C'est une belle journée qui s'annonce.Enfin le ravissement est arrivé ! Il était temps, direz-vous. Après avoir attendu un demi- siècle, il vient d'arriver ce qui aurait pu arriver en une heure. Mais le mieux est toujours lent et le pire si rapide ! Voilà qu'enfin l'humanité, après tout ce temps, se met à marcher droit. Ses promesses de bon sens, son passé misérable ressassé en permanence, ses conflits pour une goutte d'huile, ses avarices croulant sous le poids d'abondances honteuses, ses préemptions masculines... Terminé tout cela, c'est une belle journée qui s'annonce ! Dehors, alors qu'un léger brouillard lentement se dissipe, le ciel se fracture et laisse passer un généreux rayon de soleil. La journée promet d'être belle. Mon voisin me salue d'un geste amical et son sourire trahit enfin tout les espoirs longtemps contenus, toutes ces frustrations de bonheur qui attendaient impatiemment la sortie. Comment en effet ne pas retrouver ses joies d'enfant quand les hommes sont enfin passés du stade primaire au stade secondaire voire supérieur. Secondaire n'est déjà pas si mal. Ils tolèrent d'avantage leurs croyances diverses, se battent moins pour avoir saisi l'insupportable souffrance des plaies occasionnées ainsi que l'absurdité des efforts à reconstruire. Sans oublier les famines, les épidémies engendrées, les viols, les vols... que causaient toutes leurs ignorances. Non, tout va mieux maintenant. Vous pouvez dormir tranquille, prendre l'air dans votre jardin, humer le doux parfum des fleurs et lever les yeux au ciel. Le bruit que vous entendez n'est pas celui d'un avion de chasse ou d'un bombardier d'eau. Tout cela est du passé maintenant. C'est une belle journée qui s'annonce !
Pensée du jour. 31/01/2020
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- « Aujourd'hui, en Europe, le jaune est une couleur discrète, peu présente dans la vie quotidienne et guère sollicitée dans le monde des symboles. Il n'en a pas toujours été ainsi. Les peuples de l'Antiquité voyaient en lui une couleur presque sacrée, celle de la lumière, de la chaleur, de la richesse et de la prospérité. Les Grecs et les Romains lui accordaient une place importante dans les rituels religieux, tandis que les Celtes et les Germains l'associaient à l'or et à l'immortalité. Le déclin du jaune date du Moyen Âge qui en a fait une couleur ambivalente. D'un côté le mauvais jaune, celui de la bile amère et du soufre démoniaque : il est signe de mensonge, d'avarice, de félonie, parfois de maladie ou de folie. C'est la couleur des hypocrites, des chevaliers félons, de Judas et de la Synagogue. L'étoile jaune de sinistre mémoire trouve ici ses lointaines racines. Mais de l'autre côté il y a le bon jaune, celui de l'or, du miel et des blés mûrs ; il est signe de pouvoir, de joie, d'abondance.
Toutefois, à partir du XVIe siècle, la place du jaune dans la culture matérielle ne cesse de reculer. La Réforme protestante puis la Contre-Réforme catholique et enfin les ‘valeurs bourgeoises’ du XIXe siècle le tiennent en peu d'estime. Même si la science le range au nombre des couleurs primaires, au même titre que le rouge et le bleu, il ne se revalorise guère et sa symbolique reste équivoque. De nos jours encore, le jaune verdâtre est ressenti comme désagréable ou dangereux ; il porte en lui quelque chose de maladif ou de toxique. Inversement, le jaune qui se rapproche de l'orangé est joyeux, sain, tonique, bienfaisant, à l'image des fruits de cette couleur »
Présentation par l’éditeur de Jaune. Histoire d’une couleur, par Michel Pastoureau, Le Seuil, octobre 2019, 240 p.
Ô vous tous qui passez au devant de ma porte,
Enfants de misère, compagnons de la lune,
Si le frimas vous glace, si la peur vous emporte,
Entrez sans sonner car notre vie est commune!
Et vous, poètes fous que l’on voit passionnés
Sur le flanc de le muse, votre seule fortune,
Quand tous ignoreront vos mots, chez moi, laissez
Entrer cent sonnets car notre vie est commune!
A vous oiseaux d’hiver qui cherchaient un abri,
Finissant votre vol au gré de l’infortune,
Je vous offre mon toit, mon salon et mon lit !
