Enfermée dans cette pièce malodorante, malsaine, l'existence n'a plus le même piquant. La vie facile a viré au cauchemar. Loin de penser qu'un jour, elle se retrouverai dans une cellule, elle a joué, elle a perdu. Par toutes ses magouilles, elle a fini par attirer la foudre, la colère des hommes.
Etre entre deux gendarmes lui a révélé combien, à cette minute précise, la liberté est importante. Conduite les mains attachées dans le dos, dans un local décrépit, sale, lui laisse un goût amer dans la bouche, un véritable dégoût.
Enfermée, les heures s'égrainent et le temps prend soudain un chemin sourd, sa voix s'estompe dans l'enfermement. Plus personne ne l'écoute, ne répond à ses questions. Elle attend sans trop savoir son devenir. Elle se perd dans ce labyrinthe de lois. Elle a peur.
Des hommes passent, pleurent les mains dans le dos. Leurs yeux ont perdu l'éclat du dehors. Certains marchent comme des automates devenus craintifs. Ils obéissent à d'autres hommes. Ils sont condamnés à vivre dans un bâtiment clos.
Enfermée dans cette aile de femmes, son installation n'a pas été facile. Depuis quelques jours, elle partage son intimité avec une détenue qui ne l'apprécie pas beaucoup. Elle la déteste et sont maintenant face à face dans cette pièce fermée. La conversation est nulle et chaque geste est difficile. Chacune reste sur son territoire aussi petit soit-il. Le partage des tâches est odieux mais doit être fait. Même son sommeil n'est pas tranquille. Elle dort à peine avec cette femme près d'elle.
Enfermée, au début de son incarcération, elle a exigé beaucoup. Voir son avocat. Avoir quelques objets personnels. Prendre des nouvelles de sa famille. Mais ses supplications sont restées sans effet. Elle a demandé à avoir du coca. Hélas, il faut de l'argent pour se satisfaire en prison. Elle attendra des jours meilleurs.
Cette cellule d'un jaune sale la déprime de plus en plus. l'ampoule qui l'éclaire est à bout elle-aussi et le bruit du loquet la fait tressaillir. Ce lit en fer avec cette infâme matelas ne la satisfait pas non plus. Reste une petite ouverture sur la lumière du jour et de la nuit qui ne lui est pas accessible.
Enfermée, elle se prend à rêver à ce ciel qu'elle n'a jamais regardé, remarqué, trop occupée à faire ses coups foireux. Dehors, son besoin de liberté ne l'a jamais préoccupée. La vie était facile. Elle avait la chance avec elle. Elle ne pensait pas au mal qu'elle faisait par ses agissements délictueux mais bien réels.
Enfermée, elle connait aujourd'hui le sens de ce mot. Assisse sur son lit, elle voit partir cette femme peu loquasse qui lui adresse un sourire de défi, malveillant. Elle en tremble.
Elle a revu son avocat. Elle a eu des nouvelles de sa famille. Elle ira au procès. Elle fera sa peine et si elle se comporte bien, elle aura une remise de peine.
La liberté n'aura plus le même sens, la même saveur, le même charme. Elle sera précieuse.
Enfermée, elle a appris beaucoup sur la vie, la valeur des choses, la sagesse.
Ce séjour ne sera pas vain, c'est ce qu'elle dit.
Commentaires
Les prisons politiques sont les plus terribles. Etre interné pour un oui ou un non et risquer sa vie aux mains d'intégristes de toutes religions, d'idées est intolérable. Et c'est encore le lot de femmes actuellement. Il faut dénoncer encore et toujours et ne jamais tomber les bras.
Et parfois exécutés pour des mots, des idées... Le monde répète l'histoire indéfiniment....
Bonne soirée Gilbert
Amitiés
josette
Bonsoir Rolande, Si elle ne pense pas ce qu'elle dit. Le chemin est tout tracé et sa place toute trouvée. J'ose croire que le séjour a été profitable.
Les innocents sont légions en prison. Ils sont tous innocents selon leurs dire. Mais il est exact que parfois la justice des hommes se trompe et là, c'est le drame pour l'humanité entière. Payer pour quelque chose que l'on n' a pas fait doit être terrible et insupporable. C'est inacceptable.
