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L'évaluation par compétences

Cet article a été écrit au moment de la mise en place du socle commun et de l'évaluation par compétences en France, sous le ministère de Luc Chatel et le quinquennat de Nicolas Sarkozy.

Il ne mentionne pas un fait très important qui explique pourquoi vous avez la même réforme en Belgique que nous, ici, en France : cette réforme correspond aux "critères de convergence" du Traité de Lisbonne et de la commission européenne concernant l’Éducation.

 

" - A quelle sauce voulez-vous être mangés ?

  - Mais nous ne voulons pas être mangés !

  - Là n'est pas la question."

 

Ce "savoureux" dialogue extrait d'une comédie de Courteline pourrait illustrer à merveille les multiples journées ou demi-journées pédagogiques auxquelles les enseignants de collège sont régulièrement conviés.  .  

 

On pourrait croire qu'il s'agit-là de "consultations démocratiques" où les acteurs de terrain sont appelés à apporter leur pièce à un édifice en construction. Il n'en est rien ; comme toujours dans l’Éducation nationale,  les consultations sont lancées quand les jeux sont déjà faits.  

 

Il en est ainsi de la nouvelle lubie de la rue de Grenelle : "l'évaluation du  socle commun des connaissances et des compétences".

 

Bien que prenant ma retraite à la fin de l'année, je m'étais suis rendu, moi aussi à la grand messe (je veux dire à la réunion "plénière"), après ma journée la plus chargée sur deux établissements, dont un en ZEP, réunion plénière suivie d'une réunion par discipline, au cours de laquelle je m'étais aperçu que l'on nous demandait de copier dans un "document maison" un document national émanant du rectorat, autrement dit, qu'il ne s'agissait nullement d'apporter notre pierre à l'édifice et encore moins de porter un regard critique, mais de montrer notre zèle à s'approprier la vérité révélée.

 

Beaucoup de collègues sont sans doute dans mon cas, partagés entre le scepticisme et le soupçon et aimeraient  bien entendre un autre son de cloche que celle de la "Bonne Parole" officielle.

 

Je les invite donc à lire les analyses que font de la notion de "compétence"  Nico Hirtt, enseignant syndicaliste, agrégé de sciences physiques, enseignant dans le Brabant Wallon, membre fondateur de l'APED (Appel pour une Ecole Démocratique), rédacteur en chef de la revue trimestrielle "L'Ecole démocratique" et auteur de divers ouvrages sur l'école : "sous le couvert d'un discours parfois généreux et moderniste autour de l'obsession des compétences pourrait bien se cacher une opération de mise au pas de l'enseignement : sa soumission aux besoins d'une économie capitaliste en crise."

 

Point de vue complété par Angélique del Rey, professeur de philosophie, auteur d'un ouvrage intitulé "A l'Ecole des compétences" dans lequel elle expose sa réflexion sur la notion pratique de l'évaluation des compétences dans un certain nombre de systèmes éducatifs, dont le nôtre. Que signifie cette "révolution copernicienne" qui consiste à remplacer le savoir par les compétences. Quelles en sont les conséquences, quels en sont les risques, quels en sont les enjeux  réels ?

 

Pour Angélique del Rey, la notion de compétences "est au croisement de trois processus, dont aucun n'est éducatif en son essence : processus de mesures et d'évaluation des aptitudes (issu notamment de la recherche en psychologie cognitive), processus économico-politique (modélisation de l'éducation comme marchandise), processus de gestion des ressources humaines qui a contaminé l'école dans les années 80, via la formation professionnelle et l'orientation scolaire."

 

Extrait d'une discussion entre Daniel Arnaud et Guy Morel sur le blog "Bonnet d'âne" "Bonnet d'âne" de Jean-Paul Brighelli  :

Le socle commun est acceptable  à condition toutefois de mettre en quarantaine la notion de "compétence" et de distinguer nettement entre le "socle commun" des connaissances et l'évaluation proprement dite, inacceptable en l'état.

Après tout le socle commun réintroduit ces indispensables "connaissances" passablement  passées à la trappe  depuis la Loi d'Orientation de 89. (Daniel Arnaud)

Le socle commun  et l'évaluation forment un tout dont la véritable finalité n'est pas le socle, mais l'évaluation. (Guy Morel)

 

La mise en place du socle commun des compétences et des connaissances signifierait donc l'appauvrissement à terme de programmes déjà bien mis à mal, le suppression de la notation, la transformation des établissements scolaires en "lieux de vie" et "de socialisation", la disparition des enseignements disciplinaires et de la rigueur des  apprentissages, au profit d'un vague vernis, d'une "culture de salon" inspirée de celle des médias les moins exigeants.

Il convient d'ailleurs de remarquer l'entente qui règne actuellement entre le ministre de l’Éducation nationale (Droite libérale) et certaines organisations de Gauche, de parents (FCPE), d'enseignants et de lycéens (on l'a vu encore dernièrement avec la Réforme deuxième mouture des lycées, dite Réforme Chatel), qui est en réalité une série de  propositions de certains syndicats d'enseignants de Gauche (le SGEN-CFDT et le SE-UNSA, mais pas le SNES), reprises avec une grande habileté tactique par le Droite.

Le SNALC s'est prononcé contre et le SNES semble avoir enfin compris que la défense des enseignants (et de l'enseignement) était incompatible avec le pédagogisme et la démagogie "new age".

Plus inquiétante est la subtile entreprise de formatage idéologique des élèves et de l'école, sous couvert de "développement de la créativité" et "d'implication dans la vie sociale".


La finalité ultime du "socle commun" et de l'évaluation des compétences est en réalité de supprimer la notion et la réalité même des savoirs et de retirer aux professeurs leurs fonctions d'évaluation pour la transférer aux chefs d'établissement, qui peuvent, à leur gré, valider des "items" refusés (un item est un mot savant pour désigner la déclinaison d'une compétence générale en l'une de ses composantes particulières (ex. : "compétence 1 : la maîtrise de la langue française, "item 1" : lire/ lire à haute voix, de façon expressive un texte en prose ou en vers), comme ils peuvent déjà, depuis la Loi d'Orientation de 89, prononcer le passage en classe supérieure en dépit des recommandations du conseil de classe.

 

Ce nouveau "gadget pédagogique" rejoint donc les différents "bidouillages"  destinés à faire croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes : note de vie scolaire qui descend rarement au-dessous de 15, quel que soit le comportement de l'élève et qui permet de "remonter" artificiellement la moyenne, baisse drastique des exigences des examens ;  en aval  : confection des sujets et en amont  commissions d'harmonisation ... "harmonisation" : "Ah ! qu'en termes galants ces choses-là sont dites !" Valorisons, valorisons, il en sortira bien quelque chose !

 

(NB : "harmoniser" dans la novlangue Educnat. signifie ajouter des points aux  copies des candidats à un examen (brevet, bac.) indépendamment de la valeur objective desdites copies, de manière à ce que les résultats correspondent au taux de réussite attendu.)

 

Ce n'est pas l'approche par compétences et la mise en place d'un "socle commun" qui diminuera la "reproduction" sociale et  régulera la sélection par l'argent, les relations, le lieu d'habitation et les "habitus" de classe pour parler comme Pierre Bourdieu, pas plus que la mise en place de la "discrimination positive" au mépris de la tradition républicaine de l'anonymat des concours que veulent mettre en place Richard Descoins et Alain Minc à l'entrée des Grandes Écoles (c'est fait)

 

Le système scolaire français, l'école primaire "lieu de vie" où l'élève "construit son propre savoir" et se contente "d'observer la langue", ainsi que le collège unique prétendument "démocratique", contribue au renforcement des inégalités sociales qu'il prétend combattre. La solution n'est pas dans le "socle commun", mais dans la mise en place de programmes exigeants, notamment en français et en mathématiques.

 

NB : "observer la langue" ; l'expression est une allusion à l'ORL ("Observation raisonnée de la Langue") qui a remplacé dans les écoles primaires l'étude systématique de la grammaire, du vocabulaire et de l'orthographe ; avec la méthode globale ou prétendument "semi-globale" d'apprentissage de la lecture et de l'écriture, en lieu et place de la méthode traditionnelle d'association graphème/phonème, cette méthode préconisée par une agrégée de grammaire (!) a fortement contribué au désastre actuel.

 

Voici une réflexion de fond sur le sujet d'Estelle Manceau, professeur de Lettres :

 

Quelques réflexions sur le socle commun

 

On peut déjà s’interroger sur la place du socle commun par rapport aux programmes : la formulation du texte* est en effet extrêmement ambiguë " Bien que désormais il en constitue le fondement, le socle ne se substitue pas aux programmes de l’école primaire et du collège ; il n’en est pas non plus le condensé. Sa spécificité réside dans la volonté de donner du sens à la culture scolaire fondamentale, en se plaçant du point de vue de l’élève (…) ". Qu’est-ce que cela signifie ? Cette formulation reprend un cliché : les programmes ne constitueraient qu’un empilement de connaissances dans lequel les élèves ne verraient aucun sens. Le socle serait une sorte de synthèse, unifiant les connaissances dispersées parmi les différents programmes dans un but cohérent. On peut déjà contester le fait de se placer " du point de vue de l’élève " : ce sont en réalité les concepteurs du socle qui imposent le sens qu’ils souhaitent à l’élève, alors que c’est justement en intégrant les connaissances définies dans les programmes que l’élève leur trouve un sens. En outre, nous avons ici le risque d’un tri dangereux et arbitraire, entre ce qui pourra trouver sa place dans l’objectif global défini par le socle, et ce qui en sera exclu ; ce tri risque d’être à la fois qualitatif (définition d’un socle réduit) mais aussi idéologique (le choix des compétences retenues valorise un certain type de société et d’individu).

