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musique (288)

administrateur théâtres

Opéra: "Don Juan" de Mozart (au château de Seneffe)

Dans un château (grand) et son théâtre (petit) nous avons pu contempler l’infiniment grand (six chanteurs  d’exception) dans l’infiniment petit (une salle en rotonde pouvant loger à peine  80 happy fews !)

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 Derrière ce spectacle infiniment beau, il y a une très belle dame d’esprit et de cœur. Je veux nommer Isabelle Kabatu, responsable musicale et porteuse du projet. Quand on la  rencontre, on est immédiatement envahi par une sorte d’aura de générosité bienveillante et on rêve de faire un bout de chemin avec elle. C’est son charisme incroyable  qui attise sans doute les espoirs des artistes et les amène peut-être  à devenir les étoiles de demain. Une dame de foi qui vous fait croire en vous.  

 

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Le château, c’est celui de Seneffe. Décidément il conviendrait de lui accorder la palme  pour le magnifique été culturel qu’il nous a présenté cette année. Cette fois il est devenu, l’espace de quelques jours de septembre, le lieu privilégié de l’amour car le théâtre Poème 2 y présentait son festival …Scènes ( d’amour).  Hélas nous n’avons pas pu y assister, malgré le programme d’une richesse inouïe (*).  Jugez-en par cette magnifique phrase d’introduction : « Le langage est une peau : je frotte mon langage contre l’autre. C’est comme si j’avais des mots en guise de doigts, ou des doigts au bout de mes mots. Mon langage tremble de désir. » (Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux.) Nous avons néanmoins assisté à la superbe finale de ce festival : l’opéra « Don Juan »  de Mozart.

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L’orchestre était réduit à un piano à queue, splendidement mené par une pianiste concertiste bulgare hors pair, Jhaneta Katsarova, lauréate des Concours internationaux de Moscou et d’Arezzo en Toscane.  Miracle : les six chanteurs chantaient en solo ou  façon « a capella » à peu près tout le temps, sans que le piano ne leur  donne la moindre ligne mélodique. A elle de livrer du bout de ses dix doigts un accompagnement soutenu pour remplacer tout un orchestre.  Le chœur et les solistes étaient six jeunes talents plus que formidables. Etonnants, vigoureux, inventifs, doués, imposant la fougue de leur jeunesse et leur savoir-faire évident. Tous ont démontré une  présence inouïe. Au sens littéral du terme.

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Du jamais vu ni jamais entendu de toutes façons. Une diction italienne impeccable, une résonance de cathédrale, une puissance confondante. Tout cela dans une proximité jamais vécue pour le public médusé, car les artistes ne sont jamais à moins de 5 mètres de vous. De quoi entrer totalement au cœur de  cette tempête musicale spectaculaire. Il y a aussi les décalages si chers aux spectacles modernes. Voilà Elvira en véritable Lady Gaga, parée d’une robe de styliste d’une beauté saisissante. Voilà la fille de la pianiste, la sombre Donna  Anna  un vrai monument gothique et noir accompagnée de son comparse Don Ottavio, ténor français. Et voici une jeune artiste portugaise, la délicieuse bergère rousse, Zerlina, convoitée par le terrible Don Juan, sapée dans des couleurs nature.  Des femmes, il y en a donc de toutes les couleurs, pour Don Juan. Pour le public féminin, il y a  -  of course  -   Masetto, le jeune villageois, baryton qui a fait tourner toutes les têtes, toutes couleurs confondues, que ce soit pour sa voix profonde, jeune et vibrante ou pour son physique de rêve.  Silence, les maris !

La mise en scène manie l’humour et le drame tour à tour, avec brio et prestesse.  Jamais un moment statique, que du dynamisme, de l’élan, des chutes vertigineuses,  du voyage dans les sentiments et les actes. Quelques accessoires chargés de sens et  de pure poésie. Les acteurs  sont d’ailleurs très reconnaissants à Stefano Giuliani pour son encadrement exceptionnel, sa façon d’avoir su les guider et de les rendre tout-à-fait confortables dans leurs rôles. La statue du Commandeur qui avance vers le public est fascinante. Entre les géants de l’île de Pâques et l’art Maori. Ce spectacle où tous les artistes,  inondés de  la joie de jouer et chanter à la fois, s’époumonent sans fatigue apparente avec un dynamisme sans cesse renouvelé,  vous coupe  le souffle. Du monumental dans une boîte à musique, c’est un exploit. De la qualité sonore et théâtrale exceptionnelle. Juste dommage que ce spectacle soit si  éphémère.  Ne faudrait-il pas écrire au ministre pour l’alerter  qu’en Belgique il y a des gens,  des lieux et des  projets qui valent la peine d’être soutenus, promus,  aidés, mis au premier rang ?

Nous avons donc  adoré ce spectacle et par-dessus tout Leporello, baryton basse,  le véritable pilier du spectacle à part le brillant Don Juan bien sûr,  pour sa voix, son jeu, ses postures, ses mouvement et sa présence quasi cinématographique. 

 

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  * http://www.theatrepoeme.be/                        Seneffe,  Le 4 septembre 2011

 

http://www.theatrepoeme.be/spectacles.php?shortcut=spectacles_DONGIOVANNIdanslecadreduFestivalScnesdx2019AmourSeneffe

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administrateur théâtres

Imagine Paradise  Klara festival

OFFICIAL OPENING CONCERT

 Jeudi 1er septembre 2011 (festival > 16 septembre)

 

IN SEARCH of HEAVEN12272753888?profile=original

FRANCOIS-XAVIER ROTH (chef d’orchestre)
LES SIECLES (orchestre)
LA MAITRISE DE CAEN (chœur de 22 garçons)

Bozar, Salle Henry Le Bœuf

On a déjà pu voir François-Xavier Roth à la tête de l'Orchestre philharmonique de Liège Wallonie-Bruxelles mais aussi avec le London Symphony Orchestra et l'Ensemble Inter Contemporain. Pour la saison 2011-2012, il officiera comme Chefdirigent du SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg.

Le répertoire de ce jeune chef s'étend de la musique du 17e siècle aux créations contemporaines, du répertoire symphonique ou lyrique à la musique d'ensemble. Il a ainsi créé en 2003 Les Siècles, un orchestre  de jeunes musiciens qui joue tant sur instruments anciens que modernes et cela au sein d'un même concert et qui surtout refuse de se laisser enfermer dans un genre : ni "baroque", ni "classique", ni "romantique", ni "contemporain", mais un peu tout cela à la fois.

L’Orchestre Les Siècles dirigé par le Chef François-Xavier Roth  a ouvert hier soir le festival Klara aux Beaux-Arts de Bruxelles avec un programme de choix :

 

FRANZ LISZT Eine Symphonie zu Dantes Divina Commedia, s. 109
ANTONÍN DVORAK Symphony no. 9 in e, op. 95 “From The New World”

 

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Note d’intention: Un jeune orchestre jouant sur instruments historiques, un chef débordant d’énergie, deux symphonies emblématiques du XIXe siècle, l’une méconnue, l’autre adorée du grand public, autant d’éléments inscrits chacun dans le thème du Paradis, non pas perdu mais enfin trouvé. Franz Liszt représente à lui seul une des personnalités les plus riches et les plus généreuses du XIXe siècle, poursuivant dans son soutien à la Nouvelle Musique un idéal éthique et spirituel autant qu’artistique; ses liens avec l’œuvre poétique de Dante s’inscrivent dans cette recherche. Écrite pour grand orchestre avec chœur, la Dante Symphonie comprend trois mouvements: Inferno, Purgatorio et Magnificat, trois des étapes menant au septième ciel. Autant Liszt aborde le thème de l’utopie par de savants détours, autant Antonín Dvořák le saisit à bras le corps ! « Un appel pur, une sorte de sonnerie de rassemblement, qui par son rythme syncopé instaure un esprit de danse et d’optimisme » (Michel Chion), voilà le Nouveau Monde qui s’ouvre à l’auditeur. Il s’agit de l’Amérique, bien sûr, mais abordée de façon symbolique, intérieure, universelle. Avec une nuance d’humilité, comme l’atteste la tonalité de mi mineur.

 

12272759688?profile=original  FRANZ LISZT Eine Symphonie zu Dantes Divina Commedia, s. 109

 
    Dans cette symphonie, Franz Liszt se transforme en Hitckock avant la lettre. L’enfer, c’est la peur. Et  la terreur est au rendez-vous. F-X Roth, sorte de deus ex machina , conduit son orchestre toutes griffes dehors. Cuivres déchaînés, batterie et cymbales se relaient dans leurs avertissements  fatidiques. Surprise, le premier mouvement s’éteint sur quelques coups de maillet feutrés. Ensuite , au deuxième mouvement, les instruments à vent, les cordes et deux harpes discourent avec un saxo empli d’émotion ; il y a la douceur des flûtes traversières, les arpèges coulés de la harpe, l’atmosphère intime d’un violoncelle en solo qui déborde de nostalgie.

Le paradis débutera comme le tableau d’un champ de fleurs, mais c’est tout juste si les chants mêlés des instruments n’incitent pas à un certain engourdissement ...jusqu’à l’entrée des voix de la Maîtrise de Caen. Ces jeunes garçons  sont apparus au deuxième balcon à la droite de la scène. La préparation à la rencontre divine est ample et ordonnée. Il y a des silences bourrés de sens. L’absurde n’a pas de lieu. La piété infinie des violons soutient les notes graves des cuivres distillant l’émotion. Il faut même regarder attentivement les mains de F-X Roth pour percevoir certains souffles. L’Esprit ? Le cristal des harpes s'envole soudain dans un duo et les enfants s’enlacent à ces deux instruments célestes. « Magnificat anima mea Dominum, et exultavit spiritus meus in Deo salutari meo. » On n’a jamais rien entendu de pareil. La pureté fuse. Tout finira par un long arrêt sur image de l’orchestre, figé dans l’émotion.

 

ANTONÍN DVORAK Symphony no. 9 in e, op. 95 “From The New World”

 

Ce qui nous a frappés particulièrement  dans la  9e symphonie de Dvořák, c’est le relief que F-X Roth donne à cette œuvre chatoyante. La justesse des sons aussi. Le début démarre tout en douceur et en nuances mystérieuses vite interrompues par des cors forte. Dès le départ, il y a ce thème siffloté joyeusement, presque les mains dans les poches - le chef est sans baguettes - qui reviendra comme un refrain tout au long de l’œuvre.  Il y a ces envolées bourrées d’espoir. La flûte solo, une rose rouge déployée sur son épaule est fascinante de confiance et de légèreté. Confiance qui gagne vite les cordes.

 Puis il y a le largo : un rythme de légende séculaire,  auréolé d’un éventail de flûtes qui tranche avec le premier mouvement si exubérant. Montée en puissance, et les cordes ensommeillées se mettent à respirer harmonieusement. Tout cela est palpable. On dirait qu’on entend cette musique pour la première fois. Les cuivres acquiescent. Sommes-nous entrés dans une nature inviolée, illimitée, comme celle des paysages américains? Ou bien est-ce l’American Dream qui prend lui-même la parole ? Peinture idyllique d’une utopie heureuse… On entend les pas de loup des contrebasses et la  séduction de leurs sonorités. Et toujours ce relief musical prodigieux: un kaléïdoscope musical,fascinant. Il y a aussi le vent tremblant dans les  violoncelles, comme une nostalgie du pays natal. On croit entendre des chœurs d’hommes. Mais l’orchestre tout entier bondit de bonheur. Une astuce du chef d’orchestre : ces silences pieux, allongés à l’extrême pour découvrir une note cachée derrière une autre. La dernière note pour la violoncelliste, émotion ciselée. Le troisième mouvement est énergique et brillant. Hautbois, flûtes, violoncelles s’accordent pour accueillir le thème majestueux du Nouveau Monde.  Cette formation de jeunes musiciens adultes transpire elle aussi l’émotion commune devant l’aventure de la vie. Atmosphère trépidante, exubérance, gloussements humoristiques des bois. Le batteur s’amuse. Spectaculaires, dans le quatrième mouvement, voici des vagues mugissantes en ascension vertigineuse : Est-ce le Bonheur ? La victoire ? La Liberté ? Le courage ? Tout à la fois ? L’attaque finale des cors anglais  entraîne le rêve musical vers des  paroxysmes,  et le feu d’artifice final n’en finit pas d’éclater.   

