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Aphorismes sur le bonheur

 

Bonheur:

Le bonheur est un composé d' S.L.C.(santé, liberté et confort)

Bonheur:

En voulant du bonheur à tout prix, on prend parfois le risque de s'en offrir un faux.

Bonheur:

Le bonheur pour rester stable, ne doit pas être dérangé.

Bonheur:

Pour s'assurer un bonheur accessible, il faut se réserver des joies à portée de la main.

Bonheur:

On reçoit rarement le bonheur en paiement de l'indu ce qui nous autorise à en jouir sans avoir

à rendre des comptes

Bonheur

Savoir se rendre heureux c'est savoir se mijoter de petites joies quand le besoin s'en fait sentir.

Bonheur:

Le bonheur est un équilibre précaire que l'on risque de rompre en voulant le parfaire.

Bonheur:

Ce qui nous ensoleille est de la joie, le beau-fixe peut être du bonheur.

Bonheur:

Quand on a le goût de chanter, jour après jour, et même par temps gris, c'est qu'on vit du bonheur.

Bonheur:

Avoir apporté du bonheur ne garantit nullement qu'on en recevra une part.

Bonheur:

Ceux qui ont compris que le bonheur est de n'avoir pas à endurer de grands ou de légers malheurs, distribués à tous inévitablement, se sentiront sans doute heureux.

Bonheur:

Le bonheur de l'humanité viendrait d'un vent généreux, agissant partout à la fois, ce qui est contraire aux lois de la circulation des courants d'air.

 

( Extraits de « Mots dites-moi! »  de Suzanne  Walther-Siksou

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Hommage et gratitude

À tous les états concernés.

Des catastrophes innombrables

Surviennent ponctuellement,

Meurtrissent des milliers de gens,

Privés d'un secours concevable.

L'apprenant, sans aucun délai,

Font tout ce qui peut être fait

Des états ayant des ressources.

La souffrance impose une course.

Face à la solidarité,

Chacun se sent réconforté

Et accueille ému la croyance

Qu'on peut vaincre l'indifférence.

Je ressens de la gratitude

Envers ceux qui ont l'habitude

De décider sans hésiter,

D'agir avec humanité.

24 mars 2014

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administrateur partenariats

Chers amis,

Depuis la création des partenariats poésie- peinture sur Arts et Lettres en décembre 2012,

de nombreuses publications ont émaillé le quotidien du fil d'actualité.

Les échanges et la convivialité se sont renforcés,

les poètes et les peintres

n'ont pas ménagés leurs forces créatives.

Les photographes également ont prêté leurs précieux clichés

aux textes offerts, souvent se commentant eux-même, ils ont toutefois éveillé la créativité en

conviant les pinceaux à une inspiration réussie !

Ce blog leur rend hommage.

Il reprend les liens vers les blogs de partenariats poésie et peinture

ayant été initiés au départ d'une photo.

12272999678?profile=original"Crépuscule", l'âme au coeur.

Interprétations peinture-poésie entre les membres d'Arts et lettres.

12272972067?profile=original

« Les fruits de l'automne », une photo de Michel Lansardière,

un pastel de Liliane Magotte et une aquarelle de Jacqueline Nanson, une histoire…

Les liens seront déposés progressivement.
Pour débuter, un beau souvenir, celui du premier blog d'interprétations " Crépuscule"

Un partenariat 

Arts 12272797098?profile=originalLettres

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C'est un autre printemps

 

Doux ami,

J’ai caressé mes joues,

jusque sous les cernes des yeux,

attendrie, j’ai souri.

Il n’y coulera plus de larmes

ou alors des larmes de joie,

quand le rire est devenu fou.

J’ai caressé mes joues,

attendrie, j’ai souri.

C’est au printemps que je rends grâce,

en hommage à la vie,

qui chaque année s’y renouvelle.

J’ai reçu le don d’innocence,

j’accueille la beauté,

dans un élan de joie.

Un autre printemps,gloria!

21/3/90

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Le temps de nouvelles grâces

 

Pendant quelques mois, il s’absente.

Éblouissant, il reviendra.

Dans les jardins, il répandra

De tendres couleurs odorantes.

Éblouissant,, il reviendra,

Dans un flot d’énergie vibrante,

De tendres couleurs odorantes.

Le poids des ans s'allègera.

Dans un flot d’énergie vibrante,

La joie partout se répandra

Le poids des ans s'allègera

Ô les surprises exaltantes!

La joie partout se répandra,

On entendra la vie qui chante.

Ô les surprises exaltantes

Et l'énergie rajeunissante.

17 mars 2014

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Lettre d’Emile Zola à la Jeunesse (1897)


- Où allez-vous, jeunes gens, où allez-vous, étudiants, qui courez en bandes par les rues, manifestant au nom de vos colères et de vos enthousiasmes, éprouvant l'impérieux besoin de jeter publiquement le cri de vos consciences indignées ?

Allez-vous protester contre quelque abus du pouvoir, a-t-on offensé le besoin de vérité et d'équité, brûlant encore dans vos âmes neuves, ignorantes des accommodements politiques et des lâchetés quotidiennes de la vie ?

Allez-vous redresser un tort social, mettre la protestation de votre vibrante jeunesse dans la balance inégale, où sont si faussement pesés le sort des heureux et celui des déshérités de ce monde ?

Allez-vous, pour affirmer la tolérance, l'indépendance de la raison humaine, siffler quelque sectaire de l'intelligence, à la cervelle étroite, qui aura voulu ramener vos esprits libérés à l'erreur ancienne, en proclamant la banqueroute de la science ?

Allez-vous crier, sous la fenêtre de quelque personnage fuyant et hypocrite, votre foi invincible en l'avenir, en ce siècle prochain que vous apportez et qui doit réaliser la paix du monde, au nom de la justice et de l'amour ?

- Non, non ! Nous allons huer un homme, un vieillard, qui, après une longue vie de travail et de loyauté, s'est imaginé qu'il pouvait impunément soutenir une cause généreuse, vouloir que la lumière se fasse et qu'une erreur soit réparée, pour l'honneur même de la patrie française !

Ah, quand j'étais jeune moi-même, je l'ai vu, le Quartier latin, tout frémissant des fières passions de la jeunesse, l'amour de la liberté, la haine de la force brutale, qui écrase les cerveaux et comprime les âmes. Je l'ai vu, sous l'Empire, faisant son oeuvre brave d'opposition, injuste même parfois, mais toujours dans un excès de libre émancipation humaine. Il sifflait les auteurs agréables aux Tuileries, il malmenait les professeurs dont l'enseignement lui semblait louche, il se levait contre quiconque se montrait pour les ténèbres et pour la tyrannie. En lui brûlait le foyer sacré de la belle folie des vingt ans, lorsque toutes les espérances sont des réalités, et que demain apparaît comme le sûr triomphe de la Cité parfaite.

Et, si l'on remontait plus haut, dans cette histoire des passions nobles, qui ont soulevé la jeunesse des écoles, toujours on la verrait s'indigner sous l'injustice, frémir et se lever pour les humbles, les abandonnés, les persécutés, contre les féroces et les puissants. Elle a manifesté en faveur des peuples opprimés, elle a été pour la Pologne, pour la Grèce, elle a pris la défense de tous ceux qui souffraient, qui agonisaient sous la brutalité d'une foule ou d'un despote. Quand on disait que le Quartier latin s'embrasait, on pouvait être certain qu'il y avait derrière quelque flambée de juvénile justice, insoucieuse des ménagements, faisant d'enthousiasme une oeuvre du coeur. Et quelle spontanéité alors, quel fleuve débordé coulant par les rues !

Je sais bien qu'aujourd'hui encore le prétexte est la patrie menacée, la France livrée à l'ennemi vainqueur, par une bande de traîtres. Seulement, je le demande, où trouvera-t-on la claire intuition des choses, la sensation instinctive de ce qui est vrai, de ce qui est juste, si ce n'est dans ces âmes neuves, dans ces jeunes gens qui naissent à la vie publique, dont rien encore ne devrait obscurcir la raison droite et bonne ? Que les hommes politiques, gâtés par des années d'intrigues, que les journalistes, déséquilibrés par toutes les compromissions du métier, puissent accepter les plus impudents mensonges, se boucher les yeux à d'aveuglantes clartés, cela s'explique, se comprend. Mais elle, la jeunesse, elle est donc bien gangrenée déjà, pour que sa pureté, sa candeur naturelle, ne se reconnaisse pas d'un coup au milieu des inacceptables erreurs, et n'aille pas tout droit à ce qui est évident, à ce qui est limpide, d'une lumière honnête de plein jour !