 

Le socle met en avant sept compétences : cinq déjà mises en œuvre (maîtrise de la langue française, pratique d’une langue vivante étrangère, mathématiques et culture scientifique et technologique, techniques usuelles de l’information et de la communication, culture humaniste) et deux auxquelles on a porté moins d’attention jusque-là (compétences sociales et civiques, autonomie et initiative des élèves). Cette structuration en compétences a déjà pour but de casser l’organisation de l’enseignement par disciplines, ce qui ne constitue pas une tentative nouvelle : les compétences énumérées pourraient être enseignées dans toutes les disciplines et celles-ci concourent toutes à l’acquisition du socle ; la conclusion de l’annexe du décret conclut sur l’aspect global du socle (à l’inverse d’une division en disciplines). On peut deviner quelles conséquences concrètes cela pourrait avoir : plus aucune discipline ne devient vraiment indispensable, il sera donc possible de diminuer les horaires ; c’est aussi une manière de préparer le terrain pour les professeurs bivalents.

 

En outre, la liste de ces compétences m’inspire de réelles inquiétudes quant à leur contenu. D’abord, on remarque de grands absents, l’histoire et géographie, les langues anciennes, l’EPS, les sciences physiques, les sciences naturelles, la langue vivante 2 ; je laisse de côté la philosophie, puisque le socle concerne l’école primaire et le collège, mais que dire d’un socle censé être le " ciment de la nation ", privé d’une originalité remarquable de l’enseignement français ? Mais cela pose la question de l’âge de la scolarité obligatoire et de la poursuite d’études après le brevet. On remarque aussi qu’en structurant le système par le socle, on exclut la dissertation, exercice central dans l’enseignement français. Revenons aux disciplines du collège et examinons leur sort dans le socle

 

L’histoire et la géographie sont noyées dans la " culture humaniste ", de la même façon que sciences naturelles (biologie et géologie) et sciences physiques sont noyées dans la " culture scientifique et technologique " ; on voit ici un risque évident d’abandon de la rigueur propre à l’étude des différentes disciplines : analyser un document historique, ce n’est pas lire un texte littéraire. De plus, le programme des disciplines (même s’il est souvent critiquable) propose un ensemble de savoirs articulés ; le socle commun risque d’aboutir à une vision très superficielle de ces disciplines : il s’agit d’avoir un vernis, d’être capable de soutenir une conversation sur le sujet à un niveau sans doute proche de celui des médias.

 

L’EPS disparaît en tant que discipline, il est éparpillé parmi les différentes compétences, d’une manière qui confine parfois au ridicule : c’est ainsi que dans la compétence " autonomie " après une liste de connaissances concernant essentiellement l’économie, il est mentionné " avoir une bonne maîtrise de son corps, savoir nager " ; si j’avais mauvais esprit, je serais fortement tentée de donner un sens figuré à l’expression " savoir nager ". Cette fragmentation de la discipline aboutit aussi à sa récupération idéologique, puisque dans les capacités développées par la " culture humaniste " il est demandé de " développer par une pratique raisonnée, comme acteurs et comme spectateurs, les valeurs humanistes et universelles du sport " ; notons au passage la démagogie qui consiste à " caser " le sport dans la culture humaniste, car je ne crois pas du tout à une référence à la culture gréco-romaine (ou alors les rédacteurs n’auraient rien compris au rôle du sport dans l’Antiquité) ; on le voit aussi dans la rubrique " capacités " de la culture scientifique " comprendre le fonctionnement de son propre corps et l’incidence de l’alimentation, agir sur lui par la pratique d’activités physiques et sportives ". Le sport est donc avant tout compris comme un instrument du contrôle social de l’individu : contrôle du corps, avec toutes les dérives qu’entraîne cette conception (l’idée selon laquelle on est totalement responsable de son propre corps est très pernicieuse sur le plan personnel et elle est source d’un conformisme physique dangereux), contrôle social, le sport étant associé, de façon parfois illusoire, à la solidarité, au respect des règles. Cette vision du sport est réductrice, car il n’a pas forcément vocation à transmettre des valeurs, et celles qu’il véhicule sont parfois très contestables ; je souhaiterais que les auteurs du texte (re ?) lisent W ou le souvenir d’enfance de Georges Perec.


Les disciplines que je viens d’évoquer ont au moins le privilège d’apparaître dans le socle ; mais je suis extrêmement inquiète en ce qui concerne les langues anciennes, qui en sont totalement absentes ; dans la " culture humaniste ", il est fait allusion aux textes antiques, mais jamais aux langues anciennes ; qu’est-ce qu’une " culture humaniste " privée de ce qui est au coeur de l’Humanisme, la découverte des textes dans leur langue d’origine ? Il est étonnant également que la " maîtrise de la langue française " et la " pratique d’une langue étrangère " oublient cet atout essentiel qu’est la connaissance du latin ou du grec.

La mention d’une seule langue vivante dans le socle commun donne évidemment, même si ce n’est jamais dit explicitement, une place de monopole à l’anglais.

Je suis également inquiète quand je vois les " techniques usuelles de l’information et de la communication " mises en avant : le medium est donc mis sur le même plan que le contenu : nous assistons là à une véritable dérive, puisque les élèves sont incités à imiter le modèle superficiel, fondé sur l’apparence, que leur offrent les médias ; savoir communiquer devient aussi important, peut-être plus, que savoir tout simplement. Le texte définit cette " compétence " en disant " La culture numérique implique l’usage sûr et critique des techniques de la société de l’information " ; or, ce qui permet cet " usage sûr et critique ", c’est le savoir. Le texte insiste également beaucoup sur la notion de " responsabilité " dans l’usage de ces techniques : redouterait-on un usage plus subversif, pourtant déjà avéré ? Les concepteurs du socle n’ont même pas le courage d’assumer jusqu’au bout leur confiance dans les TIC.

 

Définir " l’autonomie et l’initiative " des élèves comme une compétence, n’est-ce pas absurde ? L’autonomie et l’initiative s’acquièrent avec les connaissances, la pratique régulière des exercices dans les différentes disciplines, cela n’a aucun sens d’en faire une compétence. On observera que " l’autonomie et l’initiative " recouvrent l’orientation et la connaissance de l’environnement économique ; pour les rédacteurs, environnement économique = entreprise (et l’Etat, dans tout ça ?) ; le texte préconise " une ouverture d’esprit aux différents secteurs professionnels et la conscience de leur égale dignité " : il s’agit ici d’inciter les élèves à s’orienter vers l’enseignement professionnel et l’apprentissage ; je ne doute pas de " l’égale dignité " de tous les secteurs professionnels, mais dans une société où existent de tels écarts dans les salaires, les conditions de travail, la liberté d’agir et de se défendre, dans l’image et la considération, je crains que cette expression n’apparaisse comme un gros mensonge… Enfin, faire de l’orientation une compétence, n’est-ce pas oublier que le but de l’école est d’abord de donner l’instruction la plus complète possible, seule vraie garantie d’une orientation judicieuse, quel que soit le domaine professionnel choisi ?

 

Plus grave encore, définir des " compétences sociales et civiques " me semble un danger grave pour la démocratie ; qui décrète qu’un citoyen est compétent ou non ? Comment évaluer ces compétences ? Les enseignants eux-mêmes ont-ils ces compétences " civiques " ? Le risque de formatage idéologique est évident, surtout si l’on évalue ces " compétences " : on voit aussi la confusion que cela entraîne entre civisme et conformité à une norme sociale et morale. Dans les capacités attendues, il est recommandé de " rechercher un consensus " : gare à la différence et à l’audace ! Et gare à la démocratie, système politique qui intègre le conflit des idées et des intérêts dans son fonctionnement même. En outre, le texte propose une définition intéressante de la solidarité : " nécessité de la solidarité : prise en compte des besoins des personnes en difficulté (physiquement, économiquement) en France et dans le monde " : cela ressemble plutôt à de la charité (que je ne considère pas forcément comme un mal, mais qui n’est pas l’objectif de l’école) ; mettra-t-on un bonnet d’âne à ceux qui refusent de vendre des petits pains à l’occasion du prochain raz-de-marée ? Ne devrait-on pas plutôt donner les moyens aux élèves de réfléchir à l’organisation des sociétés, à leur économie, à leurs systèmes politiques ?

 

Le risque de formatage est donc aussi psychologique, puisque le préambule du socle définit ce que sont les " attitudes indispensables tout au long de la vie " : " ouverture aux autres, le goût pour la recherche de la vérité, le respect de soi et d’autrui, la curiosité et la créativité ". Si certaines des qualités énoncées sont incontestables, on peut souligner la démagogie et le conformisme de ce portrait d’un individu idéal ; quelle va être la place des timides, des discrets, de ceux qui ne brandissent pas une nouvelle idée, un nouveau " projet " à tout instant ? Etre compétent ne signifie pas forcément être créatif : là encore, on risque de favoriser outrageusement l’individu qui sait se mettre en avant, pas nécessairement le plus savant ou le plus… compétent. Que signifie de plus l’éloge systématique de la " créativité " dans une vision si uniforme des individus ? Nous sommes ici en contradiction avec la recherche du consensus réclamée plus haut : un individu créatif est parfois celui qui justement sait aller contre une opinion consensuelle.


Bien sûr, on se réjouit de l’accent mis sur la maîtrise de la langue française, en particulier sur l’orthographe et la grammaire. Mais la définition de cette compétence comporte des points à mes yeux inquiétants ; d’abord il est dit que " la fréquentation de la littérature d’expression française est un instrument majeur des acquisitions nécessaires à la maîtrise de la langue française " : même si la lecture des œuvres littéraires concourt à la maîtrise du français, il me semble réducteur de ne la faire apparaître que comme un outil pour apprendre la langue (on retrouve les travers de l’enseignement en séquences) ; il est regrettable que l’inverse ne soit pas dit, à savoir qu’il faut maîtriser le français pour accéder aux œuvres littéraires ; est-il si inconcevable de présenter la lecture d’une œuvre littéraire comme un but en soi ?

