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Visage,

 

Je regarde ce visage,

le tien peut-être,

à peine je le touche,

sur lui des larmes coulent,

de petits flots.

J'hésite à continuer,

j'espère que c'est toi ;

visage entouré d'ombre,

fleuri de ciel.

La terre tout près gronde,

la ville fait du bruit,

tintamarre, sans cesse bouge.

Je dors, enfin je crois,

rêve, partout je suis ;

de t'oublier j'ai peur.

NINA

 

 

 

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Le mangeur de blanc

 

Mangeur de blanc. Je n’ai jamais su ce que cela signifiait précisément mais à travers la vitrine de « chez Marcel », le samedi soir, nous répétions dès que nous l’apercevions: voilà le cocu. Tout le monde peut être cocu mais lui c’était le cocu content. C’est peut-être la raison pour laquelle un d’entre nous l’avait qualifié de mangeur de blanc. Et nous éclations de rire.

Marcel nous servait une autre tournée, c’était à mon tour de payer.

C’était un homme sympathique. Grand, maigre, il avait les traits creusés d’un homme atteint d’anémie. Son regard respirait la bonté. Ses yeux si je peux me permettre cette image avaient l’air de vous tendre la main.  Je n’osais pas exprimer cette impression à haute voix parce que mes copains se seraient moqués de moi.

Joueurs de hockey, maniant le stick comme si c’était pour nous creuser un chemin parmi des adversaires déterminés à nous arrêter à n’importe quel prix, nous étions des hommes qui n’avions que faire de sensiblerie. Des yeux qui respirent la bonté, c’était une image ‘cucul la praline’, je n’ai pas besoin de traduire.

C’était le genre d’homme dont je me disais aussi à voir les cernes qui soulignaient ses yeux que ses nuits devaient être chaudes. Sa femme était séduisante. Raison de plus pour la surveiller.

Son nom était Edouard Belhomme, cela ne s’invente pas. Sa femme et lui tenaient le magasin de lingerie situé rue Royale. A chaque fois que nous passions devant le magasin, nous regardions à travers la vitrine pour voir la belle Cécile. L’un de nous avait dit un soir que nous étions chez Marcel, nous y étions pratiquement tous les soirs, est-ce que les clientes qui essayent des soutiens ou des culottes sortent de la cabine presque toutes nues pour choisir un soutien ou une culotte d’une couleur différente ? Nous éclations de rire à cette idée. Marcel servait une autre tournée, c’était celle de Robert, notre goal, le fils du vitrier de la rue Notre-Dame.

Nous avions tous plus ou moins vingt ans à cette époque. Les Belhomme devaient en avoir entre quarante et cinquante.  Robert prétendait qu’une femme dans la quarantaine avait forcément acquis une maturité tant physique que spirituelle qu’aucune jeune femme ne pouvait égaler. Il avait connu, bibliquement connu, la voisine du magasin de son père, la mère d’un gamin de dix ans et il en avait conservé un souvenir inoubliable. A seize ans, disait-il, cela marque. Les jeunes filles que nous fréquentions, ajoutait-il, reconnaissaient en lui un expert, il le disait en toute modestie.

Personne parmi nous ne contredisait les propos de Robert, c’était le plus fort d’entre nous, mais chacun de nous savait à quel point il était vantard. Durant les matchs c’était pareil. Il allait d’un côté du goal à l’autre, le visage recouvert d’un masque protecteur en treillis pour effrayer nos adversaires. Nous perdions à chaque fois mais Robert affirmait que nous manquions de punch.

Cécile Belhomme plaisait beaucoup au jeune homme que j’étais. Je ne comprenais pas son mari. Si elle avait été ma femme, elle n’aurait pas eu à chercher ailleurs. Pauvre cocu !

Ils étaient mariés depuis près de quinze ans. Edouard avait hérité du magasin de ses parents à la suite d’un accident qui leur avait couté la vie. A partir d’un magasin vieillot, Cécile avait su construire une affaire bien achalandée dont ils vivaient largement tous les deux. Leur seule frustration, c’est qu’ils n’avaient pas eu d’enfant.

Edouard était le fils d’un commerçant établi, Cécile, en l’épousant, avait gravi un échelon de l’échelle sociale. En province cela compte. Elle n’était que la fille d’un contremaître de l’usine métallurgique du bas de la ville. De l’usine dont le fils du propriétaire avait été le condisciple d’Edouard si bien que depuis leur mariage il faisait partie des relations du couple Belhomme. Il appelait Cécile par son prénom et Cécile lui disait Pierre.

Edouard était très amoureux de sa femme. Qu’elle plaise à d’autres ne le gênait pas. Au contraire. Son amour pour Cécile n’en était que plus grand. Même ses amis, plutôt que d’en être jaloux, il les aimait davantage de la désirer. N’était-il pas le seul à pouvoir mettre cette jolie femme dans son lit ?

Malheureusement, Edouard était cliniquement impuissant. Durant les premières années de leur mariage, cela ne l’empêchait pas de désirer Cécile et d’en jouir lorsqu’elle était nue. Quant à Cécile, elle avait fini par apaiser elle même les pulsions de son corps tant son mari était maladroit.

Malgré cette morsure qu’ils éprouvaient chaque nuit tous les deux, elle l’aimait profondément. Mais aucun d’entre eux ne trouvait les mots pour les confier à l’autre.  Qui sait ce qui lie deux êtres dont la relation ne répond pas à une logique qui, seule, paraît naturelle aux yeux de la plupart.

Lorsqu’elle l’avait épousé, elle s’était réjouie d’être enfin chez elle. Combien d’autres jeunes filles s’étaient-elles mariées pour cette seule raison. Il était séduisant à sa manière. Grand et maigre, un peu vouté comme le sont souvent les hommes grands et maigres, il avait les yeux d’un bleu transparent. Il ne cessait jamais de lui sourire.

Il l’avait rencontrée un soir dans une discothèque. Parmi d’autres filles, il n’avait plus regardé qu’elle. Peut-être qu’ils avaient bu un peu trop ? En sortant, il lui avait entouré les épaules. Il avait dit comme dans un roman de gare :

- Epousez-moi.

- Ce soir ?

- Non, demain.

Il l’avait ramenée, et le lendemain il s’était rendu chez elle. Il avait dit au père de Cécile qu’il voulait épouser sa fille, est-ce que son père serait d’accord ?

Il y avait longtemps que les fiançailles commençaient autrement. C’était probablement ce style, elle le trouvait distingué, qui l’avait émue. Jamais il ne s’était permis les gestes osés auxquels elle s’attendait inconsciemment. Il l’aimait pour elle-même, avait-elle pensé. Elle était vierge lorsqu’ils s’étaient mariés. Lui aussi.

Un jour qu’il s’était absenté pour se faire couper les cheveux, en rentrant plus tôt que prévu il avait vu que le représentant d’un fournisseur sortait du magasin après l’heure de fermeture. Et Cécile, les cheveux mal repeignés, le corsage mal refermé, le saluait de la main. Elle avait le visage en paix, pensa Edouard. En paix, c’est le mot qui s’était imposé à lui tandis qu’il la regardait, dissimulé derrière une camionnette rangée le long du trottoir d’en face.

