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Le duo pataphonique… au théâtre de la Samaritaine

Pataphonie, euphorie....Le duo pataphonique… à la Samaritaine

Max Vandervorst en direct de la maison de la Pataphonie, entendez un atelier d’objets abandonnés métamorphosés en instruments de musique aussi insolites qu’harmonieux, s’est arrêté quelques soirs à LA SAMARITAINE pour nous servir de la musique bien trempée. Marc Herouet, pianiste génial lui donne le ton et le tempo.

Que la fête commence : Daydream des Wallace Collection nous éclabousse de bonheur. Plus que la réminiscence, la cascade de diamants du clavier et les gouttes de musiques échappées du scoutophone, un ensemble de gourdes de métal suspendues dans un râtelier spectaculaire, égrènent du pur bonheur. Et le gong des plats de service. Pari gagné, c’est beau et étrange, et on se laissera guider dans ce voyage autour de ma cuisine.

Un balai de rue rouge se transforme mystérieusement en contrebasse vibrante sous la caresse d’un archet, le détecteur à métaux imite le bagpipe, les pattes d’une chaise sont autant de flûtes pour jouer un quadrille. Voici une sorte de trombone à coulisse en tubes de plastique blancs emmanché d’un socle de bouteille de plastique et d’un moule à tartelettes. Ca marche et c’est juste ! Public ébahi, salle comble. Histoire de souffler un peu voici les sons séraphiques et inconnus d’une valise mystérieuse, et le savatophone qui s’emballe sur l’air de Leila, toujours guidé par le piano sans queue… Des sons de flûte indienne dans les bouteilles d’un casier de bière pour conter à petites gorgées What a Wonderful World. Merci Louis ! Une salsa boliviana au chanrango et lapin mécanique. Un des clous de l’harmonie est une armée de vieux fers à repasser… Il ne faut pas tout énumérer, secrets de composition obligent, mais c’était un spectacle de pure prestidigitation musicale. La magie dans ces objets hétéroclites faisait soudain frissonner leur âme sauvage sous les doigts et le souffle de Max Vandervorst, un prince de la musique des origines.

www.lasamaritaine.be/

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Les éclaireurs


Les éclaireurs

Enfants, voici recomposée, votre image.
Ce ne sont plus les lys des champs, la folle avoine,
Les bluets et les coquelicots dont vous parez vos tabliers,
C’est maintenant l’azur du ciel et le sang de l’Agneau
Que vous avez en votre garde.
Vous, qui n’aurez pas connu les turpitudes
Des cœurs tourmentés,
Vous êtes parties avant l’âge
Où les passions exercent leurs ravages,
Vous êtes les pures offrandes
Qu’a pu concevoir, dans la honte,
Une génération d’aveugles-nés.
Par le prix de votre souffrance,
Vous nous offrez, en Dieu,
La joie de votre pureté,
Feu où se consume, ardente, l’âme,
Feu qui guérit la pauvreté.


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La feuille à l'arbre tremble


La feuille à l’arbre tremble


La feuille à l’arbre tremble
Tandis que le vent la caresse.
Je me souviens, il me semble
Que vous n’étiez pas que sagesse.

Je vous revois, me parlant d’amour ;
Et maintenant que vous vous dévoilez,
Pour mon bonheur, je vous aime à mon tour
Et je ne possède plus que des baisers à donner.

Je vous imagine, le jour, quand loin de moi,
Vous marchez au bord du lac, une lettre
Posée tout contre votre cœur en émoi
Pendant que moi, j’espère la pénombre à naître.

La feuille de l’arbre, moulue, soudain tombe
Dans un bruit étouffé par l’herbe roussie.
La pluie me réveille à la tâche qui m’incombe
Et me chuchote que bientôt il sera nuit.

J’attends avec impatience votre venue
J’attends cet instant ou vous deviendrez,
Celui à qui, enfin, je dirai simplement "tu",
Avec l’écarlate d’un cœur d’amour paré.


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Une perfection émouvante

On ne devrait offrir qu’une fleur à la fois

Ou alors un bouquet, fait de soeurs identiques,

Afin d’en isoler la grâce romantique

Et de lui rendre hommage, en faisant un tel choix.

………………………….

Avec ou sans parfum, élégante ou modeste,

Chaque fleur nous surprend mais aussi nous ravit.

C’est un bijou fragile, un cadeau de la vie,

Suscitant la douceur quand on pose des gestes

…………………………..

Pourtant, souvent pressés, en passant auprès d’elle

On ne contemple pas son charme radieux.

L’enfant en liberté peut délaisser un jeu

Pour venir la cueillir tant elle lui semble belle.

…………………..……….

