An nom du désamour,
Des cœurs à empaler sur les autels phalliques !
Donquichottesquement vôtre, je contre !
Au nom des sans logis,
Hommes ravalés au niveau de l’hyène,
Qui grattent les reliefs des frigidaires
Dans ce remugle exhalé des poubelles !
Donquichottesquement vôtre, je contre !
Au nom des gars d’ailleurs
Qui hurlent sans un cri sous nos langues acides,
En s’accrochant, en vain, aux marchepieds des trams
Avec leurs doigts de pied couronnés de légendes
Et sur lesquels on crache !
Donquichottesquement vôtre, je contre !
Au nom des réfugiés,
De leurs bébés « mouchus » fouillant le sable vide,
Et dont les bouches sucent l’eau fétide
Qui les sabre et les déleste au vent !
Donquichottesquement vôtre, je contre !
Au nom des gosses pré pubères,
Aux regards cillés d’ailes de papillons,
Aux rires pleins d’étoiles de Noël
Que l’on jette en perles aux pourceaux !
Donquichottesquement vôtre, je contre !
Et pour la Palestine,
Dont l’unique figuier perd ses feuilles de sang
Dans un jardin fort de ses pigeons d’argile !
Donquichottesquement vôtre, je contre !
Et moi, Sancho Panza je dis : tais-toi !
Au nom du confort quasi « démocratique » !
Du saumon surgelé, des asperges en tubes,
Et de la couardise en nos petits train-train.
Tais-toi !
Alors je chanterai
Le pain au saindoux sur la nappe fleurie,
L’eau du cristal au pays de l’Or noir,
L’accès aux droits, du haut jusqu’en bas,
L’excès des fruits porté aux pertes sèches,
La chaleur d’un lit, sous un toit, quand il gèle,
Les espoirs surgis dans les rêves d’enfants !
Tais-toi !
Alors je pleurerai avec ceux qui implorent
Le nom du Père !
Tais-toi !
Celui du Fils !
Tais-toi !
Celui du Saint Esprit!
TAIS-TOI!
Et il en fut ainsi...
1982
Commentaires
Bouleversant de pleine conscience , Martine !
Merci du partage de ces lignes ! Amitié, Nicole
Superbe poème qui nous fait prendre conscience de cette vérité.
J'aime le rythme et l'originalité.
Merci Martine.
Amicalement.
Adyne
Magnifique Vandenkerkove Martine !
Un verbe cinglant de vérité
ciselé au partage de la douleur
des rejetés
qui fait mouche en plein coeur
Au nom de ceux que l'on garrotte, écoutez ce cri ! et levez-vous !