Il n'est pas d'histoire plus simple. Un officier a été condamné, et personne ne songe à suspecter la bonne foi des juges. Ils l'ont frappé selon leur conscience, sur des preuves qu'ils ont cru certaines. Puis, un jour, il arrive qu'un homme, que plusieurs hommes ont des doutes, finissent par être convaincus qu'une des preuves, la plus importante, la seule du moins sur laquelle les juges se sont publiquement appuyés, a été faussement attribuée au condamné, que cette pièce est à n'en pas douter de la main d'un autre. Et ils le disent, et cet autre est dénoncé par le frère du prisonnier, dont le strict devoir était de le faire ; et voilà, forcément, qu'un nouveau procès commence, devant amener la révision du premier procès, s'il y a condamnation. Est-ce que tout cela n'est pas parfaitement clair, juste et raisonnable ? Où y a-t-il, là-dedans, une machination, un noir complot pour sauver un traître ? Le traître, on ne le nie pas, on veut seulement que ce soit un coupable et non un innocent qui expie le crime. Vous l'aurez toujours, votre traître, et il ne s'agit que de vous en donner un authentique.

Un peu de bon sens ne devrait-il pas suffire ? A quel mobile obéiraient donc les hommes qui poursuivent la révision du procès Dreyfus ? Écartez l'imbécile antisémitisme, dont la monomanie féroce voit là un complot juif, l'or juif s'efforçant de remplacer un juif par un chrétien, dans la geôle infâme. Cela ne tient pas debout, les invraisemblances et les impossibilités croulent les unes sur les autres, tout l'or de la terre n'achèterait pas certaines consciences. Et il faut bien en arriver à la réalité, qui est l'expansion naturelle, lente, invincible de toute erreur judiciaire. L'histoire est là. Une erreur judiciaire est une force en marche : des hommes de conscience sont conquis, sont hantés, se dévouent de plus en plus obstinément, risquent leur fortune et leur vie, jusqu'à ce que justice soit faite. Et il n'y a pas d'autre explication possible à ce qui se passe aujourd'hui, le reste n'est qu'abominables passions politiques et religieuses, que torrent débordé de calomnies et d'injures.

Mais quelle excuse aurait la jeunesse, si les idées d'humanité et de justice se trouvaient obscurcies un instant en elle ! Dans la séance du 4 décembre, une Chambre française s'est couverte de honte, en votant un ordre du jour « flétrissant les meneurs de la campagne odieuse qui trouble la conscience publique ». Je le dis hautement, pour l'avenir qui me lira, j'espère, un tel vote est indigne de notre généreux pays, et il restera comme une tache ineffaçable. « Les meneurs », ce sont les hommes de conscience et de bravoure, qui, certains d'une erreur judiciaire, l'ont dénoncée, pour que réparation fût faite, dans la conviction patriotique qu'une grande nation, où un innocent agoniserait parmi les tortures, serait une nation condamnée. « La campagne odieuse », c'est le cri de vérité, le cri de justice que ces hommes poussent, c'est l'obstination qu'ils mettent à vouloir que la France reste, devant les peuples qui la regardent, la France humaine, la France qui a fait la liberté et qui fera la justice. Et, vous le voyez bien, la Chambre a sûrement commis un crime, puisque voilà qu'elle a pourri jusqu'à la jeunesse de nos écoles, et que voilà celle-ci trompée, égarée, lâchée au travers de nos rues, manifestant, ce qui ne s'était jamais vu encore, contre tout ce qu'il y a de plus fier, de plus brave, de plus divin dans l'âme humaine !

Après la séance du Sénat, le 7, on a parlé d'écroulement pour M. Scheurer-Kestner. Ah oui ! quel écroulement, dans son coeur, dans son âme ! Je m'imagine son angoisse, son tourment, lorsqu'il voit s'effondrer autour de lui tout ce qu'il a aimé de notre République, tout ce qu'il a aidé à conquérir pour elle, dans le bon combat de sa vie, la liberté d'abord, puis les mâles vertus de la loyauté, de la franchise et du courage civique.

Il est un des derniers de sa forte génération. Sous l'Empire, il a su ce que c'était qu'un peuple soumis à l'autorité d'un seul, se dévorant de fièvre et d'impatience, la bouche brutalement bâillonnée, devant les dénis de justice. Il a vu nos défaites, le coeur saignant, il en a su les causes, toutes dues à l'aveuglement, à l'imbécillité despotiques. Plus tard, il a été de ceux qui ont travaillé le plus sagement, le plus ardemment, à relever le pays de ses décombres, à lui rendre son rang en Europe. Il date des temps héroïques de notre France républicaine, et je m'imagine qu'il pouvait croire avoir fait une œuvre bonne et solide, le despotisme chassé à jamais, la liberté conquise, j'entends surtout cette liberté humaine qui permet à chaque conscience d'affirmer son devoir, au milieu de la tolérance des autres opinions.

Ah bien, oui ! Tout a pu être conquis, mais tout est par terre une fois encore. Il n'a autour de lui, en lui, que des ruines. Avoir été en proie au besoin de vérité, est un crime. Avoir voulu la justice, est un crime. L'affreux despotisme est revenu, le plus dur des bâillons est de nouveau sur les bouches. Ce n'est pas la botte d'un César qui écrase la conscience publique, c'est toute une Chambre qui flétrit ceux que la passion du juste embrase. Défense de parler ! Les poings écrasent les lèvres de ceux qui ont la vérité à défendre, on ameute les foules pour qu'elles réduisent les isolés au silence. Jamais une si monstrueuse oppression n'a été organisée, utilisée contre la discussion libre. Et la honteuse terreur règne, les plus braves deviennent lâches, personne n'ose plus dire ce qu'il pense, dans la peur d'être dénoncé comme vendu et traître. Les quelques journaux restés honnêtes sont à plat ventre devant leurs lecteurs, qu'on a fini par affoler avec de sottes histoires. Et aucun peuple, je crois, n'a traversé une heure plus trouble, plus boueuse, plus angoissante pour sa raison et pour sa dignité.

Alors, c'est vrai, tout le loyal et grand passé a dû s'écrouler chez M. Scheurer-Kestner. S'il croit encore à la bonté et à l'équité des hommes, c'est qu'il est d'un solide optimisme. On l'a traîné quotidiennement dans la boue, depuis trois semaines, pour avoir compromis l'honneur et la joie de sa vieillesse, à vouloir être juste. Il n'est point de plus douloureuse détresse, chez l'honnête homme, que de souffrir le martyre de son honnêteté. On assassine chez cet homme la foi en demain, on empoisonne son espoir ; et, s'il meurt, il dit : « C'est fini, il n'y a plus rien, tout ce que j'ai fait de bon s'en va avec moi, la vertu n'est qu'un mot, le monde est noir et vide ! »

Et, pour souffleter le patriotisme, on est allé choisir cet homme, qui est, dans nos Assemblées, le dernier représentant de l'Alsace-Lorraine ! Lui, un vendu, un traître, un insulteur de l'armée, lorsque son nom aurait dû suffire pour rassurer les inquiétudes les plus ombrageuses ! Sans doute, il avait eu la naïveté de croire que sa qualité d'Alsacien, son renom de patriote ardent seraient la garantie même de sa bonne foi, dans son rôle délicat de justicier. S'il s'occupait de cette affaire, n'était-ce pas dire que la conclusion prompte lui en semblait nécessaire à l'honneur de l'armée, à l'honneur de la patrie ? Laissez-la traîner des semaines encore, tâchez d'étouffer la vérité, de vous refuser à la justice, et vous verrez bien si vous ne nous avez pas donnés en risée à toute l'Europe, si vous n'avez pas mis la France au dernier rang des nations !

Non, non ! les stupides passions politiques et religieuses ne veulent rien entendre, et la jeunesse de nos écoles donne au monde ce spectacle d'aller huer M. Scheurer-Kestner, le traître, le vendu, qui insulte l'armée et qui compromet la patrie !

Je sais bien que les quelques jeunes gens qui manifestent ne sont pas toute la jeunesse, et qu'une centaine de tapageurs, dans la rue, font plus de bruit que dix mille travailleurs, studieusement enfermés chez eux. Mais les cent tapageurs ne sont-ils pas déjà de trop, et quel symptôme affligeant qu'un pareil mouvement, si restreint qu'il soit, puisse à cette heure se produire au Quartier latin !

Des jeunes gens antisémites, ça existe donc, cela ? Il y a donc des cerveaux neufs, des âmes neuves, que cet imbécile poison a déjà déséquilibrés ? Quelle tristesse, quelle inquiétude, pour le vingtième siècle qui va s'ouvrir ! Cent ans après la Déclaration des droits de l'homme, cent ans après l'acte suprême de tolérance et d'émancipation, on en revient aux guerres de religion, au plus odieux et au plus sot des fanatismes ! Et encore cela se comprend chez certains hommes qui jouent leur rôle, qui ont une attitude à garder et une ambition vorace à satisfaire. Mais, chez des jeunes gens, chez ceux qui naissent et qui poussent pour cet épanouissement de tous les droits et de toutes les libertés, dont nous avons rêvé que resplendirait le prochain siècle ! Ils sont les ouvriers attendus, et voilà déjà qu'ils se déclarent antisémites, c'est-à-dire qu'ils commenceront le siècle en massacrant tous les juifs, parce que ce sont des concitoyens d'une autre race et d'une autre loi ! Une belle entrée en jouissance, pour la Cité de nos rêves, la Cité d'égalité et de fraternité ! Si la jeunesse en était vraiment là, ce serait à sangloter, à nier tout espoir et tout bonheur humain.