Des bambins de ma rue, au cours de mes étés,

M’ont maintes fois donné, imprégnée de tendresse,

La fleur d’un pissenlit qui les mit en liesse,

Et dont ils percevaient l’émouvante beauté.

20 septembre 2010

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Sous le soleil exactement

Le soleil exactement.

Le rouge soleil déborde dépasse les bornes de l'insouciance automnale.

Flo marcher dans l'eau 150x120 acry et marouflage sur toile

flo marcher dans l'eau

Le soleil pour patrimoine, lui prend toute la place , remet aux oubliettes nos vieilles pierres rhumatisantes.

Un week-end de valorisation de notre patrimoine, et l'été indien se pâme.

En rajoute, des filles se baignent, on marche dans l'eau, une feuille jaunie sur l'épaule.

Et nos vieilles pierres radotent.

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administrateur théâtres

Festival de Jazz: Le projet Cordes et percussions de André Klenes

Moonly Delights

Dans la vallée…. Ils ont fait un très beau parking souterrain, inondable et inutilisable. Donc l’accès du Marni est plus que problématique pour les visiteurs de la périphérie…. à moins de faire à pied le chemin depuis l’abbaye de la Cambre, parapluie sous le bras pour le retour! Mais nous avons été récompensés. C’est un ancien cinéma au confort exceptionnel, de la place, de l’air et des airs de jazz romantique ce soir là en clôture d’un festival de quatre jours.

Le projet Cordes et percussions de André Klenes, nous a présenté une croisière musicale de grand talent, qui devient spectacle poétique alternant les odes à la lune et à la nature et des créations musicales très inspirées, Orient-Occident. Des pointes de Vivaldi. Des accents hispaniques. Réminiscences dans tous les sens. Une suite celtique, La mer et ses cinq sens, violoncelle et contrebasse vibrantes d’émotion, bleu lunaire, vagues de bonheur musical. Ajoutez le gémissement des oiseaux de mer, le fracas du baiser de la mer sur les rochers, la voix des vents, le goût du sel et la rose des vents. En suite, un hommage senti, aux musiciens du Titanic. Aux percussions Etienne l’Asiatique aux baguettes fascinantes et pleines d’humour. De la délectation. Le dernier morceau, Amalia, nous arrête devant un bar méditerranéen, amples mouvements de jupes à volants, œillades, talons intarissables. Olé! La reprise, Flying Angel raconte un foxtrot aérien… Dans la vallée, quelle découverte !

Sébastien Walnier : violoncelle
Etienne Plumer : percussions
Jacques Pirotton : guitares

André Klenes : contrebasse,
compositions.

rue de Vergnies 25 - 1050 Bruxelles . t +32 2 639 09 80 . f +32 2 639 09 81 info@theatremarni.com

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Lui

Il est de ces êtres abjects,
qui crient haut, très haut,
qu'ils sont les plus beaux, les plus forts.

Devant la tragédie,
sa couardise lui fait face.
Celui-là, le fort en gueule,
se vomirait dessus.
Face à une goutte de sang,
il fuit.

Sa veulerie ne s'arrête pas là,
il faut la faire payer à d'autres.

Alors il laisse dans l'ignorance,
une mère, indispensable présence,
une mère qui aurait du être là,
qui aurait pu lui dire

"Je t'en prie, bats toi,
reste avec moi"

Qui peut juger du reste ?
Même si le destin est funeste,
pourquoi lui voler ces instants,
le laisser se raidir
sur l'asphalte rougi,
et le rendre à sa mère,
trop tard,
dans un peu glorieux sarcophage
de plastique blanc.
Dans le bruit d'un tiroir,
le bruit d'une tirette,
que ses oreilles jamais,
ne pourront effacer,
qui, comme des acouphènes,
ne cessent de résonner.
Quel bruit et quel spectacle infâme,
que ce corps raide et froid,
étendu, pâle et nu,
comme un soldat, ramené du combat,
dans une morgue immonde.
Un soldat inconnu, étiqueté à l'orteil droit..
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Le gai savoir

Le titre de l'ouvrage de Nietzsche « Le gai savoir » (1881) se réfère à la poésie des trouvères provençaux, appelée "gaya scienza", "gai saber", en tant que synthèse de chant, de chevalerie et de liberté d'esprit. Ecrit entre deux crises de sa terrible maladie, cet ouvrage, "dans lequel profondeur et malice se tiennent tendrement par la main", est parcouru par le sentiment de la victoire spirituelle sur la tyrannie du mal, victoire remportée en acceptant la vie et sans même refuser la douleur. L'amour de la vie est ici compris comme une coïncidence de soi avec le destin ("ego-fatum"), comme un "amor fati" interdisant toute négation, ne permettant même pas de lutter contre la laideur et "d'accuser les accusateurs". Le Prologue en vers comporte 63 épigrammes symboliques, justifiant pour la plupart le titre de "Plaisanterie, Ruse et Vengeance", tandis que certains, comme "Ecce Homo", sont empreints d'un souffle plus ample. Viennent ensuite cinq livres d' aphorismes.

