Ca va, à Hal, du côté du canal, là où deux ponts ovales, en diagonale, se superposent, il ne pleuvait pas, hier. Les oies étaient eu rendez-vous, sur les berges. Comme toujours, j'avais peur d'être attaqué par ces dames (dont le bec jaune orange me fait toujours peur). Donc, en les apercevant, au loin, j'ai ralenti le pas. Et ... arrivé à leur hauteur, je me suis rabattu sur la prairie, sur la droite. Elles n'ont pas bougé.
OK, Hugues, Compostelle se poursuit.
Quand on refait un trajet qu'on a déjà fait ...
Ce n'est pas une redite, une répétition, non. C'est ... comme un livre qu'on ré-ouvre, un film que l'on revisite, après des mois (parfois, des années) d'écart. On a des repères visuels, auditifs, mais il y a d'autres détails qui nous sautent aux yeux, encore et encore. Et ce s'ra pareil si on réédite le coup, dans trois mois, dans six mois, dans un an.
Oui, à Hal, je sais qu'il faut marcher un peu sur le quai (où la boue ne manque pas), et, à un moment donné, traverser un pont, admirer une espèce de "château fort ?" à l'extrême-droite, sur une hauteur, aborder un village (dont les maisons ressemblent à des roulottes), déboucher sur un carrefour, déboucher ensuite sur un sentier (qui descend), remonter un autre sentier (où la neige, sur le sol, n'a pas entièr'ment fichu l'camp) et ... tourner à droite (eh bien, là, j'ai encore failli me gourrer, j'étais sûr qu'il fallait tourner à gauche).
Et ces espèces de bonhomme de neige, debout comme des chênes, dans la prairie (qui redevient verte), dont on a pris soin de planter une branche, dans un coin, théoriqu'ment ... juste en d'ssous de la ceinture.
Pour en arriver à un endroit où ... je me paume à chaque fois. Trois directions différentes ... et pas une balise, pas un de ces auto-collants bleus, où y a un coquillage, qui indique clair'ment où le ch'min de Compostelle se poursuit (c'est hélas ... fréquent). Heureus'ment que je r'père l'entrée d'un bois, que j'ai déjà ... visualisé, en d'autres temps.
Heureus'ment qu'avec moi, j'ai aussi mon ... topoguide (bouquin qu'on peut se procurer, chez les amis de Compostelle, qui se réunissent une fois par mois, à Bruxelles, le premier jeudi). D'accord, je me démerde plus avec les paysages (je suis visuel), qu'avec les bouquins, mais enfin ... les roues d'secours, c'est pas d'refus, non plus.
Le fameux "topoguide" est encore amoché, suite à la pluie que je m'étais farci, y a deux ans, quand j'avais pacouru, pour la première fois, ce chemin.
J'apprends, OK OK, que nous sommes dans le "Lembeekbos" (quel nom à coucher dehors !), qu'il faut "s'engager dans la route, à droite de l'allée principale ... passer un ruisseau, puis suivre le chemin rectiligne montant sur environ un kilomètre en contournant la maison du garde ... traverser toute la propriété qui s'étend jusqu'à la limite entre les communes de Lembeek et Braine-le-Château ..."
Moi qui n'aime pas trop me concentrer sur des informations écrites (comme les orales), moi qui suis surtout un homme de terrain, bon, c'est pas pénible cette fois ... en marchant, le caractère du paysage correspond aux indications dans l'bouquin.
C'est pas toujours le cas. Il peut arriver, en chemin, qu'il n'y ait pas de balises et que les indications, dans le "topoguide", manquent de clarté.
J'ai encore eu la blague, un peu plus loin, sur la route. Après le café "Meurisse". Encore un coin où il y avaient trois directions possibles.
Et pourtant : y avait un tourniquet.
Et pourtant : y avait un poteau.
Donc : y avait quand même un espace suffisant pour coller des auto-collants de ... Compostelle.
J'essaie le bois d'en face. 50 mètres, au moins. Rien, rien. Je rebrousse chemin. J'essaie un deuxième chemin, dans les trois (si ça marche pas, on rebrouss'ra chemin, et on essaiera le troisième). Et ... je tombe sur deux personnes qui marchent. Le gars suit une carte d'état-major. Je lui donne les renseignements, procurés apr le topoguide. Il s'y retrouve. Ca fait partie de sa route. Nous y allons ensemble. Je ne suis pas étonné d'apprendre qu'il est un ancien scout. Et on ré-arpente le bois (où je m'étais aventuré une première fois) ... pour déboucher à une sortie (jusqu'où j'étais allé), et ... miracle, j'aperçois quand même une balise (pas très en évidence, au premier coup d'oeil).
