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géologie (4)

12273156295?profile=originalA la croisée des influences.


Reprenons le fil de l’histoire…


     Longtemps persécutés, les chrétiens verront leur religion légalisée en 313. Religion qui deviendra la religion officielle de l’Empire romain en 380. Constantin fonde sa capitale, Constantinople, en 330, scindant l’Empire romain en deux.


Cappadoce, terre de saints et de martyrs…


      Saint Paul de Tarse, au premier siècle déjà, après s’être converti, en avait fait une terre de mission. Saint Mammès de Césarée (aujourd’hui Kayseri) fut, quant à lui, livré aux lions en 275. Saint Blaise de Sébaste y mena une vie érémitique au début du IVe siècle.
Et, tandis que Jean-Baptiste crie dans le désert, son écho se fait entendre, se répercute, pour que d’autres préparent le chemin du Seigneur. Ainsi, Saint Basile le Grand (329-379), également de Césarée, fonde les premières communautés de Cappadoce et prône la vénération des icônes. Alors que Saint Grégoire de Nysse (ca 331-394) et Saint Grégoire de Nazianze (329-390) prolongent l’œuvre d’évangélisation.

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     L’Empire romain d’Occident, de plus en plus décadent, est mis à sac par Alaric et ses Wisigoths en 410. Un empire qui s’effondrera définitivement avec l’abdication de Romulus Augustule en 476 après un an de règne, laissant s’épanouir un Empire romain d’Orient, avec une Byzance toute-puissante depuis le schisme de 1054. Jusqu’en 1453, lorsque Constantinople fut prise par les Ottomans.
Mais les incursions arabes sont de plus en plus nombreuses, les habitants se terrent dans des villes, une quarantaine au moins, qui comptent jusqu’à dix-huit niveaux souterrains.
Puis, de 726 à 843, l’iconoclasme se répand comme vérole sur le bas-clergé tandis que les cénobites se replient.

12273156685?profile=originalDans un paysage façonné par une éruption ultra plinienne,
des caches offrent un abri à l’anachorète.
Et vivre comme saint Blaise le reste de son âge sous les replis de sa fruste cappa…

     Les images impies sont détruites ou, au mieux, recouvertes de chaux, remplacées par de simples symboles comme la croix.

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Une période trouble qui ne favorise pas l’épanouissement.

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     Heureusement la paix revint au Xe siècle et avec elle les arts renaissent et prospèrent. C’est à cette époque bénie que fleurissent les plus belles églises rupestres et leurs fresques d’influence byzantine.
Epoque sur laquelle nous nous attarderons bientôt et qu’on appelle parfois la Renaissance macédonienne.
En 1071, la Cappadoce est conquise par les Turcs seldjoukides.

12273158685?profile=originalLa petite mosquée d’Ürgüp (XIIe)…

12273159281?profile=original… est aussi creusée partiellement dans le tuf


     Des mosquées s’édifient et, dans la plaine là-bas jouxtant le plateau cappadocien, sur la route de la soie, des caravansérails s’érigent tous les quarante kilomètres environ, offrant gîte, couvert et protection aux marchands caravaniers.

12273159477?profile=originalLe caravansérail de Sultanhan

construit par les Seldjoukides près d’Aksaray

12273159867?profile=originalLe passé nous éclaire.
Le caravansérail de Sultanhan, bâti en 1229, couvre 5000 m2

     En 1299, Osman 1er fonde la dynastie ottomane qui conquiert peu à peu tout le territoire anatolien. Beaucoup de chrétiens quittent le pays ou se convertissent sous la pression. Jusqu’en 1923 où les derniers d’entre eux sont expulsés.


Un passé mouvementé, brossé en quelques traits hâtifs car la région connut encore bien des révolutions, à donner le tournis à un derviche !
Nonobstant, les communautés chrétiennes perdurèrent longtemps et ornèrent la vallée de Göreme notamment de leurs plus riches peintures.


A suivre…

Michel Lansardière (texte et photos)

En attendant d'ouvrir une nouvelle fenêtre...

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... vous pouvez retrouver la première partie de cet article, enrichi de nouvelles photographies, sur :

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/tr-sors-cach-s-de-cappadoce-1-re-partie?xg_source=activity


Lire la suite...

12273153697?profile=originalL’Eglise Obscure se révèle…


Dans un pays où l’espace et le temps nous sont contés…
Là, dans ce quasi-désert, un foyer artistique éclaire une période dite elle aussi parfois obscure.


