Pour le théâtre francophone belge: nouvelle mouture, regain, réveil:
Tout savoir sur le site Oiseaux de nuit
Propos sur l'enfantement d'une nouvelle maison d'édition belge
Visuels sur la page de couverture du réseau arts et lettres
Pour le théâtre francophone belge: nouvelle mouture, regain, réveil:
Tout savoir sur le site Oiseaux de nuit
Propos sur l'enfantement d'une nouvelle maison d'édition belge
Visuels sur la page de couverture du réseau arts et lettres
Depuis que je pense à toi
Je ne panse plus mes blessures
Et les mots que tu me susurres
Me laissent pantois.
Je voudrais m’égarer
dans l’ombre profonde
d’avant l’aube
et renaître
avec des ailes
quand se soulève
le chant des oiseaux
................................
Martine Rouhart
L’œil, la main, le lapidaire
(L’Art et la Matière)
L’œil appréhende, examine, perce, envisage
Dans l’inerte, le brut, la trace de quelque visage
Pierre roulée amasse dendrites, inclusions, formes
Mémoire des temps immémoriaux, informes.
Devant l’innommable, l’inconnu, l’étrange
La main soupèse, évalue, espère et tranche
La tête sur le billot, la silhouette, le paysage
Certains voient dans cette révélation un présage.
Dans l’ombre de l’atelier le lapidaire est un expert
Hasard ou intuition, heuristique et probabilité
Il discerne, interprète, modèle l’objet à façonner
Qui sans lui ne serait que galet, caillou sans vie.
En la matière, sa savante lecture des pierres
Taille, clivage, sciage, polissage et manière
Mettent en lumière et offrent à l’imaginaire
Du cristal inanimé, son âme, ses mystères.
Artiste obscur, artisan habile et téméraire
Devin, maïeuticien d’une réalité augmentée
Pour nos sens à jamais émerveillés, ravis
De ce tour d’où jaillit l’étincelle, l’esprit.
Michel Lansardière
(photos coll. M. L.)
Si vous voulez tout savoir sur les pierres présentées en interlignes tels des culs-de-lampe historiés et le travail du lapidaire, je vous convie à lire le billet suivant :
« Voyage au cœur du cristal »
https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/voyage-au-c-ur-du-cri...
Je dédie ce poème aux artisans d’art, et plus particulièrement à mon grand-père.
Penché sur son banc de finition, cette photo ancienne d’un lapidaire allemand me le rappelle.
Mêmes gestes, même attitude, même silhouette, même amour du travail bien fait, même air bienveillant. Flamand (de Lede), il fit la guerre de 14-18, qui le rendit antimilitariste, s’installa et se maria en France.
Il m’éleva avec ma grand-mère jusqu’à son décès en 1966. Il était artisan-bottier.
Il s’appelait Petrus Flonius Bijl (Pierre Byl pour l’état civil français, mais il resta Belge jusqu’au bout),
ma grand-mère l’appelait Floni.
Je pense souvent à lui.
Mon petit fils (23 mois) montre l'exemple afin de diminuer l'empreinte carbone...
Chronique d’une onde de choc. Tout comme le hashtag #Metoo qui depuis 2017 révolutionne les esprits, le spectacle "ACCUSE,E " se veut être un électrochoc pour secouer notre société de son indifférence face au viol, une offense capitale. Afin de cesser de mettre systématiquement en doute la parole des femmes, pour dénoncer les prédateurs, pour faire cesser l’impunité des agresseurs.
Écrite par Clémence Baron, la pièce a tous les accents d’une histoire vraie. Monsieur Valeur, ancien copain de classe, offre un verre à Mademoiselle Leduc. Alexis Hubert, parfait comédien, c'est le beau gosse qui joue Gaspard Valeur! Avec des copains, il la kidnappe et la viole après l’avoir droguée. Elle n’a, vu son état de souffrance et d’abrutissement, pas la possibilité d’exprimer son refus de la relation sexuelle. La drogue, les coups ne lui ont pas laissé le temps de dire non. Elle est dans un état de sidération total, affaiblie par la violence déchaînée sur elle.
