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satire (34)

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ADULTERES de WOODY ALLEN Au théâtre Varia

ADULTERES de  WOODY ALLEN  Au théâtre Varia

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Woody Allen n'a pas fait que des films : il a aussi écrit des pièces de théâtre. Voici deux de ses  intrigues mises en scène par Marcel Delval. Du 4 au 27 octobre 2011 à 20h30 sauf les mercredis à 19h30 - relâche les lundis et dimanches. CREATION au Grand Varia.

Avec: Bernard Cogniaux, Joséphine de Renesse, Pierre Dherte, Alicia Frochisse, Marie-Paule Kumps, Valéry Massion, Hélène Theunissen.

 « Pour inaugurer la saison, nous avons choisi de rire de nous-mêmes, de nos hypocrisies et de nos convenances, de nos hautes trahisons, de nos petites lâchetés et même de nos cruautés, avec la création de ADULTERES de WOODY ALLEN, un spectacle au titre explicite, composé de deux courtes pièces mises en scène par Marcel Delval. Une fantaisie évidemment névrotique, un rien féroce, un brin impitoyable et bien truculente. »

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Un thème, deux variations :

Part 1 : ‘Central Park West’
Les Riggs ont une adresse des plus chics. Sauf que leur appartement, où l'épouse, Phyllis exerce en tant que psychanalyste, est sens dessus dessous : dans la bagarre conjugale avec Sam, une statue ethnique a même perdu son pénis démesuré...  C’est le soir et arrive Carol la meilleure amie. The best friend. Confrontation. Trahisons en séries, violents règlements de comptes, vacheries vengeresses, dialogues de sourds,  écarts de parole,  déballages conjugaux sordides s’échapperont au fur et à mesure de cette boîte de Pandore d’un genre très connu : l’Adultère.

 Un thème éculé, revisité des milliers de fois par le vaudeville classique et contemporain. Cette fois-ci, les huit comédiens  nous ramènent sans ménagements au  fond de platitude  qui sous-tend les relations adultérines. Plus d’un se sentira gêné. Si dans la vie d’aucuns osent se fourvoyer dans les buissons de la passion extra conjugale,  le théâtre met totalement  à nu et pointe le sordide et souligne le  caractère éphémère de l’Amour ! Répandues au sol la jeunesse et la passion premières. Renversés les élans d’amour et la tendresse, remplacés par des amours furtives et coupables. 

 La jeune Juliet  (Alicia Frochisse) sortie-d’on-ne-sait-zou est un véritable pavé dans la mare qui crée une onde de choc encore plus pernicieuse, car plus cynique que tous, du haut de ses presque 18 ans. Et Howard de renchérir : « le mariage c’est la mort de l’espoir ! » Carol garde l'humour: «  Il ne faut jamais coucher avec un juriste, il te coince toujours sur le vocabulaire. »  Les spectateurs, presque assis sur la scène, sans jamais être pris à partie, se sentent impliqués dans cette vague de  tromperie généralisée et la perte d’idéal. Une comédie plutôt amère que douce. Et voir un spectacle sous les feux de la rampe ou dissimulés dans le noir, ce n’est pas la même chose.

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Part 2 :  'Old Saybrook’

Autre lieu: les mêmes acteurs vont rejouer le même thème avec des personnages différents, plus caricaturaux encore, à coups de costumes et perruques extravagantes. Hypocrisie endémique : James Ensor où es-tu ?  Tout lasse, tout passe, … sauf l’Adultère.  Une charmante  petite ville coloniale du Connecticut.  Sheila et Norman ont invité à un barbecue David et Jenny, la sœur de  Sheila qui plaidera: «  A part, le sexe, c’était platonique ! ». La découverte d'un journal intime et l'arrivée des anciens propriétaires  vont corser les fantasmes et animer - élément nouveau, ouf ! - la créativité d’un auteur en mal d’écriture. 

 

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La distribution  des acteurs belges qui se sont amusés follement à interpréter ces deux pièces est impeccable. Soulignons l’interprétation éblouissante et quasi viscérale de Marie-Paule Kumps, le ton olympien d’Hélène Theunissen  et ses rages homériques, et l’inénarrable Bernard  Cogniaux, Howard  le paumé qui retrouve son entrain sexuel loin de sa femme  et Pierre Dherte un beau salaud, très attachant aux dires de ces dames. Marcel Delval (l’écrivain) quant à lui se pointe sur les planches  dans la deuxième variation, comme un deus ex machina et à l’instar de Woody Allen joue un des personnages qu’il a créés. Le coup de théâtre c’est ce  couple  improbable « d’intrus » interprétés par les excellents Joséphine de Renesse et Valéry Massion et qui jouent avec conviction les  bombes à retardement.  La libération de  toutes leurs émotions refoulées  semble tout droit sortie de la foule … des spectateurs. De la vie elle-même, sans l’aide du théâtre, avec les accents confondants du vécu !

 Arrivez les premiers en haut de l’escalier et choisissez les sofas accueillants tout blancs en bordure de chaque côté de la  scène. Non seulement vous aurez un festival de bons mots et de réparties houleuses mais vous serez dans la pure émotion, par la proximité avec les comédiens. Des close-ups comme au cinéma…mais en live, de douze personnages délurés et de huit comédiens totalement investis. 

Que dire si tout cela avait été joué dans l’élan de la  langue originale? Car la traduction a parfois des côtés moins savoureux que l’anglo-saxon  d’origine avec ses intonations subtilement moelleuses. Il y a des mots et parfois un humour difficilement traduisibles, sauf avec une certaine rugosité, qui  finit par écorcher la volubilité et le  rythme!

 

 

Théâtre Varia Rue du Sceptre 78 1050 Ixelles, Belgique  

 

REPORTAGE-VIDEO David Courier et Denis Caudron - Intervenants
- Marcel Delval, metteur en scène

http://www.telebruxelles.be/portail/emissions/les-journaux/le-journal/16087-qsdf

 

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Ils auront le pompon (du bonnet bien sûr),  ces six acteurs éblouissants qui nous ont fait rire aux éclats hier soir au festival « Bruxellons » au château du Karreveld. C’était une comédie de boulevard,  ou plutôt une comédie de sable et de plage. Avec beaucoup de sable dans les yeux, car Dieu que ce spectacle est corrosif et décapant ! Feydeau lui-même applaudirait s’il était encore de ce monde. 

 Tout y passe, depuis les aléas de la cohabitation entre soi-disant « amis », la dictature consentie ou non du chef de groupe, le problème de la cagnotte, le port du pull savamment jeté sur les épaules,  l’éducation des enfants, le travail au noir, la cuisine modèle,  les jalousies conjugales, les thérapies,  la mort des chiens et leur ensevelissement…

En effet, trois couples d'amis ont loué ensemble une villa pour les vacances au bord  de la Grande Bleue. En trois coups de caméra, l'ambiance se gâte rapidement. Question de logement, qui aura la plus belle chambre, la plus belle vue ? Le public est du côté  mer avec ses rochers: « la tortue »,  «  le béret du berger », « la limace »… Personne n’y voit goutte, seul l’organisateur, outrancièrement méticuleux, esclave de son bracelet-montre et des guides touristiques, repère lesdits rochers. Mais il est imperméable aux ressentiments grandissants de ses « amis ». Du côté chambres, les  couples se lancent dans des tirades où la critique mutuelle va bon train, inconscients que tout un public les regarde.  Les motifs de conflit sont innombrables. La mesquinerie est reine. Au dîner final et fatal, sonnera l'heure des règlements de comptes... Du jamais-vu ! Et ils iront jusqu’au bout !

