Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Toutes les publications (229)

Trier par
administrateur partenariats

12272983280?profile=original

Glorieuses saisons

Elles continueront leur éternelle ronde,

Les saisons de l'année, porteuses de beautés.

Elles conserveront leur façon d'exister,

Attaquées maintes fois par des forces immondes.

12272983476?profile=original Les saisons de l'année, porteuses de beauté,

Sont attendues partout, à leur tour, dans le monde

Attaquées maintes fois par des forces immondes.

Demeurent vulnérables en leur pérennité.

12272983680?profile=original

Sont attendues partout à leur tour, dans le monde,

Les humains sont joyeux, ayant à les fêter.

Demeurent vulnérables en leur pérennité,

Quand la rage survient en un lieu et l'inonde.

12272982879?profile=original Les humains sont joyeux ayant à les fêter.

Les grâces délicates comme la neige fondent,

Quand la rage survient en un lieu et l'inonde.

Ô mystères envoûtants, rêves d'éternité!

 

Suzanne Walther-Siksou

31 décembre 2013

Illustrations: Aquarelles de Françoise Buisson

" L'automne est un chant de couleurs "

Interprétations poésie, peinture et photos entre les membres d'Arts et Lettres,

sur un poème de Sandra Dulier et une aquarelle de Françoise Buisson

"La battue "

Interprétations poésie, peinture et photos entre les membres d'Arts et Lettres,

sur un poème de Joelle Diehl et une peinture de Nicole Duvivier

"Le printemps"

Interprétations poésie, peinture et photos entre les membres d'Arts et Lettres,

sur un poème de Nina et une aquarelle de Adyne Gohy.

Merci Robert Paul pour ces video

réalisées à partir des montages "photos et textes"

reçus parmi les commentaires

des blogs

" L'automne est un chant de couleurs "

"La battue "

"Le printemps"

Le blog  "Au coeur de l'été " vient désormais

compléter ce quatuor de talents ici rassemblés.

Il termine en beauté cette belle aventure

qui aura durant quelques mois rassemblé de nombreux membres

Nous vous invitons à le commenter généreusement de vos textes ou de vos images.

Ces belles aventures de partenariats enchantent la créativité sur le site,

favorisent les échanges, les découvertes et les rencontres.

Merci d'y participer avec autant d'enthousiasme !

Liliane Magotte et Robert Paul.

 

Les partenariats

Arts

12272797098?profile=original

Lettres

 

Lire la suite...
administrateur partenariats

Un professeur ...heureux !

12272982858?profile=original

Chaque année, le dernier jour de décembre avant les examens de Noël ou de juin, je reçois des cadeaux !

Nous immortalisons d'une photo et elle est partagée... sur leur mur .

Cette année, je vous en fait profiter, chers amis.

Oui, la jeunesse est difficile, le métier d'enseignant est malade, mais lorsque nous recevons, nous , enseignants, un pareil cadeau, nous reprenons courage et repartons d'un pied alerte.

12272983852?profile=original12272983693?profile=original

Lire la suite...


AFFICHE EXPOSITION WUXI

Du Musée d’Art Contemporain de Wuxi à la galerie Jiangsu Phoenix Arts à Pékin, c’est le chemin parcouru par les dernières toiles que je viens de vous présenter en fin d’année 2013 (et quelques autres peintures de mes grands formats exposés par la mairie de Millau fin 2011), après un accrochage de plusieurs mois à la galerie Phoenix Art Museum of Contemporary Art à Shangaï.
Je vous réservais la nouvelle pour ce premier jour de l’année 2014, car si l’Aven aux Merveilles est pour moi l’aboutissement carnettiste de l’an passé, le stage carnet de voyage au Rajasthan celui des stages lointains pour l’année qui vient de s’écouler, la présentation de mon travail pictural dans quelques lieux d’exposition prestigieux en Chine, marque quant à elle ma transition picturale entre 2013 et 2014, année que j’ai placée sous le signe du «merveilleux»...
MUSEE D'ART CONTEMPORAIN DE WUXI

Le musée d’art contemporain de Wuxi où mes toiles ont été exposées en juin et juillet dernier, avant de partir pour Shanghai, puis Pékin.
Il serait trop long de raconter ici en détail cette dernière «aventure picturale», mais je peux au moins vous en faire partager quelques images, prises au début de l’exposition.
MUSEE Art Phenix de Wuxi

Quelques salles du musée d’art contemporain de Wuxi

Nous ne sommes qu’une poignée d’artistes français d’origine tarnaise (je suis né dans le Tarn, la «patrie» de Toulouse-Lautrec), sélectionnés pour représenter les courants «naturalistes» contemporains (compris ici comme «en rapport avec la nature») de l'Hexagone qui identifient leur région, avec les préceptes hérités des grands maître de l’art moderne, je cite ici la préface du catalogue des expositions : «Ces artistes sont les enfants spirituels des premiers peintres modernes français, par leur pratique, leurs œuvres, leurs couleurs, ils continuent à définir un pays.
Les artistes de cette exposition viennent du Tarn, dans le sud-ouest de la France, région sèche et chaude, région de contrastes, région du peintre Toulouse-Lautrec, artiste important du post-impressionnisme avec Cézanne, Van Gogh.
On retrouve ainsi dans leurs œuvres, l'influence de leurs aînés…
Primitivisme malicieux et matières anachroniques pour Alain Marc, qui nous renvoi a l'art pariétal de sa région natale…»
PEINTURES ALAIN

Une partie de la salle qui m’était consacrée (au premier plan à gauche, l’une des toiles de l’exposition de Millau 2011)
SHANGHAI 3

Visiteurs devant mon «Cheval magdalénien»


Les chinois disent : « Cette exposition est comme un passage de témoin, passage de la France a la Chine, passage du centre de l'art du siècle passé a celui de notre époque...
Après la France, la Chine est aujourd'hui en train de devenir l'un des lieux les plus excitants de notre planète pour voir et créer de l'art.
Il est naturel qu'un hommage au passé soit rendu, pour mieux construire le futur… »

Extrait de presse (médias de Wuxi) : «Phoenix Art a invité neuf artistes français à Wuxi, en Chine, pour assister à la cérémonie d'ouverture, découvrir les paysages chinois, et s’imprégner de notre culture. Suivront des séminaires universitaires et salons artistiques VIP pour ces artistes en interaction créative entre la Chine et la France…»
INAUGURATION 14

Toute l’équipe des peintres sélectionnés (sauf moi-même, qui devais assurer ma présence au stage d’aquarelle en Bretagne, mais j'étais représenté par notre agent d'art, …après cela, qu’on ne me dise pas que je ne fais pas de gros sacrifices pour mes stagiaires !), avec le « staff » français et les sponsors chinois, sur le parvis du musée.