 

Autre problème, en affirmant que l’acquisition de la langue française est le rôle de toutes les disciplines, on légitime la réduction des horaires alloués à la discipline. J’ai déjà soulevé la question pour l’ensemble des disciplines, mais c’est bien en français que la réduction des horaires a eu les conséquences les plus catastrophiques.

On observe une autre perversion de la fragmentation en compétence : le développement de l’esprit critique devient l’apanage de la culture scientifique et technologique, alors que la maîtrise du français y joue un rôle essentiel. Cela prouve un peu plus l’aberration de cette structuration en " compétences ".


La définition de la compétence " pratique d’une langue vivante " comporte des éléments dangereux, en particulier la mention du " cadre européen de référence pour les langues ", conçu par le Conseil de l’Europe, avec la précision du niveau A2 comme objectif. Pourquoi ne pas élaborer des références proprement françaises et pourquoi surtout abdiquer notre capacité à évaluer les élèves selon nos propres critères ? On peut redouter des ambitions très limitées pour l’enseignement des langues, surtout si on relève les buts énoncés " des situations courantes de la vie quotidienne ", " bref propos
 ", " brève intervention ou échange court " ; par ailleurs dans les " attitudes " (je ne m’explique pas le choix de ce terme autrement que par l’obsession des apparences) préconisées, on recommande la lecture du journal, la consultation des médias, le visionnage des films, mais le livre n’apparaît pas.


Cette insistance sur la " vie quotidienne " revient régulièrement dans la compétence " mathématiques, culture scientifique et technologique " : on peut relever " compréhension de l’univers quotidien
 ", " approches concrètes et pratiques ", la résolution de problèmes " à partir de situations proches de la réalité ", plus loin " le fonctionnement d’objets de la vie courante " ; or l’approche de la science par la vie courante est une impasse, car cela fait intervenir des notions très complexes. On remarque aussi une atteinte à la liberté pédagogique, puisque il est fortement recommandé de faire appel à " l’habileté manuelle ", et que plus loin la méthode de " la Main à la pâte " est explicitement mentionnée ". Il est dangereux d’orienter ainsi les pratiques pédagogiques. On peut aussi regretter l’influence de l’actualité médiatique (puisque dans les " capacités ", les élèves doivent être capables de comprendre le discours médiatique sur les sciences), qui impose une vision à court terme : la science et les média sont deux domaines évolutifs par nature ; ce sont donc les notions qui doivent s’imposer dans un ordre cohérent, indépendamment de l’air du temps. Et là encore, on retrouve la volonté de donner un cadre idéologique à l’enseignement puisqu’il est écrit que " les élèves doivent comprendre que les sciences et les techniques contribuent au progrès et au bien-être des sociétés " ; je suis la première à reconnaître les bienfaits de la science et de la technologie, mais on n’a pas à imposer cette idée dans la tête des élèves : après tout, tout le monde a le droit de penser le contraire (ne voyez pas dans ma remarque une volonté de retour aux cavernes !).


Bien sûr, je l’ai déjà en partie évoqué, je n’ai pas du tout le même avis que les auteurs sur ce que doit être la " culture humaniste " : elle est définie ainsi " la culture humaniste participe à la construction du sentiment d’appartenance à la communauté des citoyens " ; la volonté de rassembler apparaît très nettement dans ce chapitre du texte, puisque vers la fin on lit " Elle [la culture humaniste] développe la conscience que les expériences humaines ont quelque chose d’universel ". Je suis étonnée (mais je m’exprime là avec toute ma subjectivité) que l’on utilise à ce point la culture humaniste comme un instrument de cohésion sociale. La culture humaniste permet aussi de prendre conscience de sa singularité : en tout cas, elle ne saurait être récupérée pour construire une illusion de communion universelle.

 

Estelle Manceau

 

* B.O. n° 29 du 20 juillet 2006 : Socle commun de connaissances et de compétences

10/2006

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Ecouter son coeur c'est grandir son âme....

Ecouter parler son coeur , se dire que l'on est bien içi pour aider l'autre dans son chemin

Ecouter son coeur c'est grandir son âme un peu plus haut dans l'immensité , dans l'unité.

 

S'accorder du temps pour admirer un enfant jouer, un enfant si pur , si vrai , empli de sincérité

Pardonner surtout les erreurs de cet autre qui aurait pu être nous....dans sa douleur , dans son silence.

 

Ce silence qui est parfois la seule armure pour celui qui est en souffrance

Comprenons le cet être différent mais donc le coeur est grand.....

 

Pardonnons aussi à ces gens qui ne savent  ce qu'aimer veut dire....

Ils ne savent pas car ont ils étaient aimés à leur tour....?

Nous ne savons pas toujours ce qu'est la vie des uns et des autres

Il y a souvent beaucoup de pudeur dans leur actions , leurs émotions.

 

Ecouter parler son coeur c'est grandir un peu plus vers un monde meilleur.

 

 

 

 

 

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Ah, si j'avais la grâce!

 

J’ai entendu, un jour, un enfant qui disait:

- nos parents seraient-ils d’accord pour nous mentir,

et depuis si longtemps? Le père Noël existe.

...

Les plus intelligents des enfants sont crédules,

Le merveilleux les charme et leur est naturel.

On entretient chez eux le goût de l’irréel.

...

Voulant savoir comment, je n’avais pas la joie

d’accepter l’impossible, avec ravissement.

Les animaux qui parlent ne me concernaient pas.

...

Or, voilà qu’aujourd’hui l’impensable s’impose.

Les miracles deviennent à la portée de tous.

Puis-je continuer à refuser d’y croire?

...

Mais comment distinguer les choses authentiques

de celles inventées, des contes fabuleux,

devenus vérités par le désir de croire.

...

Qu’importe l’illusion quand elle est apaisante!

Que douce est l’assurance aux jours de désespoir!

J’envie tous les élus! Ah, si j’avais la grâce!

22/10/2010

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LA MER...

Lorsque petite enfant trop solitaire

Avide, déjà je contemplais la mer...

J'ignore bien d'où venait ce besoin

De vouloir porter un regard au loin?

 

Un peu plus tard, adolescence frustrée

Aux rives de la méditérranée...

Les yeux luisants je portais sur le soir

Un regard trop brillant, bien trop noir!

 

Adulte enfin, j'en ai fait des rivages

Toujours ma vue était en esclavage...

Il y avait entre la mer et moi

Tant de secret dévoilés dans l'émoi...

 

Aujourd'hui ayant atteint ce bel âge

Sensé apaiser et rendre plus sage!

Toujours vers la mer affamée je viens...

A la recherche de cette soif de demain!

J.G.

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De l'importance des statistiques

 

 

Un auteur qui a offert des textes, sur le web, est certainement curieux de savoir combien d'internautes les ont lus.

Certains administrateurs de sites hébergeurs ont le souci d'informer leurs membres du nombre de personnes qui ont pris connaissance de chacun de leurs écrits.

D'autres ont cessé de le faire, notamment le gardien de poésie française qui y a renoncé malgré mes demandes réitérées. Je trouve cela regrettable.

Or il m'est récemment advenu une aventure réconfortante. Le dix août dernier, j'avais offert cinq poèmes aux membres du site Amicaliens. Ceux-ci sont âgés de cinquante ans et plus.

Les statistiques que j'ai reçues m'ont laissée ébahie. Du 10 au 28 août il y a eu 5492 visites pour mes 36 poèmes édités, avec une précision pour chaque titre.

Évidemment ces lecteurs ne représentent qu'une catégorie de personnes, bénéficiant d'une éducation bien différente de celle qui prévaut actuellement. Mais leur nombre est très important dans le monde.

J'aimerais savoir si la nouvelle génération retrouvera le goût de la beauté sans artifice, du charme et pourquoi pas de l'élégance littéraire.

Les jeunes gens fréquentent-ils le site Poésie française qui n'accueille qu'avec rigueur les poèmes qui lui sont proposés?

Des statistiques les dénombrant ne me semblent pas impossibles à établir et intéresseraient, peut-être, des éditeurs devenus incrédules.

6 septembre 2012

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La commission « Art et Santé » de Culture et Démocratie, l’Hôpital psychiatrique Saint-Jean-de -Dieu de Leuze-en-Hainaut  (ACIS) et les partenaires du projet 107 ont le plaisir de vous inviter à

 

 Trois journées d’information et de sensibilisation

autour du métier d’artiste intervenant en milieu de soins et du lien entre opérateur social et culturel. 

 

Lundi 15 octobre, mardi 16 octobre et mercredi 17 octobre 2012 de 9h00 à 17h30

A l’Hôpital Psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu de Leuze-en-Hainaut

(Avenue du Loudun 126, 7900 Leuze-en-Hainaut )

 

Depuis plusieurs années, des artistes sont présents dans les milieux de soins et proposent aux patients et à leurs proches un moment de partage et de créativité. En quoi consiste leur rôle ? Quelles sont les réflexions, la philosophie, l’éthique qui sous-tendent leur démarche ? Quelles sont leurs méthodes de travail ? Comment se passe leur rencontre avec le milieu de soins ? Quelle cohabitation avec le personnel soignant ?

 

La commission «Art et Santé », coordonné par Culture et Démocratie, rassemble des artistes et des soignants afin d’encourager un développement structurel, durable et professionnel de projets artistiques en milieu de soins. Dans ce cadre, il organise trois journées de sensibilisation au métier d’artiste intervenant en milieu de soins.

 

Les objectifs sont d’informer et de susciter une réflexion sur le métier, sur le développement et l’intégration de projets culturels en milieu de soins afin de mieux comprendre et imaginer la place de l’artiste dans le secteur de la santé. Les questions de déontologie, de méthodes de travail, de collaborations et de préparation psychologique seront abordées. A l’issue des trois journées, les participants auront obtenu des pistes d’actions et de réflexions pour développer leur projet.  Au programme: discussions, échanges, témoignages, etc.

 

Les deux premières journées s’adressent aux artistes qui souhaitent développer ou qui développent un projet artistique en milieu de soins, mais également au personnel soignant ou médical ouverts à la rencontre.