Il rebroussa chemin. Il avait la gorge sèche. Il poussa la porte du café de Marcel où comme tous les soirs nous bavardions entre nous. Marcel venait de servir une tournée de bière. C’était celle d’Oscar qui faisait des études universitaires. Il voulait devenir médecin ou

 à défaut vétérinaire, c’était un bon métier disait son père. Oscar se voyait plutôt psychologue, il prétendait qu’il était doué pour juger du comportement des hommes et des femmes.

- Dommage que tu ne le sois pas sur le terrain. En face des joueurs du camp adverse. Nous ne serions pas dans le bas du classement.

La venue d’Edouard Belhomme nous avait surpris. Il s’était assis à une table proche  du comptoir. Il nous avait fait un signe de la tête.

-Ce sont des joueurs de hockey ? Je les ai déjà vus. Ils jouent sur le terrain contigu à celui du Tennis Club.

Il dit à Marcel de nous offrir un verre.

- J’aime les jeunes gens. Ils me rappellent mon jeune temps.

- Hip, hip, hip, hourrah !

Nous avons levé nos verres à sa santé.

Décidément, c’était un brave type.  

Nous le savions que ceux qui étaient cocus étaient toujours les derniers informés. Sa femme, il suffisait de la regarder pour comprendre qu’une aussi jolie femme ne pouvait que susciter le désir. Et souhaiter donner et prendre du plaisir. Il n’y a pas de justice en amour. Chacun doit veiller sur son bien. Les amis ne sont pas assez courageux pour révéler à un ami que sa femme le trompe. Qu’elle n’est qu’une putain qui trahit son serment. C’est que probablement, leur morale était assez élastique, ou bien c’est qu’ils étaient sur les rangs. 

Il est sorti du café, et il est rentré chez lui. Cécile l’attendait dans la cuisine.

- Il y avait du monde chez le coiffeur. J’ai du attendre.

Ils ont dîné, et ils sont montés se coucher. La télévision, ils ne la regardaient qu’en mangeant, à l’heure des informations. C’était toujours le même spectacle : des morts nombreux à l’étranger. Si le nombre de morts était réduit, un crime par exemple, c’est qu’il s’était produit près de chez nous. Le journal en donnerait davantage de détails. Le lendemain certes, mais on pouvait s’y attarder plus longtemps. Ou attendre le crime suivant.

Depuis plus de dix ans, Edouard ne touchait plus sa femme que très rarement. Il avait consulté un sexologue à l’étranger. L’incapacité d’avoir une érection, comme s’il n’était doté que du sexe d’un bébé, n’était qu’un de ses problèmes. Depuis plus de dix ans, il ne désirait sa femme qu’après un exercice mental laborieux. La caresser ne servait à rien. Au contraire. Certaines caresses le heurtaient. Elles lui paraissaient répugnantes, proches du viol. Même si Cécile se serait prêtée à tout pour le satisfaire.

Ils n’étaient heureux ni l’un ni l’autre mais ils s’aimaient. C’est quoi l’amour, pensait-il ?

Une fin d’après-midi, peu de temps avant l’heure de fermeture du magasin, il vit à travers la vitrine de l’étalage que le représentant d’une firme de soutien-gorge exposait encore sa collection à Cécile. Elle l’écoutait, le regard absent, les joues rouges. Elle avait une main sur la poitrine.

Edouard fit demi-tour. Il ne revint qu’une heure plus tard. Cécile ne lui demanda pas ce qu’il avait fait. Ils bavardèrent assez longtemps après avoir dîné, cela ne leur était plus arrivé depuis longtemps.

 Depuis, il s’efforça d’être absent de chez lui lorsque devait se présenter un représentant. Soit en prolongeant le temps qu’il consacrait à des activités extérieures, soit en allant boire un verre chez Marcel.

Lorsque ceux qu’il nommait les jeunes y  jouaient aux cartes, il regardait par-dessus l’épaule de l’un ou de l’autre.

Si l’un des joueurs levait un regard interrogateur vers lui, il tendait la main dans un geste de refus.

- Les conseilleurs ne sont pas les payeurs.

Il offrait une tournée.

Nous nous étions habitués à lui. Il nous était de plus en plus sympathique et, de plus en plus, nous le plaignions. Robert était le plus véhément. Un jour, il avait tenté de séduire Cécile. Entré au magasin, il s’était fait montrer de petites culottes qu’il destinait à sa petite amie, avait-il dit.

- Vous ne voulez pas les essayer pour que je puisse juger ?

Il nous avait raconté qu’elle avait fait « sa fière », et qu’il était sorti.

- Pauvre type. Si j’avais voulu. Je trouve que c’est un scandale. Des femmes comme elles…

Oscar partageait son avis.

Le couple Belhomme était devenu l’objet de la plupart de nos conversations. Nous étions en plein drame et il ne s’agissait pas de télévision. Ni même de quoi faire la une de la page régionale du quotidien. Quoique, disait Oscar. Il s’agit de la dignité d’un homme, d’un homme que nous avions adopté.

-Il faudrait le lui dire, ça ferait un déclic.

- Il faudrait le lui montrer, là, ça ferait un déclic.

- Je vois déjà sa tête. Sa tête à elle.

- Avec son amant. En petite tenue, tous les deux.

- En petite tenue ? Pas de tenue du tout, oui.

Nous avons ri, et nous avons fait signe à Marcel.

- Encore une.

Le quatrième d’entre nous, celui qui sur le terrain était censé marquer les buts, c’était Jean Brillet, le fils du commissaire. C’est lui qui apporta le revolver.

- On ôtera les balles, hein ! C’est juste pour faire peur.

- On en laissera une. La roulette russe.

C’est moi qui l’avais dit. Je l’avais déjà répété à Oscar qui était mon ami: la vie, c’est une comédie. Mais, je raconte trop vite.

C’est le vendredi qu’elle recevait son amant. Vers sept heures. Edouard quittait le magasin à six heures vingt, il arrivait chez Marcel à six heures et demie et ne rentrait chez lui que vers huit heures. Il disait en faisant un signe à Marcel :

- En fin de semaine, il faut bien se défouler du stress de la semaine.

Du stress, si tu veux en avoir, rentre plutôt chez toi; pensions-nous. Nous avions découvert à cinq minutes près le jour et l’heure où la Cécile s’envoyait en l’air. Chaque jour de la semaine dès l’après-midi, l’un de nous venait chez Marcel et surveillait le magasin. Nous en parlions dès que nous étions réunis avant d’entamer notre partie de cartes. C’est ainsi qu’au bout de trois mois, nous connaissions tout des plaisirs de la dame. Et du malheur de notre ami.

Il faut croire que de la voir heureuse même si c’était un autre qui la comblait le rendait heureux. Quant à  Cécile, elle aimait Edouard à la manière dont on aime un frère. Bien plus encore, elle se serait tuée pour lui. Cette partie obscure de leur union était un ciment bien plus fort que les déclarations les plus emphatiques.    

C’était le jour et l’heure où Cécile cédait à son amant. Edouard était parmi nous. Chacun de nous, tour à tour, lui avait offert à boire sous différents prétextes

- Tu ne peux pas nous refuser ça.

Les yeux troublés, il était passablement ivre.