Après l’aveu difficile à sa mère, ses parents saisissent la justice car la jeune-fille a 17 ans. Le calvaire qui s’en suit , jusqu’à la fin du procès en assises, est une descente aux enfers qui dure cinq ans, pendant que le présumé coupable a tout le temps de préparer pour sa défense un portrait parfait de son avantageuse personne, lui, un fils de bonne famille. Louise est moquée sur les réseaux sociaux, sa santé et ses études sont compromises. Elle touche le fond du désespoir. Toute la vie de la famille est bouleversée, celle-ci ne fait plus que survivre péniblement tandis que de nouveaux malheurs s’accumulent. Louise aurait préféré mourir cette nuit-là!
"Cette nuit là, ils m'ont volé quelque chose.Cette nuit là, je suis morte en continuant à vivre."
Le spectateur peut se voir dans la position d’un membre du jury d’assises. L’écriture relate bien sûr le point de vue de la victime, le violeur est vu par ses yeux. Elle consigne l’argumentation révoltante de l’avocat du violeur, ce qui remplit le spectateur de juste colère. En dépit de la prise de parole de cinq autres comédiens dont le jeu reflète bien l’atmosphère étouffante du procès d’assises, on garde les yeux plongés dans le yeux magnifiques de la comédienne, Clémence Baron, qui joue le rôle de la victime. Plus l’action se développe, plus la lumière inonde son visage, est-ce l’œuvre de la résilience? L’œuvre de la thérapie par le verbe? La parole, revenue, on sent circuler une empathie palpable. Ah quelle excellente comédienne! Et quelle impeccable diction. On se met à regretter, à tort bien sûr, que la loi protectrice des citoyens dans un état de droit fasse que la victime soit déboutée quand elle ne dispose pas de preuves concrètes de la culpabilité de son agresseur. Pourtant Il s’agit bien de la survie de la victime dont la personnalité a été avilie versus le risque de laisser un coupable en liberté et de priver la victime d’une honorable réparation! Mais qui peut risquer d’établir un jugement qui mettrait un innocent en prison, sur des convictions non appuyées par des preuves tangibles? On ne peut pas verser dans l’émotionnel. Pas étonnant dès lors que les jurés détournent les yeux de la victime qui réclame le droit d’exister.
Dénoncer les actes répréhensibles, mettre aussi le spectateur devant les imperfections de notre justice, devant cette justice parfois à plusieurs vitesses, dénoncer cette blague cynique d’éligibilité au viol. Rendre la vie à une victime avérée, sa dignité, sa lumière. Lui rendre sa personnalité. La débarrasser de l’inévitable sentiment de culpabilité. Voilà les électrochocs que véhicule cette pièce étonnante jouée au théâtre de la Clarencière. Le lieu est petit mais l’émotion est grande et la révolte gronde...
En 2019 , à Saint-Nazaire, une victime de viol classé sans suite au motif d’une absence d’infraction s’est fait attaquer en diffamation. Rien n’est gagné.
Très belle distribution avec : BRIEUC DUMONT, PSYCHIATRE EXPERT, POLICIER, AVOCAT GENERAL, ROMANE SAVOIE, LA PRESIDENTE, COLIN DOUCET, ADAM, ALEXIS HUBERT, GASPARD VALEUR, MATHILDE TOUBEAU, LA MERE (SYLVIANNE LEDUC), CLEMENCE BARON LOUISE LEDUC
Mise en scène : CLEMENT BAAL ET LUCAS BISCOMBE, Photos : Diana Vos
Du 10 au 19 septembre 2020 au théâtre de La Clarencière Rue du Belvédère, 20 1050 Ixelles http://www.laclarenciere.be fabienne.govaerts@skynet.be
+32 2 640 46 76
Préface par Jean Olivier
Auteur du livre « A la recherche de sens : 200 noms de dieux », éditions « edipro ». Cet ouvrage constitue une analyse pertinente de l’émission produite et réalisée pour la RTBF par Edmond Blattchen et Jacques Dochamps entre 1992 et 2015.
Vous avez dans les mains un ouvrage qui va vous surprendre. Un roman écrit par un poète : un vrai.
Un auteur amoureux d’un vocabulaire maturé, avec le rythme de phrases « musicales » qui procurent cette essence si particulière au goût des belles images, pour décrire un village, ses habitants, leurs relations familiales, amicales, amoureuses, leurs conflits, leurs chagrins, leurs espoirs.
