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ADAM et EVE

 FEUILLES D'OR AUTOMNALES. 

Il  était  une  fois  aux  temps  inexistants,

Du cycle des saisons, deux esprits incarnés,

Dans une chair rose aux sexes coexistant,

D’un hermaphrodisme par l’amour consterné.

 

Le  Verbe  créateur  avait  clos  son  rêve,

Dans un été constant, sans mois ni saison,    

Eden parfait sans désir, si ce n’est pour Eve,

Démunie  de  secret  et  de  contrepoison.    

 

Frappé  d’anathème  au  cœur  de  son  jardin,    

Dieu  perçu  ses  blâmes,  la  soumit  au  péril,

De  la  fascination  d’un  fruit  rouge  gredin,     

Qui éclata son sexe comme une fleur d’avril.

 

Chassés du Paradis dans l’effusion de sang,  

Qui fit naître l’amour, nus en terre hostile,

Peu  à  peu  le  Seigneur  décoléra  céans,

Et  créa  l’automne,  aux  feuilles  fertiles,      

Pour couvrir d’un manteau son couple d’enfants.

 

Les  saisons  étaient  nées,  l’hiver  allait  suivre,

Pour gonfler leur toison  d’un duvet cotonneux,

Etre  forts  et  vêtus  en  quittant  soufflegivre*,

Couverts de feuilles d’or sous des temps floconneux.

 

Il  décida  de  bénir  les  choses  et  les  gens,

Nomma le printemps, l’été, l’automne et l’hiver.

Elle  s’appelait  Eve,  Il  l’appela  Adam,

Les destina à répandre, à propager l’Univers.

 

Claudine QUERTINMONT D’ANDERLUES.

soufflegivre  masculin

(Fiction) Dixième mois du calendrier tamriellien, dans le monde fictif des Elder Scrolls (série de jeux vidéos). Il correspond à octobre.

Un partenariat

Arts

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Lettres

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Une photo de Michel Lansardière, un pastel de Liliane Magotte
et une aquarelle de Jacqueline Nanson, une histoire…

Ceci est l'histoire simple et belle d'une photo "Nature morte" un jour déposée sur notre site, qui a trouvé un écho, s'est épanouie... et m'est revenu un magnifique cadeau...

12272972067?profile=original"Nature morte" (photo L. M.)

La photo aussi réussie soit-elle restera toujours figée pour l'éternité. La peinture au contraire par sa matière permet mille et une lectures, offrant un éclairage différent, perpétuellement changeant.

Ces deux oeuvres par exemple magnifient la photo, lui donnent la profondeur que seul le travail du peintre peut atteindre. Et à chaque artiste son style, sa technique, sa sensibilité.

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     Liliane : " Je découvris cette photo, émerveillée par ses couleurs, sa composition m’interpella, j’eus alors l’envie soudaine d’en faire un pastel ! Jamais encore depuis très longtemps je n’avais été inspirée par une nature morte. Sitôt dit, sitôt fait, le coeur à l’ouvrage, et le coffret de pastels ouvert à ma sensibilité, je décidai d’offrir à Michel une interprétation clair-obscur de la composition automnale. "

Si je retiens le pastel c'est à une aile de papillon à laquelle je pense immédiatement, velours et miroitements, sensuelles sensations. Au pastel en effet un velouté, une lumière qui caresse, qui brasille, qui réchauffe et envoute. Myrrhe et pourpre.


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     Jacqueline : " En voyant cette photo j’ai eu un coup de cœur pour cette association de fruits et légumes un peu surprenante, soudainement j’ai eu l’envie de les peindre étant intriguée par les feuilles tortueuses du maïs, une difficulté, un défi pour moi qui n’ai jamais peint une nature morte et quelle occasion de faire honneur à Michel qui nous offre de si beaux partages. Aussitôt j’ai décidé de l’interpréter et voilà le résultat un peu revisité à ma façon. "

A l'aquarelle lumière et transparence sans égal, grâce et spontanéité. Une délicatesse qui donne vie au sujet, qui n'a rien à voir avec l'instantané d'un cliché qui fixe la composition. Libelle dansant au coeur d'un cristal de roche.

Photo ou peinture ?