Sommes-nous ces rochers immuables aux noms peu évocateurs  ou des passagers clandestins ? Tout pousse à croire qu’on a réellement passé les huit jours ensemble avec ces couples diaboliques tant l’ambiance de mésentente est palpable malgré les innombrables non-dits, et  tant le rendu des estivants  et de leurs réactions est juste. Une petite semaine de vacances virtuelles à la fin de l’été, il y a vraiment de quoi lever son verre… aux artistes. Les dialogues sont  percutants, la mise en scène est vive, le jeu des acteurs et les mimiques ne sont jamais exagérés, mais  juste en forme de mille feuille  d’observations délectables de la vie quotidienne en vacances.  Voici une comédie de sable, rythmée et ébouriffante. Il n'y a plus qu'à sabler le champagne avec les artistes!

 

«Le béret de la tortue», écrit en 2000 par Gérald Sibleyras et Jean Dell.

 

http://bruxellons.net/beret.html

 

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"Les hommes préfèrent mentir"

 ( pièce d'Eric Assous)

 

du 14 septembre au 9 octobre 2011

au théâtre Royal des Galeries

 

Réveil féroce de sept personnages au cours d’un dîner mondain. Et pourtant l’un d'eux, Sam/ Frederik Haùgness, homosexuel  est adversaire du « Coming out ». Tout n’est pas bon à dire. Les hommes préfèrent mentir…

 Le casting du théâtre des Galeries a tout pour plaire avec Simon / Michel Pigeolet , visage bien connu*, en tête de liste. Il est d’une vérité fracassante même si soi-disant « les hommes préfèrent mentir ». A travers son emphase, on le voit vulnérable, lâche, désabusé, et coureur impénitent quand même. Il est terrassé, le pauvre,  par « la dictature du choix ! » (sic)

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En second, nommons, non sa femme, Olivia/ AylinYay, la femme trompée qui devient impitoyablement pragmatique et cynique, mais Anne-Catherine/ Maria del Rio, la femme fatale casquée de noir jais, galbée dans une tenue qui ne laisse rien ignorer,  par qui tout arrive, et  qui dès son arrivée dans l’encadrement de la porte, jette l’émoi dans le public et donne à la pièce une saveur toute diabolique et  sulfureuse. 

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 La troisième nomination va équitablement aux deux autres : Aurélie/ Catherine Claeys,  alias «  in vino veritas» qui sème à tous vents son mal d’amour, ses quarante ans nostalgiques et ses gaffes à répétitions, et la jeune  Madison/ Fanny Jandrain alias « I am mad about you » casque blond à la Jeanne d’Arc moderne, montée sur talons aiguilles - rouges sans doute, et plus froide et sûre d’elle que l’argent de son père.

Au-delà des portes du salon bourgeois, il y a ces cris incessants des enfants en bas âge de chacun, puisque, signe des temps, on a échafaudé dans cette comédie de boulevard actuelle, le modus vivandi des familles recomposées. Cri d’alarme ? Ainsi les thèmes éternels roulent dans tous les sens : la trahison, la jalousie, le couple dans tous ses états mais aussi des thématiques actuelles : l’adoption des enfants, l’alcool, l’homosexualité, la course à la gloire éphémère, l’illusion générée par les médias , les nouveaux pouvoirs de la femme…

 

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Malgré quelques lourdeurs liées au genre, dans les situations comiques, les mimiques un peu appuyées ou des réflexions parfois téléphonées,  Eric Assous, loin de s’aligner sur le titre de sa pièce, a réussi une peinture sociétale véridique. Il rapelle l'approche de Simenon : “quand je peins un personnage, je tente toujours de montrer, non pas ce qui le différencie des autres, mais ce qui le rapproche des autres”. A travers cette intrigue qui ménage un petit suspens policier, j’ai voulu traiter de personnages qui nous ressemblent ou qui ressemblent à ceux que nous croisons. Les ordinaires, ceux qui n’ont rien d’exceptionnel. Ni petits, ni grands, ni laids, ni beaux, ni forts, ni faibles. Tout ce qu’ils montrent demeure on ne peut plus humain. La jalousie, la rivalité, l’usure des sentiments, les petites trahisons du quotidien, les arrangements boiteux avec sa conscience. Le ton est à la comédie qui reste selon moi le mode de représentation le plus efficace. » (extrait du programme)

A cet égard le rôle de paumé joué par Richard/Bernard Vens  est fort représentatif et on passe une soirée aigre-douce fort délassante. 

 

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Conversation avec Eric Assous

http://www.trg.be/Public/Page.php?ID=3395&ancestor1=3194&saison=3180

 

Pour en savoir plus:

http://www.trg.be/Public/Page.php?ID=3392&ancestor1=3194&saison=3180

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12272750887?profile=originalIl  y a d’un côté le public et de l'autre, les  trois murs étincelants mais  étouffants d’une  cuisine modèle impeccablement tenue. Tout juste si,  par simple illusion d’optique on ne les voit pas se pencher subrepticement pour avaler cette femme volubile encore jeune, dont la vie a été remplacée par la routine. La femme est banale mais heureusement profondément actrice.  Elle  est, malgré le cadre,  exquise, fougueuse,  incapable de rester en place, craquante de sincérité et de naturel, débordante de convivialité. Elle en est venue  au cours des années, à converser vaillamment avec le mur, le verre de vin blanc à la main, face à  son improbable interlocuteur. Peut-elle encore imaginer ce qu'il y a derrière le mur?

 

Un autre mur,  Joe, son mari lui dit bien de temps en temps «  qu’il l’aime », mais ce sésame n’ouvre paradoxalement  que sur les humiliations répétées, voire, le mépris  ou l’indifférence. Elle l'observe et le voit  en effet parler de façon bien  plus aimable à tous les étrangers qu’il rencontre!   Elle raconte avec délices  les éblouissements des débuts de vie de couple, les ravissements d’enfants en bas âge et  puis, moins drôle,  toutes les trahisons de la vie. Elle s’interroge:  va-t-elle oser sauter le pas, comme quand elle était enfant et qu’elle sautait du toit, pour partir  seule, en voyage de 15 jours en Grèce avec sa copine Jane, qui lui a maintes fois dit de larguer tout et lui a  même offert le billet de ses rêves ? Ses récits de vie et ses interrogations sont poignants, y  mêlant sans cesse le  réalisme des gestes domestiques quotidiens. Elle réalise soudain : « ma vie est un crime contre Dieu car je ne m’en suis pas servie, ne sachant pas quoi en faire ! » Elle est devenue inutile!

 

Doit-elle  « faire ce qu’elle voulait faire ou faire ce qu’elle devait faire ? » Elle découvrira que « les rêves ne sont jamais là où on les attend. »  Mais sautons  tout de suite à la fin de  l’histoire : «  Elle a subitement su qu’elle ne rentrerait pas vers Manchester avec la valise ! ». Elle a largué tous les démons qui l’enchaînaient. Elle ne traîne désormais  plus rien d’encombrant, elle se sent légère !  Elle compatit : « Joe aussi traîne sa vie comme un poids ! » Willy Russel – c’est un homme qui écrit –  a installé une  Shirley Valentine radieuse, décapée de toutes les  scories vénéneuses qui l’étouffaient, face à la mer Egée, sur un rocher … avec qui elle ne peut s’empêcher bien sûr de parler !  Question d’habitude.  Le rocher est couleur banquise, tout le reste du décor est noir.  Elle est belle comme une aigue-marine.

