le vendredi 16/05 à 16h30, la Cie LES BOMBYX DU CUVIER presentera ses dernières parutions à l'Exquise librairie de St André de Cubzac: au programme: lectures et chansons autour des sorties du CD "Dérives", du recueil d'Henri Plandé "intimités lointaines", de la revue artistique "partage" et de mon troisième ouvrage "Sédiments 5" (incluant le CD 4 titres "strates". si vous êtes dans le coin, n'hésitez pas...flyer%2016-05.pdf
Toutes les publications (185)
Au marché central de Valence:
Gare centrale d'Anvers:
Ode à la joie:
Boléro de Ravel à Sao Paulo:
La Traviata:
Carmina Burana
"we are one" Gare Lille Flandres juin 2014
Dans le métro de Copenhagen: Peer Gynt
Amis belges,
Tout en vous donnant de mes nouvelles depuis le Sud de l'Hexagone, en cette belle région du Languedoc-Roussillon, je ne me suis jamais arrêté pour vous indiquer comment vous pouviez vous procurer mes recueils en Belgique, ne laissant que des liens valables en France.
Aujourd'hui alors que mes livres sont présentés sur le site américain Barnes & Noble, sur des sites en Inde, plus près de nous au Pays-Bas, au Danemark, en Suède, et dans beaucoup de pays grâce au site Amazon; il me semble normal de vous indiquer le site FNAC Belge:
Ceci n'a rien à voir avec de la publicité mal placée mais simplement est une attention envers vous qui ne suppose aucune obligation...
Et s'il n'y avait qu'une chose à retenir de cette note ce pourrait être cette belle photographie qu'a réalisée mon ami le photographe Gilbert Corbières, tout près de Narbonne, où je réside...
Depuis cette belle région du Sud de l'Hexagone, composante de l'Occitanie, je vous salue amicalement.
Littérairement vôtre,
Michel SIDOBRE
©Gilbert Corbières
Meuniers de Ploegsteert rubaniers de Comines
pêcheurs de crevettes lourds brasseurs de houblon
métalos liégeois débardeurs des Ardennes
ketjes bruxellois carolos de quatorze
et les jazzmen de blues joueurs de cornemuse
les suçeurs d'érable nos trois cents congolais
moins que rien au grand coeur les goumiers marocains
les chasseurs soudanais les zouaves à chéchia
dans nos prés de Flandre où Saint Victor fait pousser
les ailes des anges dans leurs gueules cassées
militairement morts encore mis au pas
fleurissent en bouquets de pierres toutes blanches
pions à baïonnettes mais frères dans le sang
alliés par contrainte ennemis allemands
dans de mêmes boyaux mais sous d'autres drapeaux
s'ils se tiraient dessus s'embrassaient à Noël
Mais comment éprouver leurs corps torches volant
leurs poumons exfoliés leur honte du miroir
la gangrène montant à bord de leurs vingt ans
avant que l'hypérite ait viré à l'orange
La guerre qui mina mon père dès quarante
me sort des oreilles tant il me fit bouffer
à chaque plat du jour dans un même verjus
du Schleu du Bougnoule du Jap et du Rital
moi j'aime la choucroute autant que le couscous
les pâtes all'dente les nems et la moambe
l'or du Rhin de Wagner la Tosca de Verdi
et le théâtre Nô et l'esprit d'Avicenne
Aujourd'hui le sarin l'anthrax la dioxine
et tout ce qu'on nous cache en Syrie ou ailleurs
Toujours la même histoire en constantes redites
Ypres Nagazaki racines d'amnésie
S'enfumer la mémoire et retourner vaquer
choisissant avec soin où déposer les yeux
tant qu'il en est certains qui poussent haut nos cris
pareils à des ballons à mourir dans l'espace
Le fou de pouvoir est fossoyeur d'hirondelles
Je ne cultive pas le goût des cimetières
Mais comme grand'père put le faire en dix huit
sans en rien effacer voudrais tourner la page
le 11 avril 2014
Hommes, mes frères !
C’est dans la maison de retraite où ses enfants l’avait placé à la mort de sa femme qu’il me l’a raconté.
Jerry qui fût son ami d’enfance avait été parmi les premiers à étrangler un soldat allemand pour lui prendre son arme. D’autres juifs l’ont fait après lui. Et la révolte du ghetto de Varsovie a éclaté.
Ce sont des juifs qui craignaient pour leur vie qui l’ont dénoncé. Il leur en restait si peu en réalité. Ils le savaient mais l’espoir fait vivre. Peut être lui ont-ils rendu service.
Les Allemands l’ont collé contre un mur. Un officier a crié : feu ! L’un des soldats s’est retourné, la main au ventre, et a vomi. Il a dit : j’ai du manger quelque chose que mon estomac n’a pas supporté, saleté de nourriture polonaise.
Ils l’ont abandonné. Il est resté replié contre le mur jusqu’à ce que la nuit tombe. Les rares passants s’écartaient. L’un d’eux s’est approché et a craché sur son visage.
- Un juif aurait été dénoncé par un autre juif ? Il le condamnait à mort ?
- Oui.
- Un juif ? Un autre juif ? Son frère ?
Il secoua la tête.
- J’y ai beaucoup réfléchi. C’est quoi un juif ?
Il y eut un moment de silence.
- Niemeyer, un pasteur je crois, en a accompagnés au camp, une femme, elle aussi en a accompagnés au camp.
Il se tut à nouveau.
- Cela ne compte pas qu’ils fussent juifs ou non. Ce qui compte, c’est qu’ils soient des hommes, des frères. Oui, je sais. Ceux qui l’ont dénoncé, celui qui a craché, jusqu’à ceux qui ont tiré et jusqu'à l’officier qui a crié feu avant de lamper une rasade de schnaps, tous étaient des hommes. Ses frères !
- Tous les hommes se ressemblent depuis toujours.
C'est du grand Art, assurément.
Et voici une vidéo des "expériences" et "recherches" pratiquées à l'Université des arts de Zurich.
Remarquez le (prodigieux !) ventilateur qui fouette les cheveux en arrière, et la souplesse de l’adolescent déployée afin de ne pas se scratcher dans les pâturages ?
L’on attend avec impatience les versions guerrières de ces expériences.
Cette belle « installation d’art » n’est qu’une prémice de ce que l’on réserve comme expériences éducatives à vos enfants.
Et voila ce que cela peut donner comme résultats:
Quand le casque "Oculus Rift" fait hurler de peur by Le Monde.fr
Ces matériels, développés par Oculus Rift, ont séduit tout de suite Marc Zuckerberg qui n’a pas pris plus d’une heure à se décider pour racheter Oculus en jetant deux milliards de dollars sur la table pour embarquer la jeunesse dans ces aventures de lavage de cerveau.
Et à l’échelle planétaire, s’il vous plaît : il est prévu de "séduire" au moins un milliard de jeunes dans ce genre d’élucubration.
Les milliards de dollars sont peu de choses, du moment que le lavage de cerveaux d’un milliard d’adolescents se passe sur facebook. Et que penseriez-vous d'organiser cela dans la chambrine de votre enfant?