C'est bien là que l'on voit la supériorité du peintre sur le photographe, la peinture ou le dessin permettent de multiples interprétations, plaisir durable, qui imprègne et varie selon le temps. Baudelaire ne s'y est pas trompé qui définissait la photographie comme "Le refuge de tous les peintres manqués, trop mal doués ou trop paresseux pour achever leurs études." Et moi qui aime tant la photo je ne peux qu'y souscrire, piteux. Et Alain qui enfonce le clou "Le procédé photographique, copie trop servile de la réalité, ne donne jamais rien de beau."

Tenez, prenez un détail, insignifiant en apparence : le maïs. Sur le pastel il est à maturité, lumière mordorée, vermicelles d'or qui éclatent, qui vibrent, s'agitent, pop-corn dans la poêle à frire mais que l'on sait fait pour d'autres palais. A l'aquarelle, à peine glané, une pointe d'acidité, il agace la dent et flatte l'oeil telle une jouvencelle encore trop verte, il s'effeuille à peine, esquisse un pas et se dérobe. Dans un cas comme dans l'autre la peinture séduit, vit, aguiche, se renouvelle, humeur changeante, et l'on s'aperçoit que "nature morte" ne convient pas tant elles ont de personnalité.

Plus que jamais ces toiles sont une invitation au voyage, une vision florale et colorée qui nous porte vers un ailleurs imaginaire. Miroirs profonds qui nous donnent l'ineffable désir du monde.

Pour terminer je dédie le texte qui suit à Jacqueline et à Liliane,

mais aussi à tous les créateurs du réseau...

L'air du beau

Beauté classique, parfaitement ciselée

Beauté baroque, ors et parures

Luxe

Beauté romantique, idéal exacerbé

Beauté impressionniste, suggérée, aérée

Calme

Beauté expressionniste, violemment éclairée

Beauté cubiste, éclatée

Désordre

Beauté métaphysique, intellectualisée

Beauté surréaliste, dématérialisée

Volupté

L'Art, le Beau, pouvoir de changer d'ère.

L. M.

Un partenariat

Arts

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Lettres

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Que penser ?



Un ami avec lequel j’ai parcouru jadis, à diverses reprises, le poing levé, les rues de la capitale me disait :
Que penser ? J’ai été communiste, j’ai été maoïste, j’ai été guévariste. Je sais comment et pour qui les américains doivent voter. Ce que doit être la politique d’Israël dont les habitants ne connaissent rien de ce pays dont ils ont été absents durant deux millénaires. Je ne comprends pas les Français qui élisent un président qu’ils abhorrent, ni les Flamands qui se fient à un mangeur de gaufres. Rien ne tourne rond nulle part depuis quelques temps. Sans parler du climat qui se moque des climatologues distingués et prévisionnistes, suivez mon regard.
Que penser de la Tunisie, de la Belgique, de l’Egypte. Et demain, peut-être, d’autres pays qui sont un peu les nôtres durant les vacances ?
En haussant les épaules, il a ajouté :
L’histoire bégaye, une fois de plus.

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Une belle journée de septembre.

 

La ville était pratiquement vide. Seuls quelques passants, des étrangers à la ville vraisemblablement, déambulaient sur la grand place le mouchoir à la main, et se frottaient le visage et le cou tant le soleil de midi les faisaient transpirer.

Le podium sur lequel allaient se produire les candidats avait été installé le matin même. Le tissu rouge qui l’entourait dissimulait les tréteaux qui soutenaient le plancher.  A l’arrière un escabeau de plusieurs marches permettait d’y accéder.

Les ouvriers qui l’avaient installé, avant de partir avaient sauté dessus de nombreuses fois afin de s’assurer que le plancher ne risquait pas de s’effondrer.  

- S’agit pas que quelqu’un passe à travers.

Erigé sur le côté de la place, les sièges encore empilés les uns sur les autres, le tout avait un air incongru que les lumières des projecteurs allaient sans doute transformer le soir même.

Une annonce avait paru dans le quotidien local selon laquelle un crochet destiné à des amateurs de chansons aurait lieu dès le coucher du soleil après qu’un animateur ait chauffé l’auditoire.

C’était Festi-Chanson qui avait organisé la première attraction populaire et culturelle parrainée par le grand magasin du haut de la ville. Si elle s’avérait positive, elle se reproduirait l’an prochain avec un cérémonial plus spectaculaire. Dix rangées de sièges avaient été prévues.

