Ou comment la mémoire de l’Orient revint à l’Occident…
Voilà qui pourrait être le titre de ce nouveau volet consacré à l’histoire de la Cappadoce.
La Cappadoce demeura longtemps méconnue de l’Occident, jusqu’au Voyage du sieur Paul Lucas fait par ordre du Roi dans la Grèce, l’Asie mineure, la Macédoine et l’Afrique au début du dix-huitième siècle.
Paul Lucas (1664-1737), « antiquaire du roi » et négociant en pierres précieuses découvre les formations et l’habitat si singuliers de la région. Et en reste bouche bée… Pétrifié !
« J’avais fait déjà beaucoup de voyages, mais je n’avais jamais vu ni même entendu parler de rien de semblable. Ce sont quantités de pyramides qui s’élèvent les unes plus, les autres moins, mais toutes faites d’une seule roche et creusées en dedans de manière qu’il y a plusieurs appartements les uns sur les autres, une belle porte pour y entrer, un bel escalier pour y monter, et de grandes fenêtres qui en rendent toutes les chambres très éclairées. Enfin, je remarquai que la pointe de chaque pyramide était terminée par quelque figure. »
Oui, ma chaumière je la préfère
avec toi, oui avec toi, au palais d'un roi
Au point qu’il prend ces sortes de termitières pour des constructions entièrement faites de main d’hommes, et bien qu’altérées, ce sont pour lui, aucun doute permis, des pyramides. Toute une ville immense est ainsi construite, avec ses villages environnants et sa gigantesque nécropole.
« Est-ce le cimetière de la ville de Césarée et de tous les environs, ou plutôt d’une ville d’une construction particulière, et la seule de cette espèce qui soit dans l’univers. »
Il en fait, à son retour, une description exaltée. Qui laisse pantois, et incrédule.
- Ce ci-devant-là affabule !
Comment ça, je travaille du chapeau ?!
Et, malgré une excursion sur le site de Roland Puchot, comte des Alleurs, ambassadeur à la Porte de 1747 à 1755, qui confirmait les dires du sieur Lucas, on resta circonspect.
Il faut raison garder.
Pour autant qu'il ne soit jamais bon de trop tôt avoir raison...
Jusqu’à Charles Texier (1802-1871), archéologue et architecte, un homme incontestablement sérieux et pondéré, qui, lors d’une mission en Asie mineure, de 1833 à 1837, établit les faits. L’homme a de l’expérience et des connaissances en géologie, il reconnait cheminées de fées et autres formations d’origine volcanique, façonnées par les eaux de ruissellement, gel et vent, et aménagées par l’homme.
et les avanies de l'Histoire
("avanie" : imposition infligée par les Turcs aux chrétiens)
La vallée de Göreme, « Tu ne peux me voir »… Un lieu que Paul de Tarse, saint Paul, jugea propice aux missionnaires dès le milieu du premier siècle, et où nombre de Chrétiens se réfugièrent.
Pour vivre en paix restons cachés aux yeux de l’Histoire.
Les villes souterraines sont peu à peu abandonnées
au profit de sites plus aériens mais toujours discrets.
(ici Derinkuyu, une ville souterraine qui compte huit étages s’enfonçant dans le sol)
Face aux coups de boutoir de la Sublime Porte,
mieux valait garder huis clos...
(fermeture ottomantique)
De là, une grande concentration d’églises, couvents ou simples chapelles. Et souvent parmi les plus remarquables de ces édifices, comme l’Eglise à la Boucle et sa superbe Vierge à l’Enfant, lovée dans une niche, l’Eglise Obscure et son Christ Pantocrator, l’Eglise à la Pomme, l’Eglise aux Sandales… toutes joyaux de la Renaissance macédonienne. Ou d’autres, plus simples, plus primitives mais tout autant chargées d’émotion, telles l’Eglise de la Vierge Marie, l’Eglise Sainte Barbara, l’Eglise au Serpent, l’Eglise cachée…
Trésors que j’ai pour mission de dévoiler.
Il suffira de franchir le seuil...
A suivre…
Michel Lansardière (texte et photos)
Vous pouvez retrouver ci-dessous mes deux premiers billets :
• Les origines :
https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/tr-sors-cach-s-de-cappadoce-1-re-partie
• De l’ignorance à la renaissance :
Commentaires
Sympa Sonia d'être revenue à l'épisode 3, sur les traces de Puchot qui redécouvrit la Cappadoce au XVIIIe siècle, et d'avoir apprécié cette escapade.
Ainsi complété, avec son habitat troglodytique unique, "Sam suffit"
Je n'oublie pas Gilbert, Michel, Jacqueline, Martine pour vos marques d'amitiés. Ni tous ceux qui sont passés sur cette page.
Une petite modification et je poste enfin la fin de ce billet (une fin retardée par décence, due aux dramatiques évènements qui nous ont tous marqués).
Merci Jean-Yves pour ce soutien. Et en matière de surréalisme, sachant à qui j'ai à faire, j'apprécie !
C'est gentil Louis.
La dernière partie est pour bientôt, mais j'ai jugé plus décent de la différer un peu pour respecter la période de deuil qui touche la Belgique, tout le monde francophone et au-delà.
Merci Michel pour ce magnifique voyage...tout à fait surréaliste !
Ce sont vos commentaires et appréciations qui me poussent à poursuivre.
Merci David.
Les temps étant à nouveau troublés, mieux vaut peut-être remettre à un avenir meilleur un voyage en Cappadoce (quoique je m'y soit rendu à nouveau en 2015). En attendant, heureux comme Ulysse que le reportage t'est plu. Merci Françoise.
Qu'il est agréable de s'enrichir par ce bon reportage.
Peut-être réalisé laborieusement, mais non sans talent !
Merci Michel.
C'est toujours avec autant de bonheur que je découvre ces trésors cachés.
Merci Michel !