Devant de telles dérives, que pèseront encore les leçons des poètes, des artistes, des éducateurs, des professeurs? Aux yeux du patron visionnaire de Facebook qui prépare son grand oeuvre, la "réalité virtuelle" semble bien plus enrichissante, du moment que de faramineux dividendes se dessinent à l'horizon
J’ai toujours voulu habiter ici, dans cette région du Proche-Orient, sur la terre de mes ancêtres, sur cette terre de tradition où les mots Galilée, Samarie, Judée sonnent comme des mots du peuple de Dieu. Se regrouper sur ce sol pour former un monde meilleur où juif, chrétien, musulman auraient à cet endroit le bonheur d’être ensemble malgré leurs différences et dans la foi d’un Dieu qu’ils aimeraient tous.
Faire de cette région une terre promise, une terre sainte, une terre sacrée, une terre de paix, une utopie du monde moderne.
Mais l’homme l’a transformée à son image guerrière, sanguinaire et en a fait une terre couverte de larmes. Barbare n’évitant personne, belliqueux détruisant tout sur son passage, le nouveau messager de Dieu est devenu aveugle à la cruauté et à la souffrance. Son cœur est couvert de galle, de haine et justifie l’horreur par l’horreur. Seul l’extrémiste est gagnant.
Assis dans les décombres de ce misérable quartier, j'ai le regard perdu. Dans cette poussière qui me brule les yeux, la peau, j'aperçois à peine le bout de la rue. Les maisons éventrées m'entourent, les vitres pulvérisées, les carcasses de voitures incendiées. L'odeur de la chair brûlée me pique au nez. J'entends des gémissements, des plaintes, des cris. Je réalise subitement ce qui se passe ici et je voudrais fuir, partir loin, très loin. Oublier ces quelques secondes atroces où tout a basculé. Ce bruit tueur qui m'a fait si mal aux oreilles et qui m'a atteint en plein cœur. Je suis tombé assis sur ce sol. Je suis sur une scène d'horreur, dans un théâtre de haine, une terre de souffrance, un monde d'incompréhension. Des ombres bougent, tels des fantômes, ils m'entourent et crient. La chaleur du soleil apaise un peu ma douleur. Je vis un cauchemar.
Ce matin avait bien commencé, une petite brise et un très léger vent parcourrait la ville. Je suis allé, heureux, prendre mon petit déjeuner au café du coin. Un café fumant et des croissants qui me rappellent les déjeuners de mon enfance. Un journal pour me distraire. Bientôt, ce sont les vacances et ma famille vient me voir pour la première fois. J'habite ici depuis plusieurs mois, muté pour mon travail dans cette région que j’apprécie. J’ai accepté de m'installer ici pour y vivre. J'aime cet endroit.
Assommé, écrasé par cette explosion, j'ai mal et je n'ose regarder d'où vient cette douleur, cette brulure qui m'envahit. Mes membres endoloris ne répondent pas, j'ai terriblement mal. J'entends des hurlements au loin. Des ambulances, des pompiers arrivent dans un autre vacarme. Les sirènes résonnent dans mes oreilles déchirées, lacérées.
Depuis peu, une nouvelle vague d'attentats a refait son apparition et j'essaie de ne pas y penser. Je me concentre sur ce qui fait ma nouvelle vie et reste positif. Un soir, j'ai entendu des sirènes, des ambulances. Je n'ai pas voulu savoir d'où venaient ces bruits. Je suis resté sourd. Je n'ai pas réagi pour ne pas être concerné. Je fais comme la plupart des gens, je reste indifférent dans la peur et convaincu que je ne risque rien.
Je ne suis pas intéressé par leurs problèmes, les rancœurs, leurs bombes. Je suis un passant anonyme que le hasard et le sort ont choisi.
Je les entends enfin autour de moi. Je crie de toutes mes forces. Ils ne m'entendent pas. Je suis là. Je suis vivant. Pourquoi ces gens m'ignorent-ils ainsi ? Pourquoi ne viennent-ils pas m'aider ? Pourquoi ne me secourent-ils pas ? Je ne comprends pas cette indifférence. Pourquoi ce rejet à mon égard ?
Le bruit s'atténue, les sirènes se sont tues. Le silence se déroule sur moi. La nuit m’envahit. Il fait sombre. Je suis toujours au même endroit. La douleur m'a abandonné. Je suis calme et serein. Je n'ai plus soif que de paix.
Au Canada, hier, on fêtait les mamans.
J'ai reçu une carte aux propos émouvants.
Des personnes connues évoquent le mot mère
Avec simplicité, chacune à sa manière.
Une adorable idée de mon aîné, Alain,
De m'offrir ces échos qui semblent des câlins.
Certaines citations me mettent en liesse.
Heureux ceux qui ont eu une belle jeunesse!
Je souris chaque fois qu'il m'appelle maman;
Les années ont passé, ce n'est plus un enfant.
C'est à lui, à présent, qu'il convient de m'apprendre
Ce que je dois savoir, absolument comprendre.
Mon esprit est moins vif, parfois il s'impatiente,
Je le remets au pas, sans être mécontente.
Alain fut, se tiendra toujours à mes côtés.
Avec lui, je m'active et me garde en santé.
12 mai 2014
Je n’ai pas eu de leurs nouvelles durant vingt-cinq ans. Une carte postale de José à chaque fin d’année me souhaitait une heureuse année ‘ de tout mon cœur ‘. J’imagine que c’était à ce point mécanique, et que ca lui était à ce point indifférent, qu’il recommençait à chaque année sans même s’être rendu compte que je ne lui avais jamais répondu.
Ils sont quelques uns, je suppose, dont la vie est réglée jusque dans les plus infimes détails. Petits ou grands, ils constituent l’ossature de la vie de la plupart d’entre nous. Sinon les incertitudes du destin, ce que j’appelle le sel de la vie, on pourrait en écrire le scénario du début à la fin. Plusieurs même, ils se ressembleraient tous.
Il y a trois mois, José m’a envoyé une lettre. Lucien avait eut l’idée de réunir tous ceux qui avec le jeune Juan qui s’était suicidé parce qu’il refusait de vieillir avaient été de ces révolutionnaires disposés à donner leur vie pour contribuer à la chute du franquisme. Y compris le jeune Français ; avait-il ajouté, qui avait transporté les armes à travers la frontière. Celui qu’ils avaient surnommé Saint-Bernard. Saint-Bernard, c’était moi, Bernard Lepoivre.
A l’époque, il y a vingt-cinq ans, j’étais membre de la cellule Bergère du Parti. Aujourd’hui encore, je ne me suis pas départi de cette propension que j’ai à dire le Parti lorsque je veux désigner le parti communiste.
Le soir où nous nous étions réunis pour la première fois chez José, nous étions six. Il y avait José bien entendu, Isabelle avec laquelle j’avais passé la nuit il y a vingt-cinq ans, Jordan, un étudiant en Architecture si je me souviens bien, Lucien qui faisait des études de médecine et le jeune Juan qui avait cherché à tuer un garde-civil le jour où le franquisme avait basculé définitivement.
C’est long vingt-cinq ans. J’ai écris à José que je viendrais.