Je précise que tous les frais liés à ces expositions (frais administratifs, préparation / acheminement, envoi des œuvres, coûts annexes, etc.), ont été pris en charge par nos sponsors chinois, et que tous les artistes ont été invités en Chine une semaine entière tous frais payés (A-R depuis leurs ateliers) par les organisateurs de l’exposition (ceux-là, au moins, sont de vrais mécènes, une valeur qui se perd sous nos cieux aujourd’hui !), avec, aux dires de mes confrères, un accueil exceptionnel qui leur fut réservé (mais pas pour moi puisque je suis resté en France pour tenir mes engagements, afin d'animer un stage programmé bien avant les dates définitives de cette exposition).
Quand je pense qu’ici chez nous, rares sont les organismes qui s’intéressent à mon travail, pour lequel je dois généralement payer si je veux l’exposer (dans quelque salon ou exposition que ce soit, raison pour laquelle j'ai décidé de ne plus exposer que très rarement) !
Il est encore heureux, que ma peinture soit appréciée par quelques collectionneurs (grâce auxquels j’existe réellement par la valeur marchande de mon art, je les en remercie), mais qui ont bien du mal à voir mon travail pictural et à le trouver…

Voilà la dernière «aventure picturale» de l’année 2013 et la première de 2014 que je voulais partager avec vous...

Alors, ce que je vous souhaite si vous avez des projets pour cette nouvelle année, c’est qu’ils se réalisent et puissent porter jusqu’au bout du monde votre pensée, quoi qu'il arrive, et si vous-mêmes ne pouviez y aller.

Très bonne année 2014 !

Lire la suite...

Bonne Année 2014

BONNE ANNÉE

 

La pendule

Qui cumule

Avec le calendrier,

Son plus habituel allié,

L’art de grignoter le temps

Ta tan tatan t’attend

Année 2014

Et déjà on te devine

Somptueuse et divine

Tu apportes la santé

Du bonheur à satiété

Et avec grande largesse

Tu amènes la richesse

Ô vous tous mes chers amis

Profitez des jours promis

Chantez, riez, buvez

Aimez si vous savez

Et n’ayez plus en tête

Que de faire la fête

Et puis parfois

Pensez à moi

Sachez que je vous aime

Et vous, faites de même.

 

Marièva Sol

 

 

 12272987458?profile=original

 

Lire la suite...
administrateur théâtres

12272985487?profile=originalVoici une savoureuse infusion d’Agatha Christie, de costumes des années 40, de promenades dans les coulisses du Phantom of the Opera (on scrute quand même le lustre sous lequel on passe lors des déambulations), un soupçon du charme discret de « Remains of the Day » et un à-bras-le-corps avec le personnage principal de l’ « Inspector Calls » de JB Priestley, …que vous interpréterez vous-même! La morale de l’histoire s’avérera d’ailleurs être la même que celle de la première pièce en anglais que vous avez  dû lire jadis quand vous étiez au collège. Au collège ? Mais oui, c’est là que cela se passe ! Ou plutôt au théâtre du collège Saint-Michel où il vous sera demandé de résoudre l’énigme de qui a réellement tué le baron d’Arras, fraîchement réfugié dans le théâtre avec toute sa domesticité, sous l'occupation allemande en 1944.


Il n’y a pas de metteur en scène à féliciter mais toute une compagnie de gens du théâtre (quatre anciens de l'IAD), qui se connaissent bien et se plaisent à écrire et à jouer ensemble. La compagnie  LAZZI véhicule un art totalement vivant, plein d’humour et de brio, aussi éphémère que la musique d’un concert, mais combien vibrant. Chaque représentation est différente selon les réactions du public partagé en quatre groupes de spectateurs qui arpentent les lieux de la représentation. Le spectacle fut créé au château de Modave en 2003, un lieu certes riche en salons, corridors, chambres, bibliothèque et autres recoins secrets.


En 2013 c’est la découverte des dédales d’un autre lieu d’histoire, le Théâtre Saint-Michel, qui nous guette des caves aux combles… en passant par d’anciennes classes de ce collège mythique qui a vu s’écraser à deux pas de ses murs un V2 meurtrier en 1944. Le cœur du spectateur palpite d’ailleurs dès les premières sirènes, les mêmes que celles entendues par nos aïeux.


Les quatre groupes voient le spectacle dans un ordre différent, menés chacun par un domestique sarcastique en diable qui ferait bien dans un thriller. La proximité jette des frissons d’effroi. Il n’est pas interdit de prendre note - ce que firent certains, à tout hasard - et évidemment tout se résout à la fin, sur la scène principale, entre rires et larmes, sous le regard critique des quatre impayables domestiques. On a vite un suspect en tête… on a le temps d’échafauder entre les scènes et on a envie de se laisser prendre au jeu. Les spectateurs n’hésitent pas à confronter leurs impressions pendant leur périple labyrinthique. La fin du jeu est le nom d’une pièce célèbre d’Eugène Ionesco qui virevolte dangereusement sur un bouquet de citations musicales parodiques complètement surréalistes! Ouf un peu de détente en même temps que la morale de l’histoire!


12272985666?profile=originalEn plus de cette approche insolite, le public est comblé par la très belle dramatisation. Le majordome, Matthias fourbe et splendidement servile malgré la rage sociale qui lui étreint le cœur est plus vrai que nature sous les traits de Thomas Linckx. La baronne Marguerite prend des airs de Marlène, oscillant entre alcool et femme fatale ou femme délaissée. Elle est merveilleusement croquée par une excellente Evelyne Rambeaux. La gouvernante Adèle, qui n’a rien d’une grande sèche, s’est glissée sous les traits joviaux de Pascale Vander Zypen, une femme diabolique ? Tandis que son comparse, Christian Dalimier incarne parfaitement le grand échalas de peintre de salon, Henri Rolin, épuisé d’être aux petits soins d’un mécène qu’il méprise.

12272986660?profile=originalMalgré les pérégrinations, on ne perd jamais le fil de la toile où sont enfermés les personnages. Au contraire la mosaïque de la comédie de mœurs se fait de plus en plus lumineuse, jusqu’au(x) coup(s) de théâtre de l’apothéose. Mais qui a donc tué d’un coup de couteau dans le dos, le Baron d’Arras dans le bureau?


La mise en espace très habile des scènes recrée minutieusement l’atmosphère de l’époque. Clap, moteurs ! Va-t-on être filmés avec les acteurs? Un vidéaste n’a pas cessé d’accompagner le groupe rouge! Et finalement  le concept vivant du spectateur obligé d’arpenter l’énigme dans tous les sens, replongeant à chaque fois dans un nouveau bain de mystère, est  fort porteur. Si vous allez au théâtre pour vous endormir… c’est raté ! Le résultat est une pétarade de fiction romanesque et de petit bonheur théâtral de grande qualité. Entre nous, c’est vif, c’est enlevé, c’est acéré et grinçant à souhait, comme une ghost story! De quoi clore avec brio une année 2013 qui n’a pas toujours plu à tout le monde!

Quanddu 26 décembre au 31 décembre
Horaire20h15
Théâtre Saint-Michel
2 rue Père Eudore Devroye
1040 Bruxelles
Prix12-22€ / 14-24€ (le 31/12)
Réservation02 737 04 40
Réservation par emailbilletterie@theatresaintmichel.be

Lire la suite...

M'aimez, le voulez-vous...?

Dame, vous avez l'art divin et la manière

D'esquiver l'entretient en feignant la rencontre;

Qui de vous m'approchant et me voyant tout contre

Accuse  votre fuite en sa feinte dernière.

Pour vous beaucoup aimer aussi un peu souffrir,

Plus doux lien m'enchaîne à ce coeur languissant

Qui se voudrait Amour vainqueur et florissant,

Je me meurs doucement, lentement sans mourir.

M'aimez, le voulez-vous, votre absence perdure?

