«Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir.» Marc Chagall
L'exposition Marc Chagall, le Maître du Rêve rassemble sous les blondes charpentes 18e des combles de l’ancien monastère de Malmédy une cinquantaine d'estampes originales éditées par Aimé Maeght. Celui-ci accueillit dès le début de sa galerie parisienne des noms prestigieux tels que Matisse, Miro, Chagall. La fondation Maeght, un ensemble architectural entièrement conçu et financé par Aimé et Marguerite Maeght pour présenter l'art moderne et contemporain rassemble des collections d’art, parmi les plus riches d’Europe. Cette Fondation, inaugurée le 28 juillet 1964 par André Malraux, alors Ministre des Affaires Culturelles, est un véritable écrin de verdure célèbre pour son architecture et ses jardins, situé à Saint-Paul-de-Vence où ce peintre inclassable s’éteignit à 98 ans.
Et voici Chagall à Malmédy. Jean-Christophe Hubert, diplômé en Philosophie et Lettres et Histoire de l’Art et Archéologie de l’Ulg, jeune commissaire de l'exposition Marc Chagall, le Maître du Rêve, souligne qu’il s’agit d'une collection privée française jamais montrée au public jusqu'ici. Elle rassemble des lithos, photos et lettres de l’artiste très précieuses. Le parcours reflète tout l’art de la muséologie contemporaine, tant par les éclairages, l’accrochage que par les explications claires et détaillées. C’est en effet un art en soi que la mise-en scène d’une expo pour permettre un parcours à la fois agréable et initiatique.
L’exposition part des différentes thématiques chères au peintre. Le rêve tout d’abord et bien sûr, l’amour, le coq, la tour Eiffel, Notre Dame de Paris, la crucifixion, l’envol ,le ciel, la maternité, les traditions et la nostalgie de son pays d’origine et de son enfance…et la mystique. Selon le commissaire, l’inspiration de Chagall est purement hassidique. Dans cette tradition juive, tout le monde participe au sacré, même les animaux, les monstres, les êtres hybrides. On retrouve aussi cette notion de fête rêvée permanente, l'importance portée à la musique et aux musiciens.
Marc Chagall, naquit le 7 juillet 1887 à Liozno dans la banlieue de Vitebsk, en Biélorussie, qui appartenait alors à la Russie tsariste. En 1910, il partit étudier à Paris auprès de Léon Bakst afin d’y parfaire ses connaissances des arts plastiques. Il exposera ses premières œuvres en 1914. Ses œuvres ne se rattachent à aucune école mais présente un élan d’amour universel inégalé, l’éclat et la pureté des couleurs fauvistes, la liberté et le rêve des surréalistes, la déconstruction et la fragmentation typique des cubistes. Il sera de retour à Vitebsk en 1914 pour une courte durée, mais l’éclatement du premier conflit mondial empêchera son retour à Paris. Pendant cette période Chagall peindra surtout la vie de la communauté juive. C’est ainsi que pétri de mysticisme, il explore « l’état d’âme » car Dieu se révèle dans toutes les merveilles du monde. Les images bibliques, les souvenirs folkloriques, se mêlent à des personnages du cirque et des contes, des objets de la vie quotidienne et de l’imaginaire, fuyant la misère du monde et l’horreur de deux guerres mondiales.
Quand il peint son couple survolant sa ville natale, il enlace le rêve, et dévoile un esprit bohême, détaché de la réalité. Rêve et amour ne font qu’un. Les objets, les animaux, la musique flottent par-dessus les toits. Les maisons se retrouvent à l’envers. Une sorte de Jacques Prévert de la peinture… Main dans la main avec Vera, Bella ou Vava il exprime alors un amour cosmique et un regard bienveillant sur le monde.
« La jeunesse, l'amour, la hauteur des sentiments, le feu de l'imagination - tout cela est associé durant toute la vie du peintre à une seule image, tendre et chère - sa bien-aimée, son ange - gardien et la muse qui l'inspirait pour des vols au-dessus de l'existence terrestre, banale et ordinaire. Elle s'appelait Bella (Berthe), une création tendre, fragile, presque céleste, avec qui il était tellement facile de planer dans le ciel au-dessus des toits de la ville natale. »
« Mon cirque se joue dans le ciel, il se joue dans les nuages parmi les chaises, il se joue dans la fenêtre où se reflète la lumière »
Marc Chagall, « Le Maître du Rêve » au Malmundarium , 9, place du Châtelet, 4960-Malmedy, jusqu'au 25 septembre. Ouvert du mardi au dimanche de 10 à 18 h, fermé le lundi (sauf vacances scolaires) Info : 080-685.536.
N .B. Un parcours très didactique a été prévu spécialement pour les plus jeunes. Dossier jeu et dossier pédagogique sur demande.
www.malmundarium.be