Barcelone avait bien changé. Elle avait conservé cette atmosphère austère que je lui avais trouvée en dépit du caractère fantasque de la cathédrale de Gaudi. Je ne voyais pas ce qu’on lui trouvait de fou. C’était espagnol. Pas très différent de Don Quichotte, une histoire toute ordinaire dès lors qu’on n’oubliait pas qu’il s’agissait d’une histoire espagnole.
Dans le centre de la vile, dès qu’on s’éloignait des Ramblas pour se diriger vers les avenues qui font de Barcelone une étoile de béton, on pouvait se trouver n’importe où.
José avait un appartement à la lisière de la ville sur les hauteurs de Monjuich. Il était célibataire.
- Cela n’empêche rien.
Il me tendit un doigt sévère.
- Si tu me vois accompagné d’une femme, ne lui fais pas de compliments à la française. Tu ne la verras peut être jamais plus, et tu auras rendu plus pénible notre séparation.
Curieux garçon. Il me parlait comme si nous nous étions quitté la veille. Je l’ai souvent remarqué, les liaisons qui datent de l’adolescence, si elles ont eu caractère particulier, en tout cas différent de celui qu’on peut attendre de jeunes gens de vingt ans qui n’ont rien de commun entre eux ou avec l’évènement qui les réunit, créent entre eux des liens étranges. Ils ne sont pas faits pour durer mais ils sont profonds comme s’ils avaient toujours existé.
- Tu te souviens d’Isabelle ? Isabelle de feu, disions-nous.
Il me fit un clin d’œil.
- Elle a divorcé depuis trois mois.
José était le chef d’une administration qui dépendait du Ministère de l’Intérieur. Proche des renseignements généraux. Pour le dire simplement, il était un ponte de la police. De ceux qu’il combattait lorsqu’ils étaient les chiens franquistes comme il disait.
Au début, il s’était promis d’en faire le tri. D’éliminer sans pitié les moins honorables d’entre eux. Hélas, il faut bien le reconnaitre, c’était les plus habiles. Peu leur importait le chef qu’ils servaient, ils le servaient bien.
Jordan, l’élève un peu fou des étudiants en architecture était à la tête d’un bureau d’urbanisme que la municipalité interrogeait avant d’entreprendre le moindre travail. Quant à Lucien, directeur d’un important service médical de l’Hôpital Régional de Catalogne, il était professeur à l’Institut de médecine. De sa jeunesse, il avait conservé le souci du malade quelle que soient ses revenus ou sa position sociale. En prêtant serment, il avait eu la sensation que le froid le saisissait. Même le jour de son mariage, il n’avait pas ressenti cette impression.
Mais tous, hauts fonctionnaires ou non, enrichis ou non, personnages en vue ou non, les jeunes gens qu’ils avaient été restaient des modèles dont ils étaient fiers.
- Et Isabelle ?
José pointa le doigt vers moi pour la seconde fois.
- Elle t’a laissé des souvenirs, non ? Elle a divorcé il y a trois mois. Tu la verras jeudi, elle a promis de venir.
Jeudi, nous étions tous chez José, et je regardais avec curiosité ces hommes, et cette femme, que j’avais connus l’espace de quelques jours il y a vingt-cinq ans. A l’exception de José, ils me regardaient eux aussi.
Le premier qui ouvrit la conversation qui devint vite générale, ce fut Jordan.
- Comment vas-tu saint- Bernard ? Je l’avoue, j’ai été surpris lorsque José nous a dit que tu serais parmi nous aujourd’hui. Je crois que je peux le dire au nom de tous. Bonjour mon frère.
J’avais les larmes aux yeux. Nous nous sommes mis à rire. Je me suis rendu compte que c’est à cet instant même que l’atmosphère venait de se détendre. Notre aspect physique ne comptait plus. Vingt-cinq ans venaient de s’écouler en un instant.
- Juan a laissé une lettre avant de se tuer. Il y disait qu’en vieillissant nous deviendrions comme tous ces gens que nous méprisions lorsque nous avions vingt ans. Il s’y refusait.
C’est Lucien qui s’exprimait en montrant une lettre que tous, à l’exception de moi, semblaient connaitre.
- Nous avons décidé que le jour anniversaire de sa mort, nous nous réunirions en pensant à lui. Voir, s’il avait eu raison.
Jordan avait rempli nos verres d’un vin de Rioja. Nous levâmes nos verres et nous les avons vidés d’un seul coup.
- Santé !
Nous avons vidé quelques bouteilles en bavardant de tout et de rien. En réalité, nous marquions que rien n’avait changé en nous. L’âge, la corpulence pour Jordan, nous déformait mais l’idéal romantique de notre jeunesse restait intact. Vive la Révolution permanente !
Je suppose que nous étions ivres. Jordan était parti. José, ça se voyait attendait, de nous voir partir.
Isabelle s’était levée. En me serrant la main, elle me dit :
- J’ai ma voiture, je te dépose ?
Dans la voiture, elle s’est tournée vers moi.
- C’est pour eux que tu es revenu ? Où c’est pour moi ?
- C’est pour toi.
Elle a garé sa voiture devant chez elle. Nous sommes montés dans son appartement. Elle a écarté les draps, et elle s’est déshabillée avec simplicité.
- Tu viens ?
Je me suis déshabillé à mon tour. Nous nous sommes glissés sous les draps. Une mince lueur émergeait de la fenêtre. Nous étions étendus côte à côte sans dire un mot. Je devinais que l’un et l’autre nous avions les yeux au ciel.
A un certain moment de la nuit, je me suis glissé sur elle.
- Pénètre-moi, dit-elle.
Puis, nous nous somme tourné le dos.
Ronronnements de mon chat,
l'entière nuit sur la table s'inanime,
pleine lune ronde et brune,
ensoleille et palpite ;
tiède pénombre.
un châle blanc,
abrite mes épaules claires,
sans vous.
Le son de la pendule,
au chant des arbres se confond.
le monde n'a pas d'âge ;
c'est cette main éternelle,
féconde, orchestrale,
bien au dessus de nous.
J'écris près de mon chat qui dort,
sur un bureau tout bleu,
d'où quelques roses blanches,
d'un ruban vert encloses,
complices de mes mots,
illuminent le soir,
sans vous.
Cléo nous est arrivée une après-midi de Juillet enfermée dans un petit panier au bras de Nicole. Gilles les accompagnait.
En ce temps là, Gilles était le petit ami de Nicou. Petit ami qui faisait sourire lorsque ce doux barbu de un mètre quatre-vingt cinq marchait auprès du mètre cinquante-cinq de notre fille sans qu’on puisse deviner lequel des deux entraînait l’autre.
Marie avait une idée de femme à ce sujet. Elle prétendait :
- Au début, que le mâle soit grand ou petit, gros ou maigre, c’est toujours la fille qui est le poisson-pilote.
Gilles était photographe. Pas de ces photographes qui vous demandent de sourire devant une boite. Gilles photographiait les cimetières et les grilles de fer forgé. Qui, je vous le demande, a déjà vu sourire une grille ou une croix de pierre dans un cimetière ?
- C’est tout le mystère de l’Art.
- Et peut-être celui de l’origine des Religions.
Nicole avait l’air de comprendre mais elle comprenait tout le monde pourvu qu’il portât des Jean’s et une barbe.