Mon âme, ma douce âme en prison retenue,

Il faut encore aller, par le sort, détenue,

Saurai-je attendre alors que maints griefs, j'endure?

A vos yeux, trouver grâce et m'y fondre d'Amour,

L'offrande, faites-moi, de votre coeur aimant

Afin qu'entre vos bras, je fusse un vif Amant,

Le Maître et le Seigneur de votre bel atour!

L'unité de Soi-même en deux-Un, recouvrée,

Combien nous faudra-t'il de temps en l'Heure ouvrée?

L'humaine amour se lasse en sa prison dorée

Et de vous, je ne puis demeurer à l'orée.

Nous ne rimerons pas à l'amour embrasé

En conjuguant nos corps, il me faut m'y résoudre

Et ce grain pur et doux, nous ne l'y viendrons moudre

A la meule du coeur dont je suis écrasé.

Orélien des SOURCES.

L

Lire la suite...

La vie et la mort d'un élu de dieu.

 

Ce matin, j’ai assisté aux funérailles de Jonas Rubinstein au crématoire de la rue du Silence. J’y étais déjà venu à quelques reprises mais les années passant, j’y allais de moins en moins souvent. Ce n’était pas par indifférence ou par la crainte de prendre froid mais il y avait de moins en moins de gens à honorer autour de moi. Parfois je me sentais assez seul. La plupart de mes amis étaient morts. Lorsque le cercueil s’est mis à glisser vers la bouche de feu, nous avons baissé les yeux. Il n’avait personne d’autre que Cécile et moi.

Jonas était âgé de près de septante-cinq ans. Pratiquement  nôtre âge. L’âge a une grande importance dans la vie des hommes. Il situe les évènements. Sans lui, ils se mêlengeraient dans leur mémoire.

Lorsque nous nous sommes connus, nous étions voisins. Chacun de nous occupait un appartement du même type dans un immeuble nouvellement construit.

Pour lui, comme pour nous, c’était la première fois que nous faisions l’acquisition d’un endroit dont nous serions propriétaires. A crédit sans doute mais si nos existences se déroulaient normalement, nous le deviendrions dans sa totalité.

C’est lui qui m’avait dit, un soir que nous parlions du futur devant une bouteille de vodka :

- C’est quoi, une existence normale ?

Jonas était né à Gdynia en Pologne. Lorsque les allemands envahirent la Pologne, il était âgé de douze ans. Il fréquentait le collège depuis trois ans et envisageait d’entrer plus tard à l’Université de Cracovie pour y apprendre la philosophie. C’était un adolescent intelligent. Le soir, Jonas se rendait à la Yeshiva, une école dirigée par des rabbins, où il apprenait l’hébreu et la Thora.

Son grand père, Salomon, était un rabbin respecté de la communauté. Jonas lui rendait visite pour lui parler de ses études ou lui demander conseil. Avec son grand père, il ne craignait pas d’aborder les sujets de conversation qu’il ne pouvait pas avoir avec son père. Au sujet des filles par exemple. Il faut bien le reconnaitre, juives ou non, aux yeux d’un jeune garçon, elles avaient toutes des attraits qui donnaient à rêver, la nuit généralement, et même alors qu’on ne dormait pas encore. 

C’était à l’approche de l’invasion de la Pologne.

Il y eut d’abord les lois anti-juives. Les pogroms existaient depuis longtemps. Tuer ses semblables défoule; a dit je ne sais plus quel sociologue.

Un soir que Jonas était auprès de son grand père, un groupe dont personne n’eut été capable de dire quel en était le plus soûl des participants, deux d’entre eux munis d’une hache fracassèrent la tête du rabbin. Les autres le tirèrent hors de chez lui, et l’abandonnèrent en criant mort aux juifs.

Cette frénésie à tuer les avait empêchés de voir Jonas, pétrifié derrière l’armoire où le grand père rangeait la Thora. C’est ce jour-là vraisemblablement qu’il apprit à se taire et que ses yeux prirent cette couleur de noir qui fit dire, longtemps après encore, qu’il avait de beaux yeux dans lesquels on se serait noyé.

Gloria, sa femme, était jolie. Lorsqu’elle était en maillot sur la plage, nous passions nos vacances ensemble, je la regardais avec plaisir. Parfois avec plus d’intérêt que celui que je portais à ma propre femme dont je caressais le corps par habitude maritale. Tous les maris se ressemblent je suppose. Jonas, c’était Julie ma femme qu’il regardait avec beaucoup d’insistance lorsqu’il pensait que je ne le voyais pas.

C’est vrai que Julie était plaisante, elle aussi. De plus, elle avait ce quelque chose qui retient l’attention des hommes sans qu’il y ait de la provocation de sa part. J’avoue que comme beaucoup de maris j’étais assez fier de l’attention que les hommes lui portaient. Les jeunes maris sont souvent bêtes. Leur attitude envers les femmes, la leur y comprise, est souvent faite de plus d’amour propre que d’amour véritable. C’est quoi, d’ailleurs, l’amour véritable ?

Un jour, parce que Gloria voulait prendre une radiographie qu’elle avait jetée au dessus de sa garde-robe, elle était montée sur une courte échelle et elle s’était dressée sur la pointe des pieds. Elle avait failli glisser, je l’avais empêchée de tomber en portant mes mains à ses hanches. Revenue à même le sol, la jupe tirée vers le haut, elle exposait sa culotte tendue sur sa croupe. J’aurais du retirer les mains. Je les ai laissées. Elle a retourné le visage, je l’ai embrassée, elle a ouvert la bouche.

Je me suis parfois demandé s’il y avait eu quelque chose entre Cécile et Jonas ?

Au bout de quelques années, nous avons déménagé. Nous avions acheté une maison à la campagne mais nous nous voyions toujours autant. Gloria et lui ne souhaitaient pas quitter cet appartement qui avait été le premier qui leur appartint.

- La campagne, ça ne vous dit rien ?  

-Au camp, Pierre, je n’étais même pas propriétaire de

ma paillasse.

Ses parents, son frère et lui, furent arrêtés peu après le début de l’occupation de la Pologne. Ils furent mis dans des camps de concentration, séparés et probablement brûlés. Jonas était resté vivant parce qu’un des commandants du camp avait été séduit par sa beauté. Les commandants de camps étaient des gens qui sortaient des bonnes écoles. Ils étaient sensibles à l’intelligence et à la beauté. Il fît de Jonas son domestique personnel, et son amant. Jonas voulait vivre à tout prix.

Il avait sorti une bouteille de vodka ?

- Sais-tu comment j’ai rencontré Gloria ?

J’ai secoué la tête. Il m’avait raconté beaucoup de choses durant ces années, j’en avais deviné beaucoup d’autres.

- Comment la trouves-tu ? Je l’aime tu sais.

- C’est naturel, non ? C’est ta femme.

Il nous arrivait de vider la moitié d’une bouteille de vodka en bavardant. C’était le seul alcool qu’il buvait. Je n’ai jamais su s’il en buvait à dessein pour se confier sans inhibition ou s’il se confiait parce qu’il en buvait.

Après la victoire contre l’Allemagne nazie, ce sont les troupes soviétiques qui l’avaient libéré. Il s’était défait de son commandant qui voulait fuir avec lui.