Ô jeunesse, jeunesse ! Je t'en supplie, songe à la grande besogne qui t'attend. Tu es l'ouvrière future, tu vas jeter les assises de ce siècle prochain, qui, nous en avons la foi profonde, résoudra les problèmes de vérité et d'équité, posés par le siècle finissant. Nous, les vieux, les aînés, nous te laissons le formidable amas de notre enquête, beaucoup de contradictions et d'obscurités peut-être, mais à coup sûr l'effort le plus passionné que jamais siècle ait fait vers la lumière, les documents les plus honnêtes et les plus solides, les fondements mêmes de ce vaste édifice de la science que tu dois continuer à bâtir pour ton honneur et pour ton bonheur. Et nous ne te demandons que d'être encore plus généreuse, plus libre d'esprit, de nous dépasser par ton amour de la vie normalement vécue, par ton effort mis entier dans le travail, cette fécondité des hommes et de la terre qui saura bien faire enfin pousser la débordante moisson de joie, sous l'éclatant soleil. Et nous te céderons fraternellement la place, heureux de disparaître et de nous reposer de notre part de tâche accomplie, dans le bon sommeil de la mort, si nous savons que tu nous continues et que tu réalises nos rêves.

Jeunesse, jeunesse ! Souviens-toi des souffrances que tes pères ont endurées, des terribles batailles où ils ont dû vaincre, pour conquérir la liberté dont tu jouis à cette heure. Si tu te sens indépendante, si tu peux aller et venir à ton gré, dire dans la presse ce que tu penses, avoir une opinion et l'exprimer publiquement, c'est que tes pères ont donné de leur intelligence et de leur sang. Tu n'es pas née sous la tyrannie, tu ignores ce que c'est que de se réveiller chaque matin avec la botte d'un maître sur la poitrine, tu ne t'es pas battue pour échapper au sabre du dictateur, aux poids faux du mauvais juge. Remercie tes pères, et ne commets pas le crime d'acclamer le mensonge, de faire campagne avec la force brutale, l'intolérance des fanatiques et la voracité des ambitieux. La dictature est au bout.

Jeunesse, jeunesse ! Sois toujours avec la justice. Si l'idée de justice s'obscurcissait en toi, tu irais à tous les périls. Et je ne te parle pas de la justice de nos codes, qui n'est que la garantie des liens sociaux. Certes, il faut la respecter, mais il est une notion plus haute, la justice, celle qui pose en principe que tout jugement des hommes est faillible et qui admet l'innocence possible d'un condamné, sans croire insulter les juges. N'est-ce donc pas là une aventure qui doive soulever ton enflammée passion du droit ? Qui se lèvera pour exiger que justice soit faite, si ce n'est toi qui n'es pas dans nos luttes d'intérêts et de personnes, qui n'es encore engagée ni compromise dans aucune affaire louche, qui peux parler haut, en toute pureté et en toute bonne foi ?

Jeunesse, jeunesse ! Sois humaine, sois généreuse. Si même nous nous trompons, sois avec nous, lorsque nous disons qu'un innocent subit une peine effroyable, et que notre coeur révolté s'en brise d'angoisse. Que l'on admette un seul instant l'erreur possible, en face d'un châtiment à ce point démesuré, et la poitrine se serre, les larmes coulent des yeux. Certes, les gardes-chiourme restent insensibles, mais toi, toi, qui pleures encore, qui dois être acquise à toutes les misères, à toutes les pitiés ! Comment ne fais-tu pas ce rêve chevaleresque, s'il est quelque part un martyr succombant sous la haine, de défendre sa cause et de le délivrer ? Qui donc, si ce n'est toi, tentera la sublime aventure, se lancera dans une cause dangereuse et superbe, tiendra tête à un peuple, au nom de l'idéale justice ? Et n'es-tu pas honteuse, enfin, que ce soient des aînés, des vieux, qui se passionnent, qui fassent aujourd'hui ta besogne de généreuse folie ?

- Où allez-vous, jeunes gens, où allez-vous, étudiants, qui battez les rues, manifestant, jetant au milieu de nos discordes la bravoure et l'espoir de vos vingt ans ?

- Nous allons à l'humanité, à la vérité, à la justice !

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Auguste Scheurer-Kestner
"...lui regardait la vie dans les yeux"
Georges Clemenceau

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administrateur partenariats

"Volupté"

Peinture à l'huile.

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Femme,

tu étires dans le temps ta beauté pulpeuse,
à la naissance du monde, louange céleste.
Les courbes vagabondes de ton corps dessiné
racontent les méandres d'une vie destinée.
Tu étends dans le temps ta pudeur modeste,
Dans la danse de tes courbes langoureuses.

Femme,
cadeau offert au monde d'éternelle beauté,
ta peau cuivrée émanant les essences d'amour,
tu étales au jour levant ta pudeur envoutante,
la fragilité cachée de tes nuits émouvantes.
Tu offres au monde les rides vécues sans retour,
les nuits dorées s'étiolent dans les matins d'été.

Femme,
errante entre l'enfance et l'adolescence
vaincue dans les douleurs de l'enfantement
tu tends au destin le poids de tes fruits mûrs.
Tu te souviens au soir de ces instants qui durent,
dont ton âme se nourrit dans son isolement.
En pleurs, tes regrets se muent en reconnaissances.

JDL

08/06/2013

Note de l'auteure.

J'ai choisi de vous présenter "Femme" dans toute sa simplicité et sa fragilité

et que le pinceau de Lily souligne si gracieusement.

Pourquoi celui-ci?

parce qu'il souligne sans doute ma fragilité et vulnérabilité du moment.

Je vous dois d'être honnête et donc vous avouer que pour le moment je ne peux me consacrer à "Arts et Lettres" ni physiquement, ni mentalement...j'ai besoin d'un petit peu de temps, de m'acclimater à tant de choses, de me ressourcer et surtout de me poser...moi, le feu-follet des milles pensées et idées, voulant tout accomplir en même temps, être à tant d'endroits en même temps...j'en ai perdu le sommeil et je dois le retrouver.

Quand les jours raccourciront et que les nuits blanchiront alors je reviendrai me réchauffer auprès de vous et je me réjouirai.

Alors voici ce poème que je sais ici bien gardé, à l'abri des partages indésirés!

Faites attention à vous et à bientôt.

Merci Robert Paul et Lily

Amicalement à vous tous

Joelle

Les partenariats d'

Arts12272797098?profile=originalLettres

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administrateur partenariats

12273002685?profile=originalPhoto de Vidjanma

Sur la route

Sur la route il y a des papillons bleus,
Des nuages blancs qui jouent à cache-cache,
Des soleils qui brillent dans nos yeux amoureux,
Des mains, des regards, des espoirs qui s’attachent.

Sur la route au détour de ce long chemin
On découvre la terre et ses figures
Où dort la pierre des allées de jardin
Et vieilles voûtes chargées d’aventures.

Un sentier secret puis une lueur au bout,
La rosée des bois qui mouille nos cheveux,
Des sourires se croisent qui viennent vers nous,
Des êtres gambadent plus libres et joyeux.

Sur la route rien ne se ressemble
La parcourir nous ouvre l’horizon
Point de doute elle nous rassemble
La gravir c’est le bonheur à foison !

Gilbert Czuly-Msczanowski

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"Sur la route du bonheur"

Interprétations aquarelle et acrylique Body Heavy de Liliane Magotte

Je remercie Gilbert Czuly-Msczanowski et Vidjanma

d'offrir un tel bonheur à mes pinceaux .

Les partenariats d'

Arts12272797098?profile=originalLettres

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administrateur théâtres

 

"Si l'emploi de la comédie est de corriger les vices des hommes, je ne vois pas par quelle raison il y en aura de privilégiés. [...] Les plus beaux traits d'une sérieuse morale sont moins puissants, le plus souvent, que ceux de la satire; et rien ne reprend mieux la plupart des hommes que la peinture de leurs défauts. C'est une grande atteinte aux vices que de les exposer à la risée de tout le monde. On souffre aisément des répréhensions; mais on ne souffre point la raillerie. On veut bien être méchant, mais on ne veut point être ridicule."