Tout y relève de cette tonalité sentimentale que Nietzsche attribuait à Epicure, l'homme qui trouva le bonheur bien qu'il souffrit toute sa vie: le bonheur d'un regard qui a vu s'apaiser devant lui la mer de l'existence et ne se lasse plus de contempler "cette surface chatoyante, cet épiderme délicat et frissonnant". Dans un tel sentiment, le drame de l' incompréhension entre amis atteint à une haute signification tout en étant dénué de douleur, car n'est-il pas inéluctable et sacré comme les trajectoires différentes de deux astres: voir, à ce propos, "Amitié stellaire", qui fait probablement allusion à son détachement de Wagner.

Aux yeux de Nietzsche, l'idéal apparaît sous sa forme concrète dans la vie des peuples méditerranéens. La personnnalité est, en substance, ce qui doit primer en toute chose, et particulièrement en philosophie: le manque de personnalité signifie décadence de la pensée, car les problèmes exigent le "grand" amour (345). Ces affirmations révèlent une inspiration héroïque, exprimée dans les pensées 268-275, dans lesquelles la forme de l' aphorisme atteint à une suprême perfection. La pensée centrale de l' "Eternel retour" est présentée ici ("Le poids le plus lourd", 341) sous une forme qui annonce celle qu'elle prendra dans "Ainsi parlait Zarathoustra": une voix démoniaque apporte la certitude que tout reviendra: "Cette araignée aussi reviendra, ce clair de lune entre les arbres, et cet instant, et moi aussi!". Le mythe de Zarathoustra prend justement naissance dans une phrase de cet ouvrage ("Incipit tragoedia", 342), où l'inventeur du bien et du mal est représenté dans l'instant où il "aspire à redevenir un homme" et s'apprête à descendre parmi les hommes pour se libérer. Parmi les "Chansons du Prince Vogelfrei", composées en Sicile et en d'autres pays méditerranéens, on retiendra: "O mon bonheur" où la contemplation de la place Saint-Marc, à Venise, éveille un sentiment de joyeuse exaltation; "Cinglant pour les mers nouvelles" qui reprend le motif qui inspira la dernière pensée d' "Aurore", ailleurs formulée dans l'expression, que l'auteur s'adresse à lui-même, d' "argonaute de l' idéal"; "Sils Maria" où la naissance de Zarathoustra est chantée, par une sorte de dédoublement de la conscience, comme l'éclosion du mythe à partir de la personnalité du poète lui-même: "C'était ici que j'attendais, n'attendant rien... Quand soudain, amie, un fut deux, et Zarathoustra passa devant moi"; "Au Mistral, chanson à danser", qui célèbre les saturnales d'un esprit qui, au bout d'une longue patience, est assailli par l' espoir de la guérison. Le "Gai savoir" est un des meilleurs livres de Nietzsche et, par certains côtés, peut-être le plus significatif.

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Extase et abîmes du péché dans Les Fleurs du Mal

Les « Fleurs du mal » (1840) se divise en six parties: "Spleen et idéal", "Tableaux parisiens", "Le vin", "Fleurs du mal", Révolte", "La mort". Certains ont voulu voir, dans cette présentation, l'intention de donner au livre la rigoureuse construction d'un poème, d'illustrer l'histoire d'une âme dans les divers moments de son expérience intérieure. C'est ainsi que le spectacle décevant de la réalité et les expériences sans issue qui fournissent les thèmes dans les deux premières parties, auraient conduit le poète, après avoir en vain cherché, pour oublier son angoisse, une consolation dans les "paradis artificiels", dans l' ivresse, à une réflexion sur le mal, sur les attraits pervers et sur l'horrible désespoir qu'il engendre. C'est alors que le poète aurait lancé ce fameux cri de révolte contre l'ordre de la création, avant de trouver un refuge et un aboutissement dans la mort. Tout nous autorise à penser que, si ce dessein ne fut pas totalement étranger au poète, il va, ainsi exprimé, à l'encontre de l'idée même que Baudelaire se faisait de la poésie: si, selon lui, les préoccupations morales ne devaient pas en être absentes, en aucun cas elles ne pouvaient en commander l'ordonnance et la réalisation. Il s'agit plutôt d'une évocation, à proprement parler symbolique, de cette dualité fondamentale qui se partageait son âme et qui le poussait irrésistiblement tour à tour vers les sommets de l' extase et les abîmes du péché, -dualité dont il a parfaitement conscience que, s'il fut le premier à la ressentir avant tant d'acuité, il ne la partage pas moins avec tout homme, en cela son "semblable" et son "frère", ainsi qu'il le proclame hautement dans son arrogante apostrophe "Au lecteur" qui ouvre le livre. C'est pour avoir préservé et cultivé cette dualité essentielle, pour l'avoir élevée à la hauteur d'une ascèse que Baudelaire fut revendiqué par les esprits les plus divers, les plus opposés, et que son oeuvre est allée en s'imposant, carrefour d'idées et de sentiments, point d'aboutissement et point de départ.

