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Villanelle sur un été

 

À Claude

Te souviens-tu de cet été,

Au sortir de l’adolescence?

L’espoir et la joie nous portaient .

Nous pensions avoir mérité

D’être des élus de la chance.

Te souviens-tu de cet été ?

La vie d’alors nous enchantait,

Dans la bienheureuse innocence.

L’espoir et la joie nous portaient.

 

Le soleil, la mer et c’étaient

Des projets de douces vacances.

Te souviens-tu de cet été?

 

Le port, l’imposante jetée,

Les grands paquebots en partance.

L’espoir et la joie nous portaient.

On ne put, certes, l’éviter,

Tu partis sans moi pour la France.

Te souviens-tu de cet été?

L’espoir et la joie nous portaient.

11 juin 2006

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Les quatre saisons.

Déploiement sur vos épaules nues,

 d’une chevelure blonde ou brune, auburn ;

 tournoiement des quatre saisons en un ample mouvement,

d’une seconde ; vie entière,

ne point la perdre.

Basculement dans ma tête, dans mon corps,

 de mon cœur empourpré, fécond, si léger grâce au vôtre,

 à l’instant rencontré !

Vertige, coup de foudre ;

jamais prête,

cœur déshabillé, en désordre, si ému !

Déploiement sur vos épaules nues,

 d’une chevelure blonde ou brune, auburn ;

tournoiement des quatre saisons en un ample mouvement,

 d’une seconde ; vie entière,

ne point la perdre.

Soleil en éventail, magistral,  de jour ou noctambule,

brûlure de mon âme, du feu sous mes paupières ;

insomnie depuis vous !

Les quatre saisons sur une laine verte,

 une peau blanche, toute satine, assassine ;

intouchable, tellement là !

Vos cheveux, éclaboussure d’étoiles et de ciel ;

ma main gantée de blanche soie, pensive s’y égare,

outrepasse grâce au rêve, sa géographie trop étroite,

 s’empare de son arme pacifique,  immatérielle, fidèle,

l’écriture infiniment bleu et chaude ;

elle ose !

 

 

 

 

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Le remède à la mélancolie

 

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Un homme d'une soixantaine d'années se rend chez un médecin psychiatre et lui parle de ses problèmes. Il se sent perpétuellement triste, et même abattu, rien ne l'attire ni ne l'intéresse dans la vie, et sa mélancolie permanente se communique à son entourage qui en souffre.

 

" - Avez-vous essayé de voyager ? lui demande le médecin, après l'avoir examiné.

 

- Je n'arrête pas de voyager, répond l'homme déprimé. Toute ma vie n'est qu'un voyage.

 

- Vous n'avez apparemment rien de grave.

 

- Je sais.

 

- Il faudrait vous secouer, vous intéresser à quelque chose. Tenez, j'ai une idée. Si vous alliez au cirque ?

 

- Au cirque ?

 

- Oui. Il y a un clown très fameux, qui s'appelle Grock. Vous avez sûrement entendu parler de lui. Il paraît qu'il est irrésistible. Vous devriez aller le voir. Ca ne pourrait que vous faire du bien.

 

- Je ne peux pas, dit l'homme.

 

- Et pourquoi ?

 

- Parce que je suis Grock."

 

(Jean-Claude Carrière, Contes philosophiques du monde entier, Le cercle des menteurs 2, p.  95-96, Editions Plon, coll. Pocket)

 

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Grock, de son nom d'état-civil Charles Adrien Wettach, est un clown suisse, né le 10 janvier 1880 à Loveresse, canton de Berne (Suisse), mort le 14 juillet 1959 à Imperia, Italie.

 

Grock est considéré comme le plus grand clown du XXème siècle.

 

Ma grand-mère maternelle racontait qu'elle avait assisté, étant enfant à l'une de ses  représentations et qu'il était d'une drôlerie irrésistible.

 

Ses répliques sont restées célèbres : "sans blââââââââgue !" et "Pourquââââââââ ?"

 

Je ne sais si dans la vie courante, Charles Adrien Wettach était affligé d' un tempérament mélancolique comme dans l'histoire que raconte Jean-Claude Carrière.

 

En dehors de la piste ou de la scène de music-hall, Grock avait l'air d'un Monsieur "très comme il faut" et pas du tout d'un clown ;  il parlait couramment plusieurs langues (le français, l'italien, l'espagnol, l'allemand et l'anglais) , jouait de nombreux instruments (la clarinette, le piano, l'accordéon, le violon, etc.)... savait chanter, mimer et danser.

 

Il maîtrisait toutes les spécialités du cirque indispensables pour faire un bon clown, en particulier le jonglage et la contorsion comme on le voit sur la vidéo (le gag de la chaise est un véritable tour de force : observez la réaction des spectateurs)

 

Il pouvait passer d'un registre à l'autre en l'espace de quelques secondes (du rire aux larmes, du comique au tragique, du trivial au sublime)

 

Aucun clown  n'a comme lui incarné l'esprit d'enfance de "l'auguste" : gaffeur, désobéissant, charmeur, étourdi, naïf, rêveur, insouciant, cruel parfois, jouant avec l'interdit et la gravité (au sens propre et au sens figuré)

 

 

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Hommage à Monsieur Marcel Conche

12272846461?profile=original"Mais bon est le dialogue et de dire l'opinion du cœur..." Friedrich Hölderlin (Andenken)

 

Cher Monsieur Marcel Conche,

 

 Le poète américain Henri David Thoreau déplorait qu'il ne restât plus "de nos jours" de philosophes, mais des professeurs de philosophie. C'était à la fin du XIXème siècle. S'il vivait aujourd'hui, il déplorerait qu'il n'y ait plus que des "spécialistes".

