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Les roches 1/4 : GRANIT

Merci de me faire part de votre avis sur cette série de 4 poèmes.

Beaux sommets élancées, à-pics majestueux

Vertiges effrayants, glaciers aux reflets bleus

Vous bassinez dans la cristalline lumière

Vos granits des hautes montagnes aiguillères.

L’eau coule sur vos flancs jusqu’en-bas des vallées

Dessinant ses cascades en traits étoilés,

Buvant à souhait la pureté de votre air,

S’infiltrant dans vos failles vers le cœur de la Terre.

Vieille roche usée du massif armoricain

De la Forêt noire ou du massif bohémien

C’est encor toi, granit, qui soutient les campagnes

Aux collines masquées de forêts de cocagne.

L’air s’imprègne des lumières de tes cristaux

Quartz, micas, feldspaths agglutinés en chaos,

Imageant la ligne, la surface et le volume

En une unité symbolique et peu commune.

Tes feldspaths variés nourrissent nos prairies ;

Ta silice fait le sable et nos verreries ;

Ton micas offre l’argile et nos céramiques ;

Ta tripartition fait de toi un être unique :

Ton quartz évoque le beau monde de la fleur ;

Ton micas tient de la feuille et de sa minceur

Tes feldspaths collaborent avec les racines.

S’il manque le fruit, pourquoi pas la tourmaline ?

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LA NUIT...

La nuit est une amie, douce et compréhensive

Elle veille à nous donner les heures les plus exquises...

Et nous sommes fort ingrats poussés par le sommeil

D'oublier ses appâts et nos sens en éveil!

Magnanime, elle prépare des rêves en pagaille

Car on y fait bombance et même parfois ripailles!

C'est qu'elle nous veut vaillants, pour pouvoir nous bercer

Elle nous vole les heures mais nous offre des baisers...

J.G.

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Nouveau premier jour de juin

Songerie

Le premier jour d'un nouveau mois!
Mai terminé, juin commence.
Se continue mon existence,
Moins exaltants sont mes émois.

.

Souvent, je me plais à rêver
Ou médite en état d'attente.
Ma sérénité me contente
Or d'envies ne veux me priver.

Suis médusée par l'énergie.
Des changements insoupçonnables,
Qui resteront irréparables, 
Après avoir brisé des vies.

Parfois, une chance inouïe
Sauve des êtres à la dérive;
Sur une confortable rive
Les fait reposer éblouis.

Ailleurs agit la perfidie
D'une infernale cruauté
Qui prive de leur volonté
Des humains paraissant maudits.

Ces constats sont indéniables,
Pourraient faire douter de tout,
De la vie dégrader le goût. 
Les occulter est préférable.

Me semble doux et salutaire
L'oubli que crée la providence.
Il fait que cessent la souffrance
Et une pénible colère.

Subsiste pourtant la tendresse
Envers les aimés que la mort
A fait couler loin de tout port.
Ne s'efface pas leur adresse.

Le ciel en l'instant m'émerveille.
Des tonnes de neige éclairée
Restent figées dans la durée.
Mon être, en entier s'ensoleille.

Ier juin 2017

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administrateur théâtres

L’élan vers la liberté pour les amoureux du verbe,  et plus, si affinités…

Comment trouver une voie/sa voix pour dire 1962 ? Le 30 octobre 1962,  Jean Sénac, poète chrétien, socialiste et libertaire algérien rentre en Algérie après huit années d’exil et d’espérance. N’ayant jamais connu son père, lui-même, taxé de  « gaouri » (descendant des conquistadors), il trouve le pays en liesse. On célèbre le 1er novembre 1954, date anniversaire du déclenchement de la guerre de décolonisation. Dans ces retrouvailles, tout est bonheur, lumière, promesse : « les rues délirantes », « Alger, joie, enthousiasme, confiance, travail, beauté et fraternité », « beauté du peuple, les gosses, la jeunesse, les regards admirables » (Carnet de 1962).

 Né dans les quartiers populaires d'Oran, Jean Sénac sera assassiné à Alger le 30 août 1973 sans que l'affaire ne soit jamais élucidée.

Son recueil Poèmes est publié par Gallimard en 1954, avec un avant-propos de René Char, dans la collection Espoir dirigée par Albert Camus. Il  a osé employer l'expression « patrie algérienne ». Après sa rupture avec Albert Camus, il publie en 1961 le recueil Matinale de mon peuple. Contrairement au défenseur de la « trêve civile » et d’un compromis pacifiste, Jean Sénac  soutient  la cause indépendantiste et la lutte armée (FLN), s’engageant à corps perdu dans une triple quête de reconnaissance : celle du pied-noir qui milite pour l’unification de l’Algérie libre ; celle de l’homosexuel qui défend  l’affranchissement des corps ; celle du poète qui contribue à la naissance  de  la création algérienne contemporaine, que ce soit  en littérature  ou dans les arts plastiques où il tente de réconcilier l’esprit et la chair, dans l’avènement d’un homme nouveau.

