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     Déjà la rentrée depuis quelques jours, et c’est avec un grand nombre de nouveautés préparées tout au long de l’été pour vous, que j’ai le plaisir de vous retrouver !
      Effectivement, je n’avais pas disparu, et ce blog n’était pas abandonné : au contraire, si l’été fut pour moi chargé au point de n’avoir pas eu une minute pour vous donner plus de nouvelles, c’est pour vous que je travaillais (outre les semaines de stages très intenses que j’animais), que je voyageais, expérimentais, explorais, découvrais, inventais…

     Voici le début d’une série d’articles nouveaux qui j’espère, vont vous apporter de véritables moments d’évasion, de nouvelles sources d’inspiration, et des informations techniques précises au service de votre créativité.
     Souvent dans la continuité des précédents billets, parfois à la découverte des derniers produits proposés par les fabricants.
    Ce sera à travers le partage de petites (ou plus grandes) aventures « aquarellées », en partant du minimum de matériel et de la plus grande liberté d’exécution possible.
     Ils ont pour but de rendre passionnant et inédit votre désir d’utiliser l’aquarelle légère pour enrichir vos voyages, vos randonnées, ou tout simplement vos soirées d’hiver quand vous vous évaderez encore sans bouger de chez vous tout en parcourant ce journal en ligne.
     Aujourd’hui, c’est à la découverte des nouveaux bâtonnets d’aquarelle solide et des aquarelles en marqueur du fabriquant Winsor et Newton, que je vous invite : je vous emmène en randonnée VTT dans les Grands Causses pour effectuer le premier test de ces nouveaux outils.
     Ils m’ont permis de réaliser en un temps record ce croquis aquarellé d’un paysage immense, rapidement terminé à l’aquarelle avec les demi godets de ma petite boite de voyage.
     Concernant ce croquis aquarellé des Gorges du Tarn, il est au format A4 sur papier à grain léger (160 gr) « Paper Touch » Clairefontaine, pour un temps de réalisation  d’environ ½ h.

Les nouveaux bâtonnets et marqueurs aquarelle Winsor et Newton (1 ère partie)

     Outre l’essai des bâtonnets et marqueurs aquarelle Winsor et Newton, mon objectif était de réaliser le croquis aquarellé simplifié de ce paysage complexe, en privilégiant le graphisme sur la couleur. Il s’agit d’une vue des falaises du Causse Méjean et des Gorges du Tarn depuis la corniche orientale du Causse de Sauveterre, un endroit particulièrement grandiose et sauvage dont j’ai voulu accentuer l’aspect « graphique » par les rehauts au marqueur aquarelle bleu, ce qui donne au dessin plus de nervosité et en accentue la dynamique.
     Résultat : travail correspondant aux objectifs avec d’intéressants effets liés aux sticks, mais sans aspect « fusant » du feutre aquarelle, qui, immédiatement absorbé par le papier ne réagit pas à l’action ultérieure de l’eau (celui-ci présentant l’apparence avec ce type de papier d’un feutre indélébile « traditionnel »).
     Ce dernier outil se comporte très différemment avec d’autres types de papier (en particulier les papiers satinés peu absorbants) ce qui en fait également un outil très polyvalent et créatif.
     Quant à ces nouveaux outils Winsor et Newton, leur légèreté, leur fonctionnalité, leurs possibilités créatives sont si bien adaptées à l’exercice que je m’étais fixé, que j’ai décidé de les incorporer à mon matériel habituel de voyage, et de les emporter dans mon sac de parapente pour les essayer de façon plus élaborée lors de la prochaine sortie picturale que je vous ferai partager.
     Je les ai dans le cas présent utilisés sur du papier pour feutre et peinture à l’eau tout à fait ordinaire, mais Winsor et Newton a développé 3 nouveaux blocs papier à spirale spécialement destinés à l’usage des feutres (qui doivent à mon avis bien mieux réagir sur ce papier-là, que sur celui que j’avais utilisé pour mon essai).
     Voici donc leurs principales caractéristiques, en commençant aujourd’hui par les bâtonnets d’aquarelle solide (nous verrons les marqueurs aquarelle dans le prochain article) :   
        1) - Les bâtonnets d’aquarelle solide : Hydrosolubles, ce sont des bâtonnets de section carrée de 6 cm de long à l’aspect velouté, très agréables à manipuler. Ils se déclinent en 48 couleurs lumineuses formulées avec des pigments extra-fins, on y retrouve toutes celles que je conseille dans mes stages et mes cours. Les bâtonnets d’aquarelle solide offrent de nombreuses possibilités créatives et techniques.
     Voici leur aspect posés à sec sur le papier (crayonnage tranche angle et surface latérale du stick, avec 3 couleurs proches des primaires (Rouge Winsor foncé, Nuance jaune de cadmium et Bleu Winsor nuance rouge), et recouverts deux à deux à sec également :

 

Les nouveaux bâtonnets et marqueurs aquarelle Winsor et Newton (1 ère partie)

Et après humidification à l’eau claire (avec pinceau à réservoir d’eau Pentel) :

Les nouveaux bâtonnets et marqueurs aquarelle Winsor et Newton (1 ère partie)

     Leur premier intérêt étant de pouvoir dessiner directement avec la couleur sur le papier sec ou humide (on peut même obtenir des traits fins avec les angles de la section carrée). La gestuelle qui s’ensuit procure un sentiment de liberté tout à fait particulier, aussi agréable en extérieur qu’en atelier.
     L’un des avantages qu’ils peuvent présenter dans le cadre d’une utilisation en voyage lorsqu’un séchage « normal » du papier est impossible (température élevée ou temps d’exécution trop court pour terminer son aquarelle), - ceci à condition d’avoir une entière maîtrise et connaissance du produit -, est de pouvoir terminer ultérieurement son dessin sans se soucier sur le motif des problèmes d’eau : celui-ci pourra être humidifié longtemps après sans la moindre dégradation de son travail entre-temps !


     Voici un test sur papier aquarelle à grain fin (format 12 x 20 cm avec ces mêmes trois couleurs d‘essai) dans lequel je me suis servi des bâtonnets aquarelle pour réaliser les sous-couches du motif, créer des effets de matière en utilisant le grain du papier, et que j’ai terminé en rehauts à la plume et à l’aquarelle.
     Il s’agit de la nuit tombante sur Nampan, un village sur pilotis en bordure du lac Inle en Birmanie. Je me suis servi d’une photo prise lors de notre stage carnet de voyage là-bas d’il y a 3 ans. Au moment où j’ai pris la photo il était tard, et nous n’avions pas eu le temps de peindre sur place cette image inoubliable d’un village paisible que la pénombre commençait d’envelopper sur fond de montagnes bleutées, entre la lumière encore bien présente dans le ciel et celle de l’eau qui le reflétait.
     Seule, la grande pagode d’or,  paraissait irradier les derniers rayons du soleil déjà couché.
     De la fumée s’échappant d’invisibles maisons se mélangeait à la brume du soir, et ce moment magique n’était troublé que par le passage de quelques pirogues attardées : je m’étais juré réaliser un jour l’aquarelle de cet instant…

1) - Passage à sec des bâtonnets d’aquarelle solide.

1) - Passage à sec des bâtonnets d’aquarelle solide.

2) - Après humidification à l’eau claire avec les pinceau à réservoir d’eau (attention l’extrême concentration des pigments et leur vivacité à ce stade peut donner un aspect « criard » au motif, ce qui m’a amené à le délaver à grande eau pour passer à l’étape suivante).

2) - Après humidification à l’eau claire avec les pinceau à réservoir d’eau (attention l’extrême concentration des pigments et leur vivacité à ce stade peut donner un aspect « criard » au motif, ce qui m’a amené à le délaver à grande eau pour passer à l’étape suivante).

3) Après finitions par rehauts à la plume et à l’aquarelle en demi - godets.

3) Après finitions par rehauts à la plume et à l’aquarelle en demi - godets.

          En conclusion :


      - Outil polyvalent pour dessiner et peindre à l’eau, permet de gagner un temps fou pour ébaucher ses motifs lorsqu’on en maîtrise bien le maniement (c‘est non négligeable en carnet de voyage),
      - Spécialement formulé pour être utilisé sec et ensuite mouillé, à tout moment, pour un maximum de commodité,
      - Léger et fonctionnel pour un usage créatif en carnet de voyage,
      - Fortement pigmenté et résistant à la lumière,
     - Parfait pour une utilisation en atelier, à l'extérieur, ou même en voyage, (mais il vaut mieux privilégier des formats assez grands si on veut bien exploiter le produit et en tirer les plus intéressantes possibilités),
     - Formulé à partir des mêmes pigments de qualité supérieure que les tubes et les godets d'aquarelle professionnelle (donc intéressant pour certaines retouches),
     - Toutes les couleurs peuvent être mélangées avec des aquarelles traditionnelles,
     - Compatible avec d'autres couleurs utilisables à sec, ainsi qu'avec l'ensemble des médiums pour aquarelle Winsor & Newton,
    - Bâtonnets disponibles en 48 couleurs

NUANCIER

Les nouveaux bâtonnets et marqueurs aquarelle Winsor et Newton (1 ère partie)
Les nouveaux bâtonnets et marqueurs aquarelle Winsor et Newton (1 ère partie)
Les nouveaux bâtonnets et marqueurs aquarelle Winsor et Newton (1 ère partie)
Les nouveaux bâtonnets et marqueurs aquarelle Winsor et Newton (1 ère partie)

       Si cet article vous a plu, je vous emmènerai jusqu’à un adorable village à travers une balade aérienne plutôt originale lors du prochain article, nous essaierons alors ces bâtonnets et marqueurs aquarelle dans de nouvelles conditions…

        Enfin, pour terminer, je vous recommande comme principal fournisseur (pensez à commander de ma part) le spécialiste de l'aquarelle (où vous trouverez mon excellente petite boite de voyage "Field Box" Winsor et Newton  : http://www.aquarelleetpinceaux.com/

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administrateur partenariats

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Les bois de Spa, aux confins des Hautes Fagnes.

Un endroit magique, ou fées et elfes, le soir tombant, frôlent de leurs ailes fines

les feuilles vert pâle de hêtres centenaires...

Adyne Gohy

accompagnée de sa complice y a déposé son chevalet.

12273049476?profile=originalUn point de vue bien choisi !

Et une excellente ambiance, le sourire est au rendez-vous .

12273049668?profile=originalL'aquarelle.

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Un autre point de vue pour une autre aquarelle.

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Concentration !

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12273050496?profile=originalLe résultat...

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Une après-midi agréable,

un bain de plein air,

un bol de bon air,

des pinceaux fébriles

de tant de beauté à raconter,

un instant de grâce

en communion avec la nature,

c'est tout ce que nous apporte ce vivifiant exercice...

Liliane et Adyne.

Un partenariat

Arts 12272797098?profile=originalLettres

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Il ne me reste pas de pleurs

 

Je reçois ma part d'énergie,

En liberté sans surveillance.

Je l'emploie à ma convenance,

Pour rendre plaisante ma vie.

Je n'ai à remplir aucun rôle;

J'en eus plus que deux à la fois.

Je réalise bien pourquoi

Je m'octroie le droit de parole.

Comme je le faisais avant,

Je félicite, je dénonce,

Contre ceux malfaisants, je fonce.

Participer m'est important.