Je pensais comme mes copains qu’il fallait frapper un grand coup. Foutre aux deux amants qui ridiculisaient notre ami, et le symbole de l’amour, la frousse de leur vie.  

C’est Oscar qui s’écria :

- On te ramène.

- Non, pas encore. Je veux rester.

Oscar et moi, nous lui avons fait traverser la rue en lui tenant les bras. Les deux autres de nos amis nous regardaient à travers la vitrine, un verre de bière à la main. C’est moi qui ai ouvert la porte du magasin. Oscar a poussé Edouard.

Je ne sais plus qui, d’Oscar ou de moi, lui a glissé le revolver dans la main en disant :

- Sois un homme, Edouard.

J’ai refermé la porte derrière lui. Nous sommes restés sur le trottoir. Nous avons entendu le coup de feu. Nous sommes retournés chez Marcel.

Une heure plus tard, nous avons appris qu’Edouard avait glissé le canon du revolver dans sa bouche.

 

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Horloges

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Tic-tac-Tic-tac-Tic-tac-

C'est un bruit assommant!

Même rythme toujours, le stupide instrument!

Tic-tac-Tic-tac-Tic-tac-

C'en est trop je m'élance.

Je vais avoir la paix, je l'ai mis au silence.

Toc-toc! Toc-toc! Toc-toc!

Mon coeur une machine?

Qu'est devenue ma joie qui à son gré l'anime?

Toc-toc! Toc-toc! Toc-toc!

Devrai-je encore longtemps

L'entendre me donner à sa façon le temps?

Alger, 16 novembre 1945

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N A T U R E (à Jacques Prévert)

On sort juste une feuille

Et il se crée un arbre

Et puis son porte-plume

Et on écrit l'oiseau

Quelques mots nébuleux

Qui écrivent le ciel

Puis mélodie en sol

Calligraphiant la terre

Perché sur ton transat

Vague s'écrit la mer

Le temps que s'ancre l'encre

Ton bateau fait escale

 

 

Tes mots à l'infini

Dénoncent l'univers

(inédit)

 

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Un agneau vient de naître.

Un agneau vient de naître,

Dans  une  prairie  d’avril,

Aux couleurs renaissance,

Avant de  disparaître,

Sacrifié au feu du gril,

Brûlant son innocence.

 

Un  agneau  triste a  vécu,

Ce  que  dure  les  roses,

Pour embaumer nos fêtes,

Du  fumet  des  vaincus,

Et nourrir les psychoses,

De mal bouffe en brochettes.

 

Un agneau vient de naître,

Un  agneau  triste  a vécu,

Mort, pour la Vie sanguinaire....... sinistrose.

 

QUERTINMONT Claudine D’ANDERLUES.

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L'on m'a souvent demandé quel livre faut-il avoir lu pour aborder la littérature belge. Et bien, il s'agit de celui-ci !

(553) pages offertes par Arts et Lettres)


A Damme, en Flandre, quand Mai ouvrait leurs fleurs aux aubépines, naquit Ulenspiegel, fils de Claes...

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Nous vieillirons ensemble

 

Ma vie a basculé deux fois. La première, c’est lorsque ma femme est morte. La seconde fois, c’est lorsque nous nous sommes séparés, Isabelle et moi.

Je suis devenue amoureux de celle qui allait devenir ma femme à l’âge de 24 ans. C’était lors d’une soirée comme il y en a de nombreuses dans les petites villes de province le samedi soir. Nous avions dansé toutes les danses ensemble. Sans nous dire grand-chose. Je ne suis pas sûr que nous nous soyons beaucoup regardés. Le lendemain cependant tous nos amis savaient que nous étions fiancés.

Isabelle est devenue ma maitresse après que ma femme soit  morte. Elle avait quitté son mari parce qu’il se conduisait  comme un vieillard.  Il lui faisait l’amour une fois par semaine, le samedi parce que le dimanche  il pouvait dormir plus longtemps. C’est elle qui me l’avait raconté durant notre première nuit d’amour. Je l’avais embrassé longtemps. Elle s’était abandonnée contre moi. Elle s’était étendue sur le lit.

- Pénètre-moi.

Elle aimait faire l’amour. Elle disait :

- C’est vivre que de faire l’amour. Si je m’écoutais, je ferais l’amour du matin au soir.

Nous avons vécu une année ensemble. Je n’avais rien à lui dire mais lorsqu’elle se rendait compte que je l’écoutais à peine, elle se levait et me disait :

- On monte ?

La chambre à coucher se trouvait à l’étage.

Isabelle était nymphomane. Elle aimait l’union physique de corps. Mais c’était une femme fidèle. Elle se rendait parfaitement compte que nous nous séparerions un jour proche mais elle se refusait de me tromper. Elle n’aurait pas aimée d’être l’épouse d’un mari trompé, elle ne voulait pas être la compagne d’un cocu. Les occasions cependant ne lui manquaient pas.

Je me souviens en particulier d’un représentant qui lui faisait des avances presque ouvertement lorsque j’étais absent ou lorsqu’il la suivait dans les réserves de son magasin.

- J’en ai envie moi aussi mais je ne coucherai pas avec vous  tant que je serai avec Pierre. Je suis une femme honnête.

Lorsqu’elle m’a quitté, ce fût  pour le plus ancien de ses amis, celui qu’on appelait le bel Alfred.  Il avait fait partie d’un groupe de comédiens amateurs dont elle avait été la vedette à l’âge de dix-huit ans.

Elle m’a dit qu’elle avait réfléchi.

- Nous ne pourrons jamais vieillir ensemble. Il vaut mieux nous séparer.

- Tu as raison.

Mais  elle a commencé à me manquer quinze jours plus tard. De plus en plus fort.

Je lui téléphonais presque tous les jours. Un soir avant de dire au revoir comme je le faisais à chaque fois en disant : je t’embrasse, elle sembla hésitante.

- Tu es mon ami. A toi, je peux le dire, Alfred souhaite que vivions ensemble.

C’est ce soir là que je me rendis compte que j’avais besoin d’elle. C’est ridicule à dire mais j’avais le sentiment que son corps s’était imprimé sur le mien. Loin d’elle, je manquais d’air et d’équilibre, je me tenais aux murs pour avancer. Je ne pensais plus qu’à elle. Ses gestes mécaniques durant que nous faisions l’amour m’étaient devenus indispensables.

Il n’y avait qu’une solution.  J’ai attendu qu’Alfred se rende chez elle. C’était  tout au début de leur liaison. Il faisait nuit  lorsqu’il en sortit. Il venait de faire l’amour, il venait de la tenir entre ses jambes, j’en étais persuadé.

La voiture a démarré,  je l’ai renversé,  j’ai roulé sur son corps et j’ai repris la route. J’étais à peine rentré qu’Isabelle me téléphonait pour me dire qu’Alfred s’était fait renverser, qu’elle était bouleversée.

Je lui ai promis de venir chez elle immédiatement. Elle m’attendait assise sur le canapé. Je me suis assis auprès d’elle, j’ai entouré ses épaules.

- Pierre, oh, Pierre !

Elle pleurait à nouveau, la tête contre mon épaule, tandis que le lui baisait le front.

- Oh, Pierre.

Nous avons fini la nuit ensemble.

Il m’arrive de m’éveiller durant la nuit. Mouillé de sueur. C’est elle qui m’attire contre elle.

Je le sais désormais. Nous vieillirons ensemble.

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RÉFLEXION...

On ne possède rien

Et surtout pas l'amour!

C'est fou ce qu'ils sont vains

Nos espoirs de toujours...

On ne fait que l'emprunt

D'un petit peu de ciel bleu...

Et du sel des embruns

La vie au fond des yeux!

On se veut fort et beau,

Et cette fragilité...

La source de nos maux

Est-ce fatalité?

Pourquoi ne pas saisir,

Incruster dans nos cœurs

L'éclat de nos sourires...

Ignorer nos douleurs!

J.G.

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J'imagine,

 

J'imagine votre main particulière,

s'aventurer sur ma peau claire, étrangère,

posée irrésistiblement sur elle ;

geste de vous à moi,  unique.

Atterrissage d'un oiseau,

sur un chemin de peau,

bordé d'un velours vert ;

nos baisers ont le parfum des feuillages,

nos corps, l'immensité du Pacifique ;

Sous un ciel d'orage,

un oiseleur au loin chantonne ;

de çi de là, de blanches notes,

aériennes et chaudes tourbillonnent,

à l'instar de flocons blancs

sur l'île bleue et verte qui s'inaniment.

J'imagine tout cela,

alors que je suis assise près de vous,

dans le métro,

il est très tôt,

 à la station République !

Aujourd'hui,

le soleil et la pluie

dans le ciel, sur l'asphalte, partout,

joyeusement se bécotent,

puis dans chacune des fleurs,

 du square Gambetta

jusqu'à demain s'endorment.

Le printemps est en moi, en vous,

vraiment fou !

 

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12273002868?profile=originalIl s'agit d'un roman de  Jean Giono (1895-1970), publié à Paris chez Grasset en 1935.

Écrit entre le 2 février 1934 et le 19 janvier 1935, Que ma joie demeure renoue avec l'inspiration panthéistique de la trilogie inaugurée par Colline. Il revêt toutefois une ampleur, tant par son volume que par les multiples réseaux symboliques et mythiques qu'il esquisse, qui le distingue des
premiers romans, beaucoup plus brefs et resserrés. Il fait en outre pendant au roman suivant, Batailles dans la montagne: «On m'a accusé de pessimisme pour Que ma joie demeure. Peut-être, car c'est le livre de la bataille des esprits; Batailles est le livre de la bataille des corps» (Journal, 4 février 1936).

Jourdan, un cultivateur d'une cinquantaine d'années qui vit sur le plateau de Grémone, en Haute-Provence, rencontre un homme d'environ trente ans, Bobi, dont les paroles aussitôt l'envoûtent (chap. 1). Jourdan et sa femme Marthe accueillent Bobi chez eux, à la Jourdane; ce dernier est acrobate et leur montre ses tours (2). Jourdan présente Bobi dans les diverses fermes du plateau: celles de Carle, de Randoulet, de Jacquou et de Madame Hélène, une riche veuve qui vit seule avec sa fille Aurore (3). Bobi invite ensuite Jourdan à répandre son blé sur l'aire, et le spectacle des oiseaux affamés par l'hiver et venus s'assembler devant la ferme émerveille ses habitants et les emplit d'une joie jusqu'alors inconnue (4). Jourdan, qui a planté cette année-là des fleurs sur les terres jadis réservées aux cultures, donne ses économies à Bobi qui revient, au printemps, avec un cerf qu'il a acheté pour eux. Les paysans, ayant aperçu avec émotion l'animal laissé en liberté sur le plateau, se rendent tous à la Jourdane où ils partagent un joyeux repas, ce qui n'était jusque-là jamais arrivé (5-7). Aurore, adolescente ombrageuse, et Joséphine, jeune femme sensuelle mariée avec Honoré, sont fascinées par Bobi. D'un commun accord, les convives décident d'aller chercher des biches pour le cerf et, peu après, les hommes quittent ensemble le plateau et reviennent avec des biches qu'ils lâchent sur le plateau de Grémone (8-11). L'automne passe et Bobi rencontre un jour Aurore dans la campagne; elle se montre très agressive et il ne semble pas comprendre qu'elle l'aime. Carle donne la liberté à son étalon et Jacquou à ses juments car c'est la période des amours.
Quant à Randoulet, il a acheté un immense troupeau de moutons qu'il laisse pâturer librement sur le plateau (12-15). Sa fille Zulma, une innocente transfigurée par sa mission de bergère et devenue la «reine des moutons», vit avec eux dans la grande prairie. La découverte de la liberté apporte bonheur et rêves à tous, mais Madame Hélène et Aurore souffrent de leur solitude. Bobi pense à la jeune fille mais c'est Joséphine qui devient sa maîtresse. Un magnifique métier à tisser, construit pour Marthe à la Jourdane, est l'occasion d'un nouveau repas collectif durant lequel tous décident de récolter leur blé ensemble et de le mettre en commun (16-20). Aurore se désespère et, durant la récolte du blé, qui prend des allures de fête, elle se suicide. Bobi, accablé de tristesse, quitte le plateau et meurt peu après, foudroyé dans la campagne. Chacun rentre chez soi; c'est la fin de l'oeuvre collective (21-25).

Giono explique en ces termes le titre du roman: «J'ai pris pour titre de mon livre le titre d'un choral de Bach: Jésus, que ma joie demeure. Mais j'ai supprimé le premier mot, le plus important de tout l'appel, le nom de celui qu'on appelle, le seul qui, jusqu'à présent, ait compté pour la recherche de
la joie; je l'ai supprimé parce qu'il est un renoncement. Il ne faut renoncer à rien. Il est facile d'acquérir une joie intérieure en se privant de son corps. Je crois plus honnête de chercher une joie totale [...]» (les Vraies Richesses, 1936, Préface). Puisant son inspiration et ses symboles aux sources du paganisme aussi bien que du christianisme, Giono mêle les allusions à des croyances et à des mythes multiples, créant ainsi un univers romanesque singulier, où cependant, la référence chrétienne demeure: car le personnage de Bobi s'apparente au Messie. Il est attendu avec ferveur par Jourdan qui a le pressentiment de sa venue: «Depuis longtemps il attendait la venue d'un homme. Il ne savait pas qui. Il ne savait pas d'où il viendrait» (chap. 1). Ce qu'attend Jourdan, comme tous les habitants du plateau, c'est que Bobi le guérisse de ses maux, lui donne une raison de vivre: Bobi apparaît donc comme le Sauveur, comme celui qui vient proposer aux hommes une issue à leur misère et à leur désespoir. Sa parole a le pouvoir de captiver d'emblée ceux quil'écoutent, et il utilise d'ailleurs parfois des tournures qui rappellent le ton prophétique des Évangiles: «Vous croyez que c'est ce que vous gardez qui vous fait riche. On vous l'a dit. Moi, je vous dis que c'est ce que vous donnez qui vous fait riche» (9). Ainsi, bien des aspects du roman justifient cette remarque de Bobi à propos de sa dimension messianique: «Ils m'ont reçu comme le Bon Dieu» (12).