Le site du Klara Festival
Le site des Siècles
Le site de François-Xavier Roth
Le site de la Maîtrise de Caen

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administrateur théâtres

La nuit des choeurs au château Bois-Seigneur Isaac

Il y a un peu plus de 10 ans nous assistions, émerveillés, à la création de La Nuit des chœurs dans l’abbaye de Villers-la-Ville… ravis d’aller écouter le nectar sonore d’ I Muvrini et des chanteuses irlandaises de rêve. L’année 2011 a encore vu une foule nombreuse faire escale nocturne au château Bois-Seigneur Isaac à Ittre pour écouter des formations vocales de renommée internationale: depuis le Chœur de l’ex –Armée Rouge, en passant par l’Irlande avec leurs 16 choristes habillés de mystère noir et porteurs de lumière pour nous chanter la tradition, et une formation lyrique contemporaine tout à fait étonnante en provenance d’Israël : The Voca People. Planétaires dites-vous?

 

Disons  en passant, que la promenade musicale est aussi gourmande, puisque les lieux sont perlés d’échoppes  pour la restauration et que deux sites sont réservés au souper VIP et au souper ViIP prestige…. selon vos moyens.

 

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Mais revenons aux Voca People, cette découverte étonnante. Tout vêtus de blanc, en combinaison blanche et  moulante d’extraterrestres, maquillage noir, blanc  et rouge, ils débordent de créativité car au chant choral  a capella de chansons planétaires, ils allient une gestuelle, des mimes et une chorégraphie surprenante. Les harmonies qu’ils produisent semblent être d’ailleurs : la Voca Planet où règneraient seules les harmonies de la voix ? Leur délire vocal décoiffe, on se sent soulevé comme dans un fleuve pulsant des courants d’invention dans tous les sens. Et  on est emporté.   Ces surdoués de la voix : filles, garçons ? Chi lo sa ! Cela a la vigueur du Phantom of the Opera, démultipliée! Alors qu’ils sont en visite sur notre planète,  ils cherchent à réalimenter en énergie  leur vaisseau spatial  virtuel avec tout ce qu’il y a de plus explosif comme thèmes musicaux entraînants. On se laisse faire, on participe, on adore. Même les plus compassés.  On largue les amarres et l’on vogue avec eux. Trois autres ensembles, Les Poppys,  Canal’do and last but not least : The Magic Platters, issus de la formation mythique des Platters créée à Chicago dans les années cinquante par Buck Ram sont là aussi pour nous enchanter et faire de cette nocturne au château une réussite  multiple et savoureuse. Le final explosera sa joie dans un feu d’artifice impressionnant, sans une goutte de pluie !

http://www.nuitdeschoeurs.be/

 les 26 & 27 août 2011

photo: with the kind permission of Linda Baute aLBOT & aLBOT

 

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administrateur théâtres

12272757671?profile=original" ACI, GALATEA E POLIFEMO " de George Friedrich Haendel   (HWV072, 1708).

RENE JACOBS CONDUCTOR
AKADEMIE FÜR ALTE MUSIK BERLIN
SUNHAE IM ACI
SONIA PRINA GALATEA
MARCOSFINK POLIFEMO

Plongeons dans une  pastorale antique et un  hymne aux cœurs purs. Le livret, version italienne,  écrit par Nicola Giuvo  en 1708 est tiré de la légende d'Acis et Galathée telle qu'elle est rapportée dans Les Métamorphoses d’Ovide. L’intrigue est simple et le message encore plus: l’amour sera sauvé, la jalousie ridiculisée. 

L’histoire :

Acis, fils de Pan, et Galathée, la nymphe des mers, fille de Neptune, sont épris l'un de l'autre. Mais Galathée verse des larmes. Interrogée par Acis, elle lui révèle qu'elle est poursuivie par le désir vorace et jaloux du cyclope Polyphème. On entend soudain un fracas effroyable. Polyphème sort de sa caverne et s’approche des amoureux. Les trompettes résonnent. Galathée supplie Acis de fuir et de la laisser seule avec le géant.  « O dio, t’invola al suo barbaro sdegno, e ti consola !  »

 Polyphème, vengeur, s’enflamme et menace de tuer son rival. «  Ma che ? Non andrà inulta la schermnita mia flamma, io vilipeso » Réponse « forte » de tout l’orchestre.  Mais Galathée défend la cause de l'amour avec courage. Polyphème, impitoyable, se fâche et Acis apparaît soudain pour défendre son amante. Galathée préfère la mort plutôt que de céder au cyclope. Au comble de la jalousie, Polyphème, sûr de ses droits,  somme Galathée de répondre à son amour et  réitère ses menaces mortelles. Galathée appelle alors son père Neptune au secours. Polyphème se retire sur sa montagne.

 Acis, resté seul est rejoint par Galathée. De son côté, Polyphème attend le passage d'Acis pour le fracasser. Alors qu'Acis et Galathée échangent des paroles d'amour, il fait rouler un énorme rocher qui va écraser Acis. 

« Verso già l’alma col sangue, lento palpita il moi cor. » Galathée est désespérée. « Misera, e dove sono ? »  Elle en appelle alors à son père pour qu'il transforme son amant en fleuve. Polyphème essaye de la retenir, mais elle a déjà rejoint Neptune. Il ne peut que contempler Acis, transformé en fleuve, qui embrasse Galathée dans les flots d'argent.

 

 Si Galathée, Sonia Prina, a un jeu scénique plutôt statique et un registre de voix sans grandes surprises malgré l’émotion et les tourments qui  sont bien là,  Sunhae Im exploite sa jeune fougue vocale et sa fibre dramatique avec exaltation.  Une épaule découverte et vêtue d’un « catsuit » de sombre émeraude parsemé d’incrustations de jais, elle joue à cache-cache parmi les musiciens, tout en nous livrant ses récitatifs très expressifs, et ses vibratos surprenants.  Mélange de cabri et de chat, elle  chante et bouge en agilité et souplesse puis disparaît et réapparaît comme par magie. C’est une jeune virtuose vocale qui joue avec les couleurs de sa voix de façon audacieuse et sûre, jusqu’à oser des miaulements dorés. Impétueuse, elle a aussi des envolées lyriques pleines de tendresse, particulièrement cet air, agrémenté de flûtes joyeuses : « Qui l’augel da pianta in pianta ». Ses arias entraînent  le ravissement musical du  spectateur qui en oublie l’orchestre, pour se suspendre à ses lèvres.

C’est une voix d’enfant soulignée par les accords pointés des violons seuls, qui ourlera la mélodie, à la façon de l’astre du jour s’évanouissant dans la mer.

 Quant à Polyphème, Markos Fink, voilà une star totalement fascinante. Sa voix semble couvrir presque trois octaves. Sa démonstration vocale stupéfie et il épouse le rôle de Polyphème de façon très théâtrale, descendant de la montagne à pas de géants accompagné par d’âpres dissonances et des violoncelles lugubres.  Il est le drame. Sans lui, il n’y aurait pas d’histoire. Ses désespoirs  et ses menaces sont vibrants d’intensité et de puissance. On manque d’applaudir en plein spectacle son aria « Fra l’ombre e gl’orrori ».  Et sans l’autre géant, René Jacobs, le chef d’orchestre, il n’y aurait pas de musique.

Cette musique à la fois bucolique et somptueuse… créée par Haendel, à 23 ans à peine, a tout pour ravir : la légèreté, la volupté, l’amplitude, la majesté et surtout une richesse d’expressions sans cesse renouvelée. Cela fourmille d’inventivité et d’effets évocateurs, de la palpitation du cœur au ruissellement des eaux.  Les instruments y sont pour beaucoup car on se croirait au milieu d’un ballet de hautbois, clavecin, orgue, timbales, basse continue s’ébrouant parmi le grésillement estival des violons.

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  Cette musique,  véritable source de bonheur,  est splendidement ciselée par René Jacobs à la baguette. La performance a été applaudie debout, tant l’orchestre  « Akademia für alte Musik Berlin » excelle dans l’interprétation.

 

 

http://www.bozar.be/activity.php?id=11037&selectiondate=2011-9-13 

http://www.klarafestival.be/fr/concert/aci-galatea-e-polifemo 

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administrateur théâtres

"Musicales de Beloeil"

 

12272756671?profile=original« Créée il y a 23 ans à l'initiative des Princes de Ligne, la grande

fête musicale organisée chaque année dans le parc du Château

de Beloeil poursuit son aventure sous la dénomination

"Musicales de Beloeil".

Ce changement de nom reflète bien entendu un changement

d'organisateur, le 5ème en 23 ans. l'ASBL Belgium to the

Tops est désormais en charge de ce "festival d'un jour" en

partenariat avec le Château de Beloeil et ses propriétaires, les

Princes de Ligne et aussi avec l'ASBL ASMAE et la Commune

de Beloeil, présents depuis la première édition et partenaires

essentiels dans la réussite de cet événement.

La magie des lieux et le concept de promenade musicale

restent les fondamentaux de la recette d'une

telle manifestation. »

 

 ...Malgré notre été maussade, nous avons vécu une journée vibrante à Beloeil cette année. L’édition des « Musicales de Beloeil » en 2011 a en effet ravi un  public nombreux (entre 5000 et 6.000 l’après-midi et entre 7.000 et 8.000 le soir) curieux de découvrir cette nouvelle formule d’un festival musical d’un jour…sous le soleil !

 

Cette première des « Musicales de Beloeil » organisée ce samedi 27 août par l’asbl Belgium to the Tops peut être qualifiée de véritable réussite. Les artistes étaient très heureux de jouer dans les magnifiques jardins à la française de  cet immense parc dont les arbres étaient  illuminés de mille et un faisceaux colorés et le sol jonché de petites flammes au sol sur tous les parcours. Se dégageait une vraie féerie, une illusion de grand siècle.  

Les concerts, tous de haut niveau ont comblé des spectateurs émerveillés qui ont pu se partager des programmes très éclectiques. Au fil des scène aux dénominations plus que romantiques (le bassin vert, le cloître, le vivier aux poissons rouges, le champ de roses, le bassin des dames, le bassin des glaces, le parc des cerfs…)  nous avons pu découvrir des artistes aussi divers que  Miloš Popovic jouant Schumann et Beethoven, Guillaume Coppola jouant 6 consolations et 3 Sonnets de Pétrarque de Liszt, Le Quatuor Alfama raconté aux enfants, La Bande des Hautbois, et même de la musique des troubadours arméniens du moyen-âge au  18ième siècle… où le « duduk », patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO,  joue le rôle principal !  Mais ce n’est qu’une petite partie du programme, car il est illusoire de vouloir  tout entendre même si on commence à 15 h et que l’on termine à minuit!

 

 

Pour couronner les festivités il y a eu ces  deux grands concerts sur la grande scène N°5, l'un en fin d'après-midi à 18h30 et l'autre en fin de soirée à 22h30, avec un grand orchestre symphonique : cette année, le Brussels Philharmonic et son chef Michel Tabachnik, accompagnés par le chœur du Brussels Choral Society et notre grand baryton belge José Van Dam accompagné de jeunes talents vocaux formidables, en résidence à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth. De quoi faire de cet événement une référence culturelle européenne.

 Au programme nocturne :

 - Tchaïkovsky, Ouverture solennelle 1812 en mi bémol majeur, op. 49

 -  Beethoven, Symphonie n° 9 en ré mineur, op. 125 (3ième & 4ième mouvement).

 Et le ciel d’absorber ces musiques triomphales. Et le public innombrable d’exulter et de caresser le mot « Freude » et pourquoi pas aussi le mot «  Friede »  avec délectation et gratitude.  

 

 

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Quant  à  la clôture de cette clôture musicale  éblouissante, jaillissant dans le ciel presqu’étoilé  un  feu d’artifice inégalé,  du ja-mais vu, laissa le  public … sous le choc avant de refranchir les grilles du château, la tête vibrante  de musique et  de félicité.

