Cher Jembé, chers amis d'Arts et Lettres: Il se fait que dans ma carrière d'auteur, j'ai visité de nombreux coins du pays, d'abord il y a bien longtemps,pour mes émissions "Rayon X" (une sorte de télétourisme avant la lettre) entre 1968 et 1971, ensuite, souvenirs un peu moins anciens, pour l'écriture de guides touristiques pour la jeunesse ("Bruxelles-Carrousel" 1980, éd.Musin et Gamma, "Bonjour, Belgique - Guide pour les Jeunes et les moins jeunes" 1984, éd.Meddens et "Héros et personnages de chez nous racontés par leurs statues" 1986, éd.Meddens...( Ces deux derniers livres ont également paru dans une traduction en néerlandais) J'ai toujours aimé me promener les yeux ouverts! Et de raconter pour partager mes découvertes. Actuellement, mon rayon de promenades est plus limité, mais j'aime raconter les "potins de mon carrefour" sous le titre de "Etincelles". Bienvenue sur mon site pour plus de détails et photos, si cela vous amuse! Amicalement, Renée Fuks. (www.reneefuks.be)
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Une envie de connaître le début de l'histoire ? Suivez le lien (extrait de "Sur le chemin de Toiano") sur mon blog http://thierrydelvaux.skynetblogs.be/ et vous pourrez feuilleter les premières pages !
La dernière lettre d'un père à son fils.
Lorsqu’il parcourut la toute dernière lettre, Franck ne put retenir ses larmes. Elle datait de quelques jours avant son décès. On pouvait deviner une main tremblante sous les mots. Il se savait condamner, et ses dernières pensées avaient été pour son fils. Il se doutait bien qu’il lirait un jour cette lettre. Franck découvrait un être sensible, pudique, blessé par la vie, un homme qui ne ressemblait pas à l’image du père qu’il s’était façonnée durant toutes ces années. Ce fut sans aucun doute la lettre la plus émouvante qu'il lui fût donné de lire : les derniers mots d’un père à son enfant.
« Mon petit,
Je t’appelle "mon petit" parce que, dans mon souvenir, c’est ainsi que je t’appelais. Tu es devenu un homme à présent et je ne t’ai pas vu grandir. C’est l’un de mes plus grands regrets. Tu dois me maudire pour ce que j’ai fait ou ce que je n’ai pas fait. Après la mort de ta mère, je me suis replié sur moi, je me suis muré dans mon chagrin. Certes, j’étais malheureux tout comme toi. Mais je n’avais pas le droit d’être égoïste comme je l’ai été. Je n’ai pas pensé à ta tristesse. Je ne sais pas si tu peux comprendre que ma vie s’est arrêtée le jour où elle est partie, au bord de cette route, cette fameuse nuit d’été, l’année de tes dix ans. Bien sûr que tu ne peux pas comprendre parce que toi tu étais là, bien vivant, ne demandant qu’à être aimé. Et moi je n’étais qu’un imbécile, aveuglé par le chagrin qui le rongeait. Alors j’ai préféré t’ignorer, déléguer mes responsabilités. Non, je ne suis pas sorti indemne de cet accident, j’ai été amputé d’une partie de moi. Je t’ai souvent entendu pleurer dans ton lit, je restais derrière la porte. J’avais peur de rentrer, je redoutais ton regard, de peur d’y lire de la souffrance ou de la haine. Je me suis éloigné de toi, non pas parce que je ne t’aimais pas, mais par lâcheté, par crainte de devoir te faire face. Tu ressemblais tellement à ta mère, le même regard, le même caractère déterminé, passionné, que cela m’était insupportable !
Ces dernières années, j’ai espéré de nombreuses fois, que tu fasses le premier pas, que tu essaies de reprendre contact. Moi, j’avais honte, trop peur de me faire rabrouer. Cela aurait été légitime de ta part et je l’aurais compris. Alors je t’ai écrit très souvent pour que tu me parles de toi, de ta vie. Je te parlais aussi de nous, de notre vie avec elle. Mais encore une fois, j’ai manqué de courage, j’ai laissé les lettres mourir au fond d’un tiroir.
Ne crois pas, Franck, que je n’ai pas suivi ta vie, ta réussite professionnelle et familiale. La tante Jeanne m’envoyait des photos de toi, des tiens et de longues lettres où elle me racontait ta vie. Je suis fier de toi, de ce que tu as accompli. Ta réussite, tu ne la dois qu’à toi. Tu es le fils dont j’avais rêvé.