L'expérience poétique de Baudelaire s'inscrit tout entière entre les premiers vers du "Voyage" et le voeu qui l'achève: "Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe? -Au fond de l'inconnu, pour trouver du nouveau!" S'il fallait donner à tout prix un sens à l'aventure intérieure du poète, c'est sans nul doute, dans ce poème qu'il conviendrait de le chercher, Amour, gloire, bonheur, désir, tous les thèmes chers à Baudelaire s'y trouvent résumés, rassemblés, sans oublier "le spectacle ennuyeux de l'immortel péché", partout rencontré, "du haut jusques en bas de l'échelle fatale"; sans oublier non plus la mort, "vieux capitaine", éternelle compagne. Certes, l'idée que Baudelaire se fait du destin du poète reprend les termes traditionnels du romantisme: le poète est venu sur terre pour interpréter la réalité à la lumière de son rêve; il s'insurge contre les conventions, demeure, en dépit de tout un inadapté, trouble la conscience et le coeur de ceux à qui il offre ses sublimes mirages ("Bénédiction", "L'albatros", "Le guigon"); mais, tout en reprenant à son compte ces revendications, il leur en adjoint de nouvelles, qui font de lui le premier des poètes modernes. C'est ainsi qu'à la question: "Tout commence donc à Baudelaire?", on peut répondre avec Jean Cassou: "Tout, non! mais quelque chose"; en effet, "Baudelaire est devenu représentatif d'un certain nombre d'éléments qui manquaient au visage spirituel de la France et qui nous apparaissent devoir être désormais maintenus, affirmés et défendus, avec une vigueur combattive, sans cesse renouvelée".

C'est lui, Baudelaire, qui a formulé cette loi première à partir de laquelle s'organisera désormais consciemment toute poésie: la loi de l' analogie universelle, sur laquelle il s'est expliqué en maints endroits et notamment dans son fameux sonnet des "Correspondances". Si on les prive de cette perspective, des poèmes comme "La chevelure", "L'invitation au voyage", "La vie antérieure" et tant d'autres deviennent de simples allégories littéraires, certes fort belles ou émouvantes, mais dénuées de cette vérité absolue en dehors de laquelle la poésie demeure un jeu ou un exercice. Or, les poèmes de Baudelaire sont "vrais", essentiellement vrais. Un vers comme: "Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues", doit être éprouvé, ressenti comme un rapport absolu, inconditionnel, entre les "souvenirs dormant dans cette chevelure" et l'immensité du ciel, azur fait de ténèbres. Or, c'est bien de ce rapport absolu, et de lui seul, qu'est né ce vertige qui s'empare de nous; et ce vertige, quel est-il? Sinon la poésie elle-même, hors de laquelle ces cheveux ne sont plus qu'un objet quelconque de notre univers, émouvant sans doute, mais déchu. On ne peut d'autre part oublier que Baudelaire fut un de ces artistes qui rêvèrent de "découvrir les lois obscures en vertu desquelles ils ont produit, et de tirer de cette étude une série des préceptes dont le but divin est l'infaillibilité de la production poétique". Poète moderne, Baudelaire le fut par l'effort volontaire que déploya sa merveilleuse intelligence critique pour s'assurer des pratiques nécessaires à la naissance de la poésie: n'est-ce pas lui encore, qui nous dit: "L' inspiration vient toujours quand l'homme le veut, mais elle ne s'en va pas toujours quand il le veut. -De la langue et de l'écriture prises comme opération magiques, sorcellerie évocatoire".

