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Destinée JGobert

Bien entendu, elle sait qu’il ment parfois mais elle aime croire ce qu’il dit. Le voir évoluer devant elle  lui donne l’impression que le monde est aisé, commode. Tout lui parait fondamental, agréable et crédible. Elle renoue enfin avec une certaine confiance en l’être humain après des années de torpeur, d’angoisse.  Sa vie de petite fille n’a pas été facile et elle se réjouit de celle qu’elle va avoir maintenant.

Sa destinée, remplie de projets, de desseins n’attend que la bonne personne pour les réaliser. Elle y croit et rêve toute éveillé. Elle veut à tout prix ce bonheur. Sa détermination est importante, elle a eu le temps de la peaufiner des années durant dans les moments sombres de sa vie.  Elle va épouser cet homme.

Son ami de toujours  est blessé et lui fait une déclaration qu’elle n’écoute que d’une oreille tant son attention est détournée par l’autre projet. Elle n’en fait aucun cas et ce gentil garçon disparait de sa vie.

Après quelques mois de mariage, une déception cinglante lui arrive en plein visage et lui casse le cœur d’un seul coup.  Elle comprend, incrédule, ce qu’elle a déjà ressenti plusieurs fois sans y mettre de mots. Quelque chose ne va pas et ce mal être est bien présent et constant.

Elle oublie vite cet épisode. La vie se déroule néanmoins dans une certaine harmonie et les rêves se mettent en place avec une vraie facilité. Elle se réjouit que son destin se passe si satisfaisant  dans l’ensemble. Elle reprend de nouveau confiance et ne cherche plus à savoir ce que la réalité va lui apporter.

Elle fait bonne figure devant le monde. Son mariage est une réussite, tous l’envient.  L’image qu’ils renvoient est celle du bonheur, des gens heureux. Un superbe poupon fait son apparition et les comble ainsi que l’entourage.  Quelque chose ne va pas.  Sous ce spectacle idyllique couvent des moments de solitude, de tristesse, de grisaille.  Tout au fond d’elle se tisse un ouvrage de rancœur sur lequel elle ne peut encore mettre de mots. Elle se pose souvent la question de savoir si elle en est responsable.  Cette insatisfaction grandit continuellement et la laisse désemparée. Tout est pourtant comme elle veut mais manque une chose qui ternit cet ouvrage et commence à le rendre  invivable.

Son époux joue le jeu du parfait mari lui laissant l’impression que tout est de sa faute. Elle s’installe dans le doute et si au début les pieux mensonges la faisaient rire.  Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Dans cette quête de vérité, elle l’interroge et constate qu’il lui renvoie une image peu glorieuse. Il la dévalorise, la déprécie, la dénigre.  Elle est sans voix et son regard n’arrive plus à croiser celui de cet homme.

Elle comprend qu’un large fossé s’est creusé entre eux et que pour son mari, elle n’est plus une  priorité mais plutôt un statut, une façade de bienséance, de convenance. Sa vie se résume à paraître à ses côtés et à jouer le jeu.

Les déceptions sont nombreuses, les reproches aussi. Les années passent. Tous ces beaux rêves se sont réalisés malgré tout sauf celui d’être heureuse. Son ami la recontactait plusieurs fois sans qu’elle ne réponde.  Elle reste et ne sait pas pourquoi. C’est sa vie.

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Commentaires

  • Bonjour Rolande

    Pendant longtemps, très longtemps, dans la culture occidentale, le sujet d’amour comptait bien peu pour ce qui était de former des couples, de faire des mariages, pas seulement dans les couches sociales les plus aisées mais dans toutes les couches sociales même si ces couches sociales étaient très étanches entre elles. Ce qui primait, c’était des questions de terres, de biens, de titres à garder, à transmettre ou à acquérir. Et il est évident que les femmes étaient les premières et principales victimes de lois n’accordant pas grand-chose aux libertés individuelles, au respect des personnes, victimes aussi de décisions familiales, patriarcales et pire encore parfois de secrets de famille inavouables.

