Selon Gaston Bachelard "un trait de l'image (poétique)suffit pour que nous lisions le poème comme l'échos d'un passé disparu".
Cette observation me paraît très juste. Ce we, confortablement installé dans mon divan, lisant les carnets 1954-967 de Jaccottet, je tombe sur ceci :"Le soir, tous les arbres, une brassée rose prête au feu".
Immédiatement, presque brutalement même, cette brassée rose prête au feu m'évoque un brasier et d'un coup, c'est un souvenir de ma jeunesse qui revient des profondeurs où il demeurait enfoui.
J’ai treize ou quatorze ans. Nous sommes en hiver ; le temps est froid et sec. Mon père, un de mes frères et moi débroussaillons un terrain qui appartient à la famille depuis plusieurs générations. Comme c’est alors encore l’usage dans ce coin reculé de la Famenne belge, le moindre arpent de terre porte un nom : ici, c’est le « Rond Pré ». Il n’a rien de rond : c’est un bout de terre parfaitement rectangulaire bordé par un ruisselet à sec en été et qui déborde fréquemment en hiver. Ses eaux sont boueuses mais son léger clapotis donne l’impression, en fermant les yeux, d’être dans un parc d’agrément. On le franchit en marchant sur deux planches incertaines qui débouchent sur l’autre berge envahie de hautes herbes d’un jaune sale, rendues raides et froides par le gel. Au passage, un peu de givre sur le pantalon et l’impression d’être retenu par une force invisible.
Le terrain, planté de peupliers qu’il faut élaguer, est encombré de broussailles que nous sommes venus nettoyer. A l’époque – j’ignore si c’est toujours le cas - les peupliers sont des arbres « de rapport ». Ils poussent vite et on peut en obtenir un prix convenable d’une fabrique d’allumettes de la région.
Aujourd’hui, nous en avons terminé : sur un grand tas de d’épineux tout secs, nous avons disposé les branches élaguées et un petit sapin que nous avons coupé. Mons père chiffonne plusieurs pages de journal qu’il bourre dessous avant de les enflammer d’une allumette qu’il ne lâche qu’au tout dernier moment, juste avant de se brûler le bout des doigts. Le feu se propage rapidement et bientôt, le brasier nous réchauffe. Dans la clarté du jour qui décline, il semble très coloré, rouge orange comme un soleil. Le bois crépite et surtout, ceci qui me revient le plus nettement : un sifflement enchante les flammes. Une branche de sureau, plus humide, exsude à son extrémité légèrement creuse, un peu d’eau et de sève mêlées : cela forme de petites gouttelettes qui aussitôt bouillonnent puis s’évaporent ou tombent dans le brasier dans un chuintement discret. Quand tout le bois est consumé et qu’il ne reste plus que des braises, mon père y enfouit des pommes de terre : il les retirera des cendres un peu plus tard, une fois cuites. Avec un petit peu de beurre, c’est délicieux. Dans le dialecte de la région que de moins en moins de gens pratiquent, cela s’appelle des « canadas pétés » .
Magie de la poésie qui a fait ressurgir l’ambiance d’un hiver de jeunesse endormi dans ma mémoire.
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Le soleil déguisé en lune,
En ce jour dépourvu d'attraits
Sur un fond blanc-terne apparaît,
Sa présence est inopportune.
En ce jour dépourvu d'attraits
Sans éclat ni grâces aucunes,
Sa présence est inopportune.
Son apparence me distrait.
Sans éclat ni grâces aucunes,
Reste suspendu, en arrêt.
Son apparence me distrait.
L'aimerais d'or en la nuit brune.
Reste suspendu en arrêt,
Le faux visage de la lune.
L'aimerais d'or en la nuit brune
Je le regarderais briller.
19 février 2016
Vers un univers parallèle
Une aquarelle d'Adyne Gohy
Inspirée d'un poème de
Raymond Martin
Confus, Touffus
Rien dans le rire ne présage un futur hilarant, ni même un fou rire circonstancié.
