est d'un bleu velouté.

Il se sent empli d'allégresse.

En même temps que de tendresse.

Et ne peut certes pas douter.

Le décor n'est pas une image

Restée d'un rêve passager.

Fasciné, il n'ose bouger.

Offert en grâce, ce voyage!

24 juillet 2014

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Tu es

Tu es  

 

Tu es sèche

Tu es laide

Tu es rêche

Tu es raide

 

Tu es aimable

Tu es belle

Tu es détestable

Tu es telle

 

Tu es horrible

Tu es errante

Tu es sensible

Tu es tentante

 

Tu es vive

Tu es douteuse

Tu es agressive

Tu es douloureuse

 

Tu es douce

Tu es violente

Tu nous as tous

Tu es puissante

 

Tu es là

Tu es unique

Tu es toi

Tu es pudique

 

Tu es pénible

Tu es passante

Tu es terrible

Tu es présente

 

Tu es impulsive

Tu es majestueuse

Tu es primitive

Tu es amoureuse

TOI LA MORT !

                                           © SABAM RICHARD Jean-Jacques

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Partie carrée

 

Pierre avait épousé Cécile tandis je me mariais avec Marie. Le même jour. Tous les quatre, nous nous étions promis une amitié et un amour éternels. Cinq ans plus tard, Pierre qui était un coureur né avait une maitresse.

Je l’ai répété à Marie, elle était au courant de tout ce qui concernait nos amis.

Elle m’a regardé avec cet air moqueur qui me désarçonnait.

- Pierre se partage entre elle et Cécile qui n’en sait rien. De toute manière, le jour où elle l’apprendra  Pierre en aura déjà une autre. Cécile aura toujours une maîtresse de retard.

- Belle comme elle est, elle devrait se prendre un amant. J’en connais beaucoup qui seraient disposés à faire un effort.

Je le disais en riant mais cela ne faisait pas rire Marie.

- Tous les hommes sont l’esclave de ce qu’ils ont entre les jambes.

- Moi excepté, bien sûr.

Quels que soient les sentiments que m’inspiraient Cécile, il en est que je n’aurais pas confessés à Marie, je l’avoue. J’en rougissais intérieurement. Pierre était mon ami. Il m’aurait confiée sa femme dans le plus simple appareil, je n’aurais pas levé les yeux sur elle. Enfin, c’est tout comme. Enfin, je crois.

Je n’approuvais pas l’attitude de Pierre. Plus encore, je ne l’excusais pas. Quelque soit l’amitié qui nous liait, une amitié de toujours, je trouvais son attitude indigne. Pierre, Cécile, Marie et moi nous formions tous les quatre un carré d’amis qui s’étaient voulus digne de notre adolescence. Cette période de formations, de serments d’honneur et de résolutions qui marquent la vie tout entière. Je pris la résolution de lui parler. C’était un problème d’hommes. Un problème d’hommes que je souhaitais régler sans heurts, sans cris, dans le souci d’être celui qui comprend et qui rassemble.

Un après-midi, je me rendis chez Pierre. Pierre devait être au bureau. Cécile serait seule. Je m’efforcerais de la ménager.

Elle me reçut sans être surprise. Nos relations étaient celles de parents qui chez les uns ou chez les autres étaient toujours chez eux.

- Bernard ! Je suis contente de te voir. Et Marie ?

- Elle est à la maison, je lui ai dit que je me rendais à mon bureau.

- Elle ne sait pas que tu es ici ?

- Je voulais te parler. Seul à seul.

C’est vrai qu’elle était belle. Une chemise ouverte sur la poitrine dénudée à moitié, le jean serré, je comprenais qu’elle suscite la concupiscence de ses interlocuteurs masculins. Il y a cinq ans, c’est elle peut être que j’aurais du épouser. Mais aujourd’hui c’est peut être Marie que j’aurais désirée.

Qui a dit que les hommes devraient disposer de deux femmes pour être des maris fidèles. Une femme pour le jour et une autre pour la nuit.