On se quitte, bons amis. Final'ment, en toute logique, la "rue du Bailli", indiquée par le "topoguide", elle est là, mais c'est pas indiqué. Ca va, on repart. Une chapelle, tout en haut. Une route pavée. ON descend.
Et Braine-le-Château, où j'ai prévu de m'arrêter, se niche dans l'fond.
Et ... je suis très heureux, comme issue finale, de retomber ... sur un moulin à eau (et son "Hain", nom du ruisseau).
Et ... l'émotion, lorsque je vois le château (toujours habité, aux dernières nouvelles) et le pilori. Ca me rappelle le temps où, petit, j'accompagnais mon papa, représentant, sur les routes.
Je parlais des "topoguides", pas toujours clairs à suivre.
Une anecdote, y a deux ou trois ans.
J'effectuais le tronçon "Bruxelles-Halle". J'arrive à un rond-point. Celui de ... Laarheide (après avoir quitté Drogenbos et Béersel).
Et le topoguide me dit :
"Contourner ce vaste rond-point en empruntant la deuxième route sur la droite ... on quitte alors définitivement
le GR12 ... s'engager dans la large chaussée qui mène vers le pont sur l'autoroute E19 Bruxelles-Paris ... après avoir parcouru 400 mètres, dans une vaste courbe, quitter la grand'route et prendre à gauche la Leryburgstraat ..."
Je contourne le rond-point, comme prévu. J'emprunte la deuxième route sur la droite, comme prévu.
Je marche. J'ai bien lu ... qu'il y avait un pont d'autoroute. Et qu'ensuite, il faut tourner à gauche. Je marche, je marche. En toute quiétude. Le pont d'autoroute ne tardera pas à se manifester. Je marche, je marche. Je rêvasse. Des invités se trimballent sans doute dans mon coeur et mon cerveau (je ne suis jamais tout seul, c'est connu). Je marche, je marche ...
Et ...
Je finis par entendre des bruits de voiture qui roulent. Et j'aperçois un pont d'autoroute ... du côté droit. Tiens, tiens ! S'agit-il du pont d'autoroute mentionné ? Y en a-t-il un autre ? Oui, en toute logique, il devrait se trouver sur la route, sinon on aurait précisé, dans le topoguide : "le pont d'autoroute, à droite de la route".
Je regarde la route. Et je n'aperçois ... aucune balise. Je prends le risque de la continuer ... tout droit, mais sans succès.
Je décide ... de retourner au point de départ, là où j'ai vu les dernières balises.
Et ...
Je me retrouve, à nouveau, au rond-point de Laarheide.
Je reconsulte le topoguide :
"s'engager dans la large chaussée qui mène vers le pont sur l'autoroute E19 Bruxelles-Paris .. après avoir parcouru 400 mètres, ..., quitter la grand'route et prendre à gauche la Leyburgstraat ..."
Le franc tombe. Il fallait, en fait, s'engager dans la chaussée et prendre directement à gauche le premier chemin.
En fait ...
Ils avait été trop explicites. Quand ils évoquaient la "large chaussée", ils évoquaient le chemin ... qui mène à l'autoroute. Grammatical'ment, c'est correct. Mais ... sans dire qu'il fallait aller jusqu'au pont de l'autoroute.
Pas toujours évident d'être clair, quand on écrit.
Plus tard, quand j'en ai parlé avec un des pélerins de Compostelle (qui contribue à la rédaction du "topoguide"), il m'a expliqué, notamment ...
Qu'entre le moment où on allait en reconnaissance sur les routes et celui où on rédige le bouquin, il pouvait se passer des mois.
Quant aux balises pas toujours explicites (paraît qu'en Espagne, c'est pire) ...
Il n'est pas évident, pour ceux qui les collent, de deviner exactement les repères visuels des pélerins (tous différents, j'imagine).
Les fortes pluies, par périodes, en abîment, en esquintent et les réduisent en miettes.
Y a toujours des malins qui s'amusent à en arracher.
J'ai eu l'occasion de participer à quelques marches collectives de Compostelle. J'ai observé un des responsables quand il collait (ou re-collait) des balises aux endroits stratégiques. Ca vaut l'coup, on apprend. Et d'anciennes balises, à moitié décoiffées (par les vents ? par des charlatans ?), on en voit.
Tout ça pour dire ... c'est beau, la route.
un soleil remplaçait la pluie
comme sur les lignes de chemin de fer
une copine ... appelée, peut-être, à le devenir
sur ce chemin, une frangine m'a un jour parlé d'une jeune guitariste, qu'elle voulait me faire rencontrer
regardez où vous vous asseyez, quand même
avec ma pote Cathy, j'imagine qu'on chant'ra encore "L'aigle noir" de Barbara, en duo, dans le métro
le tourniquet me fait réfléchir
pas besoin d'aller jusqu'en Ardèche
souvenir d'enfance très précieux
je l'évoque dans une de mes chansons