Or j'accueille souvent le doute

Me méfie de mes impulsions

Et me force à faire attention,

M'aventurant sur une route.

Il ne me reste pas de pleurs

Non plus de gais éclats de rire.

En réserve, j'ai des sourires,

De la tendresse au fond du coeur.

16 septembre 2014

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L'insularité d'une rencontre,

 

Insulaire est votre corps,

pour d'autres inaccessible,

excepté pour le mien,

patient et inlassable,

à l'instar d'un flot bleu,

entier le submergeant.

Insulaire est votre bouche,

pour d'autres inabordable,

excepté pour la mienne,

inoubliable et nue,

à l'instar d'un coucher pourpre,

entière l'incendiant.

Insulaire est notre histoire,

inaudible pour d'autres,

à l'instar d'un monde,

créé par nos pensées entrelacées ;

Naissance peut-être d'un livre.

NINA

 

 

 

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Un pouvoir époustouflant

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En hommage à G Marich

Sur un mur blanc de mon salon,

S'ouvre une nouvelle fenêtre

Qui attire, ravi, mon être,

Ailleurs, très loin de ma maison.

D'un lieu qui, rayonne d'ardeur,

Un peintre, certes grand artiste,

A pu, demeurant réaliste,

Capter l'irradiante splendeur.

Il faut un immense talent,

Venu d'une indicible grâce,

Pour offrir vivant un espace.

C'est un pouvoir époustouflant.

Dépaysée dans la nature,

J'en ressens la vive énergie,

M'émerveille de la magie

Faisant que tout change et perdure.

16 septembre 2014

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administrateur théâtres

play_362_3.lecriduhard-typo.jpg?width=250Un conciliabule intime....  « Etre à 30 centimètres des gens, ça apporte un raccourci vers ce que nous sommes, il se passe forcément quelque chose. Quand je joue, mon décor, c’est les visages des gens, c’est 25 regards, avec leurs propres « intranquillités ». Car, pour certains, être serré contre les autres, toucher la cuisse d’un voisin, sentir son odeur, c’est l’inconfort total, et ça, j’adore ! Le spectateur ne sait pas quel statut il doit adopter. Il sait qu’il ne peut pas s’endormir tranquille dans une salle obscure. Il sait qu’il ne sera pas la tête de Turc du comédien mais il ne sera pas cool non plus. Le théâtre intime permet le partage, ça fait un peu béni-oui-oui de dire ça mais c’est vrai, c’est un partage direct. On se tait et on pense à notre mort, à nos amours, en live. »

Donc Philippe Vauchel kidnappe un  public complètement ravi  d’être kidnappé. Mais malgré cet immense appel du pied, son spectacle se construit sur la solitude et le cri le plus désespérant du monde, celui du huard, cet élégant canard que l’on retrouve sur les pièces de monnaie canadiennes…L’avantage avec les canards c’est qu’ils sont toujours vivants! Les canards sont donc immortels! Quant aux gens… la peur cosmique est au rendez-vous!

Avec Philippe Vauchel on navigue entre les petites choses insignifiantes et les grands signifiés. Il envoie des bouffées de rêve toutes les 3 minutes et demie. Grâce à lui, vous pouvez aller au bout du monde (au Canada par exemple), et vous êtes toujours chez vous. Grâce à lui ? Pas forcément, grâce aussi  à son personnage suédois Ingvar Möbelsaga très bien campé dans  son canapé universel do it yourself! Words don't mean what they mean !

Philippe Vauchel commence donc dans le délire verbal  après avoir éparpillé, comme un maître d'école, des tâches confiées à ses spectateurs bienveillants.

En entrant dans son appart’ improvisé, il nous parle de sa collection de paillassons, le livre d’or de l’ADN des semelles de ses milliers de visiteurs! Il fait l’éloge de cette carte mémoire insolite puis plonge dans son  univers secret de petit garçon en faisant revivre le grenier de son enfance. Lieu magique qui lui a servi de matrice pour son devenir de  dramaturge. Le Märklin il s’en fout, mais pas des gens du village dont il tisse les différents romans. Les romans, c’est la vie, non ?

 Quand il parle, on est fasciné par cet être jovial et désespéré qui sort tout d’un coup une caisse de vins blancs « Terre de Dieu » et la partage en faisant passer une mappemonde hérissée de ce qu'il nomme des portions mixtes. Les cinq  SENS sont de la partie, pour donner du sens. Tout comme sa collection insolite  de silences dûment étiquetés. Poésie belle comme du cidre bouché! (Car le Champagne... c'est quand même moins terroir!)

Et on observe en même temps les sentiments qui se dessinent différemment sur les sourires d’en face… Les spectateurs s'épient.  Il parle aussi au soleil, aux oiseaux sans doute, sort ses jumelles et sonde la noirceur du  sang qui circule dans nos "sous-terrains". Il fouille de vieux placards de fer, quand il ne s’y réfugie pas, question de laisser les sourires s’interroger en son absence… Alors qu'il farfouille dans de sombres coulisses, il fait naître l’intranquillité et la conjure.

Dénoncer les peurs et les angoisses, celle de l’Autre en particulier. Sortir le mal et l’exploser par la parole avec une rasade de ce qu’il faut de bonhommie et de tendresse humaine. « Vous en reprendrez encore ? De ce cru « Terre de Dieu » ? Sans X.  

On lui doit d'autres spectacles  aussi profonds  que légers que nous avons adorés.  Souvenez- vous de "La grande Vacance" et "Sherpa" ...

http://www.theatrelepublic.be/images/uploads/play_362_3.lecriduhard...

du 05 septembre au 18 octobre 2014

Théâtre Le Public - Petite Salle
rue Braemt, 64-70
1210  Saint-Josse
0800/944 44

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/la-grande-vacance-de-e...

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blog/show?id=3501272%3ABlogP...

 

 

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               MIREILLE PRINTEMPS : DIALOGUE ENTRE L’ESPACE ET LE SUJET

Du 10-09 au 28-09-14, l’ESPACE ART GALLERY (35, Rue Lesbroussart, 1050 Bruxelles), en collaboration avec ASBL CANCER & PSYCHOLOGIE BRUXELLES, ont le grand plaisir de vous présenter une exposition consacrée à l’œuvre de l’artiste peintre Française Madame MIREILLE PRINTEMPS intitulée : OUVERTURE SUR L’ESPACE.

Le style de MIREILLE PRINTEMPS se singularise essentiellement, à la fois par une maîtrise de l’espace, par une écriture extrêmement lisse ainsi que par l’utilisation constante de la couleur bleu, traitée en une variation infinie de tonalités destinées à mettre en exergue le sujet.

Le sujet, envisagé par l’artiste, aborde principalement deux thématiques, à savoir la musique et la ville.

L’azur est assurément la note qui sied le mieux à l’univers sonore. Parmi les œuvres exposées, une seule fait le lien entre ces deux thématiques, à savoir NOCTURNE (80 x 67 cm – huile sur toile).

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L’artiste a été inspirée par un « Nocturne » de Chopin. Le sujet, un piano, dont nous n’apercevons que le clavier, est submergé de teintes issues du bleu pour se délier en une grisaille, rehaussée d’une note noire, étalée au centre de la toile, entrecoupée de tonalités rouge et orange.

NOCTURNE symbolise l’univers de la nuit. Univers que nous retrouvons exprimé dans la ville, tantôt en léthargie, tantôt grouillante d’activités. Mais à y regarder de près, la nuit n’a jamais quitté le discours esthétique de MIREILLE PRINTEMPS, en ce sens que le bleu usité comme tonalité majeure est un bleu « crépusculaire », non pas parce qu’il annonce la mort mais parce qu’il préfigure une mutation vivante et sensuelle vers la douceur nocturne.

Nous retrouvons cette particularité également dans SAXO (66 x 66 cm – huile sur toile).  

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SAXO représente une très belle interprétation de l’identité du sujet, en ce sens que c’est l’instrument qui est mis en valeur et non le musicien qui l’anime en le jouant. Le côté « soleil » de l’instrument éclipse totalement le musicien qui n’existe qu’en tant qu’ombre. Son visage, à peine esquissé, s’enserre entre le chapeau et le col de la veste qui le contiennent.

L’espace structure le sujet.

Dans ses vues nocturnes, l’artiste « élague », en quelque sorte la construction architecturale de la ville, pour ne la faire apparaître que de loin.

REFLETS (67 x 56 cm – huile sur toile)

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représentant la ville de New-York la nuit, peut être mis en parallèle avec PARIS – ILE DE LA CITE (87 x71 cm – huile sur toile),

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dans lesquels l’ensemble architectural se révèle comme un îlot de lumière à l’horizon, scintillant dans les reflets du fleuve. Cette « mise à distance » du sujet est en fait une façon de le circonscrire dans l’espace afin d’en faire surgir, après exploration par le regard, chacune de ses composantes, lesquelles ne se révèlent que cachées par le flou maîtrisé de la couleur.

TIME SQUARE (56 x 67 cm – huile sur toile)

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et PARIS – ARC DE TRIOMPHE (60 x 71 cm – huile sur toile),

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traduisent un aspect essentiel de la technique de l’artiste : MIREILLE PRINTEMPS déclenche tout d’abord son appareil photo afin d’obtenir un cliché. A partir de celui-ci, elle réalise sa toile. A quoi peut-on s’en rendre compte ? Tout simplement par l’observation de détails tels que les flashes imprimés par les phares des voitures la nuit, lorsque celles-ci circulent à toute vitesse.

Une œuvre tout-à-fait à part apparaît avec VENISE (56 x 67 cm – huile sur toile)

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Elle figure à part, d’abord parce qu’elle s’évade du bleu en tant que signature de l’artiste mais aussi parce que le visiteur peut se rendre compte de sa maîtrise à donner du corps et du relief avec un minimum de matière étalée au couteau. La scène baigne dans une atmosphère laiteuse que rehaussent, dans une splendide association, le brun et le rouge des toits et des murs portants des maisons. L’importance de la lumière diaphane fait émerger au regard la ville des eaux.

Malgré six longues années passées aux Beaux Arts, l’artiste n’en a gardé aucune influence. Elle ne s’exprime que par son propre langage, traduit par l’amour inconditionnel qu’elle porte à la couleur bleue.

Elle débute chaque composition en réalisant un fond lavis sur la toile et y applique par la suite un dessin au pastel gras en guise d’ébauche. Lorsqu’elle a son sujet, elle le travaille et le termine par une superposition de glacis, ce qui constitue un très long travail, pour obtenir la transparence voulue. Une fois les glacis secs elle vérifie que le sujet soit comme elle le souhaitait.

Cette attention particulière concernant l’espace ne peut s’imaginer sans la présence physique de la nuit.

Indissociable de la nuit, l’espace met la ville en relief mieux que ne le fait le jour, car il souligne quantité de détails que ne le ferait la lumière diurne.

Cela revient à dire que l’espace est le complément du sujet, en ce sens qu’il l’englobe dans un lointain assez proche pour que le regard en saisisse toutes les variantes.

Cette atmosphère lointaine résulte de l’amour que l’artiste éprouve pour l’œuvre de Turner au sein de laquelle tout évolue dans un flou magique.