Je n’ai jamais refait ma vie. Vous avez été ma seule famille, je n’en voulais pas une autre. Aujourd’hui, je veux partir en paix avec moi-même. Je sais que tu liras cette lettre quand je ne serai plus de ce monde. Je n’implore pas ton pardon, ce serait trop facile. Je veux simplement pour finir te dire que je t’ai toujours aimé.
Papa. »
On ne voit bien qu'avec le coeur ...l'essentiel est invisible pour les yeuxhttp://youtu.be/_EyoXb4DtHA
Etre là
Quand le soleil aiguise sa lame
Esquive le coup
A quoi bon s’agiter
La bouche ouverte
Comme les yeux
Les rayons blancs martèlent le cercle
Etre là
Ou perdu
Qu’importe la lumière
Le lait au-dessous des pas
C’est l’hiver ici
L’absence des voix
L’anesthésie de la chair
Un glaçon au fond de la gorge
Tout se rétracte
En rond les yeux ne finissent pas de regarder
Autour du cou
Etre là
Paupière oblique
Quand l’aile de l’oiseau s’agite
Papier froissé en uniforme gris
Cri de guerre jusqu’à devenir corps
B - 22-10-2011
J'ai bien souvent besoin de rire.
Parfois l'insolite m'amuse.
Si tout est trop banal, je ruse.
J'évoque du grotesque, ou pire.
Ô nos fous-rires innocents,
Ces éclats spontanés de vie
Quand enfants pleins de fantaisie,
Nous existions à cent pour cent !
Chacun y allait de son rôle.
Mots cocasses ou singeries
Imitations et moqueries,
Qui allait être le plus drôle ?
Quand cela se passait la nuit,
Mon père grondait d'une voix forte.
Les trois filles derrière leur porte
Pouffaient encore après minuit.
Hélas ! à présent solitaire
J'essaie de voir la vie en rose,
De ne pas devenir morose
Et surtout de ne pas me taire.
Je soliloque et je souris,
Répétant des propos d'antan,
Poires et comptines pour enfants,
Engendrant la joie de l'esprit.
26/12/2004
Oui, c'est « du Souchon », comme on dit. J'avais cette notion du couple à une époque pas si lointaine... Disons pour faire simple que maintenant j'entrevois des fils plus subtils, parfois plus longs mais jamais moins forts.
Leurs mains gantées se serrent, pour qu’ils ne se perdent pas. Elles crispent leurs phalanges sous la tourmente. Vent, neige, froid glacial, les deux ombres fantomatiques errent dans un univers blanchâtre.
Leurs pas hésitent, amorcent péniblement une montée. Crampons, chaussures, guêtres s’enfoncent dans la neige, sans couvrir les hurlements du vent entre les rochers. Il la guide, elle le suit et l’encourage, même si elle doute.
A l’ordinaire, une corde tendue aurait suffi. La balade aurait été belle sous le soleil: pentes douces de neige étincelante et de glace bleutée, murailles de granit projetées dans un ciel bleu foncé. Petite remontée vers le col et la crête, descente apaisante vers les alpages. Un vrai délice.
Mais il en va de la montagne comme de la vie: la tourmente sans crier gare survient et s’immisce, surprend même les cordées solides et averties. Alors, lorsque le souffle se fait court, la cordée resserre ses liens, et se met en marche vers un refuge ou des cieux plus cléments.
C’est toujours à l’approche du col que le vent se fait le plus violent. Un courant d’air entre deux mondes. Tourbillons, bourrasques, les éléments se déchaînent. L’un contre l’autre, ils progressent. C’est à peine s’ils peuvent s’entendre tant la bise hurle autour d’eux. La crête est toute proche, mais demeure invisible. Ils fournissent sans trop réfléchir ce dernier effort. Collisions d’épaules. A chaque fois, une main attrape le bras de celui qui chancelle. Tantôt l’un, tantôt l’autre.
Puis il y a un cri. Perte d’équilibre. Les mains se sont manquées. Glissade, mal rattrapée. Elle s’accélère. La corde va se tendre. Le piolet se plante dans la neige, son possesseur couché sur lui, jambes tendues. Le choc dans les reins, la corde qui tire violemment sur le baudrier. Le couple désuni dégringole de quelques mètres et s’immobilise.
Il y a déjà moins de tension sur la corde. Les deux rescapés se rapprochent, se serrent l’un contre l’autre. Quelle importance, qui a chuté, qui a sauvé l’autre en sauvant la cordée? Il faut reprendre la marche, la tempête peut durer et les transformer en statues inertes.