Ils sont à peine sortis du dernier conflit mondial et apprennent à revivre dans le contexte d’une renaissance propre aux années 60-70.
C’est aussi la renaissance d’un des protagonistes qui a cru se réfugier dans l’alcool pour échapper à ses angoisses, à ses incohérences, à ses errements mais atteint le fond de son labyrinthe.
Sommes-nous en Ardennes, en Hesbaye, en Provence ? Peu importe le nom du village et de ses habitants : le récit d’Alain NINANE est universel.
C’est un roman, c’est un drame, une comédie théâtrale qui aborde aussi la philosophie dans le quotidien de la vie… de chacun d’entre nous.
Excellent prosateur, le poète a quand même cédé à la tentation : il a pris soin de glisser quelques poèmes, comme des pépites d’ambre enluminant son texte.
Jean OLIVIER.
Le sociologue et historien Abdelmadjid Merdaci s’en est allé rejoindre le « foundouq[1] » où l’avaient précédé ses « Compagnons de Sidi Guessouma » (éd, du champ libre) qu’il m’a narré ce 30 juillet 2019 à la librairie mediabook de l’Enag[2].
Intarissable telle une source d’où ruisselle les chants citadins qu’il avait à cœur de diffuser à nos jeunes, le défunt n’a eu de cesse d’évoquer les « noubat » du « Malouf[3] » algérien
mais aussi du « Chaabi[4], » qu’il narrait telle une histoire algérienne. Curieux, l’auteur du livre « GPRA[5]. Un mandat historique. 19 septembre 1958-3 août 1962 » y prenait place là, où il y’avait le débat autour du livre. Notamment, à la librairie baptisée au nom de Chaïb-Dzaïr[6] de l’Anep[7], où le défunt narrait avec l’aisance du verbe qu’on lui connait, l’épopée musicale d’« Ezzine El Meqnine[8] » au lendemain de la mort d’Amar Ezzahi[9]. Si tant et bien qu’il m’a dit sur le ton de la confidence : « Peux-tu m’aider à trouver un ouvrage ? Je suis à la recherche d’un livre sur les fontaines d’Alger ! » Ce à quoi mon ami, le journaliste Abdelhakim Meziani lui a répondu sur un ton amusé: « T’as l’auteur en face de toi ! » Et c’est ainsi que je lui offert mon livre « Alger la mystique » (Ziyarat autour de nos fontaines) (éd, Tafat/Aframed 2018) dûment revêtu de ma dédicace. Et depuis, je n’ai eu de cesse de rencontrer cet universitaire et d’apprendre davantage auprès de l’homme de lettres qu’il était. Particulièrement lors de cet après-midi du 8 mars 2020 lorsqu'il rendait hommage à l’Algérienne à travers son livre qu’il m’avait dédicacé : «Tata une femme dans la ville » (éd, Champ libre) à la librairie du « Tiers-monde » d’Alger. Maintenant qu’il est loin d’ici, ses interventions vont manquer à l’Algérien et à l’Algérie, car il part, alors qu’il avait encore si tant à donner à l’univers de la littérature. Qu’il repose en paix depuis ce vendredi 18 septembre 2020 au cimetière central de Constantine sa ville natale, où une foule immense l’a accompagné à sa dernière demeure. Pour le souvenir, le défunt était le papa de Meriem Merdaci, éditrice du « champ libre » et ancienne ministre de la Culture. Ceci dit, J’émets le vœu que Dieu apaise la douleur de ses proches et de la famille littéraire. Alger, Louhal Nourreddine, le 18 septembre 2020.
[1] Hôtel.
[2] Entreprise Nationale des Arts Graphiques
[3] Désigne le répertoire de musique savante arabo-andalouse algérienne de l'école de Constantine et dont la tradition se rattache à la ville de Séville en Espagne musulmane.
[4] Le chaâbi est un genre musical né à Alger au début du XXe siècle signifie « populaire ». C'est l'un des genres musicaux les plus populaires d'Algérie et il dérive de la musique arabo-andalouse.
[5] Le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), est le bras politique et gouvernemental du Front de libération nationale (FLN) durant la guerre d’indépendance de l’Algérie. Le GPRA a négocié les accords de paix (accords d'Évian) avec la France en 1962.
