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L'ART

"L'Art doit être un moyen d'exprimer un message :

  les lignes et les couleurs n'ont pas seulement le pouvoir de reproduire ce que nous voyons, la réalité que nous

 présente la nature aparante, mais elles détiennent un pouvoir émotif qui peut communiquer au spectateur un état d'âme;"

     Paul Gauguin

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AMIEL

A la Grande école du Tricot, Phoenix a fait la connaissance d’Amiel

Elles se sont tout de suite reconnues. Sans en parler, elles se sont jaugées…  Amiel a lu en la petite magicienne et su immédiatement le profit qu’elle pouvait en tirer : enfin la sève nouvelle qu’elle attendait depuis si longtemps !

Bien qu’elle ne fût pas dupe, Phoenix se laissa approcher… Serait-elle cependant assez forte pour ne pas tomber dans le piège ? Elle savait que la magie était à double tranchant et qu’elle donnait des pouvoirs infinis dans les deux sens… Tout dépendait de la force qu’elles avaient acquise au fil du temps.

La magie blanche n’offre que du positif puisqu’elle est basée sur l’amour… Celle-là n’avait plus suffi à Amiel depuis bien longtemps… Depuis qu’elle avait compris la force du pouvoir. Elle se repaissait de la détresse de ceux qui l’appelaient à l’aide… Plus ils s’affaiblissaient plus elle le renforçait.

Phoenix pris donc toutes les précautions utiles pour les cours suivants : formule magique et grigri protecteur à chaque cours et se tenir le plus loin possible d’Amiel…

Cette dernière a très vite compris que Phoenix n’était pas du tout venant et qu’elle ne pourrait jamais l’affronter de face… Elle se tint tout d’abord à distance. Il y avait bien assez de substance en ces âmes tourmentées pour s’occuper pendant quelques temps…

Pan avait remarqué son manège mais il ne voulait à aucun prix intervenir. Il était là pour leur enseigner l’art du tricot… Il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus et ce n’était après tout pas de sa faute si ces stupides mortels étaient aussi faibles et influençables… Sa classe se vidait mais il ne bougea pas.  D’ailleurs,  cela lui plût assez puisqu’il trouvait qu’il avait bien trop d’élèves…

Au contraire de Phoenix qui avait bénéficié de l’enseignement de Merlin et des pulls qu’il lui avait prêté, les autres étaient tout à fait démunis et espéraient beaucoup des cours de Pan…

Il fut aisé à Amiel de repérer les plus faibles d’entre eux…  Et au fil du temps, la classe se vidait peu à peu…  Personne ne savait vraiment ce qu’il advint d’eux mais nul doute qu’ils ont quitté l’école plus désespérés et tourmentés que quand ils s’étaient inscrits.

Phoenix ne pouvait intervenir sans l’aide de Merlin… Tout au plus essayait-elle d’attirer l’attention de la sorcière quand elle approchait de trop près ceux qui s’étaient inconsciemment placé sous sa protection… Ils n’avaient, eux, aucun pouvoir, mais ils avaient vu combien il était bénéfique de rester dans son sillage. D’autant plus qu’ils trouvaient Amiel un peu trop « à l’ouest »… Ils ignoraient tout de la sorcellerie et donc, pour eux, elle n’était qu’une douce dingue qui les amusait beaucoup au début mais plus du tout maintenant.

Et tant qu’ils appréciaient la compagnie de Phoenix, il ne pouvait rien leur arriver… Amour, amitié, copinage, entraide, rires complices… sont des sentiments positifs qui ne causent de tort à personne tout en renforçant les pouvoirs bénéfiques… Phoenix gagnait donc en assurance tout en restant sur ses gardes…

Amiel enrageait mais il fallait qu’elle ronge son frein si elle voulait parvenir en beauté à ses fins…

Elle n’avait que faire des pulls puisqu’elle ne devait pas se protéger, elle, mais si elle parvenait à accrocher la petite magicienne à son palmarès, elle pourrait encore mieux se rapprocher des forces des ténèbres…

Le combat s’engagea donc un soir de novembre…

Amiel profita d’une pause entre les cours pour se rapprocher de Phoenix… Elle engagea d’emblée la conversation… Trop heureuse que Phoenix la questionne, très adroitement,  sur son activité maléfique, elle ne s’aperçut pas qu’elle était la seule à se dévoiler…

La magicienne comprit très vite qu’elle n’était qu’une sorcière de seconde zone. Cela la rassura quelque peu… Elle seule parviendrait à bout d’Amiel… Mais il fallait qu’elle reste attentive parce que la bêtise peut tout aussi bien causer des dégâts irréversibles que la magie noire…

Pan les observait à distance : il savait qu’il ne pouvait rester éternellement neutre. Un jour viendrait où il devrait choisir son camp. En attendant, il comptait les points et se rapprochait une fois de l’une, une fois de l’autre.

C’était surtout Phoenix qui l’intriguait… Amiel s’était dévoilée depuis longtemps et il parviendrait sans doute à contenir sa folie… Par contre, la petite magicienne parlait peu… Il faut dire qu’il avait été d’entrée particulièrement maladroit et elle s’était refermée comme une huître…  Il s’était aperçu qu’elle savait tricoter et il lui avait fait savoir d’une façon très hautaine… Du genre : « tu crois tout savoir, ma petite, mais je vais te démontrer le contraire… »

Or Phoenix ne demandait qu’à apprendre et, si elle avait prononcé deux paroles, elle s’efforcerait de ne plus réitérer l’expérience…

Il fallait donc que Pan l’apprivoise s’il voulait en savoir un peu plus… Qui était ce professeur si doué qui lui avait appris tant de choses et notamment à irradier comme un petit soleil sur sa classe…

Quand il entrait dans le local, c’était à peine si ses élèves s’en apercevaient… Quand elle y entrait, tous les sourires s’illuminaient…

Un jour, n’y tenant plus, il lui demanda de but en blanc de qui elle tenait cet enseignement… Comme elle n’avait aucune raison de lui mentir, elle le lui dit… Au nom de Merlin, il comprit enfin : celui-ci avait été un jour son élève… Mais l’élève avait depuis bien longtemps dépassé le professeur… Ce qui menaçait de se réitérer avec Phoenix…

Dans l’état actuel des choses, il ne savait pas encore trop dans quel camp il fallait se positionner…

Phoenix, elle, avait décidé d’adopter profil bas… De ne prendre que le positif de cet enseignement qu’elle trouvait bien curieux…

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Une caresse inattendue

 

Alors que j’étais toujours sage,

Je faisais la fin de mon stage,

Chez un confrère renommé,

Qui élégamment me formait.