L’approche du col reprend. Ils coordonnent leurs pas, s’encouragent, et approchent du but avec précaution. L’un des deux passe, l’autre reste. Au beau milieu de la tempête, battus par les vents et n’y voyant plus, ils sont paradoxalement en sécurité. Si l’un tombe, ou même les deux, la corde se tend et ils se retrouvent tous deux en équilibre, de part et d’autre du col. Mais ce rassurant équilibre n’est pas de mise pour échapper au mauvais grain qui s’acharne sur eux. Redoublant de prudence, ils se rejoignent de l’autre côté du col, et entament leur descente.
Celle-ci est rapide et efficace. À tour de rôle ils s’assurent, corde tendue. En bas on se dirige et sonde la neige, en haut on se tient prêt à réagir au moindre déséquilibre. L’éloignement du col calme quelque peu le vent, et la neige se fait moins abondante.
Plus tard, alors que la descente se fait plus facile, la corde est abandonnée.
Ils peuvent marcher dans la neige la main dans la main. Leur corps bout encore des efforts fournis. Ils ont eu peur et n’ont pas perdu confiance. Ils ont eu froid et ne se sont pas laissés pétrifier. Ils ont glissé mais jamais bien longtemps. Et ils ont franchi le col sans s’y attarder. Ensemble.
Le feu de bois réchauffe le refuge désert. Serrés l’un contre l’autre, le repos sera le meilleur cadeau du jour. Au-dehors, le mauvais temps s’éloigne.
De nouveau des enfants habitent dans ma rue,
Épanouis, semblant en santé, imprudents.
Je les vois qui s'enfuient, poussant des cris stridents.
Dissimulés ailleurs, ils ne sont plus en vue.
Ils reviennent bientôt en se tordant de rire.
Leur frayeur simulée n'a duré qu'un moment.
Rebelles, les captifs combattent vaillamment.
Demeurer prisonniers paraît être le pire.
Je ne me souviens pas des cris de mes garçons,
Qui s'éloignaient un peu pour jouer aux gendarmes,
Deux troupes opposées qui s'exerçaient aux armes,
Dans des champs qui étaient en parfait abandon.
Mais j'ai gardé intacts les moments savoureux
Vécus pendant les jeux anciens de mon enfance .
Que l'on m'ait reproché ma folle exubérance
Ne gâte certes en rien mes souvenirs heureux.
Je n'oserais jamais demander d'être sages
À des enfants qui sont parfois étourdissants.
Leur soif de liberté les rend attendrissants.
Le temps de leurs vacances, ils ont enfin leur âge.
29/08/2005
(Sextine)
Ce jour est lumineux, inondé de soleil.
Je ne résiste pas à l'élan de mon coeur.
L'hiver dans sa rigueur fige tout et endort,
Le printemps resurgi m'a rendue guillerette.
Je retrouve le goût de flâner au hasard
Je vais saisir au vol de multiples surprises.
Chaque saison revient porteuse de surprises.
J'avance allègrement, ce jour, sous le soleil,
Je n'ai aucun souci, j'accueille le hasard;
Il provoque souvent des battements de coeur.
Je me sens rajeunie, pimpante, guillerette.
Je me défends de ce qui rend triste et endort.
Le chagrin persistant affaiblit et endort ,
Nous prive d'explorer, d'accueillir les surprises.
J'aime me rajeunir, paraître guillerette,
Or pour l'être vraiment, je m'expose au soleil
Je dois à ses couchers de fameux coups de coeur.
J'évoque très souvent un bienheureux hasard.
Après l'exaltation d'un merveilleux hasard
Arrive quelques fois le regret qui endort.
Il peut être léger ou affecter le coeur.
Je reçois chaque jour de nouvelles surprises.
Je demeure optimiste face aux jeux du soleil.
Qui m'amusent et me font demeurer guillerette.
Ma santé me permet d'être autant guillerette.
Je ne la confie pas, il est vrai au hasard.
Je profite toujours des bienfaits du soleil.
Je chasse la paresse assidue qui m'endort.
Créer me satisfait, j'invente des surprises.
J'apprécie le plaisir venant des coups de coeur.
J'ai appris qu'il est bon de ménager son coeur.
J'en prends soin demeurant active et guillerette.
J'essaie de m'épargner de mauvaises surprises
En prévenant parfois des effets du hasard.
Le monde tourne en rond, jamais il ne s'endort.
La beauté qu'on y trouve est un don du soleil.
Le soleil me cause d'émouvants coups de coeur.
Jamais,il ne m'endort me garde guillerette.
Ce n'est pasd au hasard que je dois ses surprises.,
5 mai 2009
D'un air dansant, faites-moi don!
J'y grefferai un doux poème.
Il deviendra une chanson,
Des mots légers que le vent sème.
J'y grefferai un doux poème,
Images agrémentées de sons,
Des mots légers que le vent sème,
Sur ondes tièdes ou frissons.
