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philosophique (3)

administrateur théâtres

La légende amérindienne raconte qu’il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux étaient terrifiés et observaient le désastre. Seul le petit colibri s’activait sans relâche, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri de répondre: « Je le sais, mais je fais ma part et de mon mieux. »

Patrick Chamoiseau est un écri­vain fran­çais ori­gi­naire de la Martinique, auteur engagé et poète de l’écologie. Clin d’œil à Pierre Rabhi et à son « mou­ve­ment colibri » basé sur  cette légende amérindienne, l’auteur met en scène « Les neuf consciences du malfini » un grand rapace antillais plein de superbe et de toute puissance démoniaque.

Ce rapace dévore toute chair vivante avec une violence arrogante et ses vaniteux appétits guerriers n’ont pas de limite. « J’aime frapper les chairs chaudes ! » Face à lui, Foufou le colibri qui se nourrit des vibrations du monde, de tout ce qu’il écoute, goûte, touche, regarde, respire et réfléchit. « La poussière des fleurs est-elle la vie ? » …Parole d’abeille qui conditionne la survie de ce monde?  Soudain le rapace aperçoit « le petit maître » joyeux, dénué de toute crainte, qui vaque à ses occupations. Soudain il observe la nature autour de lui. Un arbre cachait la forêt ! La colère fait place au doute puis à la curiosité et à l'intérêt. Il renie son genre de vie, rendu sensible aux vibrations de couleurs, de parfums et d’émotions qui se correspondent. Très Baudelairien! Foufou, le petit colibri, vit «au-delà» de son alaya, son inconscient collectif, son code génétique, ses pulsions, ses instincts, son ego,  son déterminisme.  Lorsque le malfini se met en quête de l’autre, il s’élève et éveille peu à peu toutes ses consciences, et permet ainsi à la Vie de continuer à vibrer, toute arrogance bue. « Je compris encore mieux à quel point les vies se tiennent, combien nulle n'est centrale, plus digne, plis importante. Elles portent les même couleurs. Elles se lient, se relient, se rallient, se relaient et se relatent avec les même couleurs.» L’harmonie ne peut se réaliser que par l’empathie avec les autres, dans la diversité. Le rêve est vaste !

Transposé sur le plateau de la Clarencière cela se traduit par un décor au départ brumeux,  on ne sait si c’est du ciel ou de l’océan, une lumière diffuse bleue. Une femme statufiée à gauche parle, en cachant son visage, pantalon et tunique couleur terre. Elle est pieds nus et  porte des lunettes de myope. « C’était au temps de ma splendeur barbare ! » On s’aperçoit que le lieu est recouvert de papier bulle et cela fait penser à une salle de rebirth. Quelques accessoires, une marionnette improvisée, une très bonne sonographie et des jeux de lumière l’ont métamorphosée tour à tour en oiseau prédateur et en colibri, nouveau maître  à penser. Le spectacle imprévisible fascine, interroge, touche. Il est à la fois bruissant et silencieux. Il est pari de fraternité et d'ouverture à l'autre.

La lecture de Marie Carmen de Zaldo est très intelligente et intelligible, malgré une projection dans un monde poétique pas forcément facile d’accès! Du côté spectateur, on se sent aussi regardé, interrogé, touché par la magie théâtrale faite oiseau, image du vivant? de l’esprit? de l'utopie? «  Comme nous ne cherchions rien, nous découvrions tout. Comme nous n'allions nulle part, nous arrivions partout...»

Marie Carmen de Zaldo dans   "Les neuf consciences du Malfini"

adapté du roman de Patrick Chamoiseau aux éditions Gallimard.
  
 
Mise en scène, adaptation, interprétation : Marie Carmen de Zaldo
Collaboration artistique : Aline Steiner
Scénographie : Peter Maschke
Musique : Nicolas Arnoud
Oeil extérieur : Ariane Loze, Inge Van Gestel

Production : Compagnie La porteuse d'eau soutenue par la Fabrique de Théâtre, le Centre des Arts de la Rue, la Roseraie.