Du ricochet de la pierre sur l’eau au riz de Camargue, rien n’oblige à la poule d’être au riz.
Car elle a des plumes, cette poule non désireuse d’être au pot, même un dimanche de fête.
Cocu le chef de gare confus ; s’étant trompé de voie, il se retrouve sans voix, ne sachant où aller.
L’art et la manière importe peu au cochon lors de sa transformation en boudin ou en saucisson.
Le lard lui sied comme un gland, comme la sardine va à l’huile d’olive.
Deux gouttes d’eau se ressemblent, vision humaine certes, mais qu’en pensent-elles ?
Naviguer dans l’univers, c’est long et très ennuyeux, mais graviter autour de Miss Monde,
Que le temps passé se fait court ! Il court, il court le furet. Mesdames, attention au furet!
Le lait motive l’agriculteur comme le leitmotiv, un politicien soucieux en période électorale.
Gris, le ciel est gris comme la fumée s’échappant de la pipe en bruyère du matelot Malouin,
Sans larme à l’œil devant la Saint-Jacques asphyxiée dans la cale du chalutier repu de pèche.
Minuit, l’heure du crime, les moustaches de Poirot frétillent d’impatience. Tant pis pour Miss Marple, à ce moment là peut-être perdue dans les bras du Colonel Lawrence, de retour d’Egypte.
Même en courant à rebours, le temps passé ne se rattrape pas, d’où l’éternelle fuite en avant.
L’important c’est la rose, chantait Bécaud ! Mais de laquelle s’agit-il ? La trémière en corolle ?
Celle d’Ispahan qu’honorait la fille du grand Vizir, la délicieuse et courageuse Shéhérazade,
Ou celle de Damas, au voluptueux parfum, rapportée à Provins par Thibaud IV de Champagne ?
Peut-être cette Rose Mystique poussée par décret divin dans le hameau de Nazareth ?
Celle chère à Platon et Socrate, maintenant bannie par une partie de l’humanité ?
Ne serait-ce pas l’éternel questionnement de William Shakespeare ? To be or no to be ?
Qui fut le premier ? la poule ou l’œuf ? Qu’importe, pourvu que l’on déguste une omelette !
Un œuf dans l’espace restera-t-il ovale, ou sera-t-il rond ? Et dans un univers plat, alors ?
L’œuf retiré de l’espace, la résultante ne serait-elle pas un trou noir ?
La nature ayant paraît-il horreur du vide, par quoi ce trou noir sera-t-il comblé ?
Ce trou est peut–être un aspirateur vers un univers parallèle, passé ou à venir !?
Nouveau nom de Dieu !! Boson de Higgs ! De quoi en perdre son Latin ! Mais pourquoi pas ?
Quant à moi ! Je pense donc je doute !
Raymond MARTIN
Mes remerciements à :
Messieurs : Platon, Spinoza, Teilhard de Chardin, Michel Onfray.