 

photo: with the kind permission of Linda Baute aLBOT & aLBOT

 

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administrateur théâtres

12272756897?profile=originalJeudi 22.09.2011 20:00

Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

Christian Arming direction - Orchestre Philharmonique Royal de Liège

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Présentation :

Né à Vienne il ya tout juste 40 ans, Christian Arming est l’un des chefs d’orchestre les plus demandés de la jeune génération. Aussi à l’aise dans le répertoire classique et romantique que contemporain, Christian Arming confronte les œuvres et les époques et recherche les raretés : les œuvres  méconnues des grands compositeurs, ou les chefs-d’œuvre de compositeurs moins renommés.

 A l’âge de 24 ans, Christian Arming dirige pour la première fois l’Orchestre Philharmonique Janácek d’Ostrava. Peu après, il est le plus jeune chef nommé à la tête de cet orchestre, dans l’histoire musicale tchèque. Depuis le début de sa carrière en 1994, Christian Arming a déjà été invité dans le monde entier, par plus de 50 orchestres. Tout en étant encore  directeur musical du New Japan Philharmonic, il est maintenant, après  François-Xavier Roth*, le nouveau directeur musical de l’Orchestre Philarmonique Royal de Liège. « Je ne suis pas le genre de personne qui arrive pour s’en aller aussitôt. Créer un style personnel et une véritable relation avec un orchestre ne se fait pas en un an. Je souhaite construire quelque chose dans la durée à Liège où je ressens un grand potentiel,  tant dans l’orchestre que dans la vie culturelle d’ailleurs. » (Le Soir Liège, 12/05/2011)

Le programme de ce soir est représentatif de sa curiosité et de son ancrage dans la tradition viennoise.

 

Sandor Veress, Threnos
Ludwig van Beethoven, Symphonie n° 5, op. 67
Bela Bartok, Concerto pour orchestre, Sz. 116 

 

Dès les premières mesures de l’œuvre Threnos, du compositeur peu connu, Sandor Veress, on ressent cette alchimie particulière qui unit l’orchestre et son chef aux mains libres de baguette. C’est un aller simple vers l’émotion et l’intelligence de cœur.  Christian Arming est un être communicatif, il sait diffuser une lumière solaire même dans un œuvre funèbre. Après quelque percussions infiniment douces, comme s’il ne fallait pas réveiller une personne endormie, les violons traduisent une atmosphère sombre, le fracas des cuivres et les cymbales éclatent avec ostentation, le morceau prend le rythme d’une lourde marche, et la harpe détend l’atmosphère en quelques caresses. Back to square one avec les percussions douces. La plainte mélodique est reprise par les seconds violons. Christian Arming dirige à grands coups de rame le fleuve musical. Au deuxième mouvement c’est un frétillement de cordes qui précède une profonde respiration mélodique, ou un large soupir. Une mélodie timide de clarinettes et hautbois est entrecoupée de silences et cliquetis discrets et répétitifs. On est surpris par la résonnance déchirante  d’une grosse caisse, ponctuée par les cordes. Il y a la sonorité voluptueuse de la flûte et les  échos profonds des cuivres. On est dans une musique magistrale et émouvante. Après le long decrescendo, de nouveau la délicatesse des maillets impressionne, le son unique est presque devenu inaudible.

 

Décrire la Symphonie n° 5 de Beethoven par le menu ne présente que peu d’intérêt car l’œuvre est mondialement connue. Mais il faut néanmoins souligner que Christian Anning utilise ici sa baguette, qu’il obtient un modelé immédiat. L’attaque est franche, le résultat chantant. Il puise les accords à même le sol, se démenant comme un danseur de ballet moderne. Sa gestuelle est totalement romantique et la chevelure masculine abondante y est pour quelque chose. Ambassadrice d’un tempérament généreux et vif, elle transmet à coup de vibrations, l’émotion et l’énergie triomphante de l’œuvre. L’orchestre répond avec passion et émet des chapelets de belles sonorités marquées rondes et vivantes. Ce chef d’orchestre est le maître des bruissements, des grondements  et résonnances profondes.  Une touche de musique tzigane à la fin, la finale de la finale de la finale sera réellement décoiffante et applaudie avec bonheur immense par un public conquis.   

 

Le départ du concerto de Bela Bartók se fera dans l’austérité, sur d’imperceptibles hululements de cordes: des voix humaines ? L’illusion de grands espaces vierges ? Puis c’est l’explosion soudaine de toute une vie biologique nocturne qui déferle. Christian Aming prend des allures de forgeron sculptant le métal incandescent de la musique et l’embrasement de la vie. On repère les notes syncopées des hautbois et de la harpe, des coups de tonnerre, et l’intervention puissante et graphique des cuivres avant  une  étrange et dramatique explosion de violons. C’est la fin du premier mouvement. On est séduit.

 

Changement d’atmosphère radical avec des tapotements sautillants, goût métal qui initient le deuxième mouvement, façon cigales ou insectes bavards. C’est l’humour qui prévaut avec une certaine élégance sarcastique dans les dissonances : grincements d’amphibies ? Les tapotements se liguent avec les cuivres pour introduire la matière liquide des violons et des bois. Un oiseau frappeur achève de nous étonner. Le troisième mouvement se caractérise par des sifflements, des vocalises appuyées de flûtes soutenues par les cordes et quelques accents de cuivres. Il y a ce déchirement à l’unisson des violons «  forte ». On est dans le drame, l’angoisse. Mais les violons désespérés seront apaisés par les violoncelles aux doigts de fées et surtout par  la note d’espoir infini transmise par un piccolo farceur émergeant d’un gentil passage élégiaque. Que du bonheur. Les deux derniers morceaux constituent d’abord un pot pourri de danses folkloriques et puis le chef d’orchestre exulte dans le dernier mouvement. C’est le foisonnement, la joie, l’exubérance qui nous montent à la gorge. Les jeux de bassons ourlés de violons tendres laissent la place à la harpe. Les violons se livrent à des mélodies aigües,  à la chinoise. Bruissements de voix féminines haut-perchées, glissando des violons en mode bavard, la caquètophonie s’amplifie, le chef d’orchestre donne des coups de reins en se penchant dangereusement en arrière. Voici les épousailles viscérales du chef et de son orchestre. La conclusion passe par un orage lugubre et menaçant  et la fin est échevelée. Ovation bien méritée.

  

Notes : *Chef d’orchestre français qui a ouvert récemment le Klara Festival à Bozar avec la symphonie de la divine  comédie de Liszt et la symphonie du nouveau monde de Dvorak (1/09/2011)

 

Sites à consulter:

http://www.rtc.be/reportages/262-general/1443651-christian-arming-est-le-nouveau-directeur-musical-de-loprl

 

http://www.bozar.be/activity.php?id=10873&selectiondate=2011-9-22

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administrateur théâtres

Imagine Paradise (part 4) (Klara festival) 14/9/ 2011 EROICA

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CHRISTOPHE ROUSSET Conductor
LES TALENS LYRIQUES
Jeremy Ovenden tenore

Au programme: Pierre Gaveaux & Joseph Haydn (en première partie)  

Ludwig van Beethoven - Symphonie n°3 en mi bémol majeur, op. 55 Eroica
(Quatre mouvements: Allegro con brio, Funebre de Marcia : Adagio assai, Scherzo: Allegro vivace
Finale: Allegro molto )

 

C’est définitivement la seconde partie du programme que nous avons préférée. « Spécialiste de la musique baroque, puis classique, et, depuis quelques années, du début du Romantisme, Christophe Rousset est un chef visionnaire, fin et profond. A la tête des Talens Lyriques, il dirige Beethoven pour la première fois. » Il dirige à mains nues. On sent tout de suite une agilité extrême dans les gestes, une passion, une fougue qui fera éclater comme du tonnerre les deux accords brefs en mi bémol majeur qui  introduisent l'œuvre, de façon théâtrale. Critique de musique, J.W.N. Sullivan décrit le premier mouvement comme une expression du courage de Beethoven confrontant sa surdité, le deuxième, lent et funeste, représente son immense désespoir, le troisième, le scherzo, comme une « indomptable révolte d’énergie créative » et le quatrième mouvement comme une effusion exubérante de la même énergie.

 

 Le premier thème, exposé par les violoncelles dans la nuance piano est repris avec magnificence un nombre  incalculable de fois, comme si patiemment le compositeur s’amusait à élever la  flèche ajourée d’une cathédrale, les arcs-boutants et les ogives des nefs latérales tout à la fois. A la fin il y a un éparpillement d’éclats lumineux des violons, puis un crescendo de luminosité, souligné par l’entrée dramatique des cors anglais.  La percussionniste veille. Elle est tout devant à gauche, chose rare. La blonde Aline Potin, au nom de tintamarre et au physique élancé et gracieux décoche sans frémir ses coups de maillets avec des mains de fée.

 

Le deuxième mouvement commence dans les couleurs sombres des violoncelles, il y a la voix presque humaine de la clarinette, le rythme se fait héroïque, la clarinette ricochette. Il y a de dramatiques accords des vents. Trois accords répétés des contrebasses et le rythme se métamorphose en marche ample. C’est le vent lui-même qui s’empare des cordes et les flûtes exultent. Les gestes de la percussionniste soulignent  l’ensemble comme si elle dirigeait un ballet gracieux. Etonnant. Après une rupture en douceur, on glisse dans la nostalgie. Il y aura le tic-tac des altos, et des diminuendos qui vous mènent au cœur de la confidence. Une musique que presque personne n’a pu s’empêcher d’applaudir entre les mouvements. Hommage au chef d’orchestre.

 

La légèreté et la souplesse sont au rendez-vous dans le scherzo. Les cors donnent le ton et entraînent les violons suivis des hautbois et le thème puissant a été rattrapé au vol. Les cuivres sonnent la fanfare et le trio de cors s'enflamme. Où sont les chevaux? Assiste-t-on aux soirs de batailles gagnées, à la joie et les libations des guerriers victorieux, au bonheur des idées de liberté répandues par-delà les frontières ? La joie (masculine) est palpable. L’accord final sera leste et joyeux. Et toujours, aux côté de la brillante trompette, la percussionniste… aux maillets de fée.

 

Dernier mouvement : l’ouverture se fait sur un parade précipitée des violons suivie d’un arrêt brusque pour laisser libre cours aux variations.  Des pizzicati scintillants entrecoupés de respirations vivantes, mettent en lumière les belles sonorités de l’orchestre, les notes tenues, si harmonieuses. La princesse des cymbales observe tout cela le sourire aux lèvres,  avec un métronome dans sa chevelure qui ponctue la mélodie. La quatrième variation tourne à la fugue. On est surpris par un point culminant de dissonance mais d’autres variations arrivent comme des vagues toujours plus surprenantes. Il faut se laisser porter par l’amplitude chantante et se préparer à applaudir à tout rompre.

 

 

 

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http://www.bozar.be/activity.php?id=11038&selectiondate=2011-9-14

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http://www.klarafestival.be/nl/node/1316

 

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administrateur théâtres

L’ECUME DES JOURS de Boris Vian (A l’atelier 210)

12272756691?profile=originalL’ECUME DES JOURS de Boris Vian

A l’atelier 210 (jusqu'au 8 octobre)

Un monde monté  sur des roulettes: voici l’univers imaginaire et déroutant  de Boris Vian, où la fantaisie et le merveilleux sont omniprésents, présenté par Emmanuel Dekoninck.  Le texte de Vian est resté en partie au vestiaire.  Les mots swinguent moins. On n’entend pas les pas des amoureux clapoter sur le parquet de l’appartement de Colin, qui ne cesse de rétrécir et de s’assombrir au fur et à mesure des progrès du nénuphar.  Pas de narrateur mais un piano et une jeune chanteuse habillée Courrèges. Rien que des dialogues vifs et bien enchaînés, neuf comédiens-musiciens juvéniles  bondissants, le swing de la musique d’aujourd’hui, toute une grammaire d’éclairages, de la chorégraphie, des scènes muettes (le mariage, la nuit de noces). On applaudit en plein milieu du spectacle devant les  jeux de scène délirants, tirés à l’extrême  et les accessoires et ustensiles loufoques dignes du salon  des inventions, qui ont un pied dans le réel, un autre dans l’imaginaire.