Entrez, sansonnets, car notre vie est commune!
Je voudrais refleurir ma voix de lilas et de roses,
en faire don à vos lèvres mi-closes, qui n'osent pas.
je voudrais que votre silence se taise, pour laisser
place à vos sonorités, sans lesquelles ma voix
demeurera incomplète, car non reçue par la vôtre !
Les mots le saviez-vous, sont nés pour être enlacés,
sinon jamais ils ne grandissent, sauf s'ils s'écrivent,
par l'écriture ne meurent jamais, grandissent dans
des yeux, murmurent un peu !
Oui écrire, c'est exister dans l'urgence, juste pour
l'amour des mots.
NINA
Les bras en croix
fossilisee dans l'antre de ton bois
ton écorce sera
la croûte de mon âme
abritée sous ta ramee
je boirai
à petites goulees
ta sève sucrée.
En jeux d'écritures, notre atelier d'écriture citoyen, entamera début février un nouveau cycle, en groupe toujours, mais avec une accompagnement plus personnalisé. Développer notre imaginaire, se rencontrer, s’amuser, prendre le temps d’écrire pour soi ainsi que de partager notre vision du monde, nos rapports à la création et aux autres, tels sont les objectifs de nos ateliers.
La participation est gratuite mais ATTENTION ! l'inscription est obligatoire (sur elisabeth.mertens@arc-culture.be) et le nombre de places est limité ! Dépêchez-vous !
Plus d'info sur notre atelier d'écriture citoyen : https://arc-culture.be/blog/projets/en-jeux-decriture/
Un jour je m'emparerai de votre ombre,
je m'en ferai un long manteau fantôme,
à proximité de vous,
je serai dans vos pas plus vivante, pas à pas !
Un jour je boirai en douce, dans votre verre,
j'y laisserai mes lèvres, leur parfum,
ce bouche à bouche sans réserve et secret,
incendiera nos mots à venir !
Un jour vos mains seront les miennes
et vice versa, votre silhouette épousera la
mienne, dès lors qu'elle la frôlera,
la bousculera tout en dedans !
Désir.
NINA
Instantanés_Itinéraires_à_pieds_à_continuer_Vale_Of_Glendalough_Wicklow_Mountains_Ireland
Tellement les jours, à travers la brillante étoile.
Vale of Glendalough.
L’hiver chemine le long de ses sentiers.
Lough Nahanagan.
Quand le gel blanchit au lever du soleil le froid de l’hiver.
Quand dehors, les yeux parlent, et quand dedans, ils te reprennent.
A gauche après le pont dans le village.
Et puis loin, très loin.
Le long des courbes, le chemin continue avec une vue sur les Wicklow Mountains.
Danse et chant des pierres foulées aux pieds.
L’âge de l’arbre au sommet de la colline en face semble indéfinissable,
Et à son approche, après une heure de marche, il nous regarde en fait juste à notre taille.
Glendasan River.
Summit of Camaderry.
The Spink.
Tellement les jours, et ailleurs, un coup d’archet et leurs sourires,
Face au flot des forêts et des voluptés de leurs collines.
Julien Boulier
A Brest
Le 20 janvier 2020
texte déposé Sacem
code oeuvre 3460963711
Face au miroir,
ma robe ivoire, glisse dans le noir,
ma peau ne se laisse plus voir
depuis son désespoir de n'être plus
l’alliage de la vôtre !
Face au miroir,
mon regard épars, se perd dans le noir,
car il vous cherche, ne se laisse plus voir
ailleurs qu'ici, depuis son désespoir de n'être
plus jumelé au vôtre !
Face au miroir,
mes gestes tâtonnants, éclaircissent le noir,
car ils ne désirent que retrouver vos mains,
ne se laissent plus voir en plein jour,
depuis leur désespoir de n'être plus mêlés aux vôtres !
Face au miroir, me voilà infiniment seule !