 

Entre l’immensité du ciel et de la terre,  elle  a enfin retrouvé sa dignité d’être humain, son identité  de « Shirley Valentine ».  V comme V Day, alors qu’elle n’était devenue qu’un avatar  oublié de grand mouvement du monde !  Là, assise buvant du vin  à  une table au bord de la mer - son égérie - elle déclarera d’une voix de star, à son mari qui vient la rechercher : « Bonsoir. La femme que tu veux voir n’existe plus. Celle qui était ton épouse  n’existe plus.  Celle qui était la mère de tes enfants, n’existe plus non plus. Celle à qui tu parles , c’est une femme que tu ne connais pas, Shirley Valentine, Amoureuse de la Vie. »

 

 C’est ce que Willy Russel veut pour la société entière : le changement, le réVeil, la ...Vie, quoi ! Au lieu de la manipulation et de  l’anesthésie générale des êtres humains en particulier, par les normes et les diktats de la consommation. Il ose brandir la liberté et souhaite que  les gens se réveillent de leur torpeur ! Et Shirley de souligner que  « les seules aventures de vacances que j’ai eues,  c’est avec moi, et je commence à m’aimer. »  Tout un Programme, une révolution,  à 42 ans !

 

Marie -Hélène Remacle, qui fonce dans cette pièce comme une météorite, nous  a offert un spectacle éblouissant d’humanité et de drôlerie. Pas étonnant que certains spectateurs ou spectatrices reviennent voir le même spectacle plusieurs fois!

 

http://www.bruxellons.net/shirley2011.html

 

http://www.comedien.be/Marie-Helene-Remacle

 





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« Nous ne  s o m m e s  pas toute la misère du monde ! »

 

 Joué devant des dizaines de milliers de spectateurs en Europe, au Canada, à la Guadeloupe…  et en Afrique, le spectacle «  UN FOU NOIR AU PAYS DES BLANCS » a dépassé les 1500 représentations. L’Européen a coutume de dire : « on ne peut quand même pas accueillir toute la misère du monde ! »  Pie Tshibanda rétorque courageusement :

« Nous ne  s o m m e s  pas toute la misère du monde ! » Et de nous conter avec verve son histoire personnelle, celle de son pays, celle de son exil, celle de sa réussite …Et de nous prouver que le genre humain  est à la fois unique et multiple. Que les attitudes xénophobes ne tiennent pas l’analyse rationnelle. Voici un spectacle tout en humour et en finesse conté avec une volubilité généreuse et sans failles. C’est l’occasion de réviser nos jugements à priori, de mettre à la poubelle certains stéréotypes tenaces.  C’est un spectacle qui fait mouche car il est fort toxique pour nos  attitudes sécuritaires et notre repli habituel sur nous-mêmes. 

 

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Il a des armes : de la ténacité, la conscience d’exister malgré toutes les rebuffades, un sourire touchant, une façon d’oser aborder l’autre sans brusquer, convainquant l’autre de ses bonnes intentions et de sa bonne foi. Une pépite d’humour dans le cœur, il désarmera nombre de citoyens Belges majoritairement hostiles à l’arrivée des sans-papiers. Il a aussi une bonne étoile.

Et il est intarissable.

 

Il va démêler avec tendresse  les  questions cruciales posées par son fils : « Papa, pourquoi sommes-nous les autres ? » «  Papa pourquoi t’es tout seul ?  » En Belgique il a découvert ce que c’était d’être « noir », de ne pas être d’abord « un homme ».  Il va démonter les causes lointaines de son exil, les rapports viciés Nord-Sud, les guerres tribales qui faisaient rage en 1992. Ce qui nous est donné à entendre est atroce et effarant. Et si on se bouchait les oreilles?

 

Il va prouver que la misère est dans les villages désertés,  là où il n’y a plus de boulangerie, plus d’emploi  et plus personne qui parle avec les autres.

A l’accusation courante de « Vous venez manger notre pain », il répond finement « Pourquoi pas ? ». Du pain, il en a donné, il a créé une école des devoirs à Court St Etienne, sa maison est ouverte à tous,  il a même créé des emplois.  Si on ajoute un couvert au réveillon, est-on plus affamé, ou bien y a-t-il un peu moins dans la poubelle ?  

 

Un petit détour par Wikipedia nous rassure : ce n’est pas un sorcier, ce n’est pas un funambule, encore moins un fou… En résumé, la famille de Pie Tshibanda est originaire du Kasaï et fait partie des nombreux Congolais amenés au Katanga pour y travailler dans les mines.

Après des études de psychologie à l’université de Kisangani, de  1977  à  1987, il est  professeur en humanités, conseiller d’orientation scolaire et directeur des études dans divers établissements scolaires du Katanga. Il est  enfin psychologue d’entreprise à la Gécamines (Union Minière) à Lubumbashi.

Mais en 1992 une épuration ethnique à l’encontre des Zaïrois originaires du Kasaï se met en place  au Katanga. Mobutu ferme les yeux. Les Kasaïens qui échappent aux massacres, après avoir tout perdu, se trouvent parqués durant des semaines dans des conditions épouvantables dans divers lieux dont la gare de Likasi, en attente d’évacuation. Un train de l’infortune doit ramener les rescapés. Il faut un mois pour couvrir les 1000 km qui les séparent du Kasaï d’origine. Les décès sont journaliers.   Pie Tshibanda nous conte son vécu sans aucun  pathos, avec une dignité remarquable. Néanmoins il estime devoir dénoncer les massacres dont il a été témoin. Il réalise un film vidéo, publie une bande dessinée et écrit plusieurs articles. Devenu un témoin gênant, Pie est contraint d’abandonner sa famille  et le Congo où il est en danger de mort. Il obtient finalement l’asile politique en Belgique.

Il y a « les gens respectable et les bousculables » Nouvelles humiliations et tribulations tout aussi angoissantes. Existe-t-il seulement ? Il en arrive à se poser la question. D’intellectuel estimé, le voilà passé au statut de réfugié. A 44 ans, il se trouve alors confronté à l’exil et à la solitude, aux problèmes de communication et aux différences culturelles apparemment insurmontables. Mais, intrépide, il surmonte  les difficultés, fait  venir son épouse et ses six enfants et fait reconnaître ses diplômes. La suite, c’est sur les planches, devant des milliers de spectateurs stupéfiés, la réconciliation et la générosité brandies en étendard !

 

Pie n’a rien d’Hamelin, il a tout de l’humain. Il est la très belle voix des sans-voix.

