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Publications en exclusivité (3136)

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Vous pourrez rencontrer les auteurs, Isabelle Bielecki, Yves Caldor, Jacqueline Dumas, Jacques Goyens Stephan Van Puyvelde et Jean-Marc Want.

Entrée gratuite, mais réservation souhaitée au contact Novelas:

Stephan Van Puyvelde: novelasasbl@hotmail.com

La soirée est initiée par le Réseau des Arts et des Lettres.

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administrateur théâtres

Les Fugueuses au théâtre de la Flûte Enchantée

Les Fugueuses

Se fuir soi-même et les autres et quand même se retrouver sur une route avec une alter ego, et malgré la vieillesse odieuse ou l’abandon mesquin, retrouver le plaisir des premières fois ? Voici le programme que les deux excellentes actrices Chantal Pirotte et Jacqueline Préseau, nous propose dans « les Fugueuses » de Pierre Palmade. Claude et Margot vont se concocter une échappée belle, belle comme leur nuit dans leur hôtel à trente étoiles.

Dans l’obscurité la bande sonore nous répète avec la chaleur de Stéphane Grapelli « the show must go on ». Le décor change souplement, comme des vignettes d’hiéroglyphes, épurés et parlants, mais la quête sera toujours aussi pathétique, malgré les éclats de colère à en rire ou de rire à en pleurer, ou les scènes de fourberies évidentes qui nous ramènent à la farce. « Ils ont des chapeaux ronds… En Afrique les dromadaires /Ont la peau qu'est si tendue, Que pour fermer les paupières/ Ils doivent …. »


Passée maître dans la comédie humaine Jacqueline Préseau, pétrit l’hypocrisie, l’égoïsme forcené, sa belle armure contre les souffrances de la vie, et la mauvaise foi… avec autant de naturel que les hommes pétrissent la jambe d’une femme, quel que soit son âge … Personne ne la croit vraiment, ni elle non plus… « Même l’instinct maternel, c’est de la foutaise» lâche-telle. Mais elle joue, désespérément, faisant croire. Elle y va de la comédie, même pour sa partenaire de route… jouant sur un fil et se jouant d’elle chaque fois qu’elle le peut ! Elle est donc une comédienne attachante qui se bat pour faire vivre un théâtre sans prétention mais où règne l’amour de la scène et le plaisir de dire. « Votre mère ne perd pas le Nord, elle le choisit » « Je voulais être ailleurs et je suis ailleurs !» Ain't Misbehavin'!

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Peindre c'est aimer encore

Cet ouvrage de Henry Miller parut en 1960. Ce bref et merveilleux volume, illustré de reproductions d'aquarelles de l'auteur, est un chant d'amour à la peinture et l'histoire d'une expérience qu’il commença en 1928. Parallèlement à son activité d'écrivain, Miller peint, déversant le trop-plein de son énergie créatrice en figures et en couleurs chatoyantes. Ici, il nous parle de sa façon de manier les pinceaux, des artistes qu'il a connus, des maîtres japonais, des oeuvres d'enfants et de fous (qu'il apprécie particulièrement), etc. "Peindre, affirme-t-il, c'est se remettre à aimer. Pour voir comment le peintre voit, il faut regarder avec les yeux de l' amour. Son amour à lui n'a rien de possessif: le peintre est obligé de partager ce qu'il voit. Le plus souvent, il nous fait voir et sentir ce que nous ignorons ou ce contre quoi nous sommes immunisés. Sa manière d'approcher le monde vise à nous dire que rien n'est vil ou hideux, que rien n'est banal, plat ou indigeste si ce n'est notre propre puissance de vision (...) Je me souviens clairement de la transformation qui se produisit en moi quand je me mis à voir le monde avec les yeux d'un peintre. Les choses les plus familières, les objets sur lesquels j'avais porté mon regard toute ma vie, voilà qu'ils devenaient pour moi une source d' émerveillement infini et que s'établissait en même temps un rapport d' affection. Une théière, un vieux marteau, une tasse ébréchée, ou tout objet qui me tombait sous la main, je les considérais comme si je les voyais pour la première fois. Et c'était vrai, bien sûr. Ne vivons-nous pas presque tous comme des sourds, des aveugles, des gens privés de sens?"

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administrateur théâtres

P comme "A Passage to Asia"

Le Dialogue politico-économique Asie-Europe ou ASEM (Asia-Europe Meeting) a été créé en 1996 au sommet de Bangkok. ASEM est un forum interrégional qui regroupe d'une part les 27 membres de l'Union européenne, et d'autre part les 13 membres de l'ASEAN Plus Trois, c'est-à-dire le secrétariat de l'ASEAN ainsi que la Chine, le Japon, la Corée du Sud, la Mongolie, l'Inde et le Pakistan. En 2010 c’est Bruxelles qui accueille les huitièmes rencontres les 4 et 5 octobre prochains. C’est dire si la prodigieuse exposition « A Passage to Asia » organisée à l’occasion par les commissaires Dr Jan Van Alphen et Dr Kenson Kwok nous promet un voyage extraordinaire à travers le temps et à travers les contrées les plus diverses. En marge de cette réunion internationale, cette exposition ambitieuse met donc en scène pas moins de 25 siècles d’échanges commerciaux, artistiques, philosophiques et religieux entre l’Asie et L’Europe. « A labor of love ! » comme le souligne Dr K. Wok.

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Des trésors prestigieux, en provenance d’une quarantaine de musées à travers l’Eur-Asie ont repris la route pour nous raconter l’invisible derrière le visible. Trois cents objets mythiques, magnifiquement choisis par les curateurs évoquent le commerce phénoménal, les merveilleux voyages porteurs de promesses de profits fabuleux qui se qui se firent pendant deux mille cinq cents ans entre les Philippins, les Indiens, les Indonésiens, les Scythes, les Dong, les Chinois et les Occidentaux. Particulièrement actifs, les Portugais - puisque le pape avait donné aux Espagnols le côté ouest d’un méridien de partage du monde en deux- purent se saisir impunément de toute nouvelle terre ou comptoir du côté est, pourvu qu’on y répandît la parole évangélique. Une aubaine pour les jésuites parlant, certains, jusqu’à 17 langues, acceptés par le grand empereur moghol Akbar contrairement aux pratiquants du bouddhisme, pour leur savoir, leur intelligence et leur sens commercial. Circulation intense des biens et des idées, essor des religions et de leurs arts respectifs. Production intensive d’ivoires, de manuscrits d’objets liturgiques que l’on revendait en Europe.

Conquêtes militaires. Un armement mongol invincible de l’époque de Dzjenghis Khan évoque des images de la Route de la Soie et des conquêtes du monde. Ce fut ce même empereur Akbar qui rejoignit tous les tronçons de la route de la soie. On y circulait porteur d’une plaque de métal richement décorée, sorte de preuve en métal certifiant l’acquittement de taxes de voyage et transports…au bénéfice de toutes les contrées traversées.

On troquait de la soie, des chevaux, des chameaux, des armes, du lapis lazuli, des épices, du thé, de l’ivoire, des bijoux, des céramiques, le verre, si précieux pour les Orientaux, sur une route qui menait des Balkans au Japon. Quant aux routes maritimes, typhons, pirates, ouragans, rien n’arrêtait les marchands intrépides et aventureux. Arrivés à Goa, on traversait la péninsule Malaise par la terre, pour rejoindre d’autres navires, les attendant en mer de Chine. Les marins qui arrivaient ensuite dans l’Extrême Asie du Sud-est, s’installaient là pendant trois mois, attendant les vents favorables du retour. Mais ils ne restaient pas inactifs, amenant avec eux des matières premières précieuses, ils faisaient réaliser des objets localement qu’ils revendaient au retour! La main d’œuvre était experte et bon marché ! Le développement local d’accueil florissait !