- Et si les spectateurs sont plus nombreux ?

L’organisateur avait rassuré le responsable communal.

- Dieu vous entende. Ils se serreront contre la barrière.

Ils furent plus nombreux. Ils s’étaient serrés contre la barrière et quand le feu s’était déclaré deux spectateurs avaient été écrasés par des fuyards affolés. Ils étaient venus séparément, seul le hasard les avait réunis.

Le journal du lendemain les réunit à nouveau dans une seule et même manchette : « Deux de nos concitoyens sont décédés, écrasés par la foule, lors d’un incendie fortuit mais spectaculaire. Le substitut du procureur Ernest Duliere a ouvert une enquête ».

Avant de préciser la cause du sinistre, le plus simple avait été l’identification des victimes. Ils étaient munis l’un et l’autre de leurs pièces d’identité.

- C’est le destin. Pour une fois, qu’il se passe un évènement culturel.

Il avait fait appeler l’inspecteur Fernand  Delrue , un officier de la police judiciaire.

- Tu t’occuperas des victimes, Fernand. Qui sont-ils ? Etc. Le rapport habituel.

Valérie Dumonceau, une des deux victimes, une jeune femme âgée d’une trentaine d’années, une jolie fille, s’était levée tôt. Elle le faisait tous les jours. Son cerveau était incapable de distinguer le dimanche des autres jours de la semaine.

Cela n’ennuya pas Valérie, la température s’annonçait chaude, le soleil brillait déjà. Elle avait l’intention de se promener dans le parc et de mettre des vêtements légers. De ceux qu’on met sur la plage en été.

Le dimanche les souvenirs reviennent. En marchant dans le parc municipal souvent vide ou assise sur un des bancs, le bras pendant derrière le dossier. Elle n’avait pas toujours été la jeune femme seule et réservée que ses voisins connaissaient à peine.

- Bonjour.

- Bonjour.

En se laissant tomber sur le banc, Pierre demanda s’il pouvait s’asseoir. C’est en éclatant de rire qu’elle répondait.

- Je vous en prie.

Le même manège se reproduisait tous les dimanches depuis deux mois. Il était en short, la chemise largement ouverte. Un jour il avait eu le courage d’aborder Valérie. Il avait dit qu’il était à court d’haleine, qu’ils seraient ridicules tous les deux si dans ce parc vide, il s’asseyait sur un autre banc.

Il s’était présenté :

- Pierre Mullier.

Il travaillait dans le bâtiment qu’on pouvait apercevoir au bout du parc. Celui qui rassemblait les services techniques de la ville. Il tendit le bras.

Un peu plus loin au fond de l’impasse ; dit-il, c’était le domicile de l’ingénieur de la ville. Un ingénieur qui était mort peu de temps auparavant et qu’il était appelé à remplacer.

- La maison est encore occupée par la veuve. Je ne vous ennuie pas ? Je sais que je suis bavard. Regardez. Vous l’avez déjà vu peut être ?

Un homme sortait de la maison. Il avait à la main un sac en plastique dans lequel se trouvait une boite en carton marquée «  pâtisserie Moulard ».

- Tous les dimanches, c’est pareil. C’est monsieur Duliere, le procureur. Il va acheter une pâtisserie pour sa femme et il en profite pour en apporter une à sa maitresse. Leurs maisons sont contigües par l’arrière. Vous n’aimez pas les cancans ?

Il y avait longtemps qu’elle n’avait ri de si bon cœur.

Jean Duthoit, l’autre victime, n’était pas encore levé.  Tous les dimanches c’était le même combat qui se livrait entre son corps engourdi et son cerveau. C’était toujours son cerveau qui triomphait et Jean finissait par se lever.

La veille, il avait traîné dans les cafés de la ville où il avait ses habitudes. Dans l’un il avait joué aux cartes, dans un autre il avait bavardé avec le patron. A la fermeture, il avait hésité avant de rentrer chez lui. Il avait l’esprit brumeux, ce n’était pas désagréable.

