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Jacques mon fils JGobert

Des cris, des cris. Il n'arrête pas de pleurer, d'hurler. Georges et Clémence ne savent plus quoi penser. Ils entendent depuis des heures ce petit Jacques pleurer. Il n'est pas bien grand. Jacques est né en septembre. Mais ses cris minent Georges depuis hier soir. Pourquoi laisse-t-on pleurer petit Jacques de la sorte ?
 
Georges est une personne au grand cœur sous un air bourru et sa femme le sait. Ce n'est pas tant les cris qui dérangent Georges mais le pourquoi. Clémence ne comprend pas non plus et a de mauvais sentiments. Les parents du petit Jacques sont jeunes. Elle a vu des allées-venues, discrètes mais malsaines. Elle ne connait pas toutes ces personnes qui vont et viennent le soir sans faire de bruit.

Depuis que la guerre a commencé, les parents de Jacques ne travaillent plus. Ils vivotent sans se faire remarquer. Georges n'est pas dupe et sait qu'ils trafiquent. Mais tant que tout se passe bien, Georges se tait. Ill n'est pas homme à se mêler de la vie des autres.
Georges et Clémence ont une fille d'une dizaine d'années. Toute jolie, c'est un don du ciel et ses parents en sont fous. Elle s'épanouit et partage sa vie dans la tendresse et l'amour de Georges et Clémence.

Des cris, des pleurs. Ce Jacques ne se tait toujours pas et Georges s'énerve. Pourquoi n'entend-il pas de bruits dans la maison ?
Depuis hier, plus de visites. La maison ne résonne que par les cris de Jacques.
Clémence a bien essayé de passer et repasser devant la fenêtre, en vain personne n'est sorti.

Depuis que la guerre a commencé, des histoires, des bruits fondés ou pas se racontent dans les chaumières. Et la peur s'est installée. L'insécurité se repend dans les rues, le village, la ville. L'envahisseur est partout. Les dénonciations commencent. Les arrestations suivent. Les hommes partent, les femmes pleurent et les enfants ont faim.

Mais tout ceci n'arrange pas Georges et cette fois, après avoir entendu le petit Jacques se remettre à pleurer. Il se lève et frappe à la porte du voisin. Pas de réponses sauf les cris du bébé qui s'amenuisent.
Georges, d'un geste brusque ouvre cette porte et tout son être se fige dans le spectacle désolant d'une maison toute dévastée. Les cris de Jacques se font entendre dans la chambre et d'un pas ferme, Georges gravit les escaliers et tombe cette fois sur les parents, étendus, morts, assassinés. Dans son berceau, le bébé a été épargné et regarde Georges étonné. Il s'est tu et se laisse prendre et bercer. Le petit Jacques est dans un triste état, tout mouillé et cherche en vain à téter.

Clémence a suivi et après avoir poussé des cris d'effroi, s'empare du bébé et le ramène chez elle. Vite, un biberon, du lait tiède et un bon bain. Des vêtements propres et un petit lit chaud.  Le bébé s'endort sous le regard attendri du couple.
Les autorités sont venues, les corps sont partis, la maison fermée. Ils n'ont pas fait volontairement mention du bébé qui, placé dans un orphelinat, n'aurait pas beaucoup de chance par ces temps de misère.

Georges et Clémence ont gardé et élevé le bébé avec beaucoup d'amour, avec la peur qu'un jour, une ou des personnes viennent le reprendre. Ce ne fut pas le cas.  Jacques fut adopté beaucoup plus tard. Ce fils aimé ne les a jamais déçus, ni quittés. Il a reçu et donné beaucoup d'amour.  Il a été un fils exemplaire.


 
 
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Commentaires

  • Merci Rolande. Belle histoire très cruelle mais qui a bien fini grâce à des braves gens.

    Amitiés

    josette

  •  Bravo Josette, tu t'es surpassée dans ce récit tellement douloureux. Que beaucoup de gens ont connu et connaissent encore actuellement à l'heure des convulsions de notre Planète qui court vers quoi   ???

    La tendresse, l'amour et la compréhension semblent la déserter de plus en plus. La violence reprend le dessus et nous devons rester forts pour y résister. Ne pas céder à la colère, à la violence qui peuvent nous envahir nous aussi face aux méfaits impunis, au laxisme, à l'intolérance, aux manques dans tous les domaines.

    Je t'embrasse avec toute ma tendresse et beaucoup d'amour, le seul à même de nous sauver. Rolande

  • Merci Loïc pour ton commentaire.

    Amicalement

    Josette

  • Belle histoire pleine de tendresse et d'une dure réalité.....Amicalement.....Loïc

  • Merci Adyne.

    Excellente soirée

    Amitiés

    Josette

  • Magnifique histoire!Merci Josette pour ce moment de tendresse.

    Bonne fin de semaine.

    Amitiés.

    Adyne

  • Merci Nadine pour cette idée.

    Bonne journée

    Josette

  • IL y aurait je crois tout un livre à écrire sur de semblables témoignages , pourquoi ne t’attellerais tu pas à la tâche  ,,,?

  • Merci Jacqueline pour ton gentil commentaire. Un souvenir que ma grand-mére me racontait quand j'étais petite. Une histoire qui s'est passée pendant la guerre.

    Amicalement

    Josette

  • Heureusement qu'il y a des gens de coeur dans ce monde de brutes ! combien de petits êtres sans défense n'ont pas de chance dès leur arrivée sur cette terre ? le temps de guerre n'est pas prioritaire sur le malheur.

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