 

http://www.bruxellons.net/founoir.html

 

Spectacle présenté dans le cadre du festival « Bruxellons » au château du KARREVELD, le 23 juillet 2011, malgré la pluie !

http://www.tshibanda.be/

 

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12272735895?profile=original12272732654?profile=originalPrintemps dans un jardin de fous   D'après Henri-Frédéric Blanc

Mise en scène de Christian Leblicq

Avec Alain Eloy

 

Ecrivain marseillais dans l’âme, Henri-Frédéric Blanc, auteur truculent, ironique et bienveillant dans sa lucidité est un fidèle compagnon de pensée de la Compagnie Hypothésarts, et avant tout un auteur qui ne mâche pas ses mots. Son interprète Alain Eloy nous envoie à travers son spectacle inoubliable un texte jubilatoire. On n’a qu’une envie c’est  de courir le commander immédiatement dans une librairie. H-F Blanc est également rédacteur en chef de « la Revue des Archers ». Les Archers : « ces promeneurs rêveurs des hauts-fonds de l’âme humaine qui ne manquent pas de garder l’esprit en balade et qui travaillent à rejeter la bêtise loin au fond du néant des futilités d’où elles n’auraient jamais dû sortir. »

Après avoir entrepris  des études à la faculté des Lettres d’Aix-en-Provence, H-F Blanc  s’épargne la douloureuse expérience du service militaire en simulant la folie, histoire que l’on retrouve dans sa nouvelle « Printemps dans un jardin de fous ». Il renonce résolument à « à jouer à ce grand jeu tragique et théâtral qu'est la guerre». A la sortie des études, après une thèse de doctorat, il décide de consacrer l’essentiel de son temps à l’écriture tout en vivant de petits boulots : guetteur d’incendie en été, veilleur de nuit ou encore guide touristique. En 1989, son premier roman « L’Empire du sommeil » est publié aux Editions Actes Sud. Par la suite, tous ses romans ont fait l’objet de traductions à l’étranger et d’adaptations cinématographiques et théâtrales.

Il est considéré comme la figure de proue de la nouvelle littérature marseillaise, autrement nommée « overlittérature » : littérature crue, iconoclaste, qui se caractérise par son naturalisme burlesque, son irrespect total et le recours méthodique aux armes de la dérision et de la satire.12272736290?profile=original

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 Avec humour et conviction intense, Alain Eloy tous muscles et voix plurielles dehors, nous entraîne  sur le chemin de la subversion, un peu comme … dans « Vol au-dessus d’un nid de coucous ». On ne peut s’empêcher d’y penser. Il met méthodiquement en miettes notre petit confort occidental et  remonte aux sources: l’effroyable grande guerre qui répandit  la violence absolue dans le monde et fit  le lit du nazisme et du fascisme. Notre belle démocratie serait calquée point par point sur l’organisation de l’armée  avec son recours à l’émotionnel, aux humiliations,  à la  soi-disant solidarité de masse, à la hiérarchie où la personne humaine n’est que grain de poussière méprisable. Cette poussière est la source de  son « allergie » totalement vraie et totalement feinte.   Le fascisme n’a pas été pulvérisé après la deuxième guerre, mais il ressort un peu partout, plus perfide : intériorisé. La culture est une liberté en conserves, la littérature une langue de feu contre une langue de bois omniprésente. Et de chanter en chœur : « On ne censure pas, Ah non ! »

 

Catch a Falling Star. « Un cri sincère peut faire tomber une étoile », lui souffle le Capitaine des anges, 70 ans, espadrilles, regard intense et bleu,  interné lui aussi dans cet asile où la grandeur passionnée des pensionnaires « semble ô combien plus humaine que les rabotés ayant asphyxié en eux la folle du logis ». «Le vrai monde est caché » ajoute-t-il mystérieusement. « Le petit moi est si infime par rapport au grand tout, et la mort n’est pas grand-chose quand on se dévêt de ce tout petit moi ».

 

Le jeu de l’acteur, extrêmement physique et agile, fascinant de diversité, de nuances, d’inventions… vous attache par le cœur et vous fait goûter aux poisons perfides de  « la marmite à illusions ». Un spectacle fort, dont on ressort comme frappé de foudre, les poches pleines d’étoiles.

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11 Mai 2011 >> 25 Juin 2011

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=268&type=2

 

 

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Moudawana For Ever

 

C’est sûr, Ben Hamidou a une aura…. Même déguisé en femme ! Oops le sacrilège, le faux pas ! Il rayonne de sympathie, il émet de la chaleur humaine plein feux et va jouer la grande scène du désenvoûtement, au propre et au figuré ! Si vous êtes au premier rang, méfiez vous! Vous serez aspiré dans son trip fabuleux qui vous balade  avec fantaisie entre Maroxellois et Gazelles du Maroc, où les chameaux sont désormais remplacés par des autoroutes.

 

Avec sa complice, Zidani, présence croustillante, tantôt en perruques drolatiques, ou lunettes extravagantes, tantôt,  soumise éplucheuse de légumes au soleil au  bord du puits, il convoque des sujets qui font peur au Belge blanc-bleu ! Comment réagir dans une famille, à la conversion à l’Islam d’un fils bien sous tous rapports…. ? L’âge du mariage, le droit au divorce, l’autonomie de la femme…  La polygamie : …. pas plus de quatre, comme les saisons ! Mais comment donner des droits aux femmes dans les pays où les droits de l’homme sont bafoués ! Le jambon, c’est Aram ! Péché !  Et l’obéissance au mari ? Comment passer de ce code de la famille séculaire à une révolution voulue par Mohamed VI qui rend, en principe, les femmes égales aux hommes…*

 

 Des questions graves, traitées avec un humour bienveillant, un regard généreux sur deux communautés qui ont parfois tout pour s’affronter. Il décoche coups de griffes, coups de cœur, tous azimuts. Tout le monde s’y retrouve, touché !  En excellent comique, Ben Hamidou pratique  l’autodérision avec brio, et déracine les préjugés. Sa gestuelle, tant l’occidentale pure et dure que la nord-africaine, est d’une précision et d’une vérité savoureuse. Le talent est aussi magnifique que le Soliman éponyme. Les deux comédiens dans cette salle magique défoncent les sortilèges et les barrières. Mon voisin marocain de gauche jubile sous la pluie de traits acérés lancés à sa culture et m’explique gentiment le vocabulaire, cependant que mon voisin attitré, de droite… me surveille du coin de l’œil ! Le mélange local du quartier et  les voyageurs des districts lointains  de la périphérie bruxelloise font bon ménage, mêlant leurs rires salutaires, leur bonne humeur et une ouverture nouvelle peut-être.

 

Ce théâtre est pédagogique sans l’être, édifiant tout de même car il libère tout un chacun. Les cordes sur lequel jouent cet Hamelin africain sont la caricature aimable, le verbe et le texte débridés, la truculence, le mime, les grimaces inoubliables,la chanson,  le jeu, par-dessus tout! Vive Mehdi !

 

*« Sur le plan social, au-delà des réformes qu'il introduit, en adoptant une

formulation moderne et en se souciant de mieux préciser les droits et devoirs des

composantes de la Famille, ce Code, en veillant à garantir l'équilibre dans les

rapports entre l'homme et la femme, met en place les préalables de la consolidation

de la cellule familiale, de sa cohésion et de sa pérennité. Ce faisant, il contribue à la

consolidation des bases de la société marocaine démocratique et moderne, ouverte

sur son époque et fidèle à son identité islamique et à ses traditions de solidarité

familiale et de cohésion sociale. »

 2004 Mohamed BOUZOUBAA, ministre de la Justice

 

 

 Moudawana For Ever du 26 avril au 21 mai 2011

Au Magic Land Théâtre.
Réservation au 02/245 50 64 ou via le site www.magicland-theatre.com

 http://www.magicland-theatre.com/index.php5?pageId=1&md=0&sp=65

 

 

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12272732654?profile=original« Avoir un fil à la patte », par allusion  au jeu cruel du  hanneton attaché par un fil auquel s’amusaient les écoliers de village pendant l’été au début du siècle, veut dire  être tenu par un engagement dont on voudrait bien se libérer.