Gilles avait travaillé durant quatre mois en tant que troisième assistant - réalisateur à la Télévision. Il déplaçait les chaises et il avait en charge la maman de Cléo. Travail harassant comme le sont toutes les tâches de début de carrière.
A chaque fois qu’il fallait recommencer une prise, il devait rattraper la maman de Cléo et la convaincre de reprendre son rôle
- Viens ; disait Gilles en tendant une soucoupe, et la maman de Cléo traversait le champ avec autant de naturel qu’une nominée à l’Oscar.
Je ne sais pas si vous êtes comme moi ? J’ai toujours été fasciné par les coulisses du spectacle. Par ce qui se passe avant que les choses n’apparaissent aux yeux du public.
A mon avis, même Dieu avant de créer le monde en six jours, ce qui est relativement court, a dû procéder à un grand nombre de répétitions, de retouches, etc…Une répétition de plus, je le dis sans reproche, n’aurait peut-être pas été superflue.
- Pourquoi le réalisateur n’a-t-il pas remplacé l’actrice ?
- Et le contexte affectif ?
-Le contexte affectif, mon œil. Ils couchaient ensemble, oui !
Marie qui a toujours été pudique, elle a fait ses études chez les Ursulines, a demandé hypocritement :
- Vous croyez ?
A la réflexion, je reconnais que c’est naturel. Le sexe occupe une place importante dans la vie des gens. Déjà lorsqu’au début de ma vie professionnelle je travaillais dans les Grands Magasins, je m’étais aperçu de certaines relations équivoques entre Directeurs et Secrétaires, entre Chefs de rayon et Première –vendeuse, entre Magasiniers et Réassortisseuses.
C’est vrai que le temps consacré au travail est plus long que celui que l’on passe chez soi et que c’est durant le jour que les pulsions sexuelles sont les plus puissantes. Comment expliquer, sinon, que dès qu’ils sont rentrés chez eux, le soir en général, les maris se montrent peu empressés, et les épouses atteintes de migraine ?
C’est du moins ce que m’a confié une dame de mes connaissances qui se demandait s’il ne valait pas mieux inverser l’ordre des activités professionnelles et du repos.
- C’est durant le jour que se commettent la plupart des adultères.
Mais elle concluait avec bon sens :
- L’essentiel pour la paix des ménages, c’est qu’on soit discret et qu’il n’y ait pas d’accident.
Hélas !, un accident, cela arrive même aux plus sages, un instant de distraction suffit, la maman de Cléo en était un exemple navrant. Cléo est née durant le tournage d’une série familiale destinée au grand public, parfaitement honorable.
Marie s’est levée et a préparé une boite à chaussures en y glissant un morceau de tissu à fleur.
- Demain, je lui achèterai un panier, dit-elle.
Et Cléo fut adoptée autour d’une tasse de lait coupé d’eau.
Le lendemain, j’ai trouvé Cléo endormie à côté de sa boite, et la tasse de lait avait été renversée.
- Elle a du s’agiter durant la nuit, la pauvre petite n’a pas pu regagner son lit.
Marie donna à Cléo une tasse de lait frais et une ration de poulet coupé en dés.
-Tu vas la gâter.
Marie qui conservait la candeur de sa jeunesse m’expliqua :
- Il faut être gentil envers les gens et les animaux. En retour ils seront gentils avec toi.
Quant à Cléo, indifférente à ces propos quasi bibliques, elle a fait le tour du salon lentement, le ventre à ras de terre, inspectant chaque centimètre du tapis.
- Tu vois, elle fait le tour du propriétaire. Dès demain, j’en suis sûre, elle se sentira chez elle.
Je ne sais pas si c’était un pressentiment mais je n’étais pas aussi à l’aise que Marie.
- Je me demande si elle s’entendra avec les autres chats, et surtout avec Bibig ?
Bibig était un teckel à poils durs parfaitement sociable mais sa présence parmi nos chats avait créé quelques remous dans notre voisinage.
Je reconnais que la nature de Bibig était complexe. Depuis sa naissance, il avait toujours vécu parmi des chats et des êtres humains. Bébé, il allait se nicher auprès de Nabu, le plus ancien de nos chats, dont il recherchait la chaleur. Plus tard, lors de ses premières pulsions sexuelles, c’est le derrière de Pupuce, une petite chatte timide, qu’il reniflait. A mon avis, Bibig ne savait pas qu’il était un chien. Il se contentait d’aimer tout et tout le monde. Gens, bêtes, plantes et tentures, à tous et à tout, il manifestait de l’amitié sous forme de frottis-frottas ou de petits pipis. S’il avait pu se frotter à la lumière du jour, il l’aurait fait.
- Regarde comme elle est mignonne. Je vais faire les présentations.
Elle a pris Cléo dans ses bras et nous sommes allés à la cuisine où nous nous retrouvions tous la plupart du temps. Pupuce, qui depuis la mort de Charlot notre premier teckel avait déserté le haut de l’armoire où elle se réfugiait, s’y trouvait à nouveau.
- Viens Pupuce, viens voir ta petite sœur.
Pupuce ne bougeait pas. Ses yeux dont on ne voyait généralement que des fentes étroites avaient l’apparence de petits globes de marbre vert. Elle était littéralement tétanisée.
Un jour dans une chambre d’hôpital, j’avais vu la même expression dans le regard d’une vieille dame à qui un jeune médecin, faussement enjoué, annonçait avant de sortir :
- Ne vous inquiétez pas, je vais vous faire administrer une prémédication.
Elle a déposé Cléo dans le salon et a fermé la porte. J’ai eu le sentiment que le doute l’avait saisie elle aussi.
Le surlendemain, à nouveau, Cléo dormait à côté de sa boite et la tasse de lait avait été renversée une fois de plus. Au moment où je m’approchais pour la remettre dans sa boite elle ouvrit un œil, un seul, et grogna sous ses moustaches. Aplatie sur le tissu à fleurs, le regard métallique, le poil hérissé, la griffe tendue, Cléo me regardait avec cette fixité propre, paraît-il, aux schizophrènes, aux directeurs excédés que l’on dérange, et à certaines stars du cinéma.
- Cléo !
Un sifflement hargneux fusa entre ses dents.
Dieu, me dis-je, quel drôle de numéro. Lorsqu’elle est arrivée, on lui aurait donné le bon dieu sans confession comme on dit. Aujourd’hui à peine adoptée, elle révèle un curieux caractère. Le lendemain de leur mariage, parfois, des maris éprouvent une surprise similaire. Du moins, c’est ce que je me suis laissé dire sans que je puisse le garantir.
Je l’ai regardé dans les yeux pour l’impressionner mais son regard ne cilla pas.
J’ai appelé Nicole.
- Elle est zinzin, c’est tout. Et alors, il y en a d’autres, non ?
- Mais enfin ce n’est pas normal.
Elle m’a regardé avec cette commisération qu’elle manifeste parfois lorsqu’ elle s’adresse à moi et, à ce qu’on m’a dit, que d’autres adolescents expriment également lorsqu’ils répondent à leur père qui les interroge sur un détail de leur vêtement.
- Toi, et ce qui est normal Ce qui est normal pour toi ne l’est pas nécessairement pour d’autres. Ce qui n’était pas normal hier le devient aujourd’hui. Il faut évoluer avec son temps.
