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Publications de Josette Gobert (307)

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Mascarade JGobert

Se déroulent parfois des scènes étranges où se mêlent des hommes sournois, accoutrés d’un déguisement qui les cache, les dissimule de leur véritable vérité.  Ils se posent autour du pouvoir pour mieux le contrôler et en font un jeu de dupe. Une comédie, un divertissement qui rend la vie stérile et sans lendemain. Ils possèdent ainsi les rênes d’un ordre fantomatique qu’ils dirigent d’une main de fer et en font une cavalcade ridicule où personne n’est ingénu mais où personne ne bouge.

Comédie d’un autre temps où règnent toujours des despotes sanguinaires, ces pays meurent d’un manque d’oxygène, d’air pur, de liberté. Mascarade d’élections burlesques auxquels personne ne croit, ne résiste et laisse s’accomplir, une fois de plus, la tyrannie de certains hommes avides de pouvoir.

Ces pays, parfois dotés de bon sens, proclament fièrement leurs démocraties nouvelles à la face du monde et s’en font arrogance à mettre en doute les nôtres trop laxistes. Carnaval trompeur qui anéantit les gens de bonne volonté et les chasse du droit, qui laisse le peuple mourir d’épuisement à force de privation et de contrainte, qui détruit l’intellectuel, le sage, l’éclairé pour le rendre inopérant, vidé de sa substance.

Sous le déguisement burlesque de leur démocratie ridicule se cache, s’abrite la révolte bien vivante  qui s’amplifie et qui répandra le sang.  Bal masqué, Paillasse rit pour mieux pleurer sous son masque de tristesse. Ton peuple n’est pas naïf

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Le réveil a été difficile. JGobert

Le réveil a été difficile. Sortie de son sommeil par une porte qui grince et une lumière qui s’allume brutalement. Elle est réveillée rudement chaque matin. Son cœur se crispe et tremble. La journée va être de nouveau un lourd fardeau à occuper.Le temps a passé trop vite et laissé un goût étrange d’épreuves renouvelées. Chaque jour amène son lot d’incompréhension. L’habitude ne fait rien à l’affaire. Toujours, elle saigne de cette dureté quotidienne.La maison la rassure, l’enveloppe d’un doux cocon qui lui rend presque le sourire. Elle est seule et reste un moment dans ses pensées les plus sombres. Toujours recommencer le processus du départ. Dans sa tête, les choses se mettent en place. Faire sa valise. Prendre le chien. Partir enfin.Mais la maison la prend dans sa tendresse et veut la garder. Tu es chez toi. Tu as tous tes souvenirs. Ta vie est ici. Pourquoi partir.Et encore une fois, après avoir fait le tour de son épreuve, elle s’apaise, s’adoucit un peu. Plus jeune, les larmes venaient facilement et aujourd’hui, plus dur qu’hier, elle sent néanmoins ses paupières se gonfler et retient difficilement les perles d’eau qui, malgré elle, s‘échappent et tombent doucement sur ses joues. D’un geste sûr, elle les essuie.Son vieux compagnon à quatre pattes la regarde et qu’un geste familier vient poser son museau sur son bras. Pauvre maitresse que la tendresse étouffe dans cette solitude.Lui aussi lui dit : pars, pars sans moi. Va-t’en ! Non, reste, reste avec moi, à nous deux, c’est plus facile.Les choses se lient contre elle et le quotidien revient vers elle. Ses préoccupations, ses obligations lui rappellent son emploi du temps. Le téléphone sonne. Sa voix s’adoucit, se fait douce et reprend le timbre du bonheur. Tout va bien.La raison aussi a donné son avis. Cette voix qu’elle n’écoute plus et qui lui dit : tu dois partir, arrête cette mascarade et trouve un peu de tendresse autre part. Hélas, elle n’y croit plus à ce bien-être, il est trop tard.La maison s’anime enfin. La cafetière pétarade, la machine à laver, programmée, s’est mise en route. Les bruits familiers l’entraînent dans ce monde où rien n’est facile. L’odeur du café la réconforte un peu.Il est parti jusqu’à ce soir…
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Enfermée II JGobert

Enfermée dans cette pièce malodorante, malsaine, l'existence n'a plus le même piquant. La vie facile a viré au cauchemar. Loin de penser qu'un jour, elle se retrouverai dans une cellule, elle a joué, elle a perdu. Par toutes ses magouilles, elle a fini par attirer la foudre, la colère des hommes.
Etre entre deux gendarmes lui a révélé combien, à cette minute précise, la liberté est importante. Conduite les mains attachées dans le dos, dans un local décrépit, sale, lui laisse un goût amer dans la bouche, un véritable dégoût.
Enfermée, les heures s'égrainent et le temps prend soudain un chemin sourd, sa voix s'estompe dans l'enfermement.  Plus personne ne l'écoute, ne répond à ses questions. Elle attend sans trop savoir son devenir. Elle se perd dans ce labyrinthe de lois. Elle a peur.
Des hommes passent, pleurent les mains dans le dos. Leurs yeux ont perdu l'éclat du dehors. Certains marchent comme des automates devenus craintifs. Ils obéissent à d'autres hommes. Ils sont condamnés à vivre dans un bâtiment clos. 
Enfermée dans cette aile de femmes, son installation n'a pas été facile. Depuis quelques jours, elle partage son intimité avec une détenue qui ne l'apprécie pas beaucoup. Elle la déteste et sont maintenant face à face dans cette pièce fermée.  La conversation est nulle et chaque geste est difficile. Chacune reste sur son territoire aussi petit soit-il. Le partage des tâches est odieux mais doit être fait. Même son sommeil n'est pas tranquille. Elle dort à peine avec cette femme près d'elle.
Enfermée, au début de son incarcération, elle a exigé beaucoup. Voir son avocat. Avoir quelques objets personnels. Prendre des nouvelles de sa famille. Mais ses supplications sont restées sans effet. Elle a demandé à avoir du coca.  Hélas, il faut de l'argent pour se satisfaire en prison. Elle attendra des jours meilleurs.
Cette cellule d'un jaune sale la déprime de plus en plus. l'ampoule qui l'éclaire est à bout elle-aussi et le bruit du loquet la fait tressaillir. Ce lit en fer avec cette infâme matelas ne la satisfait pas non plus. Reste une petite ouverture sur la lumière du jour et de la nuit qui ne lui est pas accessible. 
Enfermée, elle se prend à rêver à ce ciel qu'elle n'a jamais regardé, remarqué, trop occupée à faire ses coups foireux. Dehors, son besoin de liberté ne l'a jamais préoccupée. La vie était facile. Elle avait la chance avec elle. Elle ne pensait pas au mal qu'elle faisait par ses agissements délictueux mais bien réels.
Enfermée, elle connait aujourd'hui le sens de ce mot.  Assisse sur son lit, elle voit partir cette femme peu loquasse qui lui adresse un sourire de défi, malveillant. Elle en tremble.
Elle a revu son avocat. Elle a eu des nouvelles de sa famille. Elle ira au procès. Elle fera sa peine et si elle se comporte bien, elle aura une remise de peine.
La liberté n'aura plus le même sens, la même saveur, le même charme. Elle sera précieuse.
Enfermée, elle a appris beaucoup sur la vie, la valeur des choses, la sagesse.