 

J’avais l’humeur gaie et parfois,

Je chantonnais à haute voix,

Quand seule avec le secrétaire,

Je méditais sur une affaire.

 

Je tapais un mémoire, un jour.

Mon patron plaidait à la cour.

Or, en revenant, il prit place,

Discrètement, en mon espace.

 

Il restait calme, sans paroles.

Son silence me parut drôle,

Puis, en me surprenant beaucoup,

Il mit un baiser sur mon cou.

 

Je pris ce geste à la légère,

Comme une lubie passagère,

Et sus vite trouver le tour

De m’exprimer avec humour

 

Je lui conservai mon respect.

Donc en ce temps, j’avais assez

De jugement et de sagesse

Pour accueillir une caresse.

 

                                                                     15 novembre 2011

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Peio Serbielle sur les ondes

Invité de Chantal  Destribats  sur  www.cotesudfm.fr,  dans son émission "Chemins de Sable", Peio  parle de sa Terre, le  Pays Basque, de sa culture, de ses engagements,  et de son métier d'artiste. 
Maintenant  en écoute -  http://peioserbielle.com/ld/20111109(R).php 
Son dernier disque NAIZ est,  dès aujourd'hui,  disponible en téléchargement ICI  http://peioserbielle.com/vente.php

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Le genre humain malade du sida

 

Un mal qui répand la terreur,

Aussi puissant qu’une tornade,

Rendant affreusement malade,

Survint soudain pour son malheur.

 

Dans tous les états de la terre,

Eut lieu un grand questionnement;

Il fallait sans retardement,

Élucider ce grand mystère.

 

S’il s’agissait d’un châtiment,

Il existait des responsables,

Gens corrompus et pitoyables.

À neutraliser vitement.

 

On accueillit tous les «on sait»

Et des soupçons injustifiables.

On cibla un groupe coupable,

Certainement, le temps pressait.

 

Ce fut une erreur condamnable.

Il est un constat bien réel:

Partout les besoins sexuels

Causent des torts irréparables.

 

Devraient seuls se sentir minables

Ceux qui perpètrent des délits

Ou qui commettent, dans un lit,

Des abus conjugaux blâmables.

 

15 novembre 2011

 

 

 

 

 

 

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administrateur théâtres

12272770466?profile=originalAu nom du chef d’orchestre René Jacobs, toutes les oreilles se dressent.

 

Sa présentation de «  ACI, GALATEA E POLIFEMO » de George Friedrich Haendel    avait  été applaudie debout, avec l’orchestre  « Akademia für alte Musik Berlin » au mois de septembre dernier lors du Klara festival aux Beaux-Arts.

 

Cette fois nous l’avons rejoint avec une pièce rarement jouée : Les Créatures de Prométhée (1801) de Beethoven, suivie de Seconde Romance pour violon (1802) et la Cent-quatrième Symphonie « Londres » (1795) de Haydn , interprétés dans la même  salle Henry Le Boeuf, aux Beaux-Arts de Bruxelles, ce 12 novembre dernier.

 

Le bonheur c’est tout d’abord de voir les musiciens communiquer entre eux  leur enthousiasme pour la musique, à coups d’œillades entendues, de sourires et d’humeurs joyeuses. « Die Geschöpfe des Prometheus » constitue l’unique ballet jamais composé par Beethoven. La légende grecque de Prométhée devient une espèce de poème sonore qui n’insiste pas tant sur la rébellion de ce fils de Titan dévoué à la cause humaine, qui déroba pour les humains la flamme de l’intelligence, de la science et des arts, mais plutôt sur la beauté et la sérénité qui éclosent de  la poésie de la musique et des arts, toutes muses confondues. Une lumière spirituelle encore plus éblouissante que la chaleur physique du feu. 

  En témoigne un livret que René Jacobs s’est ingénié à reconstituer et que l’on peut retrouver dans le programme. On rêverait de voir surgir les danseurs! Ce livret  correspond très bien aux idées des Lumières que Beethoven propose avec verve et légèreté. Le rêve, c'est l'intelligence et l'élévation. 

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  La musicalité et la joie sont au rendez-vous. Les accords sont précis et vigoureux, les motifs chantants. Au fond du plateau trônent trois contrebasses, comme trois égéries, de véritables sources d’énergie et de sérénité. La musique est vive et  joyeuse,  ciselée avec amour. Les percussions ont des timbres métalliques pleins d’allant qui pourfendent parfois les grondements divins des cordes. On aperçoit des traînées de lumière musicale, quelqu’un marcherait-il à pas farceurs sur des braises brûlantes ? Mais il y a soudain le velouté musical et vibrant  de la harpe cachée jusqu’ici par la stature du chef d’orchestre. Surprise et enchantements. Des accents lourds de majesté fusent, hubris où es-tu ? ...Jamais loin de ce qui est humain. Détrompez-vous, c’est l’aspect dansant des bonheurs divins  qui prime. Le bonheur des sonorités sur des instruments anciens, leur rythme sûr et infaillible.  Les baguettes des percussions s’emballent à nouveau pour former une marche presque guerrière et les violons se dépensent, inépuisables. Une première partie de concert très appréciée.

 

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L’intensité dramatique décuplera dans la Cent-quatrième Symphonie « Londres » (1795) de Haydn  où musiciens et chef d’orchestre organisent une profondeur d’envoûtement qui subjugue la salle. Encore une fois c’est la belle sonorité qui séduit, les envolées des bois, les cuivres qui crépitent avec fougue, la structure de la partition qui se déploie avec sérénité, aisance et définition. Tout un marché joyeux d’étoffes musicales, de textures et de couleurs chatoyantes ponctuées d’airs de farandoles s'offre à nous.  A la fin, avec légèreté et assurance, se chevauchent humour et gravité, les bercements alternant avec l’assaut du ciel. Le plaisir des musiciens est palpable jusqu’au bout.  