Même s’il s’agit exceptionnellement d’une vue diurne, VENISE s’adapte parfaitement à cette esthétique. Travaillée avec le plat du couteau, les toits existent par leur massivité sans pour autant se distinguer individuellement. Le blanc de titane usité pour les coupoles de la Basilique de Saint Marc se fond dans la lumière diaphane.

Le nocturne REFLETS, obéit également à ce procédé car volumes et lumières, conçus à la fois avec le plat du couteau et au pinceau large, distinguent parfaitement chacun des éléments, contrairement au diurne VENISE, lequel, avec la même technique, aboutit à un résultat drastiquement différent.

En plus d’être une très grande artiste, MIREILLE PRINTEMPS se révèle être une exploratrice de la palette. A travers sa maîtrise technique et sa sensibilité, elle perce et traque la couleur bleu jusqu’à ses derniers retranchements.

François L. Speranza.

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Une publication
Arts
 
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Lettres

N.-B.: Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement.

 

A voir: 

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

 

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Mireille Printemps et François Speranza: interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles 

(10 septembre 2014 - Photo Robert Paul)

 

 

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Propos sur le langage abstrait

 

Avoir le temps de méditer

N'a certes pas grande importance

Quand on constate l'impuissance,

À prévoir et à éviter.

Accomplir les actes utiles,

Se peut en ayant du bon sens;

Nul besoin de mettre en tous sens

Des élucubrations subtiles.

Tous ceux qui triment, mal payés,

Durant certaines courtes pauses,

Emploient ce repos, je suppose,

À se distraire et s'égayer.

Bien pourvus par la providence,

Les dispensés des gros efforts,

Qui existent dans le confort,

S'adonnent à leurs préférences.

Parmi les êtres raffinés,

Les philosophes en confrérie,

Développent leurs théories,

Ne cessant de les peaufiner.

En ce monde où souffrent les hommes,

Il est urgent de secourir,

De leur apporter du plaisir.

Les sages font un choix conforme.

15 septembre 2014

 

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Il fait si beau !

 

Aujourd'hui les arbres

portent des chapeaux verts,

tout en lumière,

leurs corps sont blonds et chauds,

respirent avec aisance,

parmi les fleurs

 et les rires d'enfance.

Aujourd'hui les arbres

portent des oiseaux blancs,

tout en chants,

leurs corps sont musicaux,

d'allégresse palpitent,

près de moi,

de mon chat endormi ;

d'un bel automne,

j'entends, je vois,

toutes les promesses,

 les prémices.

Il fait si beau !

NINA

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                                 VOYAGE ENTRE LE MASQUE ET LE VISAGE

 

Dans le cadre d’une collaboration avec CANCER & PSYCHOLOGIE ASBL BRUXELLES, l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050 Bruxelles) a le plaisir de vous présenter, du 10-09 au 28-09-14, l’œuvre du plasticien Français STEPHAN GENTET, intitulée : IMPRESSIONS SUR TOILES NUMEROTEES.

L’œuvre de Monsieur STEPHAN GENTET a de quoi désarçonner le visiteur, tant  par la force qu’elle émane que par l’élaboration, sensible et intelligente de la thématique qu’il aborde, à savoir une investigation tout intérieure du visage humain.

Il s’agit, en fait, d’une communion mystique entre le masque et le visage.  

Le sujet sur la toile évoque, notamment, l’élaboration des têtes Maoris ainsi que le masque africain, sur lequel se dynamise le mouvement par des variations chromatiques sous forme de lignes torsadées, lesquelles « circulent » sur l’ensemble du faciès. 

Ces lignes, tout en déformant volontairement les traits, affirment la psychologie du masque, manifestant par là même, la nature intime de la « persona » de celui qui le porte et que bien sûr, nous ne voyons pas.

Si le volume de la tête demeure identique, l’expression du visage change constamment par la finesse du traitement numérique, car l’artiste s’exprime principalement par cette technique. Ce qui fait que l’œuvre évite précisément le piège du motif répété jusqu’à la lassitude. Chaque masque porte en lui la nature de sa propre existence, par toute une série de signes identitaires qui lui confèrent, à chaque fois, une singulière spécificité.

Ces masques-visages sont tous burinés, labourés par des traits rappelant, notamment, les scarifications ethniques des sociétés traditionnelles africaines. Le résultat fait que chaque œuvre est différente de l’autre. Que ce soit par une série de pointillés étalés sur le visage ou par l’élaboration d’un réseau de sillons, l’expression du masque se divise, globalement, en trois catégories :

Le masque souriant – le masque triste – le masque impassible.

 

Le masque souriant associé au masque triste se retrouve parfaitement exprimé dans l’art grec, lequel par cette dualité, affirme l’antagonisme constitutif de la psyché humaine. Le comique indissociable du tragique vers un destin commun : la naissance du mythe, ciment de la conscience.

Le masque impassible accuse l’absence de passion.

Le traitement numérique est là pour appuyer ces trois attitudes.

La fonction de l’œil humain émergeant des orifices du masque est également primordiale. A l’instar du sourire, trois attitudes alternent dans le rendu du faciès :

l’œil clignotant – les yeux fermés – les yeux ouverts   

Y a-t-il une symbolique occulte derrière ces sillons lumineux ou est-ce simplement la fantaisie de l’artiste qui s’exprime sur un fond totalement noir ?

Aucune symbolique ne vient structurer ce récit de lumières et de couleurs. STEPHAN GENTET aborde par cette écriture un style lourd de conséquences parce qu’il dévoile chaque facette de son être : l’autoportrait.

Comme le soutenait si justement Germain Bazin, l’autoportrait est un pas capital dans l’histoire de l’Art car il sanctionne la manifestation périodique des états de la conscience. Plusieurs peintres ont excellé dans l’autoportrait mais deux d’entre eux l’on porté à son zénith, à savoir Rembrandt et Van Gogh.

Le miroir permet au peintre de s’abandonner à une phase introspective et réflexive dans l’action de se voir tout en se regardant. Cette symbiose entre le masque et le visage dont les yeux exorbités percent l’âme de l’artiste, exprime une étape de la conscience à chaque toile que croise le regard du visiteur. Mais ici, l’autoportrait va, si l’on peut dire, au-delà de la simple expression plastique de la conscience. Il s’agit, selon les mots de l’auteur, d’une « manifestation d’autodéfense », car en 2008, les premiers symptômes de la maladie de Parkinson commencèrent à se manifester et en 2011, il commença à peindre.

A se peindre, alliant autoportrait avec autodéfense.

 

Par son autoportrait, Rembrandt signale des étapes périodiques d’états d’être associés aux événements de sa vie, sans pour autant les enjoliver ou intervenir de quelque manière sur leur déroulement. Ces autoportraits sont des constats. Lorsque Van Gogh se représente amputé d’une oreille, il ne cherche pas à intervenir sur l’événement par le biais de la pensée magique, plastiquement restituée. Il ne « maquille » rien. Comme Rembrandt, Il constate, c’est tout. Son regard fixe le spectateur sans la moindre plainte ni la moindre volonté de questionnement.

STEPHAN GENTET, lui, « intervient » dans la manifestation du processus évolutif de l’événement. Il influe en créant, devenant ainsi le démiurge de sa propre existence. Il peint. Il se peint existant.

De ces masques-visages, empreints d’une ethnicité mythologique, se dégage une force tribale, laquelle, apporte à l’artiste une sorte de « résilience », comme il se plaît à le dire.

L’idée d’autodéfense se retrouve également dans les titres qu’il donne à ses œuvres. Le terme warriors (guerriers) revient pour chaque toile comme un leitmotiv. Ces « guerriers » symbolisent la pulsion de vie de l’artiste face à la maladie.

Mais cette force tribale qui ressort de ces masques-visages manifeste également une quête inhérente à tout artiste : celle de l’Homme universel arborant mille visages de l’humain, se démultipliant à l’infini et se projetant dans l’humanité en une sublimation du réel.

La maladie s’avère être une sorte de résurrection car elle opère sur lui une forte propension à transmettre son état psychique. De 22 heures à 4 heures du matin, il travaille, comme il le dit lui-même, dans une « attitude semi-consciente », en ce sens qu’il ressent les choses puis les dessine. Il arrive même qu’il ne soit pas très bien réveillé et le résultat devient, dès lors, aléatoire. Cela explique le fait qu’il travaille toujours en musique.

GOLDEN MASK (65 x 85 cm)

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représente un visage malade, buriné par une série de cratères de taille diverse (que l’on peut considérer comme l’image de pustules).

Dissimulé à hauteur du front, se déploie un personnage extrêmement stylisé, à la forme diabolique aux bras et au corps étirés, symbolisant la maladie installée dans l’organisme.

LIGHTNING WARRIORS (65 x 86 cm)

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représente une série de têtes « striées » par des faisceaux de lumière dorée. Ces stries symbolisent les scarifications rituelles des cultures négro-africaines que l’on retrouve tant sur le corps que sur les statuettes. Ne perdons jamais de vue que dans les sociétés traditionnelles, la statuette est le corps de l’esprit que l’on invoque.

Observons ce contraste saisissant entre l’univers lumineux de l’artiste avec le fond totalement noir du tableau. Ce dernier exprime le noir le plus primitif, celui de l’univers sidéral, à partir duquel émerge le masque-visage.

Pourquoi STEPHAN GENTET utilise-t-il le numérique ?

L’artiste avait commencé à dessiner sur un I Pad. Il aimait, par-dessus tout, le contact du crayon sur la tablette. Cette succession de masques-visages trouve son origine lorsqu’il dessinait, à ses débuts, des visages d’hommes jeunes, conçus à partir de ce qu’il nomme « une musique rythmée », à la fois souple et fluide.  

La trace de ce rythme musical se retrouve dans les scarifications actuelles, à la fois chromatiques et lumineuses. Ensuite, intervient la phase de colorisation qu’il applique sur ces visages de façon, chaque fois, différente.

Qu’est-ce qui, dans la morphologie de son œuvre, appartient au visage et qu’est-ce qui appartient au masque ?

Dans cet anthropomorphisme créateur, l’artiste, après avoir conçu les contours plastiques du masque, conserve, à partir de son autoportrait de base, le nez et la bouche pour les habiller de sillons lumineux, comparables à la patine sacrificielle usitée dans les sociétés traditionnelles. C’est à partir de la force avec laquelle il conçoit les traits du visage ainsi que par le transfert successif du dessin vers d’autres logiciels qu’il joue sur l’épaisseur du rendu en l’agrémentant d’un aspect granuleux. Une raison supplémentaire au fait qu’il aime le numérique est que cette technique donne droit à des erreurs que l’on peut rectifier en y apportant un maximum d’autres possibilités. Il lui arrive de concevoir ses dessins sur plusieurs jours et ne les retouche que très peu.

L’artiste qui s’exprime principalement à partir de la toile, aimerait s’attaquer à présent à la 3ème dimension, en envisageant la sculpture à partir de ses dessins, par le biais d’outils logiciels, car ce qu’il réalise est une extension de sa pensée qu’il aimerait voir se matérialiser.

Il est à signaler qu’il existe, sur YOUTUBE, une séquence animée dans laquelle les masques dont on perçoit derrière, la présence du visage de l’artiste, prennent vie sous forme de contorsions faciales.