Le Tartuffe, Préface

D’une lecture très fine  du Tartuffe  de Molière - Corriger en divertissant les faux-monnayeurs en dévotion - Monique Lenoble  tire une mise en scène remarquablement intelligente de sobriété et de vivacité. Le décor joue un rôle explosif. Foin des mièvreries  et mobilier du grand siècle pour nous précipiter  à l’intérieur d’une boîte de Pandore. Un pandémonium sûrement. Trois étages vert olive, trois rangs de portes dérobées et de judas qui claquent comme dans les vaudevilles,  dans un rythme   infernal. Tartuffe n’est-il pas un démon habillé de chair?  Derrière chaque porte se cache  le mystère de   réalités sitôt entrevues, sitôt escamotées. La vie normale de la famille a été bafouée.  Les personnages sont projetés dans le chaos organisé par l’imposteur, le profiteur, l’usurpateur. Le fourbe s’est imposé comme maître à penser d’Orgon et de sa mère grâce à sa fausse dévotion. Orgon est prêt à lui céder sa fille Marianne qu’il avait promise à Valère. Pire, le scélérat va  tenter de séduire sa femme, Elmire.  Il fait régner  le verbe trompeur en maître sur le plateau entièrement vide à part une sorte de  large tabouret à deux places qui servira à le  démasquer. Tartuffe se comporte comme un gourou,  croit tenir  sa victime et sa famille entière entre ses griffes, manipule le mensonge avec  le machiavélisme et l’impudence de celui que rien n’arrête. Heureusement Elmire a gardé le sens commun et prépare un piège. Las, le mécréant doucereux a assuré ses arrières et ce n’est que la clémence du Roi qui le mettra enfin en déroute.

 

ORGON

Mon frère, vous seriez charmé de le connaître,
Et vos ravissements ne prendraient point de fin.
C'est un homme. qui. ha!. un homme. un homme enfin.
Qui suit bien ses leçons goûte une paix profonde,
Et comme du fumier regarde tout le monde.
Oui, je deviens tout autre avec son entretien;
Il m'enseigne à n'avoir affection pour rien,
De toutes amitiés il détache mon âme;
Et je verrais mourir frère, enfants, mère et femme,
Que je m'en soucierais autant que de cela.

CLÉANTE

Les sentiments humains, mon frère, que voilà!

Le jeu  de toute la troupe n’est pas moins remarquable que la mise en scène et laisse entendre la beauté soufflante des alexandrins et la sève du discours de l’honnête homme qu’est Molière. C’est Alexandre von SIVERS qui apparaît dans le  rôle d’Orgon, un impeccable Angelo BISON dans le sinistre rôle  du Tartuffe et une éblouissante Laurence d'AMELIO dans celui d’Elmire. Sa performance mêlée de charme et de douceur mais aussi de rage intérieure suscite  à elle seule un plaisir de roi ! Taille de guêpe, bouche et regard de geisha, chacune de ses interventions est un plaisir sensuel doublé de celui d’une diction parfaite qui retire toute la sève de ce texte étincelant. Soulignons aussi le rôle particulier de Dorine. Catherine GROSJEAN joue le rôle de la servante alerte et pleine de bon sens qui n’est  jamais  dupe des tromperies du Tartuffe, avec brio et grande présence théâtrale. La mère d’Orgon (Nicole COLCHAT) est aussi excellente dans ce rôle qui a tout d’un personnage de Daumier par son traitement presque naturaliste.

Un document de l’époque (Relation des Plaisirs de l’Ile enchantée de 1664) souligne  que la pièce, reconnue comme « fort divertissante », rencontra au soir du 12 mai, un certain succès, auprès du Roi, mais aussi une forte hostilité dans le parti dévot extrêmement

proche de la Reine mère, Anne d’Autriche. Sous cette pression, le roi fit interdire toute représentation publique de la pièce. Molière fut menacé d’excommunication. Mais en 1669, l’influence des dévots ayant décru, la pièce remaniée fut un triomphe. Un triomphe qu’a célébré le théâtre du Parc dans sa saison 2013-2014 dans une production magistrale et inoubliable.   

 

le texte:

http://www.site-moliere.com/pieces/tartuf15.htm

 

Du 6 mars au 5 avril 2014 au théâtre Royal du Parc

http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2013_2014_004

 

 

 

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administrateur théâtres

12272999298?profile=originalMonsieur Ibrahim et les fleurs du Coran 

Monsieur Ibrahim est un épicier de la rue Bleue à Paris et il rencontre  Momo, un jeune garçon qui rentre dans son épicerie et dont il va devenir successivement, l’ami, le mentor et le père adoptif. Une merveilleuse histoire d’amour entre un épicier musulman et un jeune garçon juif. « Pourquoi tout le monde dit que vous êtes l’Arabe du coin alors si vous êtes pas arabe ? » «  Parce que arabe, Momo, ça signifie que vous êtes ouvert tous les jours de huit heures  jusqu’à minuit et même le dimanche ! »  Moïse ou Mohamed  du pareil au même,  Momo pour l’intimité et la chaleur humaine.  

Pendant plus d’une heure et demie, c’est Eric-Emmanuel Schmitt, l’auteur,  qui joue lui-même son texte sur la scène du centre culturel d’Auderghem. Une représentation unique, un jour de grâce.  Le décor est beau, multiple et épuré tout en restant immuable jusqu’à la fin. Ce sont les âmes qui voyagent. On voyage entre les rues chaudes de Paris, un appartement cossu mais noir,  bourré de livres qu’habite un père sans amour et dans bien d’autres lieux imaginaires. Le jeune adolescent clamant haut qu’il a 16 ans offre son nounours à la fille qui l’initie à l’amour, il vole les boîtes de conserve de l’épicier, comme il volait son père. Flottent le souvenir d’un frère disparu, mieux aimé et le fantôme d’une mère. Mais voici que grâce à son alliance avec l’épicier  Momo mitraille le monde avec son sourire : « c’est le sourire qui rend heureux ! » Mieux il applique une nouvelle maxime: « Ton amour t’appartient, ce que tu donnes c’est à, toi pour toujours ! »  Après la mort du père, ensemble ils voyagent de la côte normande au croissant  d’or… Il danse avec les derviches.  Il a  « la haine qui se vidangeait » et pardonne à son père, presque à sa mère ! Nouvelle maxime : « Ta beauté, c’est celle que tu trouves à la femme, Momo ! » Ibrahim, qui à l’issue du voyage  a retrouvé ses racines orientales  ne meurt pas, il  va rejoindre l’immense. Retour à Paris en stop. Il y a des enfances qu’il faut savoir quitter.

 M. IBRAHIM ET LES FLEURS DU CORAN...Intense, aigu, sensible, Eric-Emmanuel Schmitt en montant sur scène ne peut que donner une résonnance unique, limpide  et juste  à son magnifique  texte. Ses qualités de comédien font vivre  chaque phrase comme de la poésie vivante d’un conte d’une profonde sagesse et personnifie  avec grande délicatesse l’amour qu’il met en scène. Il campe chaque personnage avec virtuosité époustouflante. On le sent avoir la passion du théâtre, celle qui ne vise qu’à donner à l’autre du bonheur. Il est lui et les autres, imaginaires, tout à la fois et nous livre un témoignage brûlant d’humanité et de vérité.


Une merveilleuse soirée, un conte de 1001 jours, une légion d'étoiles pour toute l'équipe, la mise en scène, les lumières, la musique:
Anne BOURGEOIS
Nicolas SIRE
Jacques CASSARD
Pascale BORDET
Laurent BÉAL
and last but not least Éric-Emmanuel SCHMITT auteur et splendide comédien!

http://www.cc-auderghem.be/index.php/component/redevent/details/202.html

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administrateur théâtres

75 ans

La Chapelle musicale Reine Elisabeth fut inaugurée en 1939 par la Reine Elisabeth et cette année fête ses 75 ans à travers une série de concerts avec ses jeunes solistes et leurs  très illustres maîtres. Le 28 janvier dernier, nous assistions à un prestigieux Concert de Gala au Palais des Beaux- Arts de Bruxelles qui nous offrait le Concerto en sol mineur pour deux violoncelles de Vivaldi avec Lidy Blijdorp et Julie Sevilla-Fraysse sous la conduite d’Augustin Dumay et l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie. Ensuite l’Aria ″Ch'io mi scordi di te″ de Wolfgang Amadeus Mozart, avec un émouvant Julien Brocal au piano et Aleksandra Orlowska, soprano. Ce fut ensuite un 4 mains rayonnant au piano avec Maria Joan Pires et le jeune Julien Libeer : la Fantaisie pour piano à 4 mains en Fa mineur de Franz Schubert. Dans une entente parfaite de la conduite de la musique au masculin et féminin, la pianiste mythique et son brûlant élève ont  conquis le public par  l’atmosphère intimiste  envoûtante qu’ils ont  créée. Ensuite, ravis de l’accueil du public, ils ont donné un bis à trois: les deux jeunes pianistes Julien Brocal et Julien Libeer égrenant  entre leurs doigts des vagues de douceur et de tendresse et des  fourmillements de poésie  avec leur égérie musicale, Maria Joan Pires. Après la pause, Lya Petrova et Hrachya Avanesyan  ont joint leurs violons dans le poème Amitié d’E. Ysaÿe. Puis ce fut le tour de Deborah Pae au violoncelle pour des variations op 33 de Tchaïkowski et enfin Esther Yoo, la star du dernier concours Reine Elisabeth de violon, dont chaque note est une nuance, chaque frémissement, un summum de concentration et de musicalité éclatante. Une musicienne qui peut tout exprimer  et qui maîtrise  à la perfection toutes les harmoniques, défiant son instrument magique comme un être vivant, le poussant  à tout moment dans ses ultimes retranchements. Elle jouait la Carmen fantaisie de Franz Waxman….  