 

Et René Jacobs salue, mettant en avant l'immense  violoniste Bernard Forck qui nous a joué aussi la gracieuse Seconde Romance pour violon (1802). Une musique rayonnante qui bombarde nuages tristes et humeurs chagrines. Une musique faite de délicatesse, de dévotion et de félicité profonde.

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Akademie für Alte Musik Berlin

Samedi 12.11.2011 20:00

Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

René Jacobs direction - Bernhard Forck violon - Akademie für Alte Musik Berlin
Ludwig van Beethoven Die Geschöpfe des Prometheus, op. 43, Romance pour violon et orchestre n° 2, op. 50
Joseph Haydn, Symphonie, Hob. I:104, "London"

 

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"Lettre à… Moïse"

Lettre à… Moïse

Pourquoi Moïse ?

A vrai dire, je ne sais pas : ça m’est venu comme ça. Il m’a toujours semblé être un tel grand homme, à l’origine du « Peuple de Dieu », c’est important, non ?

Il a aussi ramené du Sinaï les fameux « dix commandements » de Dieu !
Sont-ils de Dieu ou sont-ils de lui, « inspiré » par Dieu ?

C’est tout de même différent, non ? 

Car, plus tard, beaucoup plus tard, une autre religion sera « inspirée » directement de la Parole de Dieu même : l’Islamisme et son Coran, dont il est dit que l’Ange Gabriel l’aurait dicté au prophète Mohamed, ou Mahomet…

Mais revenons-en au premier Prophète qui nous occupe ici : Moïse.

Etais-tu un magicien, capable d’ouvrir les eaux de la Mer Rouge, ou bien avais-tu simplement étudié ce phénomène à la cour du Roi d’Egypte, Pharaon, dont tu fis engloutir les chars te poursuivant ?

Etais-tu magicien, ou savais-tu d’une source jaillirait du rocher que tu avais frappé de ton bâton ?

Etais-tu magicien, ou savais-tu que la « manne » devrait tomber du ciel, juste au moment où ton peuple commençait à être affamé et criait contre Jahvé ?

Et le veau d’or ?
C’est qu’ils t’en ont fais voir, les gens de ton peuple !

Et quand arrivé en vue de la Terre Promise, tu appris que tu n’y pénétrerais pas, quel renoncement a dû être le tien, rappelé par le Créateur à ce moment qui pouvait te sembler si mal choisi, qu’as-tu pensé, Moïse ?

Ce qui m’épate encore chez toi, c’est que l’on dit que tu fus « enlevé par un char de feu »…
Quoi, un « char de feu » ! 

Une « soucoupe volante », peut-être ?

Il faudrait admettre alors que certains penseurs (rêveurs, vraiment ?) qui te voyaient venir d’un « autre monde », une « autre dimension », plus exactement, auraient peut-être raison ?

Ton berceau n’aurait pas été posé sur les flots par hasard, récupéré que tu fus, sauvé par cette princesse égyptienne qui te fit prince toi-même ?

Tu viendrais peut-être du même endroit que ce Jésus que tu visitas dans sa « transfiguration » avec un autre Prophète à tes côtés, Elie ?

Comme c’est bizarre tout cela...

Tous ces mystères sur ta naissance, ta vie, tes pouvoirs, ta « mort » qui n’en est pas une, vraiment, mais une « élévation dans les airs », comme ce Jésus, encore une fois, qui devait être « élevé dans les airs » après sa résurrection .

Qui étais-tu donc, Moïse ?
Qui es-tu aujourd’hui, Moïse ?
Où es-tu ?

Léo

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Il y a des nuits comme ça (11... et fin)

On tourne la page

À peine avait-elle tourné la clé de contact que Delphine sentit les larmes lui brouiller la vue.

Marc était rentré, elle en était sûre.

Il dort. Je le vois dormir. Il est à sa place et je ne suis pas à la mienne. Je n'y suis pas depuis des mois, je suis à côté de la plaque depuis longtemps.

Était-ce pour cela qu'elle pleurait ? S'il n'est pas là, c'est un « enfoiré ». Jamais Delphine n'avait entendu Henri parler ainsi. Il y avait de la colère dans ses propos.

J'aurais été si bien dans les bras de cet homme rassurant et prévenant. Il m'aurait fait l'amour avec douceur, presque comme on berce un enfant. Et je me serais laissée faire, attentive à toutes ces choses que j'aurais désirées et qu'il m'aurait prodiguées pour mon plus grand plaisir. Plus tard nous aurions été manger dans un restaurant que je ne connais pas mais où il a ses habitudes, et je lui aurais raconté ma vie.

Et sans cesse les larmes coulaient.

Le soir venu il m'aurait ramenée chez lui, et nous aurions discuté jusqu'à l'épuisement, tous les deux face à face dans un grand canapé, mes pieds nus sur les siens comme un viaduc s'alliant à nos regards croisés. La nuit aurait été apaisante.

Mais on ne pleure pas sur des rêves inassouvis. Alors, pourquoi les larmes ?

Elle tournait vers le boulevard qui l'amènerait chez elle lorsque la lumière se fit. L'espace d'un instant, à travers ses larmes, elle vit une autoroute. L'image était déformée et fugitive, mais cela lui suffit amplement pour comprendre : Marc avait pleuré, lui aussi, alors qu'il faisait route vers leur appartement. Leur prison de silence avait muselé l'expression de leur douleur.

Nous en sommes arrivés à un point où nous ne pouvons plus nous apporter le moindre réconfort. Mon Dieu, quel gâchis...

Pour une fois ce constat la révolta. Bien des fois auparavant elle avait mis un terme à la relation qu'elle entretenait en poussant son partenaire à la quitter.

Les larmes refluaient maintenant, au fur et à mesure qu'elle s'approchait de sa destination, tandis qu'en elle croissait la conviction que cette fois-ci, rien ne pourrait l'empêcher de prendre son destin en main.

Marc, mon Marc, j'anticipe ton regard étonné lorsque je te réveillerai, mais je dois le faire, et j'ose espérer que tu me comprendras. Tant et tant de temps a coulé en pure perte sur ce qui restait de notre amour. Je te sens profondément endormi, achevé par la route que tu as couverte cette nuit, et aussi j'imagine ton cerveau en cacophonie. Pardonne-moi. Ni toi ni moi ne pouvons encore vivre comme cela.