Ce séjour ne sera pas vain, c'est ce qu'elle dit. 

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Tristesse.

Plus je sens que j'arrive et touche au dernier jour
Qui met si vite un terme à l'humaine misère,
Plus je vois que le temps, sur son aile légère,
Me ravit chaque espoir envolé sans retour.

Je dis à mes pensers : « Ô mes pensers d'amour,
Comme aux feux du soleil une neige éphémère,
Le poids de notre corps va se fondre sur terre,
Pour nous rendre la paix dans un meilleur séjour.

Avec lui vont mourir ces espérances vives,
Ces sourires, ces pleurs, folles alternatives
Qui, tout en les trompant, irritaient nos désirs ;

Et nous verrons, là-haut, combien de choses vaines
Ont ici-bas causé nos plaisirs et nos peines,
Et nous ont fait pousser d'inutiles soupirs. »


Pétrarque.

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Blessure d'amour

Souvent, plus amoureux que tendre,
Un amant choque innocemment ;
Il voit nos pleurs sans les comprendre,
Et blesse encore en s'excusant :
D'une fausse délicatesse
N'allez point alors vous armer ;
Songez qu'un peu de maladresse
N'empêche pas de bien aimer.

Quand du temps la faux redoutable
Viendra moissonner vos attraits,
Qu'un esprit toujours plus aimable,
Fasse oublier un teint moins frais :
On attire par la figure,
Mais on conserve par l'esprit,
Et l'esprit est une parure
Que jamais le temps ne flétrit.

Si la vieillesse enfin vous glace,
Sachez renoncer aux amours ;
Que l'amitié, prenant leur place,
Embellisse vos derniers jours :
Un vieux et paisible ménage
Connaît encor quelques douceurs ;
L'hiver a des jours sans nuage,
Et sous la neige il est des fleurs.

Constance de Théis

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Enfermée JGobert

Enfermée, elle vit dans un monde qu’elle a engendré de toutes pièces pour remplacer celui  qu’elle a connu dans le passé. Elle se lève, se lave, mange comme une automate et fait de ses gestes une litanie qu’elle exécute doucement et avec beaucoup de précisions. Son univers se concentre sur un lit, une petite table, une étagère, quelques livres usés. Elle peut sans se lever attraper les quelques objets personnels et  les toucher.

L’ampoule au plafond est jaunie et parfois donne des signes de faiblesse. Sa plus grande hantise est cette lumière qui pourrait disparaître aussi et la plonger dans le noir.  Cette obscurité qui tombe chaque soir la terrorise et lui fait ressentir la douleur dans laquelle elle vit.

Enfermée, coupée du monde des vivants, elle ne comprend pas toujours son choix,  son tourment et pourquoi elle veut subir cela. Cette tombe vivante la garde cloitrée depuis si longtemps qu’elle en a perdu le temps. 

Des bruits de pas sont le seul contact qu’elle accepte avec la vie. Le bruit sec de la porte la fait sursauter et la laisse en sueur. Cette ouverture salvatrice qui lui donne à manger chaque jour, et lui sauve la vie est le seul lien qu’elle maintient aujourd’hui.

Enfermée mais pas prisonnière, elle reste dans cette pièce à contempler les murs et le sol. Elle en connait chaque détail précis, le nombre exact d’aspérité, de coups sur le plancher. La couleur passée et les différentes autres couches du temps l’emmène parfois dans ses rêves achevés et révolus de liberté. Elle a jeté depuis longtemps tout ce qui l’a attaché à son passé. Seul le bruit de la canalisation de l’étage a fini par être plaisant et la rapproche inconsciemment d’autres personnes, enfermées peut-être eux-aussi.

Enfermée pour  survivre, pour combattre le mal qui la ronge et pour ne pas se laisser dériver, perdre dans les méandres de son esprit.  Garder pour elle sa confiance, son intégrité, refuser cette aide que les hommes pourraient lui apporter.  Elle se sent forte pour lutter seule et résister.

Sa famille ne l’a pas abandonnée et reste inquiète du sort qu’elle a choisi. Résistant à chaque tentative, elle est ferme sur son futur et freine avec ses petits moyens les essais pour la tirer de cet enfermement.

Enfermée pour soulager ce corps, cet esprit du poids de la vie qui lui pèse tant comme des chimères accrochées à elle et si lourdes à tirer. Dans cette solitude choisie, aucun sentiment ne vient plus la harceler, la déstabiliser, la rendre malheureuse. Ses tentatives de rapprochement, envers les êtres ayant toujours échoué, lui ont donné cette résistance, cette force pour affronter le confinement de son corps et de son esprit dans cette société maintenant loin d’elle.

 

 

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Un joli marché JGobert

Dans mon enfance, les distractions n’étaient pas très nombreuses. Les personnes  qui, vivaient, habitaient près d’une frontière profitaient souvent du jour du marché pour aller promener, se divertir. Une sortie hebdomadaire, un rituel que rien, ni personne ne pouvait interdire ni le temps chaud ou pluvieux.  Dans ces petits villages frontaliers, tout évoluait autour du marché.

Chaque mardi midi, les gens arrêtent leurs activités pour se rendre sur la place du marché. Un lieu plaisant, arboré, festif, enjoué parfois où toutes les nouvelles se disent, se répandent, se propagent. De nombreux petits cafés restaurants à l’ancienne entourent la place, le monument aux morts et les amateurs de picons et d’arc-en-ciel doivent bien se tenir.

La place du village est sur le sol français. Le drapeau tricolore posé sur la façade de la mairie. L’église et le petit chemin dallé fait frontière, un couloir étroit, pavé et réservé uniquement aux habitants belges qui assistent à l’office. Une convention entre les deux pays pour le partage de l’église.

Vers midi, les premières camionnettes arrivent et se rangent sur la place. Des commerçants ambulants, dans la bonne humeur, ouvrent et installent les tréteaux avec la marchandise. Marchands de tissu, marchands chaussures, marchands de chapeaux sont prêts. Tout est là en quantité.

En face, les cages alignées du maquignon, reconverti en vendeur de petits animaux, poules, poulets, dindes, canards. Pigeons. Attachées à l’arrière du camion, deux jolies petites chèvres blanches qui se demandent ce qu’elles font là.