 

La troisième journée, organisée par les hôpitaux promoteurs du projet 107 région Hainaut *(Le chaîne aux haies, l’hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu et l’hôpital psychiatrique Saint Charles), abordera les liens que peuvent entretenir les opérateurs culturels et sociaux.

 

(L’accréditation en éthique et économie est demandée )

 

* Réforme introduite en Belgique qui tend à diminuer le nombre de lits psychiatriques dans les hôpitaux en développant des alternatives (soins à domicile…)

 

 

Programme

 

Première journée

 

Modérateur : Mark Vanderveken (médecin, FEDASIL)

 

9h – Accueil - croissants

 

9h30 – Introduction de Catherine Vanandruel (clown à l’hôpital et membre de la commission « Art et Santé »)et présentation des activités du Centre Culturel de Leuze-en-Hainaut par Laetitia Tarditi (Animatrice/directrice du Centre Culturel de Leuze-en-Hainaut)

 

9h45 – Intervention de La Cie du Rire Ambulant sur le thème de l'intégration de l'artiste en milieu psychiatrique

 

10h15 – La préparation psychologique et le suivi des artistes par Anne Debra (psychologue)

 

11h45 – Pause café

 

12h00 – En quoi consiste un projet artistique en milieu de soins ? Ateliers en sous-groupes

 

12h45 – Repas

 

13h45 – Mise en commun du résultat des ateliers

 

14h00 -  Quel sens a l’art en milieu de soins ? Jean Florence (philosophe, psychologue et psychanalyste) et Alexandre Lefèbvre (psychologue et professeur à l’ULB)

 

16h00 – Pause café

 

16h15 – Présentation du Code de déontologie de l’artiste intervenant en milieu de soins –  Georgette Hendrijckx (Département infirmier – HUDERF et membre de la commission « Art et Santé »)

 

17h00 – Visite (facultative) du service socioculturel l’Echeveau de l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu

 

17h30 – Fin de la journée

 

 

Deuxième journée

 

Modérateur : Mark Vanderveken (médecin, FEDASIL)

 

9h – Accueil - croissants

 

9h30  Jean Philippe Verheye (Directeur général de l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu de Leuze-en-Hainaut)

 

9h45 – L’artiste fauché, mode d’emploi, intervention de La Cie du Rire Ambulant

 

10h00 – Le droit social de l’artiste – Anne-Catherine Lacroix (Atelier des droits sociaux). Les projets Art et Santé : quelle reconnaissance en Fédération Wallonie-Bruxelles –  Patricia Gérimont (Responsable des CEC et promotion du secteur de la créativité en Fédération Wallonie-Bruxelles)

 

11h00 – Pause café

 

11h15 - L’organisation d’un projet artistique en milieu de soins : Présentation de différentes approches artistiques en milieu de soins : échanges et commentaires

 

- L’artiste en représentation publique : Quentin Dujardin (musicien) et Laurent Bouchain (Reponsable du service culturel l’Echeveau à l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu – membre de la commission « Art et Santé »)

- L’artiste en animation : Ermanno Orselli (artiste peintre), Barbara Chasse (psychologue à la clinique du Bon Secours) et Céline Danloy (psychologue à la clinique de Bonsecours)

- L’artiste en représentation « intime » : David Dugnoille (magicien, le Pont des arts asbl) et un membre du personnel soignant

Rêver ensemble, parents, patient et soignants : Anne Pardou (néonatologiste, conteuse et professeur honoraire ULB) et Serge Kestemont (parent d’un enfant hospitalisé et cinéaste)

 

13h15 – Repas

 

14h15 – Reprise des ateliers

 

16h15 – Pause café

 

16h15 – Introduction et présentation de la troisième journée – Charlotte Ducrotois (Coordinatrice du projet 107, région Hainaut)

 

16h30 – Définition des « dix commandements » du travail d’artiste en milieu de soins

Travail en sous-groupes et mise en commun

 

17h30 – Fin de la journée

 

Troisième journée : « De l’opérateur social à l’opérateur culturel, le nécessaire va-et- vient »

 

Modérateur : Baptiste De Reymaeker (coordinateur, Culture et Démocratie)

 

9h00 –   Accueil - croissants

 

9h30 –  Introduction par Charlotte Ducrotois

 

9h45 –  Ateliers artistiques pratiques (deux ateliers au choix, à choisir le jour même)

 

-          Percussions : Simon Vandewalle (percussionniste- membre de Nganga)

-          Danses folkloriques : Jacqueline Duret (responsable du groupe folklorique les "Pas d'la Yau" - animatrice à la Direction Générale des Affaires Culturelles du Hainaut)

-          Arts plastiques : Michèle Lenoir (artiste peintre)

-          Atelier écriture : André Delvigne (photographe - animateur d'atelier d'écriture)

-          Atelier chant : Geneviève Fraselle (pédagogue de la voix - coach en expression vocale)

 

11h00 –  Pause café

 

11h15 – Suite des ateliers

 

12h30 –  Repas

 

13h30 – «  Les droits culturels, facteurs d'estime de soi, de liberté et de partage"» par Patrice Meyer-Bisch (Docteur en philosophie, coordonnateur de l’Institut interdisciplinaire d’éthique et des droits de l'homme (IIEDH) et de la chaire UNESCO pour les droits de l'homme et la démocratie de l’Université de Fribourg (Suisse), maître d’Enseignement et de Recherche)

 

16h00   Pause café

 

16h15  – Table ronde

 

Marie Simart, Maison culturelle d'Ath, chargée de mission pour les "toc toc ateliers")

Philippe Moulart, participant en atelier théâtre

Laurent Bouchain et André Delvigne, référents culturels pour le Projet 107

 

17h15 –  Conclusion

 

17h30 –  Fin de la journée

 

Informations pratiques

 

Culture et Démocratie  - 02/502 12 15 – info@cultureetdemocratie.be

Inscription obligatoire  (voir talon réponse)

 

Lieu des journées : A l’Hôpital Psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu de Leuze-en-Hainaut (Avenue du Loudun 126, 7900 Leuze-en-Hainaut )

 

Transport :

-          En voiture : recherchez votre itinéraire ici : http://fr-be.mappy.com/itinerary_homepage

-          En train : gare de Leuze, 20 petites minutes à pied pour rejoindre l’hôpital. Une navette de l’hôpital fera quelques voyages entre 8h50 et 9h15.

 

 Depuis Bruxelles : un direct pour Leuze (+/- 1h)

Depuis Liège : changer à Bruxelles, de là, un direct pour Leuze

Depuis Namur, Charleroi, La Louvière et Mons, changer à Ath, de là, un direct pour Leuze 

 

Logement :

 

Visitez le site : http://www.leuze-en-hainaut.be/loisirs/tourisme/hebergement ou http://www.visithainaut.be/listes/hotels/fr/HH/liste.html

 

TALON-RÉPONSE

 

à renvoyer à Culture et Démocratie

avant le 5 octobre 2012

 Rue Emile Féron 70 - 1060 Bruxelles

Tél : 02/502 12 15 courriel : info@cultureetdemocratie.be

 

 

Nom :……………………………………………………………………………………………

 

Prénom :…………………………………………………………………………………………

 

Fonction :………………………………………………………………………………………

 

Organisme :…………..…………………………………………………………………………

 

Adresse :………………………………………………………………………………………

 

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Tél :…………………………………………….Fax :……………………………………………

 

Courriel :…………………………………………………………………………………………

 

 

O Participera à la journée du lundi 15 octobre 2012 et s’engage à participer aux frais de formation (20 euros).

 

O Participera à la journée du mardi 16 octobre 2012 et s’engage à participer aux frais de formation (20 euros)

 

O Participera à la journée du mercredi 17 octobre 2012 et s’engage à participer aux frais de formation (20 euros)

 

Cochez plusieurs cases si vous désirez venir à plusieurs journées.

 

Le paiement est à effectuer par virement sur le compte de Culture et Démocratie 523-0803666-96 (à mentionner dans le libellé de votre versement NOM + Prénom + date(s) de ou des journées de formation). Attention ! L’inscription ne sera prise en compte qu’une fois le versement effectué.

Tout désistement doit nous être communiqué au plus tard 7 jours avant la date de l’événement.

Au-delà de cette date, aucun remboursement ne peut être fait.

  

Avec le soutien du Réseau Canal-Santé, de la Commission Communautaire française et de la Communauté française

 

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Un volume de commentaires

 

À mes précieux amis, artistes- peintres et poètes,
du Salon de Daniel Haccoun

 

Mon œuvre poétique est toute en un journal

Que je tiens chaque jour, merveilleux ou banal.

J’y témoigne du fait qu’à chaque instant j’existe,

Écartant de ma vie ce qui pèse et attriste.

J’aime à faire des pauses, en restant en éveil,

Dans la lumière vive et chaude du soleil.

Je découvre ravie la splendide parure

Que, selon la saison, revêt dame Nature.

Je suis émerveillée contemplant la beauté.

Irrésistiblement, j’essaie de la capter.

Sans artifice aucun, je traduis les émois

Que j’éprouve en flânant, souvent prés de chez moi.

Les années s’accumulent, ma réserve grossit.

Des surprises inouïes me font dire merci.

J’ai édité, à ma façon tous mes poèmes.

J’en détache au hasard des extraits que je sème.

Aucun ne s’est perdu au cours de son voyage.

J’ai reçu, en retour, de fabuleux messages.

Je les ai reliés, gardant noms et adresses.

J’ai pour vous, mes amis, une intacte tendresse.

4 mai 2008

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C’est ce qu’on découvre avec émotion dans « La place », un roman d'Annie Ernaux (née en 1940), publié à Paris chez Gallimard en 1984. Prix Théophraste-Renaudot.

