...Dans un château du Périgord, règne la très despotique
comtesse Appoline de Mont-Vermeil. Une merveilleuse Danielle Fire l'incarne.
La Dame tient tout son beau monde dans le creux de sa main. Tout ploie devant
elle : son neveu vétérinaire, Hubert le mal marié (Arnaud Van Parys) ; Gisèle
(Ambre Grimmiaux) , la jeune demoiselle de compagnie pas très futée; Lucie (par
l'excellente Margaux Frichet) , la jolie et impertinente soubrette mais à la
cervelle d’oiseau. Elle est amoureuse de Patrice, un très fourbe majordome,
qui a trouvé un moyen d’extorquer régulièrement à la comtesse des revenus
supplémentaires. Brillamment joué par Bernard d’Oultremont. Cet
escroc tout sucre, tout miel a en effet réussi à attirer sa patronne fantasque
dans le monde des courses hippiques, et par un savant montage, à encaisser à
son compte de plantureux paris, via un bookmaker imaginaire.
Ce joli monde ronronne paisiblement quand arrive à
l’impromptu Antoinette (ah! voici Stéphanie Moriau) très vite flanquée de son barman
- Jules- ( sensationnel Xavier Percy aux allures …de Peaky Blinders, version
parisienne). On rit tellement ils détonnent dans ce ravissant cadre
aristocratique. Restauratrice dans un joyeux troquet des Halles, la titi de
Paris, dite «Nénette», use d’un vocabulaire et d’intonations dignes de Zazie
dans le métro. C’est désopilant à souhait. Or, projetant d’épouser son Jules,
elle a appris avec stupéfaction qu'elle serait déjà mariée, avec un certain
baron Hubert de Mont-Vermeil. Tout s'éclaire, elle se souvient que dix ans plus
tôt, on lui avait volé son sac avec ses papiers et que donc son identité a dû
lui être subtilisée par une intrigante pressée pour se faire épouser par le
naïf baron ( et puis de filer avec le coffre-fort) ! C’est ainsi que la jeune
femme débarque au château pour pouvoir divorcer de cet encombrant premier mari.
Mais «pas question de divorcer chez les Mont-Vermeil » dixit l’inénarrable
comtesse. Et ce jour-là, moins que jamais, car on attend la visite du cardinal
de Tramone afin de le prier d’accélérer une nomination à Rome d’un cadet de la
famille …
L’ arrivée en scène franchement jubilatoire de en cardinal est le nœud de cette histoire très bien
charpentée. Il donne d'ailleurs toute son envergure à l’ouvrage. Quiproquos et
cachotteries s’emmêlent. Et le public de se tenir les côtes et glousser de
bonheur.
La dite «Nénette» a juré évidemment ne pas quitter le
château avant d'avoir obtenu gain de cause, et s'écrie : « J'y suis, j'y
reste! ». Voilà pour le titre de la pièce. Une phrase plus que royale, qui fête
de maintenant ses 75 ans d’existence, et vous fera rire toute la soirée, dans
ses diverses interprétations. Les auteurs, Raymond Vincy et Jean Valmy, oubliés
de nos jours, avaient tout de même sacrément du rythme et de la verve, ô combien
savoureuse! Une langue qui convient à merveille au style plein d’allure de la
Comédie Claude Volter avec des artistes qui ont le don de vous mettre le cœur
en fête! Et comme ce sont les fêtes, c’est l’occasion, non?
Stéphanie Moriau incarne cette Antoinette effrontée, usant
tour à tour du franc parler des Halles et maniant avec humour les mièvreries alambiquées de la
langue de la « haute » lorsqu’elle se met à interpréter le personnage en
cure en Suisse, sensé être cette première épouse du dénommé Hubert. Très beaux
jeux de changements d’identité! Et quel formidable pique-nique avec le très
débonnaire ecclésiastique!
Cette comédie de mœurs étincelante, follement
hilarante, qui fait exploser les clivages sociaux, a vraiment tout pour plaire.
La pièce a aussi fait les grands jours de l’émission télévisée renommée « Au
théâtre ce soir» sur les chaînes françaises. Des spectacles , on s’en souvient, dans les années 60 et 80
toujours absolument … gondolants!
Question décors, ils sont magnifiques et signés Francesco
Deleo. De toute beauté! Comme la pièce.
Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau
Arts et lettres
MISE EN SCÈNE / Michel de Warzée
ASSISTANTE / Ambre Grimmiaux
DÉCORS /Francesco Deleo
COSTUMES / Danielle Fire et Stéphanie Moriau
CRÉATION LUMIÈRE ET RÉGIE / Bruno Smit
REMERCIEMENTS / Le Theâtre Royal des Galeries
Anne Marien, Huguette Van Hamme, Yves Piette
Conception du programme Jean Claude Seyn

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