C’est dire si ce deuxième concert de la Chapelle musicale, intitulé  « José van Dam and YOU » du 11 mars allait attirer du monde et  rassembler  à nouveau la fine fleur des artistes de cette école internationale d’excellence et leurs nombreux fans. Toujours le même lieu : le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Avec, quelques temps auparavant, un flash mob dans la Galerie de la Reine où soudain paraissait au balcon une chanteuse polonaise de rêve,  un piano à ses pieds, sous le regard ému de José van Dam et d’autres musiciens triés sur le volet. Pour Kinga Borowska qui présente sa candidature au Concours Reine Elisabeth d’art lyrique cette année, l’opéra c’est vivant, c’est sexy, c’est beau.  

On a vécu cette soirée du 11 mars comme un véritable prélude printanier, une fête explosive de l’art lyrique. L’Orchestre National de Belgique était sous la direction de Patrick Fournillier, un chef d’orchestre prestidigitateur qui convoquait dans chaque court extrait musical tout l’esprit de MOZART, ROSSINI, TCHAÏKOWSKI, DEBUSSY, BIZET, MASSENET, OFFENBACH ET VERDI.  Quel exploit. Il offrait un nouveau  visage transcendé à ses musiciens à chaque  nouveau morceau, comme si c’était le fruit d’un long processus d’immersion dans l’œuvre  choisie. Le spectateur pouvait  en plus observer le maître de musique à la fois  de dos et de face, sur grand écran car le concert était enregistré en live  par MUSIQ 3 et diffusé en streaming. Les solistes et les musiciens, pris de près,  livraient toute l’intimité de leur émotion musicale. Pas de doute que l’investissement musical de chaque chanteur était total dans ces instants de partage qui frisaient  l’extase. Ces jeunes talents extraordinaires viennent de multiples horizons, lointains parfois et  ont souvent depuis leur plus jeune âge tout sacrifié à l’art musical. Quelle leçon pour notre société souvent rebutée par l’effort et peu attirée par le mérite!  Armés d’une détermination passionnelle on perçoit qu’ils ont consenti à un investissement sans limite, chacun   donnant le meilleur de soi-même. La puissance et l’émotion pure semblent surgir chaque fois  d’un alliage pénétrant qui  fuse quelque part au cœur  de l’orchestre et y est en même temps parfaitement incorporé. La magie de l’art et celle de la jeunesse intrépide ont  suscité des  salves d’applaudissements et de clameurs enthousiastes dans une salle en adoration et pleine à craquer. Citons avec joie les héros de la fête orchestrée par le jeune metteur en scène français Julien Fišera membre actif d’ENOA  (European Network of Opera Academies). La scène du Palais des Beaux-Arts était habillée par le jeune éclairagiste Arnaud Lhoute. Et sous les feux de la rampe on a applaudi et scandé  la musique de tout cœur:

 

José van Dam, baritone
Amalia Avilán
, soprano
Diana Gouglina
, soprano
Aleksandra Orlowska
, soprano
Kinga Borowska
, mezzo-soprano
Sarah Laulan
, mezzo-soprano
Yu Shao
, tenor
Charles Dekeyser
, bass

 

Le programme complet,  ici : http://www.bozar.be/activity.php?id=14575

 

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                         FRANCOISE CLERCX OU LA POESIE D’UN MOMENT

 

Du 20-03 au 07-04-13, l’ESPACE ART GALLERY (Rue lesbroussart, 35, 1050 Bruxelles), expose les œuvres de Madame FRANCOISE CLERCX, une artiste Belge, dont l’intitulé est DETAILS ET FASCINATION.

Ce qui, au premier contact avec les œuvres de Madame FRANCOISE CLERCX, apparaît comme une évidence stylistique, est sa grande connaissance de la perspective, centrée à l’intérieur d’une géométrie rigoureuse, régissant l’ensemble de la composition où le détail prend, de par sa nature, une importance colossale. Tout est, en quelque sorte, « compartimenté », tout en se dévoilant de la façon la plus libre au regard.

Un second aspect concernant sa peinture se concrétise par la dimension du cadrage photographique, conçu comme support efficace de la mise en perspective des êtres et des choses.

De plus, son œuvre se distingue également par la mise en valeur d’un univers surréaliste perçu comme la charpente de l’entièreté de sa construction picturale. Cet univers est soutenu par des racines métaphysiques pour souligner ses états d’âme.

Enfin, il y a dans le trait géométrique de l’artiste, la nécessité de concevoir une architecture donnant un cadre scénique à son univers.

Quoi de plus normal, dès lors, de considérer que perspective, cadrage photographique, vocabulaire surréaliste et architecture, forment les piliers stylistiques soutenant l’édifice de l’œuvre de FRANCOISE CLERCX.

Que ce soit notamment dans PERSPECTIVES (77 x 67 cm),

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l’œuvre apparaît presque « désinvolte ». Mais, au fur et à mesure que le regard se rapproche, cette mise en valeur du détail par la perspective abolit cette « désinvolture » pour revêtir un aspect plus rigoureux, témoignant d’une grande maîtrise. Cette œuvre est un hommage vibrant à RENE MAGRITTE que l’artiste rend en « portraiturant » (le mot n’est pas trop fort) sa maison bruxelloise, tout en la transposant dans un cadre surréaliste, comme le titre l’indique, dans un plaidoyer pictural pour la perspective. Rarement une œuvre a foisonné de cardages en trompe-l’œil !

Rarement la présence de l’architecture a été scandée avec une myriade de facettes diverses, présentant chacune un aspect singulier, conçu avec une rigueur géométrique inégalée, placé à tel endroit en tant que parcelle d’un vaste univers, lui-même étant une totalité en soi.

Cette œuvre trahit le désir premier de l’artiste de devenir architecte.

LES MONDES PARALLELES (78 x 68 cm),

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est une mise en rapport entre diverses valeurs (ou plus exactement, de leur absence ressentie), lesquelles témoignent du malaise de notre époque. L’intérieur est un décorum rempli d’éléments, en apparence disparates, lesquels reliés entre eux, requièrent une interprétation philosophique de l’œuvre.

A l’arrière-plan, l’esquisse d’une église romane, témoin de l’univers des bâtisseurs de cathédrales, en tant qu’expression d’une ferveur. Contrastant, à l’avant-plan avec une série de fauteuils utilisés dans le milieu des conférences.

Une première opposition se fait sentir entre ces deux univers : l’une aux couleurs froides (celles de l’église romane), l’autre aux couleurs chaudes : le rouge des coussins des fauteuils.

Austérité fervente et chaleur (néanmoins apparente) du monde des conférences mondiales (où l’on ne résout pas grand-chose) s’affrontent, apportant à la lecture de l’œuvre un second contraste.

L’écran de la télévision posé sur les deux fauteuils, au centre de la composition, souligne les différents degrés d’incommunicabilité, régissant aujourd’hui les rapports interpersonnels de notre société. « Et le poisson rouge ? », direz-vous. Celui-là n’existe que pour renforcer l’impact du décorum dans lequel évoluent nos vies. De même que les troncs de bambous dressés à côté des colonnes. A l’arrière-plan, sur la gauche comme sur la droite, l’on devine un drapé noir. Un rideau ? Peut-être. Car nous entrons à l’intérieur de la scène d’un théâtre : celui du Monde.

 

HISTOIRE DE FEMMES (63 x 73 cm),

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est une étude sur le nu féminin. Modernisation d’un sujet millénaire, remontant à l’Antiquité Classique, cette étude est centrée sur le plaisir de la peau, exprimé par tout un jeu chromatique sur la luminosité aboutissant à la sensualité.   

La peau, pensée tel un vêtement, contraste avec la grâce du voile. L’artiste l’a conçu à partir d’une variation sur le gris, partant du blanc pour virer vers tout un dégradé aboutissant vers un gris tout en contrastes. Quant aux ombres, elles sont le fruit d’une monochromie basée sur le seul gris.  A l’arrière-plan, deux personnages féminins tournent le dos aux autres femmes ainsi qu’au visiteur. Leur féminité se manifeste par la longue sensualité des plis du drapé noir. L’Antiquité Classique, exprimée dans un vocabulaire moderne, se manifeste par le personnage central tendant les bras. Celui-ci porte une robe, laquelle revêt l’aspect du vêtement transparent actuel mais qui, au fur et à mesure de sa chute, se transforme à hauteur des jambes, en drapé translucide, offrant ce « mouillé » que l’on retrouve dans la statuaire antique.