Assumant et transposant dans son rêve toutes les expériences de la vie et toutes les apparences du monde, il n'est pas une de ses évocations qui n'ait un caractère irréductiblement original, allant bien au-delà du simple réalisme. "Dans certains états de l'âme presque surnaturels, la profondeur de la vie se révèle tout entière dans le spectacle, si ordinaire qu'il soit, qu'on a sous les yeux. Il en devient le symbole". Les poèmes abondent, qui révèlent, dans un symbolisme transparent, leur substrat intellectuel ou qui ne semblent être au contraire que grâce du langage, mystère et simplicité, et où chante seule la poésie: "Harmonie du soir" et, surtout, "Recueillement" peuvent être cités parmi les exemplse les plus parfaits de tout le recueil. "L'invitation au voyage" se résout, elle, en une musicalité pure qui transcende, en quelque sorte par anticipation, tous les développements possibles du poème dans un climat magique. Cependant le "Rêve parisien" atteint, avec l'aisance la plus naturelle, à certaines audaces dont Rimbaud ou les surréalistes se souviendront. Poète de la grande ville, aimant le bitume et le bruit de Paris, il en a chanté les rencontres boulversantes ("A une passante": "O toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais!"), les déchets d'humanité qui la hantent: les ivrognes, les petites vieilles, les aveugles, les chiffoniers. Maître du paysage urbain, il a créé une seconde nature, où l'architecture remplace les arbres et la verdure, où les "petites vieilles" s'en retournent à la terre comme les feuilles d'automne. Pour orgueilleux et solitaire qu'ait été l'univers où il se situait d'emblée, dominant les hommes et les choses, le poète n'a point cessé d'être solidaire de cette triste humanité, dont il a revécu les douleurs, la souffrance, les erreurs, le péché et le mal. "Le poète jouit de cet incomparable privilège, qu'il peut être à la fois lui-même et autrui...et si de certaines places paraissent lui être fermées, c'est qu'à ses yeux elles ne valent pas la peine d'être visitées". Ses chants d'amour, où il approfondit avec une fatale obstination les mouvements les plus secrets du coeur, depuis les rares instants de sérénité jusqu'aux troubles les moins avoués, refusent toute complaisance envers soi-même et rendent un son inimitable. Cela est vrai, soit qu'il reprenne dans "Le balcon" le thème classique de l'inexorable fuite du temps, soit qu'il rêve, avec une simplicité plus boulversante encore (dans le "Chant d'automne"), de fraternels abandons de l'âme; soit enfin qu'il élucide, avec un courage presque sacrilège et une complaisance tenace, les liens secrets de l'amour et de la haine, du désir et de la vengeance, de la volupté et du crime (voir les célèbres "Pièces condamnées", celles que lui inspira Jeanne Duval, la "Vénus noire" et cet original ex-voto "dans le goût espagnol": "A une madone"). Mais jusque dans les rêveries les plus enchanteresses sur la grâce féminine, on retrouve, insistant et douloureux, l'appel de la misère humaine ("A celle qui est trop gaie" et surtout "Réversibilité": "Ange plein de gaîté, connaissez-vous l' angoisse...?). Dans les plus suaves et mélancoliques images, demeurent présents le sens d'un commun destin, la douloureuse vision d'un paradis perdu que le poète saura évoquer dans des termes d'une simplicité antique et définitive ("Moesta et errabunda": "le vert paradis des amours enfantines").

On en arrive ainsi aux trois poèmes qui composent "Révolte" et aux pièces qui portent en propre le titre de "Fleurs du mal" (et notamment les "Pièces condamnées"). C'est dans ces morceaux, que s'affirment, bien plus important que tout satanisme, le sentiment de la fatalité du péché en même temps que celui du juste châtiment, inévitable et immanent à nous-mêmes. Cette conception fondamentalement baudelairienne, le poète l'exprime de la manière la plus concise, en recourant au mythe du Péché originel. "Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d'engrais, -Cependant que grossit et durcit ton écorce, -Tes branches veulent voir le soleil de plus près": ces vers, tirés du "Voyage", expriment assez bien la nécessité et, par là, la quasi-légitimité du mal: mais la fatalité du péché n'est pas autre chose, dans la vie morale, que la nécessité de la souffrance. Cette certitude se résout, dans les moments de la plus haute inspiration, en un sentiment de charité universelle, en une grande pitié pour soi et pour les autres.