 

Une partie de l'oeuvre d'Annie Ernaux peut être rattachée à la littérature d'inspiration féministe (la Femme gelée, 1981); mais c'est dans l'évocation de son enfance et de ses parents que la romancière trouve ses accents les plus attachants. Le thème central est celui de la déchirure entre ces gens de condition modeste et leur fille, qui, grâce aux succès scolaires, pourra s'émanciper socialement et passer «du côté de ceux pour qui le reste du monde n'est qu'un décor». Quasi rageur dans les premiers ouvrages (les Armoires vides, 1974; Ce qu'ils disent ou rien, 1977), le style d'Annie Ernaux s'adoucit et s'accomplit en une touchante gravité lorsque vient le temps d'évoquer, après leur mort, les figures paternelle (la Place) et maternelle (Une femme, 1987).

 

Les premières pages sont consacrées à la mort du père, dont le souvenir, en une collusion symbolique, coïncide avec celui du succès de la narratrice au CAPES de lettres. La biographie paternelle est ensuite reprise chronologiquement, du jeune garçon trop tôt retiré de l'école en dépit de sa soif d'apprendre, à l'ouvrier «sérieux», et enfin au petit commerçant fier de son indépendance mais hanté par la «peur continuelle de manger le fonds». L'ordre temporel s'efface parfois devant une mosaïque de souvenirs: moments quotidiens, moments d'émotion non formulée. Viennent le déclin puis la mort, elle-même dépassée par l'incandescence de nouveaux souvenirs.

 

Le monde étriqué des petits commerçants constitue le décor principal du récit. Celui-ci, par de rapides notations aux antipodes de la fresque sociale, suggère la quête dérisoire de «distinction» de ces petites gens, paradoxalement combinée, au moins en apparence, avec le simple souci de «tenir sa place», et dit aussi le sentiment de manque permanent, la «sacralisation obligée des choses». Mais la tension particulière de l'écriture tient à la position de la narratrice; position presque impossible, tant il est difficile de dire «à la fois le bonheur et l'altération». «Écrire, c'est le dernier recours quand on a trahi», prévient Jean Genet, cité en épigraphe. Au-delà du témoignage, la Place devient donc un essai de réconciliation, de rachat par l'écriture d'une distance socialement et surtout culturellement établie.

 

De fait - façon de rendre hommage à son objet et de [re]trouver la voix d'une véritable communication -, Annie Ernaux adopte ici un style volontairement plat, neutre, celui du constat: utilisation du passé composé, phrases brèves tailladées d'ellipses et d'anacoluthes, sobriété de la ponctuation. De rares guillemets, des italiques, des tournures au style indirect libre viennent donner tout leur poids à ces formules figées, à ces «pauvres» mots quotidiens («Il y avait plus malheureux que nous»). Pas de chapitres, mais des paragraphes sertis de blancs plus ou moins importants, comme s'il s'agissait de donner à voir le silence d'où s'extirpe le récit.

 

Car, plus que la différence sociale, c'est le malentendu, la rupture de communication langagière qui forme le noeud de l'ouvrage: «J'écris peut-être parce qu'on n'avait plus rien à se dire.» Du côté des parents, incompréhension presque ambiguë («Et toujours la peur OU PEUT-ETRE LE DÉSIR que je n'y arrive pas») devant cette fille qui «apprend bien» alors même qu'on ne l'a jamais «poussée»; du côté de la narratrice, adolescente à l'époque, ironie, silence, désir de corriger le langage de celui qui «est entré dans la catégorie des braves gens»: «Je croyais toujours avoir raison parce qu'il ne savait pas discuter.» Phénomène sociologique balisé, quantifié, l'ascension sociale est au prix de tels conflits: le mérite d'Annie Ernaux est d'en rendre sensible les muettes douleurs.

Arts 
12272797098?profile=originalLettres

Document INA:

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INLASSABLES HYMENEES.

 

La dentelle des mots couvrait ton visage,

Cabriolait  au  vent  sur les  épis d’amour, 

Des sentiers du désir charmés par le glamour,         

Diffus  et  gracile  de  ton  doux  présage.

 

J’errais dans tes rêves bordés d’herbes folles,

Et  le  vent chuchotait  sur l’onde de tes yeux,

La  saveur  mielleuse  de  ton  souffle  joyeux,   

Répandant  son  rire  parmi  les  lucioles.

 

Sur  le  bûcher  ardent  de  fervente passion,

Nos  rêves  gagnèrent la  clarté  d’un détour,    

Las, je quittais ta nuit, tu rejoignis mon jour,   

Dans  une  brûlante  verve  de  confessions.       

 

Accordailles des voeux  roucoula  l’aubade,     

De temps sitôt bénis pour fêter l’hyménée,     

D’une  idylle  d’hier  convolant  couronnée,   

Au  son  d’une valse sous  un dais nomade.     

 

Sonnent  les  carillons  du  destin  qui  chante,  

Les  ans  ont  défilés  semant  des   souvenirs,

Sur les rides de nos mains complices pour bonnir,

Les  joies  et  les  peines  les  plus  attachantes.  

 

Au  fil  des  aiguilles  d’horloges  passées,

Rangées dans les malles des greniers poussiéreux,

Nos  chimères  expirent  au  frôlement  ombreux,       

Du  néant  de  la  mort  de  nos  brasiers  lassée.    

 

Au-delà  de  sa  Faux  une  aventure  espère,

De nouvelles amours dont nous serons les stars,   

Sous  un  autre  soleil  transcendé  d’avatars,

Qui nous prêteront corps tout comme naguère. 

 

Claudine QUERTINMONT D’ANDERLUES.    

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Gregorio Allegri : la voix des anges

Né à Rome en 1582, Gregorio Allegri fut tout d’abord soliste à la maîtrise de l’église Saint-Louis des Français (1591/1596). Devenu prêtre, il fut admis, sur concours, le 6 décembre 1629, dans le chœur de la chapelle Sixtine, au Vatican, où il travailla jusqu’à sa mort, survenue en 1652, en tant que chanteur et  maître de chapelle.


L’un des rares témoignages que nous possédions sur sa vie personnelle le décrit comme « fortement disposé à la charité, visitant les prisons quotidiennement pour offrir aux prisonniers toute l’aide dont il était capable ».

 Composé en 1638, Le Miserere (Miserere mei, Deus) demeure son œuvre la plus célèbre. Il s’agit de la mise en musique du célèbre psaume L qui contient, selon la tradition, la supplication du roi David en proie aux remords. Au-dessus des versets chantés à 4 parties (Bassus, tenor, altus, cantus II)  par un chœur à  8 voix (deux par partie), un sopraniste chante un déchant (cantus I), extrêmement orné, un « abellamenti », qui était, au XVII° siècle, en grande partie improvisé.
 
Chanté à la chapelle Sixtine, une fois l’an, au cours de la Semaine Sainte, à la fin de l’Office des Ténèbres, pendant que le pape et les cardinaux s’agenouillaient et que l’on éteignait un à un les cierges de la chapelle, Le Miserere fut longtemps entouré d’une aura de mystère : les papes gardèrent le manuscrit secret pendant plus d’un siècle, la publication en étant interdite sous peine d’excommunication. Le secret fut éventé en 1770 lorsque Mozart, alors âgé de 14 ans, l’entendit à Rome, pendant la Semaine Sainte et  transcrivit Le Miserere de mémoire après seulement deux auditions.

« La beauté est une promesse de bonheur », disait Stendhal. Le bonheur qu’il est donné, dans ce chant, d’entrevoir, est presque insoutenable de n’être que promesse. Mais il y a aussi dans ces voix d‘enfants, l’enfance terrestre, notre « pommier en fleurs » qui veille à jamais dans le jardin de la mémoire.

 Il y a encore la « sainte enfance » dont parlait Charles Péguy, celle qui nous offre, dans le miracle d’un sourire, la bouleversante sincérité d’un cœur sans détours…Vertige d’opale, leur voix a la fraîcheur d’une brassée de fougères… Secrète transparence, énigme dont le temps est chiffre… et la douleur.                   

Le Miserere d’Allegri: déchirante vibration d’une nostalgie douloureuse mêlée d’une indicible espérance.

Plus encore peut-être que ces voix d’enfants, ce qui émeut, c’est le contraste avec les voix d’adultes et ce mélange de crainte, de respect, de tendresse et d’admiration éperdue des adultes, que l’on imagine retenant leur souffle au moment de l’envol du sopraniste vers le « Très Haut » (« Altissimus » )…C’est ainsi qu’il faudrait laisser les enfants « s’élever ».

 La musique  n’est pas un simple divertissement, elle est le chant de la terre et des étoiles, le bruissement continuel de l’âme, l’en-deçà indicible de la parole. Des œuvres comme Le Miserere de Gregorio Allegri existent pour nous le rappeler.

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Du désir d'apprendre

 

Généralement, les enfants, surtout s'ils sont très intelligents, posent de nombreuses questions et insistent parfois pour mieux comprendre.

Les petits apprennent aussi en observant les grands et en les imitant.

Quand on s'aperçoit qu'un enfant manque d'intérêt, il faudrait essayer de trouver ce qui pourrait le motiver et le tirer de son indifférence.

Petite fille, je n'aimais que le jeu. Contrainte d'aller à l'école, je m'y sentais malheureuse. La période de récréation, où je pouvais être moi-même, me paraissait vraiment trop courte.

Au secondaire, dès la première année, sortie du purgatoire, je me suis trouvée dans un ailleurs passionnant.

Les cours de français m'enivraient, les cours d'histoire me fascinaient, les cours de physique et de chimie faisaient mes délices. Mon ravissement était provoqué par la façon talentueuse dont ces matières étaient présentées.

À la faculté de Droit d'Alger, je fus comblée par la manière particulièrement intéressante qu'avaient les professeurs pour transmettre leur savoir. C'étaient des êtres cultivés,qui me donnèrent l'envie de m'instruire.

Apprendre demande à faire des efforts soutenus et parfois décourageants. On ne persévère que si le désir demeure malgré tout intense parce que l'on a côtoyé des personnes stimulantes, préoccupées par l'élégance et la beauté qui accompagnent le savoir et la créativité.