NINA
Faire d'une sente, un long chemin,
d'un boulevard, un jardin,
d'un océan pollué, une mer originelle,
d'un marécage, un ruisselet bavard,
d'un abandon, un corps qui s'ouvre,
d'une porte fermée, un entrebâillement de vous,
d'un brouhaha, un silence,
d'une guerre, une réconciliation,
d'un immobilisme, une danse,
d'un cri, un chant,
d'un mutisme, une écriture,
d'un vertige, un frisson,
de l'obscurité, une transparence,
de l'oubli de soi, une enfance,
d'un renoncement, une audace,
d'une rupture, un grandissement,
d'une chute, une ascension,
d'une rose fanée, un nénuphar,
d'une gifle, un enlacement,
de l'indifférence, un simple regard,
du quotidien, l'extraordinaire,
d'un sommeil agité, le souvenir d'un rêve,
d'une grossièreté, l'altitude d'un mot,
d'un grand froid, une chaleur bienfaisante,
d'un livre brûlé, le souvenir de sa voix,
d'une adolescence volée, un cahier retrouvé,
d'un chant, un opéra,
d'un opéra, une symphonie,
d'une symphonie, l'éternité.
Faire de la vie, LA SIENNE.
NINA
L'hiver dans ma tête me dessine un été,
une tempête dans mon corps, fait éclore l'ondée bleue,
l'absence de vous, m'apporte des mots féconds,
l'ombre en plein soleil, expire sous ma plume,
mon cœur ensanglanté cicatrise, dès lors que j'espère,
les larmes sur mon visage se diamantent à l'approche de vous,
ma peau sous mon pull blanc, contre vous s'incendie,
nos yeux pensifs et chauds, s'étreignent en pleine foule,
nous existons ainsi.
NINA
L'épouse du soleil, insomniaque fait la fête,
illumine la terre depuis la salle de bal, le ciel immense
et noir, d'où dansent leurs maintes filles, vêtues
comme des étoiles !
L'épouse du soleil, trottine dans l'infini et nous
tend son regard, chaleureux, tranquille, alors
que le soleil, son époux fabuleux, sommeille,
ne prend plus feu !
Les deux originels amants, rendent un peu
jalouses, la terre et puis les mers et même
moi et vous, tellement sans un seul mot, ils
s'aiment et très fort se touchent !
Ce soir, c'est la pleine lune, toute dorée et
ronde, au dessus des toitures elle vagabonde,
blonde.
NINA
D'ici, je contemple la mer,qui s'argente sous la pluie,
plus de bruit, rien que le murmure des flots, le rythme ralenti
des vagues, des déferlantes.
Mes pensées sont trempées, hiberne tout mon corps, ma tête
esseulée vers vous caracole, alors que mes yeux fous si loin
de vous dégringolent, s'assombrissent.
D'ici, je regarde la Seine que j'ai prise pour la mer, l'instant
d'une pensée folle, alcoolisée sans l'audace de la vôtre, la
fulgurance d'un baiser de vous sur mes yeux consolés.
D'où je suis, à chaque instant je vous espère, je tâtonne
l'espace à la recherche éperdue, de votre geste pour moi
si nu !
NINA
le jour se lève, un zigzag rose zèbre le ciel...
Le gris s'estompe, place au turquoise, il va faire beau!
Si solitude aussi souffrance distillent leur fiel
Vouloir sourire ainsi guérir de tous les maux...
Matin enchante, l'immensité danse sa joie
Fleurit le temps, joli moment, fragile l'instant...
Ta voix résonne et je frissonne, bonjour l'émoi
En plein hiver, petite merveille, un goût d'printemps!
J.G.
INTRODUCTION
Le 19 avril 1945, alors qu’il vient d’être rapatrié du camp d’extermination de Nordhausen, Henri Megglé dicte ce qu’ont été ses dix-huit mois de déportation dans les camps de Buchenwald, Dora/Mittelbau, et Nordhausen.
Déportation précédée par son arrestation à Vichy en juillet 1943, par son emprisonnement dans la prison de Montluc à Lyon, et par son transfert dans le camp de transit de Compiègne.
« Cette note, composée de 23 feuillets, est le récit pris en sténotypie, de Henri MEGGLÉ, âgé de 27 ans, arrêté par la Gestapo à Vichy en juillet 1943, expédié en décembre à Compiègne, puis après une quinzaine de jours, à Buchen-wald. (…)
Au moment de son arrestation Henri MEGGLÉ faisait partie de l’organisation M.U.R. (Mouvements Unis de la Résistance) où il travaillait sous la direction de Jean PRONTEAU “Groupe Cévennes”.
Son récit a été recueilli le lendemain de son arrivée au Bourget par avion, alors qu’il est couché et dans l’incapacité absolue de circuler.