octobre 2015
Un partenariat d'
Arts
Pensée
La littérature victorienne, conditionnée par le climat de l'époque, reçoit son empreinte profonde des forces intellectuelles nouvelles. La prose domine, propice à l'exposé des problèmes religieux et des controverses que pose la pensée scientifique face à l'idéalisme. Mill (1806-1873) représente, en l'assouplissant, l'utilitarisme; Darwin (1809-1882) l'évolutionnisme dont l'influence est la plus féconde du siècle. La géologie nie que la création du monde date de quatre mille ans. Herbert Spencer (1820-1903) édifie une histoire génétique de l'univers, ambitieuse mais moins efficace que l'oeuvre de cet admirable décanteur d'idées qu'est Thomas Henry Huxley (1825-1895), biologiste, théologien, pédagogue. L'histoire garde des liens avec le romantisme de Walter Scott, mais s'oriente vers l'interprétation sociale et économique avec Thomas Babington Macaulay (1800-1859) et philosophique aussi avec Henry Thomas Buckle (1821-1862), disciple de Comte. La critique, appliquée à la société, la pensée religieuse, la littérature trouvent en Matthew Arnold (1822-1888) un esprit nourri de classicisme et élargi par le cosmopolitisme, l'influence de Goethe et de Sainte-Beuve. Thomas Carlyle (1795-1881), correspondant de Goethe, se fait le propagateur d'un germanisme qui imprègne sa doctrine du héros et son style, riche de fulgurations prophétiques et d'effets à la Rembrandt. En contraste complet, Newman (1801-1890) représente, par les voies de la logique et d'une intuition toute bergsonienne, une dialectique subtile, personnelle dans son admirable autobiographie Apologia pro vita sua (1869), générale dans son Essay on the Development of Christian Doctrine: 1845, date de sa conversion au catholicisme, donc de la victoire du mouvement d'Oxford. Ruskin (1819-1900) prépare le triomphe de l'esthétisme par sa défense de Turner et des préraphaélites et son propre style somptueux, mais sa philosophie de l'art est plus gênée qu'enrichie par son généreux prophétisme social moralisant.
Roman
Le roman victorien, patronné par la bourgeoisie, doit sa variété, sa vitalité et son originalité aux forces vives des artisans consciencieux et des génies qui lui assurent un triomphe autochtone incontestable mais non pas international. Le conformisme et l'isolationnisme retardent longtemps le plein épanouissement des méthodes réalistes pratiquées sur le continent. Dickens (1812-1870), réformateur efficace des tares sociales, frère des humbles, crée par son imagination et son humour des personnages qui ont le relief d'un Falstaff ou d'un Hamlet: il est le génie le plus national que l'Angleterre ait produit avec Shakespeare. Autour de lui gravitent quantité de talents qui exploitent le «roman social» pour dénoncer l'industrialisme et le machinisme: Benjamin Disraeli (1804-1881), observateur des «deux nations», surtout de l'aristocratie en raison de ses fonctions de ministre; Charles Kingsley (1819-1875), fondateur de la «Muscular Christianity», doctrine d'action issue de Carlyle; Mrs.Gaskell (1810-1865), qui a pris avec la grande misère des villes un contact direct encore qu'insuffisant quant aux conditions économiques. Charlotte Brontë (1816-1855) a sa place ici par Shirley (1849), mais Jane Eyre (1847), autobiographie transposée, par sa passion maîtrisée transcende son époque. Sa soeur Emily (1818-1848) porte à son point d'incandescence les élans mystiques d'un amour dont la mort est l'assouvissement fatal; Les Hauts de Hurlevent (Wuthering Heights, 1847), malgré ses attaches avec le romantisme, est une très grande oeuvre intemporelle. Thackeray (1811-1863) met en pratique un réalisme rival de celui de Dickens, mais visant un autre objectif: la dissection swiftienne du snobisme dans une société dont il accepte la structure, ce que nous offre son chef-d'oeuvre Vanity Fair (1847-1848). Bien qu'il se réclame de la franchise de Fielding, il ne réussit pas à l'incorporer dans Pendennis, qui aurait pu être un vrai Bildungsroman. Le réalisme, prenant conscience de lui-même, favorise les interventions directes, les professions de foi chez Thackeray, Anthony Trollope, George Eliot et George Meredith. Anthony Trollope (1815-1882) est un romancier régionaliste et un peintre du clergé, admirable artisan et artiste dont la cote a grandi depuis la dernière guerre. George Eliot (Mary Anne Evans, 1819-1880) domine tout le roman victorien par son génie philosophique et les exigences de son réalisme psychologique au bénéfice des humbles; pour elle, le roman est «élargissement de nos sympathies humaines», idéal pleinement accompli dans ses chefs-d'oeuvre: Adam Bede (1859), Le Moulin sur la Floss (The Mill on the Floss, 1860) et Middlemarch (1871-1872), ce dernier considéré par certains critiques comme le plus grand des romans anglais.