 

Dans cette pièce de Feydeau un jeune homme, Fernand de Bois d'Enghien, décide de  se marier avec un beau parti, la fille de la baronne Duverger  mais ne peut se débarrasser de son encombrante maîtresse Lucette, chanteuse de son état. L’ironie de l’histoire démontre à souhait que l’argent est  bien plus puissant que l’amour, même charnel ! 

 

 La fille de la baronne se pique de n’être point sotte, envisage le mariage avec méfiance, ne veut en faire  qu’à sa tête, et pense que le divorce est sûrement une bonne invention. Elle déclare avec justesse que la société et même les rencontres amoureuses et galantes sont implacablement régies par l’offre et la demande ! Pensée avant-gardiste, fort lucide pour une jeune oiselle toute vêtue de blanc! Le ton que la fille utilise avec sa couturière, sa façon de snober sa mère avec sa gouvernante anglaise montre à souhait qu’elle donnera à tous du fil à retordre et qu’elle promet quelque tour inattendu sous sa jarretière. 

 

S’en suivent une série de chassés croisés, de méprises, de situations coquasses tellement typiques du théâtre de Feydeau. Un fil invisible relie des personnages improbables,  tous prisonniers de l’amour ou de l’argent.  Ce qui est très savoureux c’est la caricature de ces personnages : Gontran de Chenneviette, père de l'enfant de Lucette  en nourrice quelque part, et flambeur notoire, Ignace de Fontanet, un ami à l'haleine plus qu’envahissante, Marceline, sa sœur  et sa femme de chambre obligée…   Tous magnifiquement  campés,  de la bourgeoisie à la noblesse, l’auteur les  pourfend avec un plaisir non déguisé. S’ajoute à la verve éblouissante  de Feydeau, une mise en scène d’une vivacité et d’une richesse fabuleuse, renouvelant sans cesse les surprises et le rire. Le jeu de  12 comédiens passés maîtres de l’art de la comédie satirique est celui d’une troupe qui s’amuse, comme l’aurait souhaité Molière.

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12272732869?profile=original Des phrases cinglantes émaillent ce plat de consistance, tandis que des chansons coquines très bien tournées fusent lors des changements de décor. On craque pour  le maître d’hôtel toujours toute ouïe pour découvrir  avec complaisance les frasques, les duperies et les lâchetés des uns et des autres. On craque pour le jeu hypocrite de femme prévoyante: la passionnée Lucette qui  irait  bien se laisser courtiser par Gauthier,  l’horrible clerc de notaire presque difforme, qui pathétique, pousse  la chansonnette  façon gaudriole, ou l’irascible général sud-américain Irrigua,  ex-ministre condamné à mort pour avoir perdu au baccara l'argent destiné à acheter des bateaux de guerre, et qui,  désespérément amoureux d’elle, la couvre de fleurs et bijoux  somptueux. Un personnage très tranché comme dans la commedia d’el Arte.

 

Ce fil à la patte est bien visible quand on considère que notre monde est solidement attaché qui  à l’argent, qui au pouvoir, qui  au sexe, qui à toutes ces passions stériles confondues. Quel est cet enfant cruel qui nous  tient, et nous  mène ainsi au gré de sa fantaisie,  au bout d’un fil sans que jamais nous ne puissions prendre un envol libre et gracieux ?

Le jeu en vaut le fil, et vous serez comblés par une soirée délassante et joyeuse.

 

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=267&type=2

 

 

Mise en scène: Michel Kacenelenbogen /
Avec Muriel Cocquet, voir_comedien.gifChristelle Cornil, Isabelle Defossé, Beatrix Férauge, Thierry Janssen, Sandrine Laroche, Olivier Massart, Fred Nyssen, Guy Pion, Réal Siellez, François Sikivie et voir_comedien.gifBenoît Strulus

10 Mai 2011 >> 25 Juin 2011

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administrateur théâtres

Cinq filles couleur Pêche (Théâtre des Martyrs)

12272729068?profile=originalCinq filles couleur Pêche    Titre original :

« Five Women Wearing the Same Dress » (Allen Ball 1993)

 

L’absente de tout bouquet :  on ne voit jamais la mariée dans la pièce, mais on vient observer « les insolentes bridesmaids », toutes habillées façon meringues roses, selon le vœu de la mariée. Quant au marié, on n’en parle même pas ! symptomatique?


Cinq demoiselles « d’honneur » qui lèvent cyniquement le voile sur l’envers du décor. Cinq « demoiselles »…qui n’ont rien de jeunes vierges effarouchées. Elles devraient sortir d’une bonbonnière, et être toutes pareillement  coiffées, pomponnées et  habillées,  ainsi le veut la  coutume en Amérique. Mais la livrée est trash et chacune décline à sa façon des traits de costume et de caractère, hors du commun. Le froufrou du tutu de fluo  rose criant est piétiné par le vécu des cinq grâces, qui à l’occasion de la mascarade de ce mariage délirant, se lâchent comme elles ne l’ont jamais fait.

Elles boivent, elles fument et elles causent ! Confidences détonantes et hilarité en continu, vocabulaire cru fait pour choquer, langage corporel outrancier, la critique de la société néo-libérale éclate dans toute sa violence. Le ton est corrosif, on nage dans l’acide.  On ne peut pas être indifférent.

Margaret, la sœur de la mariée, coiffée punk blond oxygéné, attachante, est  vraie sur toute la ligne. Toutes griffes dehors elle pourfend l’institution, l’establishment et les parents débiles, et surtout la mascarade de la cérémonie et de l’après-cérémonie. Sous des dehors de battante, elle est toute fragilité et insécurité! 

Georgia the gorgeous, ronde et crépitant d’humour, l’esprit et le corps en pulpe. Pourquoi a-t-elle accepté de devenir demoiselle d’honneur d’une  mariée qui lui a raflé in illo tempore son Don Juan, l’incomparable sex-symbol, Tommy Valentine, qui se les est toutes « faites »? De dépit, elle a épousé le roi des « larves ». Elle joue divinement bien !

Frances : La cousine de la mariée. « Je ne fume pas, je ne bois pas, je ne couche pas, je suis chrétienne »….et tous les autres poncifs à la clé. Une caricature exquise de la naïveté et de l’innocence. C’est elle bien sûr qui gagnera le bouquet de la mariée !

Julia, « élue Reine de la mauvaise réputation ». Solitaire en diable malgré le  nombre  incalculable d’amants qu’elle a collectionnés. Les parents lui reprochent son influence  néfaste sur la mariée, elle se réfugie dans le plaisir de la manipulation et de l’observation, jusqu’à la dernière scène où …(chut !!!)

Brenda: la sœur grande et maigre du marié. Malgré les lunettes démesurées son  corps ingrat se cogne partout. Ugly Duckling, elle est devenue lesbienne, et peut se gorger d’appetizers à l’infini, sans gagner un gramme. Quelle injustice !