 

Les universités françaises sont désormais peuplées, en effet, de "spécialistes" (parfois à leur corps défendant) d'un étroit secteur de la philosophie qui forment d'autres "spécialistes". Un jeune collègue, professeur de philosophie en classes préparatoires à Paris m'expliquait l'autre jour que la spécialisation pouvait aller, par exemple, jusqu'à ne s'intéresser qu'à deux années de la vie intellectuelle de Martin Heidegger, entre 1920 et 1922 !

 

Il attribuait cet état de fait au système actuel d'évaluation universitaire venu des États-Unis, purement quantitatif, fondé sur l'obligation de "produire" à tout prix des articles ultra spécialisés qui ne seront lus que par un nombre infime de spécialistes.

 

Il reste, bien entendu, d'excellents professeurs de philosophie, que ce soit en lycée ou à l'université, mais la grande époque des "philosophes" que vous avez connue, ajoutait ce jeune collègue, celle des Marcel Conche, des Vladimir Jankélévitch, des Jean-Toussaint Desanti, des Jean-Paul Sartre, des Emmanuel Lévinas, des Mikel Dufrenne, des Jeanne Delhomme, des Jean-François Lyotard, des Michel Foucault, des Jacques Derrida, des Gilles Deleuze, l'époque des philosophes engagés dans la vie de la cité, soucieux, d'exercer une fonction critique et de promouvoir des valeurs éthiques et pour lesquels la philosophie demeurait, comme elle le fut à l'origine, le souci de la vérité, du bien et du vrai et non une rhétorique stérile et chatoyante, n'existe plus et n'a aucun équivalent aujourd'hui.

 

Cependant, écriviez-vous avec humour, comme si vous aviez prévu la situation actuelle, à la fin de votre  étude sur Montaigne et le Temps dans les Essais (Bulletin des Amis de Montaigne, cinquième série, n° 25-26 (1978) : "Toutefois, il n'y a rien d'inutile en nature" (Montaigne, III,I,B,8), pas même le verbalisme, car dès lors que les mots s'impriment, ils font vivre des ouvriers-imprimeurs, des relieurs, etc. Aussi est-il souhaitable que les philosophes ne se lassent pas d'écrire (peu importe quoi), surtout en période de crise économique."

 

Une seconde explication complète la première : peut-être la pensée contemporaine doute-t-elle à ce point d'elle-même qu'elle croit  acquérir davantage de légitimité en prenant pour modèle la science, en particulier la médecine qui était, du temps de Descartes - ainsi que vous nous l'aviez expliqué - une branche de l'arbre de la philosophie, avec la mécanique et la morale, le tronc de l'arbre étant la physique et ses racines, la métaphysique.

 

Il existe une troisième raison, sans doute la plus importante, à la crise de la philosophie universitaire : le poids excessif des mathématiques dans le mode de sélection scolaire et professionnelle qui dissuade les jeunes gens d'entreprendre des études de philosophie.

 

Les Entreprises préfèrent recruter des techniciens et des gestionnaires qui ont appris à compter plutôt qu'à réfléchir ; on connaît les résultats de cette façon de voir dans le domaine de la "gestion des ressources humaines" (à France Telecom par exemple).

 

Ajoutez à cela des erreurs de "gestion des ressources humaines" du ministère de l’Éducation nationale qui, voici quelques années admit plus de capétiens de philosophie que de postes à pourvoir.

 

Et sans doute y a-t-il aussi le climat de l'époque que Friedrich Nietzsche avait prophétisé dans Ainsi parlait Zarathoustra :

 

"Qu'est-ce qu'aimer ? Qu'est-ce que créer ? Qu'est-ce que désirer ? Qu'est-ce qu'une étoile ? » Ainsi parlera le Dernier Homme, en clignant de l'œil. La terre alors sera devenue exiguë, on y verra sautiller le Dernier  Homme qui rapetisse toute chose. Son engeance est aussi indestructible que celle du puceron ; le Dernier Homme est celui qui vivra le plus longtemps. "Nous avons inventé le bonheur", diront les Derniers Hommes en clignant de l'œil.

 

(Nietzsche Ainsi parlait Zarathoustra (1883-1885)  Œuvres, pp 334-335, Mille et Une pages , Flammarion)

 

Je ne nie pas la légitimité de la spécialisation, mais je déplore, comme Thoreau, qu'il n'y ait plus guère de nos jours de philosophes dignes de ce nom et je soupçonne cette hyper spécialisation d'être à l'origine du désintérêt pour la philosophie, au moins pour la philosophie universitaire, car il existe  un véritable appétit pour la pensée et un véritable intérêt pour la philosophie au sens où l'entendaient les Grecs pour lesquels, et vous ne cessiez de le souligner, la connaissance (la physique, la métaphysique et la logique), n'était pas une fin en soi, mais  était au service de la vie.

 

Vous êtes, certes, un spécialiste reconnu de la philosophie antique, mais vous n'êtes pas que cela ; vous êtes un philosophe et avant tout, un "éveilleur"...

 

C'est en grande partie grâce à votre livre sur Pyrrhon d'Elis, paru en 1973 aux Editions de Mégare (Pyrrhon ou l'apparence) que j'ai pu mener à bien ma maîtrise sur les "matérialistes anciens" (sceptiques, stoïciens et cyniques) et à votre souci de nous montrer le lien entre les penseurs et le contexte historique dans lequel ils vivent (en l'occurrence le passage de la cité grecque classique et de la forme classique de la liberté grecque à l'empire macédonien) : vous aimiez à rappeler à ce sujet  une phrase de Nietzsche : "Les philosophes ne poussent pas comme des champignons après la pluie."