A cause de son aspect, j’attribuais à Cléo des traits de caractères que, du haut de ma propre perception des choses, je trouvais mauvais. Nous sommes nombreux, hélas !, à être aussi légers dans nos jugements.
Nicole avait raison. Cette dame avait raison. Cléo était zinzin, voilà tout. Mais incontestablement normale. Et pourvu que l’on ne se trouve pas à sa portée lorsque son humeur l’incitait à griffer ou à mordre, elle pourra devenir une chatte adorable. Autant que ces femmes aux réactions imprévisibles qui sont le sel de la vie de nombreux maris.
Le dirais-je ? J’ai connu le mari d’une femme de ce genre : il était parfaitement heureux. Lorsqu’il pressentait un orage conjugal, il faisait une halte au café avant de rentrer chez lui, et au bout de quelques années, il n’en aimait sa femme que davantage. Amoureux, il appréciait ses mamours. Sociable, il aimait l’atmosphère des cafés que la bière et les rires alimentent sans cesse. Il était comblé tout à la fois de son amour et de cette liberté de garçon qu’elle lui offrait inconsciemment.
- Ils s’aiment à leur manière ; disais-je à Marie. Elle n’est peut-être pas mauvaise. Lorsqu’il rentre un peu gai, les yeux brillants, les gestes tendres, peut-être qu’elle lui en est reconnaissante ?
- C’est vrai que toi, tu pourrais avoir des gestes tendres un peu plus souvent.
J’avais raconté à Nicou ce que j’avais dit à sa mère et ce qu’elle m’avait répondu. J’avais ajouté en riant :
- Les femmes sont étranges, tu ne trouves pas ? Je ne les comprendrai jamais. Elle sait que je l’aime, non ?
- Elle sait, elle sait…De temps en temps, tu pourrais faire comme si elle ne le savait pas. Les hommes ne sont pas normaux, je ne les comprendrai jamais.
Elle a pris Cléo dans ses bras et elle lui a caressé le museau.
Terre d’angoisses aux rues incertaines,
Tes enfants ne jouent plus là où ils veulent ;
Abimée, laissée à sa déveine
Où ne croissent qu’ombres devenues seules.
.
Périphériques ou grandes avenues
Aux balcons de fer où des draps râpés flottent ;
Bâtis symétriques, à perte de vue,
Où noirs cocons crachent des joues pâlottes.
.
En haut, là où le soleil ne fait que glisser,
A travers des grilles lasses et branlantes,
Des yeux sans regard observent des étrangers
Confortés d’un trottoir pour seule attente.
.
Des flots d’aciers idiots affluent incessants
Et charrient sur le noir bitume-prison
Les fantômes trop tôt réveillés et tremblants
Qui roulent, billes sottes, défaits de raison.
Quand tombe la nuit sur l’enfer de béton armé
Les chats fouillent les poubelles, des hommes aussi ;
Des sirènes arc-en-ciel affrontent les pavés ;
La ville enfin s’endort sur son gris paradis !
Les vents n'empêchent pas les arbres de grandir
Mais s'attaquant à eux, certes les martyrisent.
Avec acharnement, ils ne cessent d'agir,
Contrarient l'harmonie des branches et la détruisent.
Aussitôt, à leur pied, leur parure en lambeaux,
Sont distincts l'un de l'autre ceux de même nature,
Or, par enchantement, tous les arbres sont beaux,
Devenus objets d'art, étonnantes sculptures.
Ce soir, un vent léger agite le feuillage
Des érables géants dont le corps reverdit.
Leurs branches écartées laissent voir les nuages,
Planant au-dessus d'eux dans l'espace bleui.
Je ressens la douceur de cet instant de grâce.
Solitaire en éveil, sans bouger de chez moi.
Le silence permet le repos, me délasse.
Ma rêverie ressemble à un acte de foi.
10 mai 2014
Il y a des choses qu’on dit,
Vérités ou mépris,
Je suis ce charognard,
Gentil, fier et gaillard,
Rempli de jalousie,
Envahissant ta vie.
Dans notre alliance,
Quoiqu’on en pense,
Tes charmes envoûtants,
Je me permets pourtant,
De souvent les rêver,
Et sur la toile les dévoiler.
Que tu sois en extase,
Des mots, des phrases,
De nos rêves posés,
Sur la toile, le papier,
Je te veux magnifiée,
Belle, et même enviée.
Il y a une seule vérité,
C’est ma façon d’aimer !
J'ai assisté aux funérailles de Pierre. A regret. Pour sa mère qui se trouvait au bord de la tombe sans regarder personne, sans regarder la tombe.
Elle se tenait droite, les yeux fixés devant elle. Les traits tendus, la bouche serrée, les bras le long du corps, un peu en arrière, on eut dit qu'elle allait prendre son élan. Elle était belle.
Lorsque Pierre était absent, elle m'invitait à prendre un verre chez elle, café ou thé, ou vin ou alcool, selon l'heure. Mais c'était pour parler de Pierre. Elle savait que j'étais son ami le plus proche. Celui à qui il ferait des confidences, de celles qu'on s'interdit de faire à sa mère. A celle, cependant, qui donnerait tout pour être la confidente de son fils.
Elle était veuve depuis plus de dix ans. Elle ne s'était jamais remariée. C'est seul qu'elle avait élevé Pierre, ce fils unique qu'elle idolâtrait.
Avait-elle eu des amants? Elle était jeune, désirable, les
prétendants ne devaient pas lui manquer. Mais on ne lui connaissait personne. Et quand une amie trop curieuse lui posait la question, elle répondait:
- N'ais-je pas l'homme le plus beau et le plus attachant qu'une femme puisse rêver?
C'était une réponse banale mais je n'étais pas certain qu'elle ne représentait pas la vérité pour elle.
Pierre n'avait que dix-huit ans lorsque je l'ai connu. J'en avais vingt-trois. Il s'était inscrit à un cours d'histoire dans un institut privé qui préparait à l'entrée dans les grandes écoles. J'y faisais office de surveillant, de répétiteur, de n'importe quoi pourvu qu'il y ait quelqu'un qui parcourût la salle de classe pendant que les élèves travaillaient.
Entre Pierre et moi, s'était installé un climat de sympathie réciproque puis d'amitié réelle après que nous nous soyons promenés ensemble à la sortie des cours. Je l'accompagnais chez lui puis, plutôt que de nous quitter, c'est lui qui me raccompagnait jusqu'à mon domicile. Le plus souvent ce manège qui avait fini par nous amuser tous les deux se déroulait plusieurs fois avant que nous nous séparions. Jusqu'au lendemain.
Lorsque son père mourut, Pierre qui n'avait que huit ans fît des cauchemars toutes les nuits. Il se dressait en hurlant. Sa mère le prenait dans son lit et lui parlait à voix basse pendant qu'il se calmait et, apaisé, finissait par s'endormir, le corps contre celui de sa mère et le visage contre sa poitrine.
- Dors, mon petit chéri. Dors.
Elle fermait les yeux mais ne dormait pas. Elle continuait de murmurer:
- Dors, mon petit chéri. Dors, mon petit homme.
