Le BeFilm festival, c’est par tradition un rendez-vous de cinéma festif. Pour cette édition anniversaire, Celine Masset et Pascal Hologne ont invité les stars et les réalisateurs à s’improviser Dj’s et c’est Fabrizio Rongione, le parrain du festival qui animait l’ « anniversary party » du 27 décembre.
Toutes les infos sur http://befilmfestival.be
Le Bozar et la Cinémathèque sont les fidèles partenaires de l’association « Un soir, un grain » qui organise cette rétrospective annuelle du cinéma des deux communautés culturelles avec ses rencontres d’artistes au bar du festival ou ses Q&A après les projections. Un festival pour le plaisir, faut-il le rappeler, sans esprit de compétition.
En avant-première, le public, venu nombreux à la soirée d’ouverture, a pu découvrir Melody, le second film de Bernard Bellefroid (Prix du public et prix Cinevox au FIFF). Un film qui sonde le désir d’enfanter, la solitude, le besoin d’amour dans la rencontre et le regard croisé d’une mère porteuse et d’une mère sociale. Le scénario s’éloigne par endroits de son sujet au profit d’un suspens admirablement servi par les deux actrices Lucie Debay et Rachael Blake, prix d’interprétation féminine ex æquo au festival International des Films du Monde de Montréal. La sortie du film est prévue en Belgique en mars 2015. Dans la même vague, Post Partum, le premier film de Delphine Noëls plonge dans l’introspection d’une dépression qui vire à la démence. L’idée du scénario émane de bribes de confidences familiales, étoffées par des recherches personnelles et des conseils de spécialistes. Le résultat donne un film qui s’autonourrit d’angoisse, d’une détresse ravalée, cravachée par le montage à rebours d’Erwin Ryckaert. Ce film sans concessions est porté par Mélanie Doutey dont c’est également le premier grand rôle. Le film est en lice pour le Magritte du premier film.
Interview de Delphine Noëls sur http://www.cinergie.be/webzine/post_partum_de_delphine_noels
Dans la catégorie des courts, Une brume, un matin, première réalisation de Nicolas Buysse et Joachim Weissmann, a ouvert le festival. De belles images associant états d’âme et déchaînements naturels, nostalgie et réalité sur fond de romantisme noir.
Parmi les douze courts métrages sélectionnés pour les Magrittes et projetés dans la journée de samedi, on a pu voir ou revoir des travaux de fin d’études comme celui de Sarah Hirtt : En attendant le dégel (présenté à Cannes). Dans la catégorie film d’animation, sont retenus : Le labyrinthe de Mathieu Labaye, composition sur l’enfermement ; Deep space de Bruni Tondeur, sur les traces d’un astronaute à la recherche d’une espèce intelligente (La Cambre) ; Les Pécheresses où Adam finit par sauver Ève, de Gerlando Infuso (Prix du jury au FIFF) ; ou le tendre et désopilant rêve de Stéphane Aubier et Vincent Patar: La bûche de Noël (Grand Prix du court métrage du New York Int'l Children's Film Festival, Cartoon d’or, Prix Sabam).
Sont également sélectionnés et déjà récompensés : Solo Rex de François Berry, un film d’une fraîcheur et d’un humour sans tâche sur les maladresses d’un premier flirt (Prix du meilleur court métrage international) ; La part de l’ombre entre documentaire et surréalisme d’Olivier Smolders (Prix du meilleur court métrage au FIFF) ; le grinçant Millionnaires ou comment perdre 5 millions à la loterie de Stéphane Bergmans (Prix CineLab, Prix, Meilleure fiction au festival Interfilm de Berlin) ; Elena de Marie Le floc’h et Gabriel Pinto Monteiro (Prix Arte), lui aussi sur le thème de l’interruption de grossesse ; L’être venu d’ailleurs, documentaire portrait drôle et insolite de Dédée, prostituée en vitrine de Guy Bordin et Renaud de Putter (Meilleur CM international en Acadie, Prix du public Doc en courts ; Osez la Macédoine sur l’exclusion sociale de Guérin Van de Vorst (Grand Prix du Court qui en dit Long) ; et Les corps étrangers sur la différence et le regard des autres de Laura Wandel (Sélection officielle Cannes 2014). Si vous les avez manqués, suivez la programmation du Brussels Short film Festival (23 avril au 3 mai 2015) et ses rétrospectives.
Infos sur http://bsff.be/
Sur les 24 longs métrages et parmi les plus médiatisés, nous revenons sur une découverte esthétique : Lucifer de Gust Van den Berghe (Grand Prix au Festival International du Film Black Nights à Tallinn, sélection festival de Rome), un film déroutant qui forme une trilogie avec Little Baby Jesus et Blue Bird (Mention spéciale Festival de Gand 2011). Le film est le reflet d’un miracle, celui du rêve d’un monde nouveau. L’idée découle d’un désir d’expédition à la recherche d’un volcan observé sur Internet pour aboutir à la découverte du village où sera tourné l’entièreté du film, avec les habitants locaux pour seuls acteurs sauf les deux rôles de Lucifer (un prétendu « ange » qui débarque un beau matin et séduit la naïve Maria (aucune jeune fille ne voulant interpréter le rôle d’une fille enceinte). L’originalité de l’œuvre réside dans son format en « Tondoscope », une technique nouvelle qui présente la particularité d’empêcher les plans larges. L’image est confinée dans le cercle à 360° figurant à la fois l’œil de Dieu, de la caméra, le cratère d’un volcan, les contours étouffants et infinis d’un coin du monde sans issue. On tourne autour de l’œil, en processions, on grouille autour du trou, légèrement hébétés. Il n’est pas interdit de rire : c’est la recommandation du cinéaste. D’ailleurs les habitants du village ont tous beaucoup ri lors de la projection du film au Mexique. Gust van den Berg avoue être séduit par les images et la philosophie de la Renaissance. De son aveu, son processus créatif part d’une idée pas très claire de prime abord, issue de ses lectures, d’une envie de voyage. Un scénario sommaire s’approprie ensuite peu à peu sa propre vie. De ses choix progressifs, nait une réalité préexistante.
La trilogie complète de Gusto Van den Berghe sera projetée au cinéma des Galeries le 19 février.
« Un soir, un grain » clôturera 2014 par sa traditionnelle party de la Saint Sylvestre au Comic’Art.
Palmina Di Meo