Provence de l’Avent
(Poésie libre)
J’aime ses doux soleils d’hiver,
Lorsque la nuit d’intense gel
Couvre de nacre et d’argent
Les Alpilles qui sommeillent.
Sa nature alanguie,
Ouvrant ses paupières sur l’aube,
Aquarelle aux furtives lumières,
Dans la surprise d’un réveil grisé.
Ses jours d’automne,
Bordant de rousses couleurs
Et de cheveux d’anges
Les dentelles de Montmirail.
Ses mas, vêtus de jaune et d’ocre,
Accrochés aux collines
Où nichent les oiseaux,
Entre les lauzes et les lézardes.
Ses traditions séculaires:
Sa table aux treize desserts,
La transhumance des troupeaux
Et cette odeur d’humus qui se soulève.
Quand le moulin de Saint Pierre
Orne ses pales d’un manteau poudreux,
J’image Daudet, écrivant ses lettres
Sous les vieilles poutres équarries.
Ses neigeux versants,
Où des morceaux de roches
S’unissent dans un heureux hymen
À l’horizon noyé de volutes tendres.
Ses hivernales lunes,
Quand la Sainte Baume
Revêt sa cape pourpre et blanche,
« Mère Noël », des brebis et des bergers.
Ses couchants divins,
Quand, tout contrits, les Maures
Conspuent leurs noces de frimas,
Sonnant d’une lointaine chapelle sarrasine.
Puis, ses teintes opalines,
Ornant de givre les lances des lavandes,
Conjuguant leur moire dans les nuages,
Pour offrir à l’Avent des chemins d’éternité !
J’aime tout d’elle, cette Provence proche du ciel,
Où, sans doute, notre monde est né…
Roseline Gilles-Renier
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