 

"Sa philosophie, écrivez-vous au sujet de Pyrrhon,  est une philosophie de la "coupure" (dans le langage d'aujourd'hui), ou du passage d'un monde à l'autre. Il se situe entre la vérité d'hier et celle de demain, au moment zéro de la vérité." (Pyrrhon ou de l'apparence, Editions de Mégare, p.9)

 

 C'est aussi grâce à votre enseignement et à votre livre sur Pyrrhon d'Elis que je pense avoir compris ce qui est en jeu dans la critique nietzschéenne (et anti platonicienne) des "arrière-mondes" et, encore récemment que j'ai réussi à saisir les présupposés philosophiques (pyrrhoniens) d'Hannah Arendt dans la première partie de son dernier ouvrage La vie de la pensée, lorsqu'elle refuse, elle aussi, les "mondes duels" et qu'elle évoque "la vieille notion grecque selon laquelle tous les phénomènes, dans la mesure où ils paraissent, impliquent non seulement la présence de créatures dotées de sens, capables de les percevoir, mais nécessitent encore d'être reconnus et loués", justification philosophique de la poésie et des arts que l'on retrouve chez W.H. Auden, Osip Mendelstam, Reiner-Maria Rilke et, bien que trop rarement, dans la tradition spécifiquement chrétienne, chez saint François d'Assise (Le cantique des créatures). 

 

 "Se pourrait-il, se demande Hannah Arendt que les apparences n'existent pas pour les besoins de la vie mais, qu'au contraire, la vie soit là pour le plus grand bien des apparences ? Puisque nous vivons dans un monde saisi pendant qu'il apparaît, ne serait-il pas plausible que ce qu'il y a en lui de significatif et de pertinent se situe précisément à la surface ?" (Hannah Arendt, La vie de l'esprit, P.U.F., p. 47)

 

"Contempler la tourterelle, la pie, la grenouille, la mouche, c'est se placer, en mystique, devant le mystère de la vie, c'est éprouver, devant la tourterelle que l'on voit, et qui vit le monde en tourterelle d'une manière pour nous totalement inconnaissable... le sentiment du sacré...

 

Contempler, écrivez-vous dans Vivre et philosopher (PUF, 1993), c'est ne pas aller au-delà de la chose même pour la réduire à ce qu'elle signifie, à une interprétation, à une connaissance. C'est prendre le monde tel qu'il est, sans vouloir l'expliquer par une cause ou une fin. Je vois ce monde comme n'ayant ni cause explicative, ni fin, ni modèle, ni fond caché, et, à chaque instant comme venant de naître. Il n'y a pas d'arrière-monde, et le monde ne recèle aucun mystère. Il est lui-même le mystère. Ce mystère est si voyant qu'il faut l'homme pour ne pas le voir. Car l'homme ne voit que l'homme."

 

Je me souviens de votre manière si originale - et parfois déroutante -  de voir le monde, de votre liberté d'esprit, de votre immense culture qui avait fait toutes les "liaisons" et qui n'était jamais écrasante, mais toujours éclairante, vivante, nourricière...

 

Je me souviens d'un regard d'aigle, d'un accent légèrement nasalisé qui descendait vers le Midi et transportait dans un paysage de collines, planté de chênes et de genévriers, murmurant de sources et de cascades, loin des tristes marronniers du Quartier Latin, enracinant les concepts métaphysique et les noms prestigieux de la pensée grecque dans le terroir au sol crayeux d'un village de Corrèze, d'une personnalité atypique et paradoxale, qui me faisait un peu penser au personnage d' Hercule Poirot, l'infaillible détective privé des romans d'Agatha Christie, dont les "petites cellules grises" résolvent les énigmes les plus retorses (vous êtes d'ailleurs un passionné de romans policiers et  un expert en la matière) et à l'homme au chapeau melon des tableaux de Magritte,  refusant le conformisme de la marginalité systématique qui faisait rage à l'époque - puisque la mode consiste au fond  à "différer" sur tous les plans, vestimentaire ou intellectuel, de la même manière - , et, pour cette raison même, réellement libre, assez sage pour faire une place à la folie au cœur de la raison... et à l'humour - un humour qui pouvait être "dévastateur" - et qui, miracle inouï dans les usages de l'université française, malgré mai 68 , et bien que vous fussiez alors directeur de l'UER de Philosophie de la Sorbonne, car vous étiez aussi, "socialement", quelqu'un "d'important", parlait naturellement, spontanément et sans aucune espèce d'affectation, de condescendance, de démagogie ou de crainte à ses étudiants !

 

Car vous n'étiez ni de ces gens "importants" que le souci d'eux-mêmes, du pouvoir ou de LA vérité de leur chapelle conduisent à mépriser les autres, ni de ces gens "importants" qui, de peur qu'on ne s'aperçoive qu'ils ne sont rien en dehors de  leur fonction, s'ingénient à maintenir les "distances".

 

Je me souviens de la clarté, de la rigueur et de la passion communicative avec laquelle vous nous expliquiez Anaximandre, Parménide, Héraclite, Démocrite,  Platon,  Aristote, Pyrrhon, Epicure...

 

Et de cette façon fascinante que vous aviez de prendre votre temps, comme un paysan qui trace un sillon, prenant appui sur l'histoire de la pensée dont vous aviez à cœur de montrer "l'historialité" : elle nous concerne encore, surtout quand nous croyons savoir qu'elle ne nous concerne plus, pour développer une méditation personnelle ou pour jeter le trouble salutaire d'une remarque inattendue : "Vous savez, ni Platon, ni Aristote, ni les autres n'étaient des "intellectuels", sans jamais regarder la moindre note, sans la moindre hésitation, même dans les plus infimes références à tel ou tel texte de Platon ou d'Aristote que vous traduisiez à livre ouvert et dont vous citiez de longs passages par cœur.

 

Merci, Monsieur Marcel Conche, alors que j'étais votre étudiant à la Sorbonne en année de maîtrise (1978) d'avoir éclairé pour moi le "chemin de la pensée" et d'avoir contribué à m'empêcher de devenir "un intellectuel". 