Jonas lui enfonçât une baïonnette dans le ventre. Le capitaine soviétique l’avait trouvé quasiment prostré sur le cadavre du commandant allemand.

- Bravo camarade. Aucun de ces chiens ne mérite de vivre.

Qui mérite de vivre ? Y a-t-il un mérite à vivre ?

Au camp, il s’était juré de survivre à tout prix. Il poursuivait un dessein, Tous les desseins des jeunes gens se valent. Ils permettent d’attendre.

Il était âgé de vingt huit ans lorsque des membres du Parti, à Lodsz, le nommèrent directeur d’une usine de vêtements féminins. A l’époque, on ne jugeait pas de la compétence d’un dirigeant à l’aune de son expérience. La jeunesse et la détermination étaient des moteurs puissants pour la gestion d’une entreprise. C’est à cette époque qu’il fit la connaissance de Gloria.

Ils se marièrent sans y mettre de la passion mais ils avaient beaucoup d’affection l’un pour l’autre.

Un oncle qui avait émigré longtemps avant la guerre les invita à venir s’installer en Belgique. C’était un signe, pensa Jonas. L’existence d’un être humain emprunte de curieux détours. Ils sont le sel de la vie.

Saisi d’une fringale de connaissances, Jonas entama des études de droit. Il voulait devenir avocat. Le soir et le week-end, Jonas donna des cours de français à des compatriotes. Ce n’était pas un français impeccable qu’il leur apprenait mais c’était amplement suffisant pour des gens dont la plupart ne parlaient qu’à leurs compatriotes.

A la fin de ses études, il entra en stage dans le cabinet d’un de ses professeurs. Il s’exprimait désormais parfaitement en français. Seul, un léger accent révélait ses origines. Et la langueur de son regard, typiquement slave, disaient ses interlocutrices.

Cécile, ma femme, était sensible au côté ténébreux de sa personnalité. Une personnalité qui tutoyait son dieu parce que son dieu lui devait des comptes, disait-il. Jonas était sensible à la lumière qui émanait de Cécile dès qu’elle souriait.  

Un jour, en tombant, Gloria se brisa le col du fémur. C’est un accident assez banal à un certain âge. Bien que soixante-deux ans, ce n’était pas un âge acceptable pour ce genre d’accident ni surtout pour mourir à la veille de quitter l’hôpital.

C’est à la mort de Gloria qu’il se rendit compte qu’il  était capable d’aimer. Et, en même temps, qu’il n’y avait pas de raison pour s’accrocher à la vie sans raison véritable. Il est plus difficile de vivre que de mourir.

Mais il se l’était juré. Cette vie qui était la sienne, et qu’il avait sauvegardée, il n’y porterait pas atteinte de lui-même. Elle était une preuve sans qu’il sache ce qu’elle s’efforçait de prouver. C’était une question qu’il règlerait avec le dieu des juifs. Il y avait beaucoup de matières à discussion.

Jonas avait maigri en l’espace de quelques jours. Grand de taille, il s’était voûté. Ses yeux noirs paraissaient plus noirs encore et accentuaient le magnétisme de son regard. Il mangeait à peine.

- On ne peut pas le laisser comme ça.

C’est ce que j’avais dit à Cécile.

- En attendant, il pourrait rester chez nous. Dans la chambre d’amis.

- En attendant.

En attendant quoi ? Je suppose que Cécile pensait comme moi. Mais il y a des phrases impossibles à prononcer dès qu’on est sorti des idées générales. C’est Cécile qui parvint à le convaincre. A moi, il répondait non de la tête en souriant. Il attendait le moment des explications.

Un jour, il ne s’est pas réveillé. Je suppose qu’il a rejoint les siens.

 

 

Lire la suite...

Princesse Bixia Yuanjin


Avec la Princesse Bixia Yuanjin, nous entrons dans le monde merveilleux des divinités taoïstes profondément ancrées dans la mythologie chinoise, et toujours très vénérées.
Je voulais vous «offrir» la visualisation de cette peinture comme promesse et évocation de la vie en ce dernier jour de l’année, car si elle efface du passé tout ce qu’il peut nous transmettre de souffrance ou de maladie, son regard est tourné vers l’avenir, puisque, outre le fait de guérir, elle nous apporte de nombreuses promesses de fécondité.
Protectrice des femmes et des enfants, la Princesse des Nuages bigarrés (c’est aussi son nom), est assise sur un trône en fleur de lotus, et porte dans ses bras un enfant.
Coiffée de trois oiseaux aux ailes déployées, annonciatrice d’aube et de naissance, elle est légère comme l’air, entourée de nuages elle survole les lacs emportée par le vent, et dispense la pluie synonyme aussi de fécondité…    


Princesse Bixia Yuanjin
"Princesse Bixia Yuanjin" Acrylique et huile sur toile 81 x 65 cm
au milieu de ses nuages dorés.

Comme pour «Le territoire du Karst», si vous regardez intensément cette toile, vous aurez du mal à vous en détacher.
Plus que toute autre, cette déesse a un pouvoir bénéfique dont j’ai essayé de traduire le «magnétisme» à travers le regard de la princesse (ci-dessous), dont la partie gauche du visage, apparaissant derrière les nuages dorés, regarde l’avenir avec douceur et sérénité.
Le moins que je vous souhaite pour 2014 c’est qu’elle puisse vous protéger, et je vous dirai demain où se trouvent toutes ces toiles (et quelques autres qui ont eu la chance de les accompagner)… 


Princesse Bixia Yuanjin B

"Princesse Bixia Yuanjin", détail.

Lire la suite...

Bonhomme Janvier

imgr222019.jpg
Quand le froid est là pour longtemps,

Que l’on sait qu’il pourra durer,

On décide de mettre au monde

Un énorme bonhomme blanc.

Chacun lui donne un peu de vie.

Il ne fera peur à personne.

Ce n’est pas un épouvantail,

Pas non plus un méchant fantôme.

Traditionnel et avenant,

Il amusera les passants.

Nous le soignerons chaque jour,

Le garderons en bonne forme.

Lors, il survivra bien portant,

Jusqu’à la tiédeur du printemps.

Bonne année Bonhomme Janvier!

Vive le froid, vive l’hiver!

Lire la suite...

Premiers frémissements d'hiver

 

ruepetit014.jpg

Caresses froides de l'hiver
Qui se figent sur le gazon,
Blanchissent les toits des maisons,
Créent un émouvant univers.

Bientôt on verra à foison,
Dans un décor à découvert,
Des arbustes, demeurés verts,
En rayonnante floraison.

S'il paraît quelquefois pervers,
L'hiver est l'auguste saison
Qui fait triompher la raison,
Tout en inspirant de beaux vers.

Face à ses changeants horizons,
Dans des éclairages divers,
On retrouve durant l'hiver
Force et splendeur au diapason.

29 /11/2003

Lire la suite...

La dernière saison de chacun

 

 

PB050034.jpg

Ayant ou non des préférences,

Chacun de nous vit les saisons.
Le coeur a certes ses raisons,

Il repousse l'indifférence.

Chacun de nous vit les saisons,

Sensible aux vents de l'existence.

Il repousse l'indifférence,

En éveil, scrute l'horizon.

Sensible aux vents de l'existence,

À l'écho de chants, d'oraisons,

En éveil, scrute l'horizon,

Celui condamné sans offense.