 Lieu : Au théâtre de La Clarencière, lieu rare, fertile et accueillant pour l’éclosion des jeunes créations.

http://www.laclarenciere.be/

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administrateur théâtres

12272999298?profile=originalMonsieur Ibrahim et les fleurs du Coran 

Monsieur Ibrahim est un épicier de la rue Bleue à Paris et il rencontre  Momo, un jeune garçon qui rentre dans son épicerie et dont il va devenir successivement, l’ami, le mentor et le père adoptif. Une merveilleuse histoire d’amour entre un épicier musulman et un jeune garçon juif. « Pourquoi tout le monde dit que vous êtes l’Arabe du coin alors si vous êtes pas arabe ? » «  Parce que arabe, Momo, ça signifie que vous êtes ouvert tous les jours de huit heures  jusqu’à minuit et même le dimanche ! »  Moïse ou Mohamed  du pareil au même,  Momo pour l’intimité et la chaleur humaine.  

Pendant plus d’une heure et demie, c’est Eric-Emmanuel Schmitt, l’auteur,  qui joue lui-même son texte sur la scène du centre culturel d’Auderghem. Une représentation unique, un jour de grâce.  Le décor est beau, multiple et épuré tout en restant immuable jusqu’à la fin. Ce sont les âmes qui voyagent. On voyage entre les rues chaudes de Paris, un appartement cossu mais noir,  bourré de livres qu’habite un père sans amour et dans bien d’autres lieux imaginaires. Le jeune adolescent clamant haut qu’il a 16 ans offre son nounours à la fille qui l’initie à l’amour, il vole les boîtes de conserve de l’épicier, comme il volait son père. Flottent le souvenir d’un frère disparu, mieux aimé et le fantôme d’une mère. Mais voici que grâce à son alliance avec l’épicier  Momo mitraille le monde avec son sourire : « c’est le sourire qui rend heureux ! » Mieux il applique une nouvelle maxime: « Ton amour t’appartient, ce que tu donnes c’est à, toi pour toujours ! »  Après la mort du père, ensemble ils voyagent de la côte normande au croissant  d’or… Il danse avec les derviches.  Il a  « la haine qui se vidangeait » et pardonne à son père, presque à sa mère ! Nouvelle maxime : « Ta beauté, c’est celle que tu trouves à la femme, Momo ! » Ibrahim, qui à l’issue du voyage  a retrouvé ses racines orientales  ne meurt pas, il  va rejoindre l’immense. Retour à Paris en stop. Il y a des enfances qu’il faut savoir quitter.

 M. IBRAHIM ET LES FLEURS DU CORAN...Intense, aigu, sensible, Eric-Emmanuel Schmitt en montant sur scène ne peut que donner une résonnance unique, limpide  et juste  à son magnifique  texte. Ses qualités de comédien font vivre  chaque phrase comme de la poésie vivante d’un conte d’une profonde sagesse et personnifie  avec grande délicatesse l’amour qu’il met en scène. Il campe chaque personnage avec virtuosité époustouflante. On le sent avoir la passion du théâtre, celle qui ne vise qu’à donner à l’autre du bonheur. Il est lui et les autres, imaginaires, tout à la fois et nous livre un témoignage brûlant d’humanité et de vérité.


Une merveilleuse soirée, un conte de 1001 jours, une légion d'étoiles pour toute l'équipe, la mise en scène, les lumières, la musique:
Anne BOURGEOIS
Nicolas SIRE
Jacques CASSARD
Pascale BORDET
Laurent BÉAL
and last but not least Éric-Emmanuel SCHMITT auteur et splendide comédien!

http://www.cc-auderghem.be/index.php/component/redevent/details/202.html

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administrateur théâtres

Milarépa, conte philosophique (théâtre des Martyrs)

«  Milarepa (1040-1123) - célèbre yogi tibétain - est l'un des fondateurs de la tradition Kagyupa, réputé pour avoir atteint l'éveil en une seule vie par ses efforts et sa dévotion exceptionnels »

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Ceci n’est pas une illusion (1) :

Événement festif à l’occasion du Nouvel An tibétain, le jeudi 3 mars 2011 de 19h00 à 19h50 

La Compagnie Biloxi 48  en résidence au théâtre des Martyrs, organise, en partenariat avec Samyé Dzong Bruxelles, une série de rencontres et d'activités consacrées à la figure de l'illustre Maître tibétain.  