Le centre de la place est réservé à l’alimentation. Un charcutier, un boucher, un boulanger et des marchands de légumes et de fruits sont installés. Des œufs frais, du beurre et du fromage tout droit sortis de la ferme. La fermière en tablier a bonne mine. Les étales regorgent de caisses pleines et débordantes. Tout ce joli ensemble, tous ces gens se font entendre dans un tintamarre  joyeux.

L’attention des passants et surtout des enfants est attirée par les deux petites chèvres. La  chèvre de Monsieur Seguin est de retour sur le marché et dans toutes les mémoires. A cette époque, ces belles histoires sont contées à l’école et tous les enfants en ont entendu parler.

La route frontalière sépare le marché en deux parties et les gens voyagent d’un pays à l’autre sans que les douaniers n’interviennent. A cette époque, les frontières existent toujours et sont surveillées constamment. Les frontières sont tombées dans la nuit du 31 décembre 1993.

Les autorités du village, eux aussi, sortent de la mairie et se promènent entre les citoyens répondant gracieusement aux salutations. L’ambiance est amicale. Belges et français s’entendent bien.

Un petit garçon, un peu plus déluré que les autres, a repéré les petites chèvres. Il les admire assis sur l’escalier du petit restaurant d’en face. La plus petite, toute blanche, attachée au camion, tire comme un diable pour se détacher.  Elle a réussi à attraper un carton qu’elle mâchonne de colère.

N’écoutant que son courage, le petit garçon se lance sur les chèvres et d’un geste brusque, détache la petite Blanchette qui, étonnée, se retrouve libre. Celle-ci, apeurée par les bruits du marché, traverse imprudemment la route. Un violant coup de freins retentit.  Le silence se repend sur la place et chacun retient son souffle.  

Le petit garçon n’a rien. La petite chèvre non plus mais il en a fallu de peu que l’automobiliste ne l’écrase. Le conducteur  français s’en prend au marchand de volaille qui, affirme qu’il n’y est pour rien. Et l’embrouille s’installe entre les personnes qui ont vu, qui n’ont rien vu…qui supposent, qui en déduisent…

Le ton monte et la belle ambiance festive disparait.  Tout à coup réapparait la petite chèvre, bien embêtée de cette liberté imprévue, subite et qui ne sachant où aller, revient près de sa compagne.  Un grand rire se fait entendre. L’automobiliste a eu peur. Le garçonnet en pleurs s’excuse à qui veut l’entendre. Et voyant la scène moins dramatique qu’elle ne l’est, l’automobiliste  se met à sourire entrainant les autres dans un grand rire général.

Il en a fallu de peu pour ranimer la flamme de la discorde heureusement éteinte depuis longtemps.

 

 

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Prévert Jacques

Trois allumettes une à une allumées dans la nuit
La première pour voir ton visage tout entier
La seconde pour voir tes yeux
La dernière pour voir ta bouche
Et l'obscurité tout entière pour me rappeler tout cela...
En te serrant dans mes bras.

Jacques Prévert
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Visite non désirée. JGobert

Hier soir, de retour d'une soirée entre amis, la maison où je vis est en dessus dessous. La porte ouverte, tiroirs renversés, un véritable capharnaüm dans toutes les pièces. Je suis déstabilisée, comme ivre de voir ce gâchis. Je cherche mon Gsm . J'essaie de faire des appels. En vain, les touches ne répondent pas et je sens le sol se dérober sous mes pieds.  Mon ami à quatre pattes est là, joyeux de me voir comme à chacun de mes retours. Ouf, il n'a rien, il saute content et est ravi de mon retour. 
J'avance un peu, pas à pas, je reprends mon esprit et mon souffle.  De nouveau je mesure l'éparpillement de mes affaires personnelles. J'arrive à appeler mes enfants. je suis anéantie. Le tiroir où se trouvent les souvenirs de ma famille est ouvert. Tout a disparu, passé, bonheur, tout ce qui était enfermé là, envolé.
Je continue à avancer dans cette maison violée. Cette maison qui m'appartient où je dois me sentir en sécurité, où j'ai fait ma vie, où j'ai mis mon énergie, mon temps.  Voilà que cet endroit est violé par des inconnus sans scrupules, sali, maltraité comme n'importe quel endroit. C'en est trop pour moi.  Je me mets en colère, je vocifère contre le monde entier. Je suis blessée, salie moi aussi par cette intrusion.
Dans la chambre, la porte fenêtre est cassée, en morceaux et mes vêtements sont étalés sur le sol. Mes armoires sont vides et mes bijoux envolés eux aussi. Des bijoux importants dans le vie d'une femme, une bague de fiançailles, deux alliances... Je suis en colère et cette fois, je les attends. Qu'ils reviennent ces lâches.
Mes enfants sont arrivés, horrifiés eux aussi de la vision de leur maison d'enfance. Rien ne justifie cette intrusion dans ce lieu qui était le leur depuis toujours.
Le bureau, la salle de bain, l'étage, tout a été visité, méthodiquement.
Les objets reprennent leur place dans nos esprits et ceux qui ont disparu apparaissent maintenant laissant un vide et une histoire. Le beau vase bleu de Chine, la statue de grand maman, les vases en cristal, les carafes, les objets disparus dorénavant viennent d'une autre vie.
La police est là, fait son travail. La chambre sans porte est glaciale.  J'ai froid et envie de pleurer sur ce monde qui ne respecte rien. Ma colère est passée et nerveusement comme si un danger m'attendait encore quelque part, je me mets à trembler comme une feuille morte.
Je passe dans une autre dimension.  Le calme revient. D'un coup de magie, tout le stress disparait et je reprends possession de mon chez moi. Cette maison n'est pas responsable. Rien ni personne ne m'empêcheront de vivre ici, je suis chez moi. 
 
 
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Miroir JGobert

Même vie, même destin, unies dans le temps et dans l’espace, elles ont vécu, ressenti beaucoup de sentiments très différents et si souvent semblables. Ensemble à réagir dans la même émotion, chaque évènement a eu sa propre intensité, sa propre histoire.

De l’adolescence où l’innocence, l’incertitude, parfois l’incompréhension les laissent dépourvues de repères à la vie d’adulte qui se révèle rapidement compliquée. Chaque décision, agréable ou teintée de doute, d’ambigüité oblige l’une ou l’autre à corriger, à rectifier avec peu ou beaucoup d’enthousiasme le pourquoi, le comment. A cet instant précis, le besoin de décider pousse l’une ou l’autre dans ses retranchements. La décision choisie ne satisfait qu’une et laisse l’autre insatisfaite.

Le quotidien n’est pas simple dans ce partage continu des actes, des idées et des rêves. Les conflits sont fréquents, légions. Le caractère sédentaire, casanier de l’une et volontaire, intrigant de l’autre mettent souvent la discorde dans l’ordinaire et les antagonismes internes sont tumultueux voir retentissants.  