C’est Pierre, le coureur de jupons, qui avait raison ?

Je me demandais si j’avais l’air suffisamment grave. Il faut une certaine solennité à l’annonce des mauvaises nouvelles.

- Je suis ennuyé Cécile. J’ai longtemps réfléchi. Si je n’avais pensé qu’à moi, je ne serais pas ici maintenant. Mais l’amitié impose des devoirs.

Elle s’était assise sur le divan, les jambes écartée, et me regardait en souriant.

- Tu me fais peur. Je ne te savais pas si solennel.

- Pierre te trompe.

- Tu m’as fait peur.

Son sourire s’était fait ironique.

- Tu sais avec qui ?

- Non.

- Je croyais que tu le savais.

Son regard s’était fait tendre.

- Avec Marie. Avec Marie, ta femme.

C’est drôle, la manière dont le temps passe. Je venais de vieillir d’un seul coup. Ce qui était plus drôle encore, c’est que je n’en éprouvais aucune tristesse.  C’est elle que j’aurais du épouser.

Elle s’est levée et elle s’est approchée de moi.

Elle me le répéta un peu plus tard tandis que je serrais son corps nu contre le mien.

- Avec Marie. C’est mieux avec Marie ou avec moi ?

Finalement, nous étions restés fidèles à ce carré que nous formions au jour de notre mariage. Et qui s’était promis amour et fidélité. 

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PRIX POESIE PIERRE NOTHOMB

Je n'ai pas gagné mais je suis très contente quand même!!!!!! Voici ce que je viens de recevoir:

Bonjour, madame Rouhart,

Votre poème pour le prix Nothomb a retenu l'attention du jury. Vous ne faites pas partie des trois finalistes, mais votre poème sera publié dans un petit recueil.
La remise des prix aura lieu fin septembre à Habay. Vous recevrez une invitation début septembre.

Bien à vous , et encore toutes nos félicitations.

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La femme de mes amis.

 

 

Le premier de mes amis que j’ai tué se nommait Frédéric Dieu, cela ne s’invente pas, comme on dit. Il était l’amant de Sophie dont j’étais devenu amoureux. Elle était très séduisante, elle le savait, et se collait contre le corps de son partenaire.

Je lui ai demandé :

- Pourquoi, tu ne veux pas que nous sortions ensemble ?

- Je suis fidèle, Pierre. C’est avec Frédo que je sors.

Le jour des funérailles de Frédéric, nous étions quelques uns à être présents.

Sophie et moi, nous sommes allés directement chez elle. Elle était nerveuse : une vraie pile électrique. Elle n’a retrouvé sa sérénité qu’après que nous nous soyons aimés. La mort est un aphrodisiaque puissant. Peut être le plus puissant. Ils le savent ceux qui ont pour maîtresse une veuve, récente de préférence.     

Peu à peu, je me suis détaché d’elle. Je dois le reconnaitre, les jolies femmes m’excitent lorsqu’elles sont l’épouse d’un autre. Celle de mes amis de préférence. Je ne comprends jamais ce qu’elles peuvent leur trouver.

Le second, c’était Richard, un ancien condisciple lui aussi. Très ambitieux, il avait épousé la fille d’un industriel dont il était devenu l’un des collaborateurs, Colette. Elle s’en était rendu compte très rapidement.

Elle m’avait dit un soir :

- Il coucherait avec son patron si ça pouvait aider à sa carrière.

- Et avec toi ?

- Lorsque ça se trouve.

- Et qu’est-ce qu’il trouve lorsque ça se trouve ?

J’avais trop bu peut être. J’avais les yeux fixé sur sa poitrine. Elle avait trop bu, elle aussi. C’est l’excuse que chacun de nous avança plus tard. Elle posa la main sur ma cuisse.

 Lorsque Richard est entré. Colette s’est redressée. Elle m’a jeté un regard qui me disait tout le regret qu’elle ressentait.

J’ai pris ma décision à l’instant. Il fallait que Colette soit veuve. Un banal accident de voiture.