Jamais le visage de Delphine ne fût aussi dur et fermé que ce matin-là, au moment où elle abandonna sa voiture pour rejoindre son appartement.

Elle emprunta l'escalier. Tout au long de son ascension, elle continua d'écouter la petite voix qui lui parlait.

J'ai failli ne pas venir, Marc. Tu vois où j'en suis ? Crois-tu que je puisse encore supporter cette vie ? Non, bien entendu... Et je sais que tu me comprends. Il y a longtemps que j'aurais du faire ce que je vais faire maintenant, et je te demande pardon pour tout ce temps perdu.

La clé tourna et la porte en s'écartant laissa entrer un peu de lumière dans le hall, suffisamment pour que Delphine puisse distinguer le sac de voyage de Marc.

Tu dors, Marc, mais plus pour longtemps, car je suis impatiente maintenant.

Marc dormait comme s'il était prisonnier sous la couette. Elle le regarda longtemps.

Tu ne t'es pas rasé depuis deux jours, mon pauvre amour. Pardonne-moi si je suis maladroite.

Le moment est venu.

Delphine se déshabilla.

L'instant d'après, Marc se réveillait.

***

Oh Marc, comment ai-je pu te laisser si longtemps me donner tant et tant de choses sans vraiment te laisser d'autre plaisir que de me laisser faire ?

Et Delphine pour la première fois de sa vie faisait l'amour à son homme.

Je te donne si peu ici et maintenant, et malgré cela je sens ta surprise et ton étonnement. Laisse-moi t'aimer, et si tu pleures parce que j'entrevois enfin quelque chose que j'aurais dû prendre pour une évidence bien plus tôt, ô mon Amour, je t'en prie, viens pleurer en moi.

***

Bien plus tard, tous les deux couchés sur le côté, leurs yeux et leurs mains pour unique et double lien.

Marc demanda :

— Pourquoi ?

Delphine prit le temps de réfléchir, puis lâcha :

— Parce que je n'ai pas encore compris ce que tu attendais de moi.

Au-dehors, le soleil brillait timidement. Delphine se dit que c'était un bon début.





 

 

Bruxelles, le 3 juin 2009.









Merci à Mon Isabelle pour m'avoir conseillé dans la conception (quel joli mot) de cette histoire. Louée soit sa patience pour avoir vérifié la vraisemblance des mésaventures auxquelles je soumets mademoiselle Delphine avec une constance qui parfois – je l'avoue – touche à l'acharnement.

Pour être tout à fait honnête, je suis le seul responsable du scénario : rien n'a été emprunté à la vie réelle des infirmières que j'ai rencontrées lors de la rédaction de cette histoire. Si toutefois une des scènes a un petit air de « déjà vu » pour l'une ou l'autre d'entre elles j'en serai très fier, car je ne suis vraiment pas « du métier »...

Merci aussi à Samia, ma fidèle conseillère technique et linguistique, et sa sœur Malika, pour avoir donné les justes résonances arabes à la petite prière de Sahar.

Il m'a fallu trois mois pour me résoudre à l'idée d'embarquer Noémie vers le pays des anges : sans cela, Delphine serait aujourd'hui probablement très seule, et incapable de savoir si elle est heureuse ou non. Suite à son « U-turn » salvateur, je l'imagine volontiers maman de deux enfants, et qui sait, rayonnante de bonheur.

Dans dix ans, elle proposera à Marc de l'épouser, pour célébrer le bon choix qu'elle a fait au petit matin, il y a à peine quelques lignes.

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Décès d’Hubert Nyssen

 

 

Décès d’Hubert Nyssen, fondateur des Editions Actes Sud

 

"les lettres françaises, le monde de l’édition et tous les amoureux de la parole qui fait sens, celle qui touche et élève l’homme, sont aujourd’hui orphelins d’un sage, d’un conteur et passeur de culture exceptionnel".

 

Bernard Rentier, recteur de l’Université de Liège

 

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administrateur théâtres

L'IMPROMPTU DE BERLIN,

Régalez-vous:

Imaginez le décor d'un théâtre et laissez-vous aller à goûter au plaisir de ce marivaudage  politique en alexandrins !

Que ceci nous change agréablement du mauvais français, des fautes d'orthographe et de  syntaxe qui abaondent à notre époque pressée!

Prenez autant de plaisir que moi à ce duel à fleuret moucheté et plein de sous-entendus : c'est tout le mal que je vous souhaite !

La scène se passe dans les jardins du Château Bellevue, à Berlin.

 

(ANGELA VON MECKLEMBURG et NICOLAS DE NEUILLY
se sont discrètement éclipsés de la réception offerte par le roi de Prusse.
On entend, au loin, les accents du quatuor de Joseph Haydn.)


NICOLAS DE NEUILLY :
Madame, l'heure est grave : alors que Berlin danse,
Athènes est en émoi et Lisbonne est en transes.
Voyez la verte Erin, voyez l'Estrémadoure,
Entendez les Romains : ils appellent au secours !
Ils scrutent l'horizon, et implorent les Dieux.
Tous les coffres sont vides, et les peuples anxieux
Attendent de vous, madame, le geste généreux !
De leur accablement ils m'ont fait l'interprète :
Leur destin est scellé, à moins qu'on ne leur prête
Cet argent des Allemands sur lesquels vous régnez.
Cette cause est bien rude, mais laissez-moi plaider...

ANGELA VON MECKLEMBURG :
Taisez-vous Nicolas ! Je crois qu'il y a méprise.
Folle étais-je de croire à une douce surprise.
En vous suivant ici seule et sans équipage
Je m'attendais, c'est sûr, à bien d'autres hommages !
Mais je dois déchanter, et comme c'est humiliant
De n'être courtisée que pour son seul argent !