Il est triste de constater que la médiocrité devient de plus en plus acceptable et bien peu souvent critiquée.

4 septembre 2012

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Deux étranges individus se rencontrent...

Une rencontre étrange s'est fait dans mon esprit si jeune, et si naïf, pourront penser certains d'entre vous! Je disais donc qu'il s'agissait d'une rencontre entre La Vie et La Mort!

Cette dernière, outré d'être ainsi détestée décida d'interpeller la vie, si joyeuse et lui demanda:

''sais-tu pourquoi tu es tant apprécié des humains, et moi si haït?''

''Non'' répondit La Vie, ''pourquoi,''

''La réponse est simple: car toi tu es, toute la vie durant, un heureux mensonge! Tandis que moi, La Mort, je ne suis qu'une triste réalité''

Sur ces paroles, La Vie n'eut d'autre choix que de méditer...

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ECLAT DE CIEL

12272828300?profile=originalDans un grain de sable voir un monde

Dans chaque fleur des champs , le paradis

Faire tenir l'infini dans la paume de la main

Et l'éternité dans une heure

William Blake

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Bonjour à tous,
 
 
En tant qu'auteur moi-même, je suis heureux de vous annoncer que j'organise :
La première foire du livre neuf (et des métiers qui y sont liés) de Blégny.
Elle se déroulera les 13 et 14 octobre 2012 et se voudra haut de gamme.
Elle aura lieu dans les halles du site très connu et fréquenté de Blégny-Mine http://www.blegnymine.be/
 
En tant qu'acteur du monde littéraire, vous y êtes conviés.
Auteurs, dessinateur de BD, éditeurs, libraires, métiers du livre et du papier, illustrateurs, vous êtes tous les bienvenus.
Réservez vite votre emplacement et n'hésitez pas à me contacter pour obtenir le formulaire d'inscription.
Un événement qui sera relayé par les médias locaux et par la province de Liège.
 
 
PLUS D'INFOS SUR :WWW.LARTDELIVRE.SITEW.BE
 
 
Merci de l'attention que vous porterez à ce billet d'information,
 
 
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Celles et ceux qui ont suivi ces aventures intitulées "Alvéoles (nn)" durant le mois d'août auront lu près d'un tiers du récit... Il est temps de nous arrêter, sinon, tous les ingrédients de l'intrigue seront bientôt à votre disposition. Je ne voudrais pas, en effet, répondre à trop de questions restées ouvertes, ni en ouvrir de nouvelles, de peur de générer de la frustration.

 

Ce fut un plaisir de partager avec vous ces extraits. Au cas où vous souhaiteriez en savoir davantage, je vous sinvite à suivre une piste: www.enattendantlorage.org

 

Voici le dernier extrait:

 

 

Le silence s'était à nouveau installé entre les deux frères, à croire qu'ils ne dialoguaient vraiment que lorsqu'ils étaient dans le bureau de Gerhard. Franz avançait d'un pas décidé dans le dédale de couloirs, à quelque trente mètres sous l'herbe du parc. Le centre de recherches tel qu'on le voyait à l'extérieur n'était que la partie émergée d'un iceberg qui s'étalait sur une surface trois fois supérieure au bâtiment, et une profondeur de cinq étages.

Gerhard traînait non sans peine le poids de ses excès de table derrière son aîné, et se dit qu'une fois cette opération terminée, il s'offrirait deux semaines de remise en forme dans un établissement spécialisé, sur la côte atlantique. Avec un peu de chance, il y ferait d'agréables rencontres. Ce genre d'établissement était truffé de femmes suffisamment seules et fortunées pour le distraire des beautés de location qui avaient fait son quotidien durant les dernières semaines. Pour l'heure, il était obligé de reconnaître que son frère était dans une forme éblouissante.

Franz était d'ailleurs le seul des trois frères à disposer d'un corps d'athlète. Certes il avait longtemps pratiqué le ski nordique dans sa jeunesse – il avait d'ailleurs représenté la Suisse aux épreuves de biathlon durant les jeux olympiques de Calgary – et continuait à pratiquer de nombreux sports, mais de toutes façons, ses deux cadets ne lui ressemblaient guère. Gerhard était plus petit et trapu, Dieter était un grand garçon mince, tout en délicatesse et en longueur.

Depuis quelques années, Dieter et Gerhard ne se voyaient guère qu'en présence de Franz. En d'autres circonstances, les deux frères s'évitaient, et si le hasard les mettait en présence l'un de l'autre, Gerhard battait systématiquement en retraite.

Cela remontait à l'été où Gerhard avait profité des nombreux voyages de Dieter pour coucher avec sa femme. Dieter l'avait appris par son chauffeur. À son retour, il avait invité sa femme au restaurant, et après avoir raconté l'essentiel de son voyage, avait ajouté d'un ton amusé : « Et toi ? Il paraît que tu ne t'es pas ennuyée ? Je me demande ce qui peut te passer dans la tête pour t'envoyer mon frère. Allez, raconte. Comment se débrouille-t-il au lit ? Ce n'est pas que je sois particulièrement curieux, mais il t'a fait du bien, j'espère ? ». Comme elle était restée sans voix, il avait continué à raconter ses aventures d'outre-mer comme si rien ne s'était passé.

Elle lui avait tout raconté le lendemain matin. Dieter s'était ensuite rendu au bureau sans mot dire. Ne sachant sur quel pied danser, elle l'avait appelé dans l'après-midi.

— Dieter, pardonne-moi de te déranger, mais...

— Oui, ma chérie ?

— Eh bien, je...

— Raconte, avait-il dit d'un ton parfaitement anodin.

— Je suis désolée, Dieter. Je ne sais pas quoi dire.

— Cela n'a pas d'importance, ma chérie.

— C'est une erreur. Je te demande pardon.

— N'aie aucune crainte. Je te crois.

La semaine suivante, Dieter avait proposé à sa femme de venir le rejoindre dans leur chalet de St Moritz. Les trois frères y avaient passé une partie de la semaine à établir le plan financier d'une nouvelle branche d'activité pharmaceutique. Elle s'était mise au volant de son Aston Martin, en compagnie de la petite amie de Gerhard – la plus assidue à cette époque, du moins – et s'étaient mises en route vers midi. Vers dix-huit heures, la police était venue avertir les trois frères que le véhicule avait été retrouvé au fond d'un ravin non loin du col du Grimsel.

Gerhard s'était effondré, Dieter était resté impassible. Vers la fin de la soirée, Franz s'était approché de son frère, qui contemplait le massif de la Bernina depuis le balcon de leur chalet.

— Tu tiens le coup ?

— Ne t'inquiète pas pour moi.

— Dieter, je te connais. Tu n'exprimes jamais tes sentiments. En ce moment tu es certainement bouleversé, mais...

— Je te le répète, Franz : ne t'inquiète pas pour moi.

Dieter s'était tourné vers son frère et lui avait souri :

— Et n'essaie pas d'en profiter pour confier les nouveaux axes de recherche dont nous avons parlé cette semaine à qui que ce soit d'autre. Je reste à la manœuvre.

Franz avait rétorqué, vexé :

— Ce n'était pas mon intention. Mais je n'aime pas te voir comme ça.

— Ce n'est rien, Franz. Vraiment rien.

Dieter s'était installé dans la chaise longue où les trois frères avaient si souvent vu leur père sommeiller, puis avait ajouté :

— Rien par rapport à ce que j'ai ressenti quand j'ai appris que notre frère avait baisé ma femme.

Puis, avant que la bouche en « o » de Franz ait émis le moindre son, il avait laissé tomber :

— Gerhard a de la chance de ne pas avoir d'enfants. Je me serais arrangé pour qu'ils y restent aussi.

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Priez pour que le Printemps revienne !

Bouche au ciel, les chevaux forcenés des fontaines pleurent dans leurs prisons de pierre... Une couronne rayonne en entrelacs compliqués... Les parcs exhalent la vaste fraîcheur des valses... Des fantômes tristes et anciens hantent la gloire abolie des palais déserts...

Comme un triste bruissement de fontaine, comme la joie inaccessible d'une claire matinée de neige, comme une barcarolle désaccordée, comme une jubilation secrète, prisonnière du gel et du temps...

Vieille Europe, je te porte en moi...

"Oui, je suis vieille, j'ai trop porté le poids de la douleur, mais je suis belle encore...

 

Priez pour que le printemps revienne !"

Prague, la couronne, le fleuve, la ruelle des alchimistes, la boutique des orfèvres, la nuée des anges extasiés...

Le lierre obscur du cimetière juif et le regard hanté de Kafka... Il erre dans les ruelles de Mala Strana... Sur le cœur de la nuit privée d'étoiles, au-dessus du chemin qui mène au camp de Theresin, les bourreaux ont cousu des étoiles de David. Le golem du rabbin Löw ne protège plus le ghetto de Josephov. Ils ont brisé les vitres de la synagogue, ils ont ouvert les portes de l'enfer.

Une famille juive célèbre la Pâque dans une pauvre maison, quelque part en Biélorussie... Le grand-père porte encore le caftan traditionnel.  La joie brille dans les yeux, la joie brille dans les cœurs, le vin brille dans la coupe... "L'année prochaine à Jérusalem !"

Que deviendront-ils ?

Un train à vapeur chemine interminablement dans l'océan de la plaine. Le Palais d'Hiver est tombé, mais ce n'est pas le printemps. Les nouvelles vont plus vite que le bonheur. Mais pour les cœurs que réjouissent la pie perchée sur la barrière, non, ce n'est pas le même hiver.

"Demain, la Russie sera belle !"

... Demain !

Un vieil homme lit Finigan's Wake dans une bibliothèque dévastée à Londres, à la lumière des projecteurs de la DCA, dans le fracas de bombes et le sifflement doucereux des V2...