Images agrémentées de sons,
Colorant parfois un jour blême,
Sur ondes tièdes ou frissons,
Instants parfumés que l'on aime.
Colorant parfois un jour blême,
Des vers formant une chanson,
Instants parfumés que l'on aime,
Se répandent grâce à des sons.
3/10/2005
Trésors de Bruxelles: la Commission européenne
Ajouté par Robert Paul le 18 Octobre 2011 à 14 46 — Aucun commentaire
Trésors de Bruxelles: la Place du Musée
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Trésors de Bruxelles: la rue des Bouchers
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Trésors de Bruxelles: le Palais royal - Vue de nuit
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Trésor de Bruxelles: Les Galeries royales Saint-Hubert
Ajouté par Robert Paul le 18 Octobre 2011 à 14 13 — Aucun commentaire
Voilà un an déjà qu’est sorti mon livre « le Conte du Pays de Nan ». Un deuxième manuscrit vient d’être envoyé pour lecture à un éditeur bruxellois, et j’espère pouvoir le finaliser l’an prochain. J’ai repris ici quelques commentaires publiés depuis octobre 2010 sur mon premier essai (écrit au Japon de 1984 à 1986). Ils m’ont encouragé à reprendre et poursuivre mon travail d’écriture. D’autres critiques m’ont été promises. Si donc vous aussi avez lu mon texte, n’hésitez pas à m’envoyer vos impressions, questions ou critiques à mon adresse courriel (daniel.moline@ skynet.be). Elles seront toujours les bienvenues.
Daniel Moline
Le Conte du Pays de Nan
Editions Thélès, 3 septembre 2010, 233 p.- ISBN : 9782303003063
Présentation de livre par l’éditeur :
Un jeune homme, Guershom, est envoyé de Belgique jusqu’au centre du monde. Il se retrouve là-bas à attendre seul. Il y fait la rencontre de Ponko, une jeune femme qui se perd dans son image. Il assiste à la mort d’un chien. Cet événement le marque et le rend très tendu. Il arrive en enfer. Il possède un nouveau corps et se voit dépossédé des artifices de la civilisation, ce qui lui permettra de vivre l’aventure de l’amour, le va-et-vient du bien. Il ne sait comment trouver Dieu maintenant, enivré par toutes les filles qui l’entourent. Doté de sang-froid dans son ancienne vie, c’est désormais du sang-chaud qui coule dans ses veines. Le paradis, l’enfer, le purgatoire ne sont jamais loin… Un roman étrange et pénétrant, où chaque lieu exprime différents niveaux d’humanité. Sur les pas de Dante, ce roman propose, dans un foisonnement d’idées et de mots, une plongée créative à travers différents espaces. Mais derrière les symptômes se cache une cohérence plus tragique et sérieuse, une réflexion sur l’animalité et la lucidité. Daniel Moline vit en Belgique. Il a vécu au Japon de nombreuses années, pendant lesquelles il a été peintre et chargé de cours à l’université de Kobe.
Présentation de l’auteur sur Amazon.fr :
Depuis son arrivée au Japon en 1973, Daniel Moline n'a cessé de peindre et d'écrire. "Le Conte du Pays de Nan" est son premier texte publié. L'œuvre de Spinoza et le film de Nagisa Oshima "l'Empire des sens" sorti en 1976 semblent avoir joué un rôle déterminant dans sa réflexion sur le rapport complexe entre désir et connaissance, et sa recherche de l'unité affect-concept qui fait la force ultime du langage. L'impact de ces deux chefs-d'œuvre que sont "L'Ethique" et "L'Empire des sens" traverse ce Conte qu'il acheva d'écrire - pour l'essentiel - en 1986, avec la conscience aiguë de n'avoir pu résoudre le conflit. A cela il faudrait ajouter "Les Cinq Rouleaux" d'Henri Meschonnic, publié en 1970 aux Editions Gallimard, que l'auteur emporta avec lui au Japon. Cette présentation originale de cinq textes bibliques abondamment cités dans le Conte l'a manifestement séduit et inspiré jusque dans le mot de la fin.
