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Voyage dans l'abstrait

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- Pourquoi pas moi? Vrai pourquoi non?

J’ai un désir qui me tenaille.

En réfléchissant, je déraille.

Je l'entends me dire: à quoi bon?

J’ai un désir qui me tenaille.

Ne pas écouter ma raison!

Je l'entends me dire: à quoi bon?

Elle m'emprisonne, me raille.

Ne pas écouter ma raison!

Rien ne fera que je défaille,

Elle m'emprisonne, me raille.

Ferai basculer l'horizon.

Rien ne fera que je défaille,

M'échapperai de ma prison.

Ferai basculer l’horizon.

Découvrirai d'autres semailles,

M'échapperai de ma prison,

M'envolerai, vaille que vaille,

Découvrirai d'autres semailles,

Des jets de joyaux en fusion.

15 mars 1985

 

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ADMINISTRATEUR GENERAL

L’Espace Art Gallery a le plaisir de vous présenter du 11/06 au 29/06/2014 l’exposition  événement des artistes suivants : Fabienne Cristyn (porcelaines), Anne Monjoie (aquarelles et dessins), Marianne Modave (pastels), Anny Van Gorp (aquarelles), Philippe Vroye (aquarelles), Liliane Sanchez (peintures), Joël Coppens (collages), Catherine Colasse (photographies), Rosy Gutierrez (peintures), Catherine Van Haute (photographies), Bindels Myriam (huiles et aquarelles), Danielle Beaurain (écrivain), Françoise Giaiotto (céramiques), Dominique Leroy (dessins), Michèle Meijer (acryliques et aquarelles) et Israel Severine (photographies).

 

Collectif d’artistes multidisciplinaires dans le cadre de l’exposition événement des 40 ans de la Ligue en faveur des Insuffisants Rénaux A.S.B.L.

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Le VERNISSAGE a lieu le 11/06 de 18h 30 à 21h 30 et l’exposition du mardi au samedi inclus de 11h 30 à 18h 30. Et sur rendez-vous le dimanche.

 

Vernissage qui sera agrémenté d’extraits de Musique Celtique interprétés par la harpiste Françoise MARQUET.

 

Le FINISSAGE a lieu le 28/06 de 11h 30 à 18h 30.

 

                           

Collectif de la GALERIE :

        

         Marc LAFFOLAY (Fr) peintures et sculptures

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         Guillaume DEFINS (Fr) peintures

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A voir également « La grande table en bois » réalisée par l’artiste

Louis de VERDAL (Fr) sculpture

Exposition du 11 juin au 29 juin 2014.

 

Espace Art Gallery 35 rue Lesbroussart 1050 Bruxelles. Ouvert du mardi au samedi de 11h 30 à 18h 30. Et le dimanche sur rendez-vous. GSM : 00 32 (0) 497 577 120

 

 

INFOS ARTISTES ET VISUELS SUR :

 

Le site de la galerie www.espaceartgallery.eu

Le site de la galerie se prolonge également sur

Le réseau Arts et Lettres à l'adresse: http://ning.it/KUKe1x

Voir: https://artsrtlettres.ning.com/ (Inscription gratuite)

Diaporama des plus belles expositions de l'Espace Art Gallery :  

Voir: http://ning.it/KHOXUa

Les critiques de François Speranza sur Arts et Lettres :

Voir : http://j.mp/1dDwL9m

Expositions de l’Espace Art Gallery d’avril 2011 à avril 2014 :

Voir : http://j.mp/1dO2y7o

 

 

Rappel de l’exposition en cours : à ne pas rater !

 

-Titre : « Entre rêves et réalité » 

Artiste : Florence Penet (Fr) peintures

Vernissage le 21/05 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 21/05 au 08/06/2014

Finissage le 07/06/2014 de 11h 30 à 18h 30.

 

Voir le billet du critique d’art François Speranza sur l’artiste : http://j.mp/1mrYNwi

 

Voici la prochaine exposition de l’été :

 

En juillet la galerie est fermée.

 

-Titre : « Différents regards sur l’art » 

Artistes : Marc Laffolay (Fr) peintures et sculptures et Guillaume Defins (Fr) peintures

Vernissage le 06/08 de 18h 30 à 21h 30

Exposition du 06/08 au 31/08/2014

Finissage le 30/08/2014 de 11h 30 à 18h 30.

 

La rentrée culturelle à lieu le 10 septembre 2014.

 

Au plaisir de vous revoir à l’un ou l’autre de ces événements.

 

Bien à vous,

 

                                                        Jerry Delfosse

                                                        Espace Art Gallery

                                                        GSM: 00.32.497. 577.120

                                                        Mail de réponse eag.gallery@gmail.com

                                                        Le site de la galerie www.espaceartgallery.eu

 

Le site de l'Espace Art Gallery se prolonge également sur le Réseau Arts et Lettres à l'adresse: http://ning.it/KUKe1x

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Un homme de théâtre à Varsovie

 

 

 

Wladislaw Borowski était directeur de théâtre à Varsovie avant la dernière guerre. Jamais mon père ni ma mère n’ont prononcé son nom devant moi. C’était une sorte de tabou qu’ils observaient par respect pour ma grand-mère.

Il devait s’agir du frère de mon père. Il avait quitté la maison familiale parce qu’il était devenu amoureux d’une jeune fille qui n’était pas juive et qu’il voulait l’épouser. Ma grand-mère, ais-je appris  plus tard, refusait même d’entendre le nom de cette jeune fille qui n’était pas juive.

- Tout. Mais épouser, jamais. Un jour, c’est elle qui le désignera au bourreau qui le mettra sur le bûcher.

Je sais désormais d’où me vient cette vocation d’homme de théâtre qui a rempli toute ma vie. Mon père était cordonnier, mon grand-père était un petit marchand forain, mon arrière grand-père était un simple artisan. Personne dans mon ascendance ne s’intéressait au théâtre.

Un jour, sur Google, parmi d’autres Borowski, j’ai lu le nom d’un Wladislaw Borowski, homme de théâtre à Varsovie, mort durant la révolte du ghetto. La mention était reprise d’un texte publié sur un autre site de recherche.

Sur le site lui-même, sa personnalité était plus détaillée. Le lieu de sa naissance, le nom de ses parents, celui de son épouse, elle était la nièce d’un membre de l’épiscopat polonais, tout confirmait qu’il était ce frère que la mère qui l’avait rejeté se mourrait de ne plus voir. Cet homme que je découvrais, cet homme qui était mon oncle et qui comme moi, était un homme de théâtre. La transmission des gènes emprunte des chemins erratiques.