Amitiés
Josette
Merci Yvette pour ton commentaire. Une prison est un endroit où l'on fait sa peine. La justice des hommes a donné la punition et elle doit être exécuter correctement, avec humanité. Certaines prisons ne sont plus au norme, bâtiments vieillots, dégradés, délabrés. Mais l'esprit qui règne peut parfois être respecté parce que nullement néfaste quoi qu'on dise.
Amitiés
Josette
Bonsoir Josette,
J'aime beaucoup l'ampoule qui elle aussi est au bout ! Votre description très détaillée fait froid dans le dos sans doute car elle concerne l'incarcération des femmes. Si l'on peut trouver quelque humanité ici c'est penser à ce que l'on fait subir aux femmes dans les prisons syriennes pour des raisons qu'elles ignorent ou qui ne méritent en tout cas pas autant de cruauté. Mais l'enfermement ne serait-ce qu'un jour, une heure même sans torture est une terrible sanction. Beaucoup devraient y songer avant de se lancer dans des aventures sans lendemain.
Mais c'est aussi un débat de société où la justice, la police, les témoins, les vrais et les faux, les pauvres et les riches les politiques ou encore les journalistes se prennent les pieds dans le tapis quand avec le temps et les rapports plus personne ne sait qui a raison ou tort. Tant pis pour celui qui est sorti de l'anonymat et a enfreint la règle, tant pis s'il est innocent, tant pis" s'il a dit la vérité," il sera exécuté ! ( Guy Béart )
L'enfermement peut prendre une toute autre saveur selon les circonstances.
Choisi, il vous mène à la Lumière.
S'il est contraint, l'angle de perception change et devient oblique. Tout dépend également d'où émane la contrainte.
Dans cette histoire, à nouveau très bien écrite Chère Josette, j'estime qu'il est normal pour cette délinquante d'accepter cette forme de punition. Après tout, ne l'a-t-elle pas mérité ? Apparemment, c'est ce qui semble se dessiner suite à l'arrestation et tout ce qui s'en est suivi.
Elle en semble consciente, du moins sous l'effet de la vie éprouvante qu'il lui faut accepter.
Mais elle semble déjà calculer comment s'en tirer le mieux possible. Reproduisant ainsi la même forme de comportement dont elle avait fait le miel de son existence.
Là, je vais soulever un point sensible : qu'en est-il d'une peine non méritée dont le couperet est tombé sur base d'accusations mensongères et de sordides manipulations ? Sans même avoir la possibilité de se disculper ? La blessure est incommensurable. Admettons même qu'il y ait ce que l'on appelle un "non lieu" ,il en restera toujours des relents de doute car ne dit-on pas "qu'il n'y a pas de fumées sans feu" ?
Oui, je pense qu'il il a des innocents en prison. Ce sont les plus à plaindre car ne pas être entendus, être soupçonnés de mensonges est la pire chose qui soit. L'histoire regorge de ces cas malheureux et destructeurs de vies. L'affaire Selznec, parmi d'autres, m'a toujours interpellée. Déjà lorsque j'étais enfant, à cette époque où son innocence a été reconnue et le véritable assassin démasqué .... si l'on peut dire !! Si mes souvenirs sont exacts, c'est sur son lit de mort qu'il a, enfin, avoué. Après avoir été responsable de la destruction de toute une famille.
Les procès en réhabilitation prennent beaucoup de temps et rouvrent des plaies encore vivaces.
L'innocence accusée !! Horrible.
Après avoir vécu une telle abjection, toute la confiance que l'on espère encore dans l'homme rejoint un point de non-retour dont vous vous remettez difficilement.
"C'est ce qu'elle dit ? " Permets-moi d'ajouter : Le pense-t-elle vraiment ? Pardonne-moi d'en douter.
Très bonne soirée à toi, Chère Josette ..... et bon rétablissement après ce qui t'est arrivé.
Bisous. Rolande
Une belle description de la privation de liberté.
Quand on regarde de l'extérieur, on se dit 'elle n'avait qu'à pas...'
Je ne pense pas que l'enfermement dans des conditions inhumaines soient la réelle solution pour certains. Comment justement rester humain quand on est considéré pire que des bêtes?
Amitiés,
Yvette