    Si l’on est en droit de penser que les choses se sont améliorées, que le droit d’aimer est bien davantage reconnu, que les femmes ont des vies bien moins soumises à des tas de choses contraignantes et exécrables, il faut tout de même s’interroger sur un tas de choses détestables qui demeurent ou qui se disent modernes mais qui au bout du compte sont de bien mauvaises façons de considérer l’amour comme un produit consommable et jetable comme bien d’autres.

    M’intéressant beaucoup aux affaires criminelles, j’ai posé dernièrement la question du pourquoi considérer le crime passionnel comme quelque chose qui puisse être entendu, compréhensible, et faire office bien souvent de circonstances atténuantes, et de verdicts cléments. N’est-ce pas là quelque chose d’étrange qui nous dit qu’aimer amène à tuer ? Ainsi pour l’affaire que vous évoquez, que vaut l’amour de ces deux amants qui sont si pauvres, si dessaisis de leur humanité sinon un mensonge tragique ?

     

    Bonne journée. Amitiés. Gil

     

  • Chère Josette,

    Je ne sais pas si à notre époque toutes les jeunes femmes choisissent de réagir ! Par contre, je connais fort bien des jeunes femmes prises au piège d'un amour exotique à s'en mordent les doigts.

    Hélas, elles sont bien obligées de s'y soumettre sous peine de voir leurs enfants faire l'objet d'un marchandage éhonté.

    Réellement prisonnières, tiraillées entre deux conceptions culturelles divergentes, il leur reste un seul espoir , primordial me semble-t-il, c'est de garder envers et contre tout une absolue fidélité à un un amour qui a illuminé à un moment leur vie.

    Les enfants issus de cet amour, vivant dans cet amour, ne pourront qu'en être illuminés à leur tour.

    Comme le disait notre ami Gil, bienheureux retour, que faire quand l'amour s'est envolé ? Que faire lorsqu'il se liquéfie en haine viscérale ? En arriver au meurtre ?

    Vous pensez que j'exagère. A peine. Ayant été témoin dans ma prime jeunesse d'un procès qui a fait la une des journaux de l'époque : une jeune femme assassinée sous les yeux de sa petite fille de trois ans à peine par un mari ayant une maîtresse !! Au tribunal les deux amants, unis par un amour que l'on peut qualifier de maudit, se sont déchirés à belles dents en se rejetant mutuellement la faute. …

    Et Dieu sait si les composantes culturelles n'étaient pas antagonistes. Bien au contraire !

    En effet, rien n'est jamais ni tout noir ni tout blanc. Et ce genre d'histoires se répète à l'Infini et sous toutes les latitudes et cultures.

    Amicalement. Rolande

  • Bonjour Gil.

    Tout n’est pas toujours tout blanc ou tout noir dans un couple. Et la question est de savoir si on peut vivre une vie de couple quand l’amour est parti.. Insatisfaite, elle l’est. Triste de voir son compagnon s’égarer dans une vie où elle n’a plus accès. Doit-elle pour cela rejeter sa propre vie ? Et être dans l’obligation d’en recommencer une autre. Il n’y a pas de choix raisonnable. Partir, rester, aimer, haïr, prendre, jeter.. Je pense que l’âge des personnages dans cette histoire pourrait changer le script. A notre époque, les jeunes gens ne se posent plus la question de rester ou de partir. Ils réagissent.

    Merci pour votre commentaire

    Amicalement

    Josette

  • Bonjour Josette

    A partir de ce texte, on peut évidemment s’interroger sur la vie de couple et la distance qu’il peut y avoir souvent entre ce qu’on peut en attendre, en espérer qu’on soit homme ou femme et ce qui est. Vous nous parlez dans votre texte d’une femme en grande partie insatisfaite dans sa vie de couple même si cette vie n’est pas miséreuse ou infernale parce que le mari est visiblement quelqu’un qui ment, qui triche, qui pense bien plus à sauver son image, les apparences qu’à se préoccuper de son épouse, de ses ressentis, de ses attentes, et qui rabaisse tant et plus cette femme. Pourtant, cette femme reste dans cette vie de couple là et elle persiste à repousser les avances d’un autre homme. On est en droit de s’interroger sur l’aspect judicieux ou pas, raisonnable ou pas, de ce choix là, de cet entêtement là, mais peut être bien qu’il y a des raisons à ça et qu’il est bien difficile de les cerner avec un texte aussi court où l’on ne sait pas qui sont vraiment les trois acteurs principaux, à quelle époque, en quel milieu social et culturel ils évoluent. Il reste que l’amour m’apparaît comme le personnage central de cette histoire, un héros paradoxal, repoussé, oublié, absent …   

     

    Bonne journée. Amitiés. Gil

  • Merci Marie-Josèphe pour ton passage.