      Pour finir en beauté, concentrons-nous donc dès à présent sur les réalisations les plus somptueuses ou les plus curieuses que la Renaissance macédonienne nous ait léguées dans la vallée de Göreme, près du bourg d’Avcilar. Magnifiques trésors d’un style à son apogée, qu’il est si important de préserver de la fureur des hommes.
Si, fort heureusement, le Parc national de Göreme et les sites rupestres de Cappadoce sont classés au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1985, assurant, en principe, leur protection, il n’en va pas toujours de même pour d’autres lieux…rob

12273154270?profile=originalLes fresques d’Ürgüp ont connu bien des frasques

Après la triste époque iconoclaste, réduite à un style aniconique canonique, succède, après la « restitution des icônes » qui marque une transition, un foisonnant style théologique byzantin. Basile, le bienheureux, en aurait été ravi.
Revenu parmi les siens, nous le suivrions sur son blanc cheval perché…

12273154876?profile=originalUn couvent ouvert à tout vent
couvert de simples capuches de capucins.


       C’est en conséquence au sein même de la légende de Göreme que nous nous engageons, là où les communautés laissèrent les plus belles reliques de leur vie cénobitique.


L’Eglise Obscure :


Karanlik Kilise a été construite au XIIe siècle sur un promontoire. Cette église est un enclos, un réceptacle sombre qui a ainsi pu préserver toute leur fraîcheur aux fresques byzantines. Un livre de prières où les scènes de L’Evangile se déroulent où j’ai eu le privilège de pénétrer. Réalisant un rêve de pacha qui aurait vu pousser le gazon en toutes saisons.

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Un joyau préservé qui sort de l'ombre protectrice

pour nous transmettre le mystère de la Lumière

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L’Eglise au Serpent :


Yilanli Kilise, du XIe siècle, est une des plus curieuses. Connue notamment pour sa représentation de Saint Georges et Saint Théodore tuant le dragon et la légende d’Onouphrios.

     Saint Georges de Lydda (ca 275-303), lui aussi né en Cappadoce, supplicié puis décapité sous Dioclétien, l'empereur romain qui organisa la persécution des chrétiens au début du IVe siècle.

Saint patron de la chevalerie, il inspira une Vie de la Légende dorée de Jacques de Voragine* à la fin du XIIe siècle.

     Saint Théodore Tiron, le Conscrit, du Pont sur la rive méridionale de la mer Noire (Turquie) finit lui aussi décollé en 303.

12273155297?profile=originalMais la Bête a-t-elle vraiment été terrassée ?


     Onouphrios était une femme, belle et légère sans doute, mais qui s’exaspérait des assiduités des hommes. Elle implora Dieu de l’y soustraire. Et Dieu sauva la femme. Le Seigneur la rendit laide et barbue. D’où l’hermaphrodisme de son iconographie et la morale de cette histoire.

12273155489?profile=originalDétail du Saint Georges et Saint Théodore tuant le dragon

12273156101?profile=originalSaint Georges


L’Eglise à la Boucle :


Tokali Kilise est la plus grande et la plus richement décorée. Une église primitive du début du Xe siècle sur un premier niveau, et, au-dessus, une église plus importante et sa chapelle latérale qui recèlent de nombreuses scènes bibliques d’une remarquable vivacité, ainsi que la chronique de Basile de Césarée.

12273156683?profile=originalMarie Theotokos, « qui porte Dieu »

     Troublant, comme j’éprouvais les mêmes impressions, ou presque (les fresques ont été restaurées), que Paul Lucas au début du XVIIIe siècle.


« A travers les portes je vis sur les murailles

comme des restes d’anciens portraits ;

de sorte qu’il semblait qu’il y eût eu des peintures :

mais cela était trop effacé pour y rien connaître. »

L’Eglise à la Pomme :


Elmali Kilise, du milieu du XIe siècle, doit son nom à l’une des peintures où Jésus semble tenir une pomme, plus certainement le monde.

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L’Eglise Sainte Barbara :


Azize Barbara remonte au XIe siècle. Ses motifs géométriques simples et ses fresques peints à l’ocre à même la paroi rocheuse, comme firent nos plus lointains ancêtres, en font l’un des sanctuaires les plus émouvants.

 

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      Nous sommes environ deux siècles avant Cimabue, Giotto, Duccio di Buoninsegna, Lorenzetti… ces peintres précurseurs de la Renaissance italienne, réputés avoir rompu avec la tradition. On dit la peinture byzantine plate, formaliste, statique, dénuée de sentiments, hiératique. Qu’en pensez-vous ?