[6] D’Zaïr Chaïb est la première martyre de la guerre de Libération nationale, tombée sous les balles de la soldatesque coloniale le 19 novembre 1954 et ce à l’âge seulement de 26 ans. Fille de Dali Bennchouaf, caïd et propriétaire terrien, D’zaïr avait, semble-t-il, une vie toute tracée avant cette fatidique attaque par l’armée coloniale de la ferme de son père située près de Medjez Sfa dans la wilaya de Guelma au pied des monts de Béni Salah.
[7] L'Agence nationale d'édition et de publicité (Anep)
[8] Le beau chardonneret.
[9] Il s’agît du chanteur Amar Aït Zaï, Ezzahi dit de son nom de scène Amar Ezzahi (1941-2016) est un chanteur, compositeur et interprète de chaâbi algérien.
A l'abri des ombrages
Où le jardin respire
L'été n'est que sourire
Et brise... reste sage!
Dans souvenirs je nage
Doux soleil peut guérir
Je fais fi des soupirs
Et reprends l'avantage...
A deux pas de l'automne
Certes, le cœur frissonne
Et je rêve à ta peau...
Le regard au lointain
Je cherche un monde beau
Où tu seras demain...
J.G.
QUINZE RENCONTRES ARTISTIQUES
Daniel Bastié -103 Pages - Editions Ménadès
Quinze personnalités artistiques, toutes différentes et uniques, et un regard sur leur manière de procéder. Qu’ils soient écrivains, compositeurs ou peintres. Il s’agit de rencontres effectuées pour la revue « Bruxelles Culture » et qui présentent succinctement les activités de chacun au rythme de questions-réponses conviviales et participatives. Les quinze artistes sélectionnés apparaissent par ordre alphabétique. Bien entendu, à l’ère d’Internet, on ne peut que vous inviter à découvrir davantage de leur production par le biais d’un ordinateur. Bandes musicales, panorama de dessins et couvertures de livres foisonnent sur la toile en quelques clics de souris via des sites personnels, Youtube, Amazon, Babelio, etc. Focus sur Jean-Louis Aerts, Frank Andriat, Ariane Bosquet, Jeannine Burny, Héléna Darcq, José Duchant, Sabiha El Youssfi, Maurice Frydman, Fabrice Gardin, Hugues Henry, Corinne Hoex, Joël Jabbour, Clément Martinery, Maria Palatine et Henri Seroka.
Un volume II est annoncé d'ici la fin de l'année !
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LES CHEMINS INTERDITS
Gus Rongy - Editions Ménadès - 284 pages
Une partie de ce récit est autobiographique et s’inspire pour certains faits de la réalité politique, notamment des actions terroristes survenues dans les années 80, dont les auteurs étaient un groupe d’extrême-gauche.Le héros a neuf ans au début de la guerre et assiste à la mort brutale de sa mère.Il est recueilli par une tante et un oncle pudibonds et dévots, qui l’élèvent dans la crainte de Dieu et l’horreur du péché.Dès son adolescence, il est mis en garde contre les plaisirs malsains, notamment les mystères de la chair, de manière que son existence se déroule à l’abri des tentations et ne s’engage pas dans les chemins interdits. Jusqu’au jour où, devenu professeur, il rencontrera la Femme, voluptueuse, une et multiple qui, comme chacun sait, est un des innombrables pièges du Démon. D’enchantement en désillusion, il sera le jouet d’un destin absurde qui laissera sa vie suspendue à un fil.
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La faille - Gus Rongy - Editions Ménadès - 183 pages
Dans ces trois nouvelles, l’auteur rompt avec ses habitudes.
En général, il est rare qu’une histoire ne comporte aucun trait d’humour, soit dans le développement, soit dans la conclusion, souvent inattendue.
Ici, au contraire, les trois récits baignent dans le drame.
Le premier, où il est fait référence au fantastique, se déroule dans une grande surface, dont la description évoque à s’y méprendre le défunt grand magasin de la rue Neuve, l’Innovation, tragiquement détruit dans un incendie en 1967. Même cadre, même architecture, même disposition des rayons.