Toutefois, Bobi est fort loin de prôner l'ascèse chrétienne. Le corps, dans le roman, est lesté de son poids de désirs dont se nourrissent la vie et la joie. Grâce au nouveau venu, les habitants du plateau retrouvent cette ardeur du corps qui va de pair avec celle de l'esprit. Bobi lui-même est acrobate, c'est-à-dire une sorte de magicien du corps, et cède à l'empire de la sensualité dans sa relation avec Joséphine. Dépourvu de toute référence religieuse, son message propose à l'homme une vie en harmonie avec les forces naturelles. La libération et le bonheur procèdent de cet accord et l'on a pu voir, dans Que ma joie demeure, la présence d'une inspiration dionysiaque, à travers notamment la figure du cerf, qui amorce l'initiation, ou les épisodes des festins. En fait, si la quête que le roman met en scène a bien une teneur mystique, cette dernière revêt une portée universelle qui dépasse la singularité des systèmes religieux. De plus, le bonheur à trouver se situe dans l'immanence: c'est à l'homme qu'il incombe de créer sa propre joie. Bobi n'apporte aucune doctrine aux habitants du plateau; il leur apprend simplement l'acceptation d'eux-mêmes: «La vie c'est la joie. [...] Elle est basée sur la simplicité, sur la pureté, sur l'ordinaire du monde!» (12). Il leur révèle les richesses qui sont en eux et dans la nature qui les environne mais qu'ils ne savaient plus voir, aveuglés par la routine, aliénés par la recherche du profit plutôt que par celle du bonheur.

Cependant, le dénouement du roman est pessimiste. Bobi échoue puisque c'est vraisemblablement à cause de lui qu'Aurore se tue et puisque, après ce triste épisode, tous recommencent à vivre comme ils le faisaient avant sa venue. Bobi lui-même est anéanti et, quoique sa mort prenne la dimension d'une apothéose - «La foudre lui planta un arbre d'or dans les épaules» (24) -, le dialogue intérieur qui la précède montre le déchirement du personnage en proie à un doute qui ne sera pas résolu. Quant à l'avenir sur lequel ouvre la fin du roman, il est des plus ambigus. «Il reviendra [...], j'en suis sûre» (25), se répète un des personnages à propos de Bobi. L'espérance, cette valeur si chère à Giono, voisine ici dangereusement avec le leurre.

La seule qui parvient à édifier un «paradis terrestre» (16), c'est la bergère Zulma, une jeune innocente. Elle demeure toutefois solitaire, incapable de communiquer vraiment avec les autres hommes et reine d'un paradis peuplé seulement d'animaux. Conformément à la tournure du titre, qui formule un voeu plutôt qu'il ne pose une certitude, le roman présente la joie comme une
aspiration plutôt que comme un acquis. Fragile et précaire, elle est à la portée de l'homme, mais celui-ci est-il capable de la saisir et de la retenir? Énigmatique, le dénouement laisse la question en suspens.

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Frieda la juive.

 

 

C’était quelques années avant la dernière guerre. C’était en Allemagne. Hitler était au pouvoir après que le peuple allemand en toute légalité eut renversé le gouvernement de Weimar, un gouvernement de  modérés que les communistes effrayaient.

Le Destin l’avait investi, il dominerait le monde. Dieu le voulait ! Gott mit uns.

Mais le peuple, les hommes sont comme ça, veut aussi de la viande à se mettre sous la dent, de celle qu’on produit dans les arènes après qu’il ait tendu le pouce vers le sol. A mort ! A mort !

Hitler allait lui en fournir. De la viande toute fraiche. Celle que dieu avait désignée, hurla-t-il en tendant le doigt  vers les juifs, ces maudits de toujours. A mort !

Curieuse époque. Les élites allemandes méprisaient Hitler et sa clique. Mais la plupart d’entre elles s’y soumettaient. Tant les Junkers que les officiers à la joue marquée d’un coup d’épée.

Ils baissaient l’échine pourvu qu’ils puissent redresser la tête avec la morgue aristocratique des gens bien nés.

Que leur importaient les juifs. Des tailleurs, des coiffeurs, des usuriers qui ne prêtaient aux fils de bonne famille que contre l’assurance que leur argent leur serait rendu. Qu’ils crèvent si le peuple veut qu’ils crèvent.

Eric  von  Berger était différent. Je le reconnais : toutes les élites allemandes lorsqu’elles donnaient par prudence l’apparence de la soumission n’étaient pas les valets de ce petit sergent qui ameutait les foules avec des cris de dément. Tous les ouvriers allemands n’étaient pas des charognards assoiffés du sang des juifs. Mais, à cette époque, qui était en mesure de les distinguer ?

Eric von Berger était un hobereau issu de cette Prusse qui avait juré fidélité à l’empereur. Agé d’une quarantaine d’années, il servait dans l’armée avec le grade de commandant. C’est lui qui organisait les manifestations culturelles destinées à la troupe et au corps des officiers. Concerts, séances théâtrales, expositions de peinture, il se tenait au courant de la vie artistique et intellectuelle du pays.

Il connaissait le monde des artistes, les artistes officiels qui émanaient  des académies et ceux qui, quel que soit leur petit nombre, faisaient bouillonner les cerveaux. La peinture, en particulier, suscitait sa curiosité. C’était à ne plus rien comprendre de ce que ses années d’étude si conventionnelles en matière de culture lui avaient appris. Sur la peinture, et ces peintres dont chaque trait sur une toile prétendait révolutionner, et la peinture et la façon de voir.

L’un d’entre eux l’envoûtait plus que les autres, c’est le mot qui convenait. Un certain Groszberg, un juif. Et, pour d’autres raisons vraisemblablement, le modèle qui l’accompagnait constamment sous prétexte que l’inspiration et le besoin de peindre pouvait le saisir à tout instant.

Il peignait vite, à grands coups de brosse.

Son modèle, Frieda Lewitz, peignait elle aussi. A la différence de Groszberg, elle peignait des toiles aux couleurs tendres teintées de sensualité. Personne dans son entourage n’appréciait ces toiles qui n’étaient d’aucune époque imaginable.

- Ne sens-tu rien venir, Frieda ? Ce sont des années de sang, pas d’amour. Même la couleur rouge est trop tendre. Ajoute autant de couches que tu voudras, tu n’auras rien dit de ce temps. Il faut peindre avec du sang véritable.

Lorsque von Berger venait les voir dans son atelier Groszberg prétendait qu’il avait soif : 

- Je vais prendre une bière.

- Ce n’est pas moi qui vous chasse, j’espère ?

Il grognait quelques mots incompréhensibles, et il sortait.

- Il n’aime pas les militaires. Pourtant, il en faut quand il y a la guerre. Ils ne les perdent pas toutes.

- Je crois que ce sont les guerres qu’il n’aime pas.

Entre Frieda, la juive, et Eric von Berger, les relations étaient étranges. Mais, je le répète, qu’est-ce qui ne l’était pas à cette époque ?

Ce peuple allemand qui ne voulait ni voir ni entendre, et qui applaudissait lorsqu’on lui demandait d’applaudir ? Ce n’était pas normal. Avez-vous remarqué ? A la même époque, dans un même pays, parfois dans une même ville, il se passait des choses qui étaient généralement les mêmes mais lorsque vous interrogiez les habitants de la cité, des voisins en quelque sorte, ils racontaient la chose comme s’il s’agissait d’évènements tout à fait différents. A croire que le monde est constitué de cercles qui sont autant de planètes distinctes.

En d’autres temps, Eric et Frieda eussent été amants depuis le premier jour. Elle était belle d’une beauté qui séduisait sexuellement. Elle n’avait pas cet air farouche des jeunes femmes qui croient encore que le sexe n’est pas la première chose à quoi pense un homme. Pourquoi cet homme épouserait-il une fille dont il ne sait rien, alors ?

Eric était bel homme. De plus, c’était un aristocrate. On a beau dire, c’est doublement flatteur. Un homme à l’aspect fragile qui avait encore le visage d’un ange. Les femmes ont de la compassion pour ces hommes là. De la compassion aux abandons du corps il n’y a pas loin. 

C’était un officier allemand. Il craignait qu’elle ne cède par peur. Dans certains mess d’officiers, où il ne manquait pas d’homos qui ne savaient pas de quoi ils parlaient, on disait des juives qu’elles étaient de bonne baiseuses et on éclatait de rire. Eric ne voulait surtout pas que Frieda le soupçonne d’avoir des pensées aussi vulgaires.

Frieda n’osait pas se mettre au lit avec un allemand. Un officier allemand qui plus est. Aux yeux des siens, on aurait pu dire qu’elle n’était qu’une putain.

C’était le jour de cette fameuse nuit qui retentira longtemps encore du bruit des vitres brisées dans les rues de Berlin. La nuit de cristal. Je n’ai jamais compris pourquoi on lui avait donné ce nom. Il faut n’avoir jamais entendu se briser la coupe de cristal qu’un juif jette sur le sol. Le son du cristal est doté d’une musicalité singulière. Sa vibration tient du miracle. Cette fameuse nuit, ce sont les vitres des magasins juifs qui ont été brisées.

Dans les rues on entendait le martèlement des bottes  sur le sol, et le chant des nazis. Des chants ? Des vociférations d’ivrognes. Ils se dirigeaient vers les quartiers populaires, là où, pensaient-ils, se terraient les juifs. C’est dans ces mêmes quartiers, aux nombreuses arrière-cours, que travaillaient les peintres et les sculpteurs dans des ateliers qui avaient servis naguère à des artisans.

Lorsqu’ils étaient dans des cafés où on leur faisait crédit, les peintres passaient une bonne partie de leur temps à discourir à propos de la peinture. Ils inventaient des noms pour qualifier leurs mouvements. Ils pensaient qu’ils étaient en train de transformer la peinture. Nouvelle objectivité, Dadaïsme, Constructivisme, etc…Art dégénéré, disaient les membres éminents des académies.

-Il faut partir d’ici. Sur le champ.

Eric pressentait ce qui allait arriver. Il n’était pas bon d’être juif. En ce temps-là en particulier.

Et aujourd’hui, c’est mieux ? C’est un autre débat comme on dit quand on ne sait pas ce qu’il faut répondre.

Eric était en civil. Il avait sorti sa carte d’officier et la tenait en main. Au  cas où une de ces brutes le regarderait de trop près, il la lui mettrait sous le nez. Il avait raidi le cou, et accentué sa morgue d’officier. Il tenait Frieda par la taille.

-Bravo, mon prince. Il n’est pas nécessaire de vous souhaiter une bonne nuit.

Ils se mirent à rire parce qu’ils parlaient de sexe. Eric garda la main sur la hanche de Frieda même après qu’ils aient disparu.

- Dieu merci, j’ai encore ma chambre d’étudiant. Après, nous verrons.

L’homme fragile se révélait un homme déterminé. Frieda ne demandait rien d’autre que de se laisser guider par lui. C’était à la fois un sentiment de peur atroce et d’exaltation qui lui soulevait la poitrine.

Arrivés dans la chambre elle ouvrit les boutons de sa robe pour se dénuder. Elle s’étendit sur le lit, à même le couvre-lit, et tendit les bras.

Le lendemain Eric retourna à l’atelier de Groszberg.

Le peintre était en train de bourrer une sacoche de toile.

- Je pars, monsieur von Berger. Bientôt ils briseront des corps. J’ai eu la visite d’un certain Giraud.qui m’a acheté deux toiles, il y a trois mois. Il me conseille de partir. J’ai toujours rêvé de Paris. Berlin, c’est fini. Vienne aussi, c’est fini.

- Et vos toiles ?

- J’emporterai celles que je pourrai porter. Les autres, je les laisserai à ceux qui n’imaginent pas qu’on puisse emporter sa patrie à la semelle de ses souliers.

Il a raison, pensa Eric. Avec ce clown sinistre qui était le chef de l’Allemagne tout pouvait advenir.

Il ne voulait pas perdre Frieda. Fuir ! Il fallait fuir comme Groszberg se préparait à le faire.

Bientôt ce serait la guerre. L’Autriche. La Tchécoslovaquie. La Pologne. Demain la France  puis l’Angleterre. Puis…Cette armure d’officier qu’il portait sur le dos depuis des générations, est ce qu’il pourra la déposer un jour ?

Il avait jure de servir son pays. Si les militaires commençaient à se poser la question : c’est quoi mon pays, autant se tirer une balle dans la tête. Il y était prêt. Mais il n’était pas prêt de sacrifier Frieda. C’est drôle comme de simples discours vous font oublier que votre vie est unique et irremplaçable.

Il lui ferait passer la frontière. En France, elle ne risquait pas de se faire arrêter comme des milliers de personnes étaient en train de l’être. Les bureaux  de la caserne bruissaient des rumeurs les plus invraisemblables.

- Heil Hitler !

Jusqu’à son ordonnance qui le saluait en tendant le bras levé, et le commandant von Berger répondait de la tête mais n’osait pas le lui interdire.

Ce soir-là, dans sa chambre d’étudiant, sur son lit d’adolescent, témoin de tant de songes inavoués, il prit Frieda consentante avec tant de vigueur qu’il était incapable de mesurer ses ardeurs. Comble de torture, alors qu’il espérait lui faire l’amour jusqu’au bout de la nuit comme si c’était la dernière fois, il ne put la prendre qu’une fois à peine.

- Ce n’est rien. Je t’aime.

Elle caressait son sexe qui ne réagissait pas. Il était chaud, tendre et docile. On eut dit un oiseau blessé. Eric avait les larmes aux yeux.

- Ce n’est rien mon chéri, ce n’est rien.

A Frieda aussi, les larmes venaient aux yeux. Ils ne purent s’aimer qu’au lever du jour.

Berlin se trouve à près de cinq cents kilomètres de la frontière française. En train, c’était prendre de grands risques, les contrôleurs étaient vigilants. Par les routes encombrées, les risques étaient nombreux, eux aussi, Mais à cette époque, pour des juifs, vivre était tout aussi risqué.

Sa tenue d’officier pouvait donner le change. Quelques jours de congés octroyés par le  Général von Hauser, son supérieur direct, pouvait apaiser les suspicions. Plutôt que de se diriger directement vers la frontière française, il pouvait se diriger vers Stuttgart puis Karlsruhe. On y venait pour les eaux. On ne s’y étonnerait pas lors d’un contrôle qu’un officier supérieur en congé s’y rende accompagné de sa maîtresse. 

Fallait-il que le trajet soit court, c’était plus prudent, ou un peu plus long, et conserver Frieda plus longtemps auprès de lui ? Lui seul pouvait en décider, Frieda était prête à tout pour ne pas le quitter.

Groszberg lui avait communiqué l’adresse d’un passeur en mesure de faire passer la frontière à des juifs, des communistes, et d’autres cibles du nazisme. C’était une question d’argent pour le passeur et les garde-frontières qui devaient détourner les yeux.

- Tu iras à Paris. Groszberg m’a parlé d’un quartier appelé Montparnasse. De nombreux peintres y vivent. Bientôt, les Allemands occuperont Paris, c’est une question de mois. Je viendrai t’y chercher. Efforces-toi de changer de nom.

Avant la frontière durant la dernière nuit qu’ils passèrent ensemble ils s’aimèrent avec tant d’ardeur qu’ils auraient aimé mourir pour ne penser à rien d’autre. Mais ne meurt pas qui veut.

Dans la ferme Eric attendit que le passeur revienne avec une bague de Frieda. C’était le signe convenu pour dire que tout s’était bien passé. Il repartit pour Berlin. C’était en mars 1940.

Comment imaginer qu’en même temps, dans le sang et dans l’horreur, se mêlent l’histoire d’un peuple et le destin dérisoire d’un couple à peine constitué. Que le temps leur soit plus largement compté, et ils cesseront de s’aimer ou chacun d’entre eux en aimera un autre, et l’histoire sera différente ou il n y aura pas d’histoire du tout.

C’est l’Histoire de l’Humanité ? L’histoire de l’humanité, ce n’est que l’histoire de chacun d’entre nous.

Après l’armistice Eric von Berger avait été affecté aux services culturels du gouvernement militaire à Paris. Son rôle véritable, c’était d’acheter des objets de valeur pour les transférer en Allemagne.

Dès qu’il fut à Paris, il parcourut Montparnasse sur les conseils d’un collaborateur qui avait son pourcentage sur les œuvres achetées ou réquisitionnées.

-Une certaine Frieda, dites-vous. Une peintre ? Un modèle de Groszberg ? Groszberg a quitté la France. On dit que c’est pour les Etats-Unis.

Il avait promis de chercher. On se méfierait moins d’un Français que d’un Allemand. Durant plus d’un an, il n’y eut rien de nouveau.

Le 15 septembre 1941, le Français lui dit qu’il pourrait rencontrer le lendemain quelqu’un qui avait connu une peintre allemande.

Sorti du Lutétia, le quartier général du gouverneur militaire, Eric von Berger se dirigea vers l’avenue Montparnasse. Soudain un homme, un membre de la résistance française, un certain Rol-Tanguy, apprit-on plus tard dans les livres d’histoire, jaillit du porche d’un hôtel, se précipita vers lui un pistolet à la main,  et tira deux fois sur Eric qui s’écroula, la main sur la poitrine.

 

 

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Bonsoir et merci à Robert Paul de m'avoir acceptée.Je suis si contente...Merci à vous. J'ai bien pris note de la petite note en bas et je ne considère pas ce site comme un lien ou un renvoi ! J'ai découvert hier soir tard votre lieu et spontanément j'ai osé demander la possible intégration à celui-ci ! Je suis peintre, enfin j'étais verrier pendant de nombreuses années. D'une passion je suis passée professionnelle pendant une décennie avec aussi des animations auprès d'enfants et de femmes à la demande.dans une autre région. Je suis revenue en mon Anjou natal, seule, croyant abandonner définitivement ma vie d'Artiste, une vie pas toujours simple à vivre avec des hauts et des bas ! Mais il faut croire que c'est inscrit en mes gènes et trop tard pour renoncer ! J'ai définitivement abandonné  la peinture non sans avoir essayé en mon modeste lieu de vie la peinture à mains nues, à l'huile, avec un peu d'expositions surtout dans mon quartier et une invitation également en Kabylie en 2011. Depuis deux ans je me consacre exclusivement à l'écriture que j'ai découverte il y a environ cinq ans et ce en continu entrecoupée d'autres lectures d'écrivains d'ici ou d'ailleurs ayant eu pendant un long moment un profil sur le réseau social que je viens de modifier en page professionnelle...L'année 2012 fut consacrée à la rédaction d'un recueil poétique, mon premier bébé, qui fut édité par une petite maison d'édition Bauloise à laquelle j'ai demandé l'arrêt de la diffusion de celui-ci ainsi qu'un autre recueil qui est encore en vente il me semble mais dont j'ai également demandé le retrait. Ce dernier fut écrit conjointement avec un auteur dont je préfère le retrait pour des raisons personnelles ! En conséquence de quoi l'année 2013 fut une année de travail, de labeur, à mourir à ce qui aurait du être si beau et j'ai profité de cette année pour découvrir l'auto-édition et aussi ce que l'on entend par maison d'édition ainsi que des biographies en cours, des blogs en construction et pleins de projets en avalanche et des découvertes sur le net comme celle-ci qui me plait beaucoup ! Chaque découverte de lieu est une aventure...aussi permettez moi une petite indulgence si je ne viens que par petits instants mais régulièrement et permettez-moi quelques instants de découvertes avant d'être comment dire "opérationnelle" (sourire) disons installée dans les murs et vous découvrir ! 

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Je fais du tri dans mes écrits en préparation de deux recueils à sortir... et la création d'ici peu de ma maison d'édition sous forme associative couplée avec d'autres projets humanitaires (c'est beaucoup je sais !). Je retrouve ce billet que je n'avais pu intégrer ici car trop long...oui j'écris long... probablement déformation professionnelle ou plus exactement passionnelle  car écrire n'est pas un métier il est vrai,  j'ai ouï dire... Alors, c'est une passion bien prenante, laborieuse, studieuse mais si enrichissante d'un point de vue purement personnel s'entend !

Je ne sais toujours pas comment l'on peut faire pour s'ennuyer car je plus je vieillis et plus j'ai des projets et parfois, souvent même, la frustration de ne pouvoir tout faire ou tout voir comme absorbée par la connaissance, les apports des autres qu'il me tarde de découvrir ! Un peu de patience, je vais venir, je fais mes pas ici tout doucement mais surement... Je vous dis à bientôt, je m'isole pour confectionner, vérifier, re vérifier, et re re vérifier encore et encore et toujours sur l'ouvrage ôter ou rajouter mais retravailler toujours et encore comme le soulignait Nicolas Boileau...

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"Surtout qu'en vos écrits la langue soit révérée
Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée.
En vain vous me frappez d'un son mélodieux,
Si le terme est impropre, ou le tour vicieux.
Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage ;
Polissez-le sans cesse et le repolissez :
Ajoutez quelques fois et souvent effacez.
C'est peu qu'en un ouvrage où les fautes fourmillent,
Des traits d'esprit semés de temps en temps pétillent.
Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu ;
Que le début, la fin répondent au milieu ;
Que d'un art délicat les pièces assorties
N'y forment qu'un seul tout de diverses parties."

Nicolas Boileau dans l'art poétique.

A bientôt...

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Songerie en prenant le frais

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Plus aucun défi ne me hante.

Je ne me sens pas agressée.

Je suis sur la liste d'attente

Mais certainement pas pressée.

Allant mon train, je prends mon temps.

Lors, face au ciel, je m'émerveille;

Il est fabuleux bien souvent.

Quand il fait beau, je m'ensoleille.

Mes attraits étant périmés,

La solitude me convient.

Je n'ai plus le choix de charmer;

En souriant, je me souviens.

J'apprécie de rester lucide

Et sans redouter le moment

Où mon esprit deviendra fluide

Et mon corps mort, assurément

9 avril 2014

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administrateur littératures

Mais à quoi sert la littérature?

  A méditer sur la condition humaine? Pleuvent les coups du sort et les traumatismes de la vie pour cela, la littérature foisonnant de récits authentiques déguisés bien des fois en fiction, délivrant des messages tour à tour clairs ou subliminaux, l'auteur transposant sa propre histoire, ne fût-ce qu'un pan, au travers de l'un de ses personnages. C'est courant, parfois même galopant d'effroi; on pense: "Pauvre auteur!" mais cela va parfois si loin qu'on se met à douter. Coup médiatique? Stratégie commerciale? On n'est pas toujours dupe, on n'apprend pas également à un vieux singe à faire la grimace d'une certaine manière, et la grise masse achète...Jackpot!

  La littérature, urgence sociale? Reflet de mentalités souvent façonnées dans un esprit notamment nationaliste (France et Allemagne, avant-guerre), elle tente de justifier ou plutôt sert à justifier certaines nécessités dont celle de guerre lorsque le Grand Conflit éclata...

  La littérature, mensonge? Textes héroïsants et clichés de bravoure abondent, un exemple parmi d'autres, s'éloignant de la vraie réalité parfois trop horrible à conter. Rétablir la Vérité, dénoncer les impostures? Bien sûr, même si l'on aboutit une nouvelle fois au coup médiatique. Les témoignages, rien de tel, n'est-ce pas? Jackpot!

  La littérature, urgence psychologique? Ecrire permet, même imparfaitement, de mettre des mots sur les non-dits, des bassesses notamment, résultat: une masse d'écrits personnels généralement non destinés à la publication. Le besoin de vérité conduit, voire contraint, à écrire, besoin de mesurer, toujours mesurer, la réalité et les réalités...

  La littérature, urgence familiale et transgénérationnelle? Clairement: la société subit des traumatismes, poser des mots sur les souffrances et les désespoirs: une nécessité ici aussi! Songeons à Albert Camus qui, dans "Le Premier Homme", décrit l'émotion ressentie par des élèves à la lecture de "Les Croix de Bois" de Dorgelès.

  La littérature mémoire vive? Certes! Un travail de mémoire et de sensibilisation par la fiction (?), une fiction informée et enrichie par les progrès de l'historiographie et des sciences humaines, et le roman dit familial. Dénoncer vérités et mensonges officiels parfois? A nouveau le coup médiatique est proche, à s'y perdre.

  Mais, en fin de compte, à quoi sert la littérature? Elle sert, tout simplement, voire à comprendre le pourquoi... Merci de votre attention!

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Aphorismes sur la lettre A

 

Adversité:

Face à l’adversité, nous éprouvons notre capacité à subir ou à nous défendre.

Affection:

L’amour rend souvent inquiet, l’affection rassure ou console.

Affection:

Quand notre tendresse déborde, nous nous montrons affectueux.

Affectivité:

Notre affectivité nous lie quelquefois à des choses ou à des lieux d’une façon indéfectible.

Affreux:

Généralement, la laideur ne nous affecte pas vraiment mais ce qui est affreux nous trouble et nous fait nous en détourner.

Affront:

Un affront est toujours ressenti comme une inélégance par ceux qui en sont les témoins.

Affront:

Un affront fait rougir, pâlir ou réagir avec plus ou moins d’à propos celui qui en a été la cible. Âge:

On a l’âge que l’on croit avoir, en se sentant bien dans son corps.

Âge:

On n’est pas obligé d’avoir son âge mais la plupart du temps c’est tout comme.

Âge:

Quand on a atteint l’âge d’or on ne devient pas plus brillant pour autant.

Âge:

L’âge est du temps vécu, il dépend du poids de chaque année.

Âge:

L’âge d’une vieille personne n'a pas d’effet sur son moral si passant devant un miroir elle s'en détourne en l'ignorant.

Agir:

Quand il s'agit de s'engager, agir n’est pas toujours possible.

Agir:

Il ne sert à rien de s’agiter quand il faudrait agir.

Agnostique:

L’agnostique est d’une confiance enviable, il ne craint ni le diable ni le bon dieu.

Agressivité:

L’agressivité naturelle d’une personne se retourne contre elle en la rendant antipathique.

Aide:

De moins en moins gratuite, l’aide se change en louage de service.

Aider:

Quand on se voit contraint d’aider autant le faire de bonne grâce.

Aider:

On aide d’autant plus volontiers que l’on a peu d’efforts à faire.

(Extraits de «Mots dites-moi!» de Suzanne Walther-Siksou)

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Un éclair de lucidité

 

                                                            

Claude, je dis à tous combien peu vous valez.

L’ardeur que chaque jour, je mets à leur parler,

A tout instant de vous, m’inquiète et m’éclaire.

Une voix agacée me dit de me défaire

De l’étrange manie de vous blâmer toujours.

Et je te laisserais mourir, mon pauvre amour?

 

Casablanca juillet 1943   

 

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liens

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Nul ne pourra te détacher de cette alliance particulière, nul ne saura dissocier Diabliczka et Méphisto,  ces liens te condamnent à être mon unique égérie.

D’anonyme, te voilà portée vers les cimes fantasmagoriques de mes rêves un peu fous.

Une muse enfouie dans les méandres de la vie, comme ces statues enfouies dans ces siècles passés et comme elle, te voilà mise à la lumière du temps présent.

Tu étais déjà mais le savais-tu ?

Moi, je croyais l’être ?

Sur cet autel fait de draps, sur lesquels tu apparaissais parfaite, nul ne peut imaginer combien mes rêves sont envahis par ta présence et maintenant, tu es divine. J’étais comme beaucoup d’artiste, un peu mégalo, croyant avoir trouvé mon style, être au sommet de mon art mais il n’en est rien, je découvre tous les jours.

Tu m’inspires et à la fois tu es inspirée !

Ces dessins et peintures, j’imagine, tu imagines, je peins, je dessine et parfois tu me fais corriger ou tu corriges. Mes textes, je les écris seul, tu les approuves et je suis fier qu’ils te plaisent.

Cette idée de nous mettre en scène est aussi commune, si je ne les avais peints, ces liens, on les devinerait, invisibles, ils sont là, ils te lient à moi pour ces raisons artistiques mais aussi pour d’autres. Sans doute plus romantiques, amoureux mais cette chevauchée picturale est elle aussi romanesques !

Diabliczka et Méphisto, voilà un titre pour un recueil de dessins… Mais jamais terminé, presque chaque jour, il faudra ajouter une page !

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