Une photo de Michel Lansardière, un pastel de Liliane Magotte
et une aquarelle de Jacqueline Nanson, une histoire…
Ceci est l'histoire simple et belle d'une photo "Nature morte" un jour déposée sur notre site, qui a trouvé un écho, s'est épanouie... et m'est revenu un magnifique cadeau...
La photo aussi réussie soit-elle restera toujours figée pour l'éternité. La peinture au contraire par sa matière permet mille et une lectures, offrant un éclairage différent, perpétuellement changeant.
Ces deux oeuvres par exemple magnifient la photo, lui donnent la profondeur que seul le travail du peintre peut atteindre. Et à chaque artiste son style, sa technique, sa sensibilité.
Liliane : " Je découvris cette photo, émerveillée par ses couleurs, sa composition m’interpella, j’eus alors l’envie soudaine d’en faire un pastel ! Jamais encore depuis très longtemps je n’avais été inspirée par une nature morte. Sitôt dit, sitôt fait, le coeur à l’ouvrage, et le coffret de pastels ouvert à ma sensibilité, je décidai d’offrir à Michel une interprétation clair-obscur de la composition automnale. "
Si je retiens le pastel c'est à une aile de papillon à laquelle je pense immédiatement, velours et miroitements, sensuelles sensations. Au pastel en effet un velouté, une lumière qui caresse, qui brasille, qui réchauffe et envoute. Myrrhe et pourpre.
Jacqueline : " En voyant cette photo j’ai eu un coup de cœur pour cette association de fruits et légumes un peu surprenante, soudainement j’ai eu l’envie de les peindre étant intriguée par les feuilles tortueuses du maïs, une difficulté, un défi pour moi qui n’ai jamais peint une nature morte et quelle occasion de faire honneur à Michel qui nous offre de si beaux partages. Aussitôt j’ai décidé de l’interpréter et voilà le résultat un peu revisité à ma façon. "
A l'aquarelle lumière et transparence sans égal, grâce et spontanéité. Une délicatesse qui donne vie au sujet, qui n'a rien à voir avec l'instantané d'un cliché qui fixe la composition. Libelle dansant au coeur d'un cristal de roche.
Photo ou peinture ?
C'est bien là que l'on voit la supériorité du peintre sur le photographe, la peinture ou le dessin permettent de multiples interprétations, plaisir durable, qui imprègne et varie selon le temps. Baudelaire ne s'y est pas trompé qui définissait la photographie comme "Le refuge de tous les peintres manqués, trop mal doués ou trop paresseux pour achever leurs études." Et moi qui aime tant la photo je ne peux qu'y souscrire, piteux. Et Alain qui enfonce le clou "Le procédé photographique, copie trop servile de la réalité, ne donne jamais rien de beau."
Tenez, prenez un détail, insignifiant en apparence : le maïs. Sur le pastel il est à maturité, lumière mordorée, vermicelles d'or qui éclatent, qui vibrent, s'agitent, pop-corn dans la poêle à frire mais que l'on sait fait pour d'autres palais. A l'aquarelle, à peine glané, une pointe d'acidité, il agace la dent et flatte l'oeil telle une jouvencelle encore trop verte, il s'effeuille à peine, esquisse un pas et se dérobe. Dans un cas comme dans l'autre la peinture séduit, vit, aguiche, se renouvelle, humeur changeante, et l'on s'aperçoit que "nature morte" ne convient pas tant elles ont de personnalité.
Plus que jamais ces toiles sont une invitation au voyage, une vision florale et colorée qui nous porte vers un ailleurs imaginaire. Miroirs profonds qui nous donnent l'ineffable désir du monde.
Pour terminer je dédie le texte qui suit à Jacqueline et à Liliane,
mais aussi à tous les créateurs du réseau...
L'air du beau
Beauté classique, parfaitement ciselée
Beauté baroque, ors et parures
Luxe
Beauté romantique, idéal exacerbé
Beauté impressionniste, suggérée, aérée
Calme
Beauté expressionniste, violemment éclairée
Beauté cubiste, éclatée
Désordre
Beauté métaphysique, intellectualisée
Beauté surréaliste, dématérialisée
Volupté
L'Art, le Beau, pouvoir de changer d'ère.
L. M.