 

... "Dans mon pays, les tendres preuves du printemps et les oiseaux mal habillés sont préférés aux buts lointains.

 

La vérité attend l'aurore à côté d'une bougie. Le verre de fenêtre est négligé. Qu'importe à l'attentif.

 

Dans mon pays, on ne questionne pas un homme ému.

 

Il n'y a pas d'ombre maligne sur la barque chavirée.

 

Bonjour à peine, est inconnu dans mon pays.

 

On n'emprunte que ce qui peut se rendre augmenté.

 

Il y a des feuilles, beaucoup de feuilles sur les arbres de mon pays. Les branches sont libres de n'avoir pas de fruits.

 

On ne croit pas à la bonne foi du vainqueur.

 

Dans mon pays, on remercie."

 

(René Char)

 

 

 

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J’ai commencé à peindre "sérieusement" en 1973. Depuis lors, pendant une quarantaine d’années, j’ai eu la chance de rencontrer et de travailler 6 fois avec des escrocs et des voleurs. Grâce à eux, j’ai bien sûr perdu beaucoup d’argent et une trentaine de tableaux dont j’ignore toujours ce qu’ils sont devenus. Le dernier de ces escrocs ayant fait ses études dans le même collège que moi, il n’a eu aucune difficulté à me convaincre de sa bonne foi. C’était pour la parution prochaine du dictionnaire Piron. De tout cela, il ressort pour moi que la seule attitude responsable est la vigilance: l’art de l’escroquerie s’améliorant avec notre bêtise et nos techniques, il faut sans cesse réexaminer ce qu’on nous propose, éventuellement balayer devant notre porte, réexaminer et balayer à nouveau. Plus les artistes seront informés et plus ils seront prudents devant les nombreuses propositions mirobolantes qui leur sont avancées par le biais d'Internet ou par toute autre voie. C’est dans cet esprit de vigilance que je vous invite à lire ci-dessous le courrier et le communiqué de presse que je viens de recevoir.

Daniel Moline

 

Courrier envoyé aux six cents artistes répertoriés dans le défunt Nobel.be

 

Chers Collègues,

Comme la plupart d’entre vous le savent mais que certains ignorent encore, la SPRL ARTEDIS  a déposé son bilan (négatif de 169.357 €) et la faillite a été déclarée le 1er octobre. Son curateur est Maître de la Vallée Poussin, avenue Louise, 349/17, 1050 Ixelles.

Un collectif d’artistes engagés a déposé plainte auprès des tribunaux et l’affaire est actuellement à l’instruction sous la direction du juge Van Espen.

Un communiqué de presse a été envoyé aux principaux médias du pays et certains journaux et radios en ont déjà fait état dans leurs colonnes et sur les ondes: L’Avenir, la DH, la Gazet van Antwerpen, la Nieuwe Gazet, la RTBF « La Première », radio Vivacité dans l’émission « On n’est pas des pigeons ». D’autres médias se préparent à y donner suite.

Vous trouverez ci-dessous le contenu de ce communiqué de presse.

Celles et ceux parmi vous qui le jugent utile peuvent faire passer l’information dans les presses locales ou auprès de connaissances qui travaillent dans le monde des  médias, car beaucoup d’artistes ne sont pas encore au courant du développement des événements et certains persistent à espérer la parution prochaine du dictionnaire Piron.

D’autre part, celles et ceux qui accepteraient de se solidariser financièrement, peuvent encore le faire en prenant contact avec notre avocat, Maître Pintiaux du barreau de Bruxelles. Voir ses références ci-dessous.

Le but premier de cette démarche est de faire enfin cesser une succession d’escroqueries que des faillites frauduleuses répétées ne sont pas encore parvenues à éradiquer et peut-être aussi, rêvons un instant, de faire prendre conscience aux escrocs que pour vivre heureux, il n’y a pas que les voies balisées par le vol et le mépris, mais qu’il en existe d’autres inspirées par l’estime et le respect de ses semblables.

Bien cordialement et esthétiquement.

 

Communiqué de presse

Dictionnaire Piron, des centaines d’artistes escroqués.

Rédigé par un collectif d’artistes victimes de l’escroquerie.

Le dictionnaire PIRON, du nom de son premier rédacteur Paul Piron, est un ouvrage bien connu des artistes plasticiens, des galeries et des amateurs d’art. Il recense les noms, biographies et illustrations de milliers d’artistes belges résidant en Belgique et à l’étranger, d’incontournables célébrités y côtoient des talents moins connus mais dont beaucoup méritent le détour. Sa première parution en néerlandais remonte à 1999, une version en français avait suivi en 2003. Elle avait été éditée par ART IN BELGIUM, une société qui a fait faillite en septembre 2009.

Le projet de publier une version actualisée de cet ouvrage avait été annoncé pour le printemps 2010. L’édition devait être assumée par la SPRL ARTEDIS, créée deux mois après la faillite d’ART IN BELGIUM. Parmi les responsables de cette société, on retrouvait étrangement l’ex-directeur d’ART IN BELGIUM, mais cette fois dans un rôle plus discret, celui de « conseiller bénévole ».

En 2009 et 2010, des centaines d’artistes ont reçu la visite de représentants d’ARTEDIS. Il leur était proposé d’acheter une page dans le Piron pour la somme de 756,00 EUR. En bonus, ils figureraient sur le site Nobel.be, l’équivalent virtuel du dictionnaire.

Des centaines d’artistes se sont inscrits, achetant une page du dictionnaire, d’autres ont plus modestement opté pour une simple parution dans le site Internet pour la somme de 95 ou 125 €. Mais hélas le temps passait et aucune publication ne se profilait. Seul le site Internet NOBEL.BE avait été mis en ligne en ligne.