Baudelaire, cet esprit toujours en mouvement, qui ne renonça point au droit de se contredire et dont les attitudes variées ne peuvent être réduites à quelque doctrine traditionnelle, n'est jamais plus lui-même que dans les moments où il porte son jugement sur la vie humaine: en lui, un drame se déroule, qui dépasse toute complaisance personnelle, la douleur d'un homme, -la sienne, -devenant, sans le secours de la moindre métaphysique, la douleur de chacun. Ce déchirement de tout un être trouve son expression la plus accomplie et la plus universelle, dans des pièces allant de la délicate et douloureuse fantaisie du "Cygne" jusqu'aux graves accents des deux confessions intitulées: "Je nai pas oublié, voisine de la ville" et "La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse", en passant par les poèmes sur "Les sept vieillards", "Les petites vieilles", "Les aveugles" (déjà cités), ainsi que "Crépuscule du matin", "Crépuscule du soir" et "La mort des pauvres". Telle sont les raisons qui ont fait dire que Baudelaire prolongea le romantisme jusqu'à ses extrêmes conséquences, le purifiant et le perfectionnant à un tel point que, tout comme un classique, il en vint à identifier son drame avec l'éternelle tragédie de tous les hommes. Cette position ressort clairement de son style, qui ne veut renoncer à aucune des subtilités qu'il a entrevues, ni à ce renouveau de classicisme le plus authentique. Mais ce qu'il chercha avant tout, ce fut de briser les cadres de la rhétorique et du discours où s'enlisait la poésie traditionnelle, en la libérant du carcan des expressions usuelles. Un dessein aussi ambitieux, et aussi nouveau (Baudelaire est un de ces "horribles travailleurs" dont parle Rimbaud), ne pouvait se réaliser sans courir de nombreux dangers et sans quelque dispersion: incertitudes de style qui passent comme des ombres et masquent parfois certaines des ses miraculeuses illuminations, insistance un peu lassante sur certains thèmes.

Son existence si malheureuse, sa terrible clairvoyance se cristallisèrent dans un atroce pessimisme, dans ce triste jugement qu'il portait sur la destinée humaine, à jamais symbolisée à ses yeux par le mythe du Péché originel: ainsi fut-il un analyste horrifié, mais fasciné du vice et de la perversion. C'est cet aspect particulier de son oeuvre qui fit tenir l'homme et sa poésie pour scandaleux, blasphématoires ou sataniques. Mais cette interprétation est manifestement incomplète, unilatérale: elle ne tient nul compte de cette autre moitié de ce monde idéal d'où la première reçoit sa lumière et sa signification. Certes, il y a la "Vénus noire", Jeanne Duval, "bizarre déité brune comme les nuits"; mais il y a aussi son "analogue" sa "correspondance" dans le divin, "la très-belle, la très-bonne, la très-chère": Mme Sabatier. Plus loin encore, les réunissant au-delà de leurs apparences, il y a cette "maîtresse des maîtresse": la Mémoire, -cette mémoire qui fit de Baudelaire un de nos plus grands poètes.

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2200 P.C.N.



2200 P.C.N.



Le ciel n’a plus de larmes, la terre se dessèche.
Les hommes partent, les enfants meurent,
Les femmes boivent leurs sanglots.
L’or cuisant nourri par nos folies
Ronge le blé des champs.
L’aride craquellement avale
L’humus riche pour les épis de blé.
Et vous que nos semences ont engendrés
Vous ressemblez aux grands caravaniers.
Vous marchez pour de l’eau
Qui ne jaillit plus nulle part.
Nul ne se souvient
Qu’il y eut des monts au chef blanc,
Les pieds engloutis dans un miroir bleu.
Nul ne voit plus la fleur du lilas
Parfumer ce que nous appelions le printemps.
Et la rose de mai, délicate et odorante,
Est sauvage églantine.
Plus que chardons et sur vos têtes des épines.
Le ciel sec plombe un nouveau désert.

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Un peu de mon enfance





Un peu de mon enfance


Tant de mots se bousculent ce soir
A la pointe finement taillée de ma plume ;
Toute la maisonnée dort, se terre dans le noir.
Et pareil à mon cœur, notre jardin s’embrume.

Au travers de la vitre embuée, comme des fantômes,
Je vois les branches du vieux chêne, mues par le vent.
Sur la table, rouge et un peu ratatinée, une pomme
M’offre son dernier relent de parfum et l’âtre m’attend.

Mes pensées s’envolent et puis reviennent
Coucher précieusement sur la feuille de papier
Des souvenirs de l’enfance qui fut mienne
Et que, encore naïve et crédule, j’ai tant aimé.

J’entends à nouveau les éclats de rire cristallins
De mes frères et la voix grave de mon père
Qui nous rappelle qu’il n’y a plus de pain,
Et qu’il faudra sans tarder aider notre mère.

Les yeux humides et fatigués par la fumée âcre
Qui s’échappe invisible de l’antique cheminée,
Cette femme de trente ans, frêle mais opiniâtre,
Pour nous a laissé s’effriter toute sa beauté.

Aussi loin que m’emporte ma pauvre mémoire
Je ne la vois jamais assise, sereine et reposée.
Déjà quelques mèches blanches entre l’éclatant noir
De sa longue chevelure signent les tourments endurés.