                                    

Lorsqu’on lui pose la question de savoir s’il préfère voir les masques cinématographiquement animés plutôt que fixés sur la toile, l’auteur répond en affirmant sa volonté de vouloir engager une problématique philosophique, dans son refus absolu du statisme imposé par le tableau. Malgré le fait que le mouvement, en matière d’arts plastiques, résulté d’un rapport « sensoriel » entre le regard du visiteur et l’œuvre d’art, ce refus du statisme doit être compris comme un mécanisme de défense contre la maladie de Parkinson qui le fige.

STEPHAN GENTET a une formation d’économiste. Bien qu’autodidacte, il a néanmoins, pratiqué le dessin entre douze et seize ans, dans une école d’arts plastiques.

Après avoir vu ses œuvres, vous serez, à coup sûr convaincus que cet excellent artiste n’est qu’à l’aube de son existence et que bien des lumières sillonneront, à l’avenir, d’autres univers.

François L. Speranza.

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Une publication
Arts
 
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Lettres

N.-B.: Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement.

 

A voir: 

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

 

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Stephan Gentet et François Speranza: interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles 

(10 septembre 2014 - Photo Robert Paul)

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J'imagine,

 

J'imagine,

une danseuse étoile,

entrechats dans un ciel fécond,

sans étoile,  transparent,

enneigement de ballerines,

blanches et fines,

fleurs musicales inanimées,

ici et là, partout.

J'imagine,

une danseuse étoile,

voltigeuse dans un ciel fécond,

sans étoile, tout bleu,

enneigement de mousseline,

blanche et précieuse,

luminosités musicales parsemées,

ici et là, partout.

J'imagine

 une  danseuse étoile,

chorégraphie dans un ciel devenu proche,

par les ombres déserté, grâce à elle ;

écran vivant alors,

au dessus de la terre mère ;

Le soleil de cette unique étoile,

en serait l'éternel père !

Plus d'étoiles tombées en mer,

simplement une déesse,

nommée Stella.

 

NINA

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Eté indien

Patiente feuille qui glisse sur la dalle,
Douce chute silencieuse dans le jardin
Telle un automne encore qui revient
Et la rouge rose d'où choit le pétale.

La primevère qui ne sait jamais les jours
Se prélasse au pied ombragé du chêne.
Stoïque et surprise du contretemps qui court,
Sans regret, elle mourra demain, verte-blême.

Par ton vif soleil au brûlant incendie
Ambre été indien, voilà que tu retiens
Et vent de Septembre et bise et pluie.

Souffle ultime de douceur d'hier qui revient,
Au bleu souvenir de plages ensablées,
Retiens aussi ta page aux couleurs enchantées !

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Diffusions troubles

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Ô paysage hyalin qui m'enlinceule de perles gelées,
les bras croisés dans une inerte somnolence,
je te multiplie des laudes de mes lèvres enserrées.
Sous ton aube sans couleur, j'écoute l'anhélance
de ton frimas me répondre et emporter
dans sa danse sémiotique le pont des mots
tout en lénifiant mon esprit de son silence
asthénique venu du fond du ciel.
Dans l'oubli des brumes, les diffusions troubles
de ce tableau changeant niellent d'éclats diamantés
le lit de givre froid dans lequel mon âme inféodée s'enténèbre
et raffinent lascivement l'encre de cendre ondulant
sur le lavis de mon cœur où frissonne ma cristal déchirure.

Nom d'auteur Sonia Gallet
recueil © 2014.

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administrateur théâtres

12273041288?profile=original Alas, the  SINGING BRUSSELS CELEBRATION WEEKEND is over !

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BOZAR   a donc démarré sa nouvelle saison en  C H A N S O  N S !  De  tous les coins de la Belgique, des groupes d’amateurs sont venus se produire pendant tout un week-end dans le dédale des lieux mythiques du palais des Beaux-Arts de Bruxelles les 12, 13 et 14 septembre derniers. Une palette impressionnante de styles: des chœurs professionnels dont la réputation n’est plus à faire, dont Voces 8 et The Tallis Scholars, mais aussi, et surtout, plus de 50 chœurs amateurs venus de  partout en Belgique.

 Entre les concerts, des musiciens professionnels  ont animé des ateliers de chant pour petits et grands.  Au programme,  Le projet Equinox sous la direction artistique de Maria Jao  Pires et le soutien de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth, pour des enfants en situation difficile. Mais le clou de la participation des visiteurs, c’était le dimanche à 13 heures dans la grande Salle Henry Le Bœuf où  un des « Top of the Charts anglais » – les Voces 8 – dévoilaient à un public d’amateurs pendant une bonne heure les mécanismes de base de leurs compositions extraordinaires. Ils organisent d’ailleurs des semaines entières de stage sur le sol anglais! Si le cœur vous en dit…  Après une demie heure d’échauffement et d’exercices variés et ludiques  toute  l’assemblée chantait  « Skyfall » (le dernier James Bond) avec la soliste. Une expérience inoubliable!

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La vénérable institution des Beaux-Arts de Bruxelles a donc secoué les esprits et les c(h)œurs…A tous les étages et dans tous les recoins, malgré les travaux en cours, pendant trois jours,  c’était un joyeux festival qui avait encore des airs d’été alors que c’est bel et bien la rentrée ! Parmi les joyaux de ces vendanges d’automne en dehors du splendide concert de Voces 8 donné le samedi soir devant une salle  Henri le Bœuf délirante de bonheur, citons le très sympathique ensemble de Namur ( Voix-ci Voix-là, Arianne Plangar)  qui a transformé le Hall Horta en salle bourdonnante de plaisir, chacun  fort tenté de muser des tubes de la musique française en même temps que les 80 choristes.  On ne peut bien sûr,  ni  citer  toutes les formations musicales, ni les avoir toutes écoutées !

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 Mais le dimanche après-midi, la salle Henry Le Boeuf était particulièrement fertile en crus musicaux de haute voltige, tous d'origine flamande. Tout d’abord, «  Just for Fun » un groupe de Malines noir blanc rouge,  dirigé de main de maître par Johan De Lombaert.  Après leur « Sweedish tune: ‘Balambam… douja la Bamba, badadua Wap…’ chanté a capella, suivaient de près, Duke Ellington, Pink Panther, I can’t get the melody out of my mind. Ils sont venus en train avec leur chef, Johan De Lombaert, “Tchou,tchouoû! Aussi «The Earthsong » de Michael Jackson pour faire plaisir aux choristes et aux spectateurs, dit-il.

12273043300?profile=originalPlace  ensuite à Musa Horti, un ensemble vocal de toute beauté qui vient d’éditer un superbe album « AUS DER TIEFE ». Fondé en 1989, leur point d’attache est l’abbaye du parc d’Heverlee. Ils portent le coquelicot des Flanders Fields à la boutonnière. Cet ensemble est constitué d’une trentaine de choristes très engagés. Le thème de leur album est « guerre et paix » et nous avons pu faire un parcours plus que lumineux avec eux en écoutant de nombreux extraits tels que « Wie liegt die stadt so wüst » de Rudolf Mauersberger , « Warum ist dans Licht gegeben dem Mühseligen » de Johannes Brahms, « How they so softly rest » de Healey Willan et « Lux aeterna » de Edwar Elgar.

 12273043683?profile=originalLe chœur mixte De Vedel  de Turnhout est d’un tout autre style… Sous la baguette d’Els Germonpré ils ont participé au Cobra’s Classic battle et ont reçu une distinction spéciale du jury, tout comme le Brussels Chamber Choir. C’est l’humour, la diversité  et le dynamisme qui président  décidément à leur programme. « Avond geluiden » sur un texte de Paul van Ostaaijen mais aussi un hilarant  « Old Mc Donald had a farm » et un pot-pourri « Name the tune » de Grayston Ives encore plus jubilatoire!

12273044665?profile=original12273045259?profile=originalLe Waelrant Kinder en Jeugdkoor terminera cette après-midi très éclectique. Il s’agit d’une formidable entreprise pédagogique qui rassemble 120 jeunes âgés de 8 à 25ans et qui ont remporté le Cobra’s Classic Battle avec à leur tête Marleen De Boo , une femme passionnée, formée à l'institut Lemmens.  Leur bastion est Borgerhout et  ils ouvrent leur enseignement aux enfants dès l’âge de 5 ans. Avec six chœurs,  des jeux de couleurs musicales, une belle variété des pupitres et des chorégraphies et des mouvements réglés au millimètre, leur représentation regorgeait d’inventivité et de musicalité, mêlant la culture flamande aux musiques du monde.  

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Haut les chœurs! De la musique classique et chansons de la Renaissance jusqu’aux Gospels, pop, jazz et musiques du monde, nous avons été émus de voir que notre capitale,  toutes les catégories d’âges et  de sensibilités confondues,   pouvait vibrer avec une telle intensité lors  de ce  premier Singing Brussels Celebration Weekend*. Les musiques du monde étaient aussi très présentes avec des chœurs marocains, turcs, africains, latino-américains... Cet événement unique et que l’on espère beaucoup voir se réitérer l’an prochain, nous rappelle  que la pratique du chant est la forme d’expression collective la plus ancienne et la plus universelle qu’il soit, mais surtout qu’elle est là pour enchanter tant le public que les choristes.

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« *BOZAR n’est pas seulement destiné à l’artiste professionnel, mais veut aussi accueillir les arts amateurs, synonymes d’engagement et d’énergie. L’art amateur représente un riche bouillon de culture et donne de l’oxygène au secteur professionnel. Et n’oublions pas que tous les grands musiciens ont commencé en tant qu’amateurs… » Paul Dujardin, CEO et directeur artistique du Palais des Beaux-Arts.

 Nous apprenons aujourd'hui qu'à l’occasion de sa rentrée académique, l’ULB honore deux personnalités belges, Paul Dujardin (directeur du Palais des Beaux-Arts) et Peter de Caluwe (directeur de la Monnaie) qui recevront les insignes de Docteur honoris causa, en hommage à leur action culturelle et aux institutions qu’ils dirigent. La séance académique se déroule le vendredi 19 septembre à 16h45 (Amphithéâtre Henri Lafontaine – campus Solbosch)

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Une vision héraclitéenne rappellera que l’homme n’est qu’un pion parmi d’autres à l’intérieur de l’infini jeu du monde.  Étudier les structures métalittéraires sans référence aux structures constitutives, normatives et évolutives, ne saurait garantir la compréhension de la littérature en soi, puisque ces codes décrivent les conditions de possibilité de l’œuvre sans véritablement l’expliquer. Ils n’indiquent pas comment la littérature parvient à remplir les différentes fonctions qui lui sont attribuées.

Conformément à la tradition philosophique de son époque, Kant privilégie la raison et donc le sujet et sa volonté. L’image de la révolution copernicienne qu’il a choisi pour symbole de sa philosophie —en affirmant qu’on devait cesser de voir le sujet tourner autour de l’objet et s’interroger plutôt sur l’objet tournant autour du sujet—, a d’ailleurs été très mal accueillie et sévèrement critiquée. Les excès d’une critique devenue ennuyeuse et vaine à force de se vouloir objective n’ont pas manqué de susciter des polémiques.