Et  le tout marche comme sur des roulettes. Emmanuel Dekoninck a réussi le défi de   montrer un univers parallèle que l’on peut réellement voir, un monde qui jongle  avec la vitesse et avec la mort. Une façon efficace d’appréhender le réel. Dénonciation moderne  de tout ce qui tue: le travail érigé en valeur plutôt qu’en moyen, la guerre, la pauvreté, la maladie. La folie de l’administration. La folie religieuse qui tue le plaisir. La folie du culte de la personnalité avec ce personnage délirant, lui aussi monté sur roulettes, et pas des moindres,  représenté comme un philosophe grotesque présentant ses échantillons de vomi lors de ses conférences de presse. Rapport à la Nausée.  Allusion à son meilleur ami  Jean-Paul Sartre. Pardon, Partre.  Dérision. Tout roule n’est ce pas ? Est-ce vrai ? Et de méditer tout aussitôt sur  la magnifique phrase d’entrée de jeu :

 «Dans la vie, l’essentiel est de porter sur tout des jugements a priori. Il apparaît, en effet, que les masses ont tort, et les individus toujours raison. Il faut se garder d’en déduire des règles de conduite: elles ne doivent pas avoir besoin d’être formulées pour qu’on les suive. Il y a seulement deux choses: c’est l’amour, de toutes les façons, avec les jolies filles, et la musique de la Nouvelle-Orléans ou de Duke Ellington. Le reste devrait disparaître, car le reste est laid, et les quelques pages de démonstration qui suivent tirent toute leur force du fait que l’histoire est entièrement vraie, puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre.  Boris Vian, La Nouvelle-Orléans 10 mars 1946. » Jamais, il n’est allé en Louisiane.

Et pendant ce temps là,  l’immense nénuphar  de  tout ce qui bloque l’homme, se développe, mortifère et imperturbable,  se nourrissant du fleuve de nos émotions et de notre angoisse. Les hommes sont des souris pour le chat. Roulette russe. Colin, au contraire de ce monde, est ce jeune homme aisé  et rêveur, qui aime le jazz, la vie et l’amour et qui déteste la violence et le travail. La délicieuse, la frêle et douce Chloé incarne la féminité et la beauté. Celles-ci sont vouées à un bien triste destin. A la fin, Colin pleure et son amie la souris, incapable de contenir sa douleur,  mi-animale, mi-humaine,  préfère se précipiter dans la gueule du chat sous nos yeux. La lutte pour le bonheur est vraiment trop  inégale.

 

Jetez un coup d’œil sur la vidéo :

http://www.telebruxelles.net/portail/emissions/les-journaux/le-journal/15871-lecume-de-vian-sur-scene-et-en-musique

distribution et infos pratiques :

http://www.atelier210.be/programme_information-A210-82.html

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administrateur théâtres

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 “The Fire of Prometheus”

EUROPEAN GALA CONCERT

VLADIMIR JUROWSKI - LONDON PHILHARMONIC ORCHESTRA

Vladimir Jurowski conductor
London Philharmonic Orchestra
State Choir Latvia
Nikolai Lugansky piano
Igor Levitt piano

 

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Le programme:

Modest Mussorgsky St. John’s Night on the bald mountain
Sergey Rachmaninov Rhapsody on a theme of Paganini for piano and orchestra, op. 43
Franz Liszt Prometheus, S. 99
Alexander Skryabin Prometheus:The Poem of Fire, op. 60

 

 

C’est certes l’interprétation de l’œuvre de Rachmaninov par Nikolai Lugansky qui a littéralement mis le feu à la Salle Henry Le Bœuf hier soir. Le pianiste a reçu des clameurs de bonheur dès qu’il s’est levé de son tabouret pour saluer un public complètement chaviré. Entre le charme et les doigts de fer machiavéliques, les rythmes syncopés et les ralentis dramatiques, l’orchestre qui exhale des respirations de fauves et une clarinette plaintive, on reste pantois. Le scherzo a des sonorités très lyriques. Il y a ces reprises en fanfare, le solo romantique du piano, répété en sourdine par les violons et c’est un couple romantique qui s’étreint devant une vallée verdoyante qui se présente à l’esprit.  Au dernier mouvement, après une série de pizzicati des violons, contrebasses et violoncelles, les archets bruissent une ultime fois sur les cordes pour céder la place aux  accords ascensionnels du piano qui nous entraînent vers une apothéose de noces barbares. Le déchaînement du « Dies Irae », avec ses accords tranchants et nets, claquera  comme des coups de fouets. Mais intrépide, le piano lancera une dernière offensive, achevée à la dynamite !

 

Avec le Mont Chauve de Mussorgsky , on n’est pas en reste ! Ce sont les sorcières, les enfers les diables,  les courses folles et vertigineuses qui sont au rendez-vous. Le rythme est débridé, les cuivres ont des voix de crapauds gigantesques qui fusent parmi des chuchotements maléfiques. Frissons légers de cordes, piaillements des bois. Les pesants violoncelles réitèrent le thème par trois fois. La joie des maléfices et des mauvais tours éclate et Méphisto lui-même tient la baguette pour galvaniser les musiciens dans une gerbe de flammes.

 

 

 Le poème symphonique de Franz Liszt nous offre des accords mystiques aux sonorités cuivrées. Et pourtant, ce sont des clarinettes et des hautbois qui parlent ! Deux interprétations : ou la jubilation d’avoir dérobé le feu à la barbe des dieux ou l’exaltation du désir de venir les défier. Je pencherais plutôt pour la première version car il y a ce magnifique mouvement lent, empli de félicité plus que d’orgueil. Le dieu voleur a  en effet une tâche noble : celle de venir au secours de l’humanité. C’et le mythe fondateur du héros Prométhée et celui de l’accès à la connaissance. La gestuelle de Vladimir Jurowski, le chef d’orchestre, est bouillante, impérieuse, irrévocable.  

 

Un long silence respectueux précédera l’interprétation du poème de Scriabine. Suivi d’une longue sonorité trouble reprise  enfin par les tremblements de cordes. Les violoncelles produisent des arrachements mélodiques, le piano a imperceptiblement introduit des notes flûtées. Vladimir Jurowski nous aide à suivre le labyrinthe de sonorités car il semble décrire la partition dans l’air à force de gestes et d’intentions mordantes. Il n’y a qu’à se laisser embarquer vers l’étrange, se laisser flotter sur des vagues d’harmonies … ou de vagues harmonies. Rien de volcanique au début, plutôt une halte de voyageur en pays inconnu. Le piano offre des goulées de vie et d’eau fraîche. Roulements, avertissements sinistres des cors, les violoncelles brûlent. Quelques flammes lèchent les pieds d’une forêt et ce sera l’embrasement final : cors et percussions. Et chacun d’ajouter des notes chaotiques entre les aires de repos non touchées par les flammes. Le pianiste tressaute sur son siège. On songe plutôt aux  entrailles en flammes de Prométhée lors de son châtiment qu’à la joie de la dérobade du feu sacré. Car on entend les cris acérés des oiseaux de proie.  Hyper-vigilant, le chef d’orchestre arbore le dessein musical avec fermeté. Y répondent les ricanements fracassants des trompettes. Mais voici que les livrets dans les 4  rangs du chœur,  s’ouvrent en silence, avant qu’ils ne profèrent  un  hululement final fait uniquement de voyelles. Fébrile, voulant presque décrocher le ciel,  Vladimir Jurowski débusquera les derniers accords féroces avant de saluer.  On reste sous le choc. C’est une musique chaotique où se mêlent angoisse,  impatience, jubilation et désespoir.

 

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http://www.klarafestival.be/fr/concert/fire-prometheus

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administrateur théâtres

UNE FAÇON ORIGINALE DE SENSIBILISER ET CHARMER UN PUBLIC NOUVEAU

À LA MAGIE DE L'OPÉRA.

 12272753092?profile=originallace au chef-d’œuvre de Gounod, ROMEO ET JULIETTE, inspiré par l’œuvre de William Shakespeare. Le spectacle, conjugué à la féerie lumineuse, à la magie du plein air et à la beauté de notre patrimoine, en fera un événement culturel estival à ne pas manquer.

 

Cela se passe au château de La Hulpe, perle du patrimoine architectural de la Province du Brabant Wallon. Il se dresse avec tenue et fierté dans son écrin de verdure. Facile d’accès et synonyme de prestige. Ce vaste domaine situé à la périphérie bruxelloise constitue un décor de toute beauté pour la présentation d'un opéra, mettant à son service sa dimension esthétique et son passé musical.

 

Note d’intention:

Roméo et Juliette nous interpellent par-delà la tombe et nous sommes tenus de choisir notre camp: celui de l'amour ou bien celui de tous les Capulet et Montaigu de la terre?

Si l'opéra de Gounod adoucit quelque peu la dureté de la tragédie de Shakespeare, il en concentre l'action sur les personnages principaux, et sa musique, par l'éclat de ses harmonies comme par la pureté délicate de ses mélodies, amplifie notre sensation du drame. Elle l'annonce, puis le masque sous le chatoiement du bal, les rythmes enjoués de la danse, puis le découvre subitement comme le poignard qui surgit de son fourreau, porteur de mort. Elle frappe alors au coeur de l'histoire, nous serre la gorge et ne nous lâche plus. Et sans cesse nous serons secoués, ballotés par elle entre l'espoir et l'émotion, entre l'amour et la violence, entre la vie et la mort. Cette dualité se retrouve dans la scénographie. A droite, un espace plein, entouré de quelques marches et de colonnades élégantes, comme une aile de palais italien surmontée d'une terrasse, ou du mythique balcon de Juliette. Cet espace abrite, accueille l'orchestre, la musique, la fête, la vie. A gauche, le même espace, mais vide, cerné de colonnes tronquées, comme la vie trop courte de nos deux jeunes héros. Au centre de cet espace, un catafalque de granit noir. Il n'est pas nécessaire d'expliquer la suite ni le sens… Devant et sur la gauche: la grille d'un enclos étroit de cimetière où frère Laurent, confident et acteur malgré lui de la tragédie, viendra se recueillir. Derrière, au fond: la façade d'un monument imposant. C'est la demeure de la famille de Juliette, ces Capulet dont les racines et les traditions remontent à plusieurs siècles. Cette façade nous le dit, nous l'affirme, par son histoire, par son style et par sa masse. Car la haine peut avoir le visage et le poids de la plus parfaite respectabilité.

Le décor est planté, le drame va se jouer. Mais dans quels costumes? Nous voulions délibérément ne nous référer à aucune situation moderne, car les exemples sont trop nombreux, et cette histoire se suffit à elle même… L'illustrer aurait été la réduire à une anecdote temporelle et locale. Le temps sera donc légendaire, entre Vérone et Londres, entre le conte populaire et Shakespeare.

Voilà, nos amants vont bientôt rentrer en scène, et s'ils meurent à la fin de la nuit, ils sont comme le phénix, ils renaîtront chaque soir à nouveau, pour les siècles des siècles.

 

Note personnelle : 

 Nous sommes revenus enchanté de ce spectacle , il va de soi ! Mais aussi un peu déçus que le public, pressé par l’anticipation d’une longue marche nocturne vers les parkings, ait écourté ses applaudissements.  Nous aurions aimé plus de respect pour une palette d'artistes hors du commun. L’orchestres a plié bagage, vite fait, instrument sous le bras,  sans tambour ni trompettes et  tout le monde s’est évaporé comme si il y avait le feu au lac !

 

Et pourtant, les artistes étaient pétris d’émotion, les voix magnifiques,  les paroles des mélodies, harmonieuses, souples et lestées avec bonheur dans l’écrin de la musique, les costumes  étincelants et la mise en scène fabuleuse. Point d’artifices, juste le perron du château et une grande terrasse surplombant le kiosque à arcades où officiait le magnifique orchestre. Les chœurs mixtes résonnaient dans tout le parc: le bonheur encore.

 Nous avons particulièrement aimé bien sûr cette dévotion  totale à l’amour  qui imprégnait la scène du mariage secret, la voix d’outre-tombe du frère Laurent, le long voile blanc qui unit les amoureux de part et d’autre du balcon,  le duel mortel …jusqu’à la phrase assassine, témoignage percutant de la folie des hommes, et  proférée devant un public horrifié et confondu. Cette phrase  infâmante  jure  par ses grands dieux de ne  jamais faire la paix.  Dont acte. Une image d’une humanité violente, orgueilleuse  et présomptueuse.

On a particulièrement aimé chez Gounod le rôle du Duc, qui veut s’élever au-dessus de cette spirale de violence et qui impose de sa voix formidable le respect des lois  afin de faire cesser les hostilités sanglantes. Très touchante aussi, cette scène où les amoureux se confient à la grâce de Dieu alors qu’ils vont mourir. Impressionnant l’ensemble des acteurs massés autour de la tombe des amoureux,  tous enfermés dans de longues  capes de bure noire, et à la fin, obligés à la fin de lever leur sinistre masque blanc. De la toute belle ouvrage.

 

 

 

 

 

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INFOS & BILLETTERIE   070 / 222 007 ou www.070.be

PRIX  : 25 – 30 – 35 VIP (parking, welcome pack VIP et programme) : 60

 

Château du Cercle de Wallonie à Namur, les 25 et 26 août à 21 h

Château de et à La Hulpe du 31 août au 5 septembre à 21 h

Château d’Ooidonk les 8, 9 et 10 septembre à 21 h                                         

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administrateur théâtres

Au KVS (Koninklijke Vlaamse Schouwburg)      Oedipus / Bêt Noir

 

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Voici une aventure scénique impressionnante que l’on rêve de partager. Le  metteur en scène Jan Decorte a relu Sophocle à sa façon. Par la danse, le chorégraphe, metteur en scène et  acteur Wim Vandekeybus s’élance dans l’interprétation  de ce texte dépouillé à l’extrême. Trois voies confluentes : le texte, la musique la danse. Une musique galactique sous la direction de Roland Van Campenhout  nous met presque sous hypnose et le langage expressif d’un ensemble de 16 danseurs acrobates fabuleux  nous  jettent éperdument dans l’histoire mythique et sur les pistes de l’imaginaire ou du subconscient. Mais dès le début, tout est déjà consommé.

A la confluence des trois chemins (Thèbes, Delphes, Corinthe) c’est l’embarquement dans le mystère du Destin, des malédictions, des questions mortifères du  Sphinx et des questions éternelles qui hantent Œdipe. Le parricide, l’infanticide et l’inceste. Œdipus : « “Ik ben e zwart beest van schult. »


La musique bouleversante et omniprésente,  la danse, les mouvements défiant les lois de la gravité, la vitesse, la mobilité extrême des acteurs et le texte épuré participent à une création hors du commun. Le résultat est absolument fascinant. Beauté, étrangeté, talent contribuent au  dépassement de tout ce qu’on a déjà vu. Le tempo est étourdissant. On est emmené dans les dédales infinis de l’imagination, on a sous les yeux l’intérieur d’un kaléidoscope géant dont les derniers miroirs se dérobent à l’infini. On est comme aspiré par l’énigme et par la puissance physique de la représentation.

Géante aussi et spectaculaire la représentation du Sphinx, sous les traits d’un astre céleste, soleil ou lune selon les éclairages. Ce disque d’escalade  immense et multicolore est  composé de pas moins de 20.000  rubans de la taille d’un habit humain, dans lequel grimpent, s’agrippent et se fondent les danseurs, faiblement accrochés sur ce cadran vertical, source de tous les dangers et de tous les effrois. 

Au sol  les danseurs aux pieds légers et aux pas de géants s’approprient l’immense espace glissant, et sont partout à la fois dans des rondes infernales. Danses marathoniennes plus que bacchanales. (Quoique…) Ce sont  des moulinets,  des culbutes et des sauts humoristiques de corps désarticulés, des carrousels vertigineux de corps  morts parfois, puis soudain revenus à la vie, cruelle, violente. Mais il y a quelque chose d’harmonieux de coulé, de souple dans toutes ces postures et ces jaillissements  plus qu’inimaginables. Les chants les plus beaux sont les plus désespérés.

Moyens bruts et efficaces. «Now the blood falls like rain !  » chante le musicien. C’est un des moments chocs : cette ballade du pendu et cette  chute de centaines  de chaussures qui tombent du ciel pour écraser Œdipe, jouet du Destin. Autre moment, presqu’insoutenable: les gémissements de  ce bébé de huit mois  en chaussettes rouges porté sur scène par sa propre mère, une des danseuses. Les pieds ou les chevilles de l’anti-héros tragique  ont été percés par Jocaste avant qu’il ne soit abandonné dans la montagne.  Et elle se percera le cœur avant qu’Oedipe ne se perce les yeux. Sont exposés à notre vue et à tous nos sens le percement de l’énigme et la mutilation volontaire des yeux pour se priver du bien le plus précieux, la lumière.  L’aveuglement et l’ignorance humaine. Les dieux resteront muets.  

 

http://www.kvs.be/index2.php?page=program&discipline=1&vs_id=604

 

 

 

du 15/09/2011 > 01/10/2011
Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche
Langue de la manifestation: NL FR EN
Public: Tous
Où ? au KVS : 9 quai aux Pierres de Taille 1000 Bruxelles
Téléphone pour renseignements : 02 210 11 12
Site web : http://www.kvs.be
E-mail : info@kvs.be
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administrateur théâtres

12272749893?profile=original17-31 Juillet 2011. MUSICA MUNDI  n’est plus à présenter, mais rappelons tout de même à ceux qui ne connaissent pas encore ce fleuron international de la vie musicale belge,  les grandes lignes de ce projet fantastique, créateur de chance pour des jeunes talents musiciens sous la houlette de plus grands noms.  

 C’est donc la 13e édition d’un stage et festival de musique de chambre international ouvert aux jeunes talents âgés de 10 à 18 ans. Il a été créé dans le but, d’une part, de développer le talent de ces jeunes musiciens à la personnalité unique, et d’autre part, de leur permettre de rencontrer d’autres musiciens qui ont déjà acquis une certaine renommée. Les lieux de rencontre sont prestigieux : le Château du Lac à Genval, le Château de la Hulpe, le Concert Noble et l’hôtel Lido à Rixensart, où sont logés gracieusement les jeunes talents.

Parmi les artistes qui ont honoré de leur présence les précédentes éditions du stage et festival de musique de chambre international Musica Mundi citons, entre autres : Maxim Vengerov, Mischa Maisky, Gidon Kremer, Ivry Gitlis, Katia & Marielle Labèque, Heinrich Schiff, Leif Ove Andsnes, Paul Badura-Skoda, Itamar Golan, les King’s Singers, le Petersen string quartet, le Talich string quartet, et le St.Petersbourg string quartet.

 

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Dans le cadre du festival de Musica Mundi au château du Lac à Genval, nous sommes allés écouter  hier avec ravissement Christian Zacharias.

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"Je suis né le 27 avril 1950 à Jamshedpur en Inde, d'un père ingénieur, Friedrich-Wilhelm Zacharias, et de sa femme Susanna, née Haase. Mon père, originaire de la Prusse de l'Est, émigra rapidement à l'étranger et c'est ainsi qu'il passa près de vingt ans de sa vie en Inde, où il épousa ma mère, originaire de Danzig. En 1952, ma famille qui compte encore ma soeur Katarina, retourna en Allemagne et s'installa à Karlsruhe. Là, je commençais l'école et reçu mes premiers cours de piano à l'âge de sept ans. Mon maître de musique au Gymnase, qui reconnut et soutint très tôt mon don, me facilita l'entrée à l'école supérieure de musique de Karlsruhe, où, dès 1961, j'étudiai avec Irène Slavin, une russe exilée. J'obtins, parallèlement à mes études scolaires, les diplômes des branches théoriques musicales (harmonie, contrepoint, analyse, orchestration, composition), si bien qu'en 1969, une année seulement après ma majorité, je pus achever mes études musicales avec les diplômes de professeur de musique et de pianiste de concert. Suivirent des études auprès de Vlado Perlemuter à Paris et ma participation à divers concours de musique, dont Genève et Van Cliburn aux Etats-Unis, où j'obtins le Deuxième Prix, et au concours Ravel à Paris où je reçus le Premier Prix. Depuis 1975, je pus vivre de mon activité de concertiste indépendant et dès lors, ma carrière m'a mené à pratiquement tous les orchestres et centres musicaux importants dans le monde."

 

Voici le  magnifique programme qu’il nous a présenté :

C.P.E. Bach : Sonate en la mineur
C.P.E. Bach : Sonate-Rondo en ut mineur
Brahms : Quatre Klavierstücke opus 119
Beethoven : Sonate pour piano n°31 en la bémol majeur opus 110
Brahms : Sonate pour piano n°3 en fa mineur opus 5

D’aucuns disent « Il comprend tout, il voit tout !... Et lorsque Christian Zacharias joue, c'est clair, net, précis, limpide... il arrive même à nous faire supposer que l'œuvre est facile... et lorsque j'ai la chance de pouvoir aller l'entendre, aucune note ne m'échappe... et ces notes-là, elles sont belles !... » Nous ne pouvons qu’acquiescer car nous avons assisté à un festin musical.

 

Dans la  salle grandiose de l’hôtel du Lac il y a cette fenêtre qui, à la façon chinoise s’ouvre sur une chute d’eau silencieuse, des bambous de différentes espèces, des roches  et des mousses. Recueillement.  Le piano à queue trône devant cet espace poétique du jour qui décroît cependant que s’allument des  illuminations  nocturnes discrètes. Discrète aussi, l’arrivée du pianiste dont le jeu léger des pièces de C.P.E Bach fait penser à des gouttelettes frémissantes, des bruissements d’ailes, de la délicatesse, des annotations cristallines. Il y a des quintes et des trilles humoristiques, des ricochets farceurs, un ballet de pattes de souris. Dans le second morceau les babillages de notes contrastent avec des accords nets et denses d’une magnifique sonorité.  Sous des dehors O combien austères, le pianiste développe toute la finesse de la musique de façon presque juvénile. Une vraie dentelle ancienne.

Avec l’opus 119 de Brahms c’est la confidence qui prime, la douceur et même la langueur, tout en ne se départant jamais de cette légèreté lumineuse du début du concert. Le deuxième mouvement s’accélère, une danse ou une berceuse ? Flots de  romantisme et cela se termine comme  le rayon vert à la surface de la mer ou l’observation attendrie d’une respiration endormie. Le 3eme mouvement emporte dans des rêves ou des chimères lâchées comme un troupeau joyeux. Le final reprend passionnément les thèmes de l’ouverture.

 

On aurait pu penser que pour Beethoven, le pianiste oserait une certaine violence de sentiments. Au contraire, ses doigts sont des étoiles filantes, les notes, des cascades de voie lactée… Une musique de grande légèreté encore qui semble évoquer l’innocence pure de l’enfant. La main droite énonce des notes claires tandis que la gauche étouffe sa puissance. Puis les portes claquent, un adolescent découvre la fermeté d'accords rebelles.  Le troisième mouvement devient sombre, empreint de mélancolie. L’âge d’or révolu ? La perte de l’insouciance. Sous ses doigts on assiste à la naissance d’accents très profonds soudains révélés au monde. Méditation. Puis il a ce retour au thème principal : temps retrouvé ? Crescendo de bonheur, élan de tendresse, plénitude même. Et malgré des accords écrasants aux accents de Fatum, le final est un jaillissement de notes joyeuses débordantes et libres. Le public est sous le charme. Autant de douceur, des mains de ce grand homme viril étonnent. Une fabrique de bonheur et de beauté.

La sonate en 5 mouvements de Brahms démontre toujours autant d’aisance et de maîtrise. Jouerait- il    ici son moreau de prédilection ? Une fougue nouvelle s’empare du pianiste. Mais celle-ci s’oppose à nouveau avec des intermèdes ruisselants de douceur où  le musicien semble presque s’évanouir. Voltiges ralenties, plaisir musical évident. Une légèreté presque féminine s’empare des deux mains. On pense à la fragilité de fleurs de cerisier, à des  pétales de délicatesse. Les derniers grains quittent le sablier à regrets, c‘est le retour de tons graves, la concentration est extrême, jusqu’à l’épuisement des basses avant une ultime caresse finale. Le troisième mouvement s’emporte. Le jeu est vif et brillant, sonore et frappé. Mais le 4e renoue avec « cette douceur avant toute chose », comme si son but était d’effacer coûte que coûte, note par note toute la violence et la misère du monde. Musique et douceur se confondent.  Il s’enivre de la saveur de la musique comme d’un parfum entêtant. C’est tout juste si  on ne voit pas tomber des plumes de cygne sur le pianiste et son instrument. Ces instants sont magiques.  Le dernier mouvement est un   bouquet d’été : monumental,  royal, tout en camaïeux riches et exubérants.
 Un bis bien sûr : «  Les arabesques » de Schumann. Il  virevolte une fois de plus entre le Ying et le Yang, de façon savante et décontractée. Ce festival de saveurs douces et lumineuses a fait lever la salle entière à la dernière note  pour applaudir à tout rompre l’art poétique de ce musicien extraordinaire.  

Il vous reste un dernier soir pour vous joindre à cette atmosphère  envoûtante très particulière  de têtes blondes et cheveux gris et c’est la soirée de gala :

«  Course and Festival GALA Concert   »  le 31 juillet à 19 heures au château du Lac.                      (Black tie)

 

http://www.musicamundi.org/fr/index2.htm

 

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Festival de l' Orangerie du Château de Seneffe

12272746871?profile=originalCette année, au Festival de L'Orangerie, Véronique Bogaerts et Patricia Raes ont invité tous leurs amis solistes pour un feu d'artifice musical au cœur de l’été.

… Et si le troisième et le quatrième  soir se rapportent au deuxième, ce festival de musique de chambre est la perle des hôtes de ces bois ! L’orangerie du Château de Seneffe a vécu un 22 juillet étincelant, vibrant, convivial et raffiné. Une soirée consacrée au piano dans tous ses états.  

 

MMM ... : merveilleux moments musicaux!

Un festival de doigts  - de 5 à quarante -  parfois tous sur le même clavier. Des interprètes de  renommée mondiale : Dominique Cornil, Muhiddin Dürrüoglu, Philippe Raskin, Jean-Claude Vanden Eynden, quatre pianistes … deux pianos… et des œuvres allant crescendo dans l’implication du nombre de mains : Scriabine, Ravel, Stravinsky, Czerny, Ligeti,  Rossini, Beethoven, Elgar, Schumann, Chopin. Ce  répertoire fait de  12 joyaux de la musique puisant tant dans le classique que dans le contemporain a enchanté le public enthousiaste massé dans la longue salle de l’orangerie du château.  Mais ce concert extraordinaire véhiculait surtout une ambiance  de joie, de connivence et  de partage. L’ espièglerie des quatre artistes s’ingéniait véritablement à séduire le public tout en s’amusant follement entre eux et avec leur instrument. C’est la transmission de  la joie profonde de la musique qui menait le jeu. Demandez à Muhiddin Dürrüoglu! Et le séduisant Philippe Raskin est toujours aussi craquant! Un contraste frappant dans le climat plutôt morose qui a envahi la Belgique depuis plus de 400 jours. Parole de J-C Van de Eynden qui préfère l’hymne à la vie, l’ode à la beauté, la création du bonheur partagé.

 

 

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Epinglons une interprétation extraordinaire de Dominique Cornil du célèbre Nocturne opus 9 de Scriabine pour main gauche seule … à 5 doigts donc. L’autre main reposant tranquillement sur le genou droit. Mais cette musique est loin d’être tranquille, elle est enflammée, romantique en diable,  éblouissante. Dominique Cornil, sous des dehors sérieux si pas sévères, nous livre des sonorités retentissantes, en force et en nuances. On ne voit qu’une main, on en dirait trois! Cette pièce de musique d’une  prodigieuse subtilité devient d’une expressivité fascinante sous ces cinq doigts à la fois de fer et de velours. Sans compter le jeu invisible des pédales… 

 

Le public ose à peine  respirer quand ces Quatre Mousquetaires de la musique s’attaquent ensemble  à l’Ouverture de Guillaume Tell,  à 40 doigts, sur deux pianos.  Si tout commence dans une ambiance plutôt bucolique et élégante, l’attaque du thème principal est délirante et les 4 artistes ont presque du mal à se retenir de rire et personne ne perd les pédales. Véronique Bogaerts tourne tranquillement les pages, pendant que les artistes s’amusent.

 

Mais le plus frappant dans ce concert c’est l' interprétation fracassante du Sacre du Printemps, fauve et colorée par Jean-Claude Vanden Eyden et Dominique Cornil. L’ambiance est tribale. Il n’y a que deux pianos, quatre mains et c’est tout un orchestre que l’on entend. Mais ici avec un détail, une clarté, une définition musicale intense. Tour à tour se projettent la trépidation de la vie, le bouillonnement, l’apaisement, le renoncement même. Une vraie frénésie contraste avec des éclats de lumière. Cette musique emporte comme un fleuve démonté qui charrie tous les objets de la création. Panta Rhei. Tout coule, tout passe avec rage et déferlement, mais les artistes restent. Radieux. Et c’est l’ovation !

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Des tas d’autres  surprises ludiques ornent ce concert. Signalons ces trois mages penchés de leurs six mains de lumière sur le même clavier, gobant les notes de Czerny – Les trois Amateurs - de leurs mimiques expressives, de leurs œillades complices, anticipant le rire de Mozart, révélant son élégance. Le trio magique se délecte et est délectable. Le final est majestueux et la joie des compères, contagieuse ! C’est comme si on avait déjà bu le champagne ! Sourire massif du public.

 

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Le dernier morceau : « Pomp and Circumstance » de Edward Elgar, l’incontournable des Proms,  sera inoubliable pour les participants que se sont levés, inspirés par J-C Van de Eynden.  Les artistes sont ovationnés et le public se met à chanter à la paix et à la sérénité à retrouver ! Land of Hope and Glory !  Bis très émouvant, le public se lâche. 

Puis c’est la réception comme à chaque concert, dans la verrière de l’Orangerie.

 

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Consultez le programme la fête continue ce soir et demain soir encore!

Samedi 23 juillet 2010 – 20h00  

«Sextuors à cordes de Straus & Brahms – Souvenir de Florence de Tchaikovsky»         

France Springuel, Sarah Dupriez (violoncelle), Véronique Bogaerts & Frédéric d’Ursel (violon), Thérèse-Marie Gilissen & Vincent Hepp (alto)

Programme :

R. Strauss                         Sextuor à cordes extrait de Capriccio

J. Brahms                         Sextuor n° 1

P. Tchaikovsky                Souvenir de Florence

 

Dimanche 24 juillet 2011 – 17h00

« Octuor de Schubert & C° »

Véronique Bogaerts & Elisabeth Wybou (violon), Vincent Hepp (alto),  France Springuel (violoncelle), Christian Vanden Borght (contrebasse), Alain Cremers (basson),Jean-Luc Votano (clarinette), Jeroen Billiet (cor)

Programme :

C. Stamitz                        Trio pour cor, violon et violoncelle

Anonyme 1750                Trio pour cor, violon et bason

F. Schubert                      Octuor

 

 

Lieu des concerts : Orangerie du Château de Seneffe – rue L. Plasman – 7180 Seneffe

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administrateur théâtres

LE PREMIER FESTIVAL MUSIQ’3 (Flagey)

BRUXELLES inaugure LE PREMIER FESTIVAL MUSIQ’3, une nouvelle branche du festival de Wallonie, aujourd’hui quadragénaire : C’est la grande  fête  les  01- 02 et 03/ 07-2011

 

Une Surprise  d’abord:

A 19 heures,  sur la terrasse, on est accueilli par la Pologne. Le passage de relais symbolique entre la présidence hongroise du Conseil de l'Union Européenne et celle de la Pologne se fait musicalement. Sur  la place Sainte-Croix, au pied du bâtiment de Flagey, et donc du Service culturel de l’Ambassade de Pologne. Et c'est au son de l'accordéon que le relais historique se fête dans une ambiance estivale. Ce sont les meilleurs  d’Europe ! Deux groupes qui portent bien leur nom, Flying Hands, venu de Hongrie, et Motion Trio, formation polonaise surnommée aussi « trio furioso » jouent l'un après l'autre avant de partager la scène dans une ambiance de fête fort éclectique.

L’ Ouverture du festival Musiq’3 : 


« Les Quatre Saisons/Le Quattro Stagioni » sous la direction de la pétulante  Amandine Beyer, violoniste, avec l'ensemble Gli Incogniti nous plongent dans l’esprit d’une Europe attachée aux valeurs classiques.  Quatre concertos pour autant de saisons, l’allégresse du printemps, la langueur de l’été, l’abondance de l’automne, la préparation du renouveau dans les entrailles de l’hiver. Un cycle qui ne parle que de renaissance, d’invention, de création féconde et continue. Quoi de plus parlant et de plus stimulant pour une Europe qui bouillonne dans son creuset …. ? Les jeunes interprètes de l’ensemble « Gli Incogniti » d’Amandine Beyer étaient là pour en témoigner artistiquement avec fougue, conviction et décontraction.  Clamons avec Tzvetan Todorov : « la civilisation n’est pas le passé de l’Europe mais son futur. »

 

Ce premier concert est l’un des cinquante concerts occupant 200 musiciens que ces trois jours de liesse  et de convivialité réuniront les 01, 02 et 03 juillet.
Des concerts d'une durée de 45 minutes environ sauf pour les magnifiques prestations de Fanny Ardant, la mystérieuse comédienne française et Louis Lortie qui se partagent diction et musique tout au long des années de pèlerinage de Franz Liszt. Le bicentenaire de sa naissance  (1811) oblige. En deux parties: vendredi et samedi soir, au studio 4 à 20 heures. Ceci constitue l'évènement du Festival de Wallonie 2011. Connu pour son interprétation magistrale de Franz Liszt, Louis Lortie, « est l’un des 5 ou 6 pianistes qu’il vaut la peine d’aller entendre toutes affaires cessantes  » (Daily Telegraph, Londres).
Années de pèlerinages est « une œuvre romantique par excellence, révolutionnaire aussi tant par les textes qui l'ont inspirée que par l'invention musicale qu'elle développe».

 

Piqués par le talent et la jouvence de l’ensemble « Gli Incogniti » d’Amandine Beyer  nous sommes retournés boire à la musique au concert de 22 heures qui présentait de succulentes œuvres au clavecin de Bach et Vivaldi. Demain nous irons nous frotter à l’orchestre du festival, un orchestre à cordes bourré de talent… lui qui n’attend pas le nombre des années. Ils sont issus de notre Conservatoire de Bruxelles, réunis autour de Shirly Laub, violon,  leur chef et professeur et Jean-Bernard Pommier  pianiste d’exception.

Ensuite à 16 heures, il y a ce récital majeur où le public sera heureux de revoir le merveilleux pianiste Denis Kozhukhin qui gagna haut la main le Concours Reine Elisabeth en 2010, remportant également le prix du public. Rendez-vous de musicalité, de générosité et de sincérité pour interpréter des œuvres de Schumann, Wagner et Liszt.  

Ceci n’est qu’un avant goût d’un programme totalement dédicacé à la jeunesse  sous toutes ses formes: jeunes interprètes, jeunes compositeurs, œuvres de jeunesses, jeune public… « Pierre et le loup » est  en effet au rendez-vous le dimanche à midi, dans le magnifique studio 4. Et qui de mieux, pour guider cette saison, que le jeune violoniste Lorenzo Gatto  (25 ans !) en invité d’honneur?

C’est Lorenzo Gatto  et  Graf Murja  au violon et Denis  Kozhukhin et Milos Popovic au piano, la jeunesse virtuose, qui clôtureront ce festival qui ouvre les portes du rêve, par un concert surprise le dimanche soir à 20 heures, dans un dernier hommage à l’esprit de Liszt.   

 « L’éternelle jeunesse…

Enfin, il existe au travers de l’histoire de la musique des chefs-d’œuvre impérissables, doués d’une éternelle jeunesse. Ces œuvres traversent le temps et les générations, elles semblent intemporelles, elles résistent aux événements. Elles agissent comme de réels bienfaits thérapeutiques, scientifiquement prouvés, et plongent ainsi l’auditeur dans une perpétuelle cure de jouvence… » Claire Ringlet, secrétaire artistique 

 

Consultez le programme qui se déroule d’heures en heures dans de nombreuses salles du bâtiment Flagey! Des rendez-vous de pur bonheur.

http://www.festivaldewallonie.be/2011/fr/Bruxelles/programme/

 

Et après ces brillantes journées d’ouverture, le festival de Wallonie continue, jusqu’au 16

octobre: Namur, cité du chant choral, fait résonner les voûtes de l’église Saint-Loup de l’écho des voix baroques. Le Festival de Saint-Hubert fera découvrir, au fil de ses concerts, quelques-uns des plus beaux villages de nos Ardennes. En août, Stavelot est, sans conteste, un des chefs-lieux européens de la musique de chambre. En automne, les concerts se bousculent et laissent au public l’embarras du choix: une étape à Liège pour écouter les plus grands noms de la musique ancienne ; quelques détours dans le Hainaut où, de Tournai à Soignies, le public est attendu pour faire la fête à des artistes de haut niveau ; ou alors le Brabant wallon, qui propose toujours son lot de découvertes et d’originalité.

Hommage complet à nos richesses architecturales et musicales.

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administrateur théâtres

12272741659?profile=originalA l’affiche aux palais des Beaux-Arts de Bruxelles, un concert qui rassemble des œuvres du 18e siècle et trois lauréats  de notre dernier concours Reine Elisabeth (Chant 2011) accompagnés par La Petite Bande.

                                        

Cela commence par Joseph Haydn : Symphonie n°47en sol majeur (1772).  Sigiswald Kuijken dirige l’ensemble de la Petite Bande, un orchestre de musique baroque qui va bientôt fêter son quarantième anniversaire. Il y a ce dialogue énergique avec le cor, la patte de velours de la contrebasse, un esprit malicieux. Le deuxième mouvement, « Un poco adagio cantabile » évoque la promenade rêveuse d’une âme solitaire. Cela se termine sur une petite marche triomphante. De grands effleurements légers  contrastent avec des accents de passion, le tout construit en échos ludiques.

 

 De quoi introduire  vaillamment le «Laudamus te» de la messe en Ut mineur de  Mozart (Missa KV 427) avec une symbiose parfaite entre la soliste Anaïk Morel  au timbre très coloré et l’orchestre. Sébastien Parotte , un géant en redingote noire très  habillée nous livre la virtuosité de « Io ti lascio », KV 621a au rythme très vif et très enlevé. Et voici Konstantin Shushakov, interprétant avec chaleur et modulations profondes le «Finch’han dal vino » de Don Giovanni, KV 527. Que le vin de l’allégresse et l’amour débordent !

 

Survient  un  moment très théâtral  qui rassemble Anaïk Morel (quatrième prix)  et  Konstantin Shushakov (cinquième prix) dans l’interprétation fougueuse de l’extrait  du même opéra «Là ci darem la mano», duo en la majeur aussi joyeux que des noces paysannes. Ce morceau très expressif sera repris dans un des bis avec verve et humour jusqu’à baiser l’écharpe de la Belle et lui effleurer l’épaule d’une marguerite! « Andiam ! »…

 

La première partie du concert est clôturée par le « Concerto pour hautbois, KV 271k ». Mozart  encore. Patrick Beaugiraud nous présente une interprétation précise mais un peu tendue, de ce beau concerto. On aurait souhaité plus de joie mais d’aucuns diront qu’il est parfaitement mozartien et que cette retenue est nécessaire.

 

 Olivier Picon, en revanche séduit avec son cor et son solo plein de délicatesse dans le  Concerto pour cor n° 4, KV 495. Il y a un bel équilibre entre le cor et l’orchestre comme si celui-ci insufflait vie et sentiment. Une musique sereine et grave, très nuancée. Les deux barytons et la merveilleuse mezzo se partagent encore des oeuvres de Mozart et de Glück. Une pure merveille, cet air nostalgique de : Orfeo ed Euridice: «Che faro senza Euridice» chanté par Anaïk Morel. Son timbre de voix est un véritable  enchantement. Il y a un sens profond du drame et l’orchestre souligne la tendresse profonde d’Orphée.  

 

Enfin, le trépidant air extrait de  Die Zauberflöte, KV 620: «Pa-Pa-Pa-Papagena nous offre  des délices de virtuosité. On se demande où commence l’orchestre, où commence la voix humaine. La tendresse des jeunes futurs parents est émouvante. «So liebe kleine Kinderlein !»

Un concert très éclectique fait pour le plaisir de la musique. La fête de la musique? C’est d’actualité au coeur du mois de juin!

 

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http://www.bozar.be/activity.php?id=9901&selectiondate=2011-6-15

 le 15 juin 2011

 

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administrateur théâtres

12272740890?profile=originalThe Ladymass : en principe voici une messe votive  en l’honneur de  l’Assomption de la Vierge Marie, écrite en latin, au 13 e siècle par des moines bénédictins de St Mary’s Abbey  à Worcester, chantée par un chœur d’hommes dans le style grégorien.  Il n’en reste que des fragments, le rêve mélodique du Trio Médiéval fera le reste: 

                                            En effet la  rareté des sources musicales de l’époque laissera  tout le champ libre  au Trio Médiéval  féminin norvégien formé en 1997 pour plonger avec autant d’audace qu’un certain Ken Follet avec ses piliers de la terre,  dans l’imaginaire fertile  et la liberté d’interprétation. Cette re-création part de l’œuvre médiévale et glisse avec bonheur sur des prolongements  très modernes mais  à peine discernables de l’œuvre médiévale,   décoiffants  mais lumineux et vibrants  comme du cristal.

 

 L’œuvre polyphonique  produite, que nous avons écoutée avec ravissement dans la très belle église de Notre-Dame de  la Chapelle à Bruxelles sous les rayons mordorés du soleil couchant, est de toute beauté. Les deux norvégiennes et la soprano suédoise tissent au fuseau de leurs voix un concert d’harmonie, de paix et de vénération qui remue les spectateurs jusqu’au fond de leurs entrailles par la richesse  et la finesse des  échos et des  modulations. Cela n’a l’air de rien, c’est humble et dépouillé et pourtant les vibrations sont d’une richesse infinie et l’on verse sans se faire prier dans l’absolu.

 

Chaque morceau est un vrai bijou, ciselé, éthéré,  transparent, brillant, baigné de simplicité. La variété des approches surprend, et ce concert de pas plus d’une heure semble s’être volatilisé aussi vite que des bulles de savon au soleil. Couleurs, formes, vagabondages, le sourire transcende la voix qui chante et qui fuse alors qu’elle reste douce, comme dans une conversation.  En accompagnement de ces voix de diapason qui jouent parfois  à cache-cache entre les colonnades, il y a ces harmonies moelleuses et  mystérieuses des « melody chimes » que chacune,  maitresse d’une seule note, agite comme un plumeau  rempli de pluie divine. La spiritualité semble ruisseler de cet intime mélange de voix féminines  et rebondit dans le cœur de chacun. Les voix sont pures et claires comme de paisibles ruisseaux qui se confondent en un état de grâce. Un tel concert qui ressuscite le temps des cathédrales, se grave de façon indélébile dans le souvenir, et nous laisse  un  pur parfum d’éternité. On a vu des spectateurs boire cette musique séraphique, les yeux fermés.

 

http://www.triomediaeval.no

Trio Mediaeval

A Worcester Ladymass

Mardi 24.05.2011 20:00

Église Notre-Dame de la Chapelle

Anna Maria Friman soprano - Linn Andrea Fuglseth soprano - Torunn Østrem Ossum soprano - Trio Mediaeval

http://www.bozar.be/activity.php?id=9921&selectiondate=2011-5-24

 

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administrateur théâtres

Immer Leiser (théâtre du Parc)

Peut-on survivre par l’orgueil au désastre ? Non, évidemment… (CRÉATION)

 

Immer Leiser

de  Frank PIEROBON


 par Monique Dorsel et Bambina Liberatore
 mise en scène : Bambina Liberatore et Frank Pierobon

 

Récemment au théâtre du Parc il y a eu cette très émouvante lecture-spectacle, une  pièce  écrite spécialement pour Monique Dorsel et Bambina Liberatore auxquelles elle est dédiée.
Le sujet  est une véritable amplification poétique d’un  lied emblématique :  le douloureux et magnifique Immer Leiser de Johannes Brahms, dont Élisabeth Wislowska avait fait sa signature et qu’elle ne peut plus désormais  chanter...

« Je me souviens de vous, de votre voix surtout.  Spasme. Les souvenirs reviennent. »  Nous découvrons  le pourquoi au fil d’une rencontre entre l’ancienne cantatrice et son élève : Anna Weiss. Lentement l’ancienne pédagogue va émerger de son désenchantement.  Elle finit par livrer bribes et fragments cachés au fond de sa mémoire. Fragments amoureux ?

Elisabeth, accusée d’être juive ("mais non, je suis résolument athée !") s’est lâchement défaite de son pianiste juif, espérant un rôle  de prestige dans Parsifal à  Bayreuth dans les années 30. Après le départ du pianiste, elle ne peut plus se repérer à son regard qui lui communiquait l’esprit. Las ! Elle a tout perdu et ne chantera plus jamais Immer leiser.

Elle  vit maintenant en Suisse, ayant perdu sa vérité, pour toujours. On ne peut survivre au désastre, par l’orgueil.

Dérisoires, les prouesses vocales, la technique, la maîtrise. L’important c’est de ne pas perdre son âme.  Il faut se tourner vers le Vrai, le Beau. Larguer tout ce qui vous enchaîne. Et pourtant  Etre Soi comme l’oiseau  innocent qui chante son bonheur  dans le présent, sans  notion du passé ou de l’avenir, est un rêve inaccessible.

Les propos des deux femmes sondent la musique, l’âme humaine, notre conscience profonde, entrelaçant leur vérité pour toucher le Vrai.  C’est émouvant, et beau.

 

« On est exposé par ce chant qui nous traverse et qui vient de si loin… »

« La totalité du corps s’investit, on ne chante bien que de façon prophétique »

« Il n’y a aucune place pour le mensonge, la tromperie… dans le chant des oiseaux ! » 

 « Il faut se rendre transparent à ce qui vient flamber l’âme »

« Renoncer à soi pour qu’advienne le chant le plus beau »

« Il faut chanter des choses vraies »

 

Définitions de l’amour ?

 

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Un concert du groupe Kel Assouf est un moment inoubliable, par son talent, sa densité, son côté chaleureux et festif, et sa part de nostalgie d'un peuple qui  a perdu ses terres, alors qu'ils étaient les "Fils du désert."

 

Les Touareg  ici chantent au nom de leurs ancêtres, pour retrouver cet art de vivre en liberté et au coeur même des éléments, du sable, du vent, du soleil. Ils gardent en eux la soif de liberté, la fraternité, et cet humanisme profond imprègne leurs chants, qu'Anana Harouna, compose avec talent (guitare et chant).

 

Leur musique, issue d'un fonds ancestral, mixée à la fusion d'aujourd'hui, provoque un ensemble de sonorités qui touche par sa beauté, sa profondeur et le sens qui s'en dégage.

 

J'ai pu assister à plusieurs de ses concerts, et chaque fois, la même magie se produit: le groupe capte son auditoire, par sa simplicité, sa convivialité, la densité de ses chants, la beauté de sa musique.

 

En outre, Kel Assouf est un groupe qui vit  lui-même réellement l'interculturalité, puisqu'il est composé de nombreuses nationalités qui chantent pour la même cause et qui présente une musique entre tradition et modernité, pour défendre un peuple dispersé, aux racines communes, pour retrouver et propager les valeurs des Touareg:  liberté, goût de l'infini, sens de l'autre et de l'accueil, l'action par la paix.

 

Non seulement il défend ces valeurs évoquées ci-dessus, mais il prône également la rencontre et l'interculturalité, partout où il chante.

 

Chacun apporte  au groupe sa touche personnelle, pour des compositions variées, enrichie d'autres personnalités, qu'elles soient d'Europe ou d'Afrique, ce qui crée un métissage culturel riche et authentique.                           

 

De plus, ils sont très chaleureux.  

 

Kel Assouf a parcouru de nombreuses scènes, lors de festivals et concerts en France, aux Pays-bas et en Belgique, et présente son premier album "Tin Hinane" , édité en 2010, en point d'orgue à ces tournées multiples.

Album produit par le label Igloo Mondo . On y trouve des compositions originales en langue touarègue, en Tamashek, dont Anana a le secret et la magie.

 

De sa voix chaleureuse, associée à celle de ses musiciens et choristes, dont la chanteuse Mama, un charisme émane, et des paroles  comme autant d' engagements pour l'unité des peuples, la paix, l'amitié, l'amour.           

 

Kel Assouf, cela veut dire en Tamashek, les" Fils du désert,"et aussi les "Fils de l’infini", ou même "Fls de la solitude". Au sein de cette culture du désert, ces mots  différents sont synonymes, car ils sont issus d'une langue très imagée et poétique, qui participe d'un même concept ici, pour exprimer ces diverses valeurs en un seul mot, comme plusieurs facettes d'un diamant.

 

Les Touaregs sont issus de divers pays : le Niger, le Mali, l’Algérie, le Burkina Faso et la Lybie.

 

Le peuple touareg a été privé de reconnaissance, durant des années, et nombre d’entre eux a dû s'exiler en Algérie ou en Libye dans les années ’80-’90. Les jeunes Touaregs exilés ont alors pris leur guitare pour défendre leurs valeurs et reconquérir si pas, leur terre, du moins leur culture.

 

Là où ils sont, ces chanteurs défendent les valeurs unviverselles issues de leurs racines dont ils gardent la fierté et la noblesse de coeur.

 

En évoquant les Touareg, ses frères, Kel Assouf  évoque chacun de nous, là où nous sommes, dans quelque pays que ce soit, pour plus de justice et de fraternité.

 

Un univers à découvrir, Kel Assouf a encore bien des trésors  à nous révéler du fond de sa  belle besace en cuir, et des idées créatives plein la tête.

 

Pascale Eyben- 18 juin 2011

 

 

http://kelassouf.com/fr/biographie/

 

Kel Assouf - "Akaline" de l'album Tin Hinane

https://www.youtube.com/embed/f5Kx4R17I0k?rel=0

 

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C’était une délicieuse perspective que d’aller écouter l’orchestre philharmonique de Rotterdam en ce jour royal du 29 avril 2011. Son chef d’orchestre, canadien, Yannick Nézet-Séguin , né en 1975 est un phénomène. Il s’intéressa à ce métier dès l’âge de 10 ans et il est frappant de constater que le personnage n’a rien perdu de sa passion  juvénile : il fait de véritables bonds de carpe ou plutôt de  saumon « fugueux » quand il dirige ses concerts et entraîne dans son sillage tout un orchestre de cheveux blonds et de cheveux blancs. On a rarement vu un tel feu dans les moments de « climax » qui émaillèrent cette prestation de Bach à Richard Strauss.

 

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On découvre d’abord une musique soyeuse et de plus en plus pulpeuse avec l’orchestration de Webern de l’Offrande musicale de J.S.Bach : une fugue brillante à six voix, composée en 1935. Chromatisme poussé, enchevêtrement de lignes, timbres romantiques dont on ressort séduit et  … sans voix. Il semble y avoir une continuité extraordinairement naturelle entre ces deux artistes, nés à deux siècles d’intervalle, qui se conclut avec panache sur un crescendo plein d’émotion et de résonnance profonde.  

 

 Vient ensuite le concerto pour deux violons et orchestre en ré mineur BWV 1043  de J.S.Bach  composé en 1720. Une œuvre d’une beauté exquise, un ballet musical entre les deux charmants mousquetaires de la musique :  Lorenzo Gatto et Yossif Ivanov, aux violons. Finesse, humour, assurance : leurs archets virevoltent comme des papillons par-dessus une prairie d’été, en épousailles sans failles. Leur complémentarité bienveillante donne le frisson : et l’entente et l’écoute. Ils croisent l’archet avec humour et jubilation. Rendons aussi hommage à leur fougue et leur générosité juvénile dans le  troisième mouvement, les deux violons ne semblent plus qu’en faire un, les canons et cascades de notes se terminent en un aboutissement plein de sérénité  et de simplicité. Vivats, ovations applaudissements sans fin termineront cette première partie, bouleversante, du concert.

Un cadeau pour le public : le troisième mouvement, en bis.

 

 

En deuxième partie, nous voilà avec le Don Quichotte de Richard Strauss, «  fantastische Variationen über ein Thema ritterlichen Charakters », pour violoncelle et orchestre, op 35  (1897). Deux thèmes s’entrelacent, Don Quichotte est représenté par des solos bouleversants de violoncelle et  Sancho Panza par la clarinette basse et le tuba puis par l’alto. L’orchestre ponctue ces solos dans un esprit de narration fantastique débridée. Les chapitres se déroulent en variations un peu sardoniques. Il y a de l’humour, certes, mais aussi beaucoup de lourdeur. Une chevauchée dans les airs avec une machine à vent renouvelle sans doute l’intérêt de l’écoute, mais on préfère décidément les morceaux de solo où Floris Mijnders, le violoncelliste,  joue en fermant les yeux et en exprimant de son corps de titan aux yeux bleus toutes les nuances de la musique, comme s’il était seul à bord du navire.

Les soli et le  Maestro Québécois  recevront une pluie d’applaudissements enthousiastes.

Rotterdams Philharmonisch Orkest

Vendredi 29.04.2011 20:00

Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

Yannick Nézet-Séguin direction - Lorenzo Gatto violon - Yossif Ivanov violon - Floris Mijnders violoncelle - Anne Huser alto - Rotterdams Philharmonisch Orkest
 
Johann Sebastian Bach / Anton Webern, Fuga (Ricercata) a 6 voci
Johann Sebastian Bach, Concerto pour 2 violons, cordes et continuo, BWV 1043
Richard Strauss, Don Quichotte, op. 35

http://www.bozar.be/webpage_broadcastitem.php?broadc_id=1255

 

http://www.bozar.be/activity.php?id=9781&selectiondate=2011-4-29

 

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Some say he is the world’s finest violinist...

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« En soi, le cycle des trois sonates de Brahms constitue la perfection. J’avais envie de partager ce moment intime avec le public du Palais des Beaux-Arts et je ne crois pas avoir jamais joué les sonates de Brahms ici. » Maxim Vengerov

 

Et le 2 mai 2011 fut un jour de grâce. Deux partenaires de récital sublimes : le violoniste charismatique  Maxim Vengerov  et  le formidable pianiste arménien Vag Papian forment un carré parfait et nous offent une soirée exceptionnellement poétique, un vrai moment de grâce.  Le  contraste  est saisissant entre l’homme de lumière, de lyrisme et de classicisme sobre, et celui, pétri de substance fauve, de sentiment romantique débordant d’expression du subconscient que nous offre Vag Papian. Ils s’entendent pourtant à merveille et montent leur interprétation des trois sonates de Brahms dans une harmonie difficile à égaler.

 

Dans un tel récital Maxim Vengerov semble vouloir percer à jour  toutes les facettes de l’âme du compositeur. Sa persévérance le rend attachant. Jamais il ne perd sa concentration et semble jouer de son instrument comme s’il parlait sa langue maternelle.

 

Dans cette première sonate il y a des souvenirs qui restent. Empreints de délicatesse et d’élégance. Au piano : Tantôt des tons pastels, tantôt des enjeux passionnés, des élans de tendresses, des babillements légers. Puis la féerie de la sérénade du violon fuse, délicate. Le piano s’ébranle pour la suite du voyage intime fait d’élans de lyrisme et de douceur. Le piano porte avec un respect infini la mélodie du violon qui se développe dans des accents séraphiques et … touche le ciel. Le troisième mouvement s’enchaîne avec vivacité. Le pianiste se ramasse sur son clavier, tel un fauve prêt à bondir. De son visage éclairé par l’inspiration, il semble dévorer la musique et savourer les notes une à une. De temps en temps, son œil vif se suspend un instant à la partition cependant que son partenaire violoniste, se laisse aller à des mouvements de tête gracieux, les yeux souvent mi-clos. La musique révèle son sourire intérieur. Nous sommes dans des arabesques fantaisistes, une chanson sans paroles qui dit l’hymne à la beauté. On pourrait s’en aller après un morceau d’une telle perfection.

La deuxième sonate nous livre encore plus d’invisible. Le pianiste tremble de joie dans les octaves graves. Les mélodies des deux compères s’entrelacent. Germe un élan vital tranquille, germent des bouffées d’humour et des trilles célestes, à nouveau. Le martèlement du piano résonne comme les talons d’une princesse descendant les marches d’un palais. Le prince du violon semble oublier de respirer, tant la musique  lui coule naturellement de l’archet comme une sève créatrice. C’est l’abandon à la musique. Les deux voix glissent l’une sur l’autre, et c’est fini ! 

La sonate n°3 nous jettera dans un univers différent. L’archet ondoie, le piano se fait intime, les couleurs sont des gammes chromatiques. Puis tout à coup, les accords sont plaqués.  Émanent des volutes pianistiques amples et le violon se transforme en berceuse. Pas d’arrêt entre les mouvements. L’adagio est lent et grave, il soutient une réflexion intense. Le pianiste extrait des notes de mystère de son instrument et même des bruissements de harpe. La complainte du violon fabrique des phrasés interminables, on dirait que l’archet s’allonge à l’infini. La fin, c’est du bouillonnement pur et l’explosion de la  passion chez les deux solistes.

 

Le désormais attachant Maxim Vengerov remerciera chaleureusement le public pour son ovation bruyante et enthousiaste  et annoncera la naissance d’un projet en Belgique: la création de l’école primaire et secondaire de Musica Mundi, réservée aux musiciens et dévouée à la musique. Ouverte à tous, cette école combinera un enseignement général de qualité et une formation musicale professionnelle. Déjà Maxime Vengerov participe depuis plusieurs années  à MUSICA MUNDI un stage et festival de musique de chambre international ouvert aux jeunes talents âgés de 10 à 18 ans qui se déroule chez nous, à Waterloo, La Hulpe, Genval.  Il conclut en évoquant le pouvoir thérapeutique de la Musique. Celui-ci remonte à Aristote. . . Le public est ébahi  de tant de simplicité  et de générosité  cachées dans ce virtuose de renommée mondiale.

 

La fête n’est pas finie. Le très jeune orchestre, Belorussian Youth Orchestra, s’est installé souriant sur le plateau pour jouer des fragments de  Tchaïkovski, Vivaldi, G.Radu, L. Anderson et W. Mnatzakanov. Ces derniers moments du concert se dérouleront sous l’emprise de la jubilation et de l’exaltation générale. Tant pour les jeunes musiciens, que pour leur ineffable chef d’orchestre, Vladimir Perlin, promenant son sourire de chat, à pas de velours parmi eux, ...que pour le public, totalement conquis.


Programme du concert :

-Maxim Vengerov violon - Vag Papian piano

Johannes Brahms Sonate pour violon et piano n° 1, op. 78, Sonate pour violon et piano n° 2, op. 100, Sonate pour violon et piano n° 3, op. 108

-Belorussian Youth Orchestra , Musica Mundi Young Talents, direction Vladimir Perlin

Fragments d’Œuvres de Tchaïkovski, Vivaldi, G.Radu, L. Anderson et W. Mnatzakanov

-Et en cadeau surprise, le merveilleux adagio du concerto pour 2 violons de J.S Bach interprété par Maxime Vengerov et Leonid Kerbel, son ami, fondateur de Musica mundi.

 

http://www.bozar.be/activity.php?id=10915&selectiondate=2011-5-2

 

 

 

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