Un vieil homme lit Le général de l'armée morte à Sarajevo, dans la bibliothèque dévastée.

Priez pour que le printemps revienne !

"Heureux les pauvres, heureux les doux, heureux ceux qui pleurent, heureux les affamés et assoiffés de justice, heureux les miséricordieux, heureux les cœurs purs, heureux les persécutés pour la justice... "

Là-bas, en Russie, à la lisière d'un village près de Kostroma, dans l'Anneau d'or, une jeune fille porte les espoirs et les tourments de tous... Son cœur est le monastère intérieur, la poustinia... Bientôt, il n'y aura plus d'églises, plus de monastères, plus de prêtres, plus de moines, plus d'ermites... Tout disparaîtra dans la nuit de la dictature. Mais la poustinia, le monastère intérieur de ceux qui portent le monde entier dans leur cœur, quelle nuit pourra l'engloutir ?

Dans les sous-bois embaumés des fées du Limousin, parmi les fraîches jaseries des geais aux couleurs éclatantes, un enfant ramasse des champignons.

Quand la nuit tombe pour la première fois sur la vieille Europe, il part à son tour, à 17 ans, vers le grand casino de la mort. De la Galicie, du Chemin des Dames, des Dardanelles, il ne dit rien. Il n'est pas de ces anciens combattants qui ressassent "leur" guerre. Il porte au cou la cicatrice d'un coup de baïonnette. Ses poumons lui font mal... Le gaz moutarde.

Pendant les grandes grèves ouvrières de 1936, sa femme, la souris de Cendrillon, lui passe son casse-croûte à travers les grilles de l'usine. Il est mal vu quai de Javelle. Il fait partie des "meneurs". Il sera bientôt licencié.

Bouche au ciel, le cheval fou de Guernica agonise avec la République espagnole.

Quand une nuit plus noire encore engloutit, pour la deuxième fois, la vieille Europe, l'ange de la dignité le tient toujours par la main.

Il arpente Les falaises de marbre, il cherche dans le grand livre de Dieu le sens de tant de malheurs. Il prie pour que le printemps revienne.

 

"Heureux les pauvres, heureux les doux, heureux ceux qui pleurent, heureux les affamés et assoiffés de justice, heureux les miséricordieux, heureux les cœurs purs, heureux les persécutés pour la justice..."

 

Les déportés, les internés, les fusillés, les martyrs de la Résistance...

 

Geneviève Anthonioz de Gaulle, qui grignotait à Ravensbrück le pain des anciens poèmes...

 

Celui qui souriait à la mort...

 

Alberto, l'ami de Primo Levi, "l'homme fort et doux contre qui venaient s'émousser les portes de la nuit"...

 

Les fusillés de Châteaubriant, les maquisards du Vercors, les enfants d'izieux, les martyrs d'Oradour-sur-Glane...

 

"Le pays qu'on enchaîne"...

 

"Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! ..."

 

Les résistants allemands, les enfants de la rose blanche... Alfred Stancke, le franciscain de Bourges, le sourire dans la prison, la bonté qui allège...

 

" - Mais qui es-tu, frère franciscain, et pourquoi risques-tu ta vie pour des inconnus et même pour des ennemis de ton pays ?

 

  - Tout homme qui souffre est l'ami d'Alfred, quel qu'il soit, quelle que soit la couleur de sa peau, quelles que soient sa religion, son origine, sa nationalité, quoi qu'il ait fait pour mériter la prison... "

 

Ceux qui ont grandi dans la guerre et que la guerre n'a pas grandis car ils n'étaient pas faits pour le malheur...

 

Celui qui demanda pardon...

 

Celle qui pardonna...

 

Joseph Roth : "J'écris pour que le printemps revienne."

 

Paul Celan, écrivant, après la Shoah, Les pavots de la mémoire, dans l'ombre de sa mère assassinée : "Le lait noir de l'aube, nous te buvons la nuit nous te buvons midi la mort est un maître venu d'Allemagne son œil est bleu elle te frappe d'une balle précise elle te frappe... Tes cheveux d'or Margarete, tes cheveux de cendre Sulamith..."Paul Celan, tombé du Pont Mirabeau...

 

"Comme la vie est lente

Et comme l'Espérance est violente."

 

Michael Boulgakov : "camarade Staline, laissez-moi écrire ou faites-moi fusiller !"

 

Alexandre Soljénitsyne, le cri du goulag, la mémoire espérante...

 

Jan Palach, qui devança le jour...

 

Jerzy Popieluszko, qui donna sa vie pour ses amis.

 

Primo Levi, le dernier homme...

 

Le poète roumain Radu Marès , qui un jour ne m'a plus jamais écrit et que je n'ai pas su aider.

 

Celui qui servit de modèle au starets Zossim des Frères Karamazov : " Chaque homme est coupable devant tous et pour tous, seulement les hommes l'ignorent, s'ils l'apprenaient, ce serait aussitôt le paradis."

 

Lanza del Vasto, l'ami de Gandhi, le serviteur de la Paix, le pèlerin prophétique qui repose, en vêtements de noces, à la Borie Noble, près de Lodève, veillé par les flammes des grands pins.

 

Janusz Korczak, le raccommodeur d'enfants, qui partit pour Treblinka avec les orphelins du ghetto de Varsovie...

 

Serge de Beaurecueil, l'ami des enfants d'Afghanistan et de partout, le partageur de pain et de sel, le merveilleux témoin du Christ des cœurs purs...

 

Les victimes de la folie humaine, ceux de la guerre, qui est la pire de toutes les folies...

 

Celui qui s'inclina devant l'infortune d'Oscar Wilde en le saluant respectueusement de son chapeau soulevé au milieu de la foule hurlante...

 

Ceux qui n'insultent pas le malheur...

 

Ceux qui l'allègent...

 

Ceux qui préservent en eux le précieux capital de la sympathie humaine...

 

Ceux qui ne tuent pas ceux qu'ils aiment...

 

"Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme ! Le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête ; elle est enceinte et crie dans les douleurs et le travail de l'enfantement..."

 

Manhattan, Grosny, Bagdad, Kaboul...

 

Le monde a changé de millénaire, mais dans le monde, rien n'a changé...

 

Le monde a faim, le monde a soif, le monde a peur... Le monde gémit sur la croix.

 

Vieille Europe, je crois en toi... Retourne aux eaux de ton baptême, réconcilie, soulage, guéris, instruis et aide avec respect ; sois la lumière et la tendresse !

 

Bernard, osseux amoureux courroucé qui bâtit la maison de l'Ange, François, troubadour de la Haute Joie et benoît, clairière du silence, saint patron de la vieille Europe... Thomas, le bœuf de la crèche et l'intelligence de l'Ange, traçant son sillon dans le champ du Très-Haut... Dominique, assis, doucement pensif, une main apputée à la joue, une étoile au front, l'intelligence du cœur... saint Paulin de Nole, dont la porte n'était jamais fermée et le malicieux, tendre, cocasse clown de Dieu, Philippe de Néry, avec son chat sur l'épaule... Thérèse d'Avila, l'amour infatigable et Thérèse de Lisieux, l'aube au sourire de myosotis...

 

Priez pour que le printemps revienne...

 

Ô Marie, couronnée d'étoiles

Protectrice de la vieille Europe,

Faites que le printemps revienne !

 

 

 

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Louis II de Bavière

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Souverain du pays des neiges et du royaume de la douleur, ils te bandèrent les yeux, pauvre agneau des outrages : « Devine qui t’a frappé ! »

 

Ils ne pardonnaient pas au roi d’être royal et de haïr la guerre.

 

Edelweiss d’argent blessé par la bassesse, où sont les singes qui te bafouèrent ?

 

 Qui consola les gentianes bleues de ton regard ?

 

Où sont les lanternes de lune du traîneau de cristal où t’emportait la nuit ?

 

Où vit le cygne au chant magique ?

 

Tant d’amour et si peu de partage !

 

Tant de montagnes et de glaciers où nul ne pouvait te suivre !

 

Tant de châteaux et n’habiter nulle part !

 

La foudre qui s’abat choisit les plus beaux arbres.

 

 Désormais consolée d’étoiles, ta solitude se berce à l’infini dans la constellation du cygne.

 

 

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La lune bleue

La lune bleue

La lune est bleue,

Quand il y en a deux

Dans le même mois,

C'est très rare ma foi !

Tous les Pierro's lunaires

Vont sûrement le faire :

Ils vont chanter l'amour

Dans leurs plus beaux atours.

Et tous les chats aussi,

Au lieu d'être bien gris,

Seront là en couleurs

Comme au jour, c'est bonheur !

Et tous les chevaliers

Sur l'air d'une valse brune,

Pourront danser, chanter :

"Au clair de la lune" !

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administrateur théâtres

 

De la grâce dans l’humain, du divin dans l’humanité !

Akademie für Alte Musik Berlin

Matthäus-Passion

René Jacobs direction - Werner Güra Evangelist (ténor) - Johannes Weisser Christus (baryton) - Sunhae Im soprano - Bernarda Fink mezzo - Topi Lehtipuu ténor - Konstantin Wolff basse - Akademie für Alte Musik Berlin , RIAS Kammerchor

Johann Sebastian Bach, Passion selon saint Matthieu, BWV 24412272826071?profile=original

Une œuvre-clé de Johann Sebastian Bach, à redécouvrir grâce à la lecture de René Jacobs. En écrivant sa partition la plus imposante, Bach nous a livré l’une des pièces les plus poignantes du répertoire, qui traite en profondeur de la souffrance humaine sous toutes ses facettes. La lecture qu’en livre René Jacobs nous permet de redécouvrir toute la portée de cette œuvre d’art éternelle.

La huitième édition du KlaraFestival s'ouvrait vendredi soir au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles avec le concert "La Passion selon Saint-Mathieu" avec René Jacobs à la tête de "Die Akademie für Alte Musik Berlin", un orchestre baroque de 30 musiciens, le "Rias Kammerchor" et un solide casting de solistes.