 

  1.               Déviation de la critique

Proust a prôné un retour à la subjectivité critique : en France, Albert Thibaudet, Charles Du Bos illustrent de manière exemplaire cette réhabilitation du subjectif par une « critique créatrice ». Influencés tout aussi bien par la philosophie bergsonienne que par la psychanalyse, ces auteurs ouvraient déjà la possibilité d’une « poétique », entendue au sens qu’apportait au mot « poétique ». Gaston Bachelard dans son exploration des thèmes de l’imaginaire, Georges Poulet, Jean-Pierre Richard, Jean Rousset, par leurs recherches thématiques, s’inscrivent dans cette même lignée. Par leur démarche, ces critiques et théoriciens essayent de montrer comment chaque écrivain, à travers des formes et des thèmes singuliers, exprime sa sensibilité et bâtit sa propre image du monde.

Au début du siècle, le plus insigne représentant français des études littéraires semble être Gustave Lanson, représentant d’un courant de l’histoire littéraire féru d’objectivité. Par la méthode historique et comparative, les spécialistes universitaires cherchent à resituer le texte dans son contexte biographique et littéraire d’origine.

Cependant, placées sous le sceau de l’événementiel, leurs enquêtes minutieuses se perdent parfois dans des reconstitutions biographiques plutôt anecdotiques, et le texte littéraire se voit souvent noyé par un appareil érudit plus soucieux des révélations philologiques ponctuelles que des visions d’ensemble.

Parallèlement à la constitution de la psychocritique, on a assisté au surgissement de la sociocritique, qui « interroge l’implicite, les présupposés, le non-dit ou l’impensé, les silences, et formule l’hypothèse de l’inconscient social du texte »[1].

La sociocritique, explique Pierre Barbéris, « contribue à constituer le texte comme l’un des lieux où s’élabore la réaction de l’homme au réel et comme l’un des discours qu’il tient sur sa condition parmi les êtres, les choses et les événements [...], elle est une conquête décisive de la modernité. »[2]. Parmi ses représentants les plus célèbres, on peut citer, entre autres, Paul Bénichou et Lucien Goldmann. À la différence de l’histoire littéraire, la sociocritique n’accorde nullement la priorité au sujet créateur ; son but consiste à resituer une œuvre dans l’histoire collective (intellectuelle, sociale, économique). Inspirée par la pensée marxiste, elle tente d’accomplir une synthèse entre l’approche sociologique (pour tenir compte de la « névrose objective » d’une époque, selon la formule de Jean-Paul Sartre) et l’approche psychologique (c’est-à-dire, les données d’une histoire personnelle). Axée sur ce que nous avons appelé les structures métalittéraires, et sur le contexte, la sociocritique ne semble pourtant pas avoir eu recours jusqu’à présent à la métaphore ludique de manière systématique.

En fait beaucoup d’approches littéraires dont le formalisme et le structuralisme ont placé le texte en première ligne jusqu’à aller prétendre « la mort de l’auteur » ainsi le « je » qui écrit ne saurait avoir de réalité que textuelle. Cependant cette approche a conduit les chercheurs à des impasses.  Les résultats les plus éclatants dépassent le cadre formel pour s’ouvrir à des disciplines  diverses.  Dès 1969, Paul Ricoeur, dans le Conflit des interprétations, établissait les conditions de réussite de l’analyse structurale :

  • le type d’intelligibilité qui s’exprime dans le structuralisme triomphe dans tous les cas où l’on peut :
  • travailler sur un corpus déjà constitué, arrêté, clos et, en ce sens, mort ;
  • établir des inventaires d’éléments et d’unités ;
  • placer ces éléments ou unités dans des rapports d’opposition, de préférence d’opposition binaire ;
  • établir une algèbre ou une combinatoire de ces éléments et de ces couples d’opposition.[3]

Sous l’influence des diverses disciplines qui s’y sont intéressées, le structuralisme a peu à peu évolué vers une nouvelle conception de la structure comme dynamisme réglé plutôt que comme inventaire clos. Il devient désormais possible, par exemple, d’inscrire parmi les objectifs d’une analyse structurale une meilleure compréhension de la manière dont fonctionnent le cadre et le pacte de lecture en tant qu’ensembles de règles virtuelles et implicites, en intégrant aussi des données autrefois considérées externes et donc non recevables.

Après avoir investi avec force le structuralisme, Roland Barthes a été l’un des premiers à en rejeter la canonisation et à explorer de nouvelles voies. Les propositions théoriques de Roland Barthes restent à exploiter pleinement, du moins en ce qui concerne la problématique du jeu. Il conviendrait sans doute de mettre en parallèle sa philosophie du Je comme sujet et objet de l’expérience —« une théorie du Je, trouvant son identité dans la reconnaissance de sa singularité »[4]— avec l’un des postulats majeurs qui sous-tendent notre propre analyse du jeu, à savoir, la possibilité de dissocier le(s) sujet(s) du jeu comme acte, comme pensée et comme énonciation. Il faudrait alors évoquer sa place parmi ceux qui, comme Jacques Lacan, Michel Foucault ou Louis Althusser, ont contribué à bâtir le mythe de l’antihumanisme structuraliste.

Étant donné notre objet d’étude, nous ne pouvons pas non plus négliger le rôle fondateur de Roland Barthes dans la « nouvelle critique », pour laquelle l’auteur « cède [...] le devant de la scène à l’écriture, au texte, ou encore au scripteur, qui n’est jamais qu’un “sujet” au sens grammatical ou linguistique, un être de papier et non une “personne” au sens psychologique : c’est le sujet de l’énonciation, qui ne préexiste pas à son énonciation mais se produit avec elle, ici et maintenant. »[5]. Cette nouvelle critique nous rappelle les interrogations de Husserl dans la relation entre l’objet, l’auteur et le monde.

 

2.   L’entreprise husserlienne et l’intentionnalité dans l’écriture

Science des phénomènes de connaissance, la phénoménologie est d’une part « science des connaissances comme apparitions, figurations, actes de conscience dans lesquels telles ou telles objectivités, se configurent », d’autre part elle est « science des objectivités, elles-mêmes, en tant que sens : il signifie à la fois ce qui apparaît et l’acte même d’apparaître. « Toute conscience est conscience de quelque chose », ce qui signifie que ce quelque chose est transcendant à la conscience, alors même qu’il se trouve bien en elle, c’est-à-dire qu’il lui est immanent (« transcendance immanente »). La phénoménologie ne se contente plus de considérer l’objet essentiel « apparaissant en personne », mais inclut dans la définition du phénomène aussi bien l’acte de connaissance (noèse) que le contenu de cet acte (noème).

La « réduction phénoménologique » entre au cœur même de la noèse, elle est amenée à examiner l’ « égo pur » (ou « je » transcendantal »), dont la sphère est la « vie intentionnelle ». La phénoménologie se trouve ainsi à la source, à la racine de toute «  constitution » (genèse) du monde. Seul le « je » qui accomplit la tâche ou qui vit l’expérience phénoménologique peut atteindre le moi « universel », « pur » et « transcendantal ».

Husserl renoue ainsi directement avec les questions relatives au sujet, qu’il n’avait jamais vraiment délaissées : « la phénoménologie ne nous a pas, en réalité, fait perdre le monde comme objet phénoménologique. Nous le gardons en tant que coagitatum ». la « vie transcendantale de la conscience » prise dans son « flux de devenir » et orientée alternativement vers le passé (rétention), vers l’avenir (protention) ou vers le présent  (intention actuelle) est en même temps immanente : c’est  une « transcendance immanente » capable de se déployer comme à l’infini dans les phénomènes, dans la « vie pure, avec l’ensemble de ses états vécus purs et de ses objets intentionnels » dans le « monde de la vie » (ou vie-monde)[6]

L’impressionnante entreprise création conceptuelle à laquelle s’est livré Husserl donne à  sa phénoménologie une allure de système clos sur lui-même. Mais par ses présupposés elle est en fait infiniment ouverte sur l’ « irréfléchi en fuite », comme l’a dit Maurice Merleau-Ponty.

L’entreprise husserlienne s’inscrit dans toute la tradition de l’histoire de la philosophie, à commencer par la philosophie et, au premier chef, l’idéal platonicien. Le concept d’ « intention » s’inspire de l’intensio médiévale telle que telle que Brentano l’avait interprétée pour ses élèves, et les Méditations  cartésiennes aborde explicitement le cogito de Descartes. De même l’ensemble de l’œuvre de Husserl se réfère au phénomène  et au transcendantal  kantiens. Quant au rejet de l’épistémologie « psychologiste » de son temps, ainsi qu’à son désir de fonder  par la phénoménologie une mathésis universalis, science universelle capable de mener à son accomplissement la philosophie, ils furent repris et repensés par des philosophes éminents : Marx Scheler, Martin Heidegger en Allemagne, Merleau-Ponty et Sartre en France. 

S’assignant l’objectif d’ « aller aux choses mêmes » et visant à retrouver et à décrire, par un effort théorique constant, « les phénomènes »_ masqués par l’usage habituel de la raison mais montrés par l’intuition, Husserl adopte une méthode rigoureuse pour faire apparaître et élucider ce « champ de la conscience  absolue », ces « eidétiques ». Cette méthode préconise le « suspens » (époché) et la « réduction » : elle consiste schématiquement  à mettre entre parenthèses, autrement dit à la suspendre, la vision rationnelle (vision « naturelle ») et à « réduire » le monde à ses sens essentiels, ce qui permet  de dévoiler la subjectivité transcendantale dans son être absolu. Pour cela, il faut procéder à des « variations imaginaires », c’est-à-dire qu’il faut varier par l’imagination les prédicats attribués.

Cette technique de la « variation » permet de saisir l’essence des objets, de leurs corrélats (spatialité, temporalité, rapports   de causalité). A travers ces « expériences  possibles », la phénoménologie établit les divers plans de l’être (« ontologie régionale ») : les « régions » de la géométrie, de la logique, de la psychologie…

Selon la phénoménologie husserlienne, la conscience n’est pas un réceptacle passif, mais « elle tend intentionnellement » vers les essences qu’elle « vise » et qu’elle classifie en une architecture universelle de la conscience ; elle relève  d’une ontologie concrète  portant sur tout le domaine du « vécu » du je phénoménologique. La conscience est en effet « intentionnalité », elle se définit à la fois comme « tension » vers son objet et « intention » nourrie pour les objets qu’elle constitue.

 

3.         Quelle méthode pour approcher un texte ?

La méthode adoptée pour approcher un texte est un chemin de connaissance, une direction à prendre pour la suite d’une démarche. La méthode, au niveau épistémologique, est une conversation transdisciplinaire  à laquelle participent nombreux critiques, nombreux théories et disciplines. Réfléchir sur un texte s’avère alors une fresque de questions philosophiques qui s’importe d’y réfléchir. Le « texte » est un dispositif expérimental, l’œuvre et sa narration sont donc inscrites à l’intérieur d’un essai plus large qui cherche à réfléchir le problème épistémologique posé par la pratique artistique comme chemin de connaissance.

La pluridisciplinarité lui permet de surmonter un grand nombre des apories passées, tout en lui rappelant la nécessaire humilité du théoricien, condamné à ne jamais embrasser la totalité de son champ.

Il est indéniable que la phénoménologie a ouvert les études littéraires de réceptions sur une gamme de champs qui ont souligné le rôle de la conscience dans la lecture. La phénoménologie nous offre un exemple concret de cette osmose entre conscience de l’auteur et celle de lecture en donnant l’exemple de la toupie et que J-P SARTRE en résume : « pour la[toupie] faire surgie, il faut un acte concret qui s’appelle lecture, et elle ne dure qu’autant que cette lecture peut durer. Hors de là, il n’y a que des tracés noirs sur le papier »[7]

La vision transdisciplinaire est résolument ouverte dans la mesure où elle dépasse le domaine des sciences exactes par leur dialogue et leur réconciliation non seulement avec les sciences humaines mais aussi avec l’art, la littérature, la poésie et l’expérience intérieure[8]. Dans la perspective transdisciplinaire, on le voit, toutes les formes de connaissance devraient trouver leur place. On pense qu’une vision globale du monde, si elle était possible, ne serait concevable que par l’articulation dynamique des épistémologies et méthodologies conjuguées de toutes les disciplines scientifiques, des « sciences de l’humain » (anthropologie, sociologie, psychologie, etc.) et des modes plus interprétatifs, herméneutiques ou créateurs, comme la littérature, la philosophie, la psychanalyse, l’art, la théologie, le mysticisme, etc. Le mouvement transdisciplinaire accueille donc, évidemment, la contribution d’artistes à son projet

 

  •       Herméneutique pluridisciplinaire

Dans le cadre de ce panorama d’ensemble des poétiques qui, au XXe siècle, il nous a semblé pertinent de retenir trois approches : le dialogisme, inauguré par Mikhaïl Bakhtine ; la transtextualité, telle qu’elle est conçue par Gérard Genette, qui nous permettra ensuite de nous pencher sur différentes théories de la parodie au sein desquelles la métaphore ludique occupe un rôle particulier ; et enfin les jeux intertextuels

Maurice Blanchot insistent sur l’effacement du sujet et de la référence au monde dans l’écriture. Dans le Livre à venir (1959), Maurice Blanchot postule qu’il n’est d’œuvre que du mouvement de pensée et de langage qui mène vers elle, car l’œuvre est toujours questionnement sur son propre avènement. Ainsi mis en exergue, le caractère autotélique du texte semble légitimer l’usage du réseau métaphorique du jeu, d’autant plus que la pensée heideggérienne trouve des échos grandissants. On peut alors étudier à la lumière du jeu l’œuvre de ceux qui, comme Samuel Beckett et ses contemporains, ont annoncé l’irrémédiable déchirure entre le langage et le Je qui croyait en être l’origine.

La conception du texte comme « micro-univers sémantique fermé sur lui-même » lui confère une fonction de sui-réflexivité, c’est-à-dire « d’auto-référence, d’auto-représentation, qui le soustrait à toute relation sémiotique externe avec les référents extra-textuels [...]. Le dispositif structure clôture, qui, sur le plan de la référence, instaure l’autonomie du discours, sur le plan éthique définit la singularité et la subjectivité du discours poétique [...]. La fermeture par la structure a pour effet de spatialiser le discours, qui devient ainsi un objet de langage hors temporalité, achronique[9].

Inspirés par le structuralisme, mais résolus à le dépasser, deux théoriciens singuliers allaient contribuer, chacun à leur manière, à la réouverture du texte. Jacques Derrida développe son concept essentiel de différance, qui englobe aussi bien l’objet que la subjectivité de l’interprète. De son côté, Roland Barthes insiste sur l’importance du sujet sémiotique, sur l’écriture littéraire comme énonciation, sur la lecture comme participation.

Cette méthode contribue à mettre en évidence l’importance d’un phénomène longuement étudié par Mikhaïl Bakhtine, et qui reste lui-même associé au ludique : le dialogisme. Car, intentionnellement ou non, les discours critiques sur le jeu « entre[nt] en dialogue avec les discours antérieurs tenus sur le même objet, ainsi qu’avec les discours à venir, dont il[s] pressent[ent] et prévien[nen]t les réactions. La voix individuelle ne peut se faire entendre qu’en s’intégrant au choeur complexe des autres voix déjà présentes. »[10]

Le concept de dialogisme, forgé par Mikhaïl Bakhtine, repris ensuite par Julia Kristeva sous le nom d’intertextualité, et développé par Gérard Genette en tant que transtextualité, a profondément marqué la théorie littéraire de notre siècle.

 

  •       Le principe du dialogisme

Il nous fallait exposer ici dans ses grandes lignes le principe dialogique bakhtinien, en raison de son influence sur la critique littéraire de la fin du XXe siècle, en général, et sur la notion de transtextualité, en particulier[11]. La théorie du texte de Roland Barthes —fondée sur l’idée que le texte est une tresse, un tissu de voix et de codes 1179— doit elle aussi beaucoup à la réflexion de Mikhaïl Bakhtine sur l’écriture polyphonique. Ce n’est pourtant pas dans les textes consacrés au dialogisme que les métaphores du jeu vont être sollicitées par Mikhaïl Bakhtine, textes sur le carnaval et notamment dans l’Œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Âge et sous la Renaissance (1965 ; 1970 pour la tr. fr.).

Le rôle des formalistes russes dans la constitution du structuralisme littéraire est bien connu ; il ne faut cependant pas oublier qu’ils ont également ouvert la voie aux recherches bakhtiniennes sur le dialogisme. En effet, dans un souci de prendre en compte la dimension historique de la littérature, les formalistes avaient érigé la discontinuité en principe de l’évolution littéraire : les formalistes russes avaient dégagé deux modes de fonctionnement de l’évolution littéraire : d’une part la parodie de procédés dominants, d’autre part l’introduction de procédés marginaux au centre de la littérature. [...] Suivant le second mécanisme, des procédés devenus familiers sont remplacés par d’autres procédés empruntés à des genres marginaux, dans un jeu entre le centre et la périphérie de la littérature, entre la culture savante et la culture populaire, qui annonce le dialogisme bakhtinien[12].

Le dialogisme bakhtinien repose sur deux postulats :

1. tout discours suppose, d’une part, deux sujets, l’un individuel (l’homme qui parle), l’autre collectif (le groupe social auquel il appartient) ;

 2. Chaque discours s’oriente toujours vers le « déjà dit » : « Sur toutes ses voies vers l’objet, dans toutes les directions, le discours en rencontre un autre, “étranger”, et ne peut éviter une action vive et intense avec lui »[13].  Selon Mikhaïl Bakhtine, « “au fond de l’homme”, n’est pas le “ça”, mais l’autre. »[14]. Sa réflexion littéraire aboutit ainsi à ce que Tzvetan Todorov appelle une «anthropologie philosophique »[15]où c’est l’être humain même, irréductiblement hétérogène, qui n’existe qu’en dialogue.

Ce constat va conduire Mikhaïl Bakhtine à établir une différence d’objet entre les sciences.  Or, Mikhaïl Bakhtine a établi une nette distinction entre sciences exactes et sciences humaines: là où les premières travaillent à partir de données fournies par l’objet de connaissance lui-même, les dernières ont pour objet le texte, au sens le plus large du terme, en tant que matière signifiante faite de pensées et d’expériences[16]. Dans Esthétique et théorie du roman, il explique cette dichotomie, pour montrer ensuite à quel point le principe dialogique est incontournable en poétique.

Tout l’appareil méthodologique des sciences mathématiques et naturelles s’oriente sur la maîtrise de l’objet réifié, muet, qui ne se révèle point dans la parole, qui n’informe en rien sur lui-même. La connaissance n’est pas liée à la réception et à l’interprétation des paroles ou des signes de l’objet connaissable lui-même.

Dans les sciences humaines [...] naît le problème spécifique du rétablissement, de la transmission et de l’interprétation des paroles « étrangères » [...]. Quant aux disciplines philosophiques, le locuteur et sa parole y apparaissent comme l’objet fondamental de la connaissance. [...] Dans les domaines de la poétique, de l’histoire littéraire (de l’histoire des idéologies en général), et [...] dans la philosophie de la parole, aucune autre approche n’est possible : dans ces domaines, le positivisme le plus aride, le plus plat, ne peut traiter la parole de façon neutre, comme une chose, et se trouve contraint ici à se référer à la parole, mais aussi de parler avec elle, afin de pénétrer dans son sens idéologique, accessible seulement à une cognition dialogique incluant tant sa valorisation que sa réponse[17].

Autrement dit, « en sciences naturelles on cherche à connaître un objet, et en sciences humaines un sujet. »[18] Il n’est pas question pour Mikhaïl Bakhtine d’idéaliser l’individualité psychologique, mais plutôt « d’insister sur le caractère unique, non réitérable des faits qui forment l’objet des sciences humaines. »[19]. Chez les théoriciens de la littérature, l’ignorance ou le refus de cette spécificité de l’objet-sujet des sciences humaines se traduit par une prédilection envers deux types d’objets empiriques : les objets formels, les objets psychiques. Apparemment contradictoires, ces deux empirismes se rejoignent pourtant dans leur volonté de séparer l’étude de l’œuvre de celle des participants à l’acte de communication qu’est la littérature. Pour sa part,

Mikhaïl Bakhtine défend la subjectivité non pas de l’individu mais de l’objet à connaître : « Les sciences de l’esprit : leur objet est non pas un, mais deux “esprits” (étudié et étudiant, qui ne doivent pas fusionner en un esprit unique). Leur véritable objet est l’interrelation et l’interaction des esprits »[20].

L’intertextualité, telle que la conçoit Mikhaïl Bakhtine, appartient donc au discours, non à la langue, tout comme l’interaction ludique appartient au jouer, non au jeu. Et le sens de ce discours ne peut être compris qu’en référence au contexte d’énonciation : « Le sens [...] implique la communauté. Concrètement, on s’adresse toujours à quelqu’un, et ce quelqu’un n’assume pas un rôle purement passif [...] : l’interlocuteur participe à la formation du sens de l’énoncé, tout comme le font les autres éléments, également sociaux, du contexte d’énonciation. »[21]

Une telle anthropologie philosophique, fondée sur l’indispensable altérité, pourrait être mise en rapport avec la réflexion de Jacques Derrida. En effet, le contexte d’énonciation n’est pas pour Mikhaïl Bakhtine une entité qu’il suffirait de dégager une fois pour toutes et qui figerait le sens ; en perpétuelle évolution, il s’inscrit de façon dynamique dans la « grande temporalité»[22]:

Il n’existe pas de premier ni de dernier discours et le contexte dialogique ne connaît pas de limites (il disparaît dans un passé illimité et dans un futur illimité). Même les sens passés, c’est-à-dire ceux qui sont nés au cours du dialogue des siècles passés, ne peuvent jamais être stables (achevés une fois pour toutes, finis), ils changeront toujours (en se renouvelant) au cours du développement ultérieur, à venir, du dialogue. A tout moment de l’évolution du dialogue, il existe des masses immenses, illimitées, de sens oubliés, mais, à certains moments ultérieurs, au fur et à mesure que ce dialogue avance, ils reviendront à la mémoire et vivront sous une forme renouvelée (dans un nouveau contexte). Rien n’est mort absolument : chaque sens aura sa fête de renaissance. Le problème de la grande temporalité[23]

la réflexion de Michael Riffaterre[24] est, à ce propos, exemplaire : Riffaterre appelle « illusion référentielle » : «  [...] l’erreur, courante à ses yeux, qui consiste à substituer la réalité à sa représentation [...]. Victime de l’illusion référentielle, le lecteur croit que le texte réfère au monde, alors que les textes littéraires ne parlent jamais d’états de choses qui leur soient extérieurs. [...] ».  Riffaterre concède que, dans le langage ordinaire, les mots réfèrent aux objets, mais c’est pour ajouter aussitôt qu’en littérature il n’en est rien. En littérature, l’unité de sens ne serait donc pas le mot mais le texte entier, et les mots perdraient leurs références particulières pour jouer les uns avec les autres dans le contexte et produire un effet de sens nommé signifiance.

Aujourd’hui, l’intertextualité désigne donc en sémiotique littéraire l’ « ensemble de relations existant avec d’autres textes (passés ou contemporains) qui se manifestent à l’intérieur d’un texte. » L’insistance sur l’intrusion inévitable des discours autres dans un texte est sans doute à mettre en rapport avec la notion de structure différante développée par Jacques Derrida.

Le terme même d’ « intertextualité » a été introduit en 1969 par Julia Kristeva, dans ses Recherches pour une sémanalyse, pour désigner aussi bien l’inscription d’un texte dans un autre que l’inscription d’un code culturel dans un texte donné. Elle reprenait ainsi le troisième aspect de l’écriture dialogique proposé par Mikhaïl Bakhtine, celui de la polémique cachée (discours d’autrui présent par ses réfractions dans le texte) 1240.

Substituant la notion d’intersubjectivité dialogique par celle d’intertextualité, elle remplace également la notion de « voix » —qui suppose une intentionnalité— par celle de texte. Celui-ci « se construit comme mosaïque de citations ; tout texte est absorption et transformation d’un autre texte. [...] le langage poétique se lit, au moins, comme double » 1241 ; autrement dit, dans le dialogue textuel qu’instaure le langage poétique, toute séquence est tout à la fois orientée vers la réminiscence (évocation d’une autre écriture) et vers la sommation (transformation).

  •     Herméneutique et déconstruction

Du côté des philosophes post-heideggeriens qui ont eu recours à la notion de jeu, nous retiendrons deux noms capitaux : celui de Hans Georg Gadamer (1900-) et celui de Jacques Derrida (1930-). Leur présence ici est d’autant plus nécessaire que l’herméneutique et la déconstruction ont profondément marqué l’âge d’or que furent pour la théorie littéraire française les années 60 et 70. Gadamer et Derrida peuvent également être considérés comme les principaux représentants des deux grandes voies de l’héritage heideggerien sur le langage, l’un assurant une certaine continuité de la tradition philosophique, l’autre la déconstruisant.

Gadamer et Derrida pensent tous deux qu’il n’y a pas d’expérience pure du monde possible ; néanmoins, tandis que le premier tente de concilier interprétation et expérience, le second affirme qu’il n’y a pas d’expérience qui vaille : il n’y a que des interprétations qui se succèdent sans fin, impossibles à référer à un quelconque centre ontothéologique.

Voyons de plus près en quoi consiste l’apport de ces deux philosophes au champ littéraire, ainsi que leur influence possible sur la critique et la théorie littéraires d’aujourd’hui.

Chez Gadamer, la problématique du langage est étroitement liée à celle du sujet. Gadamer, à la différence de Derrida, considère que le fait de s’inscrire dans une tradition ne limite pas la liberté de connaissance mais au contraire la rend possible. Car s’il est vrai que toute tentative de compréhension est inévitablement précédée par des préjugés, ces préjugés vont faire l’objet d’une transmutation dynamique. Par exemple, les idées préconçues du lecteur face à un poème ou un roman iront en se modifiant, en se déplaçant sans cesse durant le processus de lecture, dont le lecteur lui aussi sortira transformé. Le texte est ainsi conçu comme une œuvre: « la transformation par laquelle le jeu humain atteint son véritable accomplissement, qui est devenir art, je l’appelle la transmutation en œuvre. »[25]

Discutant la phénoménologie de Husserl, et s’inspirant des théories linguistiques de Saussure, Derrida va donc élaborer une théorie du signe comme producteur de sens, et de l’écriture comme différance. En effet, le principe saussurien de différence exige de considérer tout procès de signification comme un jeu formel, un échange dynamique supposant « des synthèses et des renvois qui interdisent qu’à aucun moment, en aucun sens, un élément simple soit présent en lui-même et ne renvoie qu’à lui-même. »[26].  Puisque toute identité signifiante implique l’inscription de la signification dans un code et le renvoi à d’autres traces ou « grammes », la différance sera définie comme « le jeu systématique des différences, des traces de différences, de l’espacement par lequel les éléments se rapportent les uns aux autres. »[27]. Ce jeu sans fond aboutit à une annulation du sujet, car il n’y a pas « de sujet qui soit agent, auteur et maître de la différance et auquel celle-ci surviendrait éventuellement et empiriquement. La subjectivité —comme l’objectivité— est un effet de différance. »

Gilles Deleuze a essayé de rendre compte de ce déséquilibre entre deux séries structurales —celle de « l’événement par nature idéal » et celle de « son effectuation spatio-temporelle dans un état de choses »[28] — en parlant, à la suite de Claude Lévi- Strauss, de « signifiant flottant » et de « signifié flotté ». Il s’agit de conceptualiser une valeur dont l’unique fonction est de combler l’écart entre le signifiant et le signifié, c’est-à- dire un « différentiant », une « case vide » en déplacement constant dont dépend le fonctionnement même de la structure. Cette case vide a pour fonction « d’articuler les deux séries l’une à l’autre et de les réfléchir l’une dans l’autre, de les faire communiquer, coexister et ramifier »[29]. Grâce à la réflexion structuraliste, le sens n’est plus conçu comme apparence, mais comme « effet de surface et de position, produit parla circulation de la case vide dans les séries de la structure »[30]. Ni principe ni origine, le sens est produit : « il n’est pas à découvrir, à restaurer ni à re-employer, il est à produire par de nouvelles machineries. »[31]

Le XXe siècle, pourtant caractérisé comme le siècle de l’incertitude et du flou dans les sciences, réserve une place croissante aux modèles et aux modélisations les plus diverses —songeons par exemple à l’impact de la théorie mathématique des jeux—. Y a-t-il une véritable contradiction entre ces deux tendances ? La concomitance a priori paradoxale entre flou et modélisation n’est pas sans rappeler la dichotomie propre au jeu mécanique, dans lequel le fonctionnement optimal d’un rouage exige tout à la fois une grande latitude et une grande précision.

Dans tout ce brassage, ce foisonnement d’idées, on peut retenir la mise en examen de la fonction de l’art et particulièrement la fonction de l’œuvre, de même que des principes liés à son autonomie et à sa décontextualisation ; la possibilité, entre autres, que l’œuvre ne soit plus forcément une fin en soi ou l’aboutissement ultime obligé de toute création.

 

Bibliographie

    BAKHTINE, M.- Esthétique et théorie du roman, Gallimard, Coll. Tel, 1987.

    Bakhtin M., Estetika Slovesnogo Tvorchestva [Relié] , Moscow (1979)

    BARBERIS, P.- BERGEZ, D. (dir.).- Introduction aux méthodes critiques pour l’analyse littéraire, Armand Colin, coll. Lettres Sup, 2005.

    COMPAGNON, A.- Le Démon de la théorie, Éditions du Seuil (La couleur des idées), 1998.

    DERRIDA, J. Positions, Edition de Minuit, coll. Critique, 1972.

    DESSONS Gérard, Introduction à la poétique. Approche des théories de la littérature, Armand Colin, 2005

    DEULEUZE G., Logique du sens, Editions de Minuit, coll. Critique, 1969.

    DUCHET, C.,  Sociocritique, Paris : Nathan, 1979.

    HUISMAN, D.- Dictionnaire des philosophes, PUF, 2009

    RICOEUR, Paul, le Conflit des interprétations, ed. Seuil, coll. Esprit, 1969.

    RIFFATERRE, M.- La Production du texte, Seuil, coll. Poétique, 1979.

-Sémiotique de la poésie, Seuil, coll. Poétique, 1983

    SARTRE, J.-P.- Qu’est-ce que la littérature ?, Idées Gallimard, Folio, 1948

    TODOROV, T.- Mikhaïl Bakhtine. Le Principe dialogique, Seuil, coll. Poétique, 1981.



[1] DUCHET, C.- « Introduction. Positions et perspective », Sociocritique (Paris : Nathan, 1979), p. 4, apud

HAMON, Ph.- « Texte et idéologie. Pour une poétique de la norme », p. 109.

Plus récemment, et en s’inspirant de cette première définition, P. Barbéris écrit : « Sociocritique désignera donc la lecture de l’historique, du social, de l’idéologique, du culturel dans cette configuration étrange qu’est le texte. » [« IV. La sociocritique », BERGEZ, D. (dir.).- Introduction aux méthodes critiques pour l’analyse littéraire, Armand Colin, coll. Lettres Sup, 2005. p. 123]

[2] BARBERIS, P.- « IV. La sociocritique », BERGEZ, D. (dir.).- Introduction aux méthodes critiques pour l’analyse littéraire, op. cit, p. 152.

[3] Paul RICOEUR, « La Structure, le mot, l’événement », le Conflit des interprétations, ed. Seuil, coll. Esprit, 1969, p. 80.

[4] HESS, R.- « BARTHES Roland, 1915-1980 », HUISMAN, D.- Dictionnaire des philosophes, PUF, 2009,  p. 219.

[5] COMPAGNON, A.- Le Démon de la théorie, Le Démon de la théorie, Éditions du Seuil (La couleur des idées), 1998, p. 53

[6] Concept développé par Husserl  à la fin de sa vie.

[7] J.-P SARTRE, - Qu’est-ce que la littérature ?, Idées Gallimard, Folio, 1948 p. 48.

[8] (Lima de Freitas, Edgar Morin et Basarab Nicolescu, Charte du CIRET, art. 5 Centre international de recherches et d’études transdisciplinaires (CIRET). Le projet moral [en ligne]. http://nicol.club.fr/ciret/projfr.htm (consulté le 4 novembre 2008). 

 

[9] Gérard DESSONS, Introduction à la poétique. Approche des théories de la littérature, Armand Colin, 2005, p. 166-167.

[10] T.TODOROV, - Mikhaïl Bakhtine. Le Principe dialogique, Seuil, coll. Poétique, 1981, p. 8.

[11] La notion de transtextualité, développée par G. Genette à partir de celle de l’intertextualité, elle-même dérivée du dialogisme, repose en partie sur le réseau métaphorique du jeu, comme nous aurons l’occasion de le constater ci-dessous.

[12] Le Démon de la théorie, op.cit, p. 224-225.

[13] M. BAKHTINE, Esthétique et théorie du roman, Gallimard, Coll. Tel, 1987, p. 102.

[14] T.TODOROV, - Mikhaïl Bakhtine. Le Principe dialogique, op. cit p. 55.

[15] Tel est le titre que T. Todorov a donné au septième chapitre de Mikhaïl Bakhtine. Le Principe dialogique. Pourtant, M. Bakhtine ne semblait guère apprécier cette discipline, à propos de laquelle il écrit, dans l’œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Âge et sous la Renaissance : « L’anthropologie philosophique avec sa méthode phénoménologique n’a rien à voir avec la science historique et sociale véritable et ne peut donner de solution à ce problème [vaincre le pessimisme de la conception existentialiste] ; de plus, elle est braquée sur la notion de fête détériorée de l’époque bourgeoise. » (p. 276)

[16] « Le texte est cette réalité immédiate (réalité de la pensée et des expériences) dans laquelle seule peuvent se constituer ces disciplines [les sciences humaines] et cette pensée. Là où il n’y a pas de texte, il n’y a pas non plus d’objet de recherche et de pensée. » [BAKHTINE, M.- « Problema teksta v lingvistike, filologii i drugikh gumanitarnykh naukakh. Opyt filosofskogo analiza » (« Le Problème du texte en linguistique, philologie et dans les autres sciences humaines. Essai d’analyse philosophique », Estetika slovesnogo tvorchestva (Esthétique de la création verbale, Moscou, 1979), p. 281, apud TODOROV, T.- Mikhaïl Bakhtine. Le Principe dialogique, p. 31)]. T. Todorov ajoute : « Ce n’est donc pas simplement l’homme qui constitue l’objet des sciences humaines ; c’est plutôt l’homme en tant qu’il est un producteur de textes. » (Idem)

[17] M.BAKHTINE, - Esthétique et théorie du roman, op. cit, p. 169-170.

[18] T.TODOROV, op. cit., p. 33.

[19] Ibid., p. 34.

[20] BAKHTINE, M.- « Iz zapisej 1970-1971 godov » (extraits des notes des années 1970-1971), Estetika

slovesnogo tvorchestva (Esthétique de la création verbale, Moscou, 1979), p. 349, apud TODOROV, T.- Mikhaïl Bakhtine. Le Principe dialogique, op. cit,  p. 38.

[21] T.TODOROV, op. cit., p. 50.

[22] M. BAKHTINE,- « K metodologii gumanitarnykh nauk » (« À propos de la méthodologie des sciences humaines »), Estetika slovesnogo tvorchestva (Esthétique de la création verbale, Moscou, 1979), p. 373, apud

TODOROV, T.- Mikhaïl Bakhtine. Le Principe dialogique, p. 170.

[23] M.BAKHTINE, - « K metodologii gumanitarnykh nauk », op cit.

[24] Cf. RIFFATERRE, M.- La Production du texte, Seuil, coll. Poétique, 1979. Et Sémiotique de la poésie, Seuil, coll. Poétique, 1983.

 

[25]Ibid, p.128.

[26] J. DERRIDA, - « Sémiologie et grammatologie », Positions, Edition de Minuit, coll. Critique, 1972, p. 37.

[27] Ibid, p.38.

[28] G.DELEUZE, - « Neuvième série. Du problématique », Logique du sens, Editions de Minuit, coll. Critique, 1969, p. 68.

[29]G.DELEUZE,- « Huitième série. De la structure », op. cit., p. 66.

[30] G.DELEUZE,- « Onzième série. Du non-sens », op. cit., p. 88.

[31]G.DELEUZE,.- « Onzième série. Du non-sens », op. cit., p. 90.

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À l'horizon de la mémoire

 

Soliloque

La vie est tissée de mystères,

Insondables, qui mystifient.

Aux évidences, l'on se fie,

Paraissent douces ou austères.

L'énergie vitale est en nous,

Agissante et incontrôlable.

On la souhaiterait durable,

Elle peut s'arrêter d'un coup.

On fait des choix et l'on espère

Mener à bien certains défis.

On veille à garder un ami,

On rêve d'une vie prospère.

Or, quand nous surprend un malheur,

Qui cause une douleur extrême,

Quand décède un être qu'on aime,

On découvre ce qu'est l'horreur.

La nature intervient, apaise,

Elle agit subrepticement,

Distrait, inexplicablement,

Fait que l'âme se trouve à l'aise.

À l'horizon de la mémoire

Glissent ceux qui n'existent plus.

À les chérir on se complut.

On bâtissait du provisoire.

13 septembre 2014

 

 

 

 

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Voulez-vous voir ceci dans le flux d'actualité d'arts et lettres?

La belle vie comme dans facebook?

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Voulez-vous montrer à tout le monde que vous likez lotto? Voir votre nom affiché disant que vous laissez tout tomber, que vous bouclez vos valises  pour commencer à cocher, cocher, cocher.

C'est bon pour votre image.

C'est si agréable quand vous verrez votre étoile grandie car votre nom sera accolé à la petite mention "sponsorisé".

Et en plus, vous aurez la possibilité de le faire sur votre mobile. Vous allez cocher sur votre mobile, vous vous rendez compte.. 

Vous serez "en phase" avec la communication face et E-Lotto. La plénitude. Voyez aussi: vous pouvez clamer votre bonheur en partageant cela. Ici, il y en a déjà 28 (dans le monde entier) qui ont fait cette spéciale découverte et veulent la transmettre cette enrichissante expérience à un maximum de leurs amis, c'est-à-dire 4 ou 5 personnes, car au-delà il vous faut "promouvoir"

Jouez.

Mais vite, vite.

Et gagnez 1.500 000 cacahuètes. Mais alors, vite.

Si maintenant au lieu de cocher vous voulez gratter -tous les goûts sont dans la nature- , je vais devoir aussi un peu massacrer votre fil d'actualité avec des jeux de grattage. Je peux tout aussi bien vous donner à cliquer sur un lien raccourci pourri qui vous volera tous vos mots de passe.

Dois-je me lancer, comme sur face machin, dans des manipulations algorithmiques afin de remplacer vos envois d'oeuvres par des placards publicitaires  et des boutons d'inscription où vos connaissances pourront constater votre vrai niveau....disons d'incompétence?

Oui, dites moi tout, ou presque.

Artistiquement vôtre

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12273045468?profile=originalRembrandt van Rijn, Jeune fille à la fenêtre, 1651.

Le musée national des Beaux-Arts de Stockholm abrite la plus grande collection d'art de Scandinavie avec plus de 500 000 oeuvres. Il a été conçu par l'architecte allemand Friedrich August Stüler dans le style d'un palais vénitien et inauguré en 1866.

Sa section peinture (le 1er étage étant consacré aux arts décoratifs) est particulièrement riche en oeuvres flamandes et hollandaises, notre première sélection, françaises et bien sûr suédoises, département sur lequel nous nous focaliserons ultérieurement.

Voici donc le Siècle d'or des Pays-Bas...

Présentations !

Gaspar de Crayer (1584-1669)

12273045858?profile=originalAnne d'Autriche (c. 1610)

Un luxe de détails !

Matthias Stom (1600-1650)

12273046064?profile=originalJeune homme lisant à la lumière de la chandelle (c. 1640)

Un des meilleurs peintres du courant caravagesque.

Jan Davidsz de Heem (1603-1683/84)

12273045698?profile=originalVanité (c. 1630)

Mais qu'il est bon de céder à la tentation...

David Teniers le jeune (16101690)

12273046499?profile=originalIntérieur aux fumeurs de pipe (c. 1635)

aux plaisirs de la vie et de la bonne société...

Judith Leyster (1609-1660)

12273047086?profile=originalGarçonnet jouant de la flûte (c. 1630)

de la musique et des arts, tard, on aura tout le loisir de méditer sur la finitude du temps...

A propos, qui a dit que la peinture était masculine ? alors "la critique", permettez...

Rambrandt Harmensz van Rijn (1606-1669)

12273047496?profile=originalSt Anastasius (entourage de Rembrandt)

A l'image de Saint Jérôme dans sa cellule philosophons...

Dans cette section nous trouverons encore Jan Massys, Frans Hals, Osias Beert, Johannes Bosschaert, Jacob Jordaens, Peter Paul Rubens...

Excusez du peu, mais nous y reviendrons...

Michel Lansardière (texte et photos).

Post scriptum :

Deux tableaux ont suscité un commentaire particulier qui introduit une interactivité bienvenue. Ce qui me permet d'ajouter quelques détails piquants.

Anne d'Autriche de de Crayer (merci Jacqueline). Faste et préciosité. La touche est précise et fluide, le peintre tout au service de son illustre modèle qui exerça la régence de 1643 à 1661 pendant la minorité de son fils Louis XIV, qu'il rend en majesté. S'agit pas d'offusquer ! Tout est léché, idéalisé, un rien empesé. Assurément un chef-d'oeuvre.

La Jeune fille à la fenêtre de Rembrandt (merci David). Humble, voire frustre, nature.

Cette jeune fille, "The kitchen maid" en anglais, est une servante. Très certainement la cuisinière du maître. Edme-François Gersaint (1694-1750), marchand de tableaux ayant pignon sur rue, l'appelait la "Crasseuse". Peint avec vivacité, mais avec cette pointe de non finito qui donne tout son caractère à notre cuisinière, et beaucoup de tendresse (à rapprocher du Titus à son pupitre du Musée Boymans de Rotterdam, portrait de son premier et unique fils). Sûrement un des tableaux les plus attachants de Rembrandt.

Roger de Piles(1635-1709), peintre lui-même, collectionneur et expert, rapporte que Rembrandt "se divertit un jour à faire le portrait de sa servante, pour l'exposer à une fenêtre et tromper les yeux des passants. Cela lui réussit, car on ne s'aperçut que quelques jours après de la tromperie. Ce n'était, comme on peut bien se l'imaginer de Rembrandt, ni la beauté du dessin, ni la noblesse des expressions qui avaient produit cet effet. Etant en Hollande, j'eus la curiositéde voir ce portrait que je trouvai d'un beau pinceau et d'une grande force, je l'achetai et il tient aujourd'hui une place considérable dans mon cabinet."

Toutes deux, par delà la mort, par delà les siècles, sont éternelles, sur le même pied.

Quant au Saint Anastase, il a longtemps été attribué à Rembrandt lui-même, "Oeuvre de sa vingt-cinquième année, où se distingue la finesse de son pinceau dans la pénombre de son envahissant clair-obscur.", Lucien Maury, 1913. Je l'ai rapproché de son Saint Jérôme dans sa cellule. Rembrandt et ses apprentis se penchèrent avec admiration sur la gravure éponyme de Dürer, sur la façon dont il fait entrer la lumière par la baie vitrée, en fait glisser les reflets et les ombres portées. Ou du Philosophe en méditation du Louvre, de Salomon Koninck (1609-1656), moins habile. Koninck, sans être un élève de Rembrandt, fréquenta certainement son atelier.

M. L.

 

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vampires

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Je m’abreuve de tes folies,

Elles donnent un sens à ma vie.

A force d’aimer, jouir et vivre,

Je suis devenu un vampire.

 

Tu as aimé mes folies,

Elles sont devenues tiennes,

J’ai dégusté tes folies,

Elles sont devenues miennes.

 

Tu t’abreuves de mes folies

Elles donnent un sens à ta vie.

A force d’aimer, jouir et vivre,

Toi aussi, tu es un vampire !

 

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En ce clair matin, doux ami

 

Soliloque

Manquant d'énergie ce matin,

Plongée dans un parfait silence,

J'ai glissé dans l'indifférence,

Me suis absentée tout soudain.

Plongée dans un parfait silence,

Privée d'intérêt et d'entrain,

Me suis absentée tout soudain,

Promptement n'eus plus d'existence.

Privée d'intérêt et d'entrain,

Là ou rien n'a de l'importance,

Promptement n'eus plus d'existence,

S'effaça la vie qui m'advint.

Là où rien n'a de l'importance,

Je t'ai rejoint, ce clair matin.

S'effaça la vie qui m'advint.

J'accueille, à nouveau, ta présence.

12 septembre 2014

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