Au fil du siècle, le roman en reflète fidèlement les tendances; le victorianisme, dans ses institutions religieuses et familiales, est attaqué de front par Butler dans son grand roman «séminal», Ainsi va toute chair (The Way of All Flesh, 1903), et dans son culte du machinisme par le biais du roman d'anticipation, précurseur de la science-fiction, Erewhon (1872). Le socialisme communisant nous offre l'antithèse: le roman rétrospectif moyenâgeux de William Morris, Nouvelles de nulle part (News from Nowhere, 1891). L'exotisme est une inspiration centrale chez Stevenson; exploité par l'art du génial conteur qu'est Kipling, il se met au service de l'impérialisme. C'est une très riche variété d'exotisme, mais dans le temps, que réalise le grand critique et esthète, disciple de Platon et de Hegel, Walter Pater, avec Marius the Epicurean (1885, 1892). George Gissing fait violence à ses goûts d'érudit et applique un réalisme relativement audacieux aux questions sociales, au féminisme dans Femmes en trop (The Odd Women, 1893), annonçant l'ère des «suffragettes». La poésie et la philosophie, dans l'inspiration et dans la technique, imprègnent les oeuvres romantiques de Meredith (1828-1909), y compris leur sommet, The Egoist (1879), et celles de Thomas Hardy (1840-1928) qui donne à ses évocations régionalistes des dimensions épiques, ainsi dans Tess d'Urberville (Tess of the D'Urbervilles, 1891).
Poésie
La poésie, dans la littérature victorienne, a autant de densité et de variété que la prose. Matthew Arnold reprend à son compte la formule de Carlyle: «Ferme ton Byron et ouvre ton Goethe», mais il oublie ses attaques contre l'ignorance des romantiques et, comme tous ses contemporains, puise chez eux la sève nourricière de ses oeuvres les meilleures; il vénère Wordsworth, comme Browning Shelley, comme Tennyson et Rossetti Keats. Mais chez tous les victoriens s'insinue l'«élément moderne» qu'est le levain du réalisme: l'intensité et le pittoresque y gagnent, témoins les poèmes en dialecte de Tennyson, L'Anneau et le livre (The Ring and the Book, 1868-1869) de R.Browning et les pastorales de A.H. Clough (1819-1861) et de Matthew Arnold, son ami, et tout particulièrement les compositions picturales et poétiques des préraphaélites. Rossetti, dans ses sonnets de La Maison de vie (The House of Life, 1881), Morris, dans les récits épiques moyenâgeux du Paradis terrestre (The Earthly Paradise, 1868) et ses sagas islandaises; Meredith, dans la série de pseudo-sonnets Modern Love (1862), et Thomas Hardy, dans tous ses poèmes lyriques, accentuent le réalisme jusqu'à la névrose; sincère chez eux, et chez Swinburne (1837-1909), imprégné qu'il est d'authentique sadisme, elle devient procédé chez les décadents de la fin du siècle, tels J.A. Symonds (1840-1893) et Wilde (1854-1900). Un souci d'objectivité, correctif du romantisme confessionnel, restreint au minimum les «cris du coeur». Browning rivalise presque avec Shakespeare comme «amateur d'âmes», mais ses explorations psychologiques se font par procuration, par l'emploi du «monologue dramatique», invention originale encore que trop intellectuelle pour aboutir à la pleine création théâtrale, et ce sera la grave carence de la littérature victorienne. La philosophie infuse dans The Prelude, Endymion et Prometheus Unbound devient élément didactique très conscient, sous la forme d'idées, dénuées de toute frange poétique, témoins qu'elles sont du monde extérieur et des conflits qui l'agitent, par exemple le concept d'évolution, vague et hésitant chez Tennyson, «Lucrèce moderne» selon Huxley, mais non évolutionnisme scientifique, un peu plus précis chez Browning quand il déclare: «L'Homme n'est pas encore Homme», mais pleinement assimilé par le «méliorisme évolutionniste», formule que Hardy substitue au mot «pessimisme». Or, des controverses religieuses de l'exégèse allemande, de la maladie du doute, est né un pessimisme qui est nostalgie de la foi perdue avec Arnold (Dover Beach, 1867) et vision dantesque d'un athéisme total avec James Thomson (The City of Dreadful Night, 1874). Le courant de mysticisme catholique en reste indemne, dans le cas de Coventry Patmore, chantre serein de l'amour conjugal, mais non pas chez Francis Thompson torturé par l'angoisse et la misère physique. Les inquiétudes politiques et sociales profondément ressenties apportent aux poètes des occasions d'élans généreux; c'est ainsi que, dans Chants avant l'aube (Songs before Sunrise, 1871), Swinburne réussit une magnifique transposition de l'essai de Mill, On Liberty. Tandis que Tennyson retrouve dans un Moyen Âge légendaire (Les Idylles du roi) le modèle d'une société régie par l'idéal chevaleresque et courtois. En littérature comme en architecture fleurit le courant néo-gothique. L'analyse détaillée des divers tempéraments individuels ne ferait que renforcer l'impression d'ensemble que la poésie victorienne est animée par un large pouvoir créateur qui se traduit par l'abondance, par la pratique de formes variées et par des recherches musicales qui vont de la pure mélodie tennysonienne aux vastes orchestrations polyphoniques de Swinburne, aux rythmes populaires de R.Kipling et, risquons le mot, jusqu'aux effets de jazz qu'annonce le baroque de Browning.
Terminons ce survol d'un âge littéraire que Louis Cazamian considère, «entre tous ceux de l'Angleterre, comme le plus fort et le plus grand», par le rappel que le grand sérieux victorien compose une belle médaille dont il ne faut pas négliger le revers, la sévérité de la conscience morale farouchement opposée au plaisir, qui fige comportements et sentiments en des attitudes rigides dont seuls le comique, intellectualisé chez Meredith, et l'humour, fantastique de l'absurde chez Lewis Carroll et Edward Lear, viennent soulager la tension.
Des siècles et des siècles en contemplation…
Avant même de pénétrer au cœur de notre sujet, attardons-nous un peu, si vous le voulez bien, à l’histoire de cette mystérieuse contrée. Quant à moi, géologie, art et histoire, voilà un cocktail qui me convient.
Le paradoxe de la Cappadoce, c’est qu’elle fut toujours un lieu de passage ou un lieu de repli. Les invasions s’y sont succédées, les influences mêlées, les échanges développés. Tout à la fois plaque tournante et havre de paix propice à la protection comme à la méditation dans ses vallées reculées.
La Cappadoce, le « Pays des beaux chevaux » pour les Perses, est une terre contrastée née du feu et de la cendre.
Des nuées pyroclastiques, issues des volcans environnants, les monts Erciyes, Hasan et Göllü, déposant un tuf (ignimbrite) plus ou moins poreux, alternant avec des émissions basaltiques laissant, érosion aidant, des vallées profondes, plateaux et cheminées de fées.
Le mont Erciyes culmine à 3916m.
Cest l’Argyros, l’Argenté, ou Argée des Anciens.
Cheminées de fées, plateaux et vallées profondes, la Cappadoce...
C’est ce tuf qui a permis, pour ceux qui n’étaient pas à la fête, de creuser cônes, surplombs ou sous-sol pour y installer des habitations troglodytiques ou des pigeonniers, couvents, ermitages ou églises rupestres, villages fortifiés ou villes souterraines.
Et c’est ce basalte, dur mais fractionné, qui a protégé ces niveaux de tuf tendre et coiffé ces demoiselles qu’on appelle cheminées de fées.
Regarde bien petit
Regarde bien
Sur la plaine là-bas…
Des abris sûrs dans une terre volcanique, cela signifie aussi un riche limon qui a permis aux hommes de se sédentariser dès le néolithique.