À l'écho de chants, d'oraisons,

Accueille des réminiscences,

Celui condamné sans offense.

Ô cette dernière saison!

Accueille des réminiscences,

Comme des fleurs sur le gazon.

Ô cette dernière saison,

Irréversible évanescence!

30 décembre 2013

 

 

 

 

 

 

 

Lire la suite...

12272984670?profile=original 

SURPRISES D’AUTOMNE.

 

Déjà loin derrière nous, l’été de la Saint-Martin,

Nous a offert du soleil, des beautés lumineuses,

Températures douces  d’un été du Nord indien.

 

Les bois  se  sont colorés,  pour des  marches flâneuses,

Et  faire craquer les  feuilles en temps parfois incertains,

De  nuages  gris  de  pluie  qui  font  fuir  les  matineuses.

 

Automne neigeux ou venteux en des lieux inopportuns,

Il  surprend  le  programme  des  belles  lambineuses,

Chaussées  pour  la  ville  et  non  pour traîner patins.      

 

Déjà loin derrière nous,  l’été de la Saint-Martin,

Nous a offert du soleil,  des beautés lumineuses,

Températures douces  d’un  été  du Nord indien,

Avant d’ouvrir les portes, à l’hiver son blanc cousin.

 

Claudine QUERTINMONT D’ANDERLUES.

 

 

Lire la suite...

Les saisons de l'année

 

hiver222026.jpg


Le printemps, l'été, l'automne et l'hiver

Sont les quatre saisons de l'année,

quatre saisons qu'on reconnaît

car elles reviennent tout le temps,

le printemps, l'été, l'automne et l'hiver

Au printemps, la neige a fondu

et les oiseaux sont revenus.

En été, il fait très chaud,

on nage et l'on fait du vélo.

En automne, tout est si beau,

on marche en regardant en haut.

En hiver, on ski, on patine,

on défie le vent et le froid

Lire la suite...

N'avoir rien oublié...

" N'avoir rien oublié..."

 

                                                    Lorsque autour du festin, les convives heureux,

En ces jours frissonnants, feront choix de l’épure,

Dans la rédemption, lavés par une eau pure,

Partageront le pain qu'ils casseront en deux,

 

La dive charité raisonnera les âmes (*)

Pour que le monde, enfin, brûle tous ses haillons,

Lors, que les mains tendues en milliers de maillons,

Passeront par le feu, le chaudron de ses drames :

 

L’intolérance est là, pouvant être en tout lieu,

Se nourrissant du mal qu’elle cause sur terre,

Ne se vouant qu’au ciel, fomentant la misère

Lorsque l’absurdité prend figure de Dieu.

 

Quand l’amour ici-bas, mille lieues à la ronde,

Devrait pouvoir cueillir les plus beaux des matins, 

Que vaut l’être de chair, se mêlant au divin ?

Sa justice égarée, en fait, le rend immonde…

 

Il n'est plus folle foi, qu'en ces cœurs envahis

De bien tristes moissons, après mille semailles ;

Plutôt chercher la paix au tréfonds des entrailles,

Pour qu'aux nouveaux labours les fruits en soient bénis !

 

Dans cette haine aveugle, aux yeux gonflés d’écailles

En otage prenant, les femmes, les enfants,

Leur confisquant la vie qui n’est plus que tourments,

Derrière elle laissant une immense pagaille,

 

L’homme, lui, se complaît, regardant son miroir,

Plaçant une raison sur chacun de ses actes,

Ô sordide hérésie à compter dans ses pactes :

Pour l’argent, les honneurs, ainsi que le pouvoir.

 

Mais, s’ébahir d’un grain, à côté d’une grange,

Voir une simple fleur, à l’ombre d’un jardin,

Comme la vérité au cœur de l’anodin :

C’est : ne rien oublier, même si c’est étrange…

 

                                                   

 

  Roseline Gilles-Renier

                                                                                                           (Poésie classique régulière)

 

(*) âme : être humain

 

 

Que l’on soit croyant ou non, cela a-t-il vraiment de l’importance ? Tout humain dispose du droit inaliénable au bonheur sur la terre, ce lieu qui lui fut offert au premier matin du monde…

La détruire n’est guère une solution, pas plus que ses habitants, d’où qu’ils soient, la vie est trop précieuse ! Si la raison prenait le pas sur toutes les contingences humaines, tout pourrait reprendre une juste place et surtout :

il suffirait d’aimer !!!

Lire la suite...

Provence de l'Avent

Provence de l’Avent

(Poésie libre) 

 

J’aime ses doux soleils d’hiver,

Lorsque la nuit d’intense gel

Couvre de nacre et d’argent

Les Alpilles qui sommeillent.

Sa nature alanguie,

Ouvrant ses paupières sur l’aube,

Aquarelle aux furtives lumières,

Dans la surprise d’un réveil grisé.

Ses jours d’automne,

Bordant de rousses couleurs

Et de cheveux d’anges

Les dentelles de Montmirail.

Ses mas, vêtus de jaune et d’ocre,

Accrochés aux collines

Où nichent les oiseaux,

Entre les lauzes et les lézardes.

Ses traditions séculaires:

Sa table aux treize desserts,

La transhumance des troupeaux

Et cette odeur d’humus qui se soulève.

Quand le moulin de Saint Pierre

Orne ses pales d’un manteau poudreux,

J’image Daudet, écrivant ses lettres

Sous les vieilles poutres équarries.

Ses neigeux versants,

Où des morceaux de roches

S’unissent dans un heureux hymen

À l’horizon noyé de volutes tendres.

Ses hivernales lunes,

Quand la Sainte Baume

Revêt sa cape pourpre et blanche,

« Mère Noël », des brebis et des bergers.

Ses couchants divins,

Quand, tout contrits, les Maures

Conspuent leurs noces de frimas,

Sonnant d’une lointaine chapelle sarrasine.

Puis, ses teintes opalines,

Ornant de givre les lances des  lavandes,

Conjuguant leur moire dans les nuages,

Pour offrir à l’Avent des chemins d’éternité !

J’aime tout d’elle, cette Provence proche du ciel,

Où, sans doute, notre monde est né…

                                         Roseline Gilles-Renier    

Lire la suite...

L'automne

img222004x.jpg

Emilia, dans le bois

C'est la fête de la Nature;

Tous les arbres sont somptueux

On est surpris et puis heureux,

en voyant tous ces coloris :

de l'or, de l'orange, du rouge

du brun foncé et du vert clair.

Quand nous marchons, en souriant,

Notre sourire dit merci.

 

 

Lire la suite...

Le souffle de l'automne

P9010054

Quand les sedums en fleurs commencent à rosir,

en offrant leur nectar aux actives abeilles,

qu’un vent léger anime les arbres et les tiges,

et que de blancs nuages s’attardent dans le ciel,

tout est encore sourire, le soleil se fait doux;

on se sent confortable et cependant ému,

car on perçoit déjà le souffle de l’automne.

Dans les jardins, les fleurs qui vont s’épanouir,

seront le dernier don d’un été fructueux.

Bientôt nous reviendra, étonnamment touchant,

le spectacle glorieux des arbres à leur plus beau.

On le retarderait volontiers quelque peu.

Or l’on voit disparaître la page minutée

de chaque jour donné, aussitôt que vécue.

18/8/1999

Lire la suite...