    Amitiés

    Josette

  • Bonjour à vous toutes et bravo pour les divers commentaires !

    De mon temps comme on dit, il était bien plus difficile de tout envoyer promener car, le plus souvent, les femmes étaient stygmatisées. Si le ménach... ne marchait pas, c'était évidemment de leur faute : elle ne savait pas tenir une maison, elle se négligeait …. bref, des bonnes à rien.

    Les belles-mères et belles-soeurs étripaient la victime à qui mieux mieux …. et certains voisins et voisines également.

    Le mari profitait largement de cette déculpabilisation à sens unique.

    Bien sûr, il y avait également des femmes dites castratrices, de celles qui épousaient des vieux bien nantis, etc. Tout n'est jamais ni noir ni blanc.

    Seulement voilà, encore actuellement, certaines malheureuses n'ont pas accès aux systèmes de défenses mis en place et continuent de vivre un calvaire quotidien. Merci donc à Josette de parler en leur nom.

    Et, bravo à Adyne pour son courage qui lui a permis de s'épanouir et comment !!

    En fait, j'ai fait une erreur : il s'agit de « pervers narcissique »/

    Comme les coïncidences se pointent souvent à l'horizon, on annonce la sortie d'un livre 'L'amour et les forêts » d'un homme qui plus est : Eric Reinhardt .

    L'article de la Libre Belgique mentionne à « rencontre » : La prison d'un pervers narcissique avec la question suivante : « La littérature et l'amour peuvent-ils sauver une femme ? »

    Je vous laisse la surprise de la réponse.

    Très bonne journée à vous toutes ! Amitiés. Rolande.

  • administrateur partenariats

    Oui Josette.

    Envoyer en l'air est toujours très difficile, malgré parfois certaines apparences.

    La culpabilité dans ces moments -là étant le pire des sentiments à combattre.

    Souvent, des assistances psychologiques sont nécessaires.

    Certaines personnes d'ailleurs ne s'en remettent jamais vraiment.

  • Témoigner ne veut pas dire avoir vécu. Il est beaucoup de situations que nous vivons par procuration et qui, malgré tout, nous sont douloureuses.
    Les hommes sont ce qu’ils sont et vivent les souffrances de la même façon et l’expriment différemment peut-être et toutes les femmes ne sont pas toujours dans la possibilité, ni dans l’esprit de tout envoyer en l’air. Heureuses celles qui savent le faire si facilement.
  • administrateur partenariats

    Seuls ceux ou celles qui l'ont vécu peuvent en parler.

    Nous pourrions toute nous laisser aller à témoigner de notre douloureux vécu.

    Je dis bien toutes, car jamais un homme souffrant ne témoignera de cette façon.

    Encore une chose: ne diabolisons pas les hommes. Il y a tout autant de femmes folles et méchantes destructrices d'hommes, la différence est que les hommes ne se plaignent pas et quand ils fuient, ce qu'ils font

    moins souvent, ils n'ont pas les enfants, peut-être plus maintenant grâce à leur droit de recours pour la garde alternée qui n'existait pas auparavant.

    Je ne suis pas d'accord de stigmatiser de façon péremptoire les hommes.

    L'homme n'est pas un ennemi par définition.

    Ces hommes restent des exceptions.

    A leur épouse de prendre les mesures qui s'imposent, la femme n'a plus le droit d'être soumise de cette façon, à l'heure actuelle, nous avons toutes les informations à portée de main pour nous défendre contre de tels agissements. Les victimes sont parfois bien consentantes.

  • administrateur partenariats

    Se retrouver à la rue, et commencer à vivre enfin.

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