Pour l’une, une vie ordonnée, une jolie maison, de beaux enfants et un travail régulier la satisfont agréablement alors que l’autre attend toujours plus de la vie. Elle rêve constamment d‘un grand amour, de voyages, d’aventures, valise à la main, la vie commence demain.  

L’une tire l’autre qui se laisse diriger et admet parfois que le bonheur, trop lointain, peut surgir de petites choses de la vie. Elle se laisse envahir, endormir par cette routine bien orchestrée pour s’abandonner à la facilité. 

Pour celle qui trouve la vie belle, facile et bien organisée, les petits soucis d’ordre domestique,  voir sentimental ne la préoccupent pas. Elle n’a pas besoin de preuves pour savoir si elle est heureuse. Elle vit activement, intensément le scénario qu’elle a mis en place et s’en accommode allègrement.

Un jour vient où elle se rend compte, suite à plusieurs déconvenues, et à l’inventaire de cette vie parfaite, que quelque chose ne va pas,  lui échappe. A cet instant seulement, elle comprend beaucoup de choses. Elle est peut-être passée à côté du bonheur et réside dans l’erreur. 

L’autre, en éveil, se met à son tour à énumérer les imperfections de leur vie. Bohème, originale dans l’âme, elle se sent tout à coup libérée de ce chemin trop bien tracé et souvent contraignant qu’elle vit depuis si longtemps. Elle n’hésite pas à vouloir changer les choses. Une énergie inavouée, inattendue l’envahit.  L’entourage ne comprend pas ces changements d’attitude. Effrayé, Il essaye de remettre en place les codes qu’il connait mais en vain.

Notre rêveuse, libérée, se révèle surprenante. Refusant tout à coup le quotidien, les habitudes, elle cherche, trouve enfin l’aventure et l’extravagance. Elle se réalise dans de multiples activités artistiques, se libère dans des voyages. Elle parcourt et vit enfin le monde. Un soir, elle croise un être qui la conduit droit à l’amour. Elle n’en croit pas ses sentiments. 

La première, très choquée de tout ce changement, la met en garde et refuse inconsciemment ce destin trop facile. Elle repousse l’idée d’entrer dans ce jeu. Ces plaisirs qu’elle trouve faciles, artificiels ne lui plaisent pas et elle freine avec force notre aventurière.

Mais rien n’y fait. Conquise, la seconde a enfin ce qu’elle cherche depuis toujours. Elle est enfin amoureuse et se sent enfin vivante. Elle est heureuse à sa manière, d’exprimer, d’entendre les sentiments, les mots, de les écrire et les recevoir pour combler ce vide, ce manque qu’elle ressent depuis toujours. Gardant la tête froide malgré tout, elle promet momentanément à la première de ne rien détruire, ruiner et de laisser en l’état la vie passée.

Rapidement déçue, elle se rend compte que ce beau roman n’aboutit à rien et désillusions en tête, la mort dans l’âme, toute perdue, elle se referme sur elle-même laissant son calque reprendre les choses en main. Elle a échoué finalement mais garde un goût exquis de ces moments hors de la routine.

L’autre, perdue également dans ce tumulte, arrive à expliquer certains évènements à son entourage, à justifier ce comportement improbable et inhabituel.  Elle recolle, rapièce les morceaux avec difficultés. Elle s’en veut de n’avoir pas été plus rigoureuse, de n’avoir pas pu éviter cet échec. Elle reprend le quotidien en main, renoue et dissipe peu à peu les péripéties navrantes et marquantes de cette aventure.

Ce duo irréel se retrouve ainsi imprégné par cet épisode qu’une ne voulait pas et que l’autre désirait tant. L’apaisement vient avec une tristesse infinie pour ce bonheur entrevu qui ne les quittera pas.

L’existence reprend son parcours, son chemin. Chacune à l’écoute de l’autre avec plus de tendresse et de sagesse. Au fil des jours, un nouvel équilibre s’installe, oubliant les fêlures du temps et les désillusions.

Quand le soir vient, ce beau souvenir hante notre aventurière qui, du fond de son âme, rêve toujours à ce bonheur enfoui.

 



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Jacques mon fils JGobert

Des cris, des cris. Il n'arrête pas de pleurer, d'hurler. Georges et Clémence ne savent plus quoi penser. Ils entendent depuis des heures ce petit Jacques pleurer. Il n'est pas bien grand. Jacques est né en septembre. Mais ses cris minent Georges depuis hier soir. Pourquoi laisse-t-on pleurer petit Jacques de la sorte ?
 
Georges est une personne au grand cœur sous un air bourru et sa femme le sait. Ce n'est pas tant les cris qui dérangent Georges mais le pourquoi. Clémence ne comprend pas non plus et a de mauvais sentiments. Les parents du petit Jacques sont jeunes. Elle a vu des allées-venues, discrètes mais malsaines. Elle ne connait pas toutes ces personnes qui vont et viennent le soir sans faire de bruit.

Depuis que la guerre a commencé, les parents de Jacques ne travaillent plus. Ils vivotent sans se faire remarquer. Georges n'est pas dupe et sait qu'ils trafiquent. Mais tant que tout se passe bien, Georges se tait. Ill n'est pas homme à se mêler de la vie des autres.
Georges et Clémence ont une fille d'une dizaine d'années. Toute jolie, c'est un don du ciel et ses parents en sont fous. Elle s'épanouit et partage sa vie dans la tendresse et l'amour de Georges et Clémence.

Des cris, des pleurs. Ce Jacques ne se tait toujours pas et Georges s'énerve. Pourquoi n'entend-il pas de bruits dans la maison ?
Depuis hier, plus de visites. La maison ne résonne que par les cris de Jacques.
Clémence a bien essayé de passer et repasser devant la fenêtre, en vain personne n'est sorti.

Depuis que la guerre a commencé, des histoires, des bruits fondés ou pas se racontent dans les chaumières. Et la peur s'est installée. L'insécurité se repend dans les rues, le village, la ville. L'envahisseur est partout. Les dénonciations commencent. Les arrestations suivent. Les hommes partent, les femmes pleurent et les enfants ont faim.

Mais tout ceci n'arrange pas Georges et cette fois, après avoir entendu le petit Jacques se remettre à pleurer. Il se lève et frappe à la porte du voisin. Pas de réponses sauf les cris du bébé qui s'amenuisent.
Georges, d'un geste brusque ouvre cette porte et tout son être se fige dans le spectacle désolant d'une maison toute dévastée. Les cris de Jacques se font entendre dans la chambre et d'un pas ferme, Georges gravit les escaliers et tombe cette fois sur les parents, étendus, morts, assassinés. Dans son berceau, le bébé a été épargné et regarde Georges étonné. Il s'est tu et se laisse prendre et bercer. Le petit Jacques est dans un triste état, tout mouillé et cherche en vain à téter.