Le personnage central du deuxième récit est la victime d’un grave accident de moto dont les conséquences sont physiquement désastreuses. Pourtant, dans son malheur, tout espoir ne lui est pas entièrement retiré : il arrive encore à s’accommoder de son état.
Quant au troisième, il s’agit d’un drame de la trahison amoureuse dont la conclusion est particulièrement sordide.
Voilà le lecteur prévenu.
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Trois pauvres culs s'en allaient de par les routes
De la belle France en devisant sur leurs tristes noms :
Un faux-cul, un lèche-cul et un cul-terreux, sonnant pareil somme toute
Mais auxquels il faut y chercher de subtiles explications !
Le premier s'adressant au second lui fit cette déclaration :
"Monsieur, n'êtes-vous point dégoûté d'être pris pour un chien
Qui pour sa pitance se doit aussi lécher son voisin,
Ce dernier ne lui laissant, bien repu, qu'une dernière portion ? "
"Eh, mais mon brave on s'en sort comme on peut !
Vous même n'êtes vous pas vêtu du costume de l'hypocrisie ?
Ne passez-vous pas votre temps à tromper à qui mieux-mieux
Qui veut entendre vos basses flatteries ? "
Le cul-terreux qui de son apparence ne fut pas consulté
Se dit que ces deux pauvres culs de la terre de France,
Gênés par la terre dont son derrière était maculé
Allaient devoir comme lui bientôt retrousser leurs manches !
S’bah El Kheir Âalikoum mes ami(e)s ( Bonjour) ! N’harkoum Mabrouk (Bonne journée)! Le bon vieux temps dit d’un autre « ton »! En l’occurrence celui de la tonicité du verbe qu’on a choisi de concert avec mon ami, le journaliste Amine Goutali du quotidien « Horizon » pour dire toute la détresse des Casbadjis[1]. Et à y penser, à l’intonation de l’écho qui n’a reçu cependant aucun autre « écho » de la part de l’autorité en charge de la rénovation de ce site historique, j’ai plaisir à me remémorer cette aventure humaine que j’ai vécue à battre le pavé à la Casbah avec mon ami Amine Goutali lors d’un reportage dans ce site classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 1992. Autant de délices que j’ai plaisir à vous convier à lire, histoire d’humaniser cette funeste période d’isolement (Confinement) qui fera sans doute date dans la mémoire collective. Bonne lecture et excellente journée. Alger, Louhal Nourreddine, le 14 septembre 2020.
[1] Habitant de La Casbah
Autre décision courageuse, outrepasser les lenteurs qu'engendrent les clauses du code des marchés publics, qui ont tendance à précipiter le monument dans la déliquescence. Réagissant à la décision du ministre de la Culture, de transférer le dossier de la réhabilitation de La Casbah à la wilaya[1] d'Alger, l'écrivain-romancier Louhal Nourreddine, digne fils de la vieille médina- à laquelle il a consacré toute une œuvre- estime que La Casbah requiert d'avoir un interlocuteur unique et de faire place nette de toute une pléiade d'opérateurs budgétivores.
Horizon : Comment estimez-vous la décision du ministère de la Culture de rétrocéder l'épineux dossier de réhabilitation de la Casbah à la wilaya d'Alger ?
Louhal Nourreddine : Pour qu'elle soit judicieuse, la décision est d'autant pertinente, voire rationnelle ! D'ailleurs, ce n'est qu'un juste retour des choses qui progressaient si bien, du temps où la tâche de sauvegarde de La Casbah relevait des compétences de la cellule fonctionnelle de réhabilitation et de la gestion urbaine de La Casbah, qui a été créée le 3 janvier 2001 par un arrêté de la wilaya d'Alger. Pour ce qu'est du palmarès, la cellule s'enorgueillit de la mise en valeur de « Dar Essouf » (La maison des laines) qui abrite le siège de l'école nationale de conservation et de restauration des biens culturels, sis à la « z'niqa[2] » des frères-Mohamed-Ahmed-Mechri (ex-Henri-Klein[3]), grâce à une poignée d'ingénieurs de l'école algérienne et au savoir-faire d'opérateurs locaux, dont l'Entreprise communale de Bab El Oued, qui s'était également illustrée à Dar Mustapha-Pacha en termes de prise en charge efficiente en matière de restauration et de confortement de l'actuel musée public national de l'enluminure, de la miniature et de la calligraphie.