Pour justifier ce retard, de nombreux messages rassurants étaient envoyés aux artistes par les responsables, mettant en cause le nombre inattendu d’inscriptions, la négligence de certains artistes tardant à fournir une reproduction de leur œuvre, etc. Progressivement il est apparu que les excuses invoquées s’avéraient contradictoires et nettement mensongères, ce qui a soulevé des craintes parmi les artistes.

Ces doutes ont été confirmés lorsqu’il est apparu que les comptes de la société n’avaient pas été publiés conformément à la loi. Les responsables ne répondaient plus au téléphone ni aux courriels des artistes inquiets, ils s’étaient fait domicilier aux Emirats Arabes-Unis, les bureaux où siégeait la société avaient été désertés…

Il est également apparu que des sociétés non-européennes ont envoyé des factures à certains artistes sans avoir de lien contractuel avec eux, laissant supposer des détournements de fonds. D’autres informations ont filtré jusqu’à ce qu’il apparaisse de façon évidente que le dictionnaire ne paraîtrait jamais et que les centaines de milliers d’euros investis par les artistes s’étaient évaporés. Ceci est d’autant plus évident que la société ARTEDIS vient d’être déclarée en faillite, l’avis au Moniteur belge vient d’être publié ce 1er octobre 2012.

L’intervention inexpliquée de ces sociétés étrangères et la domiciliation des dirigeants hors de l’Europe ont poussé les artistes à déposer plainte et à se constituer parties civiles auprès d’un juge d’instruction. Affaire à suivre donc. Et vigilance en cas de propositions mirobolantes, mais sans références sérieuses et complètes clairement mentionnées !

Un collectif d’artistes du nord et du sud de la Belgique, représentés par Me Alexandre PINTIAUX.

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Le blanc sur l'or

Est ce le même climat chez vous en Belgique ?

Ici, à peine j'admirais la forêt prendre ses couleurs dorées juste devant

mes fenêtre de mon nouveau sweet home -  enfin tout installé  -

que ... la neige vient de prendre la suite de la pluie-neige de ce matin.

Alors l'or et le blanc s'allient, mêlant automne de lumière et douceur

avec une arrivée d'hiver blanc.

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Le chien de Giacometti

 

Giacometti-1263.jpg                               

 L'imaginaire est beaucoup plus près et beaucoup plus loin de l'actuel : plus près puisqu'il est le diagramme de sa vie dans mon corps, sa pulpe ou son envers charnel pour la première fois exposés aux regards, et qu'en ce sens-là, comme le dit énergiquement Giacometti (G. Charbonnier, Le Monologue du peintre, Paris, 1959, p. 172), "Ce qui m'intéresse, c'est la ressemblance, c'est-à-dire ce qui pour moi est la ressemblance : ce qui me fait découvrir un peu le monde extérieur." (M. Merleau-Ponty, L’œil et l'Esprit, Gallimard, Folio essais, p. 24) 

 

Je n'ai jamais cherché à comprendre pourquoi cette sculpture d'Alberto Giacometti me touchait aux larmes. Sans doute à cause de cette bonne tête aux oreilles pendantes qui penche vers la terre, de cette échine qui s'échine, de cette maigreur, de ce grand cœur qu'il forme avec ses pattes, de cette silhouette nonchalante et dégingandée (un lévrier afghan ou un braque ?) qui semble témoigner du fait que l'humour, avant d'être une caractéristique de l'esprit humain, se trouve déjà dans la nature, de ce regard que l'on devine, qui voit des choses que je ne vois pas, qui sent ce que je ne sens pas, qui entend ce que je n'entends pas, qui voit le simple que j'ai oublié à force de "réfléchir" et que je ne retrouve qu'en lui, de cette absence de mots, de cet amour silencieux, du compagnonnage à la vie à la mort, de la complicité sans paroles, du destin de tous les hommes et de tous les chiens du monde, contingents et mortels, jetés, tout comme les hommes, dans le monde, sans l'avoir voulu, et qui ne se demandent pas si c'est le Bon Dieu ou le hasard, et qui souffrent comme les hommes, de toute leur chair et de toute leur âme de chien, sans jamais se plaindre de leur vie de chien et qui nous réconfortent sans conditions, car nos semblables, c'est le moins qu'on puisse dire,  ne débordent pas de bienveillance et, comme disait Paul Cézanne : "c'est effrayant la vie".

 

Des chiens que j'ai eus, que j'ai aimés, que j'ai perdus...

 

Un chien, LE chien. La forme, l'eidos, la matière qui la constitue et le vide qui la délimite. Le visible apparaît dans le retrait, le vide, l'absence d'un "quelque chose". Reprenant les thématiques de La phénoménologie de la perception, Maurice Merleau-Ponty évoque le mystère de la perception de la profondeur qui traverse toute l'histoire de l'art - que les choses du monde soient à la fois "en nous" et "hors de nous", que nous soyons "auprès des choses", sans pour autant nous confondre avec elles, qu'elles soient d'une certaine manière "en nous", sans que notre conscience les "contienne", que les choses du monde "signifient" pour nous, sans pour autant se réduire à des signes, mais soient aussi la "chair" de la lumière, des couleurs et des formes.

 

Le chien d'Alberto Giacometti fait ressurgir l'exclamation de l'enfance, l'ivresse de nommer : "un chien !"

 

Mystérieux et familier, il surgit du fin fond du monde visible.

 

Giacometti fait voir dans ce chien, une essence, certes, mais actualisée dans une forme particulière, celle d'un chien particulier... sans doute un lévrier ou un braque, suivant avec ferveur une trace invisible,  au ras de l'horizontalité du monde sensible, entièrement présent à l'instant, quand l'homme qui marche, lui, dans son humanité verticale, fixe l'horizon, la jointure (ce qu'il a à être), hanté par le souci, l'angoisse, la pré-occupation, le regret ou le remords, entre passé et futur, mémoire ou anticipation, "rétention" et "protention" dit Husserl, ou la trace d'un appel venu de loin qu'il peine à déchiffrer.