Clémence a suivi et après avoir poussé des cris d'effroi, s'empare du bébé et le ramène chez elle. Vite, un biberon, du lait tiède et un bon bain. Des vêtements propres et un petit lit chaud.  Le bébé s'endort sous le regard attendri du couple.
Les autorités sont venues, les corps sont partis, la maison fermée. Ils n'ont pas fait volontairement mention du bébé qui, placé dans un orphelinat, n'aurait pas beaucoup de chance par ces temps de misère.

Georges et Clémence ont gardé et élevé le bébé avec beaucoup d'amour, avec la peur qu'un jour, une ou des personnes viennent le reprendre. Ce ne fut pas le cas.  Jacques fut adopté beaucoup plus tard. Ce fils aimé ne les a jamais déçus, ni quittés. Il a reçu et donné beaucoup d'amour.  Il a été un fils exemplaire.


 
 
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Face à face JGobert

Face à face, elles se regardent, se défigurent depuis quelques instants. Le froid les a figés dans cette rencontre . Elles ne bougent pas, ne parlent pas. Elles se ressemblent comme deux gouttes d'eau et s'en étonnent. Ce rendez-vous fixé sur le net a concrétisé le besoin de savoir. Elles ne se connaissaient pas il y a tout juste une semaine. Le hasard les a mis en présence, en contact. Ce web aussi, curieux des choses de la vie, réunit les êtres parfois séparés.


Les souvenirs en partie, depuis longtemps, se sont effacés et restent à chacune des bribes de moments passés où l'impression d'avoir connu autre chose est une réalité. Le bruit familier de pas dans l'escalier, une voix douce, des odeurs agréables et cet endroit, ce lit si chaud où elles ont vécu une autre vie. Les souvenirs sont lointains mais réels.

Depuis quelques instants, toujours dans ce froid, leurs yeux ne se quittent plus et d'autres yeux reviennent les hanter. Ces autres yeux qui les berçaient dans une tendre lumière et agréable chaleur. Ces yeux qu'elles ont cherché en vain quand un soir, d'autres gens sont venus les chercher.Tout repasse dans leurs têtes. Les mêmes souvenirs que l'on ne nomme pas, que personne n'a plus jamais prononcé et tout a changé. 

Elles s'approchent enfin l'une de l'autre et posent leurs mains froides sur leurs visages aux souvenirs étrangement connus et enfin se rassurent. Tous les mensonges se sont effacés d'un coup. Toutes les histoires auxquelles elles n'ont jamais cru se sont envolées.
 
Elles savaient qu'on ne leur disait pas la vérité. Même petit, leur chagrin d'autan était évident, leur peine et leurs larmes tarissaient les souvenirs. Les jours se sont écoulés et la vie a repris avec d'autres gens, d'autres voix, d'autres odeurs, mais la chambre semblait vide, froide. Il manquait ces regards familiers, et ces voix si précieuses. Elles ont grandi dans un autre bonheur.
 
Elles s'embrassent et se serrent l'une à l'autre pour mieux se rappeler. Et les questions s'élèvent dans le silence. Qui ? quoi ? comment? Pourquoi ? Pourquoi ? Mais cela n'a plus d'importance. Elles sont ensemble et le fil de la vie a repris le même chemin qu'au début de leur existence. Ils restent l'éternité pour répondre à toutes les questions.
 
 
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Tristesse JGobert

La tristesse qui m'envahit chaque matin est une arme contre la vie.

De mes ongles, je l'arrache pour pouvoir respirer et contempler le jour qui se lève.

Un jour nouveau, empli de vie et que rien ne doit troubler.

La mort est à nos pas, cruelle et aveugle.

Elle rançonne autour d'elle et s'arrête.

Pas de bon choix, c'est elle qui détermine le coupable.

Celui qui va mourir.

Et la tristesse réapparaît, inlassablement, indéfiniment.

Et mes ongles couverts de sang grattent mon âme blessée pour la libérer de ce tourment.

Impuissante, je subis et me réjouis de ce jour qui se lève.

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Victime consentante JGobert

Depuis un moment, sa vie tourne au cauchemar. Bien qu'elle ne soit pas soumise en tant que femme moderne, le comportement de son mari la laisse sans voix. Celui-ci a changé et est devenu directif, autoritaire, désagréable. Il ne supporte plus les petites manies et les petits travers  d'Amélie. Il se fâche facilement, régulièrement et par jour de grand orage, casse des objets dans la maison.  Amélie ne comprend pas ce changement radical et reste figée devant cet homme qui, de jour en jour, se transforme en monstre. Nul besoin de le stigmatiser, ni de le diaboliser. Il a pris sur lui ce nouvel état et s'en accommode fort bien.  En victime consentante, elle essaie de comprendre ce qui se passe entre eux et ne trouve pas la raison , ni le motif.  
A son travail, cet homme se plaint amèrement du comportement et du changement de sa femme. Elle n'est plus l'épouse gentille et docile qu'il a épousée. Ses collègues ne comprennent pas qu'une aussi belle histoire finisse si vite, qu'un aussi beau mariage n'aboutisse que sur une si grande désillusion. Certains connaissent Amélie et restent muets devant tant de griefs, de haine de son mari.
Pour le moment, Amélie garde sa tristesse pour elle et ne la partage pas avec sa famille et ses amis. Elle veut comprendre ce changement et cherche vainement ce qu'elle peut faire pour attirer le courroux de cet homme. Tous ses beaux rêves se sont envolés.
Un jour plus sombre que d'autres, rentré un peu plus tôt, très colère, il s'attaque verbalement à elle et énumère des reproches qui la laissent sans voix.  Tout y passe, les sourires compatissants à un ami, les paroles douces dites à un autre lors de l'enterrement d'un proche. Son regard bienveillant, ses attentions pour les autres. Les courts moments passés dans sa famille et son travail, sa réussite actuelle, son ambition de changer de poste.  Et son manque d'intérêts pour la maternité.
Amélie ne tombe pas enceinte. Inconsciemment, elle ne le veut pas encore. Cette partie de vie lui appartient et elle n'a pas l'intention de donner le jour à un enfant dans cette atmosphère belliqueuse. Elle doit réfléchir. Ses sens sont en révolte et sent monter en elle un terrible sentiment  de colère et d'incompréhension
Les mots se bousculent, s'entrechoquent, blessent et dans le tumulte de cette altercation, les mains se touchent et Amélie bascule dans l'horreur. Amélie s'effondre, inconsciente, le visage en sang.
La scène n'a duré que quelques secondes et va compromettre toute une vie. Amélie ne bouge plus.  Elle reste là,  allongée, étendue sur le sol glacé. Son mari est sorti en claquant la porte. Il fume une cigarette pour se détendre un peu. Son voisin a entendu les bruits de la dispute et s'interroge. Sur le pas de sa porte, il demande :  Pas de problème, tout va bien.
 