Il avait pris l'habitude de dormir auprès de sa mère. Le soir, lorsqu'il était l'heure de se coucher, c'est dans le lit matrimonial qu'il se glissait. A l'heure où elle-même allait se coucher, elle le trouvait recroquevillé au milieu du lit. Dès qu'elle était au lit, il se poussait contre elle. Il s'agitait jusqu'au moment où elle le prenait dans ses bras. Et sa respiration devenait régulière.
Le matin elle se levait avant lui pour lui préparer son petit déjeuner, puis il faisait sa toilette pendant qu'elle préparait son cartable. Le dimanche en revanche, c'est elle qui lui donnait son bain.
Elle lui savonnait le corps entier, jusqu'à son sexe et son derrière qu'elle savonnait avec le plus de vigueur. C'étaient des endroits qui doivent être immaculés. Elle se réjouissait lorsque le sexe de Pierre durcissait dans sa main.
- Mon petit homme.
Elle était pratiquement nue quand elle le lavait. En slip et soutien-gorge. A l'âge qu'il avait, cet aspect de sa mère ne devait pas perturber son fils, pensait-elle. Et durant de nombreuses années elle avait pris l'habitude de faire sa toilette devant lui. De cette façon, pensait-elle, il ne prendrait pas l'habitude de fantasmer sur le corps des femmes. Un corps est un corps, rien de plus. Si elle en avait eu le pouvoir, dès le début de l'humanité, elle aurait interdit qu'on cachât le corps des humains. Est-ce que les animaux, mammifères ou autres, se couvraient? Cela ne les empêchait pas de procréer. Ni d'y prendre du plaisir. Ce sont les vêtements qui sont à la source de la perversité.
Après ces vigoureuses professions de foi, elle passait beaucoup de temps devant la coiffeuse de la chambre à coucher. Elle se peignait et se maquillait, en regardant dans le miroir le petit Pierre immobile qui contemplait sa mère.
- Mon petit homme.
C'est une expression qu'elle utilisait souvent. Et la portait à lui tendre les bras pour le serrer contre sa poitrine.
- L'homme de ma vie. Tu le sais que tu es l'homme de ma vie.
Pierre me disait :
- Jusque fort tard, j'ai plus souvent dormi auprès de ma mère que dans mon lit. De toute manière, la porte de ma chambre, elle était voisine de la sienne, était toujours ouverte. Quand je ne dormais pas, je l'entendais me dire:
- Tu dors?
Et parfois c'est elle qui me réveillait quand elle me demandait si je dormais.
Pierre me parlait de sa mère avec l'air résigné et malheureux de parents qui ont un gosse handicapé mental. Parfois j'avais le sentiment qu'il la haïssait.
- Qu'elle me laisse vivre. Et si j'ai envie d'être malheureux.
- Elle n'a jamais été tentée de recommencer sa vie? Ta mère est très belle. Je suppose que comme toutes les femmes, elle a des besoins.
- Des besoins?
Je changeais de sujet. Je me demandais si en recueillant les confidences de Pierre, je pensais réellement à lui.
- Elle est belle, non?
Il avait dix-sept ans quand sa mère et lui avaient rencontré la fille d'une amie de sa mère. Pierre avait détourné la tête en rougissant.
- Pierre.
Il avait rougi plus fort encore, et avait baissé les yeux. Cette timidité maladive en face des filles, elle devait la constater à de nombreuses reprises depuis lors. Et elle s'en désolait.
Une nuit qu'il était étendu auprès d'elle, elle lui entoura les épaules et le serra contre elle.
- Tu es un bel homme, tu sais. Elles seront nombreuses, les filles qui voudront t'avoir dans leur lit. Je peux te le dire, tu es toujours mon petit homme chéri. Il n'y a pas de mot tabou, tu peux me croire. Un sexe comme le tien, mon chéri, ferait le bonheur de toutes les femmes.
Elle l'avait à peine touché, et il avait durci, le ventre soudain en feu.
- Ce n'est pas ce que tu crois.
Il était sorti du lit, il était entré dans sa chambre et il avait fermé la porte.
Comment dire à sa mère que les filles ne l'attiraient pas.
- Ce jour-là, je crois qu'elle ne se serait pas refusée.
- Elle croit bien faire, Pierre. Elle t'aime. Dis-lui que ce ne sont pas les filles que tu aimes. Il faudra bien qu'elle s'y fasse.
- Elle en deviendrait malade.
Un soir qu'il était rentré tôt, il entendit des gémissements qui venaient de la chambre de sa mère. Inquiet, il poussa la porte. Nue, haletante, elle était assise sur le ventre d'un homme qui lui serrait les hanches.
Au bruit de la porte, elle avait tourné la tête.
- Pierre.
Pierre avait refermé la porte.
- Vas-t' en.
Elle rejeta la couverture, mit sa robe de chambre, prit les vêtements le l'homme, et les lui mit dans les bras. Elle répétait:
- Vas-t' en. Vas-t' en.
Elle l'avait presque ramassé dans la rue parce qu'il fallait qu'ils sortent, Pierre et elle, de cette situation qui s'était créée il y avait longtemps, et qu'elle n'avait pas pu maîtriser. Elle se rendait compte que c'était son petit Pierre qui en était la victime.
Cela avait été sa façon à elle, encore une fois, de se sacrifier pour lui, de lui manifester son amour. Et, une fois de plus, elle avait été maladroite. Est-ce que l'amour ne suffit pas pour distinguer le bien du mal?
Pierre avait retrouvé au grenier le pistolet de son père. Bien emballé dans un morceau de toile grise, et glissé dans une sacoche de cuir souple, il était resté à l'endroit où son père l'avait déposé. Peut-être par superstition, personne n'y touchait jamais.
Jusqu'au jour où Pierre l'avait glissé dans la bouche.
Ombres, lumières et quelques craquelures (Chercheur d'or, tintype, ca 1856/60)
Charlot et "La ruée vers l'or" continue de s'inscrire dans notre mémoire vive. Charlot, "Une forme blanche et noire imprimée dans les sels d'argent de l'orthochromatique", tel que le définissait André Bazin.
Une silhouette dont Chaplin lui-même voulait "que tout fût en contradiction : le pantalon exagérément large, l'habit étroit, le chapeau trop petit et les chaussures énormes."
"La ruée vers l'or" fut donc présentée en avant-première mondiale le 26 juin 1925, puis à New-York le 16 août. Et, comme pour la ruée de 98, la nouvelle fit le tour du monde, Londres, Paris, Berlin, partout le film triomphalement acclamé.
A la pelle du destin (jeunes chercheurs posant fièrement avec leurs outils, tintype, ca 1856-1860).
Mais tout dans le tournage ne fut pas tissé de lin et de fils d'or...
Chacun cherche sa veine (tintype au format "carte-de-visite", ca 1865).
Outre la durée et les conditions de tournage (voir chapitres précédents), la réalisation fut compliquée par la relation ambigüe entre Chaplin et Lita Grey.
On le sait, Lita Grey devait avoir le principal rôle féminin et dut être remplacée par Georgia Hale.
Chaplin avait déjà engagé Lillita MacMurray en 1920 pour "The kid" (1921), après une première séance de photos, un petit rôle, celui de "l'ange de la Tentation", elle avait douze ans. On peut penser à Lewis Carroll photographe, ou à Lotta (Charlotte Crabtree), la gamine infernale de l'Ouest du temps de la ruée vers l'or en Californie, la protégée puis rivale de Lola Montès. Chaplin lui donna son nom de scène : Lita Grey. Lita au pays des merveilles.