NICOLAS :
Madame, les temps sont durs, et votre coeur est grand,
Vos attraits sont troublants, mais il n'est point décent
D'entrer en badinage quand notre maison brûle !
Le monde nous regarde, craignons le ridicule !
Notre Europe est malade, et vous seule pouvez
La soigner, la guérir et, qui sait ? La sauver !
Nous sommes aujourd'hui tout au bord de l'abîme ;
Vous n'y êtes pour rien, mais soyez magnanime !
Les Grecs ont trop triché ? Alors la belle affaire !
Qu'on les châtie un peu, mais votre main de fer
Est cruelle aux Hellènes, et nous frappe d'effroi !

ANGELA :
J'entends partout gronder, en Saxe, Bade ou Bavière,
L'ouvrier mécontent, le patron en colère.
Ma richesse est la leur, ils ont bien travaillé.
L'or du Rhin, c'est leur sueur et leur habileté.
Et vous me demandez, avec fougue et passion,
De jeter cette fortune au pied du Parthénon ?
Ce serait trop facile et ma réponse est NON !

NICOLAS :
On ne se grandit pas en affamant la Grèce,
En oubliant Platon, Sophocle et Périclès !
Nos anciens nous regardent, et nous font le grief
D'être des épiciers et non pas de vrais chefs !
Helmut Kohl est furieux et Giscard désespère.
Un seul geste suffit, et demain à Bruxelles
Desserrez, je vous prie, le noeud de l'escarcelle !

ANGELA :
Brisons là, je vous prie, la nuit est encore belle.
Votre éloquence est grande et mon âme chancelle...
Mais si je disais oui à toutes vos demandes
Je comblerais la femme, et trahirais l'Allemande !

(Ils s'éloignent, chacun de son côté...)

Luc Rosenzweig

(ancien journaliste de Libération,
ancien rédacteur en chef du Monde,
aujourd'hui écrivain)

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Lettre de ma fille ...

 Maman,

 

Tu fais tellement pour moi...et pas juste pour moi,non, il faut en plus que tu penses aux autres avec une énergie, quel courage!,quelle patience !

Tu es EXTRA et des mamans comme toi , et bien il n'y en a pas deux ,et je t'admire, te suis reconnaissante, je t'aime .

J'aime ma maman mais aussi la femme que tu es .

Il y a quand même une petite chose qui me dérange,m'ennuie et me chagrine parfois ...ton bonheur à toi dans tout ça ?

As-tu le temps de penser à toi ? Juste à toi ! Voilà pourquoi je culpabilise souvent, je me dis mais enfin merde , elle devrait m'envoyer  bouler ( pas tout le temps quand même , lol ),penser à elle, vivre sa vie ...

Je ne dis pas que je te pense malheureuse mais ...enfin , le ciel va certainement te faire de merveilleux cadeaux prochainement et réaliser tes voeux !

J'avais besoin de te le dire , j'ai pensé à toi tout l'après-midi.

Je vais t'envoyer une carte pour Philippe, je suis touchée par ce qui lui arrive ,c'est fou qu'un homme si bon n'a jamais eu droit au bonheur , je n'arrive pas à comprendre, j'aime tellement cet homme,il compte pour moi...J'ai appris avec lui qu'il faut vivre ses rêves, toujours avancer car il se peut qu'un jour il soit trop tard ...enfin un tas de choses ,vraiment...

Allez zou, je file ,vais faire le vide et je prie pour le bonheur de chacun .

Signé: La fille dont toutes les mamans rêvent .

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administrateur théâtres

Confidences trop intimes  de Jérôme Tonnerre

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Parce qu'elle s'est trompée de porte, Anna s'est retrouvée à confier ses déboires conjugaux à un conseiller fiscal, William Faber, coincé, cravaté et blême. Touché par sa détresse - troublé aussi - l'homme n'a pas le courage de lui avouer qu'il n'est pas psy, contrairement à son voisin de palier. De rendez-vous en rendez-vous, de confessions en confessions, un étrange rituel s'instaure entre eux, les rendez-vous s’amoncellent. L’addiction mutuelle s’installe. William est à chaque fois ému par la jeune femme, et fasciné d'entendre ce qu'aucune femme ne livre jamais.  Qui est donc Anna ? Qui est dupe ? Qui joue  quel jeu ? Le  psy qui habite à côté, finit par faire une thérapie d’Anna par procuration en recevant William contre espèces sonnantes et trébuchantes.  Ce sont les moments les plus savoureux ! Le psy est point pour point celui qu’on imagine dans les caricatures les plus délirantes.  Le psy : « N’oubliez pas, le premier organe sexuel, c’est l’oreille ! » Et alors que William veut soudain abandonner son aventure amoureuse à peine amorcée…il lui souffle : « La pureté analytique vous interdit de changer de rôle ! » Et autres balivernes succulentes de psy.

 

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Ce sont donc les deux personnages secondaires  qui donnent du relief à ces rencontres: l’ex- femme de William : Jeanne, chaleureuse, et gentiment jalouse de la mystérieuse visiteuse, et ce psy magnifiquement campé, caustique à souhait  et interprété avec excellence par Michel Israël.

Mais à la manière des thérapies, la pièce piétine, barbotte un peu. Il y a de bons mots, de fines réparties, des mystifications. Mais la succession des scènes alternativement dans le même décor des appartements jumeaux dotés des mêmes meubles - une fois chez le psy une fois chez le fiscaliste - rendent l’affaire un peu monotone. Soulignons par contre la qualité de la musique : entre valses de Vienne, Hitchcock et «  in the mood for love », celle-ci donne à l’ensemble   un modelé pittoresque.

 La valse hésitation de William s’éternise cela fait rire intérieurement ou attire la compassion sur ce  personnage grave qui a oublié de vivre.   Affublé d’une cravate sévère, vieux garçon rangé  et méthodique,  il ne se départit que rarement de son sérieux d’enfant sage et triste, comme s’il était  puni par la vie et  imperméable au désir.   Deux fenêtres blêmes deviennent presque des personnages à part entière. Elles l’ont vu naître,  le surveillent et  le feront enfin sortir de ses gonds.

 L’air de rien, sans y toucher,  c’est quand même lui, William, qui  a  patiemment reconstruit Anna, incapable de se passer de ses cigarettes jusqu’à sa guérison. Anna est  son Pygmalion, mais on  aurait  néanmoins souhaité à William une rencontre avec une fille de plus d’épaisseur, de verve et de charme, pour faire drôle plutôt que doux-amer. Qu’elle eût été  plus malheureuse de sa relation perdue avec son mari, plus affolée, plus désespérée aurait donné  un peu de sauvagerie à ce vaudeville de divan par ailleurs bien mené.  