Mais Amélie ne reprend pas ses esprits. Elle est toujours inconsciente.
Le téléphone sonne à plusieurs reprises. personne ne répond. Sa collègue connait indirectement la situation d'Amélie et l'ambiance actuelle. Celle-ci s'inquiète et resonne plusieurs fois encore.  Amélie ne répond toujours pas et d'instinct, la collègue appelle la police. Celle-ci met un certain temps avant d'arriver et trouve un mari apaisé qui ne comprend pas ce qui se passe.
Amélie est toujours allongée par terre.  Le mari reste muet. Les sirènes retentissent dans le quartier. Tout le monde est étonné. Rien ne laissait présager cette fin tragique .

 
 
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Les grands parcs JGobert

Décrire le Grand Canyon, c’est décrire la terre comme un endroit venu d’une autre planète. La terre qui inspire l’esprit et le laisse sans mots. Une fascination incroyable pour ce lieu unique. Des kilomètres de faille, de pic, de mont, de pierre, de caillou. Un jeu de lumière où le soleil joue avec l’ombre et transforme à chaque instant le paysage. Le Fleuve Colorado qui serpente, transforme encore et toujours le panorama de cette contrée extravagante. C’est d’une incroyable beauté par son immensité, son calme, sa sérénité.  Voilà bien un endroit où l’homme garde sa dimension et il serait bien arrogant de penser qu’il est supérieur à cette magnifique nature.

Mais l’homme a néanmoins besoin de se prouver qu’il est également puissant et il a créé le lac Powell d’une dimension insensée lui aussi. Retenir ainsi l’eau, pour en faire une réserve dans ces failles, ces canyons où la vie paraissait disparaître, amène à penser que malgré tout, la nature veut parfois se laisser gouverner par l’esprit de l’homme.

Monument Valley, installé au milieu de ces terres rouges est grandiose. Des vallées courent à perte de vue, où trônent ces magnifiques montagnes déposées par la nature comme des cadeaux. Elles  gardent la mémoire des siècles et des premiers arrivants. Rouges, les peaux rouges, les indiens, dignes descendant de ces premiers américains ont le privilège de vivre là aux pieds de ces montagnes sacrées.

Bryce canyon, encore un endroit merveilleux à décrire où sur des kms surgissent des cheminées de feu. Serrées, ces pics jouent des mouvements de vagues. De la plus petite à la plus grande coule la lumière, l’ocre clair, le jaune et l’or. Le soleil les balaye et les rend semblable à de la dentelle. Elles brillent, scintillent.  C’est fabuleux.  Qui peut rester insensible à une telle beauté.

Zion, dans l’Utah révèle la musique de l’eau qui descend des montagnes. Des cascades, des chutes égayent de partout cette vallée verte où la nature est devenue un sanctuaire et garde jalouse les fleurs, les arbres et les animaux.

Pour parfaire la beauté de cette nature,  les sequoia géants sont des arbres qui ne sont pas exploitables. Les écorces, épaisses et protectrices les sauvent des accidents de la nature. L’homme n’a pas essayé de les apprivoiser en les transformant et a fini par les laisser intacts et tranquilles.

L’Amérique des grands parcs, fiers et respectés nous laisse un sentiment d’émerveillement comme à des petits enfants.

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Mamy m’attendait. JGobert

Bonjour. Née depuis quelques mois et bien entourée par ma famille, je me fais entendre et comprendre. Les premiers mois, dans les bras de maman, je m'éveille à la vie avec douceur dans mon cocon doré. J'aime ces instants en tête à tête avec elle qui me tient serrée contre son cœur et me surveille avec amour.

Papa est là, un peu gauche quand il me prend. Ses grandes mains ne savent comment me saisir et me caresser. Son amour se lit dans ses yeux et pourtant parfois il semble lointain. Déjà des projets pour moi, l'avenir qu’il dessine est nouveau et important pour lui. Ma vie qui débute le rend fragile, délicat.

Le jour de ma naissance, de retour dans la chambre, Mamy est là, silencieuse, muette, rassurée que ma venue se soit bien passée. Elle ne dit rien, contemple ce nouveau bonheur tout neuf, tout naissant

Un cadeau grand comme ...comme un enchantement incroyable qui l'intimide de crainte qu'il disparaisse. Mamy approche et sourit. Son regard est humide, ses yeux rougis, la gorge serrée, elle n'en croit pas ses yeux de me voir si petite et déjà si belle. Elle savoure cet instant de grâce, me touche, m’effleure du bout des doigts, m’aime.  Trop de bonheur.

Papy est ravi de me voir. Lui aussi est mal habile et m’examine avec curiosité. Oui, je ressemble à sa fille, oui j'ai les mêmes cheveux, le même petit menton...Mon beau minois le fait craquer, il pleure...Non Papy, ne pleure pas. Attend que je m'éveille à la vie, je ne suis pas ici pour te rendre triste.

Marraine est là aussi. Quelqu'un d'important dans cette famille.  Emue, quand j'ai ouvert les yeux et poussé mon premier cri. Elle ne quitte pas maman depuis ma naissance. Elle rit, elle pleure de ce bonheur tant attendu que sa sœur lui a donné. Un petit bébé tout rose à aimer. Elle me prend, m'embrasse, me berce. J’ai l’intuition qu'elles sont très proches ces deux là.

Une seconde Mamy est arrivée, tout aussi émue et un deuxième Papy tout heureux de faire ma connaissance. Emerveillés de me voir pour la première fois, ils me partagent avec tendresse dans leurs regards heureux.

Mamy est décidée à me prendre. Elle tremble d’émotion. Je sens sa chaleur sur moi. Elle me blottit dans ses bras rassurant. J'entends sa voix qui me parle, me murmure des mots doux, sucrés. Ses doigts me caressent longuement tendrement. Elle m'attend depuis un moment et m’imaginait telle que je suis. Fatiguée, je m'assoupis contre elle et fais connaissance de sa tendresse.

Avec moi est née une nouvelle étoile, une histoire inédite dans cette famille. Une vie qui va perpétuer la destinée de ces gens. Autour de moi, j’ai la charge de les rassembler et de les occuper tous, les employer tous à me donner passionnément, éperdument leur temps et leur amour. Un travail à plein temps. Je serai exigeante.

Parrain, un peu timide, me regarde avec affection. Nous aurons le temps de faire connaissance prochainement. Il est ému de l’honneur d’être choisi pour faire partie de ma vie et de seconder mes parents.

Tout ce monde autour de moi ne m'effraie pas et déjà m'intrigue. La voix de maman se fait suave, douce, elle m'appelle. Mamy me dépose dans ses bras, son regard ne me quitte plus, ses yeux me suivent, m’escortent et me couvent d’amour.