Les mouvements d’extrême droite partisans de l’Algérie française prônent une virilité exclusive. L’érotisation de la poésie des amours particulières sert de métaphore pour le  prélude  d’une  réunification  politique  non réductrice de la nation qui est tout d’abord se doit d'être plurielle et de se prémunir de toute  tentative d’uniformité. Non, l’algérien n’est pas qu’un arabe musulman!

  

 Un seul mot peut déclencher

la tragédie des étoiles

un seul mot peut faire pousser

des amandiers dans le désert…

Le terme « diwân » désigne, en langue  arabe un recueil de poésie, et le n— ن —oûn  est une lettre femelle au tracé sensuel, placée en exergue de la sourate 68 du Coran, intitulée « Le Calame ». Le graphisme,  le Verbe sacré et l’érotisme s’entremêlent dans un « corpoème ». Le poète, au terme d’une véritable expérience mystique, touche le divin dans une étreinte très sensuelle, les corps s’unissant « en une chair spirituelle/ Mais animale tout de même et si belle ! »(« Diwân du Noûn », Œuvres poétiques 1967).

On était parti pour rester …et savourer longuement  les enfilades enthousiastes de  verbe brûlant du poète algérien, dont on découvre les textes  pour la première fois grâce à  la  patiente  orfèvrerie de Daniel LIPNIKet de Mario FABBRI. Las, tout passa si vite! Ces textes n’ont rien d’une piquette poétique ou d’un lourd poison baudelairien,   mais tout du vertige et on flirte d'emblée avec l’éphémère et la beauté.    Les poèmes bordés de rivages solaires sont profonds, sobres,  équilibrés, charnels et même noçatoires! Va pour la licence …poétique !

Impossible de ne pas tomber sous le charme du duo de musicalités si finement apparié!   Les cadences  verbales du diseur Mario FABBRI alternent avec des textes servis sur orchestration musicale,  qui sont divinement sublimés par le pianiste Daniel LIPNIK. Celui-ci  a choisi de jouer principalement  le répertoire hypnotique des Gnossiennes et Gymnopédies d’Erik Satie. La palette romantique du pianiste met en relief les tableaux imaginaires, les analogies auditives, les accents  charnels, les envolées spirituelles et les désespoirs abyssaux. De son côté, le conteur,  Marco FABBRI resplendit de charme, d’aisance et de charisme. La voix est belle et les regards intenses. Les  postures galbées, bien étudiées et toujours renouvelées,  ne semblent surgir que  de la spontanéité juvénile  autour du piano phare.

« Oh vous frères et sœurs, citoyens de beauté, entrez dans le poème ! » L’éblouissement musical et poétique a bien eu  lieu, mais il était  hélas, de très courte durée et tellement vite évanoui ! La soirée poétique  était en effet  bien trop courte au goût des spectateurs  médusés. « La beauté sur nos lèvres est un fruit continu…Tout est chant, hormis la mort ! »

 

Noûn Poèmes d'Amour et de Révolte

Sur les plages
l'été camouffle la misère,
et tant d'estomacs creux
que le soleil bronza.
Dans la ville
le soir entrelace au lierre
le chardon de douleur,
cet unique repas.

Noûn, un chant d'amour.
Noûn, c'est un dialogue musical entre une voix et un piano.
Ce sont des poèmes d'amour et de révolte s'entrelaçant à une partition instrumentale jamais figée.
C'est la rencontre de plusieurs univers qui font écho entre eux : un écrivain solaire et engagé, Jean Sénac, et les compositeurs Erik Satie et Frederico Mompou dont l'inspiration échappe à toute définition.

Le duo Mateo & Laëndi, c'est  un acteur et un musicien qui se conjuguent pour offrir l'ouverture de nos horizons.

' … Emblème de surpassement, le noûn signifiera pour Sénac l'accès au sublime, la mise en place d'une érotique poétisée. '

Un spectacle du Duo Mateo & Laëndi
Jeu, mise en espace : Marco Fabbri
Piano, arrangement musical: Laëndi Lipnik

Production et diffusion : MusikAnima

Ferme du Biéreau
Mercredi 17 mai  2017

Réservations : musikanima.com

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_S%C3%A9nac_(po%C3%A8te)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_d%27Alg%C3%A9rie

http://www.laviedesidees.fr/Jean-Senac-l-Algerie-au-corps.html

 

 

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