 

La panoplie des maux de notre siècle est présentée en éventail.  Rien ne manque. Le rythme et le décor sont débridés, le ballet presque macabre. On perçoit des références très lisibles au très beau film du même auteur, « American Beauty » avec l’utilisation d’une  petite caméra vidéo qui filme les mouvements des « Barbies ». Ils sont  projetés sur une dizaine d’écrans ayant remplacé depuis longtemps les livres sur les étagères de l’immense bibliothèque de  cette chambre où elles se sont réfugiées pour fuir le mariage. On a même droit à une séquence purement nombrilique, au propre et au figuré, c’est dire si l’altruisme a peu voix au chapitre!  La mise-en-scène de  leur déshabillage mental est très audacieuse et fait mouche. Toutes happées par les non-valeurs, l’encombrement de la société moderne et la perte de certitudes, elles volètent en tous sens, de façon erratique. Heureusement cette expérience impromptue leur fait découvrir les bienfaits du parler vrai et des  liens d’amitié naissante, la seule chose qui surnage dans ce tas d’immondices.

Soif d’idéal couleur pêche?  On finit par les aimer toutes …ces pécheresses! Toutes pèchent, à cause du monde  moderne qui les broie. Sauf peut-être, Frances, accrochée aux vertus obsolètes de sa foi chrétienne.  Et encore, celle-là  ne pèche-t-elle pas par extrémisme religieux?  Foule sentimentale, s’abstenir.

Sauf que le jeu des cinq actrices est tout simplement génial.

Dernier jour: au théâtre des Martyrs

 

avec 

Julia (Valérie Bauchau)

Margaret (Stéphanie Blanchoud)

Georgia (Laura Vossen)

Frances (Sandy Duret)

Brenda (Karin Clercq)

Et Michelangelo Marchese


http://www.theatredesmartyrs.be/pages%20-%20saison/grande-salle/piece5.html

 

 

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LE JOURNAL D'UNE FEMME DE CHAMBRE

femmedechambre.jpg d'Octave Mirbeau
du 22 mars au 9 avril 2011 à 20H30
Matinée le dimanche 3 avril à 16H
Relâche dimanche et lundi


adaptation et mise en scène
Bernard Damien
Avec
Nicole Palumbo
Laurent Renard

« Si infâmes que soient les canailles, ils ne le sont jamais autant que les honnêtes gens. »

C’est dire si Octave Mirbeau éprouve une véritable nausée pour le monde des honnêtes bourgeois qu’il pourfend impitoyablement. Célestine, la soubrette, tient un journal circonstancié de ses heurs et malheurs et égrène les turpitudes des nantis. « Je te hais, un peu, beaucoup, passionnément… » La condition de domestique n’est qu’un esclavage déguisé. Le secours des mots lui rend toute sa droiture et sa solidité. Ses racines sont dans le ciel.  Les rôles s’inversent, on est pris d’empathie pour quelqu’un qui s’exprime avec autant de finesse, de lucidité et de cœur. Car elle a le cœur grand comme la main.

« Échouée dans un bourg normand, chez les Lanlaire, au patronyme grotesque, qui doivent leur richesse injustifiable aux filouteries de leurs « honorables » parents respectifs, elle évoque, au fil de ses souvenirs, toutes les places qu’elle a faites depuis des années, dans les maisons les plus huppées, et en tire une conclusion que le lecteur est invité à faire sienne :  Si infâmes que soient les canailles, ils ne le sont jamais autant que les honnêtes gens. »

Comme Chambrière elle rêvait d’une intimité avec la dame à servir, … de confidences, voire d’amitié même. Elle découvre froideur, mépris, méfiance, manque d’humanité, avarice et asservissement. A elle de déguster en cuisine poires pourries et poulet avarié. A elle d’aller  quérir les pantoufles du maître qui ne peut plus cacher son désir.  La dame des lieux accepterait même que le maître de maison la mette dans son lit… du moment que cela ne lui coûte rien! Ordre social hypocrite et injuste où les domestiques sont souvent des travailleuses sexuelles à domicile.

L’adaptation théâtrale de ce roman fait d’aller-retours dans le temps et l’espace, dans les états d’âme, dans  la perception de la moralité, est faite de façon très fine dans cette création du théâtre du Grand Midi. Le large décor sur plusieurs plans tout éclairé d’art nouveau est une jolie féerie dont on découvre vite les dessous peu aimables.

Le nombre de rôles endossés par le comédien masculin est extraordinaire. Il est la plume d’Octave Mirbeau et à la fois une constellation de personnages admirablement  campés. C’est un conteur né, avec la légèreté et la mobilité du troubadour.  Ses interprétations féminines sont particulièrement renversantes avec en vedette la maîtresse frustrée: Madame Lanlaire. Des  caricatures dignes des personnages de Daumier. Jubilatoire.

Le jeu de la charmante soubrette Célestine est carrément exquis, fait de nuances, d’amour  véritable, de compassion, d’humour, de distance,  un personnage hybride entre servante et maîtresse… et qui le deviendra en se fiançant au pire des hommes, le jardinier-cocher Joseph : « Si infâmes que soient les canailles, ils ne le sont jamais autant que les honnêtes gens. »

Des chansons de barricade  ou de pavé parisien sont autant de clins d’œil poétiques et émouvants… très Piaf ! La construction de la pièce est aussi  harmonieuse que la société qui est dépeinte est pourrie et vice-queuse.

 

http://www.xltheatredugrandmidi.be/index.php?pid=39

 

 

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BOX-OFFICE de David Mamet (théâtre le Public)

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             BOX-OFFICE  de David Mamet    DU 08/02/11  au 26/03/11

        

    

   Charly,  fidèle chien de chasse depuis dix ans, compagnon d’infortunes  de son  ami « Bo-oooob ! », un  producteur assez obscur à Hollywood,  lui rapporte un jour, le scénario d’un film prêt à consommer, cousu de violence et de salivation plébéienne, pour une superproduction qui leur donnera accès  enfin à l’argent avec un grand A, si pas au grand Art. Ils rêvent tous deux de s’installer enfin à « la table des Grands», tant convoitée.

 

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Intervient alors au deuxième acte, cette figure féminine de rêve, une intérimaire. Envoyée du ciel ? Ange ? Personnification de la grâce, à qui Bob  demande, non sans intentions diaboliques et lubriques, de lui faire une « note de lecture » sur un ouvrage dont il est décidé d’avance qu’il n’a aucun avenir cinématographique. Pour le soir même, rendez-vous chez lui !  Il  lui explique qu’on lui a commandé une « lecture de courtoisie » et qu’il lui fait «  l’honneur » de lui déléguer la tâche. … Au bois sacré de l’argent, les dés sont toujours pipés! A Hollywood, le monde est fait de vent, qui souffle sur tout ce qui n’est pas empire des sens ou  de l’art-gent.

 

 Le titre du livre est étrange et prémonitoire. « Radiations » parle de fin du monde, de dernière chance offerte aux hommes pour être assis «  à la table céleste », de rôle à jouer pendant notre séjour sur terre, de contemplation du beau, du bon, du vrai, une fois notre monde d’illusions disparu. Selon la belle Karen, ce livre fabuleux doit avoir le feu vert, et devenir une œuvre cinématographique chargée de sens, contrairement au polar  abject proposé par Charly. Elle est idéaliste, croit au progrès, au changement, à la force de l’amour.  Illuminée par la beauté tant extérieure qu’intérieure, Karen représente toutes les illusions perdues de Bobby. La tentation est grande d’emprunter la voie étroite proposée par cette mystérieuse égérie qui, au début, n’avait que les apparences d’une intérimaire naïve et écervelée. Une joute pathétique, presque un pugilat, s’engage entre anges et démons. …. On ne dira pas la fin.