 

CONFIDENCES TROP INTIMES

de JÉRÔME TONNERRE d’après le film de PATRICE LECONTE
Mise en scène: BERNARD YERLÈS / avec ALAIN LEEMPOEL, CATHERINE CONET , HÉLÈNE COUVERT et MICHEL ISRAËL

 

DU 27/10/11 AU 03/12/11

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Le besoin d'être vertueux

 

Pour être juste et respectable,

Selon les efforts que l’on fait,

On se sent plus ou moins parfait.

Certains sont tout juste acceptables.

 

Les gens qui ont peu de besoins,

Une âme pure et charitable,

l’humeur heureuse et enviable,

N’ont pas mérité de bons points.

 

C’est en combattant des penchants,

Condamnables ou pernicieux,

Qu’un être devient vertueux,

N’a plus l’envie d’être méchant.

 

La vertu nous semble vieux jeu.

Parfois reçue en héritage,

Elle conditionne, rend sage

Et même, paraît-il, heureux.

 

13 novembre 2011

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La Tour

Je voudrais une haute tour

Et m'affronter au gré du parchemin

Redécouvrir la source et le chemin

L'Ordre initial au pic d'un Autre amour

Sans entraves ni liens.

 

Je suis dans l'ombre et le secret des jours

Où la lumière n'atteint pas

Par delà l'ordre et le chaos s'enracine mon choix

Il n'est d'instant si court

Qui puisse autant que lui se défendre.

 

Je t'en prie ne viens pas

Ne viens pas si tu viens pour me prendre

Espère simplement reconnaître

Lac ou miroir ou méandre

Marche au bord, assieds-toi

Ecoutes puis regardes sans rien attendre

 

S'il se peut l'eau te découvrira la tour

D'un palais plus ancien que les nuits et les jours

Le palais sous-marin, le lac, la haute tour

Pas plus tienne que mienne , il n'y a rien autour

Rien qui vaille la peine

 

La coupe et l'échanson

Reste assise et en paix puis bois dans le silence

Sans chercher à connaître et demeures en patience

Peut-être entendras-tu quelqu'un t'appeler par ton nom.

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Il y a des nuits comme ça (10)

Caféine

Delphine était assise sur une chaise à roulettes, au beau milieu du camp de base. Bertrand la sermonnait.

Il l'avait retrouvée près du distributeur de boissons fraîches, près des blocs opératoires du sous-sol. Elle avait collé son dos à la machine, comme pour en capter la fraicheur.

La voix de Bertrand était lointaine, mais elle captait l'essentiel de ses propos. Henri n'intervenait pas, mais à en juger par son expression, il n'en pensait pas moins.

De toute façon tu m'as déjà engueulée suffisamment pour cette nuit.

Bertrand continuait. Delphine en déduisit qu'elle avait enfin arrêté de penser tout haut.

Elle se leva.

— Je monte.

Bertrand répliqua illico.

— Tu ne vas nulle part.

— Je monte prêter main forte à Cécile.

Henri monta au filet :

— C'est hors de question, Delphine, surtout après ce que tu as dit face aux parents de bébé trente.

— Henri, on a bien laissé la maman de Noémie toute seule, non ?

— Cela n'a aucun rapport.

— Ben voyons. Elle a perdu son bébé. Moi j'ai seulement dit ce que je pensais. Qui de Sahar ou de moi est vraiment à surveiller ?

Silence. Delphine écarquilla les yeux :

— Tu ne crois quand même pas que je pourrais faire une connerie volontairement ?

Silence, à nouveau.

— Henri, réponds-moi. Tu le crois ?

— Non. Mais en revanche je ne te crois pas capable de poser le moindre acte. Rentre chez toi.

— File, ajouta Bertrand. Ces gens sont des emmerdeurs. Même Maya le comprendrait tout de suite. Il ne s'est rien passé. Je te couvre.

— Non.

— Tu n'as pas bien compris, Delphine. Je te couvre si tu disparais à l'instant.

L'infirmière sentit une fois encore la vague de froid l'envahir. Elle réfléchit, puis lâcha :

— Si je rentre maintenant, vous ne me verrez plus. Le temps se sera arrêté à la mort de Noémie. Je ne voudrai pas revenir. Vous ne pouvez pas m'imposer ça.

Henri acquiesça discrètement.

— Laisse-moi m'occuper de Noémie et de sa maman, Bertrand. Juste elles deux.

Bertrand hésita.

— Juste elles deux. S'il te plait.

***

Delphine perdait ses yeux noirs au fond de sa tasse de café.

Elle s'était rendue en néonatologie et avait habillé Noémie. Ensuite, durant le reste de la nuit, elle s'était occupée de Sahar. Elles avaient peu parlé, mais s'étaient longtemps tenu la main. Les antibios étaient à l'œuvre.

Henri avait tenté de calmer les parents de bébé trente. Il n'avait pas réussi. Mais en revanche ils ne s'étaient pas décidés à quitter l'hôpital.

C'était le moment du café avant de retourner à la maison. Le chirurgien et l'infirmière se faisaient face.

La fatigue et la tristesse avaient transformé Delphine en un bloc de sable mouillé. Elle se sentait sale, lourde, raide, et surtout d'une laideur sans nom. Le froid l'avait quittée au petit matin.

Henri tendit la main, et lui souleva le menton comme si elle avait sept ans. Le regard de Delphine mit du temps à se fixer sur lui.

— Il y a des nuits comme ça, Delphine.

— Ce n'est pas ma nuit.

— Elle est terminée. Tu l'oublieras.

Lorsqu'il avait lâché le menton de Delphine, Henri avait déposé ses mains sur celles de la jeune femme. Une pensée traversa fugitivement son cerveau : les mains de cet homme étaient la dernière source de chaleur de son petit monde en déclin. Déjà elle ne pensait plus à rien.

— Delphine ?

Les yeux tristes de Delphine restaient secs. Ils étaient plantés dans les yeux d'Henri.

— Delphine ? Allô ? Tu es avec moi ? Tu te sens mal ?

Elle articula avec difficulté :

— J'ai peur.