Faire du théâtre dans le ghetto de Varsovie durant le temps qui avait abouti à l’anéantissement des juifs du ghetto !

Quel théâtre ? Avec quels comédiens ? Dans quels décors ? C’est vrai que lorsque l’inspiration vous submerge, peu importe le lieu ou les comédiens. Peu importe qu’il y ait ou non des spectateurs. Un seul suffit pour constituer cet auditoire qui est à la fois votre adversaire et le miroir de votre talent, parfois de votre génie. Je n’arrêtais plus de penser à lui.

Je me demandais ce que j’aurais fait si c’est moi qui m’étais appelé Wladislaw, qui avais vécu dans le ghetto de Varsovie pendant que l’on parquait les juifs avant de les assassiner.

Du théâtre classique comme si de rien n’était, Shakespeare pour sa dimension tragique ? Une comédie pour un rire d’espoir ou de dérision ? Tout était possible.

Et le décor ? Le décor, aujourd’hui, n’est plus qu’une convention que le cerveau du spectateur reconstitue. Et lui, Wladyslaw, comment faisait-il dans cet endroit qui servait de théâtre à l’arrière d’une brasserie ?

J’avais demandé à Jean, le propriétaire du théâtre qui donnait mes pièces, de me réserver la salle.

- Pour quand ?

- Bientôt. Je ne peux encore rien te dire.

Je voulais d’abord en parler à Cécile.

Les spectateurs venaient pour Borowski. Les auteurs me chipotent parfois pour un soupir omis, pour une virgule oubliée qui est censée donner à la réplique le rythme qu’ils avaient prévu. Ils feraient mieux de me donner un texte brut. Même le cérémonial du salut exige d’être réglé par le metteur en scène.

J’ai fini par trouver. Pourquoi parler de malheur dans la maison des morts. Ce serait une pièce intemporelle. Une pièce intemporelle dont le temps serait simultanément celui de hier et celui d’aujourd’hui.

Personne ne se préoccupait de savoir si Ulysse n’était pas en réalité l’histoire d’un homme trompé par sa femme pendant qu’il parcourt le monde mythologique. Pénélope, dit-on, recommençait son ouvrage tous les jours en l’attendant. Qui donc peut en jurer ? Aujourd’hui que l’infidélité est à la mode, on sait qu’il y a d’autres occupations que le tricot lorsque l’époux est absent trop longtemps.

Je monterai une pièce comme il l’aurait vraisemblablement montée dans le ghetto. Avec des comédiens amateurs qu’il aurait recrutés n’importe où.

Si l’un d’entre eux lui aurait fait défaut, la maladie, la prison ou la mort, il n’aurait eu qu’à ouvrir la porte qui donne sur la brasserie, et il aurait crié :

- Qui d’entre vous veut jouer la comédie ? Un rôle vient de se libérer.

Et quel rôle ! Il m’était apparu dans un rêve. Celui d’un juif, les joues creusées, les yeux enfoncés dans leur orbite, qui vous regarde sans vous voir, et que ses semblables, à l’exception de quelques uns, crucifieront parce qu’il leur promet le paradis au-delà de leur vie, et qu’il leur demande de s’aimer les uns les autres.

Deux pièces entremêlées montées parallèlement. Par mon oncle et par moi. Cécile, lorsque je m’étais allongé auprès d’elle m’avait dit :

- C’est insensé, Pierre. Que ton imagination alimente une pièce sur le ghetto, soit. Mais prétendre qu’elle est montée par toi et par ton oncle Wladislaw mort il y a plus de soixante ans, c’est difficile à faire croire.

- Je ne serais pas le premier à être deux en un, la littérature est remplie de ces thèmes.

Je le voyais bien, Cécile ne comprenait pas. Je dirai qu’il s’agirait de montrer à des spectateurs d’aujourd’hui une pièce qu’aurait pu monter un metteur en scène du ghetto avant ou pendant que le ghetto ne brule.

J’ai monté la pièce. Jean avait trouvé l’idée extraordinaire. J’envoyais au monde un message prophétique.

Les comédiens jouaient à l’avant-plan. A l’arrière il y avait un rideau de feu, quelques hommes qui tenaient une torche à la main.

Il y eut soudain un bruit de mitraillettes. Des soldats casqués avaient pénétré le théâtre et tiraient comme des fous. Un des comédiens, je devinais qu’il s’agissait de mon oncle Wladek, saisissait une torche et la jetait devant lui en criant.

Lorsque le théâtre a brulé, j’étais sur scène, côté cour. Les médecins de l’hôpital des grands brulés m’ont dit huit jours plus tard que j’avais refusé de me laisser emmener. Je criais :

- Vous ne m’aurez pas vivant.

 

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En ce soir clair et doux

 

 

En ce soir clair et doux, face à l'immensité,

Je reste médusée par son étrangeté.

La grâce qui circule autour de ma demeure,

Me garde sans bouger et sans souci de l'heure.

L'espace s'est empli de masses intrigantes,

Accolées l'une à l'autre et demeurant stagnantes.

Le spectacle qui s'offre à mon âme ravie,

Possède l'attraction d'une ardente énergie.

Rien ne semble changer; la lumière résiste

Et la félicité que je ressens persiste.

Un faible bruit survient, un avion qui arrive!

Ma mémoire en veilleuse en le voyant s'active.

Oh! subrepticement, un arbuste a fleuri.

Joyeusement surprise, émue, je m'attendris.

Je me lève à regret, me disant: rien ne presse.

Alors sur mes cheveux, se pose une caresse.

3 juin 2014

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DANS PETIT MATIN BLEU...

Dans petit matin bleu, les lavandes s'inscrivent...

Et un parfum léger, vers les sens dérive!

Le souffle suspendu, regarde valser la brume

Et de tant de beauté, le cœur, savoure l'écume...

Les mots se pressent en vrac, dans tête qui s'éveille

Ils dansent et virevoltent, c'est parce qu'ils s'émerveillent!

Dans petit matin bleu, aux couleurs des pastels

S'est invitée la vie, qui peut se faire si belle!

Des yeux se sont ouverts sur un si doux refrain

Un relent de bonheur, flotte dans le lointain...

J.G.

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Un peu d'ennui.

 

Je faisais du stop.

- Je peux vous déposer quelque part ?

Un homme mince à peine plus âgé que moi, le menton orné d’une fine barbe, me regardait, l’œil amusé par ma surprise. Il était à bord d’une Mercédès décapotable toute noire, similaire à celles qu’utilisaient les généraux allemands durant la guerre.

J’ai posé mon sac sur la banquette arrière, et je me suis assis auprès du conducteur.

