Le soleil venait juste de se lever et le souvenir de cette vieille histoire lui revenait en mémoire. C’était à la fin de l’été et elle n’avait toujours pas compris ce qui lui arrivait. Elle avait vécu cette séparation, cette décision comme un acte insensé, incompréhensif et gardé le souvenir indélébile de ce moment si particulier.
Ce jeune couple, qui comptait tant pour elle, l’avait blessée en quelques secondes en lui annonçant leur rupture. Elle les voyait vivre depuis si longtemps ensemble. Un amour de jeunesse qui avait lentement évolué et qui s’était révélé être une grande passion. Elle aimait les voir s’enlacer, se tenir par la main les yeux dans les yeux. Par moment, elle s’identifiait à eux un instant. Vivre cette histoire par procuration sans doute pour combler le manque qui lui faisait si mal.
Les raisons de cette rupture ne lui revenaient pas à la mémoire, elle avait oublié. Il ne restait que le souvenir d’un désaccord douloureux et long à guérir.
Les jeunes reprirent vite leur indépendance malgré leur tristesse et une nouvelle vie commença pour eux. Au bout de quelques temps, tout rentra dans l’ordre. Chacun partit dans une autre direction, un autre destin et finalement, la décision prise était la bonne.
Le soleil était triste, la nature savait qu’elle aurait à subir les assauts de l’automne et que peu à peu la vie se retirerait de cette belle végétation encore pleine de force.
Ces histoires de séparation lui faisaient toujours le même effet. Elle y pensait depuis qu’elle avait vécu ce genre d’épreuve. Elle avait mis longtemps à s’en remettre, à se relever et la moindre allusion la rendait sombre et mélancolique. La vie reprit son cours laissant en sommeil cette histoire au fond de son cœur.
Elle se prenait souvent à méditer, à réfléchir et à refaire le script de cette aventure qui n’avait duré qu’un moment, et qu’elle avait pris pour une réalité incontournable. Des mots d’amour qui résonnaient comme un chant, une romance et qui avaient le goût sincère et réel d’un sentiment qu’elle avait cru unique.
Elle le supposa longtemps partagée néanmoins à un jeu de dupe qui, pour elle, dura une éternité.
Un jour, elle le rencontra par le plus grand des hasards et en fut bouleversée. A peine un regard de ses grands yeux noirs et déjà, il disparut sans la voir. Elle sentit qu’il ne restait aucun souvenir d’elle dans cet homme. Elle s’arrêta. Elle demeura sur place à compter le temps qu’elle avait passé à l’attendre, à l’aimer secrètement. Elle s’indigna et pleura un long moment en vain.
Le visage en larme, une fine pluie tombait maintenant ruisselante et salutaire. L’eau s’infiltrait régulière et douce sous ses vêtements. Elle restait dehors à savourer, déguster cette fraicheur qui lui faisait du bien. Cette eau la lavait, la douchait de ses vieux souvenirs dessués et la rendait propre et légère. Elle sentit son âme renaitre et son cœur se libérer.
Commentaires
Pour ma part, je suis à la veille de Noce de mercure pour ceux qui connaissent. Un beau jour passé il y a si longtemps et toujours d'actualité..
Amitiés
Josette
Un sujet facile et si répandu. Que de femmes se font avoir par des beaux parleurs, par de beaux oiseaux ...et qui ne laissent rien que du vide .
Merci Rolande pour ton beau commentaire.
Amitiés
Josette
Ah oui ! Allons donc faire un petit tour chez Virgina Vanos qui a écrit un témoignage vécu sur le sujet.
Intitulé "Battue", elle a réussi à en faire un récit teinté d'humour.
Il suffit d'aller sur son site : elle vous y invite sur la page principale d'Arts et Lettres.
Bonne journée. Amitiés. Rolande.
Finalement cette rencontre de hasard lui a fait comprendre que cet homme était un vulgaire Don Juan sans aucun intérêt. Pour lui, elle n'avait jamais existé vraiment.
Enfin, elle pourrait se libérer de cette emprise qui lui avait gâché la vie.
La liberté rendue, un cadeau bénéfique dont jamais plus elle ne se passerait désormais.
Une nouvelle vie s'offrait à elle et à un futur épanouissement inespéré.
Après tant de souffrances, elle le méritait bien en une bénéfique résilience.
Et voici le Don Juan ténébreux de mon recueil "Parallélismes"
Grand, brun fort et beau
Mais respirant l'ennui
Moustaches conquérantes .... un héraut
Aux yeux de braise enfouis !
Qu'y a-t-il derrière ce battage
Fanfaronnades, rires et grosses platitudes ?
Un égoïsme immonde, affreux baratinage,
Servi sur un plateau de hautes servitudes !
Qui n'a jamais rencontré un Don Juan dans la vie ? Pour s'apercevoir qu'ils sont terriblement solitaires et malheureux. Envieux aussi du bonheur des amoureux véritables gravitant sur leur chemin.
Amicalement. Rolande.
Merci Yvette . Tout ne s'oublie pas toujours de la même façon et un déclic peut faire avancer. Heureusement que tout n'est pas éternel.
Bonne journée
Amicalement
On emprisonne parfois au fond de nous des souvenirs douloureux.
Heureusement, il arrive toujours un moment où une étincelle nous fait retrouver la raison.
Amicalement,
Merci Jacqueline pour ton commentaire.
Amitiés
Josette
Merci Rolande pour ton passage.
Bisous
Josette
Le coeur a ses raisons que l'esprit ne peut assurément expliquer, très beau texte Josette.
Magnifique texte ..... J'y reviendrai. Bisous. Rolande.