Enfin elle détacha son regard du médecin. Elle but une gorgée de café.

— Je ne sais plus ce que je dis.

— Tu as peur de quoi ?

— De rester seule.

— Tu veux dire... de rentrer seule ?

— Non. J'ai peur de rester seule le reste de mes jours. Cela n'a rien à voir avec cette nuit. Je rate toujours tout avec les hommes.

Henri serra doucement les mains de Delphine dans les siennes.

— Au moins tu ne penses plus à cette nuit. C'est déjà ça. Tu ne crois pas que tu devrais réfléchir à cela après huit heures de sommeil ? Ce n'est pas parce que tu es en froid avec Marc que tu rates tout avec les hommes.

Huit heures de sommeil. Dormir. En solo ? Avec Marc ? Avec Henri ?

— Peut-être, s'entendit-elle répondre.

— Et tu vas faire comme nous le faisons tous : laisser ici tout ce que nous avons vécu cette nuit.

— Je sais.

Mis à part la main de Sahar sur le bras de sa fille.

— Tu es seul pour l'instant ?

— Tu veux dire : célibataire ? La réponse est oui.

Henri avait répondu sans attendre. Delphine se dit qu'il s'attendait à sa question. Mais depuis combien de temps ?

— Je peux dormir avec toi ?

— Si tu veux.

À nouveau : aucune hésitation dans sa voix.

Il se leva. Elle termina son café en vitesse. Il lui tendit la main et la garda dans la sienne lorsqu'ils sortirent de l'hôpital.

Au-dehors, le vent s'était levé. Le ciel était gris foncé, mais il n'y avait aucune pluie. Les cheveux de Delphine s'agitaient devant son visage.

Le sable dont je suis faite sèche à vue d'œil. La première bourrasque va me disperser.

Henri garda le silence jusqu'à sa voiture.

— Je te suis ? demanda Delphine.

Il se tourna vers elle et l'embrassa. Elle se serra contre lui. Ses lèvres étaient d'une infinie douceur. Delphine sentit enfin la pesanteur l'abandonner quelque peu.

— Je peux te poser une question, Delphine ?

— Tu veux savoir si je ronfle ? De quel côté du lit je dors ?

— Est-ce que je peux te poser une question ?

Delphine prit le temps de le regarder, tenta d'anticiper sa question. Rien de grave dans son regard. Elle crut même deviner un vague sourire au coin de ses lèvres.

— Oui, tu peux.

— Tu te souviens de votre première fois, avec Marc ?

Delphine s'entendit répondre avant même d'avoir vraiment compris.

— Oui, comme si c'était hier...

— Tu pourrais m'en citer la date ? Le lieu ?

— … Oui... où veux-tu en venir ?

Le sourire d'Henri s'élargit quelque peu.

— Dis-moi sincèrement, Delphine, y a-t-il une seule chance que tu te souviennes de notre première fois ?

Elle fronça les sourcils. Henri ne lui laissa pas le temps de répondre :

— Comprends-moi bien. Je ne reviendrai pas sur ce que je t'ai promis. Si tu m'accompagnes, je veux que tu le fasses en pleine connaissance de cause.

Les yeux noirs de Delphine se durcirent :

— Tu n'es pas amusant du tout. Pourquoi m'as-tu embrassée ?

— Parce que j'en avais envie. Parce que tu es une très jolie femme, et que, comme toi, j'ai envie de prendre une revanche sur cette nuit de merde.

Delphine ne savait plus que dire.

— Je t'aide un peu ? demanda-t-il.

— ...Pardon ?

— Je t'aide à prendre une décision ? Je te dis ce que j'en pense ?

Sur le visage de Delphine vint se peindre un petit « oui » discret.

— Je pense que s'il y a la moindre chance que Marc soit là à ton retour, tu ne devrais pas la manquer.

— Donc tu ne veux pas de ma compagnie.

— Si, mais tu l'as dit toi-même, Delphine : ce n'est pas ta nuit.

— Et alors ?

— Alors tu peux m'appeler après ton explication avec Marc, si tu te retrouves toute seule.

— Et si Marc n'est pas là quand je rentre ?

— S'il n'est pas là, c'est un enfoiré.

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La mort de Monsieur B.

Ceci est l'hommage d'un journaliste à un homme que j'ai connu ...et aimé .

 

André est mort à 83 ans..

Je l'appelle par son prénom pour la première fois de ma vie . Avant , jamais je ne me serais permis.

C'était Monsieur B.La différence d'âge et le respect m'en empêchait. Le personnage est resté intact dans mon souvenir,  avec sa haute stature et sa voix qui portait, un peu comme de Gaulle. C'était il y a longtemps, quand nous usions nos culottes sur les bancs de la communale avec mon copain Philippe.

Le papa de Philippe avait beaucoup de prestance, il m'en imposait et pourtant je n'étais pas du genre tranquille.

"Une forte tête', disaient mes parents. Mais, devant lui, je m'écrasais. J'étais d'autant plus docile qu'il avait la plus jolie femme du monde-après ma maman- et que son prestige n'en était que plus grand .

J'ai passé chez eux mes plus belles vacances, dans un chalet dont je me jurais d'en possèder un aussi beau quand je serais grand. Difficile d'en parler en quelques lignes.

Disons que tout était découverte et joie de vivre. On n'a pas tous les jours dix ans.

Mon regret est de n'avoir pas tenté de sauter par-dessus ce fossé qui se creuse quand les enfants grandissent.

J'ai eu souvent envie de partir à sa recherche, simplement pour le saluer et lui dire combien j'avais été heureux à cette époque, quand nous jouions dans les bois et qu'il venait nous rechercher à grands coups de pied symboliques aux fesses.

Mais il y a eu le temps du boulot, la vie .

Il y a des avis nécrologiques qui vous bourrent de remords .

Fantasio.

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Lettre à… la Comtesse de Ségur

Lettre à… la Comtesse de Ségur

Madame la Comtesse,

Vous avez bercé mon enfance avec vos belles histoires, de « L’auberge de l’Enge Gardien » au « Général Dourakine », et passant par « Les malheurs de Sophie » et bien d’autres titres.