 

Ce premier soir du festival Klara 2012,  Knockin’ on Heaven’s Door, les portes du Paradis se sont ouvertes et on les a passées, vivants,  …  pour découvrir l’essence profonde de la musique et une esthétique inégalée. Nous avons vécu une immersion directe dans la grâce dès les premières mesures, aspirés par l’ampleur de  l’harmonie, soufflés par la tenue magistrale des artistes, le génie du chef d’orchestre et la texture pleine d’anima de la partition. On ne peut que  méditer sur la qualité extraordinaire  du travail et la densité musicale qui se développe à mesure…Pas le moindre gramme d’emphase: que du vécu intérieur, distillé et idéalisé, sonorisé. René Jacobs, à la tête de Die Akademie für Alte Musik Berlin  est  au faîte du savoir-faire : son équipe musicale  merveilleusement unie dans la diversité.  Tandis qu’au moment même, la colère et la violence grondent partout dans le monde  et  que la misère reste le lot de beaucoup d’humains, nous sommes face à une œuvre d’art vibrante.  

Et pourtant, même la salle de concert disparaît pour n’être baignée que de l’indicible « dit », chanté, résonné, claironné, célébré. Un rythme sinueux entraine les  spectateurs  et les arrête 7 fois lors des « chorals », stations du chœur qui égrène la mélodie de base, une alternance simple de six et cinq syllabes.  « Wenn ich einmal soll scheiden, so scheide nicht  von mir… » Poésie et musique inspirées se rejoignent. Surviennent les scènes dramatiques d’où coule la compassion où s’éclaircit la simplicité du mystère. Bach le dramaturge fait preuve d’une  écriture puissante et humble à la fois et  d’une fluidité philosophale… jamais égalée qui nous fait assister  dans ce concert à la ré-union des contrastes. 

Ce concert hypnotique dont on sait qu’il va finir inexorablement nous mène de plein pied dans l’infini.

La complexité musicale est à la hauteur de la complexité humaine, mais à la fois d’une limpidité éclatante. Une limpidité qui nous donne tout-à-coup le courage d’ouvrir son cœur et de s’abandonner au tissage méticuleux de l’œuvre, aux flamboyances du récitatif de l’évangéliste (Werner Güra), à la profondeur de la basse (Konstantin Wolff), au charme féerique de la soprano (Sunhae Im), au vécu féminin de la mezzo (Bernarda Fink), à la douleur et à la grandeur de Jésus dont l’âme et le corps sont en souffrance indicible. La figure du Christ était magnifiquement interprétée par Johannes Weisser. On se révolte contre la foule hagarde et aveugle, « Lass ihn kreuzigen ! ». On fond de tendresse avec le pécheur gagné par l’amour dans le magnifique récitatif Nr 57. Les récitatifs suivis d’une aria sont des petits concerts de chambre qui se suffiraient à eux-mêmes insérés comme des incrustations de bijoux dans un grand dessein.  C’est à chaque fois, une apogée de l’émotion esthétique. Bernarda Fink supplie : « Torturé, accablé sous le poids de ses remords, vois mon cœur ! Goutte à goutte que les larmes comme un pur et doux parfum sur ta tête se répandent, divin Maître. » La soprano exquise Sunhae Im continuera :  « Wiewohl mein Herz in Tränen schwimmt… » Son appel est d’une finesse extrême « Ei, so sollst du mir allein mehr als Welt und Himmel sein. » L’appel de Jésus sera déchirant, souligné plaintivement par les larmes délicates des flûtes : « Mein Vater, ist’s möglich, so gehe dieser Kelch von mir ; doch nicht wie ich will, sondern wie du willst…»    

 Et pendant les 78 sections,  on retient son souffle devant cette vivante œuvre d’art,  on ne pense à rien d’autre qu’à planer sur le sourire divin de la musique. L’idylle musicale s’achève dans des applaudissements respectueux,  délestés de barbarie, nourris d’esprit et de cœur. Jamais un concert n’a touché autant que celui-ci, de l’avis de plusieurs spectateurs qui, d’inconnu à inconnu, se  livraient leur émoi profond après le concert.

La lune bleue, c’était ce soir.  Un 31 août 2012. « O schöne Zeit ! O Abendstunde ! » Voici la paix conclue avec le ciel...

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Angelus Silesius, La rose est sans pourquoi.

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Né à Breslau (Silésie) en 1624 et mort le 9 juillet 1677, Johannes Scheffler, dit Angelus Silesius,  est un médecin, un poète et un  mystique allemand.

 

D'abord luthérien, adepte un temps des Rose-Croix, il se convertit au catholicisme en 1652 sous l'influence des mystiques  allemands et flamands, notamment maître Eckart, Henri Suso, Jean Tauler, Ruysbroeck et Jacob Boehme Son recueil le plus connu, paru en 1657 "Cherubinischer Wandersmann" a été traduit en français sous le titre "Le voyageur  (le pélerin ou l'errant) chérubinique".

 

Il fut redécouvert au XIXème siècle par les poètes et philosophes de culture allemande, en particulier Rilke, Schopenhauer et Heidegger.

 

"Salué par les plus grands, de Leibniz à Heidegger, en passant par Hegel et Schopenhauer, l'écho de son oeuvre sur la pensée profane n'a cessé de s'amplifier. En nombre de points, et sans doute pour l'essentiel, la méditation de Silesius nous apparaît aujourd'hui proche du Zen". (Roger Munier)

 

 

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Ohne Warum

 

Die Ros' ist ohn' Warum, sie blühet weil sie blühet,

Sie ach't nicht ihrer selbst, fragt nicht, ob man sie siehet. (I, 289)

 

Sans pourquoi

 

La rose est sans pourquoi ; elle fleurit parce qu'elle fleurit,

N'a souci d'elle-même, ne cherche pas si on la voit."

 

Ce distique se lit au premier livre des poésies spirituelles d'Angelus Silesius, publiées sous le titre : "Le Pélerin Chérubinique. Description sensible des quatre choses dernières".

 

Martin Heidegger l'a commenté dans une conférence qui a été reprise dans "Der Satz vom Gründ", paru à Pfullingen en 1957. Traduit par André Préau, ce texte a été publié par les éditions Gallimard en 1982, sous le titre général "Le principe de raison".

 

En voici la conclusion : "La rose est sans pourquoi, mais elle n'est pas sans raison. "Sans pourquoi" et "sans raison" ne disent pas la même chose. C'est seulement cela que la sentence en question devrait d'abord rendre plus clair. Le rose, pour autant qu'elle est quelque chose, ne sort pas du domaine où le très puissant principe (de raison) exerce sa puissance. Et pourtant la façon dont elle appartient à ce domaine est particulière, différente par conséquent de la manière dont nous autres hommes y séjournons. Bien courte, à vrai dire, serait notre pensée, si nous admettions que la sentence d'Angelus Silesius, n'a d'autre sens que d'indiquer la différence des manières dont la rose, dont l'homme, sont ce qu'ils sont. Ce que le sentence ne dit pas - et qui est tout l'essentiel - , c'est bien plutôt ceci qu'au fond le plus secret de son être l'homme n'est véritablement que s'il est à sa manière comme la rose - sans pourquoi."

 

(Silesius, "La rose est sans pourquoi", textes français de Roger Munier, suivis d'un commentaire par Martin Heidegger, Arfuyen, Textes allemands)

 

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Man muss noch über Gott

 

Wo ist mein Aufenthalt ? Wo ich und du nicht stehen.

Wo ist mein letztes End, in welches ich soll gehen ?

Da, wo man keines find't. Wo soll ich denn nun hin ?

Ich muss noch über Gott in eine Wüste ziehn (I, 7)

 

Il faut passer Dieu même

 

Où se tient mon séjour ? Où moi et toi ne sommes.

Où est ma fin ultime à quoi je dois atteindre ?

Où l'on n'en trouve point. Où dois-je tendre alors ?

Jusque dans un désert, au-delà de Dieu même.

 

Das Etwas muss man lassen

 

Mensch, so du etwas liebst, so liebst du nichts fürwahr ;

Gott ist nicht dies und das, drum lass das Etwas gar. (I, 44)

 

Laisse le quelque chose

 

Si tu aimes quelque chose, tu n'aimes rien vraiment.

Dieu n'est ni ceci ni cela. Laisse le quelque chose.

 

Die Rose

 

Die Rose, welche hier dein äussres Auge sieht

Die hat von Ewigkeit in Gott also geblüht. (I, 108)

 

La rose

 

La rose que contemple ici ton oeil de chair

A fleuri de la sorte en Dieu dans l'éternel.

 

 Wie ruhet Gott in mir ?

 

Du musst ganz lauter sein und stehn in einem Nun,

Soll Gott in dir sich schaun und sänftiglichen ruhn (I,136)

 

Comment Dieu repose en moi

 

Tu dois être limpide et habiter l'instant

Pour qu'en toi Dieu se voie et doucement repose.

 

 Das stillschweigende Gebet

 

Gott ist so über all's dass, mann nichts sprechen kann,

Drum betest du Ihn auch mit Schweigen besser an (I, 240)

 

La prière du silence

 

Dieu excède, au point qu'on ne saurait parler.

Rien ne vaut mieux pour L'adorer que le silence.

 

 Du musst dich noch gedulden

 

Erwart es, meine Seel ! Das Kleid der Herrlichkeit

Wird keinem angetan in dieser wüsten Zeit (III, 184)

 

Il te faut patienter encore

 

Attends, mon âme, le vêtement de gloire !

Nul ne le passe en ce désert du temps.

 

Ein wachendes Auge siehet

 

Das Licht der Herrlichkeit scheint mitten in der Nacht.

Wer kann es sehn ? Ein Herz, das Augen hat und wacht. (V, 12)

 

Un œil qui veille voit

 

L'éclat de la splendeur apparaît dans la nuit.

Qui peut le voir ? Un cœur qui a des yeux et qui veille.

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