Un dimanche matin, alors que le cerveau avait triomphé plus tôt que d’autres dimanches et qu’il arpentait le parc municipal, il aperçut un cycliste à qui il ne manquait que le casque pour ressembler à un coureur professionnel. Il avait laissé tomber son vélo, il s’était assis lourdement sur un des bancs, et discutait en riant avec une jeune femme d’aspect assez quelconque.

Sinon que parce qu’un autre homme semblait se plaire auprès d’elle, Jean lui trouvât du charme. Deux dimanches, il avait assisté au manège en se promenant autour du kiosque à musique. Deux dimanches, il lui avait trouvé du charme.

Mais c’est un autre dimanche qui allait les unir elle et lui. Le dimanche de leur mort.

Ce dernier dimanche, il avait dormi longtemps pour ne pas interrompre un rêve dans lequel il tenait Valérie dans les bras. Mais peut être que ce n’était pas Valérie.

Il connaissait son nom et son adresse. Non pas en rêve mais en réalité. Il l’avait croisée un jour de semaine, il l’avait suivie jusqu’au siège d’une société de comptabilité, il s’était renseignée à son sujet. Discrètement, avait-il pensé.

-J’ai l’impression, Valérie, que tu as fait impression sur un jeune homme sympathique. Il passe souvent devant les bureaux.

- A vélo ?

Une des secrétaires, celle dont le bureau donnait sur la rue, s’était étonnée.

- Tu connais quelqu’un qui fait du vélo ?

Elle répondit non mais elle pensa à Jean Mullier, son ami du dimanche matin.

- Viens vite, Valérie.

Trop tard. ! Le temps d’arriver, de se pencher à la fenêtre, on n’apercevait plus qu’une silhouette déhanchée. Qui, de Pierre Mullier, l’amoureux du dimanche ou de l’inconnu dont elle ne connaissait pas le visage, Valérie souhaitait-elle que soit le cycliste qui passait devant le bureau ?

Pierre Mullier avait pris la résolution de lui parler dès le prochain dimanche. Il ne sert à rien de faire trainer les choses.  L’amour a ses exigences, pensait-il. Pierre était mûr pour le mariage.

La veille il avait reçu des organisateurs de Festi-Chanson une requête précise quant au matériel nécessaire. De quoi construire un podium et de disposer de dix rangées de chaises.

Le beau temps aidant, cette fête culturelle, patronnée par le Grand Magasin de la ville, s’annonçait comme un futur succès.

Lorsque la veille du fameux dimanche Valérie avait pénétré dans la brasserie située place de la gare, un homme avait levé les yeux vers elle. Pourquoi avait-elle eu la certitude qu’il s’agissait de l’inconnu qui passait et repassait devant les bureaux ?  C’était Jean Duthoit en effet. Il eut un mouvement soudain. Celui de quelqu’un qui se décide.

Elle aimait l’atmosphère de cette brasserie. Il y avait du monde. Personne ne semblait se connaitre. Tout à l’heure, lorsque le train sera prêt à partir, chacun rejoindra son destin.

Le lendemain matin, le dernier jour de sa vie, elle s’était rendue au parc. Elle vit le substitut du procureur sortir, un sac à la main, de la maison de feu l’ingénieur de la ville que Pierre Mullier était appelé à remplacer.

Pierre Mullier vint la rejoindre.

- Je n’ai pas beaucoup de temps, Valérie. Il y a fête ce soir à la Grand Place. J’ai des choses importantes à vous dire. Vous viendrez ? 

Que dire d’autre ? La mort de Valérie et de Jean était due à la fatalité. Reste qu’il s’était agi d’une belle journée de septembre.

 

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administrateur théâtres

              "Roméo et Juliette" de  Charles Gounod à l'Opéra Royal de Liège. Roméo et Juliette, Opéra en un prologue et cinq actes, Livret de Jules Barbier et Michel Carré d'après Shakespeare,  créé à Paris au Théâtre-Lyrique le 27 avril 1867

la-coupole.jpg?width=250Mise en scène
Arnaud Bernard
Décors et Costumes
Bruno Schwengl
Lumières
Patrick Méeüs
Maître d'armes
André Fridenbergs