Les jarres exposées - dont une des Philippines pesant 3 tonnes - les tambours de pluie rituels, la céramique tant domestique que funéraire, toutes deux, réceptacles de vie, matérielle ou spirituelle; la statuaire, les textiles - monnaie d’échange de choix, les bijoux et même des trésors retravaillés par la mer et repêchés dans des cargaisons de caravelles disparues lors d’affrontements ennemis, attendent le visiteur pour lui conter des histoires fascinantes…

Commerce et religion firent toujours bon ménage ! Une salle est consacrée à l’animisme. Une autre nous montre les premiers bouddhas, … de facture hellénique! Cette vitrine au cœur de l’Europe témoigne d’un immense foisonnement de cultures et d’influences… On en ressort étourdi! Et on voudrait y retourner et rêver encore…

Informations pratiques A Passage to Asia
25 Centuries of Exchange between Asia and Europe

Palais des Beaux-Arts Rue Ravenstein 23 1000 Bruxelles du 25.06 > 10.10.2010 Heures d’ouverture De mardi à dimanche, 10:00 > 18:00 Jeudi, 10:00 > 21:00 Fermé le lundi BOZAR Info & tickets +32 2 507 82 00 – www.bozar.be

http://www.bozar.be/activity.php?id=10213&

A S I A O N S T A G E : les magnifiques spectacles de danse et de musiques

www.bozar.be
info@bozar.be

PALAIS DES BEAUX-ARTS
23 rue Ravenstein,
1000 Bruxelles
T. +32 (0) 2 507 84 27
F. + 32 (0)2 507 85 15

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administrateur théâtres


d'après Homère, Eschyle, Sophocle, Euripide

Au théâtre des Martyrs, splendide deuxième partie

Œuvre de transmission, la suite de l’épopée est tout aussi grandiose. Si pas plus percutante car il s’agit de découvrir, grâce aux textes millénaires, notre ajustement dans ce monde si éphémère, parvenir à la vie bonne, trouver notre juste place, se fondre dans l’harmonie de l’ordre cosmique. Combattre le chaos et les forces du mal. Retrouver la paix. Le texte est magnifique, intemporel et cadencé. L’empreinte des grandes tragédies laissera sa trace de sagesse pour ceux qui n’y ont jamais été exposés, quel défi et quel bonheur à la fois ! Rien ne dure, sauf l’écriture.

Le jeu d’Electre, fleur de sel sauvage, opiniâtre et noble, est digne du Grand Sophocle. Elle paraît si jeune, tout amour pour son père et son frère, et si forte. De la passion à l’état pur, cheveux courts en broussaille, nervosité, rage et débordements. « Je ne fais que montrer la vraie nature de celle qui m’a conçue ! » « Ta colère a fait de moi ce tas de haine ! » Clytemnestre, comme d’habitude ne l’écoute pas et s’adressant à Apollon le supplie : « Accorde-moi ce que je n’ose dire et que, dieu, tu auras compris ! » Elle appelle la mort de son propre fils pour protéger sa vie et celle de son amant, Egisthe. Au mépris du bien de ses enfants, si facilement reniés.

« L’outrage répond toujours à l’outrage » Clytemnestre aurait pu s’exiler après avoir vengé le sacrifice de sa fille Iphigénie, et aller expier sa culpabilité pour arrêter la malédiction. Non, elle veut avec son amant, jouir de la gloire et du prestige, du pouvoir, spoliant ses enfants à jamais. Electre, devenue animale et gonflée de rage, rejetant tous les honneurs de princesse, est saisissante : c’est la vie même qui se débat dans un cadre de mort. On voudrait la prendre dans le creux de sa main et la sauver. Comme essaie de le faire désespérément, sa sœur Chrisothémis, délicieuse, humaine, d’une extrême compassion pour sa sœur, une fleur de vie. « Electre, réfléchis, la justice peut être mortelle ! »

« Ceux qui font le mal, souffrent ! » Le chœur ne souligne-t-il pas : « Le plus grand des dons des dieux est un esprit modéré ». Il clame sa confiance dans l’homme, fondement de l’humanisme : « il n’est rien que les humains ne puissent surmonter ! » Hélas l’humanité est prise aux filets du Destin, Cassandre la première, dans sa robe de dentelle, elle sait qu’elle va mourir, que les hommes ne croiront pas ses prophéties. Elle est, selon le concept grec, déjà morte. Clytemnestre, suffocant de jalousie, lui souffle : « Orgueilleuse, tu es maintenant sans patrie! ». La malédiction est sur tous les Atrides. Oreste est pris de folie après le meurtre de sa mère. « Le mal engendre toujours le mal » Il faut donc interrompre le cycle infernal : « La loi, non la vengeance ! » Mais aucun homme n’est jamais libre, nous sommes toujours esclaves de quelque chose….

Cette création théâtrale est magistrale, costumes, coiffures, mise en scène prodigieuse. La foule de comédiens est un vrai peuple transmetteur. Agamemnon, Oreste, Pylade, sont des virtuoses de notre humanité. Le chœur est pétri d’humour, de sagesse et de bonne distance ... et les rôles de DOLORÈS DELAHAUT et d’ HÉLÈNE THEUNISSEN sont interprétés avec l’énergie … du dés’Espoir !

http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/grande-salle/piece1.html

Première partie :

La Guerre - Les Femmes Deuxième partie :

Les Crimes - Les Dieux Du 28/09 au 31/10/2010

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La Haute Solitude de Léon-Paul Fargue, faiseur de vie

Fargue publie en 1941 « Haute Solitude ». C'est l'oeuvre la plus accomplie, la plus dense, et aussi la plus déchirante que nous ait laissée le poète. Reprenant les chemins de cauchemar et de rêves qu'il avait déjà parcourus dans "Vulturenes", Fargue poursuit cette fois on investigation jusqu'à ce point critique où le poète, se séparat de lui-même, s'installe dans cette "haute-solitude", lieu étrange et indéfinissable dont il nous dira les prestiges et les peurs. Par elle, il atteint indifféremment à la nuit des temps préhistoriques comme à celle qui accompagne cette fin du monde dont il nous dit avoir été un des six témoins. Or, c'est bien entre ces deux nuits, nuits de la terre et du ciel en rumeur, nuits de la naissance et de la dissolution, que s'inscrit "Haute solitude". Prince du rêve, Fargue s'y meut avec cette aisance merveilleuse qui appartient à ceux ayant longuement fréquenté la mort, mort du souvenir, Fargue nous a laissé des pages suffisamment éloquentes pour que nous ne puissions douter de la vérité absolue d'une telle expérience. Visionnaire stupéfait d' "avoir vu d'un coup Dieu dans le monde, comme on s'aperçoit dans une glace à l'autre bout de la chambre", il possédait cette puissance verbale propre à nous entraîner dans cette randonnée préhistorique qui ouvre le livre. Nous y assistons à la formation des mondes, dans une débauche d'images, où le concret se marie à l'abstrait, le grotesque à l'inexprimable, où les mots enfantent des monstres: "Un énorme soleil minimum tremblotait dans un ciel de plomb. Des incendies coulèrent... Des lavasses de sabbat ruisselèrent sur la jeune peau du monde, provoquant des explosions de talc et des geysers de sueurs... Des museaux de roc affleuraient. Les premiers songes de la Terre bruissaient... Des festivals de craie s'organisaient. Et déjà des concerts de coraux célèbraient l'anniversaire du soleil, le tricentenaire du plasma, les jubilés du vent, du vacarme de de la couleur". Sous nos yeux, voici recréée, pour notre enchantement et notre frayeur, la succession des époques géologiques, jusque dans leurs guerres et leurs révolutions.