Publié dans Critiques libres
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Critique rédigée par France Guerre (34 ans)
Ce livre n’est pas facile à lire, mais bon Dieu, quel livre ! Il est étrange, dans tous les sens du mot : inclassable, indéfinissable, inquiétant, déroutant, voire incompréhensible. Un vrai livre pour ceux qui aiment perdre leurs pères et leurs repères. Ne cherchant manifestement ni à plaire ni à déplaire au lecteur éventuel, l’auteur semble d’abord avoir écrit pour lui. A chaque page, ce livre résiste à qui essaie de le penser. Il n’y a pas d’entrée. Les chemins ne vont nulle part. Ça n’a pas de sens. Impossible de savoir où l’on est, à qui on a affaire, quel est ce paradis soustrait. Un homme rencontre trois femmes. Le texte se contente d’évoquer ces rencontres, procède par allusions sans faire mention de choses précises, fait croire qu’il cache du sens pour mieux nous égarer. Il offre une multitude d’itinéraires possibles dont les tracés, comme en un labyrinthe, formeraient des histoires jusqu’au point qui pose un sens interdit. S’organise-t-il ainsi de manière à provoquer et à décevoir chacune de nos trajectoires interprétatives ? Et pourtant il n’est pas insensé. Il a en lui une force. Il pose une question de vie ou de mort. Il est à la fois politique, éthique, mystique et poétique. Et si l’œil s’y perd avec la raison, comme dans le jardin des délices de Jérôme Bosch, l’oreille pourrait peut-être bien s’y retrouver dans l’enchaînement serré des mots. C’est peut-être un livre à lire et goûter à voix basse, à relire plusieurs fois avant d’y entrer pour le goûter vraiment ?
Critique rédigée par Laozi (40 ans)
Errances narratives et perte de sens au fond d’un véritable locus voluptatis
Voici un conte dont les chaines sonores et le pointillé coloré sont si déroutants qu’il semble appartenir à une autre épistémè que la nôtre. 23 juin 1975, 135 degrés de longitude est, 35 degrés de latitude nord, les Cinq rouleaux d’Henri Meschonnic… On ne peut être plus précis. Mais au cœur même de ces localisations chiffrées qui distinguent l’objectif du subjectif, il introduit l’inquiétante insécurité des folies du réel lui-même. En faisant jouer l’un sur l’autre le réel et la fiction - (ce pays de Nan, cette ville, ce bruit, ces ombres, cette femme, est-ce une illusion ou quelque chose de réel ?) - il trouble inlassablement l’opposition sur laquelle s’appuie l’affirmation positiviste de la réalité. Ce n’est pas tout. Sa lisibilité est radicalement mise en cause par la mouvance indéfinie des singularités naissantes de son lexique sous la détermination des idées. Se gardant de trop construire comme nous y porte notre syntaxe, l’auteur a donné un côté résolument parataxique à son récit, au point qu’il est difficile d’y distinguer le principal de l’accessoire. Au lieu de déterminer progressivement un objet de récit, il s’est mis volontairement à divaguer, cette divagation étant à entendre de façon rigoureuse comme débordant du lot de sens imparti aux divers mots. Comme on poursuit des yeux des oiseaux en vol, il s’est contenté de pointer avec ses mots vers ce par quoi tient le monde et qui fait la vie inépuisable dans la moindre procès des choses. N’ayant ni objet à décrire ni vérité à défendre, délivré de la pression du sens, il a voulu laisser les existants du récit aller d’eux-mêmes jusqu’au bout de leurs possibilités et ne pouvait que faire signe de loin, d’une rencontre à l’autre. Ce qui devait finir par rendre la parole énigmatique à force de dire son propre essor sans circonscrire. Voilà donc un roman qui se perd par excès de précision, où tous les sujets sont laissés non identifiés, où le héros lui-même erre comme un animal patûre une prairie. Ses sentiments sont sans motif apparent. Des repères lui ménagent des possibilités d’avancer, mais ils sont tous, comme en un rêve, déliés de signification assurée, et toute indication un peu précise est aussitôt estompée par ce qui la prolonge. Narrativités interminables, discursivités de plaisirs, ivresse de créer une multitude de possibles dans un cosmos incertain de ses postulats. Cela laisse-t-il quelque valeur à ce qui se dit ainsi au gré ? Je n’en sais rien. Mais j’ai le sentiment que cet auteur a commencé ici l’exploration d’une ressource de la parole que nous avons perdue dans nos discours déterminants.