Une vue fantaisie, fantasmée, d'une chercheuse d'or, une "Gibson girl",1905,
un certain idéal féminin véhiculé par un célèbre magazine du temps, prélude à la pin-up.
Suivit une petite figuration, avec maman Lillian, dans "Charlot et le masque de fer" (The Idle Class, 1922), puis le contrat signé pour un an fut clos.
Une audition pour le principal rôle féminin de "La ruée vers l'or", Lita se présenta pour un essai, joue sa carte et est engagée.
Strive to be happy (Chantal Roussel, huile sur toile, 2011).
Elle a quinze ans, mais est vieillie de quatre pour le communiqué de presse.
En septembre 1924, pendant le tournage, elle se retrouve malencontreusement enceinte. Le film est interrompu.
Crayonné pour un Charlot 'double-vision" (C. Roussel).
Chaplin, épouse Lita le 25 novembre (Chaplin s'était marié avec Mildred Harris en 1918, mais celle-ci avait demandé le divorce "pour cruauté mentale" en avril 1920, qu'elle obtint en novembre), la remplace par Georgia Hale et reprend le tournage, oubliant sa femme.
Charles Jr. nait le 9 mai 1925, moins d'une semaine avant la fin du tournage. Un petit embarras qui fut vite résolu puisque officiellement Junior fut mis au monde le 28 juin (le certificat de naissance fut falsifié).
Mais la situation perturbe Chaplin dans son travail, les époux se disputent et se rabibochent momentanément. Sydney Earl, leur second enfant, nait le 30 mars 1926. Lita quitte le domicile conjugal le 30 novembre avec leurs deux enfants et demande le divorce le 10 janvier 1927. Divorce qu'elle obtint le 19 août.
Ebauche pour un tableau d'un Charlot double-vision (Chantal Roussel).
Un mariage bref et orageux... dont on dit qu'il inspira le "Lolita" de Nabokov...
Lola, Lotta, Lita, Lolita, troublante filiation.
Deux chercheurs d'or revenus des terrains pouilleux d'or, Gros-Jean comme devant
("Fossickers on the War Path", Australie, 1907).
Acteur, scénariste, réalisateur, producteur, compositeur, Chaplin, génie complet du 7e art, qui par "son rôle inestimable ]fit[ que le cinéma soit reconnu comme l'art de ce siècle" comme le proclamèrent ses pairs lors de la remise de son "Oscar d'honneur" en 1972.
Malgré toute l'admiration que j'ai pour Chaplin, je n'ai pas voulu faire de lui un portrait hagiographique, mais orthochromatique peut-être, en remontant aux sources de son inspiration, en décrivant les conditions de réalisation de son film le plus emblématique. Il n'en reste pas moins vrai que son oeuvre est monumentale et que son film "La ruée vers l'or", un des films majeurs du 7e art. Celui par lequel "je veux que l'on se souvienne de moi", aussi j'espère qu'il serait content de cet hommage.
Je remercie Chantal Roussel de m'avoir laissé puiser dans ses carnets, croquis et ébauches.
Même si je pourrais encore écrire beaucoup sur ce film qui à jamais m'a marqué, il faut savoir...
The End
Michel Lansardière
(texte, photos, documents, sauf mention contraire)
Propos
Créé miraculeusement,
Mobile, sans cesse changeant,
Mon corps fonctionne à l'énergie,
Sans laquelle il n'est point de vie.
Je connais de lui peu de choses,
Ne vois que les métamorphoses
De son aspect au cours des ans.
Or son intérieur est troublant.
Nombreuses fois, je m'émerveille
Quand attentive, je surveille
L'un de ses fabuleux pouvoirs
Qui me permet de m'émouvoir.
Je vivais d'un côté du mur,
L'ai contourné à l'âge mûr.
À mon corps, je veux rendre hommage;
Sans douleurs, je peux rester sage.
10 mai 2004
Bonjour, j'ai le plaisir de partager avec vous une fleur actuellement épanouie dans notre petit espace salon, plante de tradition non orale, mais florale : elle a en effet enchanté ma grand-mère maternelle pendant des décennies... la plante prenant de l' ampleur et du poids ( ! ) ,et ne sachant plus s' en occuper, ma grand-mère l'a " transmise" à ma mère, laquelle me l' a confiée lorsqu' elle s' est sentie en fin de vie... je la trouve extraordinaire pour son âge !
Lorsqu’ils se sont mariés, ils étaient vierges tous les deux. Enfin, presque. Pierre, un soir de discothèque, une fille un peu forte l’avait dragué, l’avait entrainé aux toilettes, et elle l’avait violé.
Elle aussi avait eu une expérience sexuelle. Un soir de bal étudiant, dans un couloir de la faculté des Sciences Politiques, un garçon de vingt ans lui avait tâté les seins.
C'est le bourgmestre lui même, oncle du marié, qui procéda à la cérémonie du mariage. Le mariage religieux eut lieu le lendemain consacré par l'abbé Cardon, un cousin éloigné de la mère d'Isabelle.
C'était un magnifique symbole que celui d'un mariage célébré par une autorité civile, membre d'une des familles, et par un prêtre, membre de l'autre famille. Deux familles différentes devenaient une seule et même famille au travers de ses enfants.
Tout avait été minutieusement préparé par les deux pères. Demain, le jeune couple se rendrait à Venise. Aujourd'hui, sa première nuit, il la passerait dans la plus belle chambre de l'hôtel choisi pour y recevoir les nombreux invités.
Le champagne continuerait de couler à flots mais les deux jeunes mariés quitteraient la salle de bal dès qu'ils sentiraient le besoin de se retrouver seuls. Ou de se reposer. C'est ce que dirent les deux pères l'esprit légèrement brouillé par la boisson.
Ils s'étaient embrassés à de nombreuses reprises avant le mariage. Un soir, dans la voiture de Pierre, il faisait nuit, il s'était presque allongé sur elle. Un policier avait frappé contre la vitre et, souriant, il avait dit:
- Il y a des hôtels pour ça.
Ce soir tous les deux appréhendaient de se retrouver seuls dans cette chambre d’hôtel. Ils quittèrent discrètement la salle de bal et prirent l'ascenseur sans se parler jusqu'à l'étage où la chambre leur avait été réservée.
- C'est ici. Je crois que j'ai trop bu. J'espère que je retrouverai notre chambre.
- Je l'espère aussi.
Ils se mirent à rire de leur plaisanterie mais ils ne se sentaient pas très détendus. Il se serra contre Isabelle et ils entrèrent dans leur chambre en se tenant par la taille.
La nuit avait été atroce. Isabelle, étendue sur le lit, avait les yeux levés vers le plafond. Ils s'étaient déshabillés sans presque se regarder. Il avait conservé son slip. Isabelle avait conservé sa culotte et son soutien gorge. Ils avaient éteint la lumière.
Pierre s'était penché sur elle, et il l'avait embrassée. Puis il avait baissé son soutien gorge pour lui dégager les seins. Il était crispé.