Mais soudain, un "Monstre bizarre" apparaît: "une sorte de machine plutôt qu'un animal, presque une construction, quelque chose de singulièrement développé et de singulièrement stupide": l'Homme. L'apparition de Vénus Anadyomène, comme une "tremblante merveille" épanouie "au milieu des fanons et des grimaces", n'est pas moins émouvante, ni solennelle. Délaissant ces mondes turbulents et chaotiques- après un "Réveil" en veilleuse, -le poète se prépare à explorer cet autre univers non moins fantastique: ce Paris tant aimé, sans cesse parcouru et arpenté ("Géographie secrète"). De sa chambre, chambre d'hôtel ou lieu d'élection, le voici, déambulant à travers les rues, guetté, poursuivi, accompagné par les fantômes et les visages de ceux qu'il aima ("Marcher", "Paris"). Il dira les attentes dans les gares, les banlieues sous la fumée et la suie, les "nuits blanches" remâchées comme un brin de paille, les cafés et la rumeur de la ville en colère, la rue avec ses commères et ses passants, la vie dans son désordre ("Plaidoyer pour le désordre", "Azarel"). Il dénoncera les maléfices et la présence du diable, ou l' insolite, sous toutes ses formes ("Erythème du Diable", "La mort du fantôme"): derrière le masque tranquille des choses et des êtres, voici surgir la turbulence fiévreuse qui les porte. Pas de route qui ne le conduise inexorablement vers ce haut lieu où souffle l'esprit: la solitude. "Mon destin, dira-t-il sans "Horoscope", c'est l'effort de chaque nuit vers moi-même. C'est le retour au coeur, à pas lents, le long des villes asservies à la bureaucratie du mystère".

Certes, toutes les parties qui composent ce livre, tendent implacablemnt vers ce chapitre central, qui les éclaire d'un jour blafard et où toute l'amertume et la conscience désespérée se sont concentrées, chapitre qui donne son titre au livre lui-même: "Haute solitude". Essentiel pour toute l'oeuvre de Fargue, ce chapitre s'ouvre et se ferme sur le royaume de la nuit, dont il attend, chaque jour le retour inquiétant: "Les seuls instants réchauffants, les seuls prolongements maternels sont les heures de nuit, où, pareil à un mécanicien dans sa chambre de chauffe, je travaille à ma solitude, cherchant à la diriger dans la mer d' insomnie où nous a jetés la longue file des morts... Aujourd'hui que je navigue à mon tour, j'aperçois qu'il faut apprendre à être seul, de même qu'il faut apprendre, comme une langue étrangère, la mort des êtres chers. Ce soir, un grand ressac de squelettes et de rafales humaines secoue l'esquif". Après la "Danse macabre", énorme et retentissante fin du monde, alors que tout semblait fini et chaque chose rendue au néant, voici le dernier chapitre: "Encore..." -ou l'éternelle répétition des gestes quotidiens, la monotonie des jours illuminés de fatigue, couleur de chagrin.

Livre déchirant et amer, révélant une parfaite adéquation du language et de la vision, c'est sans doute l'une des proses poétiques les plus importantes des cinquante dernières années. Fargue a parcouru, sans effort, les grands espaces libres du fantastique moderne; mais, à la différence des surréalistes, s'il reconnaît l'importance du rêve et du subconscient, il a toujours maintenu et proclamé la nécessité d'une règle, d'un ordre vivant et intelligible, en dehors duquel toute oeuvre est vouée à la destruction. "Ecrire, dira-t-il, c'est savoir dérober des secrets qu'il faut encore savoir transformer en diamants" (voir "Sous la lampe"). Créateur d'un langage où le réel s'allie au merveilleux, il aura magnifiquement rempli ce rôle qu'il fixait au poète, dans une de ses "Entretiens" avec Frédéric Lefèvre ("Une heure avec..., 5ème série), et que l'on peut résumer ainsi: poète, il fut parmi nous pour préserver la langage de cette "anémie pernicieuse" qui le menace périodiquement

La moindre destinée est couverte d'étoiles et de torrents

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Les Essais d'esthétique de Benedetto Croce

La question d'une définition de l' art est sous-jacente à toutes les thèses de l'auteur, qui commence par s'interroger dans ces essais sur ce que l' art n'est pas: il n'est pas la philosophie, parce que la philosophie est une réflexion logique, alors que l' art est irréfléchi. L' art n'est pas l'histoire, laquelle repose sur des catégories critiques, alors que l'art ne vit que de pures images. L' art n'est pas la science, même si l'on constate une force constructrice et unificatrice dans l'esprit poétique. Il n'est pas un simple jeu de l' imagination, mais la préoccupation sérieuse de faire d'un vague sentiment une intuition claire. L' art n'est pas non plus le sentiment immédiat, mais sa contemplation. Enfin, l' art ne saurait être utilisé à des fins morales. Pour Croce, l' art est donc avant tout intuition lyrique pure. L' intuition est l'essence du fait esthétique. Il n'y a pas cependant d'a priori esthétique "en soi", mais plutôt quelque chose d'immanent aux oeuvres singulières.

Le discours sur l' art par excellence est l' esthétique: elle réorganise sans cesse l'univers des oeuvres. L' esthétique est plus qu'apparentée à la philosophie, elle est "toute la philosophie", par-delà le fait qu'elle traite de l' art. Ainsi, l'on ne peut séparer histoire de la philosophie et histoire de l' esthétique, de même qu'une esthétique non philosophique est impossible. L'auteur réaffirme, à la suite de Baumgarten -inventeur du terme d' "esthétique"-, le rôle principal de cette discipline: combler l'espace entre les perceptions confuses du vécu et les intuitions claires dont les oeuvres sont l'achèvement. Croce est aussi d'avis que l' art est fondamentalement Un, et que toute classification ou division est technique, ce qui entraîne une confusion entre art et technique; celle-ci n'est qu'une action pratique pour la conservation et la communication des oeuvres.

La perspective de l'auteur est idéaliste, mais pas intellectuelle, dans la mesure où est affirmée l'immanence de l'esprit à l' art. Ces textes s'opposent à la métaphysique et au positivisme. L'influence de l'auteur, quant aux idées et à la méthode, n'a pas fait l'unanimité; mais elle reste considérable sur l'ensemble de la culture italienne.

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administrateur théâtres

L’HÉRITAGE DES BEULEMANS

Le décor est pauvre et moche, chaises tubulaires anachroniques, murs moutarde ou blondasse, affiches Beulemans, photo d’ancêtre et scène breughélienne, rien du goût du jour. En cinquante ans par contre, l’Europe a fait du chemin, hymne à la joie vers le toujours plus propre, plus efficace, plus rentable, la machine a gommé les particularismes, les microbes à fromage et à bières vivantes, les pieds de vignes arrachés contre subsides, on est dans l’ère de la pasteurisation, rationalisation et uniformisation. Le meilleur des mondes.

… Fausse note, la future héritière de l’empire Beulemans-Meulemeester , Colette Sodoyez raccroche avec efforts, accent, intonation bruxelloise et belgicismes à deux balles quand elle est en famille, tandis qu’elle essaie de recommencer cahin-caha une vie sentimentale goût du jour, avec un Français très verbeux, à la langue doublement compliquée puisqu’il y ajouté …le jargon européen. C’est l’excellent Michel Hinderyckx qui tient le rôle, du plus pur comique. Retour à la case départ : y aura-t-il un second mariage de Mademoiselle Beulemans ?