Se voulant efficace, l'Entreprise communale de Bab El Oued, et de concert avec un staff technique restreint, avait satisfait à ses obligations contractuelles, notamment pour ce qui est des travaux préparatoires, de consolidation et la phase des tâches de restauration qui ont abouti à la livraison de ces monuments au mois de juin 2005. Outre cela, la cellule avait procédé à l'embellissement du mausolée du saint homme Sidi Abderrahmane Ethâalibi et des « Dahir[4] » de Sidi Ouali Dada et de Sidi Mansour, grâce à deux bureaux d'études qui supervisaient deux entreprises qui avaient fait leurs preuves dans la restauration du mausolée de Sidi Boumediene à Tlemcen. Seulement, l'œuvre de la cellule à laquelle l'ancien wali[5] délégué de Bab El Oued, avait apporté sa contribution, fut stoppée net dans son élan et le staff fut prié d'évacuer le siège qui était situé en face des vestiges du café des sports à Zoudj-Aïoune[6] dans la Basse-Casbah.
-La phase de réhabilitation s'est avérée tatillonne et le chantier n'a pas encore dépassé le stade des travaux d'urgence... Quelles sont les raisons de cette situation ?
De nos jours et depuis l'adoption en 2012 du plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur, la vieille médina vit au rythme du cérémonial de sa Journée nationale, qui coïncide chaque année avec le 23 février. Et, au lieu qu'elle soit une rencontre « bilan », afin d'estimer ce qui a été fait ou se préoccuper sur le reste à réaliser, au contraire, la Journée de La Casbah prend l'aspect d'un rendez-vous... convivial. Sinon, qu'elle se folklorise pour faire le tour des « z'niqat » dépavées de la vieille médina. Du reste, la Journée de La Casbah n'est rien d'autre qu'une opportunité d'accolades entre d'anciens « ouled el houma[7] », qu'à l'ambition de mettre un terme à l'effarante phase d'écroulement de douerate[8]. C'est le cas de Djamâa El Barani (Mosquée de l'étranger) sis sous les fortifications de Dar Essoltane[9], sur l'avenue Taleb-Mohamed à Bab Djedid. Donc, La Casbah ne tient qu'aux « béquilles » qu'il va falloir suppléer à l'aide de travaux de confortement. Seulement, les modalités du choix de l'opérateur et de l'ouverture de chantiers obéissent à la lenteur des dispositions du code des marchés publics, en dépit de l'urgence et de la spécificité des travaux liés à un ouvrage digne de durer dans le temps. Au demeurant, l'urgence est à la restauration des « z'niqat » Malaïka-Benaïssa (ex-Caton), l'îlot de Sidi-Abdellah ainsi que la venelle Brahim-Fateh, qui sont perpendiculaires à la rue Amara-Ali dit Ali La Pointe et qui menacent ruine. Autant dire que le péril est au coin de toutes les z'niqat, notamment au « sabat » (voûtain) Abencerage, où l'écheveau d'étais augure du pire. Et comme si le lot d'éboulis ne suffisait pas au malheur des Casbadjis, voilà que la culture de l'oubli s'en mêle et efface la plaque commémorative rivée au fronton des vestiges de la douera 9, rue de Thèbes, en hommage aux victimes de l'abject attentat qu'avaient perpétré, toute honte bue, par les Ultras français d'Algérie en ce funeste soir du 10 août 1956 durant la guerre d'Algérie.
-Que faut-il faire justement pour sauver ce pan entier de notre identité des affres de l'oubli ?