De plus, ce même personnage relève légèrement la jambe droite, dans l’attitude classique de la Niké grecque.

L’artiste qui est passée par les Beaux Arts pour étudier le dessin, se considère comme une autodidacte, en ce sens qu’elle s’est formée toute seule en ce qui concerne l’étude de la peinture. Travaillant exclusivement à l’huile, elle organise son œuvre par un plan de départ pour s’engager, au fur et à mesure, dans les détails qui sont, en dernière analyse, la sève de la chose.

FRANCOISE CLERCX est une artiste dont la pensée oscille entre linéarité architecturale, exprimée par une géométrie rigoureuse et une bouffée de rêve surréaliste, teinté d’un voile métaphysique qui rappelle dans l’esprit la poésie d’un De Chirico, laquelle dicte le ton à l’ensemble de son œuvre. Un ton où la poésie de son être imprègne le mystère du moment.

François L. Speranza.

© Copyright 2013

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N.-B.: 

Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, administrateur général d'Arts et Lettres

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                         XICA : DIALOGUE ENTRE DEUX FORMES DU VISIBLE

 

Du 27-02 au 17-03-13, l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050 Bruxelles) propose une exposition centrée sur les œuvres de l’artiste Portugaise XICA BON DE SOUSA PERNES.

Force est de constater que de tous temps (et aujourd’hui plus que jamais !), l’art est le catalyseur d’une somme, en constante évolution, de spéculations philosophiques qui souvent s’entrechoquent pour entrer en conflit.

L’une d’entre elles est celle de l’ « abstraction » par rapport au « figuratif ». Toujours latente, presque en suspension tout au long de l’Histoire de l’Art, elle s’est imposée au début du 20ème siècle en tant que discours esthétique reconnu. Maintes fois galvaudé. Parfois falsifié. Néanmoins, jamais clairement défini (sinon superficiellement). Comme toute écriture, l’ « abstraction » et le « figuratif » évoluent à leur tour, selon les impulsions de la société. Peut-être pour réparer un malentendu, transformé au fil des années, en pléonasme. Si nous considérons que c’est avant tout l’imaginaire du regardant qui rend l’œuvre « abstraite », l’objet artistique en lui-même, n’est en rien « abstrait ». S’il ne suffisait que d’effacer toute présence de la figure humaine ainsi que toute référence relative au quotidien social le plus direct de la toile, alors tout deviendrait facile : telle œuvre est « abstraite » et le tout est joué !

Mais si, à l’instar de Madame XICA BON DE SOUSA PERNES, quelque ersatz de présence humaine hante le tableau, alors l’ « abstraction » se redimensionne en un espace scénique complexe, tout en conservant son pouvoir onirique.

Dans l’œuvre de cette artiste, les êtres et les choses acquièrent une nature diaphane, enveloppés dans une sorte de brouillard germinal qui les définit, au fur et à mesure que l’œil ajuste sa focale.

Qu’est-ce qui crée l’ « abstraction » dans l’œuvre de XICA BON DE SOUSA PERNES ? La lumière, assurément. Mais pas uniquement. La fine épaisseur de la matière étalée sur la toile fait de sorte que la scène soit le fruit de l’émergence créatrice résultant de l’alchimie entre la matière « organique » et la lumière « onirique ». Au fil du trait, les êtres et les choses, finement précisés, acquièrent une aura évanescente qui les libère de leur consistance charnelle.

Néanmoins, une question affleure à l’esprit du visiteur : pourquoi accompagner chaque tableau d’un titre ? C'est-à-dire, par un élément explicite ?

L’imaginaire ne suffit-il pas à interpréter l’œuvre ressentie ? A cette question, l’artiste répond que chacune de ses créations résulte d’un dialogue entre l’œuvre en gestation et elle-même. Le titre n’est là que pour préciser une émotion. Au visiteur, désormais, de la retraduire par le biais de sa propre sensibilité. Le titre devient, dès lors, non plus une barrière mais une porte ouverte, offerte à l’imaginaire du regardant.

Pour que l’œil englobe les œuvres de XICA BON DE SOUSA PERNES, il doit prendre par rapport à celles-ci une certaine distance, presque un certain élan, car ce n’est que de cette façon que la totalité de la composition s’affirme au regard, avec son cortège de détails. La figure humaine apparaît alors « émergeante » de la matérialité éphémère de l’arrière-plan opaque, noyé de l’éclat de la lumière rasante, à l’instar de JEUX D’OMBRES (acrylique sur toile – 80 x 80 cm).

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DANSE TA VIE (acrylique sur toile – 3 x 60 x 120 cm)

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nous dévoile une constante dans la technique de l’artiste, à savoir une harmonie entre brossage au pinceau et étalage au couteau, plus précisément, au racloir (et même à la carte de banque !). Tout ce qui permet aux strates de couleur de s’étaler en lignes fines et droites. Bien des zones regorgent de matière. Néanmoins, cette matière est étalée de telle sorte à ne jamais paraître pâteuse, ce qui aurait pour effet de rendre l’œuvre grossière. L’artiste joue entre les glacis et les matières en les aspergeant d’eau par projection pour assurer leur fluidité. Elle commence par étaler la couleur sur la surface de la toile pour la charger par la suite de matière par superpositions, créant ainsi un effet de surprise, à l’origine d’un dialogue intérieur entre elle-même et son alter ego pictural. L’acrylique est la matière commune à toutes les compositions présentées à l’ESPACE ART GALLERY.

L’artiste présente, à cette occasion, deux facettes de sa personnalité : une palette aux couleurs tendres, une autre à dominante rouge vif, presque fauve.

Parmi cette dernière, signalons notamment, FLASH BACK (acrylique sur toile – 80 x 80 cm).

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La matière cache et laisse simultanément apparaître la figure humaine. Le chromatisme agit, selon l’axe visuel du regardant, à la fois de repoussoir et de levier révélateur à son émergence matérielle.

Le visage humain émerge à l’avant-plan, telle une masse fantomatique et imprécise, mettant en exergue trois personnages, situés à l’arrière-plan, compris au centre d’une zone irradiée de lumière. Vers le haut de la composition apparaît un très fin quadrillage de lignes droites, tracées au couteau. En haut, vers la gauche apparaît un graphisme non déchiffrable, une forme d’écriture en pleine gestation, non encore éclose, figée dans le signe non encore signifié. Des silhouettes noires, fortement stylisées, se détachent du fond de la même zone. Il est intéressant de remarquer la façon dont l’art moderne et postmoderne reprend souvent, dans l’expression plastique de la figure humaine, les mêmes traits que ceux proposés par l’art préhistorique et protohistorique, tracés au moment où la main de l’artiste concevait encore l’Homme comme une entité universelle, non encore individualisée dans ce qui allait être appelé l’« Histoire ». Peut-être faut-il y voir une recherche inconsciente de sa propre affirmation à cette spiritualité qui fait de l’Homme la parcelle d’un tout dont la manifestation prend l’essence du rêve. Cette ligne de démarcation, tendue comme un fil, entre le figuratif et l’abstrait est le fil d’Ariane à la suite duquel l’artiste se définit et trouve son équilibre vital.

Rien, entre l’écriture figurative et l’abstraite, ne révèle dans son œuvre aucune forme de rivalité, ni la moindre volonté de supplanter l’une par rapport à l’autre. Car elles s’inscrivent dans un même dialogue plastique, conçu dans un même équilibre.

L’artiste vit Paris. Elle a exposé, notamment, en Belgique et en Chine. Elle est diplômée de l’Ecole d’Architecture Saint-Luc (Bruxelles). En 2001, l’Académie Européenne des Arts lui a conféré le Médaille d’Or Internationale.

XICA BON DE SOUSA PERNES exprime ce que tout artiste porte au plus profond de son être : la matière participe de l’immatérialité ! Le reste n’est que théâtre, mise en scène. Cadrage et angles de vues pour accentuer le rendu d’un état d’âme et permettre ainsi au regardant, c'est-à-dire au recréateur de l’œuvre, la réinterprétation d’un univers selon les normes de sa propre sensibilité.

François L. Speranza.

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     GILLES JEHLEN : DU TREFONDS  DE L’AME A LA BRILLANCE DE L’ACHEVE

 

Du 16-01 au 03-02-13, l’ESPACE ART GALLERY (Rue lesbroussart, 35, 105O Bruxelles) expose les œuvres de Monsieur GILLES JEHLEN, un sculpteur Français qui offre pour la première fois son travail au regard du public dans une exposition intitulée DE LA TERRE BRUTE A LA TERRE POLIE

Avec GILLES JEHLEN, c’est l’imaginaire du visiteur qui tourne à fond !

L’imaginaire est interpellé par le nombre de réminiscences qui se télescopent dans tout ce que son regard rencontre.