Michel Lansardière (texte et photos)

* Voir le billet de Robert Paul... pour combattre seulement avec son coeur :

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/la-legende-doree-pour-combattre-seulement-avec-son-coeur

Retrouvez ci-après mes précédents articles, enrichis de nouvelles photographies, consacrés à la Cappadoce :


• Les origines :

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/tr-sors-cach-s-de-cappadoce-1-re-partie

• De l’ignorance à la renaissance :

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/tr-sors-cach-s-de-cappadoce-de-l-ignorance-la-renaissance-2e

• La redécouverte :

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/tr-sors-cach-s-de-la-cappadoce-la-red-couverte-3-me-partie

Un dernier message. Chrétiens… Arméniens… Kurdes… Puisse simplement le pays appliquer sa devise nationale,


« Paix dans le pays, paix dans le monde »


, adoptée après le manifeste de Mustafa Kemal Atatürk, père d’une Turquie moderne et laïque. Sa riche culture aussi y gagnerait.

12273158867?profile=originalSi les colombes sont revenues en Cappadoce...

Peuples garrottés, je tenais à vous saluer. Je n'en dirais pas plus, mais ne pouvais rester bouche totalement cousue.

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A bientôt sous d'autres cieux...

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Lire la suite...

12273154460?profile=originalOu comment la mémoire de l’Orient revint à l’Occident…


Voilà qui pourrait être le titre de ce nouveau volet consacré à l’histoire de la Cappadoce.


      La Cappadoce demeura longtemps méconnue de l’Occident, jusqu’au Voyage du sieur Paul Lucas fait par ordre du Roi dans la Grèce, l’Asie mineure, la Macédoine et l’Afrique au début du dix-huitième siècle.
Paul Lucas (1664-1737), « antiquaire du roi » et négociant en pierres précieuses découvre les formations et l’habitat si singuliers de la région. Et en reste bouche bée… Pétrifié !

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     « J’avais fait déjà beaucoup de voyages, mais je n’avais jamais vu ni même entendu parler de rien de semblable. Ce sont quantités de pyramides qui s’élèvent les unes plus, les autres moins, mais toutes faites d’une seule roche et creusées en dedans de manière qu’il y a plusieurs appartements les uns sur les autres, une belle porte pour y entrer, un bel escalier pour y monter, et de grandes fenêtres qui en rendent toutes les chambres très éclairées. Enfin, je remarquai que la pointe de chaque pyramide était terminée par quelque figure. »

12273154295?profile=originalOui, ma chaumière je la préfère

avec toi, oui avec toi, au palais d'un roi

     Au point qu’il prend ces sortes de termitières pour des constructions entièrement faites de main d’hommes, et bien qu’altérées, ce sont pour lui, aucun doute permis, des pyramides. Toute une ville immense est ainsi construite, avec ses villages environnants et sa gigantesque nécropole.


     « Est-ce le cimetière de la ville de Césarée et de tous les environs, ou plutôt d’une ville d’une construction particulière, et la seule de cette espèce qui soit dans l’univers. »


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Il en fait, à son retour, une description exaltée. Qui laisse pantois, et incrédule.


                 - Ce ci-devant-là affabule !

12273155272?profile=originalComment ça, je travaille du chapeau ?!

Et, malgré une excursion sur le site de Roland Puchot, comte des Alleurs, ambassadeur à la Porte de 1747 à 1755, qui confirmait les dires du sieur Lucas, on resta circonspect.

 

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Il faut raison garder.

Pour autant qu'il ne soit jamais bon de trop tôt avoir raison...

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     Jusqu’à Charles Texier (1802-1871), archéologue et architecte, un homme incontestablement sérieux et pondéré, qui, lors d’une mission en Asie mineure, de 1833 à 1837, établit les faits. L’homme a de l’expérience et des connaissances en géologie, il reconnait cheminées de fées et autres formations d’origine volcanique, façonnées par les eaux de ruissellement, gel et vent, et aménagées par l’homme.


12273156855?profile=originalAvanos

et les avanies de l'Histoire

("avanie" : imposition infligée par les Turcs aux chrétiens)

     La vallée de Göreme, « Tu ne peux me voir »… Un lieu que Paul de Tarse, saint Paul, jugea propice aux missionnaires dès le milieu du premier siècle, et où nombre de Chrétiens se réfugièrent.

12273157087?profile=originalPour vivre en paix restons cachés aux yeux de l’Histoire.
Les villes souterraines sont peu à peu abandonnées
au profit de sites plus aériens mais toujours discrets.
(ici Derinkuyu, une ville souterraine qui compte huit étages s’enfonçant dans le sol)

12273157875?profile=originalFace aux coups de boutoir de la Sublime Porte,

mieux valait garder huis clos...