- Joseph Collard. On m’appelle Joe. Je vais au Zoute. Vous me direz où il faut vous déposer.

J’avais réservé une chambre dans un petit hôtel à proximité de la Réserve où se tenait une exposition consacrée à un peintre belge devenu célèbre. J’avais lu des critiques à son sujet, et j’étais curieux de voir sa peinture.

Le lendemain matin, dans le hall d’entrée du casino, là où les toiles étaient accrochées, j’ai vu Joe qui parlait avec le peintre. Je connaissais son visage que des journaux avaient dévoilé la veille. 

- René Magritte, le héros du jour.

- Héros, héros ! Il ne faut rien exagérer.

- Je n’exagère pas. Quand mon père achète une toile, c’est que le peintre est célèbre. Ou le deviendra.

Nous étions sortis. Il s’était assis sur les marches de pierre.

- En réalité, il ne s’y connait pas tellement. Mais s’il juge le peintre ambitieux, il organise sa carrière comme un jeu de stratégie. Bouche à oreille, expo, rareté, un scandale si ça peut aider à la notoriété.

- Nous ne sommes pas riches, Pierre. Etre riche, c’est vulgaire. Nous sommes fortunés. Très fortunés. Et moi, je m’ennuie.

J’ai appris plus tard que son père était surnommé l’empereur et que Joe, pour son vingt et unième anniversaire, avait reçu en cadeau un petit Piper.

Depuis, et jusqu’à la fin de sa vie nous nous sommes revus à de nombreuses reprises. Est-ce que nous étions devenus des amis ? Je le crois, oui.

J’ai revu Joe un an plus tard. Il mangeait à une table voisine de la mienne dans un restaurant réputé où j’avais invité un client important.   

Il était accompagné d’une jeune femme très élégante, et très séduisante. Lorsqu’elle éclatait de rire, les convives des tables proches des nôtres se tournaient vers elle en souriant.

Elle portait une robe de satin d’un bleu intense qui la moulait depuis la poitrine jusqu’aux genoux. Elle s’était levée au moment ou Joe nous avait présentés.

- Hélène, ma fiancée.

Mon invité la regarda davantage qu’il n’écouta les propos que je lui tenais.  Il leva la main.

- Il faut fêter cette rencontre au champagne. Les affaires, nous en parlerons un autre jour.  

Un serveur vint joindre nos tables.

Hélène jouissait d’être l’objet du regard admiratif de mon invité. Moi, je m’efforçais d’être discret tandis que Joe se tenait droit sur sa chaise, les bras croisés pour écouter sa fiancée.

Elle minaudait. Mon invité lui faisait des compliments auxquels elle répondait par des :

- Vous exagérez.

Après le repas, c’est lui qui suggéra de prendre un dernier verre ailleurs. Joe avait poliment refusé mais Hélène, toute excitée, avait répondu :

- Oh, oui !

J’avais dit que ma femme m’attendait, et je les ai laissés.

La vérité je l’ai apprise plus tard. Hélène n’était pas la fiancée de Joe. Une maitresse occasionnelle. Lorsque mon invité avait proposé un dernier verre, elle avait pressenti l’amant riche qu’il pouvait devenir. Quelques jours plus tard, elle était devenue sa maitresse.

La dernière fois que j’ai revu Joe, ce fut quatre ans plus tard. Nous habitions la campagne, et cet après-midi là j’étais seul à la maison. La sonnette a retenti. Je suis allé ouvrir, c’était Joe accompagné d’une très jolie femme qui ressemblait à ces mannequins que les magasines de mode affichent en page de couverture. Peut être l’avais-je déjà vue à la Télévision, je serais incapable de le dire, mais son visage me paraissait familier. Peut être parce que ces jolies femmes en couverture de magasine se ressemblent fort.

Je regardais Joe mais, je l’avoue, c’était pour ne pas regarder trop avidement sa compagne.

La poitrine triomphante sous un col roulé, les hanches serrées dans un pantalon impeccablement coupé, les lèvres entr’ouvertes, tous ces symboles de la sensualité féminine que véhiculent les fantasmes masculins, je m’efforçais de ne pas les regarder. Je me sentais rougir parce que j’avais le sentiment que Joe se moquait de mon attitude.

- Pauline et moi, nous rentrions. Je me suis souvenu de ta nouvelle adresse, et j’ai voulu te saluer. Je ne te dérange, pas ?

Pauline me souriait.

-Elle était en Espagne avec moi. Nous étions fatigués. Nous ne sommes pratiquement pas sortis de l’hôtel.

- Joe !

En me regardant, son sourire s’était élargi. Je crois qu’elle a mouillé ses lèvres.

- Je te téléphonerai. Allons Pauline.

Il la poussa vers la porte, la main posée sur ses fesses.                   

Plus tard, j’ai su qu’il avait revu Henry, un ami célibataire, qui n’avait d’autre occupation que d’être toujours amoureux de la femme de ses amis. Cela mettait du sel dans sa vie. Sans aucune vergogne, il fit la cour à Pauline qui, disait Joe, paraissait hésitante. Elle savait que Joe était riche, comme elle disait, mais Henry paraissait très riche lui aussi. S’il l’était plus que Joe, cela lui conférerait un charme supplémentaire.  

- Il ne faut pas se fier au physique des femmes. Ce n’est pas parce qu’elles sont belles qu’elles ne pensent pas.

Joe aimait faire preuve de cynisme. Henry, Pauline et Joe ne se quittaient plus. Avant de sortir, ils prenaient l’apéritif ensemble. Toujours le même. Un whisky pur malt de quinze ans d’âge. Un soir, il n’avait pas eu envie de sortir, il avait versé du poison dans la bouteille. Il n’aurait qu’à ne pas toucher à son verre.

Ils trinquèrent en levant leur verre à la hauteur des yeux. Joe n’avait pas touché au sien de sorte qu’il vit Pauline et Henry redresser la tête avant de s’enfoncer dans leur fauteuil.

Il regarda son verre auquel il n’avait pas touché. Il le vida d’un trait

 

 

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Je JGobert

Je suis  le parent pauvre de cet art un peu secret où plateau de rêve et dépaysement se côtoient dans un monde malade d’indifférence. J’ai néanmoins de nombreuses lettres de noblesse qui m’accompagnent depuis des siècles. Je représente ce que beaucoup cherchent et mettent longtemps à saisir : une âme.  

 Je suis sa force, sa fraternité, sa cohésion. Je suis son folklore. Je suis l’âme d’un peuple dans ses traditions populaires. Des cadences impressionnantes, un dynamisme inaccoutumé, des ensembles de voix extraordinaires, tout me transporte dans un monde de convivialisé et d’harmonie.