- Tu te rends compte, Pierre. Une voiture l’a renversé dans une rue déserte. La police ne m’en a avertie que le lendemain matin.

- Tu n’avais pas été surprise par son absence ?

- Cela lui arrivait, parfois. Oh, Pierre !

Elle était blottie contre moi. Elle pleurait tandis que je lui entourais les épaules.

- C’était atroce. J’en tremble encore.

En effet, elle tremblait encore et pour la calmer, je lui ai dit en mettant la main sur sa poitrine :

- Laisse-toi aller, Colette. Pleure si tu en ressens le besoin.

Elle est restée veuve durant un an. Le temps de faire son deuil. En tant qu’ami de Richard, ma présence ne surprenait personne, je lui servais de garant.

Nous étions quelques amis, des anciens condisciples, qui nous rencontrions souvent. Nous passions de nombreuses soirées ensemble. Parce que j’étais célibataire, c’est à moi que leurs épouses, souvent, se confiaient. Elles disaient parfois des choses que je trouvais ahurissantes. J’avais toujours cru qu’il n’y avait que des garçons à même de tenir des propos salaces dont leurs femmes, parfois, étaient le sujet. Les femmes aussi se faisaient des confidences  très intimes quant à leur mari, je l’ai appris avec surprise.

Il y avait, à quelques kilomètres d’ici, un endroit où se rendaient des messieurs en état de besoins physiques. Je précise : un bordel. Je m’y suis rendu un soir afin de ne plus tromper ni mes amis ni leur femme lorsque je voulais satisfaire mes pulsions. Ce fût un désastre.

- Ce sont des choses qui arrivent plus souvent que tu ne l’imagines. Va, rentre chez toi. Ta bourgeoise s’occupera de toi bien mieux que je ne pourrais le faire.

La tenancière de la maison, une personne très bien,  souvent croisée sur la place du marché le samedi matin, avait eu plein d’attentions à mon égard. J’étais sûr qu’elle me parlait d’expérience mais je n’avais pas de bourgeoise, comme elle l’avait dit vulgairement. Et je ne manquais pas de moyens non plus.

Seulement, et cela me peinait pour eux,  je ne désirais que la femme de mes amis. Et seulement, lorsque mes amis n’étaient plus.

Peut être que les tuer m’excitait également ? Ou davantage ?

On peut tuer sur un coup de tête lorsqu’on aime passionnément. L’amant de sa femme, ça peut se comprendre. Ou sa femme, elle-même, bien que cela  je ne l’ai jamais compris.

Tuer comme je le faisais exigeait de la réflexion, de la préparation, beaucoup d’intelligence. Ceux qui ont déjà tué pourraient en témoigner. Je ne nierai pas que ça ajoutait au plaisir des sens un zeste d’adrénaline qui comblait le couple que nous faisions peu après.

Je n’en ai jamais dévoilé la raison à mes maîtresses successives. Cependant, au fond de moi-même, je savais l’attraction que pouvait exercer sur certaines la partie la plus obscure de nous-mêmes.

Après la femme de Richard, ce fût Evelyne. Celle que nous avions baptisée la ‘nunuche’. Elle ne l’était pas autant que la plupart d’entre nous le prétendaient. A voir le visage creusé de son mari, mon ami Jacques, le matin à l’heure où les citoyens normaux se rendent au bureau, on pouvait imaginer que ses nuits n’étaient pas destinées à dormir pour se remettre des fatigues du jour. C’est le jour, au contraire, qu’il se remettait au bureau des fatigues maritales de la nuit.

Après avoir bu un certain nombre de bières avant de rentrer chez lui, il s’était égaré sur un des quais du fleuve et, la tête la première, il était tombé à l’eau.

Evelyne était veuve, beaucoup trop jeune. Une malédiction frappait les épouses de mes amis. 