 

Car il  marche lui aussi sur la terre, le chien horizontal, il marche aux côtés de l'homme vertical, il semble plus en mouvement  dans son immobilité paradoxale que si on l'avait photographié (comme le montre M. Merleau-Ponty avec l'exemple des chevaux du derby d'Epsom de Géricault), ses quatre pattes posées sur le sol, comme les deux pieds de l'homme qui marche... Mystère de la marche, du mouvement...

 

Le chien qui marche marche aux côtés de l'homme qui marche. Ils marchent sans relâche, dans la lumière de l'aube, sous le soleil de midi, sous le dais du ciel étoilé, jusqu'à la fin du temps, vers le mystère de la mort.

 

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Bien loin du port

 

Mon petit rectangle de terre,

M'incite à demeurer dehors.

J'aime contempler le décor,

Les nuages charmants, qui errent.

M'incite à demeurer dehors,

Livrée à la pleine lumière.

Les nuages charmants, qui errent,

Ont créé des îles au trésor.

Livrée à la pleine lumière,

Je vogue sur un vaisseau d'or.

Ont créé des îles au trésors.

Des fées, s'activant à nous plaire.

Je vogue sur un vaisseau d'or,

Joyeuse, grisée, laissant faire.

Des fées, s'activant à nous plaire,

M'ont emmenée bien loin du port.

26 octobre 2012

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Don Quichotte

 

An nom du désamour,

Des cœurs à empaler sur les autels phalliques !

                                  

                                   Donquichottesquement vôtre, je contre !

 

Au nom des sans logis,

Hommes ravalés au niveau de l’hyène,

Qui grattent les reliefs des frigidaires

Dans ce remugle exhalé des poubelles !

 

                                   Donquichottesquement vôtre, je contre !

 

Au nom des gars d’ailleurs

Qui hurlent sans un cri sous nos langues acides,

En s’accrochant, en vain, aux marchepieds des trams

Avec leurs doigts de pied couronnés de légendes

Et sur lesquels on crache !

 

                                   Donquichottesquement vôtre, je contre !

 

 

Au nom des réfugiés,

De leurs bébés « mouchus » fouillant le sable vide,

Et dont les bouches sucent l’eau fétide

Qui les sabre et les déleste au vent !

 

                                   Donquichottesquement vôtre, je contre !

 

Au nom des gosses pré pubères,

Aux regards cillés d’ailes de papillons,

Aux rires pleins d’étoiles de Noël

Que l’on jette en perles aux pourceaux !

 

                                   Donquichottesquement vôtre, je contre !

 

Et pour la  Palestine,

Dont l’unique figuier perd ses feuilles de sang

Dans un jardin fort de ses pigeons d’argile !

 

                                   Donquichottesquement vôtre, je contre !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et moi, Sancho Panza je dis : tais-toi !

Au nom du confort quasi « démocratique » !

Du saumon surgelé, des asperges en tubes,

Et  de la couardise en nos petits train-train.

 

                        Tais-toi !

 

Alors je chanterai

 

Le pain au saindoux sur la nappe fleurie,

L’eau du cristal au pays de l’Or noir,

L’accès aux droits, du haut jusqu’en bas,

L’excès des fruits porté aux pertes sèches,

La chaleur d’un lit, sous un toit, quand il gèle,

Les espoirs surgis dans les rêves d’enfants !

 

                        Tais-toi !

 

Alors je pleurerai avec ceux  qui implorent

Le  nom du Père !

 

                        Tais-toi !

 

Celui du Fils !

 

                        Tais-toi !

 

Celui du Saint Esprit!

 

                       TAIS-TOI!

 

Et il en fut ainsi...

 

 

 

1982

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Une dame discrète.

Chaque jour passe dans ma rue une dame très discrète.  Elle part l’été avec qq fleurs et l’hiver avec son parapluie. Personne ne la connaît. Cette dame a l’air délicat et malgré les grands froids, elle sort comme pour se purifier.

Dans le village, certains disent qu’elle est venue habiter ici pour panser ses plaies. Il y a bien longtemps, cette dame très jolie avait rencontré un charmant jeune homme qui avait pris le temps de la séduire, il l’avait parée de toutes les qualités et il la trouvait charmante.

Tombée sous le charme, elle s’installa avec lui dans un petit nid en ville. Une nouvelle vie commençait.  Au fil du temps, elle remarqua qu’il lui faisait des réflexions diluées certes et toujours adroitement tournées  et dans son intérêt.  Elle le trouvait attentionné et amoureux.

Ensuite, les dévalorisations se multiplièrent entraînant un doute lancinant et elle sentit qu’elle perdait confiance en elle.  Les paroles de son mari lui faisaient mal et même s’il continuait à être bien présent. Son mari choisît souvent de l’ignorée ou de ne pas répondre à ses questions dans le but de la contrôler. Elle étouffait.

Au fur et à mesure des années, elle s’aperçut que tout était passé au peigne fin, la critique faisait de plus en plus mal. Tenir sa maison, s’habiller, s’occuper des enfants, elle croulait sous le poids de toutes les responsabilités n’ayant plus aucun recul sur la situation. Sa vie était devenue un enfer.

Son mari se montrait charmant à l’extérieur et un despote toujours insatisfait à la maison, colérique, mentant, allant de contre-vérités en contre-vérités et l’isolant de son entourage.

Elle vivait néanmoins des périodes d’accalmie où elle retrouvait la magie de la séduction.

Cette pauvre dame se réduisait au néant dans sa prison dorée.