 Je vis dans le respect des coutumes.  Je réunis l’humain dans cet art noble puisé dans de multiples régions du monde et je représente ainsi les populations parfois les plus reculées, inconnues même. Je visite le monde, continent par continent par sa musique, ses chants, ses danses, ses couleurs.

Je sens le vent de la steppe me balayer. Je vis aux rythmes des mariachis. Je me plonge  dans les légendes celtiques ou je pars dans ces régions où l’unité est dans la diversité des sons.  Je visite le monde et je me laisse envahir par cette beauté, cette vie qui déborde de tableaux, de romance, de complaintes et de danses.

Je me laisse porter par les sentiments amoureux ou je laisse éclater ma joie, ma peine. Je célèbre le culte des anciens ou la force de la nature. Je danse pour diffuser ainsi ma culture, mes légendes, mes traditions à travers la foule et communiquer cœur à cœur avec les hommes de bonne volonté. Un mélange éclatant, fascinant, mystérieux où chaque personne découvre l’autre dans ce qu’il a de plus beau le temps d’une rencontre, d’un spectacle.

Je peux côtoyer malgré les guerres fratricides les frères ennemis et dans un seul élan, leur montrer que l’homme peut être un sage dans ce qu’il y a de plus grand, de plus humain : un sourire.  

 L’âme vit comme une promesse. Inutile de s’inventer un passé imaginaire même si certains peuples n’ont plus ces belles rondes dansantes, multicolores, musicales.  D’autres évènements ancrés dans leur mémoire collective en font une toute aussi grande puissance de rassemblement, un bloc sachant faire face à l’adversité.

Je n’efface pas la diversité des peuples et je ne régente pas son âme par des lois. Je suis parfois  folklore insensé et je mène sur des chemins de colère un monde incohérent et cruel.

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ma tête est remplie de Toi

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Tu es partout où je suis, sous le soleil, la pluie, dans une gare, un train, à la terrasse d’un bistrot, au comptoir d’un boucher, nul endroit ne sait faire oublier ta présence. Pas de corps mais dans mon esprit, tu es toujours présente.

C’est un réservoir incommensurable de tes gestes, tes humeurs, tes joies, tes peines… Tes rires résonnent encore après plusieurs jours, tes pleurs m’attristent après des semaines.

Ma tête est remplie de Toi !

 

Parfois, une image s’envole, remplacée par une autre mais ce n’est qu’illusion, elle réapparaît dès qu’on lui laisse une ouverture. Je les laisse aussi s’échapper pour mieux les observer mais elles reprennent vite leur place.

Elles sont casées en ordre, chaque évènement personnel, familial, les rassemble à un endroit et mon esprit les sort afin de mieux me remémorer certains moments.

Ma tête est remplie de Vous !

  

J’avoue en apprécier certains plus que d’autres, nos moments privilégiés !

Ces souvenirs remplis d’ivresse, de tendresse, ceux plus secrets sont là aussi.

Ma tête est remplie de nous !

 

 

Toute reproduction même partielle interdite © 

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administrateur théâtres

12273017465?profile=original12273018657?profile=original An American Dream

 

Ce soir le Brussels Philharmonic est dans ses murs. Il réside  en effet à Bruxelles dans le Studio 4 du bâtiment Flagey, très réputé pour son acoustique.  Le tout commence par une joyeuse mise en époque : celle des Années Folles. Voici Ragtime de Stravinsky «Le jazz me donne de l’appétit » disait le compositeur.  « Une œuvre que j'avais composée immédiatement après avoir composé ma partition du soldat et qui, bien que de dimensions modestes, est significative par l'appétit que me donnait alors le jazz, jailli d'une façon si éclatante aussitôt la guerre finie. Sur ma demande, on m'avait envoyé toute une pile de cette musique qui m'enchanta par son côté réellement populaire et par la fraîcheur et la coupe encore inconnue de son mètre, langage musical révélant ostensiblement sa source nègre. Ces impressions me suggérèrent l'idée de tracer un portrait-type de cette nouvelle musique de danse et de lui donner l'importance d'un morceau de concert, comme autrefois les contemporains l'avaient fait pour le menuet, la valse, la mazurka, etc. Voilà ce qui me fit composer mon Ragtime pour onze instruments : instruments à vent, à cordes, percussion et un cymbalum hongrois » C’est l’époque du « Great Gatsby » où l’on souhaitait célébrer le retour de la prospérité après le carnage de la première guerre mondiale et oser le rêve de tous les possibles. Le rêve américain, en somme. Cette musique a un goût de fraîcheur et de spontanéité, les harmonies qui fusent déjà de l’orchestre sous la baguette de  Michel Tabachnik sont une promesse  du caractère rutilant  de la suite du concert.

Rhapsody_in_Blue_cover.jpg?width=276Gershwin va suivre avec la splendide Rhapsodie in Blue que nous n’avions jamais entendue si modelée, si chatoyante. Une nonagénaire au teint bien juvénile.  Michel Tabachnik nous baigne dans une énergie et une vitalité qui tranchent sérieusement avec notre morosité post-moderne. Dès les premières mesures le spectateur européen ne peut que se mettre à rêver de grand large et même de la statue de la liberté qui se présente à l’aurore aux yeux éberlués d’un voyageur transatlantique. Magie de l’interprétation de Jean-Yves Thibaudet. Le dialogue du pianiste et de l’orchestre célèbre la liberté, la fantaisie et le génie du moment. La musique  semble composée sur place alors que tout le monde  en connait la mélodie, si pas les replis secrets. Des flots d’émotions joyeuses contrastent avec un climat de pure nostalgie, d’attachement à la nature, lieu privilégié de ressourcement. Il y a ce grand souffle orchestral qui paraît inépuisable, des appels de cuivres vibrants, des solos de violon en fusion - tantôt rires tantôt larmes -  et un pianiste passionné qui lâche ses inventives cadences, ses  trilles et pulsions avant que l’orchestre ne renchérisse de façon étincelante. Le tout, paré de sonorités majestueuses.