Publié sur Amazon. fr et Critique Livre
Critique rédigée par Robert Scherelle, 23 septembre 2011
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135 degrés de longitude est, 35 degrés de latitude nord
23 juin 1975, 135 degrés de longitude est, 35 degrés de latitude nord. Au grand plaisir de ses yeux, un homme entre dans l'espace clos de Nishiwaki. Cette ville au centre du monde (N35 E135) est pour lui un véritable locus voluptatis. Il y multiplie les rencontres avec des femmes. Il s'y perd. Le conte s'enfonce dans l'ombre et s'opacifie à mesure que se détaille l'épiphanie de ses délices et de ses douleurs. Fuite délibérée de ce à quoi on ne peut donner de nom et dont on ne peut faire un objet de connaissance ? L'homme suit de loin, ou bien retarde, ou bien dénie le moment où le plaisir va sonner la mort du sens. Il joue indéfiniment à cache-cache avec le grand amour. Il se donne l'illusion de cet amour alors qu'il ne cesse de s'en retirer et de s'en éloigner par une distance que renforce chaque nouvelle rencontre qu'il fait. Est-ce trop ou pas assez pour faire une histoire ? Frôlant le grippage, le récit promet un secret à la place d'un autre. Il fait croire qu'il pourrait donner à voir autre chose que ce qu'il donne à entendre. Mais son mensonge ne donne rien à voir. Il est plutôt de tenir, préservé du sens, le seul plaisir d'entendre. Pour nous faire marcher en silence. Il ne dit rien d'autre que le rapport secret qu'entretient cette écriture avec des plaisirs soustraits aux significations. Circulez, chers passants promis à la lointe mort! Et allez-y d'un pas hardi! car s'il n'y a, en ce non-lieu, plus rien à dire, il vous reste le plaisir infini de vous y perdre !
"Regardant par-dessus mon épaule, lacérée de tes blessures d'amour,
Gisant là sous l'orme, mon silence plein de cris.
Taire la réponse qui isole, taire l'air qui rode rouge,
Sourire à ton aumône, ou en suis-je le prix ?
Muette volontaire, te perdre je ne le peux,
Te mentir je ne le veux, offre-moi ton sein clair.
Muette effrayée, te semer trois cailloux,
Il y a les mots coincés, échos de mon coeur fou.
Sourire au miroir, au reflet ravagé,
Par nos si folles vagues.
Te porter sur ma peau, faire plaisants les maux,
De nos si beaux outrages."
Pendant des années, chaque jour,
On s’adresse un joli sourire,
Quand se faisant face, on se mire,
L’âme légère, emplie d’amour.
Si le sort nous est favorable,
Vivant heureux, on embellit.
Très normalement, on oublie
Qu’aucune grâce n’est durable.
Soudainement, on s’aperçoit
Que notre sourire a changé,
On en recherche le pourquoi.
On se trouve un air étranger.
Immanquablement, la Nature,
Qui ne cesse de s’activer,
Quand le moment est arrivé,
Nous transforme et nous défigure.
On aurait envie de pleurer
Mais on se trouve à court de larmes.
Attentif à d’autres alarmes,
On se prépare à endurer.
Avoir perdu toute attirance,
N’est pas le fait d’avoir vieilli.
On reprend parfois confiance,
En se voyant bien accueilli.
Certains conservent des atouts,
Qui ont gardé leur importance.
À la fin de leur existence,
Ils comptent sur eux et les jouent.
21 0ctobre 2011
" On devient pour toujours responsable de ce qu'on a apprivoisé,"
déclare une voix empreinte de sagesse ; certes, mais encore nous faudrait-il, pour ce faire,
véritablement entendre la supplique d'autrui, présentant cette fervente requête :
"Si tu veux un ami, apprivoises-moi !"
Antoine de Saint Exupéry.
Vivre avec le coeur ouvert
avec l'amour d'être là
et même quand ça ne vas pas
croire toujours au meilleur...
Vivre l'importance d'un sourire
regarder la lumière autour de la vie...
Penser chaque jour au plus profond de soi
que l'amour est dans chaque être vivant...
Vivre pour accepter ses failles
se regarder avec compassion
s'aimer avec raison ....
Aimer et toucher le ciel
Aimer et s'accorder le droit d'être heureux
S'accorder le temps de vivre seul ou à deux.
Apprendre vivre et s'ouvrir
sans plus jamais souffrir
ma prière pour nous et ceux
qui ont dans le coeur
le goût amer de la souffrance
et qui ne voient plus la lumière
dans le fond des yeux, seul
il ne sont plus , l'amour est le seul remède aux douleurs du passé.
« Grand ECArt » de Stephen Belber mis en scène au théâtre de la Madeleine à Paris et maintenant à Bruxelles au CENTRE CULTUREL D’AUDERGHEM
Une pièce où l’on parle de A comme Amour ou A comme Art ; du contrôle de soi, du travail et de la discipline de la danse, « c’est sidérant, bouleversant, la rigueur » ; de ce que peuvent bien se dire un flic et un danseur (homosexuel à ses heures), de haschisch et autres substances hallucinogènes (c’est l’époque), des années soixante et particulièrement de l’année 1963, « période de défoulement total »; des milieux artistiques, « tout le monde couchait avec tout le monde ! » ; du merveilleux métier qu’est l’enseignement, « voilà pourquoi j’enseigne: accoucher la magnificence de l’esprit humain »; de sexe, de tricot et de danse « qui sont interchangeables » ; de l’usure des couples ; du rêve de vie de chaque individu, et du grand écart, figure de danse, et phénomène qui sépare tant les fils et les pères que les individus dans les couples mariés ou non. On dirait presque un titre canadien ! Foule sentimentale, sortez vos mouchoirs et riez de bon cœur.