Des gorges, des vallées, une plaine favorisent aussi le passage, les échanges de richesses, la conquête. Et là le bât blesse.
Feu et cendres. La Cappadoce a connu bien des affrontements, bien des invasions. Hittites en tête, qui la colonisèrent dès le deuxième millénaire avant Jésus-Christ.
Puis vinrent les Assyriens, les Phrygiens, qui volèrent aux demoiselles qui en étaient coiffées leurs bonnets, les Lydiens, les Mèdes, les Perses, ces derniers laissant à la Cappadoce son nom et une certaine autonomie. Elle devint même indépendante sous Ariarathe 1er qui prêtât pourtant allégeance à Alexandre le Grand. La région alors s’hellénise.
Plus tard, alliée des Romains, Tibère l’annexe à l’Empire en 17. Petit à petit, elle se christianise, des monastères s’y implantent, qui correspondent à une première période artistique. A l'ascétisme des premiers temps succède un monachisme où la vie s'organise...
Printemps, été, automne, hiver...
passent les saisons...
... d'où surgiront les plus enthousiasmantes réalisations.
Que bientôt nous découvrirons...
Göreme et son Eglise Obscure où nous nous rendrons bientôt...
A suivre…
Michel Lansardière (texte et photos)
Fermer les yeux pour écouter
Pour ressentir jusqu'aux tréfonds
Pour de chaque mot s'imprégner
Et en analyser le son...
Simples et anodins, tout ronds!
Acerbes, âpres, désespérés
Mots se déclinent sur tous les tons
En espérant nous submerger!
Si l'émotion est en partage
Et mène du sourire aux larmes...
C'est qu'elle nous renvoie des images
Qui nous interpellent et nous charment...
A l'aveugle pour quelques instants
On s'est juste laissé porter...
On a donné du temps au temps
On s'est enfin permis de rêver!
J.G.
Propos sur l'actualité
Une douce femme, élégante,
En s'exprimant facilement,
Se confesse publiquement
Révèle des choses troublantes.
Elle avait épuisé, dit-elle,
Les jeux d'amour et du hasard.
Lors, ne partageait nulle part
La joie, aussi grande fut-elle.
Son passé la rendait souffrante.
Du savoir qu'elle avait acquis.
Ne pouvait plus tirer profit.
Sa vie était désespérante.
Vint la sauver la providence,
Lui ouvrant un monde irréel.
Elle accueillit le virtuel,
Une éblouissante évidence.
Jésus l'attendait bras tendus,
En amoureux incomparable,
Ardent, puissant et secourable.
Pourtant, pour lui, n'avait rien pu.
Semble enfantin ce mysticisme,
Élan d'une femme asservie
Aux turbulences de la vie,
Restée sensible au romantisme.
Suspecte est la complicité
De ceux qui préfèrent se taire
Ou encourager ceux qui errent,
Piégés par la fatalité.
On est bien tenté, quelques fois,
De parler à l'intelligence.
Or on le fait avec prudence
Dés qu'il est question de la foi.
18 février 2016
J'ai rêvé de vous,
j'étais debout dans la neige,
vous étiez étendu dans la nuit,
l'alentour était clarté,
le vôtre obscurité.
j'espère bien vous revoir,
vous n'y croyez plus trop,
les roses d'hiver près de moi
reprennent des couleurs,
les arbres près de vous,
sanglotent et s'obscurcissent.
la ville, même la plus bétonnée
me touche encore,
quant à vous, elle vous blesse toujours ;
un début d'ensoleillement
dans ma tête s'est levé,
dans la vôtre s'est éteint !
J'ai rêvé de vous,
j'étais débout sous la pluie chaude,
vous étiez étendu sur l'asphalte,
le ciel au dessus de moi était démesuré,
pour vous, il n'était guère plus grand qu'un mouchoir ;
Je sais que je vais vous revoir,
vous, vous pleurez mon absence,
L'enfance autour de moi,
est pareille à ma joie,
l'enfance autour de vous,
est insonore, grise.