Elle se laissa conquérir par moi trois semaines après la mort de Jacques. De devenir la maîtresse d’un des plus anciens amis de son mari la soulageait. Elle avait le sentiment de lui être restée fidèle. Il n’y avait aucune réticence à parler de lui à son amant. D’Evelyne aussi, je me suis détaché.

Ces femmes qui étaient si proches à la fois de mes amis et de moi auraient pu constituer un club intime où elles auraient parlé de moi et de leur époux décédé. Elles préféraient garder leur secret, je suppose. Leur secret, c’était moi. Au-delà de l’amitié qu’elles se portaient, chacune pouvait penser que son secret était le plus précieux.

J’étais déçu de ne pas être reconnu comme l’amant de ces femmes si sages du temps de leur mari. Pourquoi ne pas le dire, j’étais déçu tout autant sinon plus, de ne pas être reconnu comme celui qui avait fait disparaitre leur mari. Cocufier quelqu’un, c’est bien, cela vous valorise auprès des dames, mais le tuer froidement était autrement méritoire.

Un soir un ami me dit :

- J’ai besoin de le dire, Pierre. Je n’en ai plus pour longtemps. Je ne peux pas le dire à Louise.

Nous étions assis au fond de la salle du Réjane, une taverne que nous fréquentions déjà du temps de nos études. René était atteint d’une maladie insidieuse et fatale.

- Tu la connais, Louise. Elle ne peut pas rester seule, ne serait-ce qu’une nuit : elle a peur. Elle ne sait pas de quoi mais elle a peur. Dans quelles mains va-t-elle tomber ? Promet-moi de t’occuper d’elle. Elle est belle et bien faite, tu n’auras pas à le regretter.

- Je te le promets René

Honnêtement, je ne pouvais pas refuser. Mais ça ne résolvait pas mon problème. Au décès de René, à l’aide de ses précieux conseils, je devins très vite l’amant de sa veuve.

Cependant parmi mes amis restants, on se douta bientôt qu’une étrange relation se constituait dès les premiers jours de leur veuvage entre de jeunes veuves, que leur mari et ami venait de quitter définitivement, et moi.

 Malgré une amitié de toujours, nos liens devinrent plus distants. Ils craignaient qu’une sorte de fatalité ne me poursuive dont ils risquaient de faire les frais. Lorsque nous nous rencontrions, ils regardaient tour à tour leur femme et moi.

Eux exceptés, personne ne parlait de moi. Le journal local disait quelques mots dans la page consacrée aux notices nécrologiques. Alors que moi, j’en avais de plus en plus conscience, c’est en première page que je désirais figurer. Le texte, accompagné d’une photo, je l’aurais volontiers rédigé moi-même.  Les lecteurs, et les journalistes, sont ce qu’ils sont. Il leur fallait un mort plus spectaculaire.

La psychologie d’un serial killer, c’est dans ce constat qu’il faut le rechercher. Ce n’est pas romantique peut-être, mais c’est humain. Je décidai d’agir.

La femme d’Edgar, le seul de nos amis qui avait mal tourné était une vraie beauté. Elle était fascinée par le monde de la nuit. Pour elle, je me mis à fréquenter les endroits louches, il en existe dans toutes les villes. Edgard était enchanté de ce qu’un de ses condisciples ait des goûts similaires  à ceux de sa femme et les siens.

Une nuit, avant même de monter dans sa voiture, et sous les yeux de sa femme, je lui plantai un couteau dans le dos. Cécile se mit à crier, elle fuyait en criant tandis que j’attendais la police.

J’avais vu juste. Le quotidien local me consacra une page entière le lendemain, puis durant de nombreux jours, une ou deux colonnes surmontées d’une photo.

Aux assises, les femmes dont j’avais occis le mari étaient là. J’avouai les crimes que la police ignorait. Chacune de ces femmes qui avaient été, faut-il le dire, mes amies avant d’avoir été mes maitresses, était persuadée que quoi que je dise, c’est pour chacune d’elle que j’avais tué mu par un élan irrépressible.

 

 

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L'échappatoire JGobert

Devant sa feuille blanche, elle voudrait mettre par écrit le poids et la longueur de ses jours mais l’inspiration ne vient plus. Elle est épuisée depuis un moment et en recherche la raison. La vie est pesante et ne lui laisse plus de temps pour se ressourcer et reprendre son souffle. Les jours se ressemblent, remplis de gestes lents, habituels, de moments anodins, quelconques. Ils se suivent les uns les autres la laissant au bord du gouffre. Souvent, son esprit évolue à vide, fatigué et n’arrive pas à se fixer sur un objectif positif.

La fatigue prend parfois des chemins escarpés et rend la réalité insupportable. Là où le rêve avait fait son lit, ne reste qu’un sillon inoccupé qui parcourt une âme dépouillée, esseulée, égratignée.

Réveillée de bon matin et debout devant sa réalité, la journée lui semble triste. Plus le poids de la lassitude l’envahit, plus elle s’enfonce dans l’abîme où elle se débat.  Son âme vagabonde dans un labyrinthe d’idées noires et ne trouve pas le chemin de l’échappatoire.   

Tous ses beaux rêves se sont envolés un à un, disparus sans trace. Elle s’agrippe aux derniers avec force pour ne pas couler dans l’habitude infernale d’une vie sans tendresse. Ses mots jetés ci et là sont des bouées qui la maintiennent à la surface et la laissent voguer un instant encore.

Elle voudrait partir comme au temps de sa jeunesse vers des lieux qui lui sont chers et retrouver cette force qu’il lui manque tant. Combler ce vide et le garnir de nouveaux souvenirs.  Décorer sa vie de jours joyeux, radieux et l’orner de regards tendres et doux. Oublier cette faiblesse qui l’accable depuis des mois et qui la rend triste même si la sagesse qu’elle a acquise l’aide parfois à reprendre les brides de ses pensées.

 

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" REGARDS " à Sainte-Valière (Aude)

Une exposition photos de Florence PERETTI et Gilbert CORBIERES, avec ma prose " partielle et partiale " comme aurait dit mon Professeur de Psychologie Clinique à propos de notre imaginaire...

A Sainte-Valière, village avec lequel j'entretiens ainsi que le cinéma du narbonnais quelques liens depuis des années...

Un passage pour vos vacances...

Au programme, je reprends le texte de Gilbert:

Mairie de Sainte Valière (Minervois) 
Salle GALY 

du 21 Août au 05 Septembre 2014.

Vernissage à 18h30 le 21 Août 2014. 

Deux photographes et un écrivain, 

Florence Peretti, Gilbert Corbieres et Michel Sidobre

croisent et confrontent le regard qu'ils portent sur "le sujet". Les photos s'opposent aux mots quelques fois si éloignés des "sensations", de l'étincelle qui a fait figer l'instant; photos et mots, qui une fois couchés sur le papier ne leur appartiennent plus. 

Photos Noir et Blanc, photos couleurs et textes s'exposent, se posent sur les murs de la Mairie de Sainte Valière du 21 Aôut au 05 Septembre 2014 à l'initiative de Cathie Cambriels, de Mme La Maire et du conseil municipal.

Il sera aussi présenté à l'occasion le troisième volet de "Gens du Village", une série vidéo dont les deux premiers volets avaient été tournés à Coursan ( Aude). Huit hommes et femmes de Sainte Valière répondent aux quatre mêmes questions en toute liberté et spontanéité.

 

Les artistes:

Deux personnes photographient, une autre écrit,
différents et semblables dans le résultat.

-Florence Peretti :

 Un travail photographique intuitif et sensible, un oeil qui découvre, perçoit, capture, révèle et donne à voir. Autoditacte, son travail se passe sur le terrain, "In Situ" et non devant l'ordinateur à "modifier" le sens ou la structure des photos que l'émotion a déclenchée.

Voir, saisir et transmettre les émotions éprouvées et nous amener à réfléchir sur une "histoire", c'est ainsi que je perçois les photos de Florence.