Mais rien à voir avec l’histoire d’il y a cent ans, la langue, comme la bière ont été aseptisés. C’est que la verve de Raymond Pradel a heureusement trouvé une nouvelle cible : jeu d’escrime ou de fronde délirant contre tous les défauts de l’Europe et sa bureaucratie dévorante. Les Français roucouleraient de plaisir! La salle se gondole de rire, larmes aux coins des yeux.

Et c’est le bonheur total à écouter la caricature de l’esprit bruxellois sur scène. Michèle Robson, reine du jeu et de la vraisemblance sans le moindre semblant, ne démord pas de son appartenance, de son particularisme ou de sa mauvaise foi. A cela ajoutez le port royal de la chef d’entreprise, son assurance à toute épreuve et pieds sur terre comme on ne peut pas! Elle est grandiose ! Chatoiement de postures, la gestuelle est bien de chez nous et vraiment plaisante : le comptable Lauwers (avec un W) est irrésistible. Le grand-père mâle et malicieux, léger et drôle reprend les rennes, juste quand il faut. Les prénoms –Fernand ! – exclamations et interjections savoureuses, le vocabulaire senti, le mépris dans certains mots comme snul, soukeleir, labekkak, vagabond et autres vocables pittoresques… nous font rebondir au temps de nos grand-mères, ces années cinquante huit au moche décor, où Bruxelles brusselait partout, même à l’école primaire, et pas qu’aux Marolles…. Jubilatoire. Qu’il est « gai » ce spectacle du temps des lectures du Gai laboureur… « J’èèèèèème, …ce spectacle ! »

Jusqu'au jeudi 30 septembre 2010

Centre culturel des Riches-Claires Rue des Riches-Claires, 24 1000 Bruxelles

http://www.lesrichesclaires.be/reservation2.cfm?event_id=86

Avec MICHEL HINDERYCKX, MICHÈLE ROBSON, NOËL BAYE, COLETTE SODOYEZ. ET JACQUES VAN DEN BIGGELAAR

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administrateur théâtres

Pièce Montée (théâtre Argan 42)

croquer la figurine de "La Pièce Montée" De Pierre Palmade

On est allé revoir LAURE GODISIABOIS pour son style. Joli divertissement ! Immense pouvoir comique de « cette vraie actrice » seule en scène, sont les mots susurrés à gauche et à droite que l’on peut entendre à la sortie du spectacle. Le jeu est incessant, à peine moins turbulent que celui d’une jeune chatte enfermée dans une cuisine. Les intonations et la voix sont au bord de l’étrange, sorcière morte de solitude, ou Bobo du XVI è ? Tour à tour pétillante ou frissonnante et inquiète elle se joue du temps qui passe. Duel serré. Heureusement qu’il y a le tiers : dès le début s’installe une absolue connivence avec public puisqu’il est là, lui, alors qu’amis et famille se font désespérément attendre, cela nous mène au bord de l’attendrissement. Pathétique, sa chanson d’accueil, une ode à l’amitié, si dérisoire ! On sortirait bien de son fauteuil pour aller la consoler !

Pièce montée. Comment passer le temps ? Meubler le silence implacable de la rue sans voitures, parler au voisin et son chien par la fenêtre, raconter et vivre un cauchemar, dévoiler avec ironie incisive les inimitiés profondes des pièces rapportées, tout un montage ! S’affairer sans cesse pour les détails domestiques. Elle marche sur le fil poétique: voici un savoureux coup de téléphone où elle n’est pas toute blanche, et où elle épèle son nom un peu comme dans le fameux sketch du Télégramme. « Je m’appelle Françoise Lumière : C’est comme PUMA, mais avec un -L- et à la place du A à la fin : i-è-r-e……» Hier ou Demain ? Consulter les horoscopes, chanter et danser des souvenirs heureux tant qu’on y est, puisqu'on attend!

Broder avec verve et humour quelqu'accent anglais. S’adressant à son seul partenaire, le public : « You’re welcome !» dit-elle avec un clin d’œil irrésistible elle fait de son angoisse une somptueuse dentelle inutile et belle.

La table de style dit tout son cœur débordant d’amour et de brocarts rêvés, l’installation dinatoire pour pages de maisons de charme dit sa solitude profonde. Doux-amer parfait. Loufoque sérieux. Espièglerie et tristesse. D’un bout à l’autre : du vrai talent, à croquer!

Spectacle de clôture du festival d'été de Bruxellons

http://www.argan42.be/fr/piecemontee.html

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administrateur théâtres

…« Je suis née en Algérie de père vietnamien et de mère belge. Quand mes parents se sont séparés, nous sommes venus vivre à Mons avec ma grand-mère maternelle qui développait un racisme totalitaire. Nous représentions le “péril jaune”. Pour elle, éduquer un enfant consistait à l'empêcher de rire, de jouer, d'avoir des secrets. L'adulte avait le pouvoir absolu », raconte la comédienne toute menue.

Devant l’immense mur de briques du théâtre surgit une véritable enchanteresse, légère comme une plume en robe ethnique noire, épaules et pieds nus, cheveux tirés comme une ballerine. Une phrase soudaine détonne dans son cœur fou de vivre. Une phrase innocente de la femme-oiseau, une voisine maghrébine, chaleureuse mère de famille nombreuse chez qui elle se réfugie de temps en temps. Une permission de vivre et d’ouvrir les yeux : « Il faut de tout pour grandir » dit-elle à la petite fille comme la bonne fée… « Pourquoi as-tu besoin de la musique de l’oiseau en cage au bord de la fenêtre?» demande-t-elle, elle qui d’habitude muselée, n’ose que de rares pourquoi. « Pour retrouver mes ailes » répond la voisine sibylline. Son professeur de piano lui disait : « Ecoute le chant, raconte l’histoire, même dans une gamme… ». Mais elle a dû apprendre à rire en silence. Et à fuir sur la pointe des pieds.

Vy en vietnamien veut dire « tout petit », c’est le nom de sa poupée de bois, son doudou, qui raconte ses déboires avec humour et douceur et s’échappe par le verbe gracieux et tendre par-dessus les murs de silence hostile. C’est cette poupée qui a pleuré silencieusement quand la grand-mère a coupé sauvagement les magnifiques cheveux de sa sœur. « J’ai cru que j’allais vomir ! » nous confie-telle, pour l’atteinte symbolique à l’intégrité de sa sœur, en attendant son tour. Touches par touches l’enfance et l’adolescence se disent sur les pages blanches du cahier d’écolière cent mille fois visitées par l’ancêtre curieuse et méchante, comme dans les contes de fée. La poésie, la grâce vont faire d’elle une artiste de gestes et de mots. C’est le conte de fée. Au fond d’elle il y a cette détermination de vie de la mauvaise herbe, « de cochon jaune », oserait persifler la marâtre … et une jeune fille amoureuse de la danse, de la musique et des mots en train d’éclore et de briser sa coquille.

Parfois, dans son lit elle s’écrie en silence « Dis-moi papa je ne sais plus me servir de mes ailes, je ne sais plus où est le ciel». Yen l’hirondelle est au bord du désespoir. Mais quand elle a vu Ismaël, un ange aux yeux si brillants, amoureux des oiseaux, elle a senti « ce battement d’ailes de ce frémissement du ciel ». Au comble du malheur elle dit avec une douceur de papier de soie « la vie est un rêve, je vais me réveiller ou mourir ! » … Et jamais elle n’accusera, pas d’amertume, car elle a découvert la Vie en elle, devenue comédienne … et facteur. Et quoi de plus beau : la Vie ! Les Lettres ! Avec amour, sur la croix noire de sa grand-mère elle grave avec le crayon doré de ses plus beaux poèmes un message de paix:

« Elance ton âme vers le ciel … Vis ! »

« Vy » de et par Michèle Nguyen, Atelier Théâtre de la Vie, 45 rue Traversière, 1210 Bruxelles

http://www.theatredelavie.be/

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administrateur théâtres

Toute l'ambassade grecque était présente et la salle du Théâtre des Martyrs, comble !

« LES GRECS », épopée en deux parties d’après Homère, Eschyle, Sophocle et Euripide

Fabuleux exploit : le tragique ancien nous revient. Le Théâtre en Liberté se lance à l’assaut des grands mythes méditerranéens qui ont mis en place notre pensée il y a 2500 ans. L’entreprise est osée mais très réussie et dans la tradition grecque du questionnement on ne cesse de se demander : que font les dieux, qui sont-ils ? Nos actions ne sont-elles les reflets de leurs décisions, Le destin est- il tout puissant détermine-t-il nos heurs et malheurs ? Sont-ils dignes de notre respect ? Nos choix sont-ils libres ? Les choix masculins ne penchent-ils pas inévitablement vers le pouvoir et le pouvoir absolu qui tue tout sur son passage ? Quelle est cette soi-disant Nécessité qui fait froid dans le dos, justifie et entraine la folie des hommes et le carnage ? A bout de souffle dans une scène émouvante, Clytemnestre conjure Agamemnon de « ChaN-GeR » ! De ne pas faire les choix « de l’intérêt de l’état » mais de choisir la vie…. Toutes ces questions valent la peine de se poser au bord de la route et de réexaminer nos motifs profonds et notre loi morale, pour nos libérer des démons de la cupidité de l’orgueil et du pouvoir…. « Nous sommes tous esclaves… »

La pièce est faite d’une mosaïque d’éléments qui réactualisent ces questions de cette culture grecque éternelle, avec justesse, finesse et force. Le temps, tout puissant, a consacré les douleurs humaines et en a fait matière de réflexion et d’apprentissage. Qui pourrait sciemment continuer à Choisir Aphrodite plutôt qu‘Athéna ? La pièce s’ouvre sur le chaos aquatique promis par l’imposant Poséidon puis se mue en bord de plage où les prisonnières de la guerre de Troie attendent avec angoisse l’ esclavage….Le rapprochement avec les camps de sinistrés ou de réfugiés modernes …est saisissant et la misère humaine à fleur de lèvres, les costumes et les écuelles sont les mêmes. Hécube, la femme de Priam et ses filles, et la prêtresse Cassandre montrent leur courage dans la défaite et l’émotion est forte. Le Grec victorieux a commis le péché d’Hubris en saccageant les temples troyens, et la Victime en appellera à la justice divine…. Puis il y a cette brisure incongrue du temps et de l’espace, nous sommes à Argos, dix ans plus tôt. Le duo désespéré de Clytemnestre et Agamemnon au moment du choix fatidique du sacrifice d’Iphigénie. Meurtre fondateur d’une Grèce unie et puissante qui abattra l’illustre civilisation troyenne trop prospère. Une scène presque insupportable à nos yeux modernes, c’est que les choses ont peut-être changé et… la preuve que les choses peuvent changer. Cependant que le chœur, les petites gens d’Argos, vêtus d’habits noirs du dimanche argumentent… et que Clytemnestre, forcée au meurtre va accomplir son funeste dessein….La mise en scène, le jeu des acteurs et la vérité éclatent à chaque réplique qui vient du fond des temps et s’articule en toute actualité dans notre réalité. Bravo. Nous attendons la deuxième partie du spectacle avec impatience.

http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/grande-salle/piece1.html

Première partie :

La Guerre - Les Femmes Du 15 au 25/09/2010

Deuxième partie :

Les Crimes - Les Dieux Du 28/09 au 09/10/2010

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Gog


Il s’agit d’un roman de Giovanni Papini publié en 1931. Gog, le personnage central du livre, est un monstre, et, par là, "il reflète, en les exagérant, certaines tendances modernes." Instructif et révélateur, son discours passe du paradoxe à la vulgarité, de l'exagération à la méditation. "Mais dans ce demi-sauvage cynique, sadique, maniaque, hyperbolique, écrit l'auteur, j'ai vu une sorte de symbole de la civilisation cosmopolite, fausse et bestiale -selon moi- et je l'exhibe à mes lecteurs d'aujourd'hui, dans la même intention qui animait les Spartiates montrant à leur fils un ilote abominablement ivre."

Ce livre est censé avoir été composé par l'auteur avec les pages que Gog, rencontré dans un asile, lui aurait remises, mais le ton de l'essayste l'emporte sur celui du romancier: les personnages demeurent statiques, l'action, tout à fait secondaire, n'est qu'un prétexte à des considérations sur les hommes.

Avec ce livre, Papini revient en fait à son thème préféré: la critique de son siècle et de toutes les formes de la décadence. L'auteur critique aussi bien les artistes -des poètes à Picasso- les hommes politiques, les foules, que les vedettes, les nouvelles idoles et toutes les creuses divinités d'un jour. "Gog" est aussi un réquisitoire, une satire impitoyable, comme par exemple les chapitres "le miracle à domicile", "le cannibale repenti", le trust des fantômes", "l' égolâtrie", "l' assurance contre la peur", "l'industrie de la poésie", où Gog, milliardaire ennuyé, décide d' industrialiser la production poétique. Pas de capitaux, une petite typographie, deux dactylos et deux ouvriers; en plus cinq poètes, de différentes provenances, engagés pour "pondre" et diriger l'exploitation. Le poète français, un ex-dadaïste, propose et lit à Gog une poésie polyglotte de sa composition: "Gesang of perduto amour". Le deuxième, un Allemand, prétend que la poésie doit tendre à la concentration et se servir de paroles magiques. Il présente le résultat de trente années de travail: son poème, initialement de cinquante mille six cents vers, a été réduit à un seul mot: "Entbindung" qui possède une infinité de sens, résumant la destinée humaine. Le troisième, un Urugayen, écrit ses poèmes en fabriquant des vers avec des mots n'ayant aucun rapport logique entre eux. La quatrième, un émigré russe, arrive avec son recueil et prétend que la poésie naît d'une collaboration entre l'auteur, qui suggère, et le lecteur, qui intègre. Aussi se borne-t-il à écrire des titres de poèmes dont le premier est "Sieste du rossignol abandonné". Après quoi, Gog refuse de voir le cinquième poète et abandonne son idée.

Il ne faut d'ailleurs pas croire que la satire soit purement négative; voici ce que Papini pense de la poésie et de ses rapports avec notre temps: "On ne fait pas de poésie sans une foi solide. Et l'homme, désormais, ne croit qu'en lui-même -mesure et loi de toutes choses... L'homme après avoir fui Dieu, se fuit lui-même; il s'enfuit désespéré, se servant des machines qui lui donnent l'illusion d'annuler le temps et l' espace; il s'enfuit dans l'abîme de la pensée pure qui lui donne l' illusion d'annuler le monde pratique et vivable; il s'enfuit dans les hallucinations qu'il provoque; celles-ci lui cachent pour quelques instants, sa sordide indigence. Et le fuyard sait hurler, mais il ne chante pas."

L'ouvrage "Le livre noir" (1951) est la suite de "Gog", mais cette série de brèves et souvent brillantes esquisses, offre moins de mordant même si elle a plus d'humour. M. Gog, milliardaire, a continué de voyager à travers le monde, après comme avant la dernière guerre. Il a interviewé des hommes aussi divers que Molotov, Garcia Lorca, Dali, Valéry, Hitler, Huxley. Gog est-il fatigué de voyager? Il ouvre sa collection d' autographes et nous livre des divertissants pastiches d'auteurs qui vont de Gervaise à Kafka, en passant par Stendhal, Browning, Léopardi, William Blake. Et il s'ensuit une série de tableaux statiques, où Papini ne se contente pas de se moquer de son temps, mais, interrogeant les pouvoirs de la culture et de l'exercice de la pensée, retourne son humour contre lui-même. C'est ainsi que dans "Conversations avec Paul Valéry", Papini fait dire au poète: "Tout homme qui sort du commun découvre que la plus haute opération possible est celle de la pensée désintéressée, qui ne s'abaisse pas à servir aux dogmes de l' Etat, ou à consoler les failles des terreurs. Mais la pensée pure est un microscope qui brûle et consume ce qu'il devrait nous faire voir. A force d'analyses, d'approfondissements, de critique, et de décomposition, la pensée la plus indépendante et la plus courageuse se ronge, se mine elle-même, s'aperçoit de sa propre fragilité et inutilité, dissout et détruit l'objet qu'elle se propose. Toute pensée qui ne connaît pas la peur finit toujours par se suicider. La seule activité qui vaille la peine d'être cultivée conduit donc au désespoir et au néant."

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administrateur théâtres

La nuit de l'audience (théâtre Royal du Parc)

La nuit de L’audience

De Jean-Claude Idée & Jean des Cars

Année 1900. On s’attend à un piano à queue caché sous le drap, et on découvre un empilement de chaises dorées au milieu d’une pièce fastueuse et vide ! Empilement de barreaux dorés , car la pièce qui se joue est une prison. Des colonnes grises comme la pluie belge rendent l’endroit encore plus sinistre. Loin des palmeraies du Mexique… Au pied du balcon, les douves glacées du château de Bouchout, sont nettement plus carcérales que les jardins français du château de Tervuren qui vient de brûler ! Charlotte, impératrice du Mexique y est enfermée avec sa folie ou non, soumise à la volonté de son frère Léopold II qui l’a dépouillée de ses biens, de ses droits de son identité et même de sa filiation. Avec sa dot il a acheté le Congo et la sœur se meurt, par raison d’état, pour raison de folie. Qui eût cru que de si sombres desseins puissent se tramer au nez et à la barbe de l’Europe entière ? Camille Claudel revisitée. La visite : l’autre femme, Agnès de Salm-Salm, femme d’extérieur, aventurière hors du commun, n’ayant peur de rien, entreprenante, guerrière même, qui s’est « battue contre la guerre », belle, par ce que c’est Brigitte Fossey, vient la délivrer et peut-être l’aider à fuir. Armée, elle a balayé les geôliers, le docteur et sa seringue calmante et la gouvernante allemande.

Les deux femmes qui ne se connaissaient que sur dossier détaillé se rencontrent enfin, se mesurent, se jaugent, se scrutent, s’auditionnent, s’esquivent, et tombent dans la connivence des secrets partagés. Le duo de femmes devient alors musique de cœur, un peu de tequila - Mexique oblige. Agnès a quitté son chapeau de voyage et la coiffe de folle de Charlotte tombe après avoir revêtu sa dérisoire couronne. Elles sont devenues « sœurs d’orgueil !». Emergeant par dessus la camisole de forcenée, le cheveu vivant, brouillon, blanc et court apparaît, une vie volée renait. La vérité aussi…. se dévoile, petit à petit. Carlotta est femme victime, Agnès est femme protectrice. La condition de la femme ? Comment s’advenir ? Comment refaire surface dans la réalité après 25 ans d’internement ? « Vous avez peur de la réalité ! … C’est que j’en ai perdu l’habitude ! » Comment s’extirper de la machination machiste, des serres de l’avidité qui méprise superbement la vie ? Léopold a enterré sa sœur vivante. La pièce réhabilite sa mémoire, fait revivre un pan de l’histoire belge très peu glorieuse et soigneusement dissimulée dans nos cours d’histoire.

Le seul refuge pour Carlotta sera dans les chimères du monde intérieur, la magie de la folie, feinte ou non, loin de la « volupté des fonctions végétatives ! ».

Expression du talent féminin : Ce duo de femmes, Brigitte Fossey et Frédérique Tirmont, totalement opposées tant par la voix que le langage corporel, les postures et la photogénie jouent chacune dans leurs registre, superbement. « Le jour où je cesserai d’être neuve je serai morte ! » Maîtrise totale et nuancée de l’élocution et de la théâtralité…Jeu comparable à une orchestration de musique faite de contrebasse et violoncelle…Emouvant et beau.

http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2010_2011_001 Mise en scène: Patrice KERBRAT.
Décor: Edouard LAUG. avec: Brigitte Fossey (Agnès) Frédérique Tirmont (Charlotte) Nathalie Stas (La suivante) Olivier Cuvellier (le médecin)

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Gaston Godfrin, poète oublié


Il était vital pour moi de ramener à la lumière du présent ce poète belge, originaire de Neer-Heylissem.
Il publia son premier recueil en 1950. Le dernier, il ne le vit pas paraître. Sa femme, Vony, son épouse de toute éternité veillera à le faire éditer. Son titre: 'L'heure équilibre' paru aux éditions ' LA DRYADE'.

Voici quelques extraits de cette 'HEURE ÉQUILIBRE':

Au fort du rêve

Ourle ton âme
D'orages verts,
Recouds de flammes
Le cœur ouvert
Qui, sous le marbre,
Corne l'oubli.
Crois en ton arbre
Malgré Midi
Brûlant les feuilles.
Au fort du rêve,
Que tu le veuilles
Ou non, se lève


La folie d'être


Gaston Godfrin


L'heure équilibre


Peut-être, oserai-je mourir
Un rêve fou entre les dents,
Comme un faucon dans l'air ardent
Et que Midi vient éblouir.

Je grifferais la peau du ciel
D'un grand coup de songe affûté
Au diamant de mes étés
Quand giclent les roses de sel.

Mes dieux à peine éteints fuiraient
Sur d'asiatiques cavales;
Je volerais à ras d'étoiles,
Piqué d'orages et de forêts.

Sevré de l'arbre aux apparences
Comme l'écho de son métal,
Je peuplerais mon champ spectral
Des photons d'or de mon enfance.

Je planerais longtemps ainsi
A voir naître l'heure équilibre
Où sur le corps, l'âme éclôt, libre,
Et le calcine au flanc d'un cri.


Gaston Godfrin


Le transétoiles


Je prendrai le transétoiles
A la tombée des regrets
Dans la gare provinciale
Qui ne compte plus d'arrêt.
Par un beau clair de coeur
Comme il en fait quand on prie,
Les volets verts du bonheur
Redescendront sur ma vie.
Dans mes valises, l'amour,
Torturé comme les rues
A la queue des vieux faubourgs,
Se souviendra de la nue
Où il faisait bon rêver
Entre une lune bien rousse
Et un brin de vent bleuté.
Sans sous, je paierai ma course
Avec l'air grue du voisin
Qui n'a jamais rien compris
A l'horaire de mes trains.
Le quai désert, mes amis,
Attablés à mon passé,
Mâcheront un pain d'épeautre,
Se boiront morts pour chasser
Le vide qui remplit l'autre.
Je brûlerai les signaux
Où tout songe est un flambeau
Des nuits ferrées de folie
D'où fusent nos autres vies.
La Terre me croisera
Qui fut l'arc de mes poèmes;
Brillant de mille carats
Y dansera ma bohème.
Comme un pays de moineaux
Peuplé de vertes prières,
A Dieu tirant ses rideaux
Je tendrai ma foi première.
Je prendrai le transétoiles
A la tombée des regrets
Dans la gare provinciale
Qui ne compte plus d'arrêt.

Gaston Godfrin


Oubli

Comme une armée de pas longtemps en marche
Comme dans les branches du poème
Les mots assassinés
Comme on descend ses Champs-Elysées
Dans une coque de bois mort.

Oubli

Retourner soi-même
A la vague première
Comme la première mer.

Oubli

Chance de n'être
Qu'une rumeur à naître
Dans le silence fruité
D'un grand songe d'été.




....A Gaston Godfrin mon grand-oncle
....mon maître
....celui que je n'oublierai jamais.



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administrateur théâtres

Histoires Comme ça ( au théâtre des Martyrs)

Un gâteau, dans un gâteau, dans un gâteau...

Comment le Rhinocéros acquit sa peau,

Comment le Léopard acquit ses taches,

Comment la Baleine acquit son gosier,

L'Enfant Éléphant,

La rengaine du père Kangourou,

Comment naquit la première lettre,

Drôle et poétique, ce spectacle réveille les histoires comme ça de Kipling. Nostalgique aussi, car Best Beloved , sa fille Joséphine, est morte de pleurésie à huit ans…

Elle n’a plus de regard pour s’émouvoir des couleurs, la lumière lui a été ravie… mais elle entend toujours la voix du cœur paternel qui bat pour elle. Son père lui parle inlassablement, à peine s’il fait face au public… Il brandit un atlas pour témoigner de la véracité des histoires à prendre au sérieux. Tout ça s’est passé quelque part, dans des temps lointains, une réalité contée, pour taire l’immensité du chagrin. Fataliste mais tendre, comique à dessein, il commente les vraies estampes de l'écrivain projetées sur les cartons, et, à force de détails répétés, il ponctue les histoires si vivantes avec des accents d’incantation: ...Best beloved !

La scène est jonchée de caisses de déménagement, il est entre deux. La voix sauve, qu’importent le décor ou la réalité. « Un jour, les hommes appelleront ça l’écriture… »

Elle n’est plus, il est Orphée et ressuscite les mots avec attendrissement, pour la faire rire et la surprendre encore, recréant l’amour….un monologue sans fin. Langue loufoque par moments, mime théâtral passionné, les silences aussi sont éloquents. Chemin faisant, un mystérieux gâteau se prépare, voici des miettes de bonheur pour la petite fille. Là-bas, à gauche sur la scène derrière le rideau, qu’y a t- il ? On imagine, sans doute un gouffre béant et vide vers où se tourne inlassablement le visage du père illuminé du sourire de la tendresse pour l'absente…

Pour qui est le gâteau ? Et voici des broderies musicales enthousiastes sur piano à queue Hanley… qui scandent joyeusement la vigueur des histoires et la blancheur des falaises d’Albion. Quelques chansons anglaises farcies d’humour. La salle acquiesce, rit et murmure, l’émotion est palpable. Comme un refrain toujours renouvelé de la dernière histoire, voici le crescendo : les variations de Mozart sur « Ah vous dirais-je maman» et en point d’orgue, l’adagio. Que d’amour dans cette musique qui, plus que les mots encore, enlace et découvre l’invisible…

Nous avons reçu en plein cœur cette interprétation très fine du comédien et artiste Bernard Cogniaux, on a redécouvert des histoires très touchantes….

Un gâteau, dans un gâteau, dans un gâteau…

http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/atelier/piece1.html

…Très originale, la mise en scène signée Marie-Paule Kumps

Du 21/09 au 30/10/2009

Dim : 26.09 et 03.10

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administrateur théâtres

Il est où l'incendie?

L’INCENDIE DE LA VILLE DE FLORENCE

Texte de : OLIVIER COYETTE

Joué avec brio au THÉÂTRE DE LA BALSAMINE

21/09/2010 >> 02/10/2010

avenue Félix Marchal - 1030 Bruxelles – Belgique Site Web : http://www.balsamine.be

Le public est sous le livre qui égrène les images de merveilles humaines, époques et horizons confondus. Brouhaha étourdissant, tant il y en a. Quand la page blanche se meut, la page est pliée en deux, au creux du pli, quatre femmes, de chair, de cheveux, de rires, d’humeurs et de voix surgissent et s’élancent au plus près du public, comme la voile dans le vent. Qui souffle ? Pour aller loin, au près serré, à travers les déferlantes…. Nouvelles Euménides ? Leur chaleur caresse le premier rang, facettes dévoilées, elles Vivent. Leurs voix émeuvent, leurs gestes captivent, parlent les yeux… Ecoutez-les respirer, faites de même, voyez battre leur col plein de vie, vous sentirez la vie déferler. C’est ce qu’elles font tout au long du spectacle, une ode à la vie.

Quatre voix de femmes qui ne font qu’une, qu’un chant réveillant la torpeur moderne. A la bouche un poème d’élan juvénile, de ravages, d’existence. J’aime donc j’existe… Elles racontent, en faisant tout autre chose - qu’on se gardera bien de vous dire, pour ménager l’effet de surprise. Ne sont-elles pas toutes multi-tâches… ? Elles racontent, en feuilletant une encyclopédie. Mais sous ce réel récité, il y a l’à venir qui va éclore des bouches vivantes…

Le poème a été écrit pour elles, par elles ? Par un homme qui veut percer leur mystère, les connaître enfin, les dévoiler, qui a lâché ses balises pour traverser l’océan. Il y a tant de culture, de tissu complexe fabriqué par l’humanité, tant à découvrir, à apprendre, à faire connaître. Où est l’essentiel ? Wikipedia s’en mêle… recherche: la ville de Florence est passée au peigne fin…. L’histoire, l’actualité, peintures d’une époque, d’une réalité ? L’art, peinture d’une réalité plus haute ? Jamais vue ?

Voici une pièce de théâtre audacieuse et innovante… Las, voici l’avenir, une page blanche, lieu de tous les possibles, angoisses gommées, tant la vie peut être présente et vive, si on le veut. Que sommes-nous maintenant, une cacophonie ? Alors que tout se joue à l’intérieur. Et qu’il faut oser dire, atteindre le vrai et le senti, faire péter les nœuds, se mettre en colère, pleurer et trouver et pincer cette corde ou cela vibre et où cela vit… la femme ose, la vie déferle. Nous ne sommes pas des cellules virtuelles ou mortes…

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LA PREMIERE GRAVURE DE PAUL DELVAUX

1962, j’avais 21 ans et je suivais les cours de gravure et illustration du livre dans l’atelier de Joris Minne à la Cambre.

Paul Delvaux etait professeur de peinture dans la même école.

Un jour que je m’affairais à imprimer une gravure sur la grosse presse de l’atelier, je vois entrer Delvaux qui regarde avec intérêt la manoeuvre.

Il me dit ensuite que n’ayant jamais fait de gravure, il aimerait s’y essayer.

Je descends à l’atelier des métaux, découpe et poli une plaque de zinc que je recouvre ensuite de vernis. J’explique à Delvaux comment griffer le vernis pour obtenir un dessin.


Quelques jours plus tard il m’apportait son travail.

Avant d’obtenir une impression parfaite, j’e fis quelques essais sur divers supports.


Or j’étais à l’époque fiancée à un ancien élève de la Cambre qui faisait son service militaire en Allemagne. Je lui écrivais tous les jours et j’avais l’habitude, que j’ai gardée tout au long de ma vie, d’orner les enveloppes avec des dessins.

Cette fois là c’est une gravure de Delvaux qui a décoré l’enveloppe.


Bien des années plus tard cette lettre a été retrouvée.

L’mpression est mauvaise mais c’est la première gravure de Delvaux, le cachet de la poste faisant foi et c’est pour moi un joli souvenir que je garde précieusement.

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C’est en 1870 que Verlaine publie « La bonne chanson », recueuil de poésies lyriques. Ces poèmes, qui lui furent inspirés par ses fiançailles avec Mathilde Mauté de Fleurville, expriment la joie et la tendresse du poète pour la créature qui est sur le point d'entrer dans sa vie: du même coup, l'auteur redécouvre, dans toute sa pureté, le charme de la création. En célébrant la beauté de sa fiancée, la beauté de son sourire et de ses baisers ("La lune blanche"), l'artiste exprime en un frisson délicat, l'amour attentif qu'il porte à tous les petits événements de la vie quotidienne ("La dure épreuve va finir"). La figure de la femme aimée illumine toute son existence et l'incite à contempler les souffrances des humbles: grâce à elle, le poète atteindra à la paix tant désirée ("Le bruit des cabarets"). Son inspiration est liée à son mariage imminent, si bien que ce recueil a quelque chose d'heureux et de facile: toute émotion se résout en une musique légère et sentimentale. A côté de ces effusions lyriques, on peut noter d'aimables poèmes descriptifs, certaines observations spontanées et fraîches qui rappellent la première manière de l'auteur, alors qu'il était encore fidèle aux principes de l'école parnassienne. A ce recueil, comprenant à l'origine vingt-et-un poèmes sans titre, il faut ajouter trois "Vieilles bonnes chansons" de 1869-1870, comprises d'abord dans les "Confessions" de 1895, et la dédicace à la femme aimée, qui ne fut pas imprimée alors, mais parut dans une revue en 1897, puis en 1913 parmi les "Oeuvres posthumes": dans ces petites poésies, Verlaine affirme de nouveau son idéal d'une vie qui, dans sa simplicité familière, serait entièrement consacrée à l'affection d'une âme qui en serait digne.

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administrateur théâtres

Michaël P i a n g e r e l l i…dit « le P i e n g »

Attention, ils sont presque connus, ils viennent de gagner à l'Alhambra de Paris la finale 2010 de Zickmeup, le portail accélérateur de talents ! Ils sont tombés sur la scène de la Samaritaine pour ouvrir la nouvelle saison avec la joie des saltimbanques et nous offrir un magnifique bouquet de chansons françaises décapantes, nostalgiques ou rebelles. . . « Et Dieu créa le saltimbanque et vit que ce fut le bordel, mais le plus beau bordel qui soit… »

Cela démarre souvent en douceur, puis les décibels s’emportent, mais qu’importe ! Le talent est là, nerveux, fougueux plein de feu. Le jazz est là, l’artiste touche à peine terre au milieu de ses acrobatiques pas de charleston, sur guitares aux accents manouche! Cela sautille de toutes parts. Cela pétille dans les cœurs. Fascinant ! Et l’orchestre enchaîne, impassible comme une rivière de rythmes.« Fais-moi confiance, c'est pour toi que mon cœur danse... »

Tout charisme et chaleur humaine, Michaël Piangerelli, dit le Pieng, dialogue joyeusement avec le public qui exulte, ravi d’être convié au jeu de la fête… Les textes ont du fond, de la poésie, de l’humour, de la dérision, de la musicalité. De jolis titres de chansons : Ma gitane, Je cherche ce mot, Il y a des nuits, Pieuse brebis, … Son employeur : Le monde, son école : les ghettos de Mouscron paraît-il! Ses muses, toutes les femmes, et la sincérité comme étendard. Sa présence en scène vous coupe le souffle et arrache des larmes de rire. « Piangere » en italien. Sa troupe l’entoure de bonheur, de chœurs et vibre sous sa magie. Le public est saturé de plaisir, mordu par le diable, enivré de vie. Vivent les bateleurs!

Chant: Michaël Piangerelli
Guitare, choeurs:
David Caporaso
Guitare, choeurs:
Paul Guernier
Basse:
Dimitri Evers
Batterie:
Benoît Derycke

http://www.lasamaritaine.be/informationsprat/index.html

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administrateur théâtres

L'art musical et l'esthétique des jardins à Beloeil


C’est l’heure où les oiseaux se taisent - pas de perruches bruyantes à Beloeil - c’est l’heure bleue de l’empire des lumières de Magritte… Cette fois, pas de maison, mais tout un château princier aux couleurs changeantes, tout au bout du canal qui mène jusqu’à la fontaine de Neptune. La féerie du soir est partout dans le parc, même le bruissement des feuilles se fige; les théâtres de verdure accueillent une foule silencieuse qui glisse respectueusement entre les morceaux de musique. On s’attarde - arrêt sur musique - les arbres majestueux écoutent, et le cloître de charmes résonne des scènes de chasse de Mozart. Fusant derrière les fourrés des applaudissements nous guident vers la scène suivante….. La voûte céleste et la lune pour accueillir les notes et les émotions.

La nuit musicale de Beloeil n’attire pas que les amoureux de la musique classique, c’est une très belle façon d’initier les timides et les frileux, la merveille du cadre et de l’organisation parfaite de cette nuit musicale aura semé ce nouveau plaisir au cœur des plus récalcitrants. C’est aussi une fête populaire : on pique-nique sur la pelouse à côté de la musique avec nappe à carreaux et vin italien ou avec des huîtres et du champagne sur de hautes tables de cocktail.

Sur notre parcours semé de milliers de bougies posées au sol, les arbres se sont travestis de lumières vertes et dorées. Arrêtons-nous à Neptune. Voici le kiosque qui accueille des extraits de « La création » de Haydn. Velours des voix, bruissement du chœur de Clerlande, concert d’instruments qui jouent aux oiseaux du ciel, au tonnerre, à la lumière et aux anges. C’est magnifique. Jasmine Daoud, soprano « Gabriel » en brocart de soie bordeaux nous interprète l’archange « Gabriel », Patrick Kabongo , ténor « Uriel »,Charles Dekeyser, basse « Raphael ». C’est l’avènement du monde, la séparation des eaux et de la terre, celle des créatures vivantes. Le chaos originel contraste avec l’éclatement aveuglant de la Lumière et le chœur de louer le Créateur….

Changement de scène : voici le vol fauve d’une pipistrelle par-dessus un piano qui nous régale des célèbres sonates de Robert Schumann, « Waldszenen » par Olivier de Spiegeleir, au piano…..C’est l’été.

Un détour au champ des roses pour scruter le firmament et entendre les deux sœurs Ouziel qui jouent Ludwig van Beethoven et sa Symphonie Pastorale à quatre mains…

Plus tard, suivant les accents profonds d’un violoncelle, on tombe sur une muse dans un hamac, tel un cocon déchiré. Suspendue à un arbre de lumière, elle nous conte en gestes et musique comment elle a apprivoisé son violoncelle et se relie au mystère de la nature. Une intimité dévoilée. Une compagnie, de si de la, de Montpellier…

Un immense hululement de hibou ponctue la soirée. Ou est-ce un commencement ? Les bords du canal sont noirs de monde joyeux et bavard. Musiques enregistrées et lumières pétaradantes fondent les cœurs dans un feu d’artifice superbe dans son extravagance, sa composition et ses éblouissements… Chaque année, tout est plus beau.

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