La pollution d'ici, dans
ma tête embaume l'arborescence,
dans la vôtre, toute asphyxiante ;
Mes yeux vers les vôtres
que je devine proches,
s'élancent, pour en profondeur
les pénétrer, les faire redevenir grands,
les vôtres non sans peine, car
si lourds, s'entrebâillent juste
pour les accueillir.
Voilà, nous nous sommes retrouvés.
NINA
Ma joie
N'ai à prendre soin que de moi.
À contempler peux me complaire,
Restant passive à ne rien faire.
En éveil, j'accueille la joie.
À contempler peux me complaire.
La splendeur m'éblouit parfois.
En éveil, j'accueille la joie,
Elle rend mon âme légère.
La splendeur m'éblouit parfois,
Me fascine par son mystère.
Elle rend mon âme légère,
La brise que je nomme joie.
Me fascine par son mystère
L'énergie respectant des lois.
La brise que je nomme joie
M'est une grâce familière.
17 février 2016
Vivre au bord de la mer,
dans une maison claire,
avec des volets verts,
sur une crique inconnue
entourée d'arbres chuchoteurs
quelle que soit l'heure,
puis d' étranges fleurs
naissantes nuit et jour !
Vivre au bord de la mer,
dans une maison ouverte,
avec une cheminée,
sous un ciel argenté, cajoleur,
dès que je le contemple ;
cette chaleur de vous encore et toujours
m'enveloppe, me touche !
Vivre au bord de la mer,
dans une maison secrète,
avec un souffle dedans, vivante,
près d'une allée montante,
jusqu'à ce grand soleil,
caressant et vermeil,
qui me brûle sans vous !
Adossée à un arbre silencieux,
j'écrirais tout cela
d'une encre faite de chair,
de lumière et de nous.
NINA
Une déception en appelant une autre, le décompte du bonheur n’est pas lourd sur le grand écriteau de la vie. Elle n’a pas cru à cet amour impossible. Elle n’estimait pas pouvoir abattre toutes les rancœurs au fur et à mesure du temps. Et ce fut le cas. L’amour qu’elle avait pour lui s’enfuit. Il ne garda pas la puissance espérée. Elle le laissa partir non sans une larme, sans un regret. Sa raison avait eu le dessus et elle se consola d’avoir pris la bonne décision.
Mais le temps est un pervers qui vous rappelle toujours vos sentiments cachés. Il vous laisse peu de répit et transforme ainsi votre vie en un roman où les personnages sont des monstres de papier. Où vos sentiments sont en perpétuels mouvements. Là où la raison vous a fait faire des choix irréversibles, votre cœur, dans l’ombre, cherche ce petit je ne sais quoi, qui empêche de tourner rond dans votre tête. Et la surprise est parfois totale.
Tout à coup, toutes ces années d’errance vous sautent au visage. Il faut admettre que votre raison a eu tort et que votre cœur aime. Qu’il aime à s’arracher la peau comme une gamine insouciante et trop raisonnable. Le temps est malheureusement passé et il ne reste rien qu’un immense vide où les souvenirs se bousculent, se déchirent.
Toujours cette raison à porter de main, qui arrive à vous calmer et vous rendre docile. Le désordre d’une vie où l’amour n’a pas eu la place escomptée.
On aime pour soi comme on se nourrit de contes de fées. Il est parfois cruel d’être seul et de découvrir que cet amour mille fois pensé n’est qu’une chimère vide que l’on est seul à porter. Que le poids de cette illusion a ravi d’autres moments qui auraient pu être heureux.
Non, il n’y a plus de Petit Prince et de roses à aimer.
Je vous en veux de l’avoir tué.
Je ne sais que dire... C'est un boulot extraordinaire que ce chroniqueur génial a réalisé!
https://marcfvb.wordpress.com/2016/02/16/virginie-vanos-interview/