Son poids actuel est de 38 kg, son poids normal est de 79 kg.
Nous croyons savoir qu’Henri Megglé est le premier ré-sistant effectif à être arrivé au Bourget, de la région de Weimar »
(Note transmise par Stéphane Simon avec le texte de Saint-Tropez)
Certains jours
l’on voudrait seulement
tourner le dos
aux nuits obscures
aux ciels de feu
aux barbelés
au vacarme du monde
l’on voudrait seulement
que tout bascule
dans le bleu
.........................
Martine Rouhart
Bombe, navette, javelle, fuseau,
fils de feu, pétrifiante parabole,
tissent leur voile au point de croix.
Terre terreur sème ses cataclysmes,
laisse sa trame cataplasme
grains de riz ou marasme
croute de pain, sel de cette sphère
qui en son cœur puise ses ressources
où la vie paie son tribut au destin
Couleur du sang séché
qui abreuve nos sillons,
coulées de boue issues du flanc
de montagnes de cendres
Chant des soldats du sein
de notre mère la Terre
Nuées ardentes, prières de pierres
Désert d’où surgira demain.
Michel Lansardière
Pentes prospères des volcans aux pieds desquels les Anciens s’établirent, à Pompéi ou ailleurs. Ainsi, sur l’île de Pâques, les immenses moaï sculptés par les Rapanuis, du début du XVIe siècle (ou XIe siècle selon les hypothèses) jusqu’à leur déclin dans la première moitié du XVIIe, étaient taillés dans la roche volcanique (tuf) issue de la carrière creusée dans le volcan Rano Raraku (carrière de Puna Pau, à une douzaine de kilomètres de la première, pour les coiffes, pukao, de tuf rouge). Ces idoles étaient tout à la fois des sculptures rituelles et bornes fertilisantes grâce aux sels minéraux (calcium, phosphore) et autres oligo-éléments qu’elles concentrent, maintenant par ailleurs l’hydratation des sols. Une vénération qui vous revitalise. « Il est, paraît-il,
des terres brûlées donnant plus de blé (ou, en l’occurrence, bananes, taros ou patates douces) qu'un meilleur avril. » Il n’en demeure pas moins vrai que la surexploitation de l’île est devenue emblématique de la catastrophe écologique. « Neuf cent millions de crève-la-faim, et moaï et moaï et moaï. » Je n’irai pas plus loin.
Photos M. L. :
- Moaï de l’île de Pâques (Musée du Louvre, Paris) ;
- Bombe volcanique en fuseau (Chaîne des Puys, Auvergne). Pour obtenir cette forme en navette, il faut que la lave projetée soit encore assez fluide, visqueuse, pour, en tournoyant dans l’air, prendre cette allure fuselée, puis suffisamment refroidie pour ne pas s’écraser au sol comme une bouse. La bombe affecte alors cette allure caractéristique, mais pas si courante, d’un grain de blé, promesse peut-être de moissons futures ;
- « Pour qu’un ciel flamboie le rouge et le noir ne s’épousent-ils pas ? », (J. Brel). Eruption nocturne du Stromboli dans les Îles Eoliennes.
Les lampions se sont éteints, les humains sont rentrés chez eux et la vie reprend "peu à peu" son cours. Bonne année, joyeux Noël, paix sur la terre aux hommes de bonne volonté…
Et à propos, où sont ces êtres qui portent la lumière, faisant fuir l’obscurité qui semble couvrir notre avenir ? Bonne année, dansottons sous les trémolos d’un violon et faisons sauter les bouchons dans l’espoir d’un peu d’ivresse. Les excès d’un éphémère instant de liesse nous fera oublier la réalité, les victimes de la méditerranée, les rejetés d’une société en panique et les mensonges étalés par une publicité omniprésente.
Joyeux Noël et bonne année certes, même si, malheureusement, je déteste les fêtes, les souhaits ânonnés du bout des lèvres, d’un sourire de circonstance et l’haleine chargée par des relents de repas plantureux pour certain, de "crève misère" pour d’autres, tant pis si le monde continue à tourner de plus en plus vite, de moins en moins contrôlé par un chauffeur irresponsable.