La répétition

Puisque c'est le dernier jour de l'année, une courte pièce de théâtre.

La répétition

 

Trois femmes et un homme sont les personnages de la pièce. Ils suivent des cours de comédie chez Damien, un ancien comédien. Il reçoit un petit nombre d’élèves. Le décor est sommaire : une table, deux ou trois sièges, un lit. Et un téléphone.  

 

Lorsque la pièce commence, trois des personnages sont en scène. Ce sont deux des femmes, Louise et Denise qui doivent répéter une scène qui se déroule dans une maison de retraite. Et, tout au fond, Marie qui imite et caricature leurs gestes.

Denise, pour s’exercer, dira à trois reprises, à un rythme différent, la même réplique de Brecht. Une main sur la table, elle a les yeux levés, tandis que Louise assise, accoudée, la regarde attentivement. Denise récite :

Denise.- On dit qu’il faut s’oublier soi-même et partager ce qu’on a, oui, mais si on a rien ? La charité ne rapporte rien. Si elle rapportait ne serait-ce que quelques sous, ce ne serait pas une vertu si rare.

Louise.- Je ne le sens pas.

Denise recommence autrement. Avec emphase.

Louise.- Ah, non ! C’est mauvais.

Denise.- Tu es sûre ?

Louise.- C’est du Brecht, ma chérie.

Denise recommence.

Louise.- Décidément, je ne le sens pas.

Denise.- Tu es plus difficile que Brecht lui-même. (Elle prononce ch.)

Louise.- Pas Brecht. Brect. On ne prononce pas le ch.

Denise.- Tu me chipotes toujours sur tout. D’ailleurs, madame je sais tout, comment sais-tu comment ça se prononce ? Tu n’étais pas là de son vivant. A moins que…tu es déjà si vieille ?

Louise.- Ca te fait rire ? Fernand me le disait bien. Ca ne vole pas très haut chez toi.

Denise.- Ce n’est pas ce qu’il me dit à moi. Il est vrai qu’il y a des moments où ce ne sont pas les mots qui comptent.

Louise.- Garce !

Après un silence.

Denise.- Tu crois qu’ils vont lui acheter son spectacle ?

Louise.- Je l’espère.

Denise.- Sinon, qu’est-ce que nous allons faire ?

Louise.- Ce ne sont pas les rôles qui manquent.

Denise.- Toi, peut-être. Moi, je n’ai rien en ce moment. Je suis nerveuse.

Louise.- Un peu de patience. Il téléphonera dès que ce sera fait.

Denise.- Je me demande s’il n’aurait pas du proposer une autre pièce. Une pièce drôle, il y a un public pour ça.

Louise.- Ou un drame. Il y a un public pour ça aussi. Pauvre fille.

Denise.- Je ferais bien une prière.

Louise.- Une prière !

Denise.- Tous les vrais comédiens sont superstitieux, c’est leur sensibilité qui veut ça. Il y a aussi le lien qui existe entre eux et ce qui les dépasse qui est une preuve de leur vocation.

Louise.- Décidément, Fernand avait raison. Heureusement que tu ne prononceras jamais d’autres mots que ceux que d’autres auront écrit pour toi. Ne change pas, ma chérie. Tu te souviens de ton texte, au moins?

Denise.- Les vieux.

Louise.- Les vieux ? C’est le titre ? Ce n’est qu’un titre provisoire.

Denise.- Moi, je ne le vois pas, ce texte. Je suis comme toi, je ne le vois pas.

Louise.- Tu ne vois jamais rien. C’est toi cependant qui veux être comédienne ?

Denise.- Parce que j’ai la vocation. Quand j’y pense, j’ai des frissons. C’est une preuve, non ? Tu as des frissons, toi ?

Louise.- Non. Reprenons. Nous sommes dans la chambre d’un hôpital. Peut-être que je vais mourir. Désormais, chaque minute compte. Il me faut rassembler tous mes souvenirs. Ce seront mes seuls compagnons dans l’au-delà. Il faut qu’ils soient les plus nombreux possibles. Alors, tu le connais ton texte ?

Denise.- Je ne le vois pas, je te dis.

Louise.- Met tes lunettes, et lis. Je commence. Pourquoi ris-tu ?

Denise.- C’est toujours toi qui commande. Dois-je t’appeler maître, toi ou maîtresse ? Vous vous prenez pour qui, madame ? Maître Damien en personne, peut-être ?   

Elle imite.

Denise, avec emphase,- Ce n’est pas que je tienne au titre mais le respect de la hiérarchie est le pain des sociétés bien constituées. Fermez les bans.    

 

Denise feuillette un livre.

Louise.- Tu m’écoutes ?

Après un moment : tu m’écoutes ?

Denise.-  Oui, na.

Louise. - Non, tu ne m’écoutes pas. Qu’est-ce que je t’ai dit?

Denise.- Tu m’as parlé de Pierre.

Louise.- Si je t’avais parlé d’un homme, je t’aurais parlé de Jean.

Denise.- Jean, Pierre, hier c’était Marcel. Tu dis toujours la même chose.

Louise.- Et tu dis que tu es mon amie. Je pourrais crever que ça ne te ferait ni chaud ni froid. Le livre de madame ! Ca, c’est quelque chose. Des histoires d’amour pour midinettes. Mais le vrai amour, celui qui te met le feu au corps, sais-tu seulement ce que c’est ? Ne ricane pas. Celui qui te met le feu au cul. Voilà, je l’ai dit.

Un long silence.   

Denise se lève, glisse un signet dans son livre. Et fait semblant de sortir. Pendant que Louise compulse un carnet d’adresse. Elle a raffermi ses lunettes sur le nez. Elle compose le numéro. Un moment se passe. De l’indifférence affectée, son visage passe à l’inquiétude. L’interlocuteur a décroché. Enfin. Elle joue la surprise.

Louise.- C’est vous ? Jean ! Oh ! Je me suis trompé de numéro. Je vous prie de m’excuser. C’est vrai, je l’avoue, Jean. Souvent je fais le vôtre automatiquement. Je vous dérange, Jean. Mais si, je vous dérange.

Oh, ici c’est toujours la même chose. Dans ces maisons, il faut accepter une certaine promiscuité. Non, Denise, ça va encore. Sinon que ça ne vole pas très haut. Vous savez ce qu’elle lit ?  Là voilà qui revient. Au revoir, Jean. Je vous embrasse moi aussi.

Tu as été faire pipi ?  

Denise.- Tu n’apprendras jamais rien. Je ne comprends pas comment, je peux supporter ta vulgarité.

Louise.- Jean a téléphoné. Il voulait venir malgré les difficultés qu’il éprouve à se déplacer. Qu’est-ce qu’il imagine ? Que je vais écouter la vie qu’il aura menée avec sa femme avant qu’elle ne meurt.

Tu te souviens de la manière dont il me courrait après ? Et, ce n’était pas pour me parler de sa femme.

Bref, tu m’as comprise.

Denise.- Cela aussi, tu l’as déjà raconté dix fois. Tu veux que je te dise la suite.

Louise.- Mon cœur ! Mon cœur ! Je ne resterai pas un jour de plus avec elle.

Denise.- Calmes-toi. C’était pour rire.

Louise.- Albert, tu te souviens d’Albert ? Je te l’ai déjà raconté ?

Denise - Cela ne fait rien, racontes.