La triade constituée par les pièces intitulées : COUP DE SCIROCèS A CADACO, DAME DE CADACES DEBOUT et DAME DE CADACES ASSISE,

 

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peut susciter le souvenir des Vénus préhistoriques du Paléolithique Supérieur (telles que la VENUS DE WILLENDORF), splendides incarnations de la Femme transfigurée en image de la fécondité. Ces Vénus « stéatopyges » comme on les nomme en Histoire de l’Art, ont la particularité d’avoir un amas de graisse important autour des fesses. Cette particularité se retrouve, évoquée de façon humoristique, dans ces créations de GILLES JEHLEN, réalisées en terre cuite émaillée.         

Si la triade a des accents « préhistoriques », LA FAMILLE MENDES

 

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développe, elle, une esthétique qui n’est pas sans évoquer certaines pièces du répertoire contemporain de l’Afrique noire. Une esthétique élaborée dans un discours qui fut trop rapidement qualifié de « naïf » par la critique occidentale du passé.

Et que dire de FROM A SON

 

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montrant une femme crucifiée ? Parmi les images engrangées dans notre culture, le célèbre tableau de FELICIEN ROPS intitulé LA TENTATION DE SAINT ANTOINE (1878) qui présente également une femme, les seins nus et clouée sur une croix, nous revient en mémoire. Et ce compas surmontant la croix, ne fait-il pas penser à un symbole maçonnique ?

Une œuvre extrêmement intéressante est la MARCHE DE NUIT

 

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On y voit le même personnage représenté à différents stades du mouvement. Cette œuvre offre le contraste évocateur entre la silhouette blanche, se détachant du fond noir de la nuit ainsi que l’idée de l’évolution de l’espèce humaine (par simple évocation), mais elle évoque aussi la silhouette qui se décante au loin pour aboutir à sa forme précise.

GILLES JEHLEN est un merveilleux artiste. Un sculpteur qui porte en lui le secret des émaux. Ses pièces sont d’une brillance à couper le souffle, leur conférant une grande noblesse. En effet, la terre passe du brut à la culture par le biais de l’émail qui la lustre en lui donnant souvent l’incorruptibilité de l’or. Et la  gestuelle savamment étudiée des personnages est digne des chorégraphies les plus avant-gardistes.

Lorsque on se prend à interroger cet artiste autodidacte qui sculpte depuis quinze ans, sur la genèse de ses œuvres, il ne fournit que des réponses assez évasives, du style « j’ai été influencé par une forme ». Ou bien alors, « j’ai créé sous l’effet d’une émotion », « je me suis laissé guider par le geste ». Comme s’il était lui-même surpris par le résultat obtenu. Bien sûr, l’œuvre surprend en premier l’artiste avant qu’elle ne touche le visiteur. Néanmoins, des réponses doivent se trouver enfouies sous un amas d’images et d’émotions plongées au tréfonds de son inconscient. Autrement, comment expliquer le rendu de la simplicité du geste quotidien exprimé notamment dans BLUE BOTTES

 

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qui se perd avec tant de fluidité et de grâce dans cet entrelacs de formes, à la fois élégantes, savantes et magiques ?

François L. Speranza.

 

Une publication

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QUAND LA MATIERE INCARNE LE DISCOURS

 

Du 16-01 au 03-02-13, L’ESPACE ART GALLERY (Rue lesbroussart, 35, 1050, Bruxelles), propose une exposition intitulée SENTIMENTS ET COULEURS, consacrée à Monsieur JIM AILE, un peintre Belge dont les œuvres ne manqueront pas d’en surprendre plus d’un par leur intensité plastique.

Dès le premier contact visuel avec l’œuvre de JIM AILE, l’on ressent l’impression d’un trouble physiquement exprimé par la manifestation d’un trop plein de quelque chose. Ce « quelque chose », c’est la matière. Son œuvre se caractérise par une prédominance de la matière. En fait, sa peinture est essentiellement « matière », étalée de la façon la plus brut, souvent par une touche travaillée au couteau, laissant sur la toile son empreinte existentielle.

L’on pourrait presque parler de « concerto » pour chaque œuvre de l’artiste, tellement un combat pour la vie s’engage entre la toile et la couleur. Et ce combat est, en quelque sorte «arbitré » par la matière qui souligne la couleur en la scellant sur le support.

Certaines toiles sont tellement pleines de cette matière qu’elles prennent l’aspect de pièces transitoires entre la peinture et la sculpture, à un point tel que le terme d’œuvres « mobiles » pourrait être appliqué, tant les éléments extérieurs s’ajoutent au chromatisme pour former un tout hautement plastique.

Parfois, le sentiment que la toile suffoque sous la matière nous saisit. Néanmoins, ce qui lui permet de respirer, c’est à la fois la lumière ainsi que l’éventail chromatique.

La démarche créatrice de JIM AILE qui n’a jamais fréquenté d’académies est fort proche de celle de POLLOCK, en ce sens que posée à même le sol, l’artiste évolue sur ses contours en utilisant la technique du « dropping », technique qui consiste à laisser couler, goutte par goutte, la peinture sur la toile, jusqu’à former un ensemble harmonique.

Si l’artiste donne souvent l’impression d’être éclectique concernant ses influences éventuelles, c’est parce qu’il cède à l’extériorisation d’une émotion qu’il s’efforce à traduire en couleurs.

Cette traduction sur tous les tons de la palette atteint, en quelque sorte son paroxysme, dans la volonté de l’artiste à inviter le visiteur à toucher ses toiles !

Oui, oui…vu avez bien lu ! JIM AILE vous permet de les toucher ! Plus que tout, il le souhaite ! Le toucher devient pour lui la phase finale du contact, son aboutissement. Il débute avec le regard qui appréhende l’œuvre de loin. Petit à petit, il s’en rapproche pour arriver à l’atteindre. Mais là où d’aucuns ne permettraient jamais au visiteur de « souiller » l’œuvre par le toucher, pour que celle-ci demeure « immaculée », voire inviolée par la main humaine, JIM AILE, lui, invite quiconque voudrait la toucher à le faire, dans le but à la fois de s’en imprégner mais aussi pour mettre un terme au voyage du regard, venu de loin, par la prise charnelle de la main sur le corps de l’œuvre.

Les œuvres sont accompagnées d’un texte séparé du tableau que l’artiste envoie au domicile du visiteur si celui-ci est intéressé de le recevoir.

Dans OSE (160 x 100 cm),

 

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nous entrons dans l’élan vital, aboutissant à la démarche créatrice. OSE, à l’impératif, marque un commandement, celui de se lancer à corps perdu dans l’acte créateur. Cette œuvre témoigne surtout d’un changement de cap drastique dans la vie de l’artiste. Lassé de sa position sociale ne lui apportant pas assez de réponses à ses questions existentielles (il était à la tête d’une banque au Japon), il décide de se consacrer pleinement à la peinture. OSE est l’injonction créatrice d’une détermination vitale et rageuse.

LUX FIAT (120 x 160 cm)

 

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est indubitablement l’œuvre la plus calme de la série présentée. Elle témoigne du besoin de la lumière estivale perdue au cours de l’automne. Le jaune est, bien entendu, le centre de la création, à l’intérieur de laquelle gravite une constellation d’éléments festifs aux couleurs tendres qui rappellent la douceur de l’été.

THE END OF THE WORLD ? CHANGE OF SPIRITUALITY I et II (100 x 160 cm)

 

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est l’expression d’une phase révolue basée sur l’irruption d’un changement brutal, à savoir la fin du monde. Certes, elle n’a pas eu lieu malgré les prédictions mayas !

Néanmoins, elle rend compte des changements d’états dictés par l’évolution sociale. L’œuvre « grouille » de business cards et de cartes de visite. Tels les vestiges d’un monde révolu, elle témoigne de la vision d’une déchéance sociale.

Ces cartes de visite sont, en quelque sorte, les vestiges archéologiques d’une société dans laquelle sans un distinctif servant d’identifiant social, vous n’êtes plus rien. Comme nous l’avons mentionné plus haut, des éléments extérieurs (cartes de visite, business cards…) se greffent à la toile dans le but d’être touchés par la main du visiteur.

WHERE IS THE FLAG ? (96 x 96 cm)

 

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Le drapeau belge atomisé ? Cette myriade d’électrons libres fuyant dans l’espace se veut une vision personnelle de la réalité politique belge. Le noir, le rouge et le jaune semblent évoluer sous la loupe d’un microscope. Cette œuvre est, selon l’artiste, la métaphore d’une situation politique traduisant l’absence d’harmonie communautaire au sein d’une même société. Une parabole sur une mécanique autodestructrice.

GREEN IS GOOD (96 x 95 cm)

 

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introduit la nature dans une expression sauvage où la matérialité du discours se retrouve dans le traitement de la matière étalée au couteau.