Mamy est émue. Ce moment particulier lui rappelle une partie de son passé et voit en moi ses beaux bébés. Les souvenirs viennent se poser sur son cœur et lui rappellent un temps qui a disparu. Une époque durant laquelle elle avait de nombreuses occupations et préoccupations professionnelles, un temps où les moments étaient toujours comptés et toujours trop courts.

La vie passe trop vite et avec moi, elle se fait la promesse de récupérer une grande partie de ce temps trop vite envolé.

 

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L’imperméable. JGobert

Dans ces rues étroites où les vitrines s’allument à la tombée de la nuit, de jeunes filles à la peau blanche ou noire s’exposent en tenue légère aux yeux des passants. D’autres se retrouvent à l’orée des bois ou sur les aires d’autoroutes. D’autres encore, souvent plus âgées sont larguées aux abords d’usines où leurs ombres décharnées, désabusées et vieillies avant l’âge ne font que subir. Déshumanisées par ceux qui en font commerce, elles n’attendent plus rien de la vie.

Sous un porche, à l’entrée d’un bâtiment important, vient régulièrement une dame encore jeune vêtue d’un imperméable blanc. Ses cheveux tressés descendent sur son dos, s’imprègnent dans ce blanc  et lui donnent la silhouette d’une déesse.

La soirée est chaude, l’été est toujours là et un vent délicat se lève enfin apportant un peu de fraicheur dans la ville. Celui-ci soulève délicatement un coin de son vêtement et découvre peu à peu  ses longues jambes que des chaussures hautes allongent à l’infini. Cette fraicheur tant attendue lui caresse le visage et s’amplifie enfin transportant cette douce sensation sur sa peau.

Son visage déjà grimé, ravissant, renferme un lourd passé que son sourire de façade cache. Son imperméable s’est ouvert et la guêpière rouge fait ressortir sa jolie poitrine à peine couverte.

Elle attend comme tous les soirs ce qui fait sa vie et reste là, debout contre cette porte plus que centenaire.  Sa main s’empare d’un paquet de cigarettes et d’un geste machinal, ses doigts posent à sa bouche une cigarette qu’un clic de briquet allume en une seconde. Déjà elle aspire violemment cette fumée qui la fait tousser parfois. Cette cigarette l’enfume et forme un nuage bleuté autour d’elle qui monte dans le halo de lumière du vieux réverbère.

 Elle s’apaise de cette manière et dans cette nuit calme, elle laisse tomber un moment son imperméable blanc à ses pieds. Ses jolis membres endoloris se tendent et se détendent. Son cou est douloureux, elle balance la tête de gauche à droite et vite reprend une cigarette.

Son regard est vague pour l’instant. Elle est quelque part dans un rêve, dans une autre réalité. Le spectacle de cette jeune femme à moitié dénudée dans cette pénombre attire les regards des passants. Les yeux se croisent. Elle s’offre ainsi pour de l’argent. Son imperméable blanc à ses pieds  dessine un socle autour d’elle.

La nuit sera longue comme toutes les nuits et noire, obscure. Sa solitude est réelle et sa vie aussi. Point de prince charmant, ni d‘elfe,  ni d’archange pour la libérer de cette emprise.

Venue dans cette ville pour être danseuse, elle avait fait de beaux projets et répétait dans sa tête les pas qu’elle aimait tant. Intégrée une scène, un show et pouvoir en vivre. Elle n’en voulait pas davantage.  La vie a ses raisons. Elle en décide autrement et d’illusions perdues en mauvaises rencontres, elle a fini là presque dévêtue sous ce porche.

La douce chaleur de la nuit a disparu et d’un geste rapide, elle enfile à nouveau son vêtement blanc pour s’y protéger, se rassurer, se consoler.  Les petits matins sont tristes, lugubres et les fêtards sont rentrés.  Encore un moment et elle aussi partira  pour revenir ce soir au même endroit.

 

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Libre JGobert

Le soleil venait juste de se lever et le souvenir de cette vieille histoire lui revenait en mémoire. C’était à la fin de l’été et elle n’avait toujours pas compris ce qui lui arrivait. Elle avait vécu cette séparation, cette décision comme un acte insensé, incompréhensif et gardé le souvenir indélébile de ce moment si particulier.

Ce jeune couple, qui comptait tant pour elle, l’avait blessée en quelques secondes en lui annonçant leur rupture. Elle les voyait vivre depuis si longtemps ensemble. Un amour de jeunesse qui avait lentement évolué et qui s’était révélé être une grande passion.  Elle aimait les voir s’enlacer, se tenir par la main les yeux dans les yeux. Par moment, elle s’identifiait à eux un instant.  Vivre cette histoire par procuration sans doute pour combler le manque qui lui faisait si mal.  

Les raisons de cette rupture ne lui revenaient pas à la mémoire, elle avait oublié. Il ne restait que le souvenir d’un désaccord douloureux et long à guérir.

Les jeunes reprirent vite leur indépendance malgré leur tristesse et une nouvelle vie commença pour eux.  Au bout de quelques temps, tout rentra dans l’ordre. Chacun partit dans une autre direction, un autre destin  et finalement, la décision prise était la bonne.

Le soleil était triste, la nature savait qu’elle aurait à subir les assauts de l’automne et que peu à peu la vie se retirerait de cette belle végétation encore pleine de force.

Ces histoires de séparation lui faisaient toujours le même effet. Elle y pensait depuis qu’elle avait vécu ce genre d’épreuve.  Elle avait mis longtemps à s’en remettre, à se relever et la moindre allusion la rendait sombre et mélancolique.  La vie reprit son cours laissant en sommeil cette histoire au fond de son cœur.

Elle se prenait souvent à méditer, à réfléchir et à refaire le script de cette aventure qui n’avait duré qu’un moment,  et qu’elle avait pris pour une réalité incontournable.  Des mots d’amour qui résonnaient comme un chant, une romance et qui avaient le goût sincère et réel d’un sentiment qu’elle avait cru unique.

Elle le supposa longtemps partagée néanmoins à un jeu de dupe qui,  pour elle, dura une éternité.

Un jour, elle le rencontra par le plus grand des hasards et en fut bouleversée. A peine un regard de ses grands yeux noirs et déjà, il disparut sans la voir. Elle sentit qu’il ne restait aucun souvenir d’elle dans cet homme. Elle s’arrêta. Elle demeura sur place à compter le temps qu’elle avait passé à l’attendre, à l’aimer secrètement.  Elle s’indigna et pleura un long moment en vain.

Le visage en larme, une fine pluie tombait maintenant ruisselante et salutaire.  L’eau s’infiltrait  régulière et douce sous ses vêtements.  Elle restait dehors à savourer, déguster cette fraicheur qui lui faisait du bien. Cette eau la lavait, la douchait de ses vieux souvenirs dessués et la rendait propre et  légère.  Elle sentit son âme renaitre et son cœur se libérer.