Louise.- Je l’appelais : l’homme au cheval.

Denise.- Il faisait du cheval ?

Louise.- Il jouait aux courses. A Ascot. Non, je me trompe. A Chantilly. Avec son chapeau spécial pour le Derby.

Denise.- Il jouait avec un chapeau ?

Louise.- Un jour, il m’a dit : Vous voyez ce tableau ? C’est un Courbet. Il vaut des millions. Pour une nuit avec vous, Louise, il est à vous. Je lui ai répondu : pour qui me prenez-vous. Un Courbet. Gaston Courbet. Pas un autre.

Denise.- Gustave.

Louise.- Quoi, Gustave ?

Denise.- Gustave Courbet. Pas Gaston.

Louise.-Gaston, Gustave, quelle différence. Ca n’empêche pas de peindre.

Denise.- Il n’est pas signé.

Louise.- J’attendais cette remarque. C’est ce qui lui donne une valeur supplémentaire, les peintres signent leurs tableaux, en bas, à droite, et parfois au dos de leur toile. Pour qu’on puisse les distinguer les uns des autres, en réalité. Ceux dont la patte est reconnaissable entre toutes n’ont pas besoin de signer. Est-ce qu’un poème de Rimbaud a besoin d’être signé pour être beau, je le demande à haute voix ?

Denise.- Rimbaud ! Mon dieu !

Louise.- En tout cas, si ce tableau n’est pas de lui, il est celui d’un de ses élèves. Et s’il ne vaut pas des millions, des millions et des millions, il vaut simplement des millions.

Un instant de silence, puis :

Louise.- J’étais la plus belle. La plus belle. Crois- moi. Ce dont tu te souviendras à l’heure de la mort, ce ne seront pas des livres, ce seront les caresses des hommes. Et celles dont ils t’auront privées. N’hésite pas. Le jour où tu ne t’en souviendras plus, autant mourir pour de vrai.

La place du cœur, ce n’est pas à la poitrine qu’elle se trouve. Ce n’est pas là. C’est là.

Soudain, le visage de Louise se crispe. Elle porte la main à la poitrine. Elle pousse un cri.

 

Marie, la troisième des femmes, elle fait office de chœur, commente.

- Elles ne s’aiment pas. Pourquoi les êtres humains ne s’aiment-ils pas ? Elles se connaissent à peine. Louise à cinquante cinq ans. Elle est belle et désirable. Fernand se jetterait à l’eau pour elle. Non, j’exagère. C’est à Denise qu’il fait du plat. Elle aussi, il la mettrait bien dans son lit. Pourquoi ne porterais-je pas témoignage de ce que je vois ? Aujourd’hui encore on répète avec emphase les propos des comédiennes grecques quant à des citoyennes de leur cité. Deux mille ans graveront-ils mes propos d’aujourd’hui dans le marbre de l’histoire ? Les Atrides, dites-vous. N’y a-t-il plus de meurtres aujourd’hui ? Plus d’enfants assassinés ? D’époux trompés et de femmes sacrifiées pour la gloire et l’ambition d’un homme ?

 

Denise.- Décidément, je ne le vois pas, ce texte.

Louise.- Moi non plus, en réalité.

Denise.- Je suppose que maître Damien a ses raisons. Mon rôle est si petit que je me garderais bien de donner une opinion. A mon avis, il s’agit du texte d’un ami. Ou d’un ami du producteur. Souvent, les producteurs ont des ces exigences…Je l’ai vu dans des films américains.

Vous entendez ?

Toutes portent la main à la poitrine. Entre Fernand.

Fernand.- Ce n’est que moi, mes jolies.

Toutes.- Tu as des nouvelles ?

Fernand.- Je suis venu pour entendre les vôtres.

 

Marie.- Elles se taisent. Aucun mot ne franchit leurs lèvres. Elles sont immobiles. De véritables statues. Les statues qui se trouvent dans les parcs de nos cités sont-elles simplement immobiles. Se mettront-elles à vivre dès que nous, nous aurons cessé de le faire ? Qui peut l’affirmer. Mais qui de nous peut affirmer le contraire.

 

Le téléphone sonne. Longtemps. L’une d’elles se décide.

Louise.- Prenez-le, Fernand. C’est vous, l’homme.

Fernand décroche.

Fernand.- Oui. Oui.

Il raccroche.

Denise.- Qu’est-ce qu’il a dit ?

Louise.- Oui, qu’est-ce qu’il a dit.

Fernand.- Je ne me souviens pas.

Louise.- Fernand ! Il s’agit de notre avenir. C’est trop grave.

Fernand.- Avec Fernand, rien n’est grave. Même ce qui est sérieux.

Louise.- Fernand !

Fernand.-Soit. Tout reste ouvert.

Toutes.- Ah !

Fernand.-Le producteur n’a pas dit non. Il a téléphoné à maître Damien…

Denise.-Pour le lui dire ?

Fernand.- Pour dire qu’il serait en retard. Que Damien pouvait l’attendre.

Dès lors, je traduis : rien n’est fait. Et si rien n’est fait, tout est faisable. Positiver. Il faut po-si-ti-ver. Si tu penses : c’est perdu, tu seras malheureuse.

Denise.- Et si tout à l’heure, maître Damien nous annonce que le producteur a dit non ?

Fernand.- Tu seras malheureuse, mais après. Est-ce que je t’ai déjà fait danser ?

 

Il invite Denise à danser. Sans musique.

Fernand.- Lorsque je danse, je me laisse guider par une musique intérieure. Est-ce que je t’ai déjà embrassée ? Non, ne t’inquiète pas, tu n’a rien de moins que les autres.

.

Marie.- Comment faire la différence entre la comédie et la vie ? J’allais dire : la vie véritable. Cela me plait à moi de passer d’une rive à l’autre de ce fleuve qui m’entraîne sans que je puisse me reposer un instant. Tu crois qu’il s’arrête parce que tu dors, pauvre conne. Et parfois, tu fais semblant de dormir une heure de plus. Mais le fleuve, lui, ne dort pas. Il continue de t’entraîner. Rêve ou vis, peu importe le nom que tu donnes à cette histoire sans queue ni tête, mais prend du plaisir, ma fille. Il ne s’agit pas d’un bout de texte de théâtre comme celui que Louise a prononcé tout à l’heure. Il s’agit de ton sang.  

 

Louise à Marie.

Louise.- Est-ce que je te l’ai déjà dit ? Tu es émouvante, ma petite Marie. Tu m’as émue. Tu dois être bouleversée toi aussi. Stanislavski le disait : Même si vous n’avez qu’un mot à dire, dites-le avec vos tripes. Bonjour, c’est bonjour. Mais : Bonjour, c’est autre chose.

Sur une scène de théâtre, tuer un enfant à coups de marteau ou manger des frites, pour moi c’est pareil. Ce n’est pas à nous d’être ému. Notre rôle, c’est d’émouvoir le spectateur. C’est maître Damien qui l’a dit.

Denise.- Comme c’est vrai. Retiens cette phrase, Marie. Je suis sûre que c’est une réplique extraordinaire. Je suis sûre que lorsqu’il l’entendra, dite par une autre bouche que la sienne, maître Damien demandera à l’auteur de l’introduire dans son texte.

Louise.- Où elle va tomber comme un cheveu dans la soupe.