En fait, Sophie, c’était vous, puisque vous êtes née Sophie Rostopchine en 1799 en Russie. Vous êtes la fille du Comte Rostopchine, ministre du tsar et gouverneur de Moscou. Vous passez toute votre enfance dans le domaine de Voronovo, qui appartient à votre famille. On prétend que votre père aurait fait incendier Moscou devant l'armée napoléonienne pour empêcher le ravitaillement. Votre famille tombe alors en disgrâce et doit quitter le pays pour se réfugier en France en 1817.
En 1819, vous épousez le Comte Eugène de Ségur. Lors de votre voyage de noces, vous remarquez un joli château en briques roses près de L'Aigle. Les bouleaux du parc vous rappellent votre domaine de Voronovo. C'est le domaine des Nouettes à Aube (Orne). Votre père vous l’offre et vous vous y installez. Négligée par votre mari, souvent à Paris, vous vous plaisez bien à Aube.

Votre biographie dit encore de vous : « Elle aura 8 enfants dont 5 naîtront aux Nouettes. Quand ses petits enfants naîtront, comme beaucoup de grand-mères, elle leur racontera des histoires. Et quand Camille et Madeleine ("Les petites filles modèles") devront partir pour Londres où leur papa est nommé, elle commencera à écrire toutes les histoires qu'elle raconte. C'est comme cela que Sophie de Ségur, née Rostopchine, devint écrivain à plus de cinquante ans. Rapidement, ses petites histoires deviennent célèbres. Elle publie plus de 20 romans dans la bibliothèque rose mettant en scène des enfants dans leur vie quotidienne. Chez la Comtesse, le bien l'emporte toujours sur le mal et on peut toujours corriger ses défauts. Ses récits restent toujours appréciés des enfants. La Comtesse de Ségur meurt à Paris en 1874. Maintenant l'école d'Aube porte son nom en son honneur.”

Et je peux attester, personnellement, que bien des enfants ont imé vos histories, chère Comtesse de mon enfance. C’est même vous qui m’avez donne le goût de la lecture, autant le dire, avant que je ne passe à Jules Vernes, Paul Féval, Victor Hugo et bien d’autres, comme vous l’imaginez.

Mon goût de la lecture m’aura appris bien des choses, car il est bien connu que c’est dans les livres que l’on apprend, pas vrai ?
Les vôtres ont eu longtemps ma préférence, et quand j’y repense, c’est toujours avec un petit pincement doux au cœur… qui pourrait s’appeler nostalgie, sans doute.

Merci à vous, Madame la Comtesse, avec mes hommages.

Léo

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Tournesols,

 

C’est une brûlure de vous aimer

qui donne froid à perpétuité.

 

Un soleil de juillet par l’hiver paré,

tout blanc, fermé,

 indifférent aux tournesols du monde.

 

Déboussolé, désamouré !

 

C’est se perdre à quelques gares de vous,

le mot qui dirait tout

ne jamais le trouver,

point vous toucher alors

ni même vous atteindre.

 

Mais vous attendre.

 

Etre seule,

pleine pourtant de vous.

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"Lettre à… Monsieur Perrault"

Lettre à… Monsieur Perrault

 

Monsieur Perrault,

Pas Pierre, le poète et cinéaste canadien, ni Claude, le médecin, mais Charles, frère de ce dernier et écrivain français qui signa de si beaux contes.

Permettez-moi de faire ici le compte des Comtes de vos comptes… sans autre références aux Princesses et Princes, bien plus nombreux d’ailleurs.

En fait… je ne sais même pas s’il y en a, des Comtes, dans vos contes ?
Vous peut-être, qui avez signé vos « Contes de ma mère l’Oye » par Perrault d’Armancour, nom de votre fils, en fait.

Je vais donc vous en conter un, bien à moi :

« Il était une fois (c’est un peu belge ça ‘une fois’, non ?) un Comte qui comptait se rendre compte si ses comptes étaient bons…
En fait, il aimait une Princesse dont il voulait faire sa Comtesse, mais le Roi voulait que sa fille soit riche, et le Comte l’était, mais… un peu juste : c’est pourquoi il faisait des comptes, comptant convaincre le Roi. »

Oui, enfin, ce n’est pas terrible, vous avez raison, Monsieur Perrault : vous êtes bien meilleur que moi comme conteur, c’est sûr.

Revenons donc à notre compte, qui pourrait faire penser à  boni, cash, cote, don, état, faux, item, note, prix, redu, taux, taxe, actif, avoir, bilan, débet, débit, devis, folio, gérer, index, liste, point, poste, régie, rejet, solde, somme, total, virer, calcul, nombre, relevé, facture, mémoire, quotité, rapport, addition, comptant, compteur, créditer, croupier, effectif, mécompte, quantité, réaliser, relation, résultat, soiriste, virement, apurement, catalogue, comptable, dénombrer, manifeste, précompte, règlement, surnombre, commettant, contingent, dépouiller, duodécimal, grand-livre, compte-rendu, douloureuse, énumération (comme je le fais), explication, liquidation, recensement, supputation, comptabilité  ou dénombrement, et disons-nous bien que si’il s’agit d’un conte, ce n’est donc pas une colle, ni une fable, un ragot un récit, ou un roman, un bateau, un bobard, une bourde, encore moins un canard, un cancan, une craque ni un fabliau, mais bien une petite histoire, parfois un mensonge, jamais une nouvelle, ni une billevesée, ni même un feuilleton.

Je reviens donc, Monsieur Perrault, à votre Marquis de Carabas ou au Chat Botté de mon enfance, et vous remercie de m’avoir fait rêver…

Qu’il s’agisse de la Barbe Bleue, de Cendrillon et sa pantoufle de Vair, du Petit Chaperon Rouge, sa Mère’Grand et son grand méchant Loup, de la Belle au bois dormant et son aiguille fatale, du Petit Poucet et ses cailloux blancs, du Chat Botté déjà nommé, de Riquet à la Houppe, un « Tintin » avant l’heure, ou des Fées, ou même des Souhaits Ridicules, de Grisélidis ou de Peau d’Ane… vous m’avez incontestablement fait rêver, comme tant d’enfants avant moi, ceux de ma génération et peut-être encore ceux à venir !

Bref, en un mot comme en cent :

Merci Monsieur Perrault.

Léo

 

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