Sachez qu'en guise de reconstruction à l'identique, le « darbouz », ou la rampe du « Foqani » (palier supérieur) en bois des douerate, a été remplacé par une hideuse murette en briques. Les cas sont d'autant réels à Bir Djebah[10] et sur la terrasse de la Gariba[11] de la rue Ouchfoun-Mustapha où les malfaçons témoignent de l'indigence d'un savoir-faire que nos maçons ne maîtrisent pas. D'où l'urgence d'intensifier les sessions de formation pour la promotion d'ouvriers spécialisés dans le confortement du vieux bâti et de sélectionner les entreprises performantes, titulaires d'authentiques références en matière de restauration de sites et de monuments historiques. Autre décision courageuse, outrepasser les lenteurs qu'engendrent les clauses du code des marchés publics, qui ont tendance à précipiter le monument dans la déliquescence. Tout bien considéré et eu égard à sa notoriété universelle, La Casbah requiert une volonté politique de sauvegarde de la dimension d'un plan « Marshall ». Pour y parvenir, le mieux est d'avoir un interlocuteur unique et de faire place nette de toute une pléiade d'opérateurs budgétivores, à l'instar de l'Ogbec et de l'Agence de sauvegarde qui s'emmêlent les outils sur le terrain de leurs prérogatives. Ce n'est qu'à cette condition que l'on sauvera ce qui reste à sauver d'une perle méditerranéenne, qui reste l'excellent alibi à l'accession d'un logement, car à l'usure du temps s'est ajoutée aussi la main de l'homme, qui détruit sciemment une douera[12] qui n'est pas la sienne, pour y être relogé.
-Comment rendre son attrait touristique à la vieille médina ?
Jadis, La Casbah vivait de l'art de ses artisans, créateurs d'emploi et de richesse et mettaient ainsi de l'ambiance dans les venelles qui ne désemplissaient pas de visiteurs occasionnels et de touristes d'ici et d'ailleurs. Alors, et pour insuffler de la vie à La Casbah, le mieux est de tendre la main à la corporation d'artisans qui se comptent aujourd'hui sur les doigts d'une main, eu égard à la cherté des matériaux et de l'impôt.
En effet, la gérance d'une ébénisterie d'art, ou d'une dinanderie, nécessite de coûteux frais divers de gestion, puisqu'en plus de l'onéreux coût du bois, il y a aussi l'impôt annuel forfaitaire fixé auparavant à 5.000 DA et qui a été revu à la hausse, soit à 10.000 DA, eu égard aux dernières mesures d'austérité. Donc, cela s'en ressent sur la capacité de ces artisans à subvenir aux charges de leur couverture sociale. Il y a eu en 1979 l'abrogation de la carte d'artisan intitulée « Rasma El Aslia ». C'est dire la nécessité qu'il y a à rendre l'investissement attractif afin d'encourager l'artisan à aller de l'avant et à assurer une relève à même d'insuffler de la vie à la Casbah. Qu'on se le dise.
Propos recueillis par Amine Goutali et Publié dans le quotidien national « Horizons » du 13 septembre 2016.
[1] Équivalent de préfecture
[2] Rue.
[3] L’instituteur français Henri Klein (1864-1939) est le fondateur du « Comité du vieil Alger ». Soucieux de la préservation des sites, monuments et vestiges du passé d’Alger, il avait crée aussi la revue intitulée « Feuillets d’El-Djazaïr » en 1905 afin de contribuer à « la recherche de tous les éléments de nature à éclairer l'histoire d'Alger et la défense de sa richesse patrimoniale.» C’était là sa stratégie pour dénoncer les mutilations que l'administration coloniale assénait à l’esthétique architectural d'Alger.
[4] Mausolée
[5] Sous-préfet
[6] Les deux fontaines, disparues de nos jours.
[7] Les anciens de quartiers.
[8] Bâtisses traditionnelles.
[9] Le palais royal
[10] Puits de l’apiculteur
[11] L’étrangère
[12] Douera est le singulier de douerat (pluriel).
La mort règne. Imaginez un docteur Schnabel : silhouette noire, gants, grandes bésicles de protection portées sur un masque Vénitien en forme de formidable bec de corbeau, le tout surmonté d’un triste chapeau de fossoyeur. Pensif, il virevolte sur l’avant-scène sur les notes sombres d’un piano invisible. Sommes-nous en plein Moyen-Âge ? Au temps des pestiférés ?
Qu’elles sont loin les chères glorieuses au soleil, les années d’insouciance fertile, les rues grouillantes de monde affairé, les plages bondées de peuples heureux et dénudés, les salles de concert sold out, les théâtres pleins à craquer, les festivals débridés ? Disparus, les stades en liesse. Disparue, la foule, libre et sentimentale ! Disparus, les mots bleus du chanteur Christophe.