 

C’est le genre de pièce qui, en dépit de la simplicité de son canevas, fait rouler les pensées et la réflexion bien au-delàs du temps du  spectacle. Bien sûr, l’entrée en scène de la ravissante comédienne belge de 23 ans, Nina Drecq est captivante. On est  soufflé par sa grâce, sa voix d’argent, les courbes de  ses gestes et de son verbe gracieux…et les deux personnages masculins sont mis à  rude épreuve. Deux acteurs hors pair : Francis Lombrail  dont la métamorphose est stupéfiante et  Philippe Sivy, emblème du monde sans pitié.

 

 

Au début, la pièce semblait avoir du mal à décoller: un acte entier de dialogues de rupture,  chers à l’auteur américain, très  déstabilisants pour le spectateur. Ce discours, si difficile à traduire en français, avait un tour chaotique et plus que  masculin, fort énervant. Le décor jaune vif aux arêtes coupantes agaçait par son  agressivité, mais   dès l’entrée en scène de la fascinante porteuse de bonne nouvelle, l’espoir renaît. L’idéalisme retrouve sa place et le théâtre son plaisir.  On est scotché à son siège et l’on tend l’oreille au charme rédempteur du chant d’optimisme: simples paroles et manipulation,  ou vérité ? Prison ou libération ?  A la fin, l’homme est toujours l’homme…

 

Mise en scène: Anne Bourgeois / Avec Nina Drecq, Francis Lombrail et Philippe Sivy

 

12272723070?profile=originalUne création et production du Théâtre Le Public et du Théâtre du Lucernaire ( Paris ).

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=263&type=1

 

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administrateur théâtres

Causerie sur le lemming (théâtre du Rideau)

Les lemmings, affolés : « Nos rangs sont décimés ! » « On a le nez par terre, on avance, on ne peut plus reculer ! » « Même les saumons et les brochets mangent les lemmings ! » « Les caribous nous piétinent ! »

Victor Hugo, calme : « l’instinct c’est l’âme à quatre pattes, la pensée c’est l’esprit debout ! »

Nimbé de boucles en bataille le professeur-conférencier apparaît plus vrai que vrai. C’est lui l’auteur de la causerie. Il crèvera l’écran par la profondeur de ses démonstrations mi –homme, mi-rongeur, totalement satiriques. Ce qui fait de lui un acteur-professeur sans pareil. Visuels, auditifs, kinesthésiques, il y en a pour tout le monde. Ses messages subliminaux atteignent le cœur de tous. La satire douce fait merveille, distillée sans y paraître. La maladresse apparente de l’auteur-acteur baisse aussitôt la garde du spectateur et lui ouvre le cœur. Nous sommes tous des lemmings et nous rongeons placidement nos ressources. « Nous, infiniment naïfs et de bonne volonté, éco-sujets indûment baptisés éco-citoyens aux gestes salvateurs tant dérisoires, nous plongeons dans la combine et nous nous regardons dans la glace : avec notre compost et notre petit vélo, nous nous trouvons beaux ! » Personne n’ose aborder le sujet de la vulnérabilité des lemmings : celui de la pression démographique, du réchauffement de la planète, du dysfonctionnement alimentaire … on se contente de brandir le mythe du suicide des lemmings! Si absurde, surtout dans les pays où il n’y a pas de falaises !

Belle excuse pour ne pas changer nos comportements environnementaux ! Et que la mémoire collective devienne source de sagesse !

Sous les dehors d’une causerie sur la biologie des lemmings (mais qui y croyait, puisque c’est du théâtre …) François-Michel van der Rest nous entraîne, tel Hamelin sur le chemin de la réflexion à propos de l’avenir de notre espèce humaine. La parodie animale a toujours marché depuis le roman de RENART, laissons-nous donc, grâce à cette causerie sur la Vie, gagner par la lucidité de l’analyse et convaincre sur la nécessité d’agir. Ne nous endormons pas dans nos galeries inondées…. devenues notre dernier caveau, puisque la neige n’arrête pas de fondre. Il est plus noble de s’envoler dans les griffes d’un harfang ou de se jeter d’une falaise !

causerie sur
le lemming

auteurS elisabeth ancion & françois-michel van der rest

mise en scène elisabeth ancion

http://www.rideaudebruxelles.be/saison1011/causerie/resume.php

http://www.notre-planete.info/actualites/actu_1814_rechauffement_climatique_menance_lemmings_norvege.php

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Les combustibles (théâtre Le Public)

DU 09/11/10 AU 22/01/11

Les combustibles - Amélie Nothomb

"La ville est assiégée. Dans l'appartement du Professeur où se sont réfugiés son assistant et Marina, l'étudiante, un seul combustible permet de lutter contre le froid: les livres."

Plaisir esthétique et iconoclaste de pyromane : Amélie Nothomb joue avec la littérature comme elle jouerait avec le feu, avec un malin plaisir elle incendie ce qu'elle aime le plus au monde, les livres. Et le monde d’applaudir à ses facéties.

Pour Marina, la littérature n’est que fumée à côté de la pulsion de vie. Les hommes ont inventé la guerre. La femme fait la guerre à la guerre, à la glaciation qui éteint la vie. Elle doit voler le feu! D'où vient ce courage de détruire ce qu’on a le plus aimé? Au moment où il allait être baptisé Saint Rémi dit à Clovis : "Baisse la tête avec humilité Sicambre, retire tes colliers, adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré. Clovis embrasse le livre, change sa vision du monde. Marina est prête à tout, à sacrifier le biotope qui l’a nourrie. La question du choix du livre importe peu pour elle : « Quel livre, quelle phrase de quel livre vaut qu'on lui sacrifie un instant, un seul instant de chaleur physique ? " » Le jeu est malicieux, le spectateur sait que ces livres sont inventés pour la plupart! Mais lui aussi se pose la question!

La guerre a renversé toutes les valeurs, autorise toutes les violences et crée le glacial enfer. Marina veut sauver sauvagement ce qui lui reste de vie, elle ira jusqu’aux dernières extrémités pour conserver quelques degrés de température. Tombent un à un les principes, les hypocrisies, les scrupules, les valeurs. Et la barrière contre la barbarie s'effrite. Il ne reste plus qu’une faible chaleur animale réfugiée dans ce corps glacé où encore bat un cœur. Elle est prête au moindre embrasement, pourvu qu’elle se réchauffe! Elle s’éteindra avec l’extinction des feux du livre.

Son seul espoir, c’était que la guerre finisse, et qu’elle ne meure pas de froid avant. Mais même comme cela, elle n’aurait plus jamais été la même, amputée à jamais de l’humanité.

Cette pièce est jouée avec beaucoup de rythme, de dynamisme, de force, de flamme. La voix du professeur est maître. Au début Marina, les os gelés, est glaciale et déclame plus qu’elle ne vit son texte, cela fait froid dans le dos, on a presque envie de s’en aller, puis elle révèle sa passion sauvage pour l’étincelle de vie. Les livres utopiques volent un à un à la cheminée, annonciateurs de la mort prochaine, rien d’autre ne réchauffe les hommes… La flamme s’est éteinte, définitivement.