(fermeture ottomantique)

12273157472?profile=original... et prendre de la hauteur

De là, une grande concentration d’églises, couvents ou simples chapelles. Et souvent parmi les plus remarquables de ces édifices, comme l’Eglise à la Boucle et sa superbe Vierge à l’Enfant, lovée dans une niche, l’Eglise Obscure et son Christ Pantocrator, l’Eglise à la Pomme, l’Eglise aux Sandales… toutes joyaux de la Renaissance macédonienne. Ou d’autres, plus simples, plus primitives mais tout autant chargées d’émotion, telles l’Eglise de la Vierge Marie, l’Eglise Sainte Barbara, l’Eglise au Serpent, l’Eglise cachée…

Trésors que j’ai pour mission de dévoiler.

12273158500?profile=original

Il suffira de franchir le seuil...


A suivre…


Michel Lansardière (texte et photos)

Vous pouvez retrouver ci-dessous mes deux premiers billets :
• Les origines :

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/tr-sors-cach-s-de-cappadoce-1-re-partie

• De l’ignorance à la renaissance :

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/tr-sors-cach-s-de-cappadoce-de-l-ignorance-la-renaissance-2e

Lire la suite...

12273146501?profile=originalDes siècles et des siècles en contemplation…

Avant même de pénétrer au cœur de notre sujet, attardons-nous un peu, si vous le voulez bien, à l’histoire de cette mystérieuse contrée. Quant à moi, géologie, art et histoire, voilà un cocktail qui me convient.


     Le paradoxe de la Cappadoce, c’est qu’elle fut toujours un lieu de passage ou un lieu de repli. Les invasions s’y sont succédées, les influences mêlées, les échanges développés. Tout à la fois plaque tournante et havre de paix propice à la protection comme à la méditation dans ses vallées reculées.

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     La Cappadoce, le « Pays des beaux chevaux » pour les Perses, est une terre contrastée née du feu et de la cendre.
Des nuées pyroclastiques, issues des volcans environnants, les monts Erciyes, Hasan et Göllü, déposant un tuf (ignimbrite) plus ou moins poreux, alternant avec des émissions basaltiques laissant, érosion aidant, des vallées profondes, plateaux et cheminées de fées.


12273148652?profile=originalLe mont Erciyes culmine à 3916m.
Cest l’Argyros, l’Argenté, ou Argée des Anciens.

12273148689?profile=originalCheminées de fées, plateaux et vallées profondes, la Cappadoce...

     C’est ce tuf qui a permis, pour ceux qui n’étaient pas à la fête, de creuser cônes, surplombs ou sous-sol pour y installer des habitations troglodytiques ou des pigeonniers, couvents, ermitages ou églises rupestres, villages fortifiés ou villes souterraines.

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     Et c’est ce basalte, dur mais fractionné, qui a protégé ces niveaux de tuf tendre et coiffé ces demoiselles qu’on appelle cheminées de fées.

12273149081?profile=originalRegarde bien petit
Regarde bien
Sur la plaine là-bas…

     Des abris sûrs dans une terre volcanique, cela signifie aussi un riche limon qui a permis aux hommes de se sédentariser dès le néolithique.
Des gorges, des vallées, une plaine favorisent aussi le passage, les échanges de richesses, la conquête. Et là le bât blesse.
     Feu et cendres. La Cappadoce a connu bien des affrontements, bien des invasions. Hittites en tête, qui la colonisèrent dès le deuxième millénaire avant Jésus-Christ.
     Puis vinrent les Assyriens, les Phrygiens, qui volèrent aux demoiselles qui en étaient coiffées leurs bonnets, les Lydiens, les Mèdes, les Perses, ces derniers laissant à la Cappadoce son nom et une certaine autonomie. Elle devint même indépendante sous Ariarathe 1er qui prêtât pourtant allégeance à Alexandre le Grand. La région alors s’hellénise.
     Plus tard, alliée des Romains, Tibère l’annexe à l’Empire en 17. Petit à petit, elle se christianise, des monastères s’y implantent, qui correspondent à une première période artistique. A l'ascétisme des premiers temps succède un monachisme où la vie s'organise...

12273149300?profile=originalPrintemps, été, automne, hiver...

passent les saisons...

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... d'où surgiront les plus enthousiasmantes réalisations.

Que bientôt nous découvrirons...

12273150889?profile=originalGöreme et son Eglise Obscure où nous nous rendrons bientôt...


A suivre…


Michel Lansardière (texte et photos)

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