Juliette
Annick Massis
Roméo
Aquiles Machado
Stephano / Benvolio
Maire-Laure Coenjaerts
Frère Laurent
Patrick Bolleire
Tybalt
Xavier Rouillon
Mercutio
Pierre Doyen
Le comte Capuletopera-royal-de-liege.jpg?width=250
Laurent Kubla
Gertrude
Christine Solhosse
Gregorio
Roger Joachim
Le Duc de Vérone
Patrick Delcourt
Le comte Pâris
Benoît Delvaux
  
Orchestre et Chœurs de L'Opéra Royal de Wallonie
Chef des chœurs
Marcel Seminara
Direction musicale
Patrick Davin

 Dans le silence pacifique d’un immense écran bleu, deux amoureux se dévorent de désir cependant que rugissent des batailles  de rues  de jeunes jouvenceaux armés d’épées, une victime est déjà au sol. L’Amour et la Haine sont en présence. Le prologue commence. Le très sensible Patrick Davin,  à la direction musicale de l’orchestre, préfigure déjà avec grande finesse toute la dramaturgie  de Roméo et Juliette, où se mêlent l’amour désarmant et pur, la sensualité, le tragique et les féroces rivalités ancestrales avides de sang.  Les combats reprennent de plus belle. Cymbales, cuivres tragiques, cris, il y a maintenant six victimes et la septième s’écroule sans vie tuée par un mort vivant. Le chœur bordé des pleurs de harpe soupire comme dans les tragédies antiques : «  Vérone vit jadis deux familles rivales, Les Montaigus, les Capulets, De leurs guerres sans fin, à toutes deux fatales, Ensanglanter le seuil de ses palais. »

On sait que le livret de Gounod est au plus proche de la pièce de Shakespeare, et cela fait grand plaisir. Les personnages auront une profonde authenticité sans aucun chiqué, Ils sont fabriqués avec le tissu même de la réalité et des émotions humaines. Dès son apparition, Juliette est flamboyante, spontanée et gaie comme la jeune Juliette adolescente. « Tout un monde enchanté semble naître à mes yeux! Tout me fête et m'enivre! Et mon âme ravie S'élance dans la vie Comme l'oiseau s'envole aux cieux! » Juliette vocalise sur la harpe comme un oiseau posé sur la branche. Son ariette joyeuse émeut : « Je veux vivre, Cette ivresse De jeunesse Ne dure, hélas! qu'un jour! Puis vient l'heure Où l'on pleure, Le cœur cède à l'amour Et le bonheur fuit sans retour. Ah! - Je veux vivre! » Elle respire longtemps la rose dans une dernière vocalise.  La voix parfaite d’Annick Massis rayonne d’amour et de douceur.   Après la tendre scène du balcon où elle envoie son mouchoir à Roméo, la scène  de la bénédiction nuptiale par  le frère Laurent émeut profondément par l’espoir infini et insensé qu’elle inspire et par sa  profonde simplicité.  Une scène qui revêt les  qualités du sacré : c’est le recueillement absolu. Le frère Laurent, notre préféré, Patrick Bolleire,  en impose par  une  voix fabuleusement grave,  des gestes et  une  stature paternelles. Au quatrième acte  Juliette est devenue une  femme déterminée et profonde et sa voix s’élargit, s’assombrit et intensifie ses aigus puissants.  

Le personnage de Roméo (Aquiles Machado) se montre jovial et naturel et ne sombre jamais dans le mélodrame à défaut d’incarner  physiquement un jeune  jouvenceau.  Heureux caractère, il reste   candidement  illuminé par l’amour  et en oublie de répondre aux insultes de Tybalt (un excellent Xavier Rouillon). Ce n’est que lorsque Mercutio (Pierre Doyen) expire et que le silence de mort se fait que Roméo ose laisser libre cours à sa colère, suite à  un prélude orchestral  particulièrement lugubre.  « Remonte au ciel, prudence infâme, Tybalt il n’est ici d’autre lâche que toi !»  C’est un  amoureux plein de lyrisme que nous  voyons  dans la scène du balcon « De grâce demeurez ! Effacez l’indigne trace de la main par un baiser!»  et il est très  touchant lorsqu’il tombe à genoux en chantant « laisse-moi renaître un autre que moi! » Deux très beaux  rôles principaux émergent également, celui de la nurse et celui du père de Juliette, sa mère ayant été passée aux oubliettes par Gounod.  Une truculente Gertrude incarnée par Christine Solhosse et le père par Laurent Kubla.   

La poésie du livret touche autant que la musique qui oscille entre drame et lyrisme. La mise en scène contribue beaucoup à un sentiment d’harmonie et d’équilibre entre l’intime et les scènes  spectaculaires épaulées par la présence dramatique des chœurs.  Hommes et femmes de la maison Capulet  soulignent de façon très vivante et graphique  toutes les scènes de violence. Les scènes de combat mortel et de double mise à mort dans une lumière incandescente semblent réglées par le destin lui-même. La scène où le duc (un auguste Patrick Delcour) rend justice est aussi très impressionnante.  

 Les costumes sont d’époque, le faste des palais de Vérone  est bien esquissé mais de façon très aérienne et sobre. La cellule de Frère Laurent est un  laboratoire d’alchimie  perdu dans l’immensité bleue. La chambre de Juliette qui accueille la nuit d’amour est à la fois  épurée et symbolique: la couche d’un blanc immaculé est entourée d’un lys dans un grand vase à gauche et un cierge à droite. Leur duo bouleversant (Nuit d’hyménée, douce nuit d’amour) se conclut par la phrase désespérée «Non ce n’est pas l’alouette, c’est le doux rossignol, confident de l’amour! » La scène de l’union de Juliette au comte Pâris devant les prêtres est aussi un tableau inoubliable. Cette scène ménage un lent et douloureux suspense  lorsque  les innocentes  petites demoiselles d’honneur déroulent le   triste voile nuptial  dans la magnificence dorée  de la  musique jouée  à l’orgue. « Une haine  est  le berceau de cet amour fatal, que le cercueil  soit mon lit nuptial. » chante Juliette avant de s’écrouler, une phrase  prémonitoire et déchirante qu’elle avait déjà chanté au début.  Et dans la lueur des bougies autour du tombeau qui a remplacé la couche de Juliette, c’est le souvenir poignant  de leur nuit d’amour qui les réunit dans la mort « non ce n’est pas l’alouette, c’est le doux rossignol … Seigneur, pardonne-nous! » Ils ont fui hors du monde. Hors d’atteinte de la haine.

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http://www.operaliege.be/fr

Regardez les photos: http://www.operaliege.be/fr/photos/romeo-et-juliette-acte-ii-0

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Journal d'Aran et d'autres lieux de Nicolas Bouvier

"Si l'on ne trouve pas surnaturel l'ordinaire, à quoi bon poursuivre ?" Charles-Albert Cingria, La Fourmi rouge", cité dans Journal d'Aran et d'autres lieux de Nicolas Bouvier

"Tout ce qui est rouge est joli, tout ce qui est nouveau est beau, tout ce qui est habituel est amer, tout ce qui est absent est sucré", La maladie de Chûchulainn" Manuscrit L.U.H.4 Trinity College, cité dans "Journal d'Aran et d'autres lieux de Nicolas Bouvier

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NINA (SUITE)

                                                                         

 

soir d’hiver,

sombre, intense ;

le bonheur parfois a un goût de cannelle,

une senteur épicée,

à la fois étrangère et proche.

Je lis, enfin un peu,

somnolente je suis :

Soirée lente.

Je ferme mon livre,

engourdie je me lève,

un peu chancelante.

Nina me regarde,

ahurissement  réciproque et chaud.

Elle s’étire, s’arcboute,

me frôle les jambes,

câline, précieuse ;

me contemple à nouveau,

visite mon esprit,

deux gourmandises vertes,

sur moi s’imposent,  infinies.

Elle se love sur mon châle bleu-ciel,

en mohair, se rendort,

insoucieuse du monde qui l’environne,

féminine ronronne.

Je bois un thé,

contre elle, me pelotonne.

La nuit est là.

 

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NINA (SUITE)

 

Deux éventails verts,

entrouverts ;

un reste de sommeil,

les yeux de ma panthère,

sur moi posés ;

ombres d’été,

un rien bleutées,

au sein même de l’hiver,

 encombré et sombre :

Don somptueux de ma belle solitaire,

précieuse dans sa simplicité ;

féminités silencieuses et complices,

accomplies, amies.

Nina me contemple,

fait le tour de mon monde,

je suis bien.

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