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Une rencontre JGobert

Sous un vieux saule éventré se cache une mare. Encerclé d’herbes folles,  ce petit point d’eau reçoit et abrite les petits animaux du coin. Apparaît souvent un être que peu de personnes aiment. Hideux sous sa peau boursoufflée, il n’a pas reçu les faveurs du créateur. Et pourtant, sa vie vaut bien celle d’une autre et sa laideur n’est pas un critère de sélection. Une grosse pierre l’accueille chaque jour et il prend un peu de chaleur quand le soleil apparaît. L'ayant aperçu plusieurs jours de suite durant ma promenade matinale, je suis revenu le voir. Ma patience se fait tendre en attendant mon nouvel ami. Celui-ci me fait attendre. La pluie se remet à tomber. L'été est pluvieux.  Et toute cette eau qui se déverse sur la nature la noie.

Mais d’un saut assuré, il se pose sur ce caillou et me regarde. Il a senti ma présence et ne bouge pas. Sa peau épaisse le protège et le dissimule, le rendant parfois invisible. Pourtant considéré comme utile et consommant de nombreux insectes, ce petit batracien est mal aimé et est une victime menacée.

Dans mes souvenirs d’enfance, dans les contes d’autrefois,  transformé en prince charmant ou en vilaine sorcière, cet animal a animé mes soirées et fait vivre mon imagination. Souvent associé aux maléfices et aux rituels magiques, il a occupé une place de choix dans la sorcellerie. Plus tard, traversant la légende des siècles, un grand poète l’a mis à l’honneur dans un de ses textes les plus forts et je garde encore l’émotion de sa fin tragique.

Un matin gris sous un ciel de pluie, je m’aventure dans le petit jardin jouxtant ma terrasse et découvre ce crapaud tapi dans un coin et ayant l’air apeuré et mal en point.  Il ne bouge plus et respire bruyamment. N’ayant que peu de temps à lui consacrer, je le laisse à l’endroit qu’il a choisi et promets de revenir dés que mon temps le permettra. Ma journée passe lentement et mon esprit ne quitte pas ce petit être hideux qui j’espère m’attend chez moi.  Mon travail terminé, je file à toute vitesse et plonge directement dans le jardin prenant soin de marcher doucement pour ne pas l’effrayer.  Il a disparu.  Ma déception est grande, j’aurai aimé l’aider avec le peu de moyen qu’un humain peut avoir sur un tel animal.

La pluie retombe avec force et me contraint de me mettre à l’abri, je rentre me sécher. Le matin suivant, à peine levé, je me rends sur la terrasse et cherche de nouveau ce batracien peut-être revenu.  Cette fois, il a bien disparu et n’apparaitra plus. Mon esprit s’envole et la vie trépidante reprend ses droits oubliant presque ce petit hideux.

Un soir, assis sur ma terrasse, écoutant les bruits autour de moi, un son inhabituel me fait tendre l’oreille et laisse mon attention en éveil. Un vilain bruit qui ne ressemble pas aux chants des oiseaux et qui, directement, me fait penser à ce batracien de la mare d’à coté. Mes yeux le cherchent et enfin, je le découvre dans les feuilles mortes. Il me regarde d’un œil vitreux et gonfle de nouveau sa gorge délivrant ainsi ce son si particulier. L’espace d’un instant, nos regards se croisent. Un moment de grâce que souvent les humains se refusent. Un minuscule instant d’humanité si rare entre race. Une étincelle de vie entre espèce. Ma soirée est rayonnante et je savoure ce plaisir si rare d’une rencontre si improbable.  

 

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Destinée JGobert

Bien entendu, elle sait qu’il ment parfois mais elle aime croire ce qu’il dit. Le voir évoluer devant elle  lui donne l’impression que le monde est aisé, commode. Tout lui parait fondamental, agréable et crédible. Elle renoue enfin avec une certaine confiance en l’être humain après des années de torpeur, d’angoisse.  Sa vie de petite fille n’a pas été facile et elle se réjouit de celle qu’elle va avoir maintenant.

Sa destinée, remplie de projets, de desseins n’attend que la bonne personne pour les réaliser. Elle y croit et rêve toute éveillé. Elle veut à tout prix ce bonheur. Sa détermination est importante, elle a eu le temps de la peaufiner des années durant dans les moments sombres de sa vie.  Elle va épouser cet homme.

Son ami de toujours  est blessé et lui fait une déclaration qu’elle n’écoute que d’une oreille tant son attention est détournée par l’autre projet. Elle n’en fait aucun cas et ce gentil garçon disparait de sa vie.

Après quelques mois de mariage, une déception cinglante lui arrive en plein visage et lui casse le cœur d’un seul coup.  Elle comprend, incrédule, ce qu’elle a déjà ressenti plusieurs fois sans y mettre de mots. Quelque chose ne va pas et ce mal être est bien présent et constant.

Elle oublie vite cet épisode. La vie se déroule néanmoins dans une certaine harmonie et les rêves se mettent en place avec une vraie facilité. Elle se réjouit que son destin se passe si satisfaisant  dans l’ensemble. Elle reprend de nouveau confiance et ne cherche plus à savoir ce que la réalité va lui apporter.

Elle fait bonne figure devant le monde. Son mariage est une réussite, tous l’envient.  L’image qu’ils renvoient est celle du bonheur, des gens heureux. Un superbe poupon fait son apparition et les comble ainsi que l’entourage.  Quelque chose ne va pas.  Sous ce spectacle idyllique couvent des moments de solitude, de tristesse, de grisaille.  Tout au fond d’elle se tisse un ouvrage de rancœur sur lequel elle ne peut encore mettre de mots. Elle se pose souvent la question de savoir si elle en est responsable.  Cette insatisfaction grandit continuellement et la laisse désemparée. Tout est pourtant comme elle veut mais manque une chose qui ternit cet ouvrage et commence à le rendre  invivable.

Son époux joue le jeu du parfait mari lui laissant l’impression que tout est de sa faute. Elle s’installe dans le doute et si au début les pieux mensonges la faisaient rire.  Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Dans cette quête de vérité, elle l’interroge et constate qu’il lui renvoie une image peu glorieuse. Il la dévalorise, la déprécie, la dénigre.  Elle est sans voix et son regard n’arrive plus à croiser celui de cet homme.

Elle comprend qu’un large fossé s’est creusé entre eux et que pour son mari, elle n’est plus une  priorité mais plutôt un statut, une façade de bienséance, de convenance. Sa vie se résume à paraître à ses côtés et à jouer le jeu.

Les déceptions sont nombreuses, les reproches aussi. Les années passent. Tous ces beaux rêves se sont réalisés malgré tout sauf celui d’être heureuse. Son ami la recontactait plusieurs fois sans qu’elle ne réponde.  Elle reste et ne sait pas pourquoi. C’est sa vie.

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