-Michel Sidobre:

Écrivain, poète, acteur...différents centres d'intérêt pour celui qui reste à mes yeux un homme des mots.
Une écriture...imagée et imaginative, au-delà des maux et des mots.

-Gilbert Corbières:

Le travail est à l'opposé de la photo de "laboratoire" ce qui est transmis par la photo est tout simplement ce qui a été vu...et tel quel.
Ce sont des photos prises en flânant, en marchant qui sont données à voir...Il chemine "sans savoir réellement où le chemin le mènera..." ( Pierre Sansot)

 

Michel SIDOBRE

Auteur : http://sidobremichel.onlc.fr 

Acteur : http://michelsidobre.onlc.fr 

 

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À chacun sa philosophie

 

Propos

 

Depuis l'Antiquité, des penseurs ont répandu leurs idées sur les façons dont il faudrait se comporter pour vivre bien. Ils voulaient rendre les hommes sages. On leur a donné le nom de philosophes.

Au cours des siècles, leurs disciples ont exprimé leurs conceptions individuelles dans un langage tellement complexe que seuls des initiés y ont accès.

Faut-il le regretter ou peut-on se passer de la philosophie?

Chacun est doué d'intelligence, réfléchit avant d'agir s'il doit poser des gestes importants.

Parfois l'urgence le presse; la précipitation peut fausser le jugement, il apprend à s'en méfier.

En France et ailleurs dans le monde, de bons vivants ont élaboré d'innombrables avis savoureux que l'on a surnommés proverbes. Emplis de bon sens, ils viennent rarement à l'esprit de ceux qu'ils devraient aider et qui agissent spontanément, ayant acquis des valeurs et des croyances qui les guident.

Éric Hamel pensait que l'homme ne devient que ce qu'il est. Il parait évident qu'il a hérité

de caractères qui le conditionnent et qu'il lui est difficile de modifier complètement. Il voudrait ne plus mentir ou résister à la colère. « Chassez le naturel, il revient au galop! »

On ne parvient que rarement à changer des réactions indésirables.

Vivre bien est un art. Heureux sont ceux qui ayant peu de besoins, apprécient constamment, dans l'exaltation ou la joie, les sublimes beautés qu'ils découvrent dans la nature.

Après s'être  émerveillé, en comprenant les lois qui la régissent, l'être humain peut apprendre à devenir équilibré et serein, en restant réaliste

30 mars 2014

 

 

 

 

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Stage en pays Bigouden ( Finistère )....France

Stage d'exception en Bretagne du 15 au 19 Septembre 2014.

Après l'Irlande et divers stages aux 4 coins de la France,

ANIMATION....JEAN CLAUDE BAUMIER

Pour info : il reste quelques places pour ce stage de 5 jours en pension complète ( ambiance sympa assurée)

'' Paysages / Création ''....Tavail sur site.

Renseignements :voir rubrique '' stages divers '' sur mon site.

Http://jcbaumier.com

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12273038484?profile=original"Du refus à l'invocation" est un recueil d'articles et de conférences du philosophe français Gabriel Marcel (1889-1973), publié en 1940. Cet ouvrage groupe plusieurs textes importants: "L'Être incarné", "Remarques sur les notions d' Acte et de Personne", "De l' opinion à la Foi", "La fidélité créatrice", "L' Orthodoxie contre les conformismes" et "Situations fondamentales et situations-limites chez Karl Jaspers".