Qui sait, Amélie est peut-être perverse ou lucide et regarderait bien ses propres livres brûler en premier…si elle devait répondre à la question!

Mise en scène: Véronique Biefnot / Avec Kim Leleux,Jacques Viala, et Marc Weiss

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=258&source=agenda&year=2010&month=11&day=18

Quelques extraits:

LE PROFESSEUR. Je sais, Marina. Je n'ai plus rien à brûler.
MARINA (en regardant la bibliothèque). Et ça ?
LE PROFESSEUR. Les étagères ? Elles sont en métal.
MARINA. Non, les livres.
Silence gêné.
DANIEL. Ce n'est pas du combustible, Marina.
MARINA (avec un sourire ingénu). Mais si, Daniel. Ca brûle très bien.
LE PROFESSEUR. Si nous nous mettions à brûler les livres, alors, vraiment, nous aurions perdu la guerre.
MARINA. Nous avons perdu la guerre.
LE PROFESSEUR. Allons, mon enfant, vous êtes très fatiguée.
MARINA (avec un sourire joyeux qui la rend ravissante). Ne faites pas semblant de ne pas le savoir. C'est notre deuxième hiver de guerre. L'hiver dernier, si l'on nous avait dit qu'il y en aurait un autre, vous auriez conclu : "Alors, c'est que nous aurons perdu la guerre." Pour moi, elle était déjà perdue l'hiver passé. Je l'ai compris au premier jour de froid.
LE PROFESSEUR. C'est parce que vous êtes trop frileuse. Normal: combien pesez-vous ? Quatre-vingts livres ?
MARINA. Je pèse deux mille livres: le livres que vous brûlerez pour me réchauffer, Professeur.
DANIEL. Arrête, Marina.
MARINA (très douce). La nature est injuste. Les hommes ont toujours été moins frileux que les femmes. Grâce à la guerre, j'ai compris que c'était ça, la plus grande différence entre les sexes. Ainsi, en ce moment, vous croyez que j'ai perdu l'amour des livres. Moi, je crois que vous n'avez jamais été capables de les aimer vraiment: vous les avez toujours vus comme du matériel pour vos thèses, et donc pour votre avancement.
LE PROFESSEUR. J'adore l'air limpide avec lequel cette jeune fille nous injurie.

MARINA. Ce n'est pas assez.
LE PROFESSEUR. Comment ? Je vous en donne deux à la place d'un seul, petite garce.
MARINA. Vous déraisonnez, Professeur. Un Kleinbettingen vaut plus que deux Sterpenich.

DANIEL. Eh bien ! Brûlons Le Bal de l'observatoire ! Et vous aussi vous irez le relire à la faculté.
LE PROFESSEUR. C'est impossible. Je ne peux pas lire ce livre-là en public, après le mal que j'en ai dit.
DANIEL. Ah ! Et devant moi, ça ne vous gêne pas ?
LE PROFESSEUR. Non. Ja pars du principe que tout assistant considère son maître comme un imbécile. Alors, devant vous, je ne vois pas ce que j'ai à perdre.
DANIEL. Vous me stupéfiez ! Il m'avait toujours semblé que c'était le contraire: que tout professeur considérait son assistant comme un imbécile.
LE PROFESSEUR. Mais c'est aussi la vérité. Le tiers exclu n'est pas valable en psychologie, comme vous le savez. Et c'est l'un des charmes des relations entre professeur et assistant que ce mépris réciproque déguisé en respect admiratif.

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Au théâtre de Poche

Devinez le titre de la pièce...

L’histoire

John, la petite trentaine, vit avec son petit ami depuis ses 20 ans. Après une rupture, il se retrouve dans une situation très inattendue : il se sent pour la première fois attiré par une femme qu’il a rencontrée sur le chemin du travail… Il sent que cette nouvelle relation pourrait se transformer en quelque chose de solide et de durable. Mais bien qu’il ait de vrais sentiments pour cette femme, John est à plusieurs égards toujours étroitement lié à son ami. Il doit maintenant faire un choix et ce choix est terriblement douloureux car il l’oblige à se définir. Cette situation le tétanise et le réduit au silence. Il doit pourtant décider de la direction que prendra sa vie. La situation est poussée à son apogée dans une scène finale, drôle et dérangeante, où John invite cette femme à manger chez son ami en présence du père de celui-ci, l’ambiance est atrocement inconfortable alors que tous attendent le verdict de John avec sur la table un rôti de bœuf qui n’en finit pas de refroidir.

NOUS Y ÉTIONS,

HIER SOIR

Voici une très, très, belle pièce d’un auteur anglais volubile et moderne qui jette un regard sans préjugés sur la sexualité masculine, et sans exhibitionnisme non plus. Tout reste dans la mesure et une certaine retenue. Bravo, le sujet aurait pu vite déraper. Au contraire, alors que le début de la pièce est un peu inquiétant, on s’attache soudain aux quatre comédiens qui mènent leurs approches avec beaucoup de pittoresque et d’honnêteté. C’est presque aussi captivant qu’un vaudeville, mais c’est bien plus.

Beaucoup de nuances, alors que les personnages semblent être un peu des archétypes. Seuls éléments du décor, les terrasses en escaliers sur lesquelles ils évoluent sont autant de points de vues différents, de rapports de forces à géométries variables… et permettent une mise à nu très respectueuse et subtile de chacun. Quatre interprétations vigoureuses, en bleu, rouge, blanc, et mélanges de vert camouflage pour John l’indécis. Il a tant de mal à se dire, il est torturé par ses incertitudes tandis que sa faiblesse tyrannise les deux amours de sa vie. Tout le monde souffre. Pour lui, le choix – c’est mourir un peu –, une douloureuse épreuve, comme pour Hamlet ou Le Cid… ou le John du Meilleur des Mondes.

Mais quelle idée de s’attarder indéfiniment sur la recherche de son identité véritable quand on peut trouver comment nous sommes, et comment on se relie aux autres ? La jeune femme divorcée pleine de tendresse pour John rêve ses rêves de vie et l’invite au voyage. Difficile de ne pas citer Baudelaire :

- Qui aimes-tu, homme énigmatique,
dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?


- Je n'ai ni père, ni mère, ni frère, ni sœur.

- Tes amis ?

- Vous vous servez là d'une parole dont le sens
m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.

John dit lui-même qu’il n’est qu’un trophée contre la solitude, le vide et l’ennui de son ami, son frère… mais il lui manque le courage et la volonté de choisir la relation où il pourra exister et être respecté. Démuni, tout entier dans la faiblesse humaine, il est victime des étiquetages pour supermarchés.

Sera-t-il maudit ? Qui ne dit mot … consent : l’adage sera-t-il vérifié ? Ou bien sa résistance silencieuse marquera-t-elle la souffrance indéfinie et muette de celui qui est dans l'absence?

Avez-vous deviné le titre de la pièce ?

Indice : http://www.poche.be/saison1011/cock/index.html

25 Septembre 2010 >> 23 Octobre 2010 Traduction Xavier Mailleux - Mise en scène Adrian Brine assisté de Xavier Mailleux - Avec Christian Crahay, Cédric Eeckhout, Grégory Praet, Erika Sainte
Du mardi au samedi à 20h30 Réservations : 02/649.17.27 - reservation@poche.be -
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