Ce soir, je me sens le cœur lourd de cet amour
Simple, gratuit et à l’odeur du bon pain
Qui se pétrit, lève et puis, enfin, cuit au four
Pour nous nourrir jusqu’au lendemain.

L’encre épais de ma plume est comme une fontaine
D’où s’écoule pur et sans prix, votre amour de parents.
Ma gratitude inavouée, au fil des lignes s’égrène
Afin de perpétuer pour mes bambins, cette vie d’antan.


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Heure arrêtée



Heure arrêtée

Lentement, comme les vieux murs
Sous l’assaut du temps, mon cœur atteint
Par les bourrasques, se fissure.
Création douloureuse de nouveaux chemins.
La rouille a encrassé les aiguilles du cadran
L’heure s’est figée au sommet d’un instant.


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J’aime les cieux crépusculaires


J’aime les cieux crépusculaires



J’aime les cieux crépusculaires,
Leur clair-obscur, leur atmosphère,
Émanation d’une portion d’enfer.

Je chéris le jour qui succombe
Posant son manteau sur les tombes
Avec la nuit qui se lève et surplombe.

Je me délecte quand vient minuit
L’heure zéro où la chauve-souris
Sans plus de crainte quitte son nid.

Je suis de ces créatures étranges
Mi-démon peut-être mi-ange
Qui passent et qui dérangent.

Je vous attends en ces heures-là
Où les honnêtes gens dorment déjà
Et où s’unissent les êtres de l’au-delà.

Je vous verrai sans doute du bout des yeux,
Fuir sans vous retourner ces lugubres lieux
Horrifiés par ce rendez-vous amoureux.

Mais si vous choisissez de rester un instant
En ces minutes qui s’écoulent lentement
Je vous promets de vous choisir pour amant.

Alors vous pourrez raconter à l’aurore
Ce que vous a offert mon maigre corps
Et avouer que vous en voulez encore.



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La campagne s’étend morne et grise

La campagne s’étend morne et grise

La campagne s’étend morne et grise
Au pied d’un tumulus abandonné des hommes.
Les arbres ont perdu jusqu’à leur chemise ;
Des nappes brumeuses semblent fantômes
Sur le ruisseau qui ne sait plus murmurer,
Tout enfermé qu’il est sous son manteau de glace.

Sur la berge fangeuse, la terre embourbée
Laisse entrevoir quelques pas, étranges traces.
Qui passa là en ces heures ternes et froides ?
Était-ce un amoureux perdu ou une enfant
Cherchant un oiseau rare pour ses nuits fades ?
L’absence et le silence m’offrent de leur néant
Toutes les images que ma tête peut rêver.

Mais pas une voix humaine ne se fait assez vive
Pour démentir les tableaux tristement élevés
Par mon sombre regard sur une humanité passive.
Comment peut-on ainsi parjurer des racines
Qui pourraient nous porter jusqu’au sublime ?
Comment ose-t-on ainsi ensevelir des origines
Qui portent en elles des bonheurs et des crimes ?

Mais c’est omettre que l’Homme, animal dompté
Par de trop beaux démons, se laisse toujours prendre
Au jeu malin de celui qui vit et l’infante et l’aimé.
Mes yeux seuls ne peuvent racheter les mortes cendres.

Le ciel est lourd et le brouillard, dense. C’est l’hiver
Dans le cœur du village. La terre pourtant palabre :
Elle hurle qu’il y eut des amants qui s’aimèrent
Le long de cette eau muette qui les vit encore glabres.

C’est alors que je vois une pierre, silex noir
Que de tout ton amour pur et limpide et doux
Tu me donnas un jour ou plutôt un soir
Où mon cœur sombrait lui aussi dans de sombres remous.

Ma main le ramasse et d’un geste prompt le lance.
Voilà qu’à nouveau l’eau murmure des notes douces
Et combles d’espoir. Une force soudaine gomme l’offense
A la nature injurieuse, lui rendant ses couleurs folles et rousses

Terre d’hommes, il suffit parfois d’une seule âme
Pour te sauver de morts certaines et de l’infâme.