Et pourtant ce soir, le cœur du spectateur bondit enfin de joie, cette joie mêlée de perplexité, comme aux temps reculés de nos si joyeuses rentrées des classes. Le bonheur de vivre reviendrait-il à pas de loups ? Grâce à Thespis, goûterait-on à nouveau au plaisir des spectacles vivants après sept douloureux mois d’abstention ? Les artistes seraient-ils tout d’un coup ressuscités ? On remercie l’auteur de la pièce du fond du cœur qui appelle à la Rencontre . Aux retrouvailles entre public et comédiens en chair et en os.
Au théâtre du Parc hier soir, nous assistions à une Renaissance. On y croit de toutes nos forces, car sans les artistes, sans la culture, sans le lien vivant, nous sombrons tous dans une absurde morosité ou une très morose absurdité. Plus que l’oiseau noir, vénérons sans modération le phénix aux mille couleurs. La vie, tout simplement. L’oiseau bleu pour les grands sensibles.
C’est ainsi que le rideau se lève sur un directeur de théâtre cloué dans son Chesterfield couleur caramel, qui constitue à peu près le seul élément de décor. Au fond de la scène, on découvre les malles fermées où sont emprisonnés les accessoires et costumes de scène. Depuis avril 2020, le nommé Samuel Sherman attend le bon vouloir des autorités sanitaires pour ré-ouvrir les portes closes de son théâtre italien déserté. Son seul compagnon : un frigidaire des années 50... plein de surprises. La folie sera-elle au rendez-vous ?
Voilà son ami imaginaire : rien moins que Saint Ex, sanglé dans son habit d’aviateur qui va tenter tant bien que mal de remettre son alter ego en piste. Pas une mince affaire. L’acteur-directeur-manager osera-il jouer Hamlet ? Un vieux rêve. To play or not to play ! That is the question. Titre choisi par l’auteur pour cette comédie d’actualité. Le regard acéré de Thierry Debroux a pondu le texte en à peine une semaine de 4 août brûlant.
Car c’est le désespoir pour le monde oublié des artistes. Dans une fertile colère, l’imagination reprend le pouvoir ! Les chants les plus beaux sont les plus ... La pièce moque les étapes de la pandémie, fustige les temps présents qui virent à l’acide, à l’amertume des bulles réduites. Elle fustige les décideurs de la peur tous azimuts, elle jure de ranimer le rire sous le masque. Elle renoue les contacts humains, elle défait les nœuds de l’étouffement.
Même si le virtuel nous guette, la visioconférence envahit le plateau. Chacun chez soi barricadé entre ses murs. 18 artistes aux noms prestigieux travaillent sous cloche. Par ordre alphabétique : Jean-Philippe Altenloh, Jacqueline Bir, Thierry Janssen, Anouchka Vingtier, et les enfants Ava Debroux et Lily Debroux. Et la participation amicale de Julien Besure, Ronald Beurms, Denis Carpentier, Jonas Jans, Nicolas Mispelaere, Thibault Packeu, Jean-François Rossion, Jérôme Vilain,…
Ils crèvent tous l’écran et son abcès d’inhumanité !
Daniel Hanssens lui est présent sur scène en directeur de théâtre alangui sur ce Chesterfield d’un autre temps, celui des roses et des soins jaloux à l’Autre, celui du regard essentiel du renard, celui des planches vibrantes d’énergie théâtrale. A ses côtés, Othmane Moumen, l’ami imaginaire, pétulant, sensible, généreux, never say never ! Le verre est certes plus petit mais il est rempli d’humour et d’émotion.
Que cette pièce courageuse soit le ferment de temps nouveaux et retrouvés.
Il faut apprendre à VIVRE normalement avec le virus. Et le reste est silence.
MARDI 8 SEPTEMBRE :20H30
MERCREDI 9 SEPTEMBRE :20H30
JEUDI 10 SEPTEMBRE :20H30
DU MARDI AU SAMEDI :19H ET 20H30
LES DIMANCHES :15H ET 16H30
SAMEDI 10 OCTOBRE :15H ET 16H30
SAMEDI 24 OCTOBRE :15H
DU 13 AU 17 OCOBRE ET DU 20 AU 23 OCTOBRE :20H30
RELÂCHE LES LUNDIS ET LE DIMANCHE 11 OCTOBRE 2020.