"Ce que je voudrais simplement marquer -écrit l'auteur dans l'introduction- c'est que, si l'expression "philosophie concrète" a un sens, c'est d'abord qu'elle correspond à un refus de principe, opposé aux "ismes", opposé à une certaine scolarisation. C'est à cette exigence de refus que répond la forme même de cet ouvrage philosophique et de la plupart de son oeuvre, forme qui d'ailleurs s'est imposée à lui "sans qu'il l'ait expressément voulue". La première obligation du philosophe est de ce maintenir en contact permanent avec le concret. Il lui faut résister à toute tentation d'évasion, trahir, pour un philosophe, c'est "faire un usage inconsidéré des idées abstraites". "Celui qui philosophe hic et nunc est en proie au réel, il ne s'habitue jamais au fait d'exister; l'existence n'est pas séparable pour lui d'un certain étonnement, d'un certain émerveillement. Ainsi, le philosophe rejoint-il le monde de l' enfance et des poètes. Le philosophe, à l'opposé du savant, n'est pas un sujet abstrait et dépersonnalisé "qui prétendrait légiférer du haut d'un je ne sais quel tribunal purement fictif". Aussi le philosophe n'occupe-t-il pas une place centrale, il ne lui est pas permis de dépasser les perspectives particulières de l'univers. "Je serais enclin pour une part à dénier la qualité philosophique à toute oeuvre où ne se laisse pas discerner la morsure du réel. On ne saurait trop se méfier du philosophe qui juge, qui fonctionne, en tant que philosophe. Car il opère au sein de sa réalité propre une discrimination qui le mutile et qui tend à fausser irrémédiablement sa pensée_ D'où la nécessité pour le vrai philosophe de ne rien abstraire, d'envisager la situation fondamentale en termes concrets. Toute la recherche philosophique a pour but d'approfondir la situation de l'être humain, c'est-à-dire de l'existant.

 

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Laissez-vous porter par l’amour, le bonheur, le désir et l’aventure, en lisant les cent nouvelles du Décaméron de Boccace , illustré par l'auteur et les peintres de son époque.

Drôles, intelligentes, merveilleusement écrites, les 100 nouvelles de Boccace sont illustrées par 30 dessins de l’auteur et 500 œuvres d’art qui éclairent cette superbe comédie humaine et amoureuse.

La défense des femmes

D’emblée, Boccace place Le Décaméron sous le signe de l’amour naturel et triomphant, prenant le parti des femmes :

« Craintives et pudiques, dans leurs délicates poitrines elles tiennent cachées les flammes de l’amour [...], empêchées par les volontés, les plaisirs, les commandements des pères, des mères, des frères et des maris, elles restent le plus souvent recluses dans l’étroite enceinte de leur chambre [...]. Comme on peut le voir clairement, ces choses n’arrivent pas aux hommes amoureux. »

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Francesco del Cossa, Le Mois d’Avril, Ferrare, Italie. © Scala, Firenze.

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Andrea Bonaiuti, Allégorie de la Vanité et des plaisirs terrestres, Florence. © Scala, Firenze.

Une profusion d’œuvres d’art à l’aube de la Renaissance

Une fresque fascinante de plus de 500 œuvres d’art éclaire cette somptueuse comédie humaine : aux miniatures des plus grands manuscrits du Décaméron et aux dessins de Boccace lui-même répondent les panneaux de coffres de mariage, les plateaux d’accouchées, les fresques et les peintures d’artistes florentins, célèbres ou anonymes. Des œuvres éclatantes de vie et de couleurs, à l’aube de la Renaissance italienne.

Editions Diane de Selliers Les grands textes de la littérature

illustrés par les plus grands peintres

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Gilles Baudry, Poète et moine

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Les mots ne disent
que ce qu’ils taisent

et quand la neige aurait
tout recouvert :
hameaux, vergers, labours
mer et mémoire

nous n’aurions que la nuit
pour voir clair

qu’une vie pauvre pour écrire
réduits à l’essentiel
munis
de notre seul étonnement.

Gilles Baudry, in Invisible ordinaire, Rougerie1995.
“La biographie d'un poète, c’est mon oeuvre”, déclare ce moine de l’abbaye de Landévennec. Discret, Gilles Baudry ne se dévoile qu’au fil des mots, au rythme de ses poèmes. Des mots qui lui sont donnés d’écrire depuis une quarantaine d’années. Jean-Pierre Boulic, autre poète finistérien, le qualifie volontiers de “poète à part”, de “pèlerin de l’indicible”.
Rencontre.
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www.eglise-breiziroise.cef.fr

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