Un jour plus sombre que d’autres, les insultes sont arrivées, souillon, folle, malade… . Elle décida de partir.  Lors de la séparation, la violence éclatât.

Elle  découvrît  que devant le juge, le manipulateur se présentait comme une victime reprenant ses griefs contre elle. Il arriva à abuser le juge comme elle l’avait été. Ce fut lui la victime. Meilleur avocat et plus convaincant qu’elle, il avait maîtrisé l’art de la comédie et du mensonge.

Pour garder ses enfants, elle dut faire profil bas. Les droits de visite et hébergement  continuaient à détruire ses enfants et elle-même. Elle prît sur elle encore une fois.

Le temps passa et après toutes ces violences, elle s’isola pour mieux se reconstruire. Depuis lors, elle vit seule dans son monde loin du bruit des hommes.

 

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Cyrénaïque

L'occident opaque a cloué nos yeux,

Entravé nos envols,

Appelé vers les lieux esseulés.

Cet amour interdit ...

Je chanterai pour lui

Jusqu'au lever du jour

Un hyménée.

L'occident lubrique

Me prive de caresses,

M'écrase de bêtise,

De vanité,

De maladresses,

De maléfices.

Un orient de lumière enseigne la patience,

Le regard intérieur,

La gnose vivifiante.

Est avenu le temps présent, ce passé,

Cet avenir d'anciens oiseaux

De Chine et de Cyrénaïque

Posés là pour bénir.

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Souffle de vie

En fouillant dans mes souvenirs,

J 'ai trouvé des roses fanées.

Hélas les plus belles années

Ne peuvent jamais revenir!

Mon journal, empli de saveurs,

M'offre des joies attendrissantes,

Et les pensées d'une innocente,

Aimant la vie avec ferveur.

Se pourrait-il que l'avenir

Ranime d'anciennes données?

Ma nostalgie, certes, renaît

Quand me surprend un doux zéphyr.

25 octobre 2012

 

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Temps d'Automne en écho à Jacqueline Gilbert

En notre bordure de forêt parée de ses couleurs dorées,

C'est le temps où nous allons souffler les amas de feuilles

Dont les enfants voudront se faire des lits douillets

Ou aimer les faire craquer sous leurs tout petits pieds.

C'est le temps où s'approchent furtifs les agiles écureuils

Pour amasser ça et là leurs trésors, hivernal garde-manger.

Et les petits à grand cris admirent leurs queues empanachées.

Une douceur saturée de langueur s'exhale dans l'air

Et vous fait chavirer le cœur devant tant de beauté.

Entre soirs et matins, alternent les brumes ouatées et la lumière.

Et le regard émerveillés que l'homme donne

En extase toujours renouvelée à tous ces trésors d'automne

C'est de l'amour pur, c'est lui qui nourrit les mondes

des plus petits au plus grands, partout à la  ronde.

Ce regard qui aime et reçoit est essentiel

qui unit en amour la Terre et le Ciel.

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La page vide

Quand la page d'écriture reste désespérément vide, que l’envie est malgré tout là, une question se pose  : - Pourquoi l’inspiration est-elle cadenaser de cette façon ?

Je me gratte la tête. Je suis vide, terriblement vide. Seule à cet instant, plus rien ne transpire et dans mon esprit, tout est en partance pour le néant.

Plus de mots au bout de mes doigts si agiles d’habitude. Je me tourne dans tous les sens. Plus de sujets qui me donnent l'envie de noicir du papier. Le fil est cassé, au fond de moi là où je trouvais mon inspiration, l'absence..

Je m’accroche de toutes mes forces pour rester la tête sous le vide. Je respire pour ne pas succomber à cette angoisse que je connais si bien, qui m’envahit et me détruit. J’hurle de douleur à ce moment et je pleure d’être si seule devant cette feuille blanche qui a toujours été mon amie.

Peut-être me suis-je trompée ?  Là n’était pas mon plaisir, mon réconfort, ma passion.  J’étais dupe de ces mots qui m’ont menti, parfois rendu heureuse.

Tout n’était que mensonge et chimère. Le poids était faussement lourd sur mes frêles épaules, ce poids qui me rendait vivante.  Me voici si légère et si vide que le vent d’automne, d’un seul tourbillon, m’enlèverait comme une feuille morte pour me faire disparaître à jamais.

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Caravan’Sérail, comme l'indique la définition, est une maison rassemblant de multiples passions avec l’envie de les partager dans un endroit unique.

A vocation artistique et culturelle, le lieu veut amener chaque citoyen à (re)découvrir l’art au sens large et la photographie en particulier. L’objectif étant d’y organiser un large panel d’activités pour amener le grand public à découvrir les talents d’aujourd’hui.

La maison idéalement située à deux pas de la très tendance Place Flagey bénéficie d’un grand espace d’exposition  (25 mètres de cimaises) donnant sur un jardin de 500 m2. Cet espace, équipé des meilleures technologies, est également disponible à la location pour vos repas et séminaires d’entreprise.

En sous-sol, la cuisine a été conçue par le restaurant occupant les lieux auparavant. Elle permet la préparation de vos dîners d’affaires mais aussi des tables d’hôtes et des vernissages liés aux projets photographiques.

Au troisième étage et sous les combles, 3 chambres d’hôtes permettront aux visiteurs de prolonger agréablement leur séjour à Bruxelles. Le petit-déjeuner bio sera servi aux hôtes au coeur même des expositions ou dans le jardin.

Dans la partie «cave» se trouve le laboratoire de photographie argentique.