Rituel tibétain traditionnel accompagné d'instruments, au cours duquel sont récités lentement des mélodies monocordes inspirées des chants de réalisation (dohas) composés par Milarépa. Ces rituels ont pour but d'inspirer les participants à suivre les traces laissées par les maîtres de la tradition sur le chemin de l'intériorité, à la recherche de la nature ultime et parfaite de tout ce qui est.
A l'occasion de la nouvelle année tibétaine du Lièvre de Métal, qui débutera le 4 mars 2011, un petit groupe de tibétain sera présent à la fin du spectacle pour partager une tasse de thé tibétain et quelques kabzés, des biscuits traditionnels confectionnés spécialement pour l'occasion.
Un stand sera également présent avec des ouvrages bibliographiques, philosophiques, culturels et artistiques, axés sur le Tibet et la tradition bouddhique tibétaine à laquelle appartenait Milarépa.

 

Ceci n’est pas une illusion (2) :

MIlarépa : Le roman de Eric-Emmanuel Schmitt, conte philosophique dans l’esprit du Bouddhisme tibétain. En voici la note de l’éditeur :" Simon fait chaque nuit le même rêve dont une femme énigmatique lui livre la clef : il est la réincarnation de l'oncle de Milarépa, le célèbre ermite tibétain du XIe siècle, qui vouait à son neveu une haine inexpiable. Pour sortir du cycle des renaissances, Simon doit raconter l'histoire des deux hommes, s'identifiant à eux au point de mêler leur identité et la sienne. Mais où commence le rêve, où finit le réel ?"

 

Ceci n’est pas une illusion (3) :

Milarépa : Mis en scène au théâtre de la place des Martyrs à Bruxelles:

Le rideau illusoire se lève sur un sourire, le crâne est rasé et  le visage rond comme la simplicité, la valise à la main il dit : « Tout a commencé par un rêve. Pause. De haute montagne… »

Nous voilà en plein songes: les songes sont-ils pour nous une deuxième vie? Où est l’illusion?  Simon, Swastika, Milarépa - un seul personnage - ne pense pas, il raconte! Il dévoile les racines profondes de la haine. Elle peut même naître stupidement  d’un trop plein de compassion …  Swastika, le berger ruiné est recueilli chez son cousin, là le sourire radieux d’un enfant aux allures de prince l’accueille et aussi des larmes vraies. « Il pleura. Dans ses sanglots, je découvris que j’étais pauvre, je me mis à le haïr. »  Cet exemple de la folie de la haine est emblématique, quand on pense que c’est l’innocence pure d’un sourire d’enfant qui en est la cause. Et la vengeance qui s’en suivra sera totalement dévastatrice.

Milarépa, devenu grand ne pourra pas résister, malgré sa droiture, au désir lui  aussi d'utiliser la violence et de venger ses parents bafoués par ce berger sans scrupules, rendu fou par son égo monstrueux, lui qui s’est enrichi à leurs dépens, finissant par  tout leur voler, par cupidité, par envie démesurée.  Mais un jour Milarépa reconnaîtra que sa force et ses sortilèges magiques ne lui auront servi qu’à semer l’agonie autour de lui.

Expiation. « O Précieux, dira-t-il au lama Marpa, veuillez m’enseigner le chemin de la paix et du bonheur.» Après des épreuves surhumaines il deviendra bodhisattva, un être qui refuse d’aller jusqu’à l’illumination mais qui fait vœu d’aider l’humanité entière. D’une voix grave, il dira « Je n’ai de famille que l’humanité ». C’est son bonheur. La joie du renoncement en est un autre.  Au contraire, tel un avare, cloué dans ses désirs de richesses accumulées, Svastika, associera sa mort et la perte de ses richesses au malheur absolu. Pour son malheur, Svastiska entrevoit enfin la sagesse, à son grand dam, sous les traits de l’ermite Milarépa, sous les traits «de ce que j’abhorrais le plus, et sur lequel, (ô dérision) je me suis acharné toute ma vie ! » 

 

Illusions (4):

La réalité existe-telle en dehors de la perception qu’on en a ? En interviewant le comédien Patrick  Brüll, une autre illusion tombe. On aurait pu croire que le comédien avait choisi de jouer cette pièce par conviction personnelle. Ce n’est nullement le cas. C’est le metteur en scène qui lui proposait en lecture il y a un an et demi le texte d’E.E Schmitt. Cela convenait certes à sa sensibilité, à  son désir non déguisé de faire exploser tous les « moi » du monde. Mais on aurait pu croire, que le comédien avait choisi  lui-même ce texte,  tant son jeu est  convainquant et puissant, juste et ample, passionnant et frappant de vérité. Il est sûr que  l’illusion théâtrale secrétée par ce comédien éblouissant est totale.

 

http://www.theatredesmartyrs.be/index2.html                                 Jusqu'au 5 mars 2011 

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