Les bourses se délient, les montants consacrés sont écœurants, le markéting se porte bien. Certains nous enlisent sous des messages de paix tandis qu'au même instant, sous prétexte de religions d’autres affûtent leurs armes attisant les haines qui ne sont, somme toute, que nuages de fumée, mais pour quelles raisons ? Sommes-nous réellement prêts à assumer la paix ? Sommes-nous conscients de ce que cela veut dire ? Que ce mot se mérite, demande de l’effort, de l’empathie, du partage et de la tolérance. La paix signifie tendre la main sans essayer de tirer l’autre à soi, c’est faire preuve de tendresse sans pour autant oublier sa propre éducation. La paix c’est respecter l’intimité de chacun sans imposer la sienne. En d’autres mots, c’est compliqué même si l’impossible n’existe pas, pas encore, pas si nous nous offrions du temps en oubliant de juger plutôt que d’essayer de comprendre.
Ainsi 2020 fait son entrée. Sidney tremble devant les flammes et la ville déploie la fureur d’un feu d’artifice hors norme. « Les secours nous coûtent une fortune », proclamait un dirigeant devant les caméras. Belle comédie si l’on oublie de quantifier le budget de cette parade d’explosion qui feront trembler la ville sous les regards effarés des pompiers qui luttent contre l’avancée des flammes.
Bonne année! Oui, certes, en remerciant tous ceux qui veillent au creux des hôpitaux, à ceux qui gardent les routes, qui veillent sur notre sécurité. Bonne année oui, même à ceux qui combattent les pénibles respirations et surtout pour ces porteurs de larmes qui sanglotent pour de multitudes raisons.
Non, je n’aime pas la période des fêtes. Je crains cette période, non pas pour ce qu’elles représentent au contraire, mais en raison d’une hystérie commerciale qui s’est emparée d’un sujet qui mériterait d’être épuré tout simplement.
Oui, la lumière va reprendre ses droits, oui le chant des oiseaux s’entendra en pétillement heureux, oui les bourgeons vont poindre timidement le nez. Ainsi, à mon regard, c’est dans cette manifestation que se fête l’an neuf. Je regarde les champs de ma jeunesse, ils n’existent plus, seuls quelques arbres plantés artificiellement rappellent qu’ici la forêt prenait ses marques. Le petit peuple des bois s'est exilé. Il a été remplacé par quelques lotissements, par un vomissement de voiture à chaque levé du jour, à chaque fin de journée et devant cette absurdité le rouge-gorge tremble d’être un jour égorgé en raison de son besoin de liberté. Oserais-je avouer que j’ai peur ? Peur de vieillir non en raison de l’âge, du grincement de mes articulations, mais devant la crainte qu’un matin il soit décidé que nos carcasses dérangent. Il n’est pas bon d’être inutile lorsque l’on fréquente nos contrées. Chacun se doit d’être rentable, d’engraisser les caisses, de se lever, de se coucher, de se battre pour trouver une petite place, une place digne ? Qu’est-ce la dignité ?
Ce matin les gueules de bois prédominent tandis que les égouts débordent. Ce matin c’est un peu comme hier, comme un biscuit géant sur lequel on serait assis et pour survivre, on grignote peu à peu. Sérieusement, dans quoi va-t-on tomber ?
Bonne année, même si le sourire semble avoir déserté mon regard je vous souhaite que le vôtre brille intensément.
Philippe De Riemaecker
« Moi, j’aime pas l’été.
A partir de trente deux degrés, je suffoque, je bous, je ramollis. Bref, je suis en apnée. Et trente deux degrés, l’été, dans mon Languedoc natal, c’est du courant, du normal, de la petite bière...
Dans ces cas-là, j’hiberne.
Blottie au fond de ma maison bien fraîche, je démultiplie mon rythme, je procrastine allègrement et sans scrupules, demain il fera jour, comme disent les vieux sages…et peut-être un peu moins chaud, qui sait ?
Et je mets le nez dehors le matin, de très bonne heure...
Je prends mon petit déjeuner face aux montagnes, et hop, c’est l’heure de la balade, à pieds ou en vélo.
Ce matin-là, c’était en vélo. »
Sauf que ce matin-là, la balade d’Elsa Dekermarech, artiste peintre installée à Montréal, village bordé par le joli massif de la Malepère dans l’Aude, va plonger dans un inconnu d’autant plus inquiétant qu’il est étroitement lié à un tableau du peintre Soulages.