Le site: http://www.caravanserail.be/index.html

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Les poètes

Les Poètes

Etre né sous le signe des poètes
Avec prose et rythme dans la tête
Rêvasser les yeux ouverts aux chimères
Passer son temps dans un autre univers

Trouver la vie insipide et cruelle
La vivre auprès des immortels
Se cacher, bien heureux dans une bulle
Pour aligner les mots et les virgules

Dans les doigts s’affole le crayon noir
Qui sans l’ombre de désir ni de gloire
Immortalise les pensées en fusion
et peint et dessine d’autres émotions

Être né sous le signe des poètes
Sensible à fleur de peau, de cœur et de tête
Plongé dans les œuvres d'un autre maître
Mallarmé, Prévert et Baudelaire

Chantal Nyssen Proséart

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MATINEE D'AUTOMNE...

Quand l'écureuil est passé en courant

L'oiseau était perché sur le dossier du banc...

Le vent léger d'automne faisait tourbillonner

Les feuilles jaunes et rousses en toute liberté!

 

L'herbe s'offrait à cette agitation

Apportant en cadeau quelques champignons...

Les couleurs mélangées étaient certes indécises

Mais cette image était vraiment exquise...

 

Oh! Nature si jolie en ta diversité

Tu nous fais le présent de ta maturité...

Et même si nous n'avons qu'un regard à t'offrir

Toi, tu n'oublieras jamais de nous éblouir!

J.G.

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"Amour" de Haneke

Lu dans Libération

 

Le couple jusqu’à l’hallali

Par GÉRARD LEFORT

        

    

Trintignant et Riva poussent à l’épure extrême, violente, la conclusion d’une vie fusionnelle  

Entre autres bénéfices philosophiques, Amour, huis clos à cœur ouvert, fait circuler un courant d’air qui oxygène la notion de conjugalité. Anne et Georges sont un couple certifié. Par les lois du mariage - on dit d’eux monsieur et madame Laurent -, par le temps - on imagine, puisqu’ils sont vieux, que cela fait un bail qu’ils coexistent - et par les règles de la famille - ils ont une descendance, une fille, Eva. Mais cette identité ordinaire est contrariée par une insurrection, la mort d’Anne, son avenir, dont le programme est cliniquement décrit par Georges à sa fille : «Ça se passera comme ça s’est passé jusqu’ici. Ça ira de mal en pis.Ça durera et puis un jour ça sera fini.»

Noce. «Ça», dit Georges pour matérialiser l’innommable. Mais «ça», à mille lieues, au minimum, de la psychanalyse, c’est aussi une autre chose qui s’échappe au moment même où on l’expérimente. Au fil du film, Anne et Georges cessent d’être un couple au sens classiquement redondant du terme. A l’épreuve de l’épreuve, ils se métamorphosent en deux musiques qui harmonisent leur désaccord parfait. L’extinction progressive de l’une, bientôt résumée à un seul bruit - «mal» - va favoriser les paroles croissantes de l’autre, qui ne poussent pas comme un arbre, de racines en ramifications, mais se répandent comme une «mauvaise» herbe, dans les failles de la défaillance, entre les trous du silence. Une façon pour lui de dialoguer pour deux, de poser des questions fatalement simples, fatalement sans réponse («ça va?»), ou de transformer les borborygmes de sa compagne en ce que Georges appelle «des exercices de paroles». Ainsi sortant des lèvres d’Anne comme un hiéroglyphe s’échappant de la bouche d’une momie, une affaire de «pont» qui devient «sur le pont» puis, Georges aidant, une ritournelle ancestrale : «Sur le pont d’Avignon.»

Dès lors il n’y a plus entre eux de binarité (question-réponse, homme-femme), il n’y a pas plus, au sens dégoûtant du terme, de communication ou, encore plus répugnant, d’échange, mais une noce qui célèbre un régime passionnel contre nature. Car cette cure d’amaigrissement du langage est aussi une diète qui se débarrasse de la surcharge des affections obligatoires en des circonstances dites «tragiques». C’est une passion sans cris ni fureurs, un complot amical de plus en plus discret et confiant, de plus en plus imperceptible, un chemin tracé par les désirs, y compris le désir de mort («Il n’y a aucune raison de continuer à vivre, voilà»), où la trace des promeneurs s’efface au fur et à mesure qu’elle s’imprime dans le sol.

Pour preuve, à l’acmé du film, la question du rapport entre un texte et un geste. Le texte est celui d’un souvenir d’enfance à base de riz au lait détesté et de cartes postales où il s’agissait d’écrire avec des fleurs (bonheur) ou avec des étoiles (malheur). Le geste qui suit le texte est celui d’en finir, beau geste d’amour, et comme tel monstrueux, qui se moque de la morale.

Le texte est d’autant plus saisissant, le geste est d’autant plus sidérant qu’ils n’ont aucun rapport, absolument rien à voir l’un avec l’autre. S’ils se croisent et se rencontrent, c’est sur le parcours d’une commune dissymétrie. Comme une installation fractale qui fusionnerait une confidence sans interlocuteur possible et une action sans raison apaisante.

Danse. Les musiques du film (Schubert, Beethoven) sont des «impromptus» ou, encore plus idoine, des «bagatelles». L’amour, en effet, est aussi une bagatelle. Ce qui revient à ricocher sur la question des acteurs et de leur association. Le mystère, le miracle, c’est que Trintignant et Riva n’interprètent rien, défient le rapport qu’il y aurait entre Jean-Louis et Georges, Emmanuelle et Anne, ignorent la performance qui consisterait à aggraver leur être. Des personnes qui refusent de devenir des personnages. Des comédiens qui se jouent de la comédie.

Un duo ? Plutôt une danse, un pas de deux. Des corps, des voix, des gestes, des regards, des mouvements qui ne sont pas la peau des personnages mais inventent un épiderme autrement sensible, tour à tour minéral, végétal, animal. Des rides comme à la surface d’un étang ; des frissons comme dans la ramure d’un tremble ; des inquiétudes comme celles des moineaux. Est-il besoin de préciser qu’Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant sont bons et beaux ?

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