Mes vacances d'été sur le littoral nord espagnol.
De SAN SEBASTIAN à LLANES.
Le 8 août 2014, je suis arrivée à SAN SEBASTIAN tôt le matin ; le soleil brillait.
Du balcon, où je paresse, murmure la ville arborescente et chaude. Des enfances s'expriment en espagnol avec joie et rapidité, jouent déjà malgré l'heure très matinale. Pour eux, les vacances de bord de mer continuent jusqu'à ce qu'elles touchent la coeur de la nuit, turbulentes et chantantes.
J'aime infiniment regarder vivre les enfants, se chamailler, non sans tendresse, entre-deux ; à de jeunes arbres gorgés de fruits ou de fleurs blanches ils me font penser.
L'océan atlantique au loin, impose tout son bleu, sa luisance ; les façades des maisons, des immeubles, grâce à lui s'éclaircissent, avec le ciel rivalisent en clarté. L'heure ici, est au centre même du soleil, étonnante d'exactitude !
Aujourd'hui le 9 août, découverte de la ville de SAN SEBASTIAN, de ses jardins, de ses ilôts floraux, d'elle toute entière, avec pour toile de fond la mer. Ecrire tout ça, me donne du bonheur à l'état pur ; le nectar du monde ruisselle en moi avec lenteur.
Je savoure chaque instant......
SAN SEBASTIAN, est une ville balnéaire superbe. L'architecture y est fréquemment ocre, lumineuse ; les places y sont animées et claires, puis des chemins blancs longent la plage.
Près de la mer où sont amarrés des voiliers blancs, tourne un carroussel or, un rien baroque.
Tout près de là, un chat roux, les yeux grand-ouverts, se prélasse dans un écrin vert et guette l'approche de l'oiseau bleu dans la pinède, chantant ; l'oireau étant insoucieux du chat oh combien paresseux !
Cet après midi, j'ai vu une petite fille titubante, tenant tout juste sur de jolis souliers roses, qui apprenait à marcher entre ses deux parents, à s'élancer, à tomber de temps-en-temps ; bref à se tenir debout presque toute seule.
L'apprentissage des fondamentaux, de l'autonomie première !
L'après-midi a été agréable et douce, pas de pluie, du soleil à n'en plus finir.
Les montagnes bleues au loin, atteignaient presque le ciel, me fascinaient ; une splendeur maritime à couper le souffle !
En fin de soirée, des ilôts à la fois sombres et lumineux flottaient sur l'atlantique argenté et paisible.
Ca et là, quelques mouettes encore, au dessus des flots assoupis, avec grâce planaient. Le couchant rougoyant illuminait le soir.
Ce matin 10 août, la chaleur s'installe déjà, assez forte, les arbres d'ailleurs sont immobiles comme alourdis ; ils sont pour la plupart fleuris et bien verts. Quelques voitures au loin vrombissent, puis murmure la mer, pleine déjà de cette enfance multicolore et matinale ; en Espagne et surtout en période estivale, les gens se lèvent tôt, pour profiter un peu de la fraicheur du soleil encore bleu, car plus tard, aux alentours de midi, ce sera l'incendie du jour !
J'ai dans la tête une flopée de mots ; une envolée furtive, précieuse. Ne pas la perdre, alors vite l'écrire !
L'après-midi s'est achevé par une longue sieste, après avoir marché depuis midi à travers la ville, par l'été toute essoufflée.
Ici, l'atlantique est tellement bleu, qu'il semble avoir avalé la totalité du ciel ....
Et toujours l'immobilité arborescente, puis quelques chats alanguis, somnolants sur les terrasses en surplomb, enguirlandées de pétunias, de rosiers pourpres. Voilà, la soirée claire arrive, l'adolescence d'ici s'impose dans les bars à tapas, les restaurants bons-marché.
Parfois, une danseuse de flamenco enflamme une place, une avenue, accompagnée par l'extraordinaire voix d'une chanteuse andalouse vêtue tout en noir. La soirée s'annonce joyeuse et chaude.
Demain, nous quitterons SAN SEBASTIEN pour rejoindre BILBAO, plus à l'Ouest.
Nous sommes le matin du 11 août,
ça y est BILBAO l'urbaine, érige ses tours, ses infrastructures modernes ; c'est bien plus bruyant que SAN SEBASTIAN, moins cossu.
Cet après-midi, nous partirons à sa découverte.
L'auberge de jeunesse où nous séjournons est immense, construite sur 8 étages, entre l'autoroute, une étendue arborescente et des terrains de sport ; ce qui est surprenant ici, c'est que tout se côtoie ; l'urbanisme à outrance avec les chants d'oiseaux, avec les fleurs citadines mais néanmoins sublimes.
Le soleil à l'heure ou j'écris ces quelques lignes est à son apogé, le ciel est un mélange de blanc et de bleu, plus laiteux qu'hier mais lumineux.
Ma chambre est spacieuse ; les murs sont rose-clair et le mobilier mauve (bof !). Les fenêtres sont fermées et sans rideau. La rumeur de la ville est très sonore, bien qu'asourdie, nous sommes au coeur de l'après-midi chaud.
Quelle déconvenue, je n'aime décidément pas cette ville, que je trouve sans caractère, ni cachet ; partout des artères grises et étroites, vieillotes. Par moments, de jolies sculptures, de somptueux monuments apparaissent mais ne s'accordent avec rien ; c'est une ville hétéroclite, faite de bric et de broc. Elle ne me parle pas, ne me touche pas.
Demain, nous irons visiter le Musée GUGGENHEM, dont l'architecte parait-il est impressionnante, vaut le détour. Ensuite, je rentrerais certainement lire ou écrire peut-être !
BILBAO est une ville qui respire mal, polluée ; même pas la mer pour l'adoucir un peu, l'aérer.
Athène, enfin sa cité moderne, lui ressemble terriblement ; fardée de gris et de noir, négligée.
En un mot ELLE EST TRISTE !
Je suis impatiente de partir d'ici ; je ne dis pas "quitter" car il me semble que dans son coeur je n'y suis jamais entrée. Ne dit-on pas le coeur de la ville ?
je n'y reviendrais sans doute jamais.
Malgré tout, je parviens à l'écrire, à décrire BILBAO ; une émotion ténue et froide s'impose à moi, ce qui est déjà un événement positif, contraire à de l'indifférence. Il s'agit simplement d'une grande déception.
Sommes arrivés à SANTANDER le 12 août.
Le voyage entre BILBAO et SANTANDER s'est bien déroulé, la route était à la fois maritime et montagneuse ; des bateaux, des voiliers, des espaces festifs défilaient. Le ciel était nuageux, mais point de pluie.
A l'arrivée, SANDANDER m'a fait bonne impression, contrairement à la ville précédente, moins industrielle, plus verte et puis la mer enfin s'étendait bleue-grise, tranquille. La pension "ANGELINE" m'a un peu surprise ; les hôtes étaient plutôt distants, bien qu'un tantinet souriants ; ici pas de petits-déjeuners, ni même la possibilité de faire de la cuisine. La chambre était toute boisée, petite, sans style particulier : Juste pour dormir et écrire un peu.
Là, je me prépare pour organiser un petit pique-nique sur une des nombreuses plages ; météo clémente.
La cathédrale de SANTANDER est atypique, assez sobre, et a été édifiée sur la première crypte datant du 13ème siècle. Les façades de l'église, de la cathédrale, ainsi que la robe de l'oiseau qui passe près de moi, alors que j'écris ce texte, ont la même teinte que le ciel d'ici : gris-blanc.
Il ne pleut toujours pas, c'est étrange un ciel gris qui ne s'inanime pas, se tait à ce point là !
L'enfance en Espagne est abondante, turbulente et joyeuse ; l'élégance des petites filles, des jeunes femmes, est très marquée, certaine. Ceci doit venir du fait, que dès leur plus jeune âge, les fillettes sont joliment et coquettement vêtues, arborent d'élégantes robes assorties souvent aux noeux multicolores qu'elles portent dans leurs chevelures majoritairement brunes. Les mères y veillent, leur transmettent sans doute cette part de féminité.
L'élégance naturelle des espagnoles est présente à chaque coin de rue ; elles l'ont apprise puis acquise semble t-il en même temps que l'alphabet, que les nombres infinis.
Ce soir, la pleine lune toute laiteuse, illumine le port bleu-marine, se pare de temps-en-temps d'une étole nuageuse.
Les passants ne parviennent pas à la photographier, à l'immortaliser dans son absolue nudité.
Demain, il va pleuvoir un peu, beaucoup, je ne sais pas encore, mais qu'importe puisque j'ai décidé de faire la grasse matinée jusqu'à midi au moins, ensuite je verrais.
Aujourd'hui 13 août, découverte des plages de SANTANDER ; elles y sont nombreuses, assez proches les unes des autres.
Après avoir longé les chemins côtiers, sous un ciel turquoise et chaud, nous nous sommes arrêtés pour pique-niquer ; repas frugal mais délicieux.
Ensuite, nous avons fait une bonne sieste sous un cèdre majestueux, bien vert, à deux pas de la mer ; petite brise fraiche, rumeur berçante de l'atlantique diapré.
L'arborescence en ce lieu paradisiaque est magnifique, luxuriante ; tamaris, cèdres, chênes et rosiers se cotôient en mêlant parfois leurs feuillages lorsque le vent souffle un peu trop fort, comme cela a été le cas en cette fin d'après-midi.
Ce qui est surprenant dans cette région du nord de l'Espagne, surtout sur le littoral, c'est la versatilité de la météo ; de l'euphorie la plus exacerbée, le ciel d'un coup s'attriste, fait grise mine ! A ce moment là, tous les parasols multicolores des plagistes se ferment, l'enfance se précipite dans les bras de leurs parents, quant à l'adolescence, elle envahit les bars, les clubs de musique. ça ressemble, en un temps record, à une arrière saison en plein mois d'aôut.
Sinon, la journée a été trés agréable et plaisante, reposante.
Demain, nous rejoindrons la ville de LLANES ; on quitte la Cantabrie.
Aujourd'hui 14 août, sommes arrivés à LLANES, petite ville située dans la province des Asturies en début d'après-midi, par l'autocar de la Cie espagnole Alsa . Le temps était frais, enfin moins chaud qu'hier et le ciel marbré et tourmenté ; pas de pluie de la journée pourtant, et des gens en vacances plein les rues. L'ambiance était bon enfant, joyeuse et festive.
Sur une petite place de la ville, non loin de la gare, trois jeunes garçons jouaient de la musique celtique ; un des trois jouait avec brio de la cornemuse, les deux autres du tambour. Ce devait être des galiciens, très jeunes, mais déjà prometteurs car doués.
Nous nous sommes ensuite promenés dans les rues de LLANES, pris un verre de bière en terrasse, pleine de gens assoiffés d'été, d'ensoleillement ; ça a été un moment infiniment chaleureux !
Nous logeons dans un petit village voisin, qui s'appelle "ECUE", très coquet où les habitants vous acceuillent avec jovialité et un sourire très ouvert ; un pur bonheur.
Nos hôtes font preuve d'une immense gentillesse, d'une hospitalité sans faille, nous ont même proposé pour le déjeuner du lendemain, de préparer avec eux "une tortilla" afin que nous la savourions ensemble, arrosée d'un bon petit vin local bien frais. Nous avons évidemment accepté cette invitation !
Nous apporterons le fromage et les fruits (melon, pastèque, papaye etc ....).
Paulina est la maîtresse des lieux, assez âgée, mais pleine de couleurs en dedans et sur elle ; elle rit continuellement, nous parle d'elle, de ses enfants et petits-enfants, pour lesquels elle ne tarit pas d'éloges, le coeur débordant d'amour et d'éclat !
Elle confectionne des robes folkloriques, des dentelles et même des chaussettes bleues en laine (couleur des Asturies), ce dont elle est très fière.
Paulina est une personne haute en couleurs, une sacrée personnalité ; une figure emblématique de "ECUE" et même de LLANES ; beaucoup de gens la connaissent. Seulement, il ne faut pas prononcer Paulina mais Paolina, c'est en espagnol chantant !
Quant à son fils Jésus, il est charmant, agréable, convivial ; il partage le quotidien de sa mère, la protège, veille sur elle en permanence. Paulina semble être la femme de sa vie d'une certaine façon.
C'est très beau ......
Il me fait penser à mon père qui lui aussi était en adoration pour sa mère, donc ma grand-mère Angèle.
j'écris ces quelques lignes, depuis un lit tout bleu, plein de fleurs ; les rideaux de la chambre sont bleus-ciel, on les croirait en soie, et les voilages d'un blanc neige, en dentelle. Pas un bruit dehors, le village dort ......
Nous sommes le 15 août, le petit déjeuner pris en compagnie de Jésus et de Paulina fut un moment mémorable, exquis. Paulina nous a parlé avec sa verve coutumière, de sa jeunesse, de ses deux enfants qu'elle a perdus et qui sont inhumés au cimetière du "petit Clamart" en région parisienne, sous le regard admiratif de son fils qui s'occupait du linge car Paulina du fait de son arthrose ne peut plus vaquer à ce genre d'activités domestiques.
Paulina nous a raconté que lorsqu'elle était jeune fille, son "amoureux" lui envoyait des lettres qui comportaient des messages dont les lignes étaient écrites à l'envers, afin que ça reste secret. Paulina, au début ne parvenait pas à lire ce qui était écrit, car elle ignorait qu'il fallait que le texte soit face à un miroir pour être déchiffré. Lorsque son "amoureux" le lui a ppris, elle a enfin réussi à déchiffrer, décoder, les messages d'amour.
La cuisine ce matin, était pleine de soleil, dehors le ciel était d'un bleu océanique, très chaud.
Des rires d'enfants ici et là fusaient, retentissaient parmi les fleurs, les arbres, les orangers ; quelques chats, en balade sur la petite place principale, ensoleillée et chaude.
Dans la matinée, nous sommes le 16 août, nous avons longé une petite route sinueuse, en pente douce ; de chaque côté d'elle, étaient construites de ravissantes maisons, typiques des Asturies, bleues, vertes, jaunes citron, quelques blanches également.
De ci de là, des magnolias, des arbres dont les fleurs étaient d'un bleu éblouissant régalaient nos yeux immenses, puis bien plus haut, l'océan atlantique, magnifique, se découvrait à nous.
Nous nous y sommes un peu baignés ; paysage grandiose dans sa simplicité, un joyau !
Cet après-midi, a été fort plaisant ; découverte du port de LLANES, nous y avons flâné, pris des photos des alentours, puis dégusté des patisseries locales, caressé un superbe chat roux, pris un verre de menthe à l'eau à une terrasse de café ; non loin un accordéoniste nous offrait une belle mélodie. Nous étions "simplement bien".
Nous sommes restés ainsi une bonne heure, jusqu'à la tombée du soir, puis sommes retournés chez Paulina et Jésus pour discuter de tout et de rien avec eux. Un laps de temps heureux !
L'essentiel de la vie par de la légèreté se transmet parfois, nourrit, nous rendant ainsi perméable au meilleur.
Demain, nous partirons pour la ville de GIJON, où nous séjournerons deux jours.
Suite et fin de ce journal de bord, en fin de semaine.
De GIJON à SANTIAGO DE COMPOSTELLE.