- Tu ne veux pas ôter ta culotte ?
Il sentait qu'elle soulevait le bassin, et il posa une main sur son ventre. De l'autre il ôta son slip maladroitement en soulevant un genou puis l'autre. Enfin il s'allongea sur le corps d'Isabelle qui s'était raidie.
Mais il n'eut pas d'érection. Son sexe s'était recroquevillé comme lorsque après s'être masturbé, il jouissait sous ses draps. Elle avait écarté les cuisses, il se frotta contre elle désespérément mais son sexe restait aussi mou. Il en aurait pleuré.
- Ce n'est rien, calme-toi. Tu as du trop boire.
Il s'écarta d'elle, et plié en chien de fusil, il fit semblant de dormir.
A Venise, la première nuit, il avait eu une érection mais il avait joui dès qu'il s'était étendu sur Isabelle.
- C'est idiot, je n'ai pas pu me retenir.
- Cela ne fait rien. Ca arrive à tout le monde j'imagine.
Elle prit la main de Pierre, et la posa sur son ventre. Puis elle se caressa les seins. Pierre ne bougeait pas. Il écoutait Isabelle qui haletait de plus en plus fort. Ce n'est qu'après qu'elle se soit endormie qu'il se tourna sur le côté et s'efforça de s'endormir à son tour.
Durant leur voyage de noces, il avait pénétré Isabelle à plusieurs reprises mais il jouissait tellement vite qu'elle finit par se caresser elle-même, d'abord très vite puis plus lentement. Le corps apaisé, elle caressait le sexe de Pierre avec tendresse.
- Il est tout chaud. On dirait un petit oiseau.
Il ne cessait d'y penser. Devant le miroir de la salle de bain, il soulevait son sexe et imaginait ce qui pourrait le stimuler. La nuit venue, auprès d'Isabelle qu'il aimait, il réagissait comme un impuissant. Je suis un impuissant, pensait-il. Et il se haïssait.
Comme toutes les nuits désormais, Isabelle apaisait toute seule la nervosité de son corps. Elle se demandait si cette nervosité était due aux pulsions sexuelles propres aux femmes mariées, ou aux idées qu'elle se faisait de ces pulsions.
- Il n'y a pas que le corps dans l'amour. Je t'aimerais même si tu étais infirme.
Elle pensait ce qu'elle disait, et Pierre n'en était que plus meurtri.
Au retour de leur voyage de noce, Pierre reprit son travail dans l'entreprise de son père tandis qu'Isabelle s'occupait de l'aménagement de leur maison.
Leurs relations nocturnes devenaient une véritable obsession. Il se haïssait.
- Elle mérite mieux que moi. C'est Jean qu'elle aurait du épouser.
Jean, son ami, plaisait aux filles. Il n'avait jamais fait la cour à Isabelle parce que Pierre, c'était visible, en était amoureux. Pierre imaginait qu'avec Jean dans son lit, les nuits d'Isabelle eussent été différentes. Le matin, il lui aurait vu autour des yeux les cernes bleuâtres qu'il croyait voir sur ceux des amies de Jean, et dont, jeunes gens, ils riaient. Il n'éprouvait aucune jalousie en y songeant. Un trouble, peut-être, à la hauteur de la poitrine. Une nuit, c'est en imaginant que Jean était à sa place, qu'il avait caressé Isabelle. Elle avait joui cette nuit là.
Il aimait Isabelle. Corps et âme. Il ignorait la nature de l’amour mais il le voyait tellement différent des rêves et des idées qu'il s'en était faits. L'idée qu'il s'en était fait, il faut bien le reconnaître, c'était la fusion de deux idées, de deux envies, bien davantage que le face à face maladroit de deux êtres humains.
- Le sexe n'est pas tout; lui disait Isabelle.
Il répondait que c'était vrai. Que la tendresse était tout aussi importante. Mais il ressentait comme une blessure le sentiment qu’il la privait des plaisirs qui sont la texture même de l'amour. Le reste n'était que le décor des retrouvailles nocturnes d’un couple.
L'été suivant, ils partirent en Sardaigne tous les trois. Isabelle, Pierre et Jean. Jean venait de rompre une liaison qui l'avait décontenancé. C'était la première fois qu'une fille le laissait tomber; disait-il. Il n'était pas triste mais vexé.
- Une de perdue, dix de retrouvées.
- Tu as raison Isabelle, mais une seule fera l'affaire durant les vacances. Ca ne t'ennuie pas que je vous accompagne ?
Pierre leva son verre comme s'il portait un toast.
- C'est à nous que ça fait plaisir. C'est comme avant notre mariage. Santé !
Chez aucun d'entre eux, apparemment, il n'y eut la moindre arrière-pensée. De sorte que ce qui survint fut une surprise pour chacun d'entre eux. Mais pas un scandale.
Pierre voulait marcher. Il avait enfilé des chaussures de marche et s’était éloigné. L'hôtel était niché dans une anse rocheuse parmi des taillis qui escaladaient la montagne. Des sentiers pierreux s'enfonçaient dans l'ombre des parasols.
Jean et Isabelle autour de la piscine, après s'être baignés, étaient étendus sur l'herbe. Ils se séchaient, face à face, la tête couverte d'un drap de bain plié. Le regard d'Isabelle malgré elle se portait sur le sexe de Jean que le slip mouillé soulignait comme s'il avait été dénudé.
- Je vais aller me laver dans ma chambre; dit Jean.
Isabelle aurait été incapable d'expliquer sa réaction.
- Moi aussi.
Devant la chambre de Jean, c'est elle qui poussa la porte.
Pierre revint quelques heures plus tard. Son visage était rouge, il avait dû s'endormir dans une clairière sans se protéger du soleil.
- C'est vrai, j'ai eu tort. Je ne le ferai plus. Ce n'est pas la peine de me sermonner.
Isabelle lui mettait de la crème sur la figure.
- Quand je t'ai vu si rouge, j'ai eu peur. Tu aurais pu te brûler.
Ses mains étaient douces. Une ombre légère entourait ses yeux brillants.
Elle est belle, pensa-t-il, et il détourna la tête.
Durant cinq à six jours, chaque après-midi, Pierre allait se promener, parfois le sac à dos empli de livres. Il voulait durcir son corps, disait-il, et armer son esprit. Isabelle et Pierre, dans la chambre de Pierre, faisaient l'amour. Ils parlaient à peine.
Peut-être en effet que son corps s'endurcissait. Avant de s'endormir, Pierre prenait Isabelle, et c'est ensemble qu'ils jouissaient. Etrange phénomène qui les surprit tous les deux. Peut être Isabelle s'épanouissait-elle en présence de Jean. C'était une sensation singulière. Pierre était heureux parce qu'Isabelle était heureuse. Isabelle était heureuse parce que Pierre, pensa-t-elle s'était débarrassé de ses fantômes.
Un soir, Jean annonça qu'il les quitterait le lendemain. Son amie, paraît-il, avait téléphoné pour lui dire qu'elle se mourrait de lui. Ils firent la fête, et se promirent de se revoir dès que tout le monde serait chez soi.
Ce soir-là, c'est Isabelle qui pressa son ventre contre le dos de son mari.
Prend-moi, dit-elle.
Ils firent l'amour longtemps.