Denise.- Personne ne s’en apercevra. Elle est trop belle. Les spectateurs, tu le sais, écoutent à peine lorsque la comédienne est jolie.

Louise.- Jolie ? Tu te crois au cinéma ? Au théâtre, ma fille, les spectateurs ne mettent pas leur manteau sur les genoux.

Silence. Le découragement les submerge.

Denise.- Pourquoi ne téléphone t-il pas ?    

Louise.- L’enfer c’est.., c’est l’attente. J’ai le corps tout remué. Je dois retrouver mon calme.

Denise.- Il n’est pas très long, notre texte.  L’art dramatique n’échappe pas aux lois générales de l’économie, c’est maître Damien qui me l’a dit à la fin du mois dernier. Pour quelques répliques à peine, c’est tout de même un comédien en plus. Et ça coûte, un comédien. 

D’accord, pas beaucoup. Mais tout de même. Et puis, le texte en est plus resserré. Moins de répliques, la densité augmente.  Oui. Et à force. Plus de répliques du tout, et la densité de l’œuvre est à son paroxysme. J’ai inventé le texte muet. Sans comédiens. Sans décor. Sans théâtre. Le comble de l’émotion dramatique.

Le téléphone sonne. Denise se précipite.

Denise.- Oui, Oui ? Ah, Ah, oui.

Elle raccroche.

Marie.- C’était maître Damien ?

Denise.- Qui donc, sinon.

Marie.- Cela peut-être n’importe qui, peut-être une erreur.

Denise.- Le plombier.

Marie.- C’était le plombier ?

Denise.- Tu ne veux pas savoir ce qu’il a dit ?

Marie - Non. Je le devine. Cette pièce sera un four. Il faut être toqué pour la jouer. Elle a été écrite par un apprenti. Et quand je dis un apprenti, je suis en dessous de la vérité. Tu peux me dire où est l’action ?

Denise.- N’empêche que le producteur  n’a  pas refusé.

Louise.- Ce n’est pas vrai ? Fais attention, Denise. Ne joue pas avec mon cœur.

Denise.- Il ne l’a pas refusée parce qu’il n’était pas encore arrivé. Lorsqu’il arrivera, peut-être qu’il la refusera mais peut-être qu’il ne la refusera pas non plus.

Louise.- Je sens que je vais mourir.

Denise.- Je répète ce qu’a dit maître Damien.

Louise.- Il avait une bonne voix ?

Denise.- Je ne sais pas. Il a dit : ne vous énervez pas, les enfants.

Louise.- Il a dit : ne vous énervez pas ? Peut-être que la pièce n’est pas si mauvaise. Il me semble la voir. C’est dans une chambre d’hôpital. Une chambre dans une maison de vieux. Louise, enfin le personnage qu’elle incarne est mort. Fernand vient nous l’annoncer. 

Fernand entre.

Louise.-Tu te souviens de ton texte ? Lorsque Louise, enfin le personnage qu’elle incarne, meurt. 

Fernand.- Elle me dit : ne me touchez pas avec vos mains farfouilleuses. Je peux me déplacer seule. Et je réponds, si je devais vous toucher avec quelque chose, ce serait avec mon pied. Là où je pense ! Oui, j’ai déjà dit des textes d’une autre nature. Mais quand on est comédien, on n’a pas toujours le choix.

Louise.- Je peux prendre le tableau ?

Denise.- Le tableau ?

Louise.- Le Courbet. Il est à moi. C’est dans le texte.

Fernand.- Evidemment, un texte dans lequel on cite un grand peintre comme Courbet, ne peut pas être mauvais. J’ai connu un auteur dont le héros parlait de Pablo Picasso, il trainait sur Paablo. Si un critique prétendait que sa pièce n’était pas un chef d’œuvre, il demandait : vous n’appréciez pas Picasso ?

Denise.- Le langage n’est pas très riche.

 

Marie.- Ne cherches pas une langue riche. Ne t’acharne pas à connaître un grand nombre de mots. Ou des mots rares. Les spectateurs risquent de ne pas te comprendre. A quoi bon savoir, si tu es seul à savoir. A trop savoir, tu risques de t’isoler. Au contraire, homme intelligent ou  femme ayant un peu de cervelle, tu feras semblant d’écouter ceux qui en savent moins que toi. Ils répandront tes louanges autour d’eux. Hosanna !

 

Denise.- Je crois qu’elle devient folle.

Louise.- Qu’est-ce qu’on fait ?

Fernand.- On attend. Que faire d’autre. Nous passons notre vie à attendre. Si le temps passé à attendre était supprimé, avec quelques années d’existence, nous la remplirions tout autant qu’aujourd’hui. C’est du Nietzche.

Denise.- Moi, j’en ai assez. Producteur ou pas, Damien ou pas, j’en ai marre, je m’en vais.

Louise.- Nous ne pouvons pas partir. Nous sommes des professionnels.

Fernand.- Louise a raison, nous sommes des professionnels.

Denise.- Mais, reconnaissez-le. Le texte est pauvre. C’est de notre réputation qu’il s’agit.

Louise.- Notre réputation. J’en connais une qui ferait bien d’y penser plus souvent, et avant de préférence.

Denise.- C’est à moi que tu fais allusion ?

Louise.- Non. Au roi de Prusse.

Denise.- Au roi de Prusse ?

Louise.- Madame ne sait pas qui c’est. Madame est trop jeune sans doute.

Fernand.- Les filles !

Denise.- Je comprend que des gens puissent en tuer d’autres. Je ne comprends pas qu’on puisse les mettre en prison pour ça. Il y a des femmes qu’on devrait pouvoir tuer, et plutôt que de condamner leur meurtrière, c’est elles qu’il faudrait mettre en prison.

Fernand.- Les filles, les filles.

Le téléphone sonne. C’est l’angoisse.

Fernand.- C’est vous maître Damien. Il a refusé, je le pressentais. Non. Non, il n’a pas refusé ?

Il se tourne vers les autres :

Il n’a pas refusé.

Au téléphone.

Fernand.- Quoi ? Quoi ? Il n’a pas refusé. Il est mort ? Sur le chemin ? Un accident ? Il ne reste rien de sa voiture ?

Il raccroche.

Fernand.- Vieux con ! Vieux con !

 

Marie.- Je n’aime pas les vieux. Ils encombrent le chemin des jeunes. Ils disent ce qu’il faut faire de ce monde qui n’est pratiquement plus le leur. Je le dis avec solennité : il faut tuer les vieillards.

 

Louise.- Ta gueule, Marie. Ta gueule.

 

Marie.- Nous sommes morts. Nous sommes tous morts. Mais ils n’ont pas le temps de nous enterrer tous à la fois

 

Parce que qu’elle n’arrête pas de réciter, il ne reste plus aux autres qu’à l’étrangler.

Louise.-Tu connaissais ton texte, toi ?

Fernand.- Bien sûr. Nous sommes des comédiens, pas des touristes.

Louise à Denise.

Louise.- Et toi ?

Denise.- Bien sûr. Nous sommes des professionnels.

Louise.- Oui. Toujours  prêts. The show must go.

 

On entend les trois coups du brigadier comme si la pièce allait seulement commencer.

 

                                       Rideau

 

Lire la suite...
RSS
M'envoyer un mail lorsqu'il y a de nouveaux éléments –

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles