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musique (288)

administrateur théâtres

12272731683?profile=original« LE CIRQUE INVISIBLE » AU THÉÂTRE SAINT-MICHEL  

Les portes sur le rêve s’ouvrent, nous allons rencontrer deux créateurs d’irréel.   À l'inverse du cirque traditionnel  où la prouesse acrobatique, le divertissement et les numéros spectaculaires crèvent l’affiche, ici la recherche d’une esthétique et la poésie se donnent la main pour présenter une vision artistique, vivante et continue d’un couple de   deux vedettes étoiles particulières : Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée. Fille et  beau-fils de Charlie Chaplin.

Voici une œuvre en soi, pas un simple spectacle. Cette réinvention du cirque renoue délibérément avec le théâtre, l’illusion, le drame, la chorégraphie.  Le chapiteau a disparu, tout se passe sur un plateau, après un lever de rideau pour un spectacle frontal. Musique, lumières, costumes, danse,  mimes, paroles – plutôt  rares – (hop !), prestidigitation contribuent à l’illusion qui se veut féerique. Le pas vers le monde burlesque et drôle  d’Alice au pays des merveilles est vite franchi. On est de l’autre côté du miroir,  pour plonger dans le fantastique et le  surréalisme : les objets s’animent, les animaux se métamorphosent, les frontières disparaissent,  l’univers poétique  explose.

 

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 Les artistes cultivent le  non-sens qui réveille l’émotion de chacun. Et pourtant, si peu de mots ! Chaque fois, une nouvelle installation visuelle,  vivante et dynamique défie notre imagination, nos rêves et nos vaticinations.      Et à chaque fois que la secrète intention de l’artiste se fraie  un chemin dans notre imaginaire, c’est un sentiment de victoire qui nous inonde grâce à  la découverte émouvante  de l’autre. Comme dans la poésie de Raymond Devos.  On redécouvre aussi cet héritage commun de sentiments et de mythes  qui  nous lie entre humains,  quels que soit notre âge,  nos origines et notre parcours.

 

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 De leurs  fils de soie invisibles les artistes harponnent  un peu plus  notre cœur, et on le leur donne avec gratitude.  Les spectateurs, par leurs rires, alimentent  en continu ces artistes fabuleux et agiles qui  opèrent  sur le modèle d’emboîtement  des poupées russes, tout en construisant surprise et émerveillement  de plus en plus grands, à la façon d’un feu d’artifice. Les voilà devenus de vrais  créateurs d’irréel, à travers leur propre être de chair et d’os car ils ne jouent pas un personnage, ils sont des magiciens qui  appellent la magie et les métamorphoses sans fin. Le public est médusé par les innombrables tiroirs secrets soudains mis à découvert,  le foisonnement de formes et de couleurs, comme dans un immense kaléidoscope. Et ils ne sont que deux !

 

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 Ce qui  rend  aussi leur art  encore plus authentique, c’est l’autodérision, les ratés, une certaine humilité.  Ciselage méticuleux de chaque  proposition, soi n  extrême du détail, variété du cadre musical, changements de costumes magiques et  instantanés, tableaux vivants flirtant avec l’art plastique. On est ébahi par tant de  beauté,  par   l’inventivité  et l’humour de ces enchaînements à couper le souffle.  Car on est enchaîné et on ne quitte le spectacle qu’à regret, les yeux pleins de possibles. Et comme pour un concert, les artistes nous offrirons de multiples bis, chatoyants  d’émotion, devant une salle comble,  debout pour applaudir.

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Visiter leur site: http://www.karavane.pro/16/le-cirque-invisible/

http://www.karavane.pro/wp-content/uploads/le_cirque_invisible-dossier_fr.pdf  Extrait :

« Un origami vivant. Avec son corps de petite fille, Madame Chaplin se transforme en origami vivant, contorsionnant ses membres caoutchouc dans des numéros qui défient les lois de conservation de la masse.

Emmitouflée dans un costume triangulaire qui tourne comme un cerceau, elle se fait soudain engloutir par un vorace cœur d'artichaut. Plus tard, elle revient dans un vertugadin qu'elle transforme en cheval de velours. Tour à tour, femme-ombrelle, femme-oiseau, femme-orchestre ou femme-vélo, l'acrobate crée un bestiaire digne de Lewis Carroll. Comme un clin d'œil à son père en prise avec les machines dans Les Temps modernes, Victoria dompte les mécaniques les plus étranges, de l'horloge sur patte au paravent mobile.

Face à cette équilibriste silencieuse, Jean-Baptiste Thiérrée joue le clown illusionniste aux coups foireux, aux accessoires bricolés et aux costumes excentriques, en rayures de zèbre ou tapisserie ancienne. On sourit quand il allume une bougie, croque dedans, mâchouille et fait soudain apparaître une flamme rouge dans son ventre. On glousse quand il fait chanter toute une chorale de marionnettes accrochées à ses genoux et à ses fesses et on s'étonne de voir apparaître sa ménagerie d'oies et de lapins géants convoquée par magie.

Finalement, pour du cirque invisible, c'est plutôt remuant et coloré! De quoi donner des ailes pleines de plumes roses à notre imagination. Peu importe notre âge.

Laurent Ancion » LE SOIR 2008

 

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administrateur théâtres

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La célèbre formation Les Agrémens dirigée par Guy Van Waas nous  a  proposé une aventure musicale très subtile,   dont -Euréka ! - on  a  deviné soudain à la fin,  le thème caché :  il s’agissait du  Temps. Les Agrémens sont un ensemble qui fut  créé par le Centre d’Art Vocal et de Musique Ancienne de Namur en 1995, ils jouent sur des instruments d’époque.  Guy Van Waas en est le chef depuis 2001.

 

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Pour marquer le temps, Guy Van Waas a choisi d’abord l’éternité dans cette ouverture  peu connue d’Antonio Salieri  « Les Danaïdes », tragédie lyrique en 5 actes.  Les cinquante filles du roi Danaos qui tuèrent leurs maris,  furent jetées aux Enfers et furent  condamnées à remplir éternellement un tonneau sans fond. Très peu d’annotations figurent sur cette partition et Guy Van Waas a fait avec son ensemble un véritable travail de musicien pour produire cette mise en-bouche ornementée, alerte et vivante,  qui dura un gros 5 minutes, se terminant sur un ré mineur pianissimo.  Mais comme si l’éternité elle-même était en marche, la 101e symphonie de Haydn  a redémarré dans le même souffle, sur la même note justement, privant le public de ses applaudissements… Révolutionnaire ! Voilà donc une espièglerie  d’un chef d’orchestre qui veut surprendre. Il  déconcerte et amuse et ne voulait surtout pas interrompre la dramaturgie du premier morceau ! Il a donc choisi l’inventivité et même la rupture des conventions.

 

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Chez Haydn, tout est annoté et  écrit d’avance, et  le savoir-faire de l’ensemble et le doigté fascinant de chef d’orchestre donneront une musicalité, une sonorité et une clarté étonnante à l’œuvre.  Les sons feuilletés des violons sont un délice  dans l’andante du  deuxième mouvement. Et voilà qu’apparait, facétieux comme un coucou des bois, le tic-tac bien connu qui a valu son surnom à cette 101e  symphonie surnommée « The Clock ». A tour de rôle, violons, hautbois, flûtes puis "tutti" scandent la fuite du temps. Le menuet resplendit ensuite comme une musique de cour; le dialogue des flûtes et hautbois a du moelleux, les violons produisant de simples accords savoureux  et beaux. Sans baguette, les mains souples et aériennes Guy Van Waas précèdent toujours très clairement les musiciens : qui m’aime me suive, dans la joie de la musique! Sonorités liquides qui font du temps une clepsydre, belles comme des illuminations quand la nuit tombe, puis le Finale Vivace.

 

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Avec Luigi Cherubini, le temps revient encore. Celui du temps retrouvé dans ces «  Deux journées, ou Le porteur d'eau » où des souvenirs et des retrouvailles  très émouvantes sont le thème principal.  Le jeu des contrebasses est particulièrement poignant. Avec ces accès de crises pathétiques insérés dans une facture classique on anticipe déjà le lien avec l’œuvre suivante la Symphonie n° 8 de Ludwig van Beethoven.

 

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 C’est ici dans cette oeuvre de Beethoven que le temps est  particulièrement présent ! On reconnait très vite  un genre de tic- tac très net  comme chez Haydn.  Le deuxième mouvement est en effet un hommage à l’invention du métronome qui marque le temps du musicien. Vu l’explosion fantastique du premier mouvement, sorte de forêt fantastique en marche, de grondements de géants, de bruissements cadencés, interrompus avec humour par des voix d’elfes et ensuite par un crescendo de  véritables pulsations vitales,  ce rythme en tic-tac me faisait plutôt penser à  une horloge biologique en marche. Avec l’éclatement bruyant de la vie suivie de  l’envolée malicieuse de l’esprit . Le tout se clôturant sur une sorte de chevauchée victorieuse. Chaque pupitre exulte et irradie une énergie fabuleuse.  Quelle construction  dramaturgique ! Le démiurge en col Mao noir,  salue  et revient plusieurs fois à la barre, le sourire aux lèvres.

Voici donc un concert tout en finesse, en tonalités nuancées et beauté.

 

Le 6 mai 2011, Salle Henry Le Boeuf, Palais ds Beaux-Arts de Bruxelles

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http://www.bozar.be/activity.php?id=9885&selectiondate=2011-5-6

 

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administrateur théâtres

                                       Louis Langrée -Youssif Ivanov

          Samedi 14.05.2011 20:00 Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

 

 Le chasseur maudit, poème symphonique, M44 (1882) César Franck

Atmosphère : un dimanche matin, au son des cloches et des chants, un comte du Rhin fait sonner les cors et ose partir à la chasse au lieu d'assister au culte dominical. Répondant immédiatement au son du cor orgueilleux, une voix lui dit d’écouter les chants pieux. Le motif religieux des violoncelles se fait insistant mais en vain. Son cheval s’arrête et le cor se fige dans le silence. Sacrilège, le voilà maudit par une voix terrible  et perçante qui le damne pour l'éternité. Dans sa chevauchée, il est poursuivi par des diables hurlants et conduit directement vers la bouche béante de l'enfer et ses flammes. L’orchestration est vibrante, fougueuse et sombre. Le dynamisme de Louis Langrée se fait sentir dès la première mesure, il semble lui-même être le Diable en personne.  Il possède le sens passionné  du drame, il égrène avec doigté les frissons prémonitoires d’une colère divine qui semble éclater avec fracas directement des entrailles de la terre. Haute sonorité et musique terrifiante. Le discours de ce  poème symphonique  dense est mené par un maître du jeu tout puissant. Une pièce d’ouverture tellement saisissante ne peut que gagner le public sur le champ.

 

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Concerto pour violon et orchestre n°3 en si mineur opus 61 (1880) Camille Saint-Saëns

On quitte le drame. Le Troisième concerto pour violon de Saint-Saëns penche plutôt vers l’élégance. Le violon de Yossif Ivanov  débute le premier mouvement avec vigueur, cependant que Louis Langrée change diamétralement d’approche, c’est tout juste si on n’imagine pas une répétition dans une église. Au début, à tout le moins. Des mélodies presque bucoliques s’enlacent dans une extrême finesse et dans la douceur. Elles sont suivies d’arpèges descendants dont le point de fuite est le son du hautbois. On passe ensuite à une musique solaire et à de savantes préparations, à un envol. Le dialogue des violons est d’une pureté cristalline, le violon chante langoureusement. Dans l’allegro non troppo le virtuose est  supporté par les bassons et les cors. Finale de pure sonorité, lumineuse et majestueuse. 

 

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Élégant et souriant, Yossif Ivanov  offrira au public émerveillé un  bis scandé comme une tarentelle, un caprice de  Paganini.

 

Symphonie en ré mineur de César Franck

Le vrai coup de cœur de la soirée. Cette composition cyclique grandiose débute par une phrase des violoncelles et des contrebasses. S’ajoutent deux nouvelles  phrases mélodiques, l’une gracieuse, l’autre passionnée. Tout l‘orchestre vibre à l’unisson sous la conduite de  Louis Langrée qui semble faire des pas de danse avec un immense violoncelle imaginaire. Ses gestes sont amples et puissants, on a du mal à ne pas le quitter des yeux.  Le chant mélancolique d’un cor anglais s’élève au milieu des pizzicati de cordes et de harpe. Abandon des thèmes du début. Le maître de musique se fait de plus en plus chaleureux. Musique de l’effleurement, touches presque impressionnistes puis le basculement progressif vers seulement le souvenir des premiers thèmes… Suspense: ceux-ci se font vraiment attendre.  Et le finale est toute fougue et brillance ourlées de la douceur de la harpe, alternant avec la majesté ou même le rayonnement mystique de l’apothéose finale.  

Le bonheur est dans la salle, son cœur crépite.

 

http://www.bozar.be/activity.php?id=9766&selectiondate=2011-5-14

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Le projet Métamorphoses est né de la rencontre, à Rome, des ensembles Ecovanavoce et Faenza. Venus d'horizons différents – musique crossover pour l'un, musiques anciennes pour l'autre – mais partageant une même vision artistique et de profondes affinités, ils ont entrepris de mettre en commun leurs moyens afin de revisiter les plus belles pages des répertoires médiéval, renaissance et baroque et de les travailler comme des “standards”, utilisant pour ce faire tous les moyens de la musique actuelle. Ce faisant, ils proposent une approche différente des répertoires anciens, susceptible de redonner à ces musiques un second souffle, à l'unisson de ce qui se pratique déjà depuis longtemps dans le domaine des musiques traditionnelles du monde entier. 
Le projet Métamorphoses cherche ainsi,  à travers un travail musical contemporain, innovateur et originel, à “nettoyer” le répertoire ancien de tous ses traits archaïques afin d’en retrouver l’essence et le propos initial et d'isoler ce qui palpite encore dans ces œuvres, parvenues jusqu’à nous sous forme de traces écrites et muettes, au point de toucher à l’universel en chacun de nous.

http://www.faenza.fr/

 

Musique d’Honoré d'Ambruys, Bellerofonte Castaldi, Guillaume Dufay, Guillaume de Machaut, Tarquinio Merula, Gilles Binchois...
Arrangements par Paolo FONTANA and Fabio LORENZI


Production : Faenza
Coproduction : Espace Louis Jouvet - Studio Hemiola - Ecovanavoce.
Avec le soutien de la DRAC Champagne-Ardenne et la Région Champagne-Ardenne/ORCCA.

 

Distribution

Marco HORVAT - voix, théorbe

Paolo FONTANA - guitare renaissance, viole

Bruno HELSTROFFER - guitare électrique, théorbe

Fabio LORENZI - guitares accoustiques

Jean-Philippe MOREL - basse électrique

Carlo TRAVIERSO - saxophone soprano

Lucrezio DE SETA - batterie

Frédéric BOILEAU - lumière

Sébastien NAVES - son

 

 

Note : novice en la matière, je n'ai su intégrer une vidéo  d'un morceau de Métamorphoses car je ne suis pas encore en possession de tous les codes. Merci, si vous le désirez, de vous rendre dans mes musiques pour écouter. J'ai choisi de vous présenter "Lisette", merveilleusement interprété par Marco Horvat, directeur artistique, chanteur et musicien, ci-dessus en photo

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administrateur théâtres

12272725475?profile=originalOrchestre National de Belgique « L'essence du romantisme allemand »

Vendredi 18.03.2011 20:00 Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

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Walter Weller direction - Daniel Hope violon - Orchestre National de Belgique

Johannes Brahms, Akademische Festouvertüre, op. 80
Max Bruch, Concerto pour violon et orchestre n° 1, op. 26
Ludwig van Beethoven, Symphonie n° 7, op. 92

Pour célébrer l’arrivée du printemps, Walter Weller a déniché une ouverture festive, un classique du violon virtuose sous l’archet fameux de Daniel Hope, ainsi qu’une profusion de rythmes de danses signées Beethoven. Autant de sonorités symphoniques qui l’une après l’autre exhortent, mettent au défi et marquent les esprits.

 

 Après l’installation de l’Orchestre National de Belgique sur la scène de la salle Henry Le Bœuf, voici que pénètre une figure emblématique, Walter Weller qui vient saluer un public déjà à sa dévotion. Ce septuagénaire, patriarche souriant, mènera le programme avec sûreté et nuances infinies.

De l’humour d’abord avec l'Ouverture du Festival académique en do mineur (1880), composée par Johannes Brahms en remerciement pour le titre de docteur honoris causa qui lui fut décerné par l’université de Breslau. Elle comporte des bribes de joyeuses chansons estudiantines  allemandes, très riches en thèmes, sorte de pot pourri  qui se mute ça et là en hymnes victorieux…pour rebondir sur une fin à rallonges – de l’humour encore  –   à tel point que le public  trompé,  a déjà commencé d’applaudir !

 

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Ensuite, le régal : où  le violoniste Daniel Hope déploie la finesse de son expression et sa sensibilité intense dans le très connu Concerto pour violon et orchestre N°1 en sol mineur de Max Bruch. Il est porté avec respect par l’orchestre qui l’accompagne dans un dialogue tout en douceur et en nuances. Chacune de ses prises d’archet est articulée et épanouie, les silences alternés de l’accompagnement et du soliste plongent la salle dans une écoute concentrée. Tantôt on est séduit par les jeux d’écho et l' éclat d'une  musique majestueuse, tantôt on s’émeut d’accents de berceuse, et enfin on a le souffle coupé par une sorte de long aria instrumental d’un  rossignol à toute une forêt en émoi. Beauté et délicatesse sont au rendez-vous. Le soliste semble écouter le bois précieux de son violon, tant son oreille y est couchée tendrement. L’allegro energico fait bondir de joie, on dirait un enfant de la musique qui conduit l’archet, accords brillants, émerveillement,  triomphe.  L’essence du romantisme allemand.

Le bis choisi par Daniel Hope sera « Kaddish » de Maurice Ravel, en l’honneur des victimes de la tragédie au Japon. Intériorité profonde,tristesse, espoir, on peut croire que la salle entièrement recueillie se joignait à la prière, un summum d’humanité.

 

                                                                  silence

 

 

Place maintenant à la toute belle symphonie N° 7 en la majeur opus 92, de Ludwig van Beethoven. Le premier mouvement démarre sur des vocalises ascendantes et des murmures pour initier le chant de la flûte traversière, à nouveau dans une exquise douceur. Violons et bois semblent se disputer le « la » avec humour quand éclate toute la fougue des violons. Comme si le compositeur ménageait une sorte de suspense avant de s’élancer dans une sorte de combat entre le mystère profond et la lumière étincelante. Reprise de thèmes dansants, place aux puissants instruments à vent, beaucoup de relief et de précision. Multiples cavalcades joyeuses, rythmes soutenus de chevauchées typiques du compositeur, gammes ascendantes, les cors et timbales termineront avec brio… et le public lâchera des applaudissements difficilement réfrénés.

 Le deuxième mouvement, la page la plus célèbre,  met le mystère et l’émotion au premier plan, beauté d’un chant lugubre : « les chants désespérés sont les plus beaux ! » On a l’impression d’être dans une valse lente, aux gammes descendantes. Après la reprise des notes initiales, c’est une pause de bonheur romantique et les accents marqués des violons, puis des flûtes et hautbois, puis des cors. On est surpris par l’agencement précis, ordonné, classique qui évoque presque des jardins à la française alors qu’on est au plus profond du siècle allemand. La suite de la symphonie sera remplie d’allégresse, de tendresse et de majesté, les archets glissent, enchantés, les flûtes s’amusent en poursuite échevelées, les puissantes timbales soulignent  les bassons. Le tout se termine par un tourbillon de scintillements musicaux.

 Fascinants, le langage corporel et le regard brillant du très subtil chef d'orchestre Walter Weller font leur effet. Walter Weller  déroule et extrait mille nuances de  chacun de ses musiciens, - tout juste s’il ne sifflote pas mentalement  à chacun, sa note et sa modulation-  une sorte de substantifique moelle, faite d’émotion pure. Le patriarche souriant et son orchestre seront ovationnés car le bonheur du public subjugué est général.  

 

 

 

 

 

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administrateur théâtres

12272725700?profile=original      Hagen Quartett

        Mardi 29.03.2011 20:00

Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

 

Wolfgang Amadeus Mozart, Quatuor à cordes, KV 428
Dmitry Shostakovich, Quatuor à cordes n° 8, op. 110
Franz Schubert, Quatuor à cordes n° 15, op. 161, D 887

 

Trois des quatre membres du Quatuor Hagen sont frères et sœur. Voilà qui explique peut-être l’exceptionnelle homogénéité de l’ensemble, qui fait partie depuis près d’un quart de siècle déjà des meilleurs quatuors à cordes internationaux. Au programme de ce concert, trois époques et trois styles très différents : Mozart et l’un de ses quatuors dédiés à Haydn, Chostakovitch et son plus célèbre quatuor, véritable requiem, « dédié aux victimes de la guerre et du fascisme », pour finir avec Schubert et son ultime quatuor. En un mot, trois compositeurs, trois chefs-d’œuvre.

 

Une île ou un esquif ? Dans cet océan d’auditeurs massés dans la grande salle Henry Le Bœuf... On est là pour écouter le quatuor Hagen. Chuuuut ! Les frémissements du quatuor à cordes en mi bémol majeur de Mozart commencent. C'est l’allegro ma non troppo, mais comme il est intimidé! Noyé ... dans ces 2000 respirations aux aguets !  Les contrastes entre idéal-et-lumière et condition humaine-et-structures sombres sont très marqués…  Troppo?

 Le deuxième mouvement: Andante Con moto devient d’une belle expressivité, intense et complexe. On respire. Cela doit être éprouvant de faire de la musique de chambre devant une aussi grande salle.  Mais le talent est là et le sentiment fera le reste.

 

Embarquement dans la musique de Dimitri Chostakovitch avec un morceau extraordinaire, oeuvre puissante et pensive à la fois : le quatuor à cordes N°8 en do mineur, composé en 1960. Cette composition lui prit quelques jours seulement, lors de la visite du musicien en Allemagne sur les lieux d’un camp d’extermination. Ce voyage le ramène aux souvenirs de la désolation des bombardements que lui-même subit pendant la guerre en Russie dans sa propre ville. Cette pièce comprend cinq parties dont trois largos extrêmement émouvants.  Une écriture très subtile exprime  à la fois sa dissidence et le refuge qu’il trouve dans la musique. La première complainte lugubre est suivie d’une sorte d'assaut  et d’une fuite effrénée en avant, sorte de danse macabre d’un essaim de maléfices.  On perçoit des références au Dies Irae, des effluves tragiques d’un hymne russe funéraire. La salle est recueillie. Le violoncelle devient passionné et exprime une inextinguible lamentation totalement désespérée. C’est très beau.  

 

La dernière œuvre que ce Hagen Qartett nous interprète est une œuvre dynamique, pulpeuse, plus basée sur des effets de rythme que sur de la mélodie selon moi. Il s’agit du quatuor à cordes N°15 en sol majeur de Franz Schubert. En quatre mouvements.

Ce qu’on aime, c’est l’épaisse matière instrumentale, les accompagnements généreux autour du violon, des effets dramatiques et le rôle grandissant du violoncelle. Le mouvement semble infini et semble faire du sur place  quand démarre le scherzo, un morceau hérissé de  courtes vagues d’angoisse. Le violoncelle porteur de calme revient et le violon retrouve sa chanson avant que de nouveaux frissons ne s’emparent du quatuor. Avec le quatrième mouvement  voici enfin une mélodie joyeuse et dansante qui fait un pied-de-nez au  sombre destin. C’est l’acceptation des épines de la vie, sans amertume, l’anima libre et ailée n’a pas dit son dernier mot et se rit des frayeurs humaines.

La salle  et l’esquif se retrouvent, dans un tonnerre d’applaudissements.

 

http://www.bozar.be/activity.php?id=9861&selectiondate=2011-3-29

 

 

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administrateur théâtres

Le Géant de Kaillass ( Atelier Jean Vilar )

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Atelier Jean Vilar                      Le Géant de Kaillass
Du 15 mars au 1 avril 2011       Compagnie Arsenic

texte de Peter Turrini


Au Parc à Mitrailles à Court-Saint-Etienne
Sous chapiteau numéroté – Navettes au départ de Louvain-la-Neuve
Avenue des Combattants, 19b – 1490 Court-St-Etienne
Représentations à 20h30 sauf le jeudi à 19h30 et le dimanche 27/03 à 15h

Ensuite le spectacle sera visible à L’esplanade Saint-Léonard (Liège) du 26 avril au 4 mai

Tél. gratuit : 0800/25 325  E-mail : reservations@atjv.be

 

 

Un théâtre qui se déplace, qui va vers les gens, qui part à la rencontre des publics c’est le théâtre sous chapiteau. Ce théâtre renoue avec la fête, le conte et le mythe.

 

Dans le village de Kaillass vit un jeune géant qui pleure. Il est le souffre-douleur des villageois moqueurs, qui l’accusent de tous les maux qui les accablent. Il  rêve d’une vie à sa mesure, du  vaste monde au-delà des esprits étroits, qui aurait quelque chose de grand à offrir, un Ailleurs : L’Amérique, lieu de tous les possibles? Un lieu large comme deux bras ouverts, un lieu au large de l’espoir d’exister tel qu’il est. Il est en même temps écrasé par l’impératif de ressembler aux autres. Ainsi son vain souhait de réintégrer la chorale des petits chanteurs de Kaillass, dont il a été exclu, va lui donner le désir chimérique d’acheter «  un pré si grand qu’assis dans l’herbe, il y paraîtra enfin petit. »

  

 Une naine rondelette et délectable, Irmeline tombe amoureuse de lui : voilà l’amour impossible qu’il accueille  certes, mais qui  ne l’empêche pas d’accomplir une odyssée aride qui le mènera de ville en ville à travers l’Europe, de champs de foire en cours royales de Prusse ou Angleterre, jusqu’au  au pied de la tour Eiffel, à la poursuite de son rêve d’enfant.

 

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 Son voyage  héroïque sera comme un conte initiatique, mais hélas un voyage intérieur qui ne le mènera nulle part, tant le trou dans sa poitrine demeure béant et triste. Il s’agit de quitter l’enfance, il faut rompre avec la mère, il faut cesser de croire à la légende par laquelle elle le berce d’une origine mythique et fabuleuse : celle d’un arbre. Il faut, et c’est le comble pour un géant, se décider à grandir, alors qu’il rêve de rapetisser! A peine parti, il veut rentrer dans son village natal. Le géant, bébé sans nom dira : «  Dedans moi, il fait noir. J’ai un tel désir. Laissez-moi de nouveau être avec vous. Est-ce que je peux de nouveau chanter avec les petits chanteurs ? 

 

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 « C’est loin l’Amérique ?  » Grandir est pénible, il tousse, il est chétif malgré son format extraordinaire, et son compagnon de voyage est terriblement avide. « Je veux retourner chez Hannia » « Tu es maboule ? Toutes les célébrités de Berlin rivalisent pour te rencontrer ! Un empereur est assis sur tes genoux et toi, tu veux rentrer dans ce trou perdu ? ». Et le géant alors : « Le trou dans ma poitrine est de nouveau là. » Peut-on combler ce trou avec un cœur qui bat ? Las, l’amour et  la musique sont absents.  Son guide intéressé lui répète sans cesse qu’il n’y a pas d’argent et qu’il faut « avancer ». Un impératif de production fait du géant maladif et incapable de quitter l’enfance une victime de choix, et le tue à petit feu. Il s’éteindra dans le champ originel,  les bras aimants  de sa mère, vaste pré d’amour. Elle n’a jamais reçu d’argent de l’ignoble Crochetailleur.   Mais au-delà de la mort, il y a cet autre amour inaltérable, celui  d’Irmeline  la jeune naine, l’amour au-delà de la mort, qu’elle a perçu tout au fond de ses yeux… Voici une histoire triste comme celle du « Meilleur des Mondes » de Aldous Huxley où John le Sauvage, incapable de se conformer aux impératifs de la société, s’éteint dans son phare. Ici cynisme absolu, les braves villageois récupèreront son image et en feront de juteux bénéfices pour la sainte ville de Kaillass. 

 

 

                                          Très beaux, ces  costumes de cirque ambulant. Belle, la  musique de fanfare joyeuse des bateleurs – le soubassophone étonne – et les voix « d’oiseaux »féminines. Magnifiques, la mise-en-scène et la mobilité corporelle de tous les artistes: une œuvre théâtrale pleine de recherche et d’authenticité. Un spectacle total, fait pour toucher et émouvoir, malgré l’humour grinçant et l’accumulation de scènes grotesques que d'aucuns adorent pour leur dérision.

 

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administrateur théâtres

A la croisée des sensibilités musicales et architecturales 

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Après le concert donné  à Bruxelles par Bernard Foccroulle en la cathédrale Saint-Michel  ce 11 février dernier, nous avons interrogé Agnès Schoubben-Stein, ancienne élève de Jean Absil, une éminente musicologue, professeur de piano et d’harmonie,  et recueilli ses commentaires éclairés.  Elle nous parle d’abord avec délectation de l’instrument contemporain qu’elle découvre avec stupeur :  un vrai bonheur pour les yeux.  Il a été inauguré en 2000.

A S - Le facteur de  cet instrument monumental, Gerhard Grenzing, est d’emblée, parmi les meilleurs  et de réputation mondiale. C’est  un allemand connaissant parfaitement aussi les instruments espagnols, ce qui nous vaut  le jeu des trompettes en chamade : tuyaux étincelants implantés horizontalement. Impressionnant ! Regardez : cet orgue magnifique est véritablement suspendu dans le volume de la nef centrale, donc dans la tradition ancienne dite « nid d’hirondelle ». Je pense à Chartres et à Strasbourg ! L’instrument de Bruxelles  occupe les trois travées côté Nord.  Il se développe en hauteur, ce qui permet à la console d’être posée sur une sorte de balcon au milieu des tuyaux de la montre et de surplomber le positif. Il est encadré de deux tours  impressionnantes dans lesquelles se trouvent notamment les grands tuyaux du pédalier. Il comprend quatre claviers, plus le pédalier, soit 63 jeux. C’est spectaculaire et splendide.

DHL - Je vois, Agnès,  que vous êtes intarissable quant à la description de cet instrument que vous considérez à juste titre comme le roi des instruments…

AS – Ah Oui ! Maintenant, le programme. « Les maîtres de Bach » font partie du répertoire baroque dont Bernard Foccroulle  est un spécialiste réputé.  Dietrich Buxtehude était très admiré par Bach. Celui-ci en a recopié certaines œuvres pour s’imprégner de cette musique qu’il jugeait exemplaire à tous points de vue.  Il y travaillait des heures durant, à la bougie, jusqu’à ce qu’il tombe de fatigue. La Toccata en la majeur, bâtie sur l’accord parfait de ré, fait chatoyer à la fois la beauté  des timbres et  celle de larges plans sonores engendrés par l’écriture si complexe et si belle de l’époque baroque. Nous avons eu la chance infinie d’avoir un interprète intelligent et sensible qui a su gérer cette beauté sonore pendant tout le concert, car pour lui, la musique est une véritable vision de vie…

 DHL - Comme pour vous ?

AS – Effectivement (sourire radieux). Les deux Fantaisies qui ont suivi faisaient vibrer à la fois la joie de la Nativité et la douleur de la Crucifixion, le tout dégageant une véritable tension  d’atmosphère dramatique.

DHL – Vous connaissiez J.A. Reincken ?

AS – Evidemment, par l’histoire de la musique. Il était organiste  à Hambourg, l’auteur de la plus longue œuvre pour orgue qui nous soit parvenue de la période baroque. Le choral et fugue du programme est une illustration de ce que le dialogue entre les claviers et le caractère douloureux de certaines mélodies peuvent éveiller comme écho de l’affliction. Ici, celle du peuple juif face à son triste destin.

DHL- C’était plein de virtuosité…

AS- Le style reflète la pratique de l’improvisation si répandue au XVII siècle ! Cela donne en effet une virtuosité plus formelle…

DHL- Nous avons aussi pu écouter un autre compositeur dont je n’avais jamais entendu parler, Georg Böhm…

AS- Sa musique, de par son ornementation, entre autres, en fait le lien entre Buxtehude et Bach. Ses œuvres pour le clavier sont les plus remarquables de l’époque avant Bach. On a conservé 18 préludes de chorals et quelques cantates qui démontrent son influence sur Bach. Comme d’ailleurs une petite suite française en ré mineur et trois petites suites en mi bémol majeur qui prouvent la nette influence du style français dans son œuvre. Le choral mis au programme est un des plus beaux de l’époque baroque!

DHL- Et on arrive à Nicolaus Burhns…

AS- Un élève de Buxtehude. Il n’a laissé qu’une œuvre restreinte du fait de sa disparition prématurée mais la valeur exceptionnelle de sa musique éclate dans l’œuvre entendue : le  prélude en mi mineur. Portant l’influence de l’œuvre de son maître, ce prélude est tour à tour d’une écriture contrastée et violonistique, Nicolaus Burhns  étant en même temps violoniste, organiste et compositeur. La figure en forme de gigue qui clôture l’œuvre est joyeuse et véritablement dansante. Elle se présente comme un point culminant du style baroque allemand.

DHL  – Un mot sur Bernard Foccroulle ?

AS – Je n’ai qu’une envie, c’est aller le remercier de vive voix pour tout le bonheur que cette soirée m’a donné, dans ce lieu empreint de piété, où la diffusion sonore de l’instrument est une pure merveille ! C’est un moment inoubliable, ce dialogue avec l’architecture de la cathédrale, cet orgue qui résonne comme une Jérusalem musicale, une cité faite de belles sonorités chaudes, émouvantes. DHL - On dirait presque  la maquette d’une ville  mythique, qui ferait rayonner la  musique autour d’elle, suspendue dans les ogives…

AS - L’homme qui est au buffet, Bernard Foccroulle, est un homme de très grand talent qui a mis toutes sa générosité, son intelligence, sa sensibilité, sa culture et ses convictions au service de la musique.  Je suis pleine d’admiration !

DHL - qu’est ce qui le différencie donc d’autres organistes ?

AS  -  Son intelligence profonde des textes interprétés. On peut en effet suivre la complexité de l’écriture contrepointique de façon fluide et lumineuse, il nous en  donne une registration parfaite. Rien de cela n’est écrit dans les partitions, c’est là où joue toute sa créativité d’orchestration car c’est lui qui fait tous les choix, tous plus heureux les uns que les autres. Cela, c’est du vrai talent, hors du commun. En plus, le choix des sonorités et des nuances, fruit d’une sensibilité sans faille, a permis à l’instrument de montrer la richesse qu’il recèle, tout en révélant la beauté de cette musique des maîtres de Bach si splendidement interprétée…

DHL -  Oui ! Nous avons étés comblés par une variété inouïe de sonorités, des timbres les plus solides et  les plus profonds, jusqu’aux sons délicats et cristallins d’un orgue de verre. Nous avons fait le plein de bonheur  de sensations esthétiques et spirituelles! Cela tient du mystère !  Merci, chère Agnès, de vous être exprimée vous aussi, avec toute votre culture musicale, votre amour de la musique, votre sensibilité et votre intelligence.

 

 

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administrateur théâtres

               ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DU LUXEMBOURG   

            Vendredi 04.03.2011 20:00         Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

    – Emmanuel Krivine direction –    – Vadim Repin violon

Modest Mussorgsky, Prélude (Khovanshchina)
Jean Sibelius, Concerto pour violon et orchestre, op. 47
Johannes Brahms, Symphonie n° 2, op. 73

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Après le lever du jour sur la Moskova, voici une musique pour un  géant qui joue sur un jouet,  le Guarnerius del Gesù " von Szerdahely" datant de 1736. C’est  le Concerto en ré mineur, op.47 de Jean Sibélius. La  haute taille  de Vladimir Repin domine presque  l’autre visage connu : Emmanuel Krivine, le directeur musical de l’orchestre philharmonique du Luxembourg, armé de sa baguette.  Vadim  a le visage impassible ou grave d’un guerrier de l’armée de Xian : la musique est sa vie, sa drogue, son combat. C’est le  soliste  qui ouvre de son archet infiniment léger ce concert où bouillonne le mystère romantique. Il construit des mélodies presque pathétiques cependant que  l’orchestre semble le combattre par ses registres sombres, parfois  carrément lugubres. Ce premier mouvement, l’ Allegro moderato, est le plus long et le plus complexe, le plus dramatique et sérieux.

 

 Le climat change avec le  deuxième mouvement. L’Adagio di molto prend des airs de romance, les envolées mélodiques du soliste sont suivies  de cascades de tristesse tendre, comme si tous les moments de douceur et de plaisirs n’étaient  jamais que rêves éphémères. Cela se termine sur le souffle d’une âme qui s’échappe.

 

 Le  troisième mouvement, l’ Allegro ma non tanto démarre sur des rythmes aux colorations presque …ibériques. Le tempo est soutenu, le rythme est presque sautillant et s’engage dans des galops impétueux. Soutenu par les timbales  et les basses le soliste rivalise de plus belle avec l’orchestre. Tout un peuple de sonorités répond à ses jaillissements poétiques quoique sobres et soudain,  tout se tait.

 

 

L’ovation qui suit, fait sourire le grand violoniste qui nous accordera un joyeux bis, débordant d’humour, par contraste, par jeu, par fantaisie et par virtuosité cabotine! C’est une chanson populaire autrichienne : «  Mein Hut, der hat drei Ecken »  qui a probablement inspiré Paganini dans un morceau intitulé « Carnaval de Venise ». Avec toute la beauté des cordes pincées, Vadim  emmène fougueusement une partie de l’orchestre dans ces  variations, interprétées  avec verve et délire sur son minuscule violon.

 

 Entracte

 

La vedette est maintenant au dynamique Emmanuel Krivine  sur son podium, dans la deuxième partie du concert qui nous présente tout le modelé et la  délicate complexité de la deuxième symphonie de Brahms en ré majeur opus 73. Quatre mouvements. Une musique pleine de voix mystérieuses ensorceleuses qui sans cesse entraînent et reviennent, plus pressantes. Une musique d’humeur joyeuse, brodée. Le chef d’orchestre tisse le  relief, forme une architecture musicale variée, tant les instruments ont l’occasion d’émerger en envolées lyriques surprenantes et vives: chants de  flûtes et de bassons. Suivent de chaleureux solos de cors, symbole pastoral?   Les mouvements prestes des violons, une véritable armée de cordes onctueuses, n’évoque rien moins que des danseuses en chaussons, virevoltant sous des arceaux de fleurs. Joie de jeux de cache-cache, joies printanières et bucoliques, accès de mélancolie soudaine, flots de sentiments, c’est la complicité idéale du chef d’orchestre et de son orchestre plein d’aisance qui se dégage.

 Le 4e mouvement, Allegro con spirito,  est une glorieuse explosion de joie, chaque ordre musical s’en donne à cœur joie, chacun marque tout son espace. Tout devient déferlement et scintillements et finit par un torrent de bonheur musical. Un triomphe.

 

 

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Emmanuel Krivine est l'un des plus grands chefs d'orchestre de notre époque ; il ne faut jamais, sous aucun prétexte manquer l'une de ses prestations.” (The Guardian /Londres)

 

 

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administrateur théâtres

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 A l'occasion du bicentenaire de la  naissance de Liszt (1811) L'Orchestre national de Lille, que l’on ne présente plus, nous a offert  hier soir un magnifique concert au Palais des Beaux Arts de Charleroi.

En  première partie du programme nous sommes tout de suite tombés sous le charme du très jeune soliste australien d'origine taïwanaise Ray Chen - Premier prix au concours Reine Elisabeth en 2009 – dans son interprétation sensitive du deuxième concerto de Paganini.

Allegro maestroso

Adagio

Rondo

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Tout a débuté dans l’énergie du sourire : celui épanoui de Ray Chen conjugué au sourire engageant et charismatique du chef d’orchestre gallois, Grant Llewellyn. Il n’y avait plus qu’à y inscrire les notes chatoyantes après une ouverture joyeuse et feuilletée. On est frappé par les glissades légères, aériennes du violon de Rae Chen. Une aisance magnifique, une douceur inconnue et de l’élégance et de la grâce dans le phrasé. Le tout sans effets démonstratifs, en toute sobriété. Le son est d’une pureté exquise. Tantôt il caresse tendrement les cordes de son archet velouté, tantôt ses doigts empruntent l’agilité d’ailes de colibri et il nous livre du pur nectar! Il ne se fera pas prier pour nous offrir en prime, deux magnifiques bis, devant un public médusé.

 

 

 

Ensuite c’est la symphonie de Dante  écrite par Liszt et dédiée à Richard Wagner, pages instrumentales et vocales inspirées de la Divine comédie de Dante,  que nous avons pu écouter avec délectation. Aux côtés de l'ONL, dirigé avec l’autorité souriante Grant Llewellyn, nous avons pu admirer la performance grandiose du chœur de femmes du Chœur régional Nord-Pas-de-Calais (dirigé par Éric Deltour).

 

« Liszt s'attache en orfèvre à révéler de façon minutieuse la beauté des vers du poète italien par la transcription musicale de ce long chemin de l'ombre à la lumière. Il confronte ainsi tour à tour l'auditeur à la désespérance démoniaque de l'Enfer, au lyrisme méditatif d'une âme au Purgatoire et à l'illumination d'un hymne de louange rédempteur embrasant le ciel du Magnificat final. »

 

Grant Llewellyn déchaînera toute sa fougue, croquant, mâchant, mordant les notes alors que les cuivres attaquent  une longe ligne mélodique  descendante. « Vous qui entrez  ici, abandonnez tout espoir ! » L’atmosphère Faustienne,  sombre et dramatique, se répand  avec d’impressionnants roulements de tambours, et la participation de tout l’orchestre. Cela finit sur un dernier coup de maillet très feutré qui nous permet d’échapper à la tension terrifiante de L’Enfer.

 

 L’apaisement, l’intervention de harpes, les plaintes des violons, nous mettent dans un Purgatoire qui ressemble à du paradis.  Il y a une grande modernité dans les notes profondes et les rêveries qui s’enchaînent. Une succession de rythmes plus saccadés génère tout à coup, un volume qui avale le spectateur, on est prisonniers de la musique et de ses effets dramatiques. Le chef d’orchestre est habité par un tempo qui mène, on le croirait, à l’apocalypse.

 

Mais voici la  longue préparation au Magnificat final, faite de multiples couches de murmures en écho, d’arpèges interminables sur les harpes. Les instruments à vent y vont de leur modelé, avec le  soutien discret et chuchoté  des cordes, cela produit des gémissements et des soupirs de félicité. Tout un paysage de bonheur est en construction, autant de gouttes de bonheur égrené. Pour clore les phrases mystiques du magnificat, dites avec une  légèreté surnaturelle, il y aura une reprise en force des cuivres victorieux.  

C’était un concert splendide, très longuement applaudi.

 

 http://www.onlille.com/ 

http://www.charleroi-culture.be/Public/Spectacle.php?ID=1330

 

 

 

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Poésie dédiée - Chanson sans musique

 

La Première fois.

 

Ta blondeur éparpillée

Sur l’oreiller chiffonné,

Couvre d’un baume doux

Le feu qui ceint mon cou.

Dans tes yeux étonnés,

C’est ton cœur bousculé,

Qui s’interroge, … Affolé.

Est-ce là la réalité ?

 

Souris-moi, montres tes yeux.

Dis- moi, j’ai froid,… Pour deux.

Dis-moi, J’y crois, … C’est toi.

Viens toi, …Viens près de moi.

 

Les bougies sont mortes.

La nuit est notre abri.

Ne plus voir, qu’ importe !

Nos cœur, des yeux attendris,

Ont prit le dernier relais,

Pour voir ce que l’on sait.

Je sens ton odeur,

Et j’entends ton cœur.

 

Souris-moi montre tes mains.

Dis-moi, c’est notre destin.

Mets-moi, contre ton sein,

Serres–moi, bien contre toi.

 

Je sens comme tu es belle,

Tes parfums m’appellent.

Tu souris, ton nom j’épelle.

Dans mon âme le cèle.

Au rythme de tes soupirs

Se nourrissent mes désirs.

Tendrement,  je hisse le drap

Recouvre un peu tes bras

Reste comme ça, …Je suis bien

Contre toi,… Je suis tien.

 

 

Robert,   Artee Pee.

 

16/01/2011

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administrateur théâtres

                      12272712878?profile=originalA la Samaritaine, pépinière ou volière ?      

              Tibidi : chants polyphoniques et percussions corporelles  

                                                         

Ventres plats, dans leurs pantalons à pont et à grands boutons rouges, une rose

piquée dans la coiffure, ce trio féminin est un trio divin de voix justes,  légères et

 célestes. Muriel, Ariane, Julie… on dirait des étudiantes ou des merlettes ravies

par le printemps, prêtes à  s’égosiller à cœur joie !  Impertinentes, délurées, les

yeux scintillants comme dans un enterrement de vie de jeune fille, elles entament

 leur récital en alignant avec impertinence, le générique … de l’inspecteur

Gagdet !  «  Eh là qui va là Inspecteur Gadget Eh la ça va pas Ouh ouh Oh la je suis là Inspecteur Gadget  C'est moi que voilà Inspecteur Gadget Ça va être la joie Ouh ouh Au nom de la loi Moi je vous arrête Je vous arrête là »

 

Elles ne s’arrêtent pas là : la magie des postures, des mimiques, des scansions, 

  des jeux de mots, des sonorités verbales et non verbales, l’intonation, le

comique à jets continus transforment la salle de la Samaritaine en un clin d’œil.

Lieu de fête de la musique et de la poésie.  Une baguette magique s’est glissée

dans un gousset du pantalon de Muriel et il participe à tout instant aux ébats

vocaux des demoiselles qui s’amusent. C’est le diapason. Brillant et à deux

pattes. C’est leur seul gadget avec les verres d’eau glacée servis sur une table de

cocktail. Le bonheur se diffuse, l’écoute tendre alterne avec le rire dévastateur.

Les facéties verbales de Boby Lapointe dans « tic tac ta katy t’as quitté» font

rugir un public conquis. « Ces petits riens » de Serge Gainsbourg , ce « Jazz et la

 Java » de Nougaro arrachent des larmes. Quisas,  quisas… La mala Educacion…

  C’est du rythme, des effluves nostalgiques, du temps qui passe mais qui reste.

« Girl » des Beatles est pastiché à mort ! Tageba, Tageba…  Voilà le prélude

BWV 999 de Bach  qui suspend  tous les souffles dans la salle… Seules et divines

les filles modulent, hululent, enchantent.  Contraste tragico-comique voici en

 grande fanfare, en hommage à Ricet Barrier :  

«  Nous somm's 300 millions, massés derrièr' la porte
Trop serrés pour remuer, trop tendus pour penser
Un' seule idé' en têt', la port', la port', la porte
Quand elle s'ouvrira, ce sera la rué'
La vrai' course à la mort, la tueri' sans passion
Un seul gagnera, tous les autres mourront
Même pas numérotés, seul un instinct nous guid'
On nous a baptisés …. »
(Chut !) .

 La salle délire. Ce sera le clou de cette véritable fête musicale et poétique… 

 Hommage à Johan Vekemans, docteur de son état qui aura fait gronder le

piano, pire qu’une panthère rose, pour ce seul morceau inoubliable. La suite sera

 de la même veine, drôle à mourir, esthétique, humoresque, généreuse, pleine de

 talent. Ce sont des voix d’anges que l’on écoute, des fossettes que l’on contemple,

 des couleurs de la vie qui se réveillent. Elles incarnent  une joie de vivre qui 

donne envie de tuer  la morosité à coups de tonnerres d’applaudissements,

d’éclats de rire.  Le rire: ce merveilleux cadeau fait à  l’homme.

 

“ Music for a while shall all your cares beguile…”  Henry Purcell

 

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                           Vous pourrez les revoir :

Tibidi  Le vendredi 29 avril 2011  À l'ancienne église  Place de l'Eglise 15
1082 Berchem-Ste-Agathe http://www.lefourquet.be/  02/469.26.75

 

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Programme de la saison à LA SAMARITAINEhttp://www.lasamaritaine.be/saison2009-2010/index.html

 

                                                             Pierre Castor et Le Tiny Forest Orchestra

   Du mercredi 19 au samedi 22 janvier 2011 à 20h30
Le nouveau solo de Lorette Goosse "Vous vous trompez"

                                               Du mardi 25 janvier au samedi 5 février 2011 à 20h30
 

 

 

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administrateur théâtres

12272709891?profile=originalLa Vie parisienne écrite par Henry Meilhac et Ludovic Halévy et dont la musique est du célèbre compositeur Jacques Offenbach se joue jusqu’au 31 décembre à l'Aula Magna de Louvain-la-Neuve. Initialement, il s'agit d'une pièce de théâtre mêlée de chant. D'ailleurs Offenbach préférait « avoir des comédiens qui savent chanter à des chanteurs qui ne savent pas jouer la comédie . » Grâce à la qualité de la musique, la pièce a été reprise par l'opéra : les chanteurs lyriques s'en sont emparés et La Vie parisienne nous est arrivée comme un opéra connu.12272710493?profile=original

 Ici, nous revenons à la pièce de théâtre. C’est cette dimension théâtrale qui en 1958 devait conduire Jean-Louis Barrault à monter cette vie parisienne à plusieurs reprises … chaque fois que les caisses étaient vides… Une intrigue très mince sous-tend cet opéra comique du 19e siècle. C’est l'histoire d'une grande arnaque : Raoul de Gardefeu est déçu des filles légères et notamment de la belle Métella. Il apprend qu'un baron suédois et son épouse arrivent à Paris. Son but : séduire cette dernière.  Le couple suédois meurt d’envie de découvrir la vie parisienne, Gardefeu sera leur guide au travers des plaisirs multiples de la ville lumière. Gardefeu détourne donc le noble couple étranger du Grand Hôtel et  organise une fausse vie parisienne dans son appartement, improvisant  table d’hôte et multiples personnages mondains hauts en couleur. Sans oublier l’irrésistible gantière, légère et court vêtue. Les comédiens, seulement treize en scène, au départ en habits de ville 20e,  doivent donc jouer des personnages, faire l'orchestre, le chœur et se glisser dans des  chorégraphies tout en changeant de costumes sur scène. Ce tour de force est animé par un deus ex machina, Alain Sachs,  le régisseur de théâtre en blouse grise, à l’accent parisien prononcé, qui lui aussi de temps en temps se transforme en personnage indispensable et court d’un bout à l’autre du plateau pour enjoindre les mouvements scéniques ou souffler silencieusement les répliques. Au fur et à mesure la répétition fait place à la pièce qui se joue. Merveille de l’action théâtrale. On est à la fois dans un spectacle totalement abouti et dans l’impression constante de sa genèse… Ce qui est très drôle : voir le sens de la répartie, les initiatives, les bévues des comédiens et écouter avec ravissement leur chorégraphie musicale et textuelle … et au fur à mesure la métamorphose de la magie théâtrale s’opère.  L’humour est omniprésent. Les voix sont étincelantes. Les lustres et les décors et mannequins d’époque surgissent.  Le 19e  brille de tous ses feux ! La plus belle et la plus harmonieuse, c’est la baronne suédoise : la voix, la flûte traversière et la guêpière…Applaudissons Sarah Tullamore.  Le baron, David Alexis, vaut aussi le détour. Il est exquis : Chanteur, Comédien, Pianiste, Danseur de claquettes, Acrobate. On ne peut passer sous silence le charme dévastateur d’ Hervé Devolder, dans le rôle de Gardefeu, et son nuage de séduisantes belles, toutes plus candides et enchanteresses. Et les instruments de musique : le piano, le violoncelle, la guitare, le violon, la harpe, la trompette, la flûte magique et la boîte à outils du régisseur et son tambourin.  12272710887?profile=original

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Aula Magna
Place Raymond Lemaire, 1
1348  Louvain-la-Neuve

Contact & Réservations :  010 49.78.00

http://www.ateliertheatrejeanvilar.be/fr/saison/detail/index.php?spectacleID=435

 

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administrateur théâtres

Sokolov (concert au palais des Beaux-arts de Bruxelles)


Communiquer toute une soirée avec un être qui projette une musique habitée, un génie rempli d’humilité qui sait transmettre tous les replis de l’émotion, voilà ce que la grande salle des Beaux-arts de Bruxelles a donné à 2000 spectateurs complètement envoûtés. Sokolov est un créateur de beauté dans l'essence de la musique.

On dit de lui : ‘un titan du piano’ mais quelle douceur sous ses doigts! « Il entre, muré en lui-même, dans l'espoir d'aller puiser dans les tréfonds de son être la vérité des œuvres. Vérité subjective qui tient d'abord dans une sonorité abyssale qui fait résonner Bach comme une cathédrale, le ressuscite du plus profond des touches et le porte au ciel par un jeu de pédales décomplexé. » L’alchimiste de la musique est penché sur son clavier comme sur des alambics. Sous ses cheveux d'un blanc pur, il murmure, il ronronne. Les lumières sont très tamisées, la salle est presque obscure. L’instrument est un Steinway tout neuf. Il déroule la magie de la Partita de J-S Bach N° 2 en ut mineur, BWV 826 en six mouvements : Sinfonia, Allemande, Courante, Sarabande Rondeau, Caprice. Il me reste des impressions très nettes de toucher feutré, de caresses veloutées, de rythmes qui dévalent comme une rivière en crue, de moments très mélodiques, de notes liquides, volubiles et galantes. Les mains rebondissent sur le clavier comme s’il y en avait quatre et le Capriccio se termine comme un long voile de notes étincelantes. Where Angels Fear ToTread.

Pour suivre, c’est Johannes Brahms avec les Fantaisies, op 116 (1892), pièces que Clara Schumann jugeait « pleines de poésie, de passion, de sentiment et d’émotion. » La puissance et la fougue alternent avec des moments plus intimes où l’on bascule presque dans le silence avant que ne perlent les notes. Cette œuvre respire la tendresse, la main droite convoque des ruissellements de notes aigrelettes tandis que la main gauche creuse des échos profonds. Gregory Sokolov savoure son jeu comme s’il goûtait du vin. Puis c’est la brillance qui éclate de façon presque théâtrale. La frappe chromatique s’enchaîne à des déclarations du plus pur romantisme avant de retourner dans de profondes méditations. Nous avons ici toute la palette des émotions les plus fines. Grégory Sokolov va de temps en temps chercher l’émotion en l’air comme si elle y était suspendue avec de très gracieuses envolées de mains. Sommes-nous avec Paul Valéry ? Ce sont des oiseaux blancs qui volettent sur le clavier, des roucoulements avant la légèreté infinie du dernier envol. Le mouvement suivant est celui d’une ascension de marches gravies pensivement, contemplation, illumination peut-être, bruissements de nature. On aurait envie de tout décrire…Quelques mugissements du monde rappellent à la réalité. Qu’importe, la dernière note est bleue! Le dernier mouvement est celui de la frénésie de tout un orchestre joué d’un seul instrument. Une mélodie de harpe se transforme en grondement de tonnerre. L’homme est si petit devant la nature.

L’humoresque en si bémol majeur, op. 20 commence elle aussi avec une infinie douceur. « J’ai été toute la semaine au piano, composant ; écrivant, riant et pleurant tout à la fois. Tu trouveras une bonne description de cet état des choses dans mon opus 20 écrit Robert Schumann à Clara, le 11 mars 1939. » Notes brillantes déferlant d’une corne d’abondance, et pourtant la légèreté ne manque pas, ni l’humour, évidemment. Caracolades, douce apparition d’une licorne ? Tout se tait autour d’elle, la paix ? La tendresse ? Invulnérable, qui m’aime me suive!

Le tout s’achève dans de légers sifflotements piqués comme des cordes de violons pincées, d’un bout à l’autre du clavier pour le dernier morceau du récital : Klavierstücke, op.32 (1838-39). On est dans le ravissement, comme au début d’une féerie. Coule la musique chaude et généreuse du pur bonheur qui s’évanouit dans une seule note de fuite….

C’est le délire, la salle explose sa joie, dans des applaudissements frénétiques, toujours dans la pénombre envoûtante d’une salle des mystères. Il y aura six bis !

Grigory Sokolov
Mardi 07.12.2010 20:00
Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

Grigory Sokolov piano
Johann Sebastian Bach Partita n° 2, BWV 826
Johannes Brahms Fantasien, op. 116
Robert Schumann Humoreske, op. 20, 4 Klavierstücke op. 32
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administrateur théâtres


Hector Berlioz : Episodes de la vie d’un artiste

Symphonie fantastique, opus 14 – Lélio ou « Le retour à la vie », opus 14b

Un concert sublime au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles L Le dimanche 5 décembre 2010

L’immense plateau de la salle Henry Le Bœuf est noire de musiciens et de choristes. Du jamais vu. Le piano est relégué aux confins à gauche, au pied de deux magnifiques harpes. Aux quatre coins, des ensembles de percussion préparent leurs fulgurances. Lumières très tamisées, on va rêver avec l’artiste qui est venu s’assoir dans un large fauteuil au bord de la scène où il s’est endormi, un livre à la main.

C’est l’histoire d’un jeune musicien qui suite à un amour malheureux s’est empoisonné à l’opium. Pas tout-à-fait mort, ses visions de plus en plus terrifiantes se traduisent en images musicales. La femme aimée est une sorte d’idée fixe qu’il entend partout.

L’œuvre est divisée en cinq actes, comme une tragédie : rêveries, passions, un bal, scène aux champs, marche au supplice , songe d’une nuit du Sabbat. Elle s’ouvre en douceur, comme une caresse de Morphée. Alternances de vagues fracassantes et d’accalmies. Le ton est dramatique. Le personnage semble sortir du rêve pendant les rythmes de valse du bal. Une danse soyeuse des heures! Suivent de mystérieux frottements de cordes, puis les violons mélodiques s’élancent, ponctués de pincements vifs et nets. Certes tous les esprits des champs et des bois ont été convoqués et sautillent derrière les yeux fermés de l’artiste. La marche au supplice engage cuivres et percussions. Une énergie folle en ressort pour se terminer en apothéose fracassante. On est en plein fantastique, comment oublier une telle après-midi musicale? Ce n’est pas fini. Méphisto, le chef d’orchestre emporté par une fringante énergie se démène pour régler les facéties de la danse de Sabbat. Le son d’une cloche moqueuse rature les bonds de la liberté de la danse. Euphorie! Puis cette musique prend des accents de lourdes prémonitions, le crescendo des cuivres a repris le dessus, bruits de feuilles mortes craquantes dans les bois et le dernier paroxysme.

Sous le choc, la salle respire avant d’applaudir. Mais voici la deuxième partie qui s’enchaîne aussitôt. Multiples jeux de lumières. Lélio s’étonne : « Et l’inexorable mélodie retentissant à mon oreille jusque dans ce léthargique sommeil, pour me rappeler son image effacée et raviver ma souffrance endormie… » Amour sublimé.

Il revient à la vie grâce à la musique et à la littérature. « Vivons donc, et que l’art sublime auquel je dois les rares éclairs de bonheur qui ont brillé sur ma sombre existence, me console et me guide dans le triste désert qui me reste à parcourir! Ô musique! Maîtresse fidèle et pure, respectée autant qu’adorée, ton ami, ton amant t’appelle à son secours! Viens, viens, déploie tous tes charmes, enivre-moi, environne-moi de tous tes prestiges, sois touchante, fière, simple, parée, riche, belle! Viens, viens, je m’abandonne à toi. »

Il veut réhabiliter Shakespeare qu’il considère comme le plus grand. « Ô Shakespeare! Shakespeare! Toi dont les premières années passèrent inaperçues, dont l’histoire est presque aussi incertaine que celle d’Ossian et d’Homère, quelles traces éblouissantes a laissées ton génie! Et pourtant que tu es peu compris! De grands peuples t’adorent, il est vrai; mais tant d’autres te blasphèment! Sans te connaître, sur la foi d’écrivains sans âme, qui ont pillé tes trésors en te dénigrant, on osait naguère encore dans la moitié de l’Europe t’accuser de barbarie!... »

Textes chantés et chœur vont se partager la ballade de Goethe, le chœur d’ombres, la chanson des brigands, l’hymne du bonheur, la harpe éolienne et la fantaisie « The tempest » de Shakespeare. Le récitant ponctue la musique de ses méditations poétiques. Déçu par l’absence de femme à ses côtés : « Oh! que ne puis-je la trouver, cette Juliette, cette Ophélie, que mon cœur appelle! » l'artiste s’est réfugié dans la création de ‘The tempest’.

Lélio est épuisé mais a retrouvé la vie après tous ses tourments. Il est heureux et prêt à recommencer. Il s’est adressé au chœur, galvanisé par l’envie de créer : « (au chœur) Les chanteurs ne doivent pas tenir leur cahier de musique devant leur visage; ne voyez-vous pas que la transmission de la voix est ainsi plus ou moins interceptée?... N’exagérez pas les nuances, ne confondez pas le mezzo-forte avec le fortissimo! Pour le style mélodique et l’expression, je n’ai rien à vous dire; mes avis seraient inutiles à ceux qui en ont le sentiment, plus inutiles encore à ceux qui ne l’ont pas... Encore un mot: Vous, Messieurs, qui occupez les derniers gradins de l’estrade, tenez-vous en garde contre votre tendance à retarder! Votre éloignement du chef rend cette tendance encore plus dangereuse. Les quatre premiers violons et les quatre seconds violons soli ont des sourdines?... Bien, tout est en ordre... Commencez! »

Du jamais vu aux Beaux-Arts.

Et une distribution éblouissante :
Daniel Mesguisch (le récitant), Julien Behr (ténor), Stephen Salters (baryton)
Le chœur régional Nord-Pas-de-Calais, L’orchestre national de Lille, Jean-Claude Casadesus (direction)

http://www.bozar.be/activity.php?id=9756&selectiondate=2010-12-5

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administrateur théâtres

Cinquante bougies et le titre royal

Trois anciens directeurs de L’Orchestre Philharmonique Royal de Liège se sont joints pour une fête fracassante au palais des Beaux- arts de Bruxelles hier soir.

Pierre Bartholomée créant donc une œuvre dont la composition lui a été commandée :« Symphonie », tandis que Louis Langrée a choisi de diriger la deuxième suite de Daphnis et Chloé de Maurice Ravel et alors que Pascal Rophé reprend (toujours sans baguette) « Le sacre du printemps » de Stravinsky

Les cinquantes bougies ... encore !

Musique visuelle et volcanique, voici une représentation musicale en trois mouvements.

D’abord la forêt fantastique de Bartholomée en folie, pleine de chuchotements, de craquements, de hululements, de crécelles et de jaillissements de sons isolés qui semblent parfois se répondre quand ce n’est pas l’assaut auditif de la cacophonie organisée. Dans la sarabande percutée le chef d’orchestre ressemble à un échassier sautillant à qui répondent des couinements de batraciens espérant ne pas être mangés. Soudain une volière entière s’est abattue dans un champ labouré, ou est-ce une troupe d’oiseaux migrateurs épuisés, mais heureux de se poser…Il faut être bien malin pour reconnaître qui le scherzo, qui la sonate classique.

Enfin, voilà le deuxième mouvement, le délice de Daphné et Chloé, murmures, longs arpèges sucrés, installation de grandes arabesques, magnifique solo de flûte traversière, échos, poursuites et les pam pa pààààààààà chers à Ravel. Une féerie sous la baguette hallucinante de Louis Langrée…. dont toutes les femmes sont sans doute tombées amoureuses ce soir-là ! Un tel sourire ravageur, et une telle humanité, que c’en est du sabotage !

Troisième et dernier mouvement, le printemps sibérien qui éclate façon volcan dans la musique de Stravinsky. Des fantômes du ballet de Béjart sont au rendez-vous, mais comme la musique est belle à découvrir de visu! Un violoncelle bat la mesure avec un plaisir démesuré. Tous ces musiciens, mûrs ou jeunes, choisis sur concours fort sérieux, bien installés dans leur vie aux airs pépère se sont lâchés. Marche inexorable, aboiements lancinants. Le spectateur est suspendu à l’étonnement. La musique sacrificielle déferle sur les corps, les yeux et les oreilles n’en peuvent plus de couleur, voire de fureur tribale et de violence de la nature. De l’homme? Des druides de tout poil ? … A la radio, cela ne donnerait rien… Ici, au concert cela devient sublime ! On est ému par la classe de Pascal Rophé, les chefs en nœud papillon blanc ont tous lancé leurs bouquets aux musiciennes. Fin de représentation exceptionnelle.

consultez le magnifique programme en pdf:

http://www.opl.be/uploads/media/PGR_PDF__13__7_9_dec_10_Concerts_du_50e_anniversaire.pdf

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administrateur théâtres

poème, chanson, méditation

 

 

Si les hommes est une chanson de paix, qui rassemble les peuples.

 

 Si les hommes voulaient bien écouter
Les mots d’il y a longtemps,
Si les hommes voulaient bien étudier
La science des temps,
Si les hommes voulaient bien respecter
La vraie marche du temps,
Si les hommes voulaient bien implorer
La venue d’autre temps.

Si le temps voulait bien pardonner
L’imprudence des hommes,
Si le Temps voulait bien effacer
Le sang versé par l’homme
Si le Temps voulait bien redonner
Une espérance aux hommes,
Si le Temps voulait bien accorder
Une autre chance a l’homme,
Si le Temps voulait donner aux hommes
Le temps de se reprendre,
Si le temps voulait donner le temps
Aux hommes de se comprendre,
Si les hommes voulaient vaincre l’instant
Pour mieux vivre le Temps,
Mais les hommes ont-ils encore le temps?
Si le Temps voulait encore de l’homme,
Si l’homme voulait le Temps,
Si le Temps ressuscitait la foi,
Et les hommes l’espoir,
Si les hommes voulaient bien commencer
A y croire tout à fait,
Si le Temps voulait bien effacer
Les folies du passé,
Si le temps voulait bien oublier
Les fausses lois de l’homme,
Si les hommes voulaient bien écouter,
La mémoire du temps,
Si le Temps voulait encore chanter
Les louanges de l’homme,
Si les hommes voulaient bien décrocher
Tous les cadeaux du Temps,
Si les hommes voulaient bien écouter
Les mots d’il y a longtemps,
Si les hommes voulaient bien étudier
La science des temps,
Si les hommes voulaient bien respecter
La vraie marche du temps,
Si les hommes voulaient bien implorer
La venue d’autre temps.
Si le Temps voulait bien consoler
La détresse de l’homme,
Si les hommes voulaient bien se rappeler,
La promesse du Temps,
Si le Temps faisait confiance à l’homme,
Si les hommes promettaient,
Si les hommes faisaient confiance au Temps,
SI LE TEMPS PARDONNAIT……

 

Robert Lauri/Chantal Allon

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administrateur théâtres

 

Depuis plus de trente ans, William Christie met à l’honneur les petits et grands maîtres baroques et démontre à quel point ils méritent autant d’égard et de passion qu’un Mozart ou un Haydn. Pour ce concert, pleins feux sur deux actes de ballet de Rameau, spécialiste du genre. Soirée de pur divertissement combinant à l’envi musique, danses et intrigue amoureuse ... un festival de l'Amour!

 

« La vraie musique est le langage du cœur » Jean-Philippe Rameau

 

De chaleureuses ovations conclurent ce concert de pur plaisir. On peut en effet décerner cinq belles 

 roses, plus que des étoiles, aux Arts Florissants dirigés avec enthousiasme, sûreté et bonheur par

William Christie.

 

« Le vol du temps qui nous presse nous fait mieux sentir le prix de l’instant fortuné que le destin nous

 laisse ! » Ces paroles de l’Anacréon de Jean-Philippe Rameau sont fort appropriées à décrire le

ravissement que ce concert a suscité parmi les  spectateurs. Ce moment de beauté musicale, de

lyrisme, de ressenti humain très intense a  opéré comme un enchantement.  Pourtant le fond

mythologique aurait pu nous détourner. Et c’est tout le contraire. « Je renonce à Bacchus s’il en

coûte à l’amour… » Anacréon, comme Pigmalion sont animés par l’Amour en personne, en être, en

substance immatérielle… Cette force, cette énergie sécrétée tant par les musiciens que par les

solistes a  eu le don d’ouvrir tous les cœurs. Aussi des instruments anciens font parler la patine des

siècles, ou d’autres  parfois très « ludiques » font presque éclater de rire. Pour exemple la machine

à pluie et orages d’Eole déchaîné et les tambourins légèrement coquins.   Les spectateurs,

médusés écoutaient avec les yeux et le sourire aux lèvres.  « Les vrais plaisirs ne sont dus qu’à

l’ivresse de nos âmes » chante Anacréon et toutes les âmes frissonnent. Dans la deuxième partie, 

 L’Amour explique la naissance à la vie de sa statue à Pigmalion :

«  Du pouvoir de l’Amour ce prodige est l’effet, L’Amour dès longtemps aspirait  à former par ses

dons l’être le plus aimable ; mais pour les unir tous, il fallait un objet dont ton art, seul était capable.  Il

 vit et c’est pour toi, pour toi ses tendres feux étaient de tes talents la juste récompense : tu servis

trop bien ma puissance, pour ne pas mériter d’être à jamais heureux. »

 

 Chœurs, récitatifs, ariettes,  sarabandes, gigues en vêtements du siècle, le nôtre,  donnent un relief

particulier à cette musique du 17e siècle. Un choc du temps et une illusion d’éternel. « The power of

love ». La voix, mélange de velours et de joie intense, captivante et voluptueuse de Sophie

Karthäuser était un pur délice musical. Et pour ces dames, Ed Lyon dans le rôle de Pigmalion,

rayonnant de bonheur, en a séduit plus d’une par son timbre scintillant, ses sonorités colorées, sa

puissance tranquille. Son aisance, son charme. Une soirée rare, peut-être unique en son genre….

 Que chacun voudrait retenir par devers soi! Au moins, l’inscrire dans nos fibres les plus profondes,

là où le profane côtoie le religieux. « L’Amour est le dieu de la paix, règne avec moi Bacchus, viens,

triomphe, embellis nos fêtes mais ne les trouble jamais… »

 

 

Les Arts Florissants
Vendredi 17.12.2010 20:00
Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf
 

 

 

William Christie direction - Alain Buet Anacréon (basse) - Sophie Karthäuser Amour (dessus) - Emmanuelle de Negri Prêtresse ; La statue (dessus) - Ed Lyon Agathocle ; Pygmalion (haute-contre) - Virginie Thomas Céphise (dessus) - Les Arts Florissants ensemble de chanteurs et d'instrumentalistes réputé dans le monde entier et voué à la musique baroque, fidèles à l'interpréttion sur instruments anciens.
  
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La revue 2011 (Théâtre des Galeries)

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Le Tout Bruxelles, façon United Colours  Benetton, ne peut s’empêcher d’accomplir un pèlerinage  annuel au théâtre des Galeries pour sa Revue légendaire. Toute la famille est de la partie, même de très jeunes qui ne comprendront rien à certaines envolées humoristiques ou égrillardes. Y aller est une institution…  Le spectacle tient d’ailleurs l’affiche pendant deux mois, c’est dire ! Nous avons toujours reculé, par ce que, les blagues à six sous, le zinzin, le mélange vie parisienne et vie politique belge…. Bof !

Et si c’était le dernier Noël de la Belgique ? Si cette année, le traîneau des Sublimes Rennes  avait fissuré le bloc germano-latin tout le long de sa frontière, en remontant vers le Grand Nord, laissant derrière lui,  l’irréparable fracture?

On s’est donc laissé convaincre et on s’est posé joyeusement sur un océan de glamour, de bon goût, de textes dits avec vivacité, de clin d’œil acéré tous azimuts. Bref du chansonnier débridé d’antan, mêlé à de savantes chorégraphies, des jeux de lumières très étudiés et envoûtants,  des voix étonnantes, des imitations délirantes. La salle, conquise d’avance, il est vrai laisse fuser ses rires sans retenue, se pâme de plaisir, les visages ont déposé toute sinistrose. On regarde même son voisin avec connivence entendue! Un modèle de fraternité ! Rien que pour ce sentiment, cela vaut la peine! On devrait séquestrer ces spectateurs bienveillants et les sommer de former un gouvernement… la formule, originale, nous sortirait peut-être – de l’enlisement où nous sommes…

La phrase d’ouverture est bien : « Viens, le rêve t’emmène… ! » Chantée, dansée, envolée par des professionnels du spectacle, tous plus éblouissants les uns que les autres.  

On retrouve vite notre roi, tout habillé,  au lit avec « sa lasagne chérie », au garde –à-vous, prêt à recevoir un nouveau négociateur. Ses insomnies lui soufflent de nouveaux noms : sécateur, extincteur, … congélateur, le bonheur est dans le  pré - servateur. La rime est riche et le temps est long ! La salle trépigne!

Au cœur de ces amplifications humoristiques on retrouve évidemment les sombres histoires de prêtrise pédophile, jetées en pleine lumière. «  Vie biblique, vie lubrique », une parodie du Vie privée, Vie publique de Mireille Dumas, dépèce le cardinal Danneels par le menu  et Hadja Lahbib lacère Monseigneur Léonard et son illustre Patron Romain. Les allusions à propos de Sarkosy et ses amours « romaines » avec ou sans papiers jettent les spectateurs dans l’hilarité. C’est inévitablement le tour de Bart de Wever de se faire retourner par un présentateur de la RTBF, Pierre Pigeolet. Le moins bon numéro est celui qui met en scène Elio, Laurette et Michel Daerden, largement imbibé, dans un show télévisé - trop bête pour être vrai? L’émission de « Nom de Dieu ! » est tombée bien bas! Il faut que le présentateur appelle son invité « Papa ! »

 

Mais à part cela, on reçoit en plein cœur la voix profonde d’une charmante Cendrine Ketels dans des chansons, trop courtes, qui sont un vrai délice. La musique et la chorégraphie brillantes de « The Phantom of the Opera » séduisent immanquablement, malgré l’amertume des attrape-voix fantômes qui sapent la démocratie. Richard Ruben, qui passe vite pour maître de cérémonies est irrésistible.  Sa «Gisèle» de Marcinelle est savoureuse, les accents se suivent et ne se ressemblent pas! Gonzague  ou loosers de la périphérie, experts de Bruxelles Ville Propreté, tout déclenche le rire et la bonne humeur. Un spectacle de qualité, peaufiné et enlevé!

 

 

 

http://www.trg.be/Public/

 

 

 

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administrateur théâtres

Primé meilleur spectacle de danse 2009/2010 par les Prix de la Critique !

Voici : l’assaut des cieux ! Au théâtre Marni

Ce magnifique spectacle largue toutes les amarres des conventions. Depuis quand jette-on quelques matelas au fond d’une scène pour que s’y réveillent des ouvriers ? Des prisonniers, des chômeurs ? Des réfugiés, des conjurés? Ils sont six au pied du mât du bateau ivre, ils vont à l’assaut des cieux, revisitent le rêve d’Icare, convient le peuple ailé, par le geste, le mouvement, le mime et le jeu. Tiens voilà un faucon: tout en plumes et en vol plané! Grâce, mystère poignant de la vie. A moins que ce ne soit pour Prométhée…

Arthur Rimbaud nous souffle: « J'ai tendu des cordes de clocher à clocher, des guirlandes de fenêtre à fenêtre, des chaînes d'or d'étoile à étoile, et je danse. » Illuminations. Elévation, les six danseurs veulent percer le mystère de ce ciel s’il existe. Ils sont libres, jeunes, musclés, barbus, vêtus d’aventure et de blue jeans . Ils deviendront par la danse tous les miroitements du Bleu infini. Ils se délivrent de la pesanteur! Le talc vole, les mains et les pieds blanchissent ! A chacun son voyage. Depuis les acrobatiques figures frôlant la mort sur le mât chinois, jusqu’aux jeux innocents de marelle. Un christophore? Un géant radieux ? Le courage humain pour appréhender les mystères n’a pas de limites. The sky is the limit !

Élans, culbutes, transports. Arc-en-ciel inlassables, les corps à corps sont souples, presque aquatiques, mais pas d’étreintes, l’autre échappe toujours…vaines luttes. Les danseurs ont beau se mettre des étoiles aux pieds, des chaussons magiques, les pyramides éphémères basculent, Ciel où es-tu ? Les danses infusent et deviennent harmonies, mais la mort fondra soudain sur les danseurs sans prévenir. Non ce n’était pas de l’orgueil, comme Icare. L’espoir, tout simplement ! Une fatalité roulera leurs corps épars sur la terre hostile, terrassés par le désespoir et un souffle destructeur. Mais les voilà qui se relèvent avec courage pour aller mourir debout, dans la lumière et l’éternité du sable qui coule.

Et la musique ?

Une composition moderne de Yves De Mey…. Elle évoque les travaux et les jours, les constructions de sable, la lutte contre l’enlisement le triste terre à terre, tandis qu’Haendel, puissance musicale mythique transporte chorégraphie et spectateurs dans la surprise de l’envol. Dans un premier chant : « Rejoice ! » il nous mène droit au ciel avec la voix sublime d’une jeune femme de 20 ans, une véritable révélation, qui remplaçait ce soir-là Elise Gabele. D’autres chants lyriques suivront, postés aux portes du ciel, épanouis, ailés, d’une vérité et d’une profondeur sublimes.

Conception et chorégraphie Claudio BERNARDO

Création et interprétation Benjamin KAHN, Diogo DOLABELLA, Mikael BRES, Ondrej VIDLAR, Benoit FINAUT, Steven BERG,

Chant et conseil musical Elise GABELE,

Musique originale Yves DE MEY, Musique Georg Friedrich HAENDEL, Henry PURCELL, Jim MORRISSON

www.theatremarni.com

http://www.balsamine.be/site/spip.php?rubrique12

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