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Dernier extrait de la grognasse : La magie

« De toute façon, j'avais toujours deux Cupidons au- dessus de mon lit. L'ennui, c'est que c'était deux anges mâles qui ne pensaient qu'à s'accoupler. J'ai séparé mes angelots lubriques. J'en ai gagné un spécial, que j'ai donné à un copain. C'était un Cupidon double Viagra-Foutre, rapide comme 1' éclair ! Le copain l'a mis dans son slip, mais c'était tellement fulgurant que je l'ai jamais revu. Un peu plus tard, j'ai appris qu'il avait déjà niqué toutes les femmes du quartier et qu'il comptait étendre son territoire. Alors, j'en ai eu marre des anges gardiens. J'ai dit aux Trois Cloches de ne plus m'en envoyer. Toujours des mâles ! Une angine gardienne, j'aurais pu au moins la refiler à mon “ami Dalle” ou à son confrère Otto Rhino ! Mais les mâles, ça commençait à faire désordre. Au bout d'un moment, je m'en suis débarrassée. Mais dans le catalogue des “Trois Cloches ”, y a pas que des trucs qui marchent. Quand je répondais au téléphone, je tombais souvent sur des réclamations. Une fois, c'était un type qui avait acheté de la manne à faire brûler sur des charbons ardents. C'est Moïse qui a inventé ça : Vous savez Moïse, c'était le mec qui chantait le rôle principal dans “ Les dix Commandements ”. Alors il a appliqué le premier commandement livré avec le mode d'emploi : “Mettre dans la fu­mée, ce qu'on veut rendre magique.” Il a donc disposé dix billets de cent balles sur les charbons incandescents. Ça a pris tout de suite et tout est parti en fumée. Comme c'était pendant son sommeil, son appartement a pris feu. Les pompiers l'ont sauvé de justesse. Merci Moïse ! Mais aux “Trois cloches”, le client c'est sacré. On lui a renvoyé gratuitement, à nos frais, la même chose pour qu'il puisse recommencer l'expérience. Y en a un autre qui a mis un billet de cinq cents balles dans le gland magnétique d'une pendule de cuisine. Il croyait que ça allait attirer d'autres billets. Il a donc mis son billet magné­tisé dans son portefeuille. Le pognon, il était tellement énergétisé qu'il a eu la bougeotte et il s'est réfugié avec le portefeuille dans la poche d'un pickpocket...

Y en a qui diront que la magie, ça marche pas trop pour la thune. Pourtant, les “Trois Cloches” ça se trouve en Suisse. Faut pas confondre avec les “Trois Suisses” qui eux ne sont pas domiciliés en Cloche. Y en a qui disent que ce qui se trouve en Suisse, c'est bien pour le pognon. Faut croire que ça marche moins bien pour les clients que pour les petits Suisses.

Moi, je n'ai eu recours à la magie que pour l'amour. Avant d'utiliser les herbes aphrodisiaques et les gris-gris érotiques, il m'a fallu me désenvoûter avec bougies spéciales à flamme olympique et j'ai vu dans la fumée, le visage de la personne qui cherchait à me nuire. C'était ma future belle-mère. Je lui ai signifié de me laisser tranquille et elle l'a compris.

Après ça, j'ai allumé la bougie “anti-quitter”, spécialisée dans les amours d'antan et pour voir l'effet que ça faisait, j'ai branché ma pyramide de cristal surpuissante pour les retours d'affection. J'avais du mal à me concentrer. Je voulais qu'ils reviennent tous : Paco mon amour espagnol, Fabrice qui se prenait pour Céline, Edouard, mon ange blond aux yeux d'enfant, François, mon dessinateur de BD, maître chorégraphe au balai vengeur, Jean-Marc et la cabane au fond du jardin qu'il s'était construite pour vivre, sans moi, au fin fond de l'Ardèche, Michel, frère de Quasimodo, un soir à Notre-Dame, Alain, mon skipper aux conquêtes multiples, Léo, mon anar zinzin qui se cognait exprès, la tête dans l'ascenseur. J'ai aussi revu fugitivement les autres, les rêves trop vite éteints et les passions inachevées. Je les ai tous aimés.

La pyramide a explosé. Trop d'amour, ça pardonne pas. Même une pyramide surpuissante n'y résiste pas. C'est tellement intemporel, cet amour qui se confond, qui embrasse le passé autant que l'inconnu et qui en plus me renvoie à la figure l'amour de ceux qui m'ont aimée et que j'ai à peine regardés ! Trop, c'est trop ».

Ce texte est le dernier cadeau de la Grognasse.( dernier extrait en ligne sur ce blog » . Pour continuer de rire avec ce livre faudra a acheter le livre… ou le PDF.

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Rouge Allondon

La série paysagée se comble de rouge vermillon. C'est tout simple est jubilatoire.

Tout le monde peint, des coques de navire ou des natures mortes, Des façades bleutées ou des landes en lavande.


rouge Allondon et Flo 100x100 acry sur toile

SDC10193-copie-1

Moi je marche dans l'eau sur les rives de l'Allondon, une rivière discrète qui n'ose pas se jeter franchement dans le Rhône,ce géant débonnaire.

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