A JOY FUL FISH IN A GREEN POND (100 x 160 cm)

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se veut, aux dires mêmes de l’auteur, un autoportrait lequel reprendrait les épisodes d’une vie antérieure dans l’univers de la banque. Un temps presque intemporel qui nous concerne tous, en tant que poissons joyeux, évoluant dans l’étang des responsabilités, et ce quelle que soit la teneur de l’eau.

JIM AILE qui s’exprime en technique mixte, est un autodidacte d’origine belge et italienne du côté de sa mère, originaire du sud-Tyrol (partie germanophone d’Italie), européen de culture et polyglotte qui peint depuis cinq ans, dont le rêve est d’exposer dans des galeries permanentes. Un artiste-magicien qui jette ses couleurs sur la toile comme un dieu jetterait ses sortilèges. Son dialogue avec la matière nous surprend et nous interpelle sur la nécessité créatrice.

François L. Speranza.

 

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Note de Robert Paul:

La page de Jim Aile sur le réseau

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DIMITRI SINYAVSKY :  LA NATURE ENTRE L’AME ET LE TEMPS

 

Du 16-01 au 03-02-13, l’ESPACE ART GALLERY (Rue lesbroussart, 37, 1050, Bruxelles) a le plaisir de présenter une exposition intitulée FLUX DU TEMPS, consacrée à Monsieur DIMITRI SINYAVSKY, un jeune artiste Russe qui depuis son enfance a noué avec le temps, un dialogue incertain.

DIMITRI SINYAVSKY est un jeune paysagiste Russe qui peint depuis 2008. Au fur et à mesure de la conversation qui s’installe avec lui, il nous révèle l’invraisemblable : il a commencé par l’abstrait ! De l’abstrait au paysage…voilà un parcours autant singulier qu’à contre-courant. Car, en règle générale, c’est le contraire qui se produit. Quoique...! Si par « abstraction » nous entendons des plages de couleurs éclaboussant le blanc de la toile, force est de constater que tout cela n’apparaît nullement dans les œuvres de l’artiste. Si, au contraire, nous entendons par « abstraction » l’introspection proustienne par rapport au temps, à l’intérieur de l’âme humaine, alors peut-être que l’œuvre de DIMITRI SINYAVSKY demeure parfaitement « abstraite » (du moins, dans l’esprit), malgré la présence de la nature, à la fois foisonnante et majestueuse, voilée, néanmoins sous un fond de solitude.

La prise de conscience du temps qui passe. L’existence du temps en tant qu’expression d’un sentiment qui nous définit. Voilà, sans doute, une définition supplémentaire à cette « marque déposée » au début du 20ème siècle par une critique avide de sensationnalisme, sans pour autant entrevoir la confusion que cela allait engendrer dans les esprits. Absence de figure humaine ou de tout élément identifiable par notre vocabulaire le plus courant, serait synonyme d’ « abstrait ». Or, à la vue de l’œuvre de DIMITRI SINYAVSKY, au demeurant, parfaitement « classique » dans sa forme, nous sommes intrigués par cette répétition de la présence de la nature, conçue comme un leitmotiv, pour souligner la nostalgie d’un « âge d’or », où elle n’était pas encore asservie par l’Homme.

Nature et solitude de la nature sont les fondements de son discours, à la fois philosophique et pictural. Balançant entre l’Ecole Russe et l’Impressionnisme français, il y a dans son trait autant de SAVRANOV ou de SHISHKINE que de PISSARRO.

Tout un héritage remontant à la fin du 19ème siècle dont nous retrouvons les traces en chacune de ses œuvres. Même lumière, même luminosité et amour pour les grands espaces empreints du mysticisme de la nature, concernant l’Ecole Russe. Même disposition du cadrage à l’intérieur duquel se déroule la scène, comme dans l’Impressionnisme français, concrétisé par des successions à peine perceptibles des plans ainsi que des points de fuite, permettant au regard de prolonger l’espace.

VERT PETIT DANS LES FRIMAS (59 x 44 cm)

 

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et PROVENCE SOUS LE BOURRASQUE (79 x 39 cm)

 

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se situent à l’intersection entre une décharge des sentiments à vif dans le silence d’une nature foisonnante et de l’étude analytique de cette même nature.

Si l’on s’attarde sur VERT PETIT DANS LES FRIMAS, on remarquera ce détail qu’est la présence du feuillage souligné de façon appliquée comme lorsqu’on trace une calligraphie, contrastant avec le fait que ce même feuillage est situé loin par rapport à la persistance rétinienne. Illusion d’optique ? Non. Simple mise en exergue d’une nature dévoilant sa présence dans tous ses atours. Au fur et à mesure que le regard s’avance, bien des détails apparaissent, notamment l’existence cachée de différents plans, alternant discrètement le rythme de la composition, ainsi que des points de fuite sur lesquels le visiteur risquerait de passer sans même les remarquer.  

Rarissime est la présence de la figure humaine dans l’œuvre de ce paysagiste. Cette absence résulte d’un bannissement de l’Homme par la nature. Toujours est-il que sa présence neutre, presque miraculeuse, confère un équilibre à la composition.

Néanmoins, dans LE RAMASSEUR (20 x 31 cm),

 

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la possibilité d’une réconciliation  entre l’Homme et la nature s’affirme dans une communion entre dégradés de couleurs, lumière enveloppante et jeu de perspective.

Car DIMITRI SYNIAVSKY est décidément un maître de la perspective. Même si le personnage du « ramasseur » fait partie intégrante de la composition, il demeure ostensiblement en retrait, en étant volontairement décentrée par rapport au cadrage. Le plan représente une clairière. Divers points de fuite (bien que très discrets) s’offrent au regard. Une lignée de bouleaux placés en ligne droite (sur la gauche) s’oppose à une autre lignée de bouleaux (sur la droite), placée en oblique, créant ainsi un déphasage dans la perspective.  Un jeu subtil s’installe entre la solitude de la nature luxuriante à souhait et l’invitation adressée au regard du visiteur à se perdre pour trouver sa liberté, dans un savant dosage appliqué aux nuances du chromatisme pour déterminer la profondeur du champ visuel. 

Un jeu discret dans la fonction de la lumière est apporté par les réverbérations des lampions accrochés aux branches des arbres, à mi-plan de SOIR A BRUGES (31 x 39,5 cm),

 

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se réfléchissant sur l’eau noire.

Un contraste intéressant s’établit entre la zone médiane du tableau, illuminée, comprise entre deux zones dominées par le noir de la nuit (le ciel nocturne et l’eau du canal).

Nous retrouvons toujours cette conception scénique de l’œuvre picturale, campée entre différents plans, laissant deviner des points de fuite.

Il est impressionnant de constater qu’à l’exception de trois tableaux, toutes les  œuvres de cet excellent artiste, exposées à l’ESPACE ART GALLERY, datent de l’année dernière. Ce paysagiste, coté « Drouot » préfère, pour des raisons de meilleure lisibilité, l’utilisation de l’huile.

L’origine de sa démarche est à chercher, notamment, dans l’œuvre cinématographique du metteur en scène Danois LARS VON TRIER (particulièrement dans la dialectique qu’offre son film DOGVILLE) où l’être humain, existant, se voit mis à l’écart, puis abandonné, voire sacrifié par la société. La nature, c’est l’âme dans la souffrance de l’abandon et les endroits sauvages deviennent une image de l’intemporalité (le biotope inviolé), prise comme démarche politique de la nature. Un autre artiste, extrêmement présent dans la quête intellectuelle du peintre, est le compositeur Russe SCRIABINE qui (à l’instar de MOUSSORGSKY) désirait hardiment incorporer les éléments dans sa musique. Le parfum de l’herbe fraîche devrait, selon l’artiste, se dégager à la vue d’une scène champêtre. Car le tableau avec la peinture qui le recouvre participent déjà de la nature. Et cette nature, dans son expression la plus organique, vient se loger au cœur de l’émotion.

 

DIMITRI SYNIAVSKY a touché un peu à tout dans le domaine de l’Art. Il a notamment tâté de la vidéo lorsqu’il était encore en Russie. Arrivé en France, il a été fortement encouragé par le peintre SERGUEI TOUTOUNOV à s’engager dans la voie de la peinture.

Passer devant son œuvre picturale est un acte d’une immense responsabilité, car l’on passe devant une myriade de scènes analogues. Or, chaque scène est le témoin d’une émotion particulière interprétée de façon différente.

Ce qui, une fois encore, tend à prouver qu’une œuvre d’art (quelle que soit sa nature) ne se regarde pas : elle se lit !

François L. Speranza.

 

 

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Note de Robert Paul:

Promenades fleuries sur des oeuvres de Dimitri Sinyavsky

Accompagné par une sonate de Scriabine, musicien affectionné par le peintre.
Proposé et réalisé par Robert Paul

La page de Dimitri Sinyavsky sur Arts et Lettres

N.-B.: 

Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, administrateur général d'Arts et Lettres

 

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