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Michel Tabachnik interrompt  les applaudissements pour son retour après la pause  et emmène  public et musiciens dans la symphonie du Nouveau Monde de Dvorak. Gestes larges et généreux. Ampleur.  C’est à nouveau l’appel nostalgique de la nature ou la nostalgie de la terre natale qui alterne avec des accords de choc pour le Nouveau Monde. Il vit sa partition intensément, enchaînant révérences, caresses souples de la pointe de la baguette, doigt paternel sentencieux,  balancements dansés, chuchotements complices… Voilà l’immense versatilité des atmosphères  créées par le chef d’orchestre, depuis la férocité jusqu’au clin d’œil  bienveillant  au piccolo. On ne peut pas détacher son regard du sculpteur musical  à l’œuvre. Il vagabonde entre les crescendos paroxystiques et les pianissimos de velours avec une maîtrise et une définition absolues.  Michel Tabachnik projette la partition en mille éclats comme s’il ne faisait que partager avec les musiciens les dons et l’inspiration d’un homme -orchestre. Dans un passage  particulièrement fort en impact dramatique, le visage du maître de musique est abîmé d’émotion et on s’imagine percevoir des voix graves de chœurs d’hommes sourdre parmi les musiciens. 

Encore un mouvement également inspiré du poème de Longfellow. Dvořák veut nous faire percevoir une « fête dans la forêt », avec une danse des Peaux-Rouges.

Mais des souvenirs de danses villageoises du Far East européen ont ressurgi sur des rythmes de presque valse. La jubilation refait surface, voilà  l’ensemble musical à l’assaut du ciel, Michel Tabachnik piétine et fait éclore les talents  et la créativité de chaque pupitre à chaque nouveau motif. C’est l’éloge de la confiance dans l’homme sage et honnête. L’âme des violons chante sa réussite avec émotion, suivie par les violoncelles et les flûtes. C’est harmonieux, et tout en équilibre. Aucune faute d’hubris et les musiciens et leur chef peuvent être fiers d’une performance qui sillonne  avec tant de bonheur un  tel continent d'expressivité. Cela ne  peut se terminer que par un vibrant bis, lui aussi très  acclamé. Car le bonheur flotte dans la salle. Et  aussi dans les sourires épanouis  des musiciens du Brussels Philharmonic.  How about a European Dream?

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http://www.flagey.be/fr/programme/14120/brussels-philharmonic-an-american-dream-symfomania-workshop-kids-10-/michel-tabachnik

 

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CLIN D 'OEIL D'HAÏKUS FRANCO-BELGE

Clin d'oeil d'Haïku

 

Feuilles d'automne

Grues volant vers l'Espagne

Nuages grisants

 

Chien qui fume nuit

N'attrape pas  mouche d'eau

Le coche roule

 

Zébrures au ciel

Cirrus ouest  vent

Ramage du ru

 

Lesse le couler

Lessive Namuroise

La bière coule .

                                                                       

                                                                        Raymond  Martin  juin  2014

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HAÏKUS DES CHAMPS ET DE LA MER

HAIKUS DES CHAMPS ET DE LA MER

 

 

 

Champs dorés ocrés

Papillons bleus voltigeant

Grains d’espoir éclos

 

 

Crêtes d’écume

Goélands virevoltant

Les golfes sont clairs

 

 

Du Mont Saint-Michel

Les matines sonnantes

Cancale au loin

 

 

Saint-Malo  Jean  Bart

Aux pirates d’eau douce

Canons essoufflés

 

 

Tempête calmée

Chalutiers arrimés

A marée basse

 

 

Le soleil rouge

A  l’horizon vengeur

Colore l’onde

 

 

 

 Raymond  Martin

Juin 2014

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Dans mon présent silencieux

 

Un jour tout gris, disgracieux.

Le soleil a pris ses distances.

La rue accueille la violence

D'un vent semblant fou furieux.

Les grands iris, somptueux,

Et les pivoines, en souffrance,

S'inclinent bas et se balancent,

Sous l'effet de coups odieux.

Passive et l'esprit soucieux,

Vais-je conservé le silence?

Je m'exprime dans l'impuissance;

La défiant, je me sens mieux.

Tout change soudain sous mes yeux;

Tombe rapide, en abondance,

Envoyée par la providence,

La pluie aux effets merveilleux.

Le vent s'est enfui, Curieux!

Le jardin a belle apparence.

Le ciel s'éclaircit, sans brillance,

Dans mon présent silencieux.

3 juin 2014

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administrateur théâtres

Carnaval d’été…dans les ruines

 

Préambule : L’école de Cirque Pré en Bulle accueille les enfants afin qu’ils tâtent des différentes techniques de jongleries et de funambulisme. Autour, imaginez une vaste plaine d’échoppes gourmandes où l’on croise des licornes blanches, des hérissons bipèdes et un géant qui joue avec une danseuse juchée sur un énorme ballon rouge. La fanfare des oies est suivie par un public souriant  comme au carnaval. Pas une goutte de pluie, l’organisateur, Cédric Monnoye, a vraiment eu la main heureuse.  

 Mais le but du jeu est  évidemment de parcourir les splendides ruines de l’abbaye  de Villers-La Ville. Se faisant surprendre par les éclairages, on pose le regard sur le passé médiéval et l’on ressent que le goût et la curiosité pour  un spectacle qui rassemble des familles au grand complet n’ont pas changé depuis le temps des troubadours. S’envoler et planer.  Le rêve  de porter des ailes n’est-il pas un rêve qui nous hante depuis l’antiquité. « Léger et libre dans le ciel azur. Divin et calme sur la mer en volant l'oiseau est roi. Ses yeux regardent le triste monde. Son âme pleure  la belle solitude.» Valsapena. 

 On se promène donc en imaginant le parcours le plus adéquat - les oiseaux sont partout dans les ruines - pour aller au plus vite s’émerveiller des prouesses de clowns, saltimbanques, trapézistes et acrobates, ces artistes  maîtres de l’art du mouvement. Se poser est difficile. Il n’y a  pas de sièges pour ces plus de 5.000 visiteurs qui reviennent chaque année avec leur marmaille éblouie pour applaudir le rêve et ses exploits. On est debout, ou assis dans l’herbe si on a la chance d’approcher les premiers rangs. A vous de choisir entre une vingtaine de collectifs d’artistes venus de Belgique et d’ailleurs : L. Vidal, Grand frisson, Circo Pitanga, Circ Panic, Circlou, Au Fil du vent, Circolade, Cirque Hirsute, Couzin, Chilly and Fly et Natacha Blandine : 

1017515_673732559330404_2722328396003423647_n.jpg?oh=f4a440acfdfc8988a27e45f2f2843bd2&oe=53FA41DE&width=280«Suspendue à ses fils l’acrobate tisse. Son corps, tel un crochet, danse, glisse et chute, forme son ouvrage, sa toile: Un attrape-rêves. Un battement d’aile éphémère, une image de grâce. Une larme, un sourire, une émotion, un instant d’illusion, un battement de cœur en suspension. Je suis l’image d’un elfe trublion, mon tissu est mon cocon,  le jour fini, papillon de nuit, je suis. »

 

 D’un point de vue artistique  on retiendra surtout les virtuosités singulières  très  accomplies de Natacha Blandine dans son numéro de tissu aérien, celles  de l’attachant couple du Circo Pitanga dans son chapiteau de cordes, qui oscille entre tours de force et humour et humilité des sentiments dans des performances de haute voltige 10380278_673732765997050_1435835485721128150_n.jpg?width=828 et  surtout le dernier spectacle qui rassemble le public dans la cathédrale pour admirer le couple canadien qui va jouer aux hirondelles sous les ogives pendant près d’un quart d’heure. Beauté, puissance duelle, audace, et partage d’amour. Aucun flash n’est permis pendant cette séance de haute voltige, où chacun retient son souffle et où même la musique s’arrête. Un spectacle qu’un public surchauffé a attendu longuement par des salves d’applaudissements répétés. Chilly and Fly, alias Alexandre et Emilie dans la vie, se sont rencontrés il y a 7 ans dans la passion du spectacle. Alexandre a débuté sa carrière à l'école du Cirque de Montréal où très vite il s'est révélé comme un prodige de la roue Cyr. Puis rapidement son cœur a penché pour le cadre russe qu’il nous est donné d’applaudir ce soir. Emilie, gymnaste confirmée a participé aux JO de Sydney en 2000. Elle a ensuite intégré le Cirque du Soleil et a donné pas moins de 4000 représentations dans le monde. Ils ont commencé à travailler il y a un an et demi ensemble au sein du Roncalli Circus, et très vite ont rencontré le succès en décrochant le Pierrot d'or au festival international de cirque de Budapest en 2012. Le superbe travail de ces deux artistes québécois illustre l’évolution du cirque contemporain tourné vers la  poésie, la création et le sport de haut niveau  au sein des disciplines des arts de la piste.

 Photo: Un Final de haute voltige à La Nuit du Cirque 2014 :)Le retour vers les voitures est l’occasion de commentaires amusés des noctambules. Cela fait aussi partie du jeu : où garer autour de ce site prestigieux? Le plus près est parfois à plus d’un kilomètre! Et une fois votre véhicule retrouvé, armez-vous de patience pour rejoindre l’autoroute au pas!  Il faut l’avouer,  parquer très loin du site n’est pas une si mauvaise idée, pour ceux qui s’impatientent derrière le volant! Consolation de taille pour les mélomanes : celle  de ne pas rater  sur Musiq 3 la proclamation des résultats du concours Reine Elisabeth, en direct.

http://www.070.be/lesnuitsducirque/news/

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L'autre réalité

 

Propos

 

Protégé de la cruauté,

Pendant la saison de l'enfance,

Bercé par la claire innocence,

On vit découvrant la beauté.

Pendant la saison de l'enfance,

Dans la tendresse et la gaieté,

On vit découvrant la beauté,

Sans connaître la méfiance.

Dans la tendresse et la beauté,

L'esprit accueille l'espérance,

Sans connaître la méfiance,

En ayant foi en la bonté.

L'esprit accueille l'espérance,

Son climat de fête d'été,

En ayant foi en la bonté,

Jusqu'aux jours de l'adolescence.

Son climat de fête d'été,

Et la grâce de l'ignorance,

Jusqu'aux jours de l'adolescence.

Autre temps, autres vérités.

3 juin 2014

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La femme abandonnée

 

Quand on aime vraiment, faut-il souhaiter la mort de l’amant plutôt que d’accepter qu’il vous abandonne, qu’il soit vivant ? Heureux peut être ? Avec une autre ? Des réflexions de toute nature me traversaient l’esprit. En revanche la nuit, c’est à lui que je songeais.

Un jour, à Paris où je me rendais de temps à autre,  je suis passée devant une boutique de lingerie fine. A l’intérieur, c’était des objets érotiques qui étaient exposés. Un instant, j’avais été tentée de sortir. Puis, sans dire un mot, j’ai désigné à la vendeuse un vibro-masseur.

- Vous avez une préférence pour la tête ?

Liliane avait vraisemblablement raison. On aime avec son cerveau, et on aime avec son corps. Les deux, pas nécessairement en même temps. Alors, l’amour ?

- Je sais ce que c’est que d’être jetée.

Elle disait : jetée. C’était plus parlant qu’abandonnée. A son tour, elle les jetait lorsqu’elle avait épuisé leurs ressources. Ou pour le plaisir. Et s’il fallait les payer d’une manière ou d’une autre, comme on dédommage une prostituée, elle le faisait sans hypocrisie. On paye bien un repas.

C’était devenu une habitude. A deux, le soir, nous  vidions une bouteille de vin rouge dont nous jugions de la qualité comme de véritables amateurs.

A plusieurs reprises, Liliane passa me prendre à l’heure du déjeuner. Il parait, disait-elle, qu’un bon repas contribue à atténuer les peines de cœur. Ne dit-on pas que l’offre d’un dernier verre constitue une invitation à se mettre au lit ? Il existe une intense relation entre le cœur et l’estomac, c’est Liliane qui l’affirmait.

L’endroit qu’elle préférait était le restaurant situé près de l’abattoir communal. Les viandes y étaient succulentes. La clientèle était constituée de bouchers, ceux de l’abattoir au calot blanc sur la tête, ceux qui tenaient boutique et venaient de passer leur commande, de quelques hommes seuls et parfois d’un ou deux couples dont l’ambiance et l’odeur de l’endroit excitaient l’imagination. On y parlait assez fort mais on y entendait rarement des grossièretés.  

Très vite, j’y devins aussi familière que Liliane. Le gérant du restaurant et les bouchers nous faisaient un salut de la main, et disaient : bonjour madame Julie ou madame Liliane. Personne ne fit jamais une remarque déplaisante à l’endroit de deux jeunes femmes qui appréciaient cette atmosphère d’hommes robustes aux rires faciles, et aux mains qui avaient trempé dans du sang un peu plus tôt.

Liliane avait eu des aventures qu’on dit sans lendemain. Sans en refuser beaucoup.

- La vie est courte, Julie. Le jour où je n’en aurai plus, c’est que mon corps sera devenu tellement moche que ça ne vaudra plus la peine de vivre. C’est le regard des hommes qui te rend belle.

Avant de rentrer, le corps abandonné  elle ajoutait :

- Fais-toi belle, toujours. Moi, je me parfume partout, ça les rend fous.

A l’approche des vacances du mois de Juillet, Liliane  proposa de passer huit jours au Club Méditerranée au Maroc, un endroit à la mode.

- Tu verras, ça change les idées.

Ce fut Liliane qui s’occupât des réservations.

Leur chambre, au rez-de-chaussée s’ouvrait sur la piscine et la terrasse. Tout près d’une piste de danse. Liliane, le soir, était sur la piste, le paréo autour des reins. Elle avait beaucoup de succès.

- Tu devrais danser. C’est agréable et ça ne t’engage à rien de plus.

Un des animateurs, un soir, m’invita à danser. C’était un bel homme qui aimait à montrer ses muscles, toujours souriant et constamment agité par le rythme de la musique.

- Tu aimes le club ?

Il était torse nu, vêtu de son seul paréo. Il me serrait contre sa poitrine et il avait porté son ventre contre le mien. Je n’avais pas tenté de l’écarter, et lorsqu’il me dit en souriant :

- Tu viens dans ma chambre ?

Je n’avais rien répondu mais je l’avais suivi.

A quelques kilomètres de la ville sur la grand’ route, il y avait une discothèque fréquentée par des dragueurs et des femmes qui souhaitaient se faire draguer. Les jeunes gens qui ne songeaient qu’à boire et à danser se rendaient plutôt au disco-bar, un peu plus loin. Des frontières impalpables, comme dans la vie réelle, se constituaient dans le monde de la nuit selon les affinités et les âges. Chez les plus âgés, souvent, les sentiments s’exprimaient dans l’urgence. La distinction paraissait évidente à des yeux avertis.

Liliane y rencontrait parfois le videur de la discothèque, un robuste personnage, fruste d’aspect,  d’une animalité impressionnante, surnommé el Toro. Un homme que personne ne connaissait très bien. Il l’emmenait dans sa chambre, et sans échanger beaucoup de mots, c’est elle qui en disait le plus, ils faisaient l’amour.

Parce qu’elle le lui avait demandé, c’est moi qu’il avait emmenée dans sa chambre, un grenier aménagé d’une table, d’une chaise, d’un poêle et d’un lit métallique. Elle m’avait dit, un soir :

Lorsque tu avales un médicament, tu te poses des questions particulières ? Tu verras comme on raisonne mieux lorsque le corps est calmé. Même l’amour qu’on porte à un autre homme devient plus vrai. La première fois, il suffit de fermer les yeux.

Le jour n’était pas encore levé quand Je réveillai Liliane qui sommeillait dans la voiture, sur le parking, une couverture tirée jusqu’au cou. Je pleurais. Je voulais rentrer au plus vite. Je me dégoûtais. Je voulais me laver. 

- Classique.

Au bout de quelques jours, je me regardais sans honte dans le miroir. C’est vrai que les caresses amoureuses de quelque nature que se soit ne laissent pas de trace. Le viol le plus insupportable est celui du cerveau.

Nous avons recommencé l’expérience plusieurs fois. Avec des hommes de hasard  jamais rencontrés ailleurs qu’à la discothèque. Ce ne furent pas des réussites dont on reste marquées. Même lorsque ce fut avec El Toro. Avec El Toro, j’ai eu la preuve que Liliane avait raison. C’était comme une amère médication.

C’est le jour où il m’avait retournée sur le ventre, et qu’il m’avait frappée que je m’étais promise de le tuer. Parce que je ne m’y étais pas opposé. Il y a des hommes qui ne méritent pas de vivre. Ceux pour qui les femmes ne sont que l’instrument de leurs fantasmes honteux. L’objet soumis et humilié de leurs obsessions. Ceux qui…C’était Liliane qui avait trouvé la définition la plus juste.

- Des hommes en trop.

Nous étions dans l’arrière-boutique de l’officine. Là où Liliane serrait dans une armoire les substances dangereuses, drogues et sans doute quelques poisons. Des boites de poudre, de petites fioles au liquide incolore que distinguait seulement l’inscription qui figurait sur l’étiquette.

Nous étions retournées deux fois encore à la discothèque. La seconde fois, nous avions appris qu’El Toro avait été retrouvé mort dans son lit. Un arrêt cardiaque, semblait-il. On ne lui connaissait personne de proche. On ne connaissait pas son nom véritable. Il travaillait illégalement.

Quelques jours plus tard, il avait été enterré dans la partie du cimetière réservée aux indigents. Le patron de la discothèque avait engagé un autre videur. Un robuste gaillard que les clients baptisèrent : el Toro.

 

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Les pas de la beauté JGobert.

Tout est plus aisé quand la beauté est au rendez-vous. Celle de l’âme et du cœur sont très importantes bien que souvent dissimulées. Dans le monde où j'évolue, c’est la beauté physique qui compte le plus. Tous les professionnels se basent sur ce critère pour sélectionner les élus. Ce n'est pas mon cas mais je m'en suis bien tirée.

Les jeunes gens que je rencontre sont élancés, minces, beaux. Leurs regards attirent, accrochent, se fixent dans la mémoire. Bien souvent soutenus par leurs parents, ils sont très jeunes et ils ont tous des appétits, des désirs de réussite et de gloire et sacrifient volontiers leurs adolescences à des séances studios photos.

Cette beauté facilite les entretiens et les rendez-vous. Mais le parcours est parfois long et ardu pour arriver au pied d'un podium. La gloire passe par des critères bien définis.  Les photographes font et défont les illusions pour rendre compte à leurs journaux ou à leurs magazines.

 Ils mitraillent ces jeunes sélectionnés à tout-va et la photo doit être une révélation.

Mario n’a pas vingt ans et est un de ces jeunes aux regards ambitieux qui croient à l'avenir dans ce métier. Son rêve est de devenir un mannequin célèbre. Pour cela, les abnégations, les renoncements  sont nombreux.  Même si ce métier le fait fantasmer, c’est une quête des plus difficiles. Je le vois arpenter, songeur, les salles d'attente, les studios pendant des heures. La vie s'étire ainsi, incertaine, des jours durant et les espoirs s'amenuisent par moment.

Mario a la chance d'habiter dans la ville des lumières et reste toujours disponible à tous les appels. D'autres moins chanceux vont et viennent et dépensent de grosses sommes d'argent.

Un élégant salon de couture a retenu Mario pour défiler. Un grand jour pour lui. Il a l’estomac noué. Il jeune souvent et boit à peine quelques gorgées d’eau. Cela fait partie du métier. Ne pas trop manger pour ne pas grossir.

Les filles filiformes, effilées sont nombreuses dans cette profession et généralement jouent avec la santé de leur organisme. Ne pas prendre de poids, ne pas grossir, reste une constante dans ce travail.  Malgré les légères réformes apportées à la législation, les filles sont toujours tentées de ne pas manger. Difficile de se démarquer sinon.

Je déambule dans ce monde pellucide avec mes kilos superflus et certains m’appelle bouboule. Il est vrai que je suis bien enrobée mais cela ne me pose pas de problèmes. Je suis toujours de bonne humeur et l’esprit rieur. Certains disent que j’ai la beauté de l’âme.

Mario a quelques rendez-vous dans son agenda et la vie s’accélère. Défilés, séances de photos, sorties, voyages sont épuisants et le ventre à peine rempli, il résiste pour que sa représentation soit parfaite. Le photographe en veut toujours plus et de bonne grâce, Mario consent à travailler encore et encore.

Depuis quelques mois, Mario fait partie de ceux qu’on a remarqués. Il est à la mode et dans la mode. Sa photo est dans toutes les revues. Il trône sur les murs de la ville, sur les gigantesques panneaux où il fait envie. La vie est devenue extrêmement vivante, pétillante. Il court de ville en ville, Rome, Paris, Londres, Berlin, New York. Il rencontre ceux que la gloire a hissés au sommet et les fréquente comme dans un songe. Oui, c’est bien le destin magique qu’il voulait.

Sa copine au teint diaphane, modèle et mannequin comme lui, a disparu depuis quelques temps. A bout de nerf, elle est partie se ressourcer dans un hôtel. Bouboule qui sait tout et qui a vu le manège sait que cette pauvre fille s’est effondrée de tant de privations. Elle est malade. Arrivée au stade de n’avaler pratiquement plus rien, son organisme a flanché et elle est au fond d’un lit dans un hôpital.

Mario, le beau brun, travaille à temps plein. Son regard de braise se pose et s’expose. Il n’est pas au courant de cet incident et de toute manière, il n’a pas de temps à consacrer à son amie pour le moment. Mario, l’esthète est comblé du tapage fait autour de lui. Hérissé parfois par les séances de photos, de plus en plus nombreuses, elles lui pèsent, le fatiguent, l’exaspèrent.

Au fond de son esprit naissent des soucis nouveaux et le poursuivent. Une obsession le suit dés l’aube. De jeunes loups sont arrivés sur les podiums et veulent prendre sa place. Des beautés sauvages aux regards indomptés, plus juvéniles et qui, certains, ont les dents longues.

Mario n’a plus de nouvelles de sa copine. Il s'en veut un peu de n’être pas plus préoccupé par cette fille. Il est fatigué lui aussi de tenir ce rythme, il fume depuis quelques temps et prend des cachets. Ces cigarettes lui remontent le moral mais pas suffisamment pour oublier cette fatigue, cette peur qui le suit. Bouboule, qui a déjà vu cela, connaît la suite de ce scénario qui le conduira vers l’abîme des chemins sans retour.

L’amie de Mario ne va pas bien, isolée de ce monde, elle git au fond d’un lit. De sa beauté enfantine, malicieuse, il reste des yeux tristes sortis de leurs orbites et un teint disgracieux. Ses parents sont effondrés et néanmoins tenus à l’écart. C’est le traitement conseillé.

Bouboule, malgré sa bonne humeur, est affligée de voir tout ce gâchis.  Toute cette belle jeunesse, ravagée de promesses mensongères, détruite par le Système peu farouche qui a emboité le pas de la beauté.

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messagers

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Que des milliers de paroles,

Racontent notre vie folle

Qu’aucune ne soit alarmante,

Cela tu peux en abondance,

Discours de tes enfants,

De leur amour envers leur maman.

 

Que s’envolent de tes lèvres,

Mille et un messages prospères

Qu’aucun ne soit médisant,

Envers mon amour existant,

Parle de nos souvenirs

De nos joies passées et à venir.

 

Que ces messagers les emportent,

Les déposent devant toutes les portes,

Que tous expliquent pourquoi,

Je ne sais aimer que toi.

Explique aussi l’amour des tiens,

Chante-le, compose un refrain.

 

Qu’aucun ne soit pas une question,

Demande, nous connaissons la raison

Qu’enfin tu saches combien tu es aimée,

Nous te dirons même, adorée,

Il n’y a pas encore d’expression

Pour décrire toutes nos émotions.

 

Que ces messagers ne s’égarent,

Suivent leur route sans écart

Qu’aucun ne perdent ces dépêches,

Le temps passe et il nous presse

De faire réellement connaître,

À tous, combien tu es superbe !

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Le mystère de l'apaisement

 

Bonheurs, chagrins sont éphémères.

Quand son âme s'apaisera,

L'inconsolable éprouvera

La grâce d'un troublant mystère.

La vie souvent paraît aimable,

Prometteuse de jours heureux,

Le désarroi, certes odieux,

Est déclaré insupportable.

Victime d'une tragédie,

L'être humain, qui se désespère,

Dépourvu d'utiles repères,

Craint de rencontrer la folie.

Certains maux semblent incurables.

Seule la mort y mettrait fin.

On maudit certes le destin,

Quand on subit l'irréparable.

Or, par revirement du sort,

Qui intervient en toute cause,

L'âme meurtrie, qui se repose,

Rêve d'un bateau dans un port.

14 janvier 2013

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Abandon

Pour me reposer, je ferme les yeux.

S’installe le noir, la nuit où je sombre.

Rien d’impératif ne me sort de l’ombre,

J’ai l’âme engourdie, l’esprit oublieux.

S’installe le noir, la nuit où je sombre,

Un espace uni, sans coin lumineux.

J’ai l’âme engourdie, l’esprit oublieux,

Non embarrassé de mots ou de nombres.

Un espace uni, sans coin lumineux,

Sans vent, sans remous, certes sans encombres,

Non embarrassé de mots ou de nombres.

Le temps s’y fait lent et silencieux.

Sans vent, sans remous, certes sans encombres,

L’îlot où s'endort tout besoin fâcheux.

Le temps s'y fait lent et silencieux,

L'envie d'exister surgira de l'ombre.

 

 

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Bernardiennes propose un recueil collectif

Quatrième titre cette année, pour l'association bernardiennes.

Il s'agit d'un recueil de nouvelles des trois auteurs-fondateurs, Claude DANZE, Alain MAGEROTTE et Georges ROLAND.

"Nouvelles sucrées ou salées"

Tantôt au goût de miel, tantôt piquantes et acerbes, ces nouvelles bernardiennes emmènent le lecteur dans l'univers pathétique, ironique, fantastique, humoristique, parfois poétique, des trois auteurs bruxellois.

Sucrées ou salées ?... Avec ce recueil, chacun trouvera son compte car il y en a pour tous les goûts et pour toutes les saveurs...

12273019688?profile=original                                      ISBN 978-2-930738-05-5      178 pages         format 12,5 x 21 cm

Pour voir l'ensemble du catalogue, visitez le site   bernardiennes

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