Un spectacle désopilant, mais absolument pas pour enfants, nous prévient Thierry Lhermite lui-même ! Cela se passe dans l’appartement 52, dernier étage d’un gratte-ciel Newyorkais. On y parle beaucoup de la prestigieuse Julliard School. Cette comédie dramatique et psychologique touche à la fois nos fibres profondes et nous fait sincèrement rire tant le jeu des acteurs et le décor fantaisiste se liguent pour accumuler une tension merveilleusement bien menée qui interroge ce fameux grand écart, dans tous les sens du terme.
À New York, Toby, ce célèbre chorégraphe excentrique et solitaire, devenu professeur de danse à la Julliard School suite à un accident qui brisa sa carrière de danseur étoile, reçoit donc la visite d'un étrange couple de Seattle venu l'interroger sur le milieu de la danse dans les années soixante. Une banale enquête sociologique qui va le distraire de sa solitude croit-il. Mais cette rencontre devient très vite explosive. Comment ces trois protagonistes mus au départ par la seule curiosité, peuvent s’engouffrer dans une hostilité réciproque et sauvage… est révélateur de la nature humaine et montre à souhait qu’il suffit de très peu pour déclencher une guerre.
L'interview prend une tournure très inquisitrice car elle porte sur les mœurs sexuelles très libres de l’époque hippie mais surtout sur les partenaires variés et nombreux du chorégraphe. De quoi créer un malaise de plus en plus désagréable pour le vieux danseur. A vous de découvrir les motifs secrets de cette visite déterminante, en présence des protagonistes, servis par des comédiens magnifiques sur les planches du centre culturel d’Auderghem. On ne voudrait en aucun cas vendre la chandelle d’une pièce finalement fort émouvante. Vous serez servis en surprises et en vérités psychologiques et artistiques.
Auteur : Stephen Belber
Artistes : Thierry Lhermitte, Valérie Karsenti, François Feroleto
Metteur en scène : Benoît Lavigne
Du lundi 17 au samedi 22 octobre 2011 à 20h30 et dimanche 23 octobre à 15h30
http://www.cc-auderghem.be/index.php/nos-spectacles/paris-theatre-1112.html
Il y a des histoires qui durent, il y a aussi des histoires d'amour, et parfois, heureusement, des histoires d'amour qui durent.
Sur le bord du verre, l'alcool pleure en de fines rivières. L'averse s'est éloignée: le noir des nuages vire au gris-brun, et au-dessus des arbres un arc-en-ciel vient lentement se peindre. Sous l'érable boule coulent de grosses larmes tièdes, comme autant de gouttes de thé gorgées de soleil.
Mes mains en coupe soutiennent ce verre aussi gros et fragile qu'une boule de Noël. La ligne d'horizon se déforme, puis se met à tanguer au rythme des révolutions circulaires que j'imprime doucement au liquide vert.
Autant de plantes pour m'aider à t'attendre.
La lumière rasante m'oblige à plisser les yeux. Elle souligne les petites rides que j'ai aux coins des yeux, celles que tu aimes tant car, comme tu le dis souvent, tu les as vues naître. Elles sont d'abord apparues au soleil, puis se sont peu à peu senties chez elles sur mon visage, au rythme des rires qui accompagnaient nos soirées.
Ce sont mes mains qui sont les plus impatientes. Dame Chartreuse dans son grand ballon de cristal s'emploie à les occuper, mais elles me murmurent toute l'envie qu'elles ont de se poser sur toi. Bien sûr je commencerai par t'ouvrir mes bras, et pourtant mes mains savent qu'elles seront à la fête dès ton arrivée.
Dès l'instant où nous serons réunis, elles ne te quitteront plus, tu le sais déjà. Elles seront dans ton dos lorsque nous nous embrasserons, elles tiendront tes poignets lorsque nous serons à table. Et nous rirons des regards amusés ou perplexes des convives assis à côté.
Plus tard, ce sont encore mes deux mains qui t'inviteront à te lever, puis à passer au bar avant de nous retirer dans notre chambre. Je sais qu'en mettant ta petite robe d'été ce matin, tu auras aussi pensé à mes mains qui la feront glisser sur tes épaules cette nuit.
Nous étions en vacances à ce même endroit lorsque pour la première fois nous nous sommes parlés. Je dégustais déjà le même breuvage, et tu avais commandé « la même chose » sans savoir de quoi il s'agissait. Je me souviens du rouge qui t'était monté aux pommettes alors que tu faisais tout pour que je ne remarque pas ta surprise.
Le lendemain soir, tu portais une jolie robe blanche, dont le décolleté semblait lutter contre le petit cordon noir qui lui imposait la sagesse. C'était toi tout entière qui étais tournée vers moi, c'était moi tout entier qui voulais te couvrir de caresses. Et pourtant, la soirée durant, nous avons joué l'un et l'autre au jeu de la patience et de la séduction, à n'en plus finir, comme si nous avions deviné à l'avance que nous serions d'accord, et que toute notre vie ne consisterait qu'à faire monter nos enchères amoureuses.
Ce soir-là nous avons dégusté longuement notre verre de Chartreuse face à la montagne. Au lieu de nous jeter l'un sur l'autre une fois montés, nous avons prolongé nos jeux de patience jusque dans le moindre de nos gestes.
Ta jolie robe n'est tombée qu'au milieu de la nuit. Non pas que le petit cordon de cuir noir ait tant résisté, mais goûter à la découverte de toi fut un ravissement, tant au travers de l'étoffe qu'ensuite.
Et c'est pour cela aussi que tu me fais patienter, maintenant. Tu veux me découvrir comme jadis tu m'as découvert, assis au même endroit, avec le même verre à la main. Depuis tout ce temps nous avons partagé des vacances ici et là, mais nous sommes toujours revenus ici, ne fût-ce que pour une seule nuit.
Être les pèlerins de notre amour né ici nous semble une évidence, et cette fois-ci comme chaque année, nous ne dormirons pas avant le chant du coq.
Ce n'est vraiment plus de notre âge, paraît-il. Mais nous le savons, toi et moi: nous resterons complices d'âme et de corps jusqu'au dernier jour.
J'entends ta voiture approcher. Si je m'écoutais je serais déjà debout, mais je veux être comme chaque année, et plein d'autres encore: tel que tu m'as vu pour la première fois.
Et toi tu seras telle que je t'ai aimée depuis ce premier soir.
Allons mes mains, portez à ma bouche les dernières gouttes de ce délicieux mélange, et préparez-vous à retrouver celle qui vous émeut depuis si longtemps.
Bruxelles, le 1 février 2009.
À l'adresse de tous les cœurs offensés de notre cher réseau,
Mea culpa, mea culpa, mea culpa ! Et oui, je bats et rebats ma coulpe, en récitant trois "Pater et six Ave " à Matines, à Vespres et à Complies, afin de tenter de laver ma faute, me confondant en plates excuses, à l'égard des "pauvres délaissés" dont j'avoue, confessons-le, avoir totalement négligé le bel élan originel qu'ils ont eu la délicatesse de manifester envers moi, à l'époque de mon adhésion estivale parmi ce valeureux cercle...
Je me demande encore comment ai-je pu faire preuve d'une semblable étourderie sœur de la muflerie, en n'oubliant de répondre purement et simplement à certains messages de bienvenue si chaleureux ! Sans doute, et je ne cherche pas à me dérober par quelques circonstances atténuantes complaisantes, ma qualité de novice fraichement convertie aux rudiments de la "Machine infernale" baptisée Diabolus, n' y est pas étrangère !
Je présente donc, à nouveau, mes plus vifs regrets aux "malheureuses victimes", ayant fait les frais de mon manque de civilité, en espérant sincèrement, qu'elles m'accorderont leur mansuétude, en regard d'un fleuron de la pensée allaisienne :
"L’Homme est imparfait... mais ce n'est pas étonnant, si l'on songe à l'époque où il a été créé" !
Surtout, que nous autres, "faibles femmes" héritières directes de notre Mère à tous, Éve, par qui la faute originelle a été commise, sommes seulement issues d'une côte de ce brave Adam...
En tant que mécréante impénitente, non repentie, j'ajouterai ceci : j'ose présumer qu'elle était de qualité !
Une indéniable vaurienne...
Chers amis,
Après le songe d’arlequin, voici le temps venu de la deuxième partie de la trilogie
« Pierrot ».
C’est au cours d’une promenade, sur les contreforts de la sierra Morena que je l’ai croisé dans les rues blanches d’un pueblo Andalou.
Rencontre au hasard des rues ou des places, d’un marchand de bonheur semant du rêve dans les yeux des enfants.
Il raconte son amour impossible pour arlequin « le roi des enfers » parti avec colombine.il poursuit l’inaccessible espoir qui est toujours pour demain.
Si le cœur